4 minute read

Polynésie française

Next Article
TAAF

TAAF

« AOA », RÉGÉNÉRER LA FORÊT POLYNÉSIENNE

Ci-dessus : la vallée d’Atimaono, recouverte à 70 % de plantes invasives. © Aoa Polynesian Forests

Advertisement

Dans la commune de Mataiea, à Tahiti, la société Aoa Polynesian Forests prévoit de contrôler les plantes invasives pour laisser place aux espèces indigènes et endémiques. Un projet de 30 ans dont le but est de reconstituer la biodiversité des forêts natives polynésiennes.

INTERVIEW

CHRISTOPHE BALSAN, DIRECTEUR DE LA SOCIÉTÉ AOA ET INGÉNIEUR AGRONOME

Christophe Balsan

© Aoa Polynesian Forests

• Vous avez créé la société Aoa pour reconstituer la forêt polynésienne. Est-elle en mauvais état ?

- La plupart des forêts polynésiennes sont recouvertes de plantes invasives. Dans la vallée d’Atimaono à Mataiea où nous menons le projet, elles couvrent 70 % de la forêt. Ces plantes n’ont pas de prédateur et ont, au fil du temps, étouffé la végétation locale.

Aujourd’hui, une quinzaine d’espèces très virulentes comme le miconia, les lianes parachutes ou les tulipiers du Gabon sont en train de remplacer l’équivalent de 70 plantes endémiques. Les précédentes campagnes d’arrachage des plantes invasives ont contribué à leur développement.

Le falcata, un arbre parasol de grande envergure, empoisonne le sol et le rend impropre à la repousse des végétaux. Ces espèces dégradent la qualité des sols et réduisent la biodiversité botanique, ce qui entraîne une baisse de la diversité des oiseaux, des insectes ou des champignons présents sur ces sites.

Depuis début mars 2023, l’équipe d’Aoa Polynesian Forests s’attelle à la préservation de la flore dans la vallée d’Atimaono.

© Aoa Polynesian Forests

• Votre objectif est de régénérer la biodiversité des forêts, comment ?

- Le premier gros travail, commencé il y a deux mois, est de nettoyer la vallée. On a mis en place des protocoles stricts et nous sommes encadrés par des botanistes. L’idée, c’est de retirer ces espèces invasives, de protéger les espèces endémiques et de replanter quelques arbustes.

Nous avançons progressivement par parcelles, c’est un travail minutieux et sur un temps long. L’horizon du projet est évalué à 30 ans. On est installé dans un bassin versant de 1 000 hectares, nous en louons 300 au territoire pour notre projet.

Cette vallée est constituée de différentes strates de végétation, avec des zones plus ou moins préservées. Dans les parcelles basses, on développera des projets d’agroforesterie axés autour des savoirs polynésiens.

Cascade de la vallée, entourée de plantes et fougères endémiques.

© Aoa Polynesian Forests

• Est-il difficile d’allier tourisme et protection environnementale ?

- Quand la première phase du projet sera terminée, nous ouvrirons cette forêt au public en proposant des visites guidées.

Nous voulons nous adresser d’abord aux enfants pour leur montrer ce qu’est un écosystème, comment il fonctionne, comment le préserver et quels sont les impacts de nos attitudes sur la nature.

On souhaite, dans un deuxième temps, ouvrir la forêt aux touristes, toujours sous la forme de visites guidées, pour expliquer notre objectif de régénération de la forêt native. On leur propose déjà de participer à notre projet en apportant une aide financière. Les voyageurs restent en effet ouverts à l’idée d’une compensation pouvant réduire l’empreinte carbone de leur visite à Tahiti. C’est une manière de laisser une trace positive de leur passage sur le territoire.

Le lent et difficile travail d’arrachage manuel d’espèces invasives.

© Aoa Polynesian Forests

• Ces dons sont-ils votre seul moyen de financement ?

- Pour financer ce projet, on a deux axes économiques.

Le premier repose sur les dons des particuliers grâce au site internet, et les 200 000 touristes annuels sont notre principale cible, car c’est une population qui a les moyens et qui est sensible au thème de l’environnement. Ces dons permettent de financer des mètres carrés de parcelles régénérées.

Les entreprises sont notre deuxième source de financement. On leur vend des éléments de communication par le biais de la marque Aoa et on organise des « team building » animés par nos équipes, des conférences ou des formations dans le domaine. Nous sommes flexibles, on s’adapte aux demandes de nos partenaires.

Rédaction et interview : Marion Durand

This article is from: