carnet de voyage Chine

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SUR LA ROUTE

A nouveau

Numéro 7

Après avoir quitté le Xinjiang en bus, puis en train, nous avons rejoint le nord-est du pays. Notre route à vélo longe à présent la Grande Muraille.

Bienvenue en Chine !

TRAVERSER LE PAYS EN TRAIN

OBTENIR LE VISA CHINOIS

EN ROUTE POUR LA MONGOLIE LA GRANDE MURAILLE

www.anouveausurlaroute.fr


Notre parenthèse autour du monde

Claudine ARNAUD, 33 ans, professeur et Olivier BOROT, 30 ans, ingénieur.

Nous avons mis de côté nos situations professionnelles pour partir en février 2009 visiter le monde à pied, à vélo ou en train. Au programme six mois le long de la Route de la Soie jusqu’en Mongolie pour revenir à travers la Russie avec le Transsibérien. Puis départ pour l’Afrique sur les routes du sel avant de suivre la Cordillière des Andes en Amérique du Sud. Ensuite cap sur l’Asie du Sud-Est…

Avec La Ligue contre le Cancer

Touché par le cancer en 2007, notre voyage c’est aussi apporter notre soutien à La Ligue contre le Cancer : en vous inscrivant, vous donnez 5 € au comité des Alpes Maritimes. Grâce au soutien du Conseil général des Alpes Maritimes qui participe au financement de notre projet, notre carnet de voyage est diffusé dans plusieurs centres de soins et dans les comités départementaux de la Ligue contre le Cancer. Puisse-t-il être un bol d’air pour ceux qui en ont besoin...

Si notre aventure vous intéresse, vous pouvez nous soutenir et recevoir notre carnet de voyage tous les mois. Indiquez sur papier libre vos coordonnées en précisant si vous souhaitez la version papier ou la version mail et envoyez vos dons par chèque à :

Association A nouveau sur la route 46, avenue de la République 01630 St Genis-Pouilly

Ou bien téléchargez notre bulletin d’inscription sur notre site : www.anouveausurlaroute.fr

Ce journal est imprimé sur papier recyclé


A

près le début de l’été au Xinjiang, nous sommes partis de cette région de l’Ouest de la Chine au moment des émeutes qui ont secoué le pays. Une halte près de Jiayuguan nous a permis de profiter de la Grande Muraille dans un endroit encore un peu préservé des touristes, puis nous avons regagné en train la ville de Hohhot pour obtenir nos visas mongols. De là, c’est à vélo que nous avons atteint la Mongolie. Le chemin fut splendide : des paysages montagneux, des champs colorés à perte de vue, puis l’immensité des steppes. Enfin, nous avons fait la connaissance avec le désert de Gobi et ses terribles vents de sable… Durant cette période nous

avons découvert un côté plus connu de la Chine : le Mandarin, l’architecture traditionnelle, la cuisine et les saveurs réputées dans le monde entier. Et puis bien sûr, il y a les Chinois et leurs drôles d’habitudes : crachats, bousculades dans les files d’attente et curiosité sans retenue. Déroutant !

Urumqi Jiayuguan O

Erlian O

Hohhot O


CARNET DE ROUTE

Traverser le pays en train

N

ous avons traversé la Chine d’Ouest en Est avec le train. Au départ d’Urumqi, capitale de la province du Xinjiang, nous sommes plutôt mal tombés. Trois jours avant notre arrivée, la ville a été secouée par des émeutes qui ont été réprimées dans un bain de sang. La télévision chinoise annonça la mort de 140 « terroristes » durant ces émeutes. C’est dans une ville sous le choc que nous sommes entrés sur nos vélos. Tous les magasins ou presque étaient fermés, les devantures protégées par des rideaux de fer ou des planches de bois. Au-dessus de nos têtes des hélicoptères de combat survolaient la ville. Partout dans les rues des militaires et des voitures de police patrouillaient. Sur un boulevard en direction de la gare ferroviaire, nous sommes tombés nez à nez avec plus de cinq cents soldats qui, mitraillette au poing, rejoignaient au pas de course et en rangs serrés un autre point de la ville. La photo aurait été impressionnante mais nous n’avons pas osé sortir notre appareil photo.

