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Saint-Martin

© Roman Tiraspolsky

LE SINGE VERT, DE PLUS EN PLUS OBSERVÉ DEPUIS IRMA

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Parmi les espèces exotiques introduites par l’homme, le singe vert 1 est de plus en plus observé à Saint-Martin. Cet animal sauvage pourrait-il altérer le fragile équilibre des écosystèmes natifs ?

Comme tout milieu insulaire, Saint-Martin est un terrain favorable à l’évolution isolée d’espèces et à la spéciation, à savoir la création de nouvelles espèces. En revanche, sur une île, l’équilibre naturel s’avère très fragile.

Un nouvel acteur n’est jamais anodin. Même si on pense amener une espèce inoffensive, sans fort potentiel de colonisation, a minima elle va consommer de l’espace et des ressources qui auraient normalement servi aux populations natives, voire endémiques

expose Julien Chalifour, responsable scientifique de la Réserve naturelle nationale de Saint-Martin.

Parmi les espèces exotiques envahissantes (EEE) en forte expansion ou qui impactent notre vivier fragile de biodiversité, nous avons tout d’abord les rongeurs introduits : rats et souris. Figurent ensuite les animaux domestiques divagants : chèvres, chats et chiens. C’est toujours compliqué de communiquer dessus car ces animaux ont un fort capital sympathie auprès du public. Il y a aussi la mangouste et l’iguane commun, qui est ici très présent. Et puis nous avons une spécificité encore peu répandue ailleurs dans les Antilles françaises : la présence du singe vert

analyse Julien Chalifour, également référent local du groupe de travail « EEE » du Comité français de l’UICN.

Avant Irma, le singe vert restait cantonné aux versants du Pic Paradis, dans les hauteurs boisées de l’île. Mais l’ouragan l’a obligé à prospecter de nouvelles zones d’alimentation.

On sait qu’il est aujourd’hui présent quasiment partout sur l’île principale, côté français comme côté hollandais

constate Julien Chalifour.

Pour autant, nous n’avons pas de véritable estimation de sa population ni de son impact écologique. Nous appelons de vos vœux qu’il y ait des moyens dégagés car les enjeux sont nombreux : biodiversité – l’espèce se nourrit de fruits, plantes, œufs de reptiles ou d’oiseaux... –, dispersion d’EEE, risque de transmission de maladies à l’homme telles que la dengue ou le zika, incidents causés par les rencontres avec les singes parfois à l’intérieur des maisons...

La Réserve souhaite lancer un appel à témoignages pour recenser les observations faites par la population. Si des moyens étaient alloués, il y aurait, selon la Réserve, un état initial à faire sur la présence du primate à Saint-Martin. Il s’agirait ensuite, si besoin, d’élaborer une stratégie de gestion pour envisager soit des stérilisations, soit la régulation des individus. Une seconde option compliquée à mettre en œuvre sur le terrain et qui serait probablement mal perçue par le public.

Originaire d’Afrique, le singe vert aurait été introduit aux Caraïbes par les Européens au XVIIème siècle sur l’île de Saint-Kitts-et-Nevis. (Denham.W., 1987).

Rédaction : Stéphanie Castre

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