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Thomas Cardrin, un Sablais au pays des kiwis

Thomas Cardrin

Un skipper sablais au pays des kiwis

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Il en a fait du chemin depuis ses débuts en Optimist aux Sports nautiques sablais. À 29 ans, après une participation au Tour de France à la voile en 2015 à bord d’un Diam 24, Thomas Cardrin s’est lancé un nouveau défi. Il a rejoint l’équipe technique de l’Emirates Team New-Zealand de la coupe de l’America. Il participe à la conception des formules 1 des mers de la course dont les phases de qualifications débuteront le 26 mai, aux Bermudes (archipel d’Amérique du Nord).

On le lui aurait prédit, il n’y aurait pas cru. Thomas Cardrin a beau posséder un CV déjà bien épais avec dix ans d’expérience dans le monde de la voile professionnelle, il semble encore avoir du mal à réaliser ce qui lui arrive. « Intégrer l’équipe de Nouvelle-Zélande de l’America’s Cup, c’est du délire ! » L’America’s cup, c’est une compétition nautique internationale qui réunira cette année six équipes sur des bateaux de 15 mètres. L’Oracle team USA (vainqueur de la 34e édition) remettra son titre en jeu face à cinq challengers, dont Emirates team Neaw-Zealand.

Au bon endroit, au bon moment

L’opportunité s’est présentée à lui tout à fait par hasard, alors qu’il avait décidé de partir quelques mois à l’aventure à l’autre bout du monde avec sa compagne. « Quand on s’est envolés début 2016, nous n’avions pas d’objectif professionnel particulier », confie-t-il. Le skipper voyage d’abord durant trois mois, puis trouve un emploi dans la fabrication de mâts carbone, « une expérience très intéressante ». En juin, il apprend que l’Emirates Team New-Zealand recrute. « J’ai un peu hésité à postuler parce que même si c’est un rêve de gosse, ce job me paraissait inaccessible.

On travaille sur la fabrication de bateaux à la pointe de la technologie. Ce sont des formules 1 des mers », explique-t-il. Poussé par sa compagne et après avoir discuté avec un navigant du team, il fait fi de ses doutes et tente le coup. « On était plusieurs dizaines sur le poste. Encore une fois, je ne pensais pas être retenu. » Deux entretiens auront pourtant suffi à l’équipe pour être convaincue des capacités du jeune Vendéen.

Discrétion absolue

« À Auckland, c’est l’horlogerie suisse du composite, c’est le Graal. Je ne pouvais pas rêver mieux que d’atterrir ici », commente Thomas Cardrin. « Dans cette équipe, nous sommes 80 et il y a plus d’une vingtaine de personnes au design office, ce qui est énorme. Tout l’enjeu est de développer de nouvelles pièces. La conception des bateaux test a débuté en octobre 2015. Pour ma part, je m’occupe de la fabrication des foils. » Les foils ? Ce sont ces nouveaux équipements dont on a entendu parler il y a quelques mois, durant le Vendée Globe. Ils permettent notamment aux bateaux de gagner en vitesse, comme s’ils volaient sur l’eau. Mais difficile d’en savoir plus sur l’activité du jeune homme. Son travail exige une discrétion absolue afin d’éviter que les secrets de fabrication soient divulgués aux concurrents. « Je travaille dans une pièce fermée, sans fenêtre. Une sorte de bunker en fait », détaille-t-il.

Quid de la suite ?

Quand on demande à Thomas Cardin s’il a des projets, la réponse ne se fait pas attendre. « Si le Team New-Zealand gagne, il y a de fortes chances qu’ils repartent pour la prochaine coupe de l’América. Je ferai tout pour y retourner. Si c’est un syndicat européen qui gagne, alors j’essaierai de m’en rapprocher. » Ce touche-à-tout, également fan d’équitation, de surf et de kitesurf a des idées plein la tête. « Je garde toujours à l’esprit de continuer à régater. Faire la Mini Transat est un rêve pour moi. Côté travail, j’ai également eu pas mal de propositions. Pourquoi pas travailler dans la course au large pour m’occuper de bateaux du Vendée Globe, ou bien d’Ultime. Les projets se dessinent mais j’attends avant tout de voir comment qui remporte l’America’s Cup ! Évidemment, je prolongerais bien mon séjour à Auckland ! »

L’ITINÉRAIRE DE THOMAS CARDRIN EN QUELQUES LIGNES... Thomas Cardrin baigne dans la voile depuis tout petit grâce à ses parents. Il a pris ses premiers cours aux Sables-d’Olonne et a commencé la compétition nautique à l’âge de 11 ans. À 13 ans, il devient champion régional minime de catamaran. Après le bac, il a étudie à l’institut nautique de Bretagne (à Concarneau) puis intègre à l’issue de cette formation l’équipe du chantier Marée Haute (constructeur de voiliers de course). Il devient ensuite directeur technique de l’entreprise sablaise Team 85 avant de s’engager dans le projet Dynamique voile. Il a notamment participé au Tour de France à la voile en 2015 ainsi qu’à des étapes du Tour en 2011, 2012 et 2013. Le jeune vendéen a également couru plusieurs championnats de France en Dériveur et a fait trois fois le Mini-Fastnet.

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