La Police contrôle la gare Arrivés à la gare, il règne une cohue indescriptible. Des militaires en armes repoussent les gens, les font aligner dans des files avant de les laisser

pénétrer au compte-gouttes dans la gare. Tous les bagages sont passés aux rayons X et les contrôles d’identité sont systématiques. Claudine mettra plus de deux heures à se procurer nos billets de train dans un hall de gare bondé ou des policiers munis de mégaphones hurlent des ordres aux passagers pour les aligner ou les faire circuler. Pendant trois jours, censure oblige, toutes les connexions Internet du Xinjiang ont été coupées, idem pour le téléphone, et aucun train n’a pu quitter la gare d’Urumqi. C’est aujourd’hui seulement que les gens peuvent à nouveau quitter la ville en train. Impossible du coup d’obtenir les places couchettes que l’on nous avait recommandées. En avant pour vingt quatre heures de train sur des banquettes dures.

Un voyage très sympathique Dans un train bondé, le voyage aura été franchement sympathique à défaut d’être confortable. D’abord il nous aura fallu trouver une place pour tous nos bagages. Nous avions réussi à faire mettre les vélos dans un compartiment spécial, mais pour nos sacs, il a fallu faire de la place. Chacun y allant de son conseil pour agencer les bagages des autres dans le wagon, nous avons finalement réussi à tout caser. Nous étions installés sur une banquette avec trois fauteuils. Face à nous, trois autres personnes. Sous nos pieds, des bagages, des provisions, de l’eau. Au début du trajet, les gens restent discrets et relativement immobiles mais au fur et à mesure, tout le monde change de place au gré des conversations


qui s’engagent. Quelqu’un part aux toilettes ? Il est sûr qu’en revenant il trouvera une autre personne à sa place, avachie sur ses affaires ou simplement en grande conversation avec son voisin. Sans protester, sans même sembler contrarié, notre homme ira alors s’asseoir sur le premier siège libre qu’il trouvera dans le wagon.

quelques mots d’anglais, nous attendons deux heures avant d’être assaillis de questions. C’est une femme assise derrière nous qui osera nous parler la première. Enfin, elle forcera plutôt l’étudiant assis en face de moi à pratiquer son anglais et à servir de traducteur. Très timide au début, il se révèlera être un très bon interprète, et nous apprendrons de cette femme Manger à bord ouïghoure beaucoup de choses sur les Pour manger, le train est pourvu de émeutes et sur les problèmes de grands samovars. L’eau chaude sert relations entre ethnies. C’était très pour le thé que chacun fait infuser courageux dans un contexte aussi dans des mini-therdifficile et dans un mos ou dans des train rempli de grosses gourdes cychinois Han, d’oser lindriques en verre aborder ce sujet et ou en plastique, de faire traduire à mais elle sert égalequelqu’un ses idées ment pour les pâtes au demeurant très lyophilisées que pacifistes. Pendant tout le monde ou ces conversations, presque, a emportous les passagers tées. Très pratiques, se déplacent un à ces pâtes sont un et viennent voir, Les contrôleurs proposent régulièconditionnées dans posent des quesrement aux passagers d’acheter des grands bols en tions puis repartent. des objets en tout genre : toupies, plastique et il suffit baguettes pliables, chaussettes... d’en enlever le couvercle, de remplir le tout d’eau chaude et de patienter cinq Une nuit agitée minutes avant de pouvoir déguster, La nuit, le wagon change à nouveau de avec des baguettes bien-sûr, les pâtes physionomie. Les gens se couchent un assaisonnées. peu partout, certains sous les sièges, repoussant les bagages dans l’allée. Les La vie s’organise lumières restent, bien sûr, allumées et Dans chaque wagon, il y a un il ne vient à l’idée de personne de contrôleur-balayeur-placeur qui gère parler plus doucement à quatre heures son wagon. Dans les allées, de du matin. Nos voisins passeront les nombreux vendeurs en uniforme nuits à jouer aux cartes, je passerai les circulent et proposent des boissons, nuits à me tourner à gauche et à droite des pâtes ou des fruits. Partout les gens pour soulager ma fesse droite ou ma discutent sans distinction de sexe ou fesse gauche avant de m’assoupir à d’âge, tout le monde échange et donne nouveau pour au moins un quart son point de vue comme s’il s’agissait d’heure. Je n’ai pourtant pas le d’amis de longue date. Rapidement sommeil léger mais, coincé entre mes nous sommes la curiosité du wagon, deux voisins, je n’ai pas passé de très mais personne n’osant se risquer à bonnes nuits ! O.


