
2 minute read
L’histoire de la GGR
2022 est le 60e anniversaire de Joshua, le beau yacht de Bernard Moitessier.
En août 1966, le navigateur britannique Francis Chichester part d’Angleterre faire le tour du monde en solitaire avec une escale en Australie et par les 3 caps à bord de son Gipsy Moth IV de 16 mètres pour tenter de battre le record des « Clipper ». Il boucle son tour du monde en 226 jours (274 jours avec l’escale à Sydney) et établit le record du tour du monde le plus rapide en bateau de plaisance.
Advertisement
Aventurier accompli et excellent navigateur, Chichester a attiré l’attention du public grâce à la couverture exclusive du journal Sunday Times. De retour triomphant le 28 mai 1967, il est fait chevalier par la reine Elizabeth II et devient non seulement un héros britannique mais aussi une source d’inspiration pour tous ceux qui navigueront dans son sillage. Il ne reste plus qu’un seul défi à relever : faire le tour du monde en solitaire et sans escale, et certains marins commencent déjà à planifier ce projet.
En mars 1968, le Sunday Times Golden Globe Challenge est annoncé - la toute première tentative de faire le tour du monde en solitaire et sans escale. Il n’y avait pas de frais d’inscription, pratiquement pas de règles ni d’exigences de qualification, car la plupart de ceux qui s’inscrivaient étaient déjà bien avancés dans leur projet pour tenter ce défi. En offrant un trophée au premier homme qui réussirait à faire le tour du monde en solitaire et sans escale en passant par les 3 caps, et un autre prix de 5 000 livres sterling pour le temps le plus rapide, le journal a créé une course unique et une histoire incroyable à raconter pour accroître son tirage. Neuf personnages hauts en couleur et aux compétences nautiques diverses sont partis de différents endroits sur une étrange collection de voiliers. Il n’y en eut qu’un seul à boucler son tour : Robin Knox-Johnston et son ketch traditionnel Suhaili, qui au départ était considéré comme le bateau le moins destiné à gagner. Le reste de la flotte a coulé, a abandonné ou s’est suicidé. Le Français Bernard Moitessier a continué de naviguer avec son robuste Joshua autour du Cap Horn, puis poursuivit son périple dans un second tour des mers du Sud qui se termina à Tahiti pour « sauver son âme », comme il l’a dit, plutôt que de retourner à la civilisation. Un gagnant probable et sûr.
Donald Crowhurst a effectué un « voyage imaginaire » autour du monde, tout en tournant en rond dans l’Océan Atlantique, et a simplement transmis de faux rapports de position dans l’espoir de tromper son monde. Cette mystification s’est finalement retournée contre lui et il est devenu fou, son histoire étant décrite avec beaucoup de détails dans son journal de bord, jusqu’à ce qu’il finisse par glisser par-dessus bord pour se suicider.
Son trimaran fut retrouvé à la dérive, abandonné.
La course du Sunday Times Golden Globe Challenge est rapidement devenue une légende pour les marins comme pour les nonnavigateurs, avec ses triomphes, ses tragédies et son épopée humaine face à l’inconnu. Elle l’est encore aujourd’hui.