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Interco' Outre-mer
RISQUES NATURELS DANS LES OUTRE-MER : LES ÉLUS ET LEURS ÉQUIPES SE MOBILISENT !
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Le 19 avril, Interco’ Outre-mer organisait un webinaire sur les risques majeurs en outre-mer. Plus de 40 participants ont répondu à l’invitation, contribuant ainsi à la qualité des réflexions. Rencontre avec des élus ultramarins en charge de ces questions en matière environnementale.
Face aux risques naturels particulièrement accrus dans nos territoires d’outre-mer et aux impératifs et obligations des enjeux environnementaux, il est urgent de mieux comprendre ce que signifient les risques majeurs : qu’implique le risque au quotidien ? Comment construire une culture du risque ? Quels moyens pour préparer et protéger les populations ? Quels outils, démarches et mécanismes sont mobi- lisables par les communautés pour les accompagner au quotidien dans la gestion du risque ?... Autant de questions abordées durant le webinaire organisé par Interco’ Outre-mer. Cette session d’échanges fut également une opportunité de communication, de partage et de retours d’expériences, de bonnes pratiques et de recommandations avec à l’appui les témoignages de collectivités d’outre-mer.
TÉMOIGNAGES
CLAUDE FABRI, RESPONSABLE AMÉNAGEMENT DU TERRITOIRE DE LA COMMUNAUTÉ DE COMMUNES DE L’OUEST GUYANAIS (CCOG)
« La Guyane est confrontée en priorité aux risques d’inondation liés aux crues de ses fleuves frontaliers : le Maroni-Lawa à la frontière avec le Suriname et l’Oyapock à la frontière avec le Brésil. Depuis une dizaine d’années, la fréquence et l’intensité de ces crues ont augmenté, obligeant les communes concernées à envisager le déplacement d’une partie des populations impactées. Sur sa frange littorale, la Guyane est soumise également à des risques d’inondation par submersion marine en raison d’une érosion cyclique du littoral qui touche plusieurs communes, Awala Yalimapo, Kourou, Remire-Montjoly. Les autres risques sont plus anecdotiques ou localisés, avec un risque de mouvement de terrain dans la région de Cayenne ».
RAMATA TOURÉ, VICE-PRÉSIDENTE DÉLÉGUÉE À LA COMMISSION ENVIRONNEMENT ET DÉVELOPPEMENT DURABLE À LA CINOR (RÉUNION)
« De par leurs insularités, les outre-mer sont en première ligne face aux risques naturels engendrés par les changements climatiques. En effet, l’insularité expose plus fortement nos territoires aux aléas climatiques : montée des eaux, cyclones et tempêtes intenses, mouvements de terrain, baisse des rendements agricoles... C’est sur nos territoires, que les transitions énergétique et écologique doivent s’opérer en premier lieu. S’investir sur les enjeux de production d’énergie verte, de mobilité durable et de préservation de nos ressources, est une priorité pour nous. Par exemple, la CINOR a été labellisée CIT’ergie par l’ADEME, pour saluer sa maîtrise de l’énergie et de son bilan carbone ».
INTERVIEW
SYLVIE ADELAÏDE, DIRECTRICE DE CABINET DE LA VILLE DE POINTE-À-PITRE, ARCHITECTE, URBANISTE
• Quels sont selon vous les risques naturels majeurs en Guadeloupe ?
- Par sa situation géographique et sa morphologie, la Guadeloupe cumule pratiquement tous les risques naturels majeurs : cycloniques, aléas sismiques, volcaniques liés à la présence de la Soufrière (volcan encore actif), mouvements de terrain, inondations, tsunamis. Tout ceci dans un contexte de réchauffement climatique avec des effets déjà constatés de multiplication de ces phénomènes et d’augmentation du niveau de la mer. L’objectif étant de préserver les vies, mais également de faire preuve d’adaptation permanente, en termes d’organisation du territoire et de modes de vie, afin d’être en mesure de faire face à ces événements annoncés.
• Comment faire pour anticiper ces risques ?
- La mauvaise nouvelle est que ces événements sont inéluctables, la bonne est que nous sommes prévenus. De ce fait, une approche multisectorielle qui nécessite partenariat et coopération entre institutions, acteurs privés et usagers, doit se mettre en place. Des actions, dispositifs et réglementations existent déjà. Ils permettent notamment d’adapter les constructions avec de nouvelles normes, d’occuper le territoire en fonction des différents aléas, de sensibiliser la population aux différents risques. Mais la Guadeloupe est loin d’être prête à affronter des changements de façon durable. Selon moi, il ne s’agit pas de manque de moyens, mais bien d’une prise de conscience générale qui nous pousserait à agir aujourd’hui afin d’être prêts au moment opportun.
Le processus d’adaptation et de transition qui doit prendre en compte ces aspects de risques naturels doit se concrétiser dans tous les domaines : mobilité, renaturation et biodiversité, économie, autonomie et qualité alimentaire, urbanisme et architecture, politiques publiques. Nous devons être prêts, quelle que soit la catastrophe qui se présentera, à nous plier comme un roseau et à nous redresser le plus vite possible, ceci dans un mouvement d’adaptation continue laissant large place aux nouvelles technologies et à l’innovation.
• Un projet phare en cours dans ce domaine à Pointe-à-Pitre ?
- Pointe-à-Pitre est une ville en pleine mutation qui a décidé de prendre à bras le corps sa transition écologique. Son ambition portée par Harry Durimel, maire de la Ville, intègre des solutions d’adaptation au changement climatique et aux différents aléas naturels. Ville centre, ville universitaire, ville littorale, ville d’Art et d’Histoire, une ville qui souhaite aussi se positionner comme exemplaire du point de vue expérimentation et innovation. Un de ses projets à moyen terme est celui de création d’une liaison piétonne longeant une partie de son littoral et intégrant un dispositif de protection capable de contenir le phénomène d’augmentation du niveau de la mer.