La Grande Muraille

C

ette immense construction humaine est mythique ! Nous ne voulions pas quitter la Chine sans voir la fameuse Muraille, séparation stratégique pour défendre dès le Vème siècle avant J.-C. la frontière nord de la Chine. Elle s’étend sur environ 8800 Km, du nord de Pékin jusqu’à Jiayuguan beaucoup plus à l’Ouest. Elle est parsemée de tours de guet qui permettaient aux soldats de transmettre rapidement jusqu’à Pékin des informations et d’alerter en cas d’invasion. Traversant les rivières, enjambant les montagnes, elle ne servira pas vraiment à défendre, mais facilitera immanquablement les déplacements et les échanges. Pour la voir, nous nous sommes rendus au fort de Jiayuguan. A cet endroit, certains tronçons de la muraille ont été restaurés et sa Est-ce que vous avez déjà ...

... fait du vélo sur la Muraille de Chine ?

hauteur peut atteindre jusqu’à sept mètres. Ensuite, nous avons quitté la ville en train et nous avons eu l’heureuse surprise de découvrir que la voie ferrée longeait durant des centaines de kilomètres cette Grande Muraille, dans son état originel. Beaucoup moins impressionnante, la muraille se résume alors à un muret de terre d’un à deux mètres de haut. C. Sur ce tronçon non rénové, nous avons hissé nos vélos pour donner quelques coups de pédales mémo rab les. La Muraille est assez étroite et c’est pour cela que l’idée de pouvoir la voir depuis l’espace est totalement fausse. Un taïkonaute a même démenti cette idée reçue il y a 6 ans. Il est vrai que sa largeur maximale n’est que 4 à 5 mètres…


RECETTE

Soupe de nouilles aux crevettes et aux ailes de poulet Ingrédients : 350 g de spaghettis 180 à 230 g d’épinard ou de chou 3 gousses d’ail 6 ailes de poulet 1 L de bouillon clair (voir recette

complète sur notre site Internet, article paru le 14 septembre 2009)

3 cuillères à soupe d’huile 3 cuillères à soupe de sauce de soja 5 cuillères à soupe d’eau ½ cuillère à café de sucre en poudre 3 cuillères à soupe de vin blanc 1 bouillon cube au poulet 2 cuillères à soupe de beurre fondu 230 g de crevettes décortiquées

Le fort de Jiayuguan à l’extrémité ouest de la Grande Muraille : construit vers 1372, c’était un bâtiment militaire stratégique et un poste clé important sur l’ancienne Route de la Soie.

• Faire cuire les spaghettis à l’eau bouillante et égoutter-les. Puis rincer-les à l’eau froide. • Nettoyer et laver soigneusement les épinards ou le chou, puis hacher-les. Ecraser les gousses d’ail. Couper les ailes de poulet à la jointure. • Faire chauffer l’huile dans une casserole. Ajouter les ailes de poulet et faire revenir pendant 3-4 min tout en remuant. Ajouter la sauce de soja, l’eau et 10 cL du bouillon. Porter à ébullition et laisser mijoter pendant 30 min en remuant de temps à autre. Ajouter le sucre et le vin. • Verser le reste du bouillon dans une grande casserole. Ajouter le bouillon cube écrasé, les pâtes et les épinards (ou le chou). Porter à ébullition et laisser mijoter pendant 5 min. • Mettre l’ail et le beurre dans une petite casserole. Faire revenir quelques secondes tout en remuant. Ajouter les crevettes et faire revenir 30 secondes tout en remuant. Laisser mijoter doucement pendant 1min30s. • Mélanger le tout et servir chaud.


