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Jean-Luc Van Den Heede, l’infatigable loup de mer en route vers un nouvel exploit
Jean-Luc Van Den Heede,
L’infatigable loup de mer en route vers un nouvel exploit
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Quatre tours du monde à l’endroit, un tour du monde à l’envers dont il détient encore le record. Rien que ça. À bientôt 72 ans, Jean-Luc Van Den Heede est une force de la nature qui n’a pas froid aux yeux. Il s’engagera dans une nouvelle épreuve en 2018 et pas des moindres : la Golden Globe Race. Rencontre avec un skipper au parcours brillant et aux passions multiples.
Jean-Luc Van Den Heede, vous avez commencé à naviguer à l’âge de 17 ans. Comment en vient-on à pratiquer la voile lorsqu’on a grandi à Amiens ?
Très jeune, le large me faisait rêver. Ma culture maritime était livresque au départ. En vacances à Berck, j’ai navigué un peu. Ça a été une révélation. Il faut savoir qu’à l’époque, on ne commençait pas la voile à l’âge de 7-8 ans comme aujourd’hui. Ça a dû me frustrer et j’ai eu envie de m’investir encore plus (rires). Mes parents voyant mon goût prononcé pour cette discipline m’ont promis de me payer un stage aux Glénans si j’avais mon bac. Je suis ensuite devenu moniteur puis professeur de mathématiques pendant plusieurs années avant de me consacrer totalement à la voile.
Le record du tour du monde à la voile à l’envers, un titre de champion du monde Imoca, la première Mini Transat suivie d’une autre participation en 1979, les deux premières éditions du Vendée Globe, le deuxième BOC challenge en 1986, puis en 1995... On en passe. Quel est votre meilleur souvenir ?
© Jean-Marc Arthot
On m’a souvent pris pour un fou (rires). Même si j’ai énormément de bons souvenirs, le meilleur est sans doute mon premier Vendée Globe. C’était mon deuxième tour du monde. J’avais un bateau que les gens jugeaient différent des autres et pas compétitif. Je ne m’attendais pas à voir autant de monde à l’arrivée.
Et le pire ?
C’est mon échouage en Australie durant mon deuxième BOC challenge, en 1994.
Vous avez participé à deux Vendée Globe. Pourquoi avoir arrêté ?
J’en avais fait le tour et je trouvais que les bateaux devenaient dangereux. D’ailleurs, il y a eu des drames par la suite.
Vous préparez actuellement la Golden Globe Race. Cette course partira en juin 2018 d’Angleterre, dans les mêmes conditions que le Golden Globe Challenge, qui s’est déroulé en 1968. Qu’est-ce qui vous a motivé à vous lancer ?
Après mon tour du monde à l’envers, j’ai levé le pied. Je ne pensais plus m’engager dans une grande épreuve. Mais j’ai toujours aimé la nouveauté. Et la Golden Globe Race sera une première pour moi puisqu’elle réhabilite la navigation à l’ancienne, comme en 1968.
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© B. Gergaud
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Comment abordez-vous cette course ? Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
Je prends le large au maximum pour m’entraîner et être au top physiquement. Je n’arrête pas ! J’ai fait quelques travaux sur le bateau et je me suis inscrit à plusieurs régates. Cette course est un défi. Quand on regarde en arrière, en 1968, un seul a franchi la ligne d’arrivée sur les neuf participants. Mon premier objectif est donc de partir, le deuxième est de revenir, et le troisième, de revenir avant d’autres !
Vos activités ne s’arrêtent pas à la navigation. Vous donnez beaucoup de conférences sur le nautisme et avez chanté dans le groupe « Globalement vôtre ». Comment est née cette passion pour la musique ?
Je chantais déjà dans un groupe quand j’étais étudiant. Les parrains de mes bateaux étaient souvent des musiciens. Il se trouve qu’un groupe local cherchait un chanteur. Je les ai rejoints un peu par hasard. On a commencé dans un bar des Sables, ça leur a plu. Alors on a continué en nous produisant dans diverses manifestations. On a fêté les dix ans du groupe l’an dernier. J’ai dû mettre tout ça de côté pour me concentrer sur la prochaine course mais je n’exclus pas de reprendre à mon retour.
Vos centres d’intérêt sont multiples. Avez-vous encore d’autres passions ?
J’aime le foot. J’ai fait également pas mal de tennis. Je jouais en compétition à Lorient et j’étais inscrit au club des Sables. J’ai dû arrêter pour des problèmes de genou. Eh puis... Malheureusement, on ne peut pas tout faire. Il n’y a que 24 heures dans une journée, et comme on perd pas mal de temps à dormir... (Rires)
Le port des Sables vous a adopté et vous ne l’avez pas quitté. Qu’est-ce qui vous plaît tant ici ?
Après avoir vécu 30 ans à Lorient, je cherchais un port d’attache pour mon bateau. Il y avait une place aux Sables. Je suis arrivé en 2000. J’aime la ville, son port, son front de mer... Je me sens bien ici, surtout chez moi, à La Chaume. C’est un quartier extraordinaire.