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OFB
LE LIFE ARTISAN EN APPUI AUX DROM POUR L’ADAPTATION AU CHANGEMENT CLIMATIQUE
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Ci-dessus : embarquement des aménagements sur ce même site pilote. Le projet de réimplantation de mangrove Z’AB est mis en place par la Safège, société privée filiale du groupe SUEZ. © CACEM
Les outre-mer français sont en première ligne face aux impacts du changement climatique. Malgré cette vulnérabilité, les territoires ont la capacité de s’adapter grâce aux services rendus par les écosystèmes naturels. C’est dans ce but que le projet Life ARTISAN, piloté par l’OFB, s’attelle au déploiement de solutions d’adaptation fondées sur la nature.
À l’échelle locale, les impacts du changement climatique sont nombreux : hausse des températures, baisse des précipitations, élévation du niveau de la mer ou encore submersions marines. Les zones littorales sont directement exposées aux événements climatiques extrêmes et le constat est sans appel : les écosystèmes côtiers naturels reculent, victimes de l’urbanisation grandissante, ils s’érodent, se dégradent et perdent peu à peu leur rôle de bouclier protecteur. Mais des solutions existent pour renforcer cette première ligne de défense côtière : des solutions d’adaptation fondées sur la nature qui favorisent la résilience des territoires face au changement climatique.
Pour inciter au déploiement local des SfN, le projet Life ARTISAN, d’une durée de huit ans, a été lancé en 2020. Financé à 60 % par la Commission européenne et cofinancé par l’État, il est piloté par l’OFB et accompagné de 27 bénéficiaires dans l’Hexagone et les DROM. Le projet prévoit une animation régionale – océan Indien, Antilles et Guyane – pour accompagner les acteurs dans la mise en œuvre de solutions locales.
Le programme permet également le déploiement de 10 sites pilotes afin d’éprouver la faisabilité des SfN dans différents contextes d’adaptation. En Guyane, la Communauté d’agglomération du Centre littoral (CACL) développe ainsi un projet de génie écologique visant à aménager les canaux d’évacuation des pluies. Autre exemple, le projet Z’AB, porté par la Communauté d’agglomération du Centre de la Martinique (CACEM), expérimente des solutions fondées sur la mangrove pour renforcer la résilience du littoral martiniquais.
QU’EST-CE QUE LES « S f N » ?
Selon l’UICN, les solutions fondées sur la nature, les « SfN », sont définies comme « les actions visant à protéger, gérer de manière durable et restaurer des écosystèmes naturels ou modifiés pour relever directement les défis de société de manière efficace et adaptative, tout en assurant le bien-être humain et en produisant des bénéfices pour la biodiversité. »
LES ANIMATRICES « OUTRE-MER » DU LIFE ARTISAN ;
Astrid Abel (Antilles, Guyane) : astrid.abel@ofb.gouv.fr Clémence Picard (océan Indien) : clemence.picard@ofb.gouv.fr Tenez-vous informés grâce à la newsletter SfN outre-mer !
INTERVIEW
YANNIS LABEAU, CHEF DE PROJET FRANGE LITTORALE ET PRÉVENTION DES INONDATIONS À LA CACEM
• Dans quel contexte avez-vous décidé de lancer ce projet pilote de « SfN » ?
- Le constat était le suivant : le littoral foyalais (de Fortde-France, NDLR) est largement artificialisé et le port de plaisance de l’Étang Z’Abricots est vulnérable face à l’élévation du niveau de la mer ; en parallèle, la mangrove régresse alors qu’elle nous rend de nombreux services. Jusqu’à présent, la mangrove de la Pointe des Sables a été conservée et nous souhaitions donc favoriser l’écosystème naturel via le génie écologique plutôt que de mener des opérations d’infrastructures « grises ». C’est ainsi que le bureau d’étude SUEZ Consulting a eu l’initiative du projet Z’AB et que la CACEM, convaincue par l’idée, a accepté de porter ce projet innovant pour qu’il intègre le Life ARTISAN. Ce projet expérimental innovant se base sur des techniques éprouvées, déjà testées en Indonésie, par exemple.
• En quoi ont consisté les travaux ?
- L’objectif était d’implanter des structures en mer pour favoriser la progression de la mangrove. Des aménagements légers et réversibles ont ainsi été installés dans le prolongement de la Pointe des Sables : des pieux en bois, des structures rugueuses ainsi que des géomembranes en fibres de coco qui doivent permettre de capter les sédiments provenant de la Lézarde. Ces structures ont été assemblées à terre puis transportées en mer. « Onal’impressiond’êtreretournéenenfance ! », a souligné l’un des ouvriers. Je pense qu’on peut affirmer que ce projet a une forte valeur artisanale.
• Maintenant que les structures ont été installées, quelles sont les prochaines étapes du projet ?
- Le projet va faire l’objet d’un suivi technique et scientifique poussé pendant au moins cinq ans. Il faut identifier le modèle qui fonctionne le mieux pour pouvoir le reproduire sur d’autres sites. L’un des paramètres cruciaux est le phénomène d’accrétion, c’est-à-dire l’accumulation naturelle de sédiments dans la zone. C’est ce qui conditionne la réussite de l’installation car l’objectif est de « rehausser le fond de la mer » pour permettre à la mangrove de s’étendre. Nous suivrons également le développement végétal de la mangrove et envisageons d’effectuer des plantations.
• Quelles sont les principales difficultés que vous avez rencontrées ?
- Les principales difficultés tiennent principalement au caractère expérimental et pionnier du projet et se traduisent dans les démarches administratives qui ne sont pas toujours très flexibles. Par ailleurs, ce projet rassemble un très grand nombre de parties prenantes et c’est aussi une force car les regards sont bienveillants. L’inscription du projet dans les actions du Contrat de la Grande Baie et sa qualité de site pilote du Life ARTISAN assoient sa légitimité.