Obtenir le visa chinois

O

n nous avait prévenus. Difficile d’obtenir le visa chinois hors de son pays d’origine. Mais comme nous sommes tenus de rentrer en Chine dans les trois mois qui suivent la date de la demande, nous n’avions pas le choix. A Tachkent, capitale de l’Ouzbékistan, le consulat chinois ouvre trois matins par semaine.

Nous voici lundi matin 7h00 devant les grilles. Nous sommes les premiers, mais le numéro que m’attribue le garde n’est que le 15. Nous avons tous les documents exigés : photos d’identités, copie des passeports, formulaire complété et une vraie-fausse réservation de billet d’avion aller-retour TachkentPékin que nous avons fait faire la veille par une compagnie aérienne. A 9h00, nous sommes une trentaine devant les grilles et le garde appelle les dix premiers numéros. Aussitôt, une vingtaine de personnes se ruent à l’intérieur dans une cohue assourdissante. Le garde est submergé et ne parvient pas à filtrer les gens. Claudine me crie de me jeter dans la mêlée, j’hésite, j’ai le numéro 15 et il en a appelé 10, je tergiverse et clac…la grille se referme.

Rencontre avec Monsieur X Pendant toute la matinée, elle ne se rouvrira que pour laisser sortir des gens, malgré les demandes ou plutôt les supplications des infortunés restés à l’extérieur. Petit à petit, les gens abandonnent. Claudine, elle, refuse d’abdiquer et tient fermement les grilles à deux mains. Nous ne pouvons pas revenir dans deux jours car il nous faut

obtenir les visas d’autres pays avant de reprendre notre route à vélo. Peu avant midi, arrive un drôle de personnage. Il est chinois et franchit les grilles sur un signe de tête. Il n’est pas un employé du consulat, mais semble faire la pluie et le beau temps à l’intérieur. Le garde nous désigne d’un geste et lui explique notre cas. Il répond fermement « Meyo ! » que nous savons être « Non » en chinois et tourne les talons. On ne bouge toujours pas. A 12h30, nous sommes les deux seuls derrière les grilles. Le chinois ressort et semble amusé par notre présence. Il se dirige vers moi et me tend un bout de papier sur lequel est griffonné un nom, Monsieur X, et un numéro de téléphone. Notre Monsieur X disparaît après nous avoir fait comprendre de l’appeler à ce numéro le lendemain à 14 heures. Nous quittons enfin les lieux après six heures d’attente debout sous le soleil.

Un film de gangsters A 14 heures le lendemain, la voix au téléphone nous fixe un rendez-vous au « Shanghaï Restaurant » deux heures plus tard. A l’heure dite nous entrons dans le restaurant. La femme qui nous accueille vient compléter un tableau déjà étonnant : l’intérieur du restaurant ressemble à ceux que l’on peut voir dans les films de gangsters. Des tables circulaires dans une salle immense et très haute de plafond. Une scène au fond de la pièce où l’on imagine sans peine un vieux crooner, un verre de champagne à la main, en train de chanter un tube des années soixantes, et partout des « hôtesses » en robe moulante qui attendent les clients. Le bureau de Monsieur X se trouve à l’étage. Nous sommes invités à patienter devant une porte blindée, le temps que la caméra de surveillance nous dévisage puis, la porte se débloque et nous pouvons monter l’escalier.


Les impressions d’Olivier

Le meilleur souvenir : Courir sur la Muraille de Chine. Allez savoir pourquoi, c’était un rêve d’enfant. A Jiayuguan, seul sur la Muraille, j’ai pu faire ce jogging de rêve.

Le pire souvenir : Le mépris et le manque de considération de certains Chinois envers nous. Etions-nous trop sales, mal habillés, ou simplement étrangers ?

Le plus marquant : Urumqi et les émeutes. Cette atmosphère tendue et oppressante, la cohue pour prendre le train et quitter la ville, la Police et les militaires partout : autant d’images fortes qui resteront gravées dans ma mémoire.

Une autre femme nous accueille dans un hall rempli d’objets incongrus : des valises empaquetées dans de la cellophane, deux coffres forts et des cartons de matériel balisent le chemin qui mène jusqu’au bureau de Monsieur X. Lui est assis derrière une console de montage vidéo et regarde sur trois écrans plats à la fois. D’un doigt tendu, il nous désigne sans un mot un fauteuil où patienter. Pendant qu’il termine on ne sait quoi sur ses écrans, nous jetons des regards autour de nous à la dérobée. Dans un coin de la pièce nous apercevons un moniteur divisé en neuf écrans qui montrent les images filmées par des caméras de surveillance tout autour du bâtiment. Sur des étagères, beaucoup d’équipement vidéo, des photos d’officiels chinois et une radio dissimulée sous un tissu. Et puis, dans un coin de la pièce, près de la fenêtre,

posé sur un trépied et caché par un drap, il y a ce qui est soit une très longue vue, soit un fusil à lunette… C’est peu rassurés que nous répondons tant bien que mal à l’interrogatoire poussé auquel il nous soumet. Il faut dire que notre histoire ne tient pas bien la route : difficile d’expliquer pourquoi nous avons une réservation d’avion pour dans deux mois et pourquoi nous devons obtenir le visa dans la journée. Après une longue plaidoirie, mi en anglais, mi avec les mains, il m’interrompt : « OK, no problem ». Ouf ! On se détend un peu. Vient le moment de payer le visa : 300 $ pour nous deux, on s’y attendait un peu. Je lui tends quinze billets de 20 $, il les inspecte et m’en rend deux avec le sourire pendant que la femme nous traduit « Spécial discount for you ». On récupère nos billets en remerciant et on s’éclipse.

Qui est vraiment Monsieur X ? Ce n’est que très loin du restaurant qu’on osera se poser mutuellement la question qui nous brûle les lèvres « Mais qui c’est ce type ? ». Sur sa porte il y avait une plaque avec un drapeau ouzbek et un drapeau chinois, ce qui tend à confirmer qu’il a un rôle officiel, mais que dire du restaurant, des hôtesses, des caméras de surveillance et de tout son matériel ? On se doute bien que ce n’est pas un agent secret qui nous aide à avoir nos visas, mais il en a tout l’équipement. Le lendemain à l’heure dite nous sommes devant la porte blindée. Nous patientons en souriant à la caméra et quelques instants plus tard la femme de la veille ouvre la porte et nous tend nos passeports. Avant de partir, un pied déjà dans la rue, je me risque à un « Quel est exactement le métier de Monsieur X ?» Elle me répond « Il possède le restaurant et s’occupe de certains problèmes diplomatiques. Il travaille pour la censure chinoise ». Tout s’explique ! O.


CARNET DE ROUTE

En route pour la Mongolie

N

ous avons passé dix jours depuis Hohhot pour rejoindre la frontière à Erlian. Voici un extrait de ces journées à vélo en Mongolie Intérieure, cette région de la Chine au nord-ouest de Pékin.

Les impressions de Claudine

Le meilleur souvenir : Le coucher de soleil face à la Muraille de Chine. Seuls, assis par terre, nous nous étions arrêtés pour pique-niquer devant ce monument incroyable, que nous découvrions pour la première fois.

Le pire souvenir : Se sentir ignorée. Dans une file d’attente, j’ai dû m’accroupir quelques minutes, au bord du malaise. Personne n’est venu me demander comment j’allais, personne ne m’a adressé un regard quand je me suis relevée: pas même mon voisin pourtant propriétaire de la valise sur laquelle j’avais posé ma tête. Le plus marquant : Peu de Chinois se risquent à parler anglais et lorsque c’est le cas, il est difficile de les comprendre : nos prononciations sont tellement opposées. Par écrit en revanche, aucun problème.

Mardi 21 juillet 2009 Le réveil sonne à 5h00 pour un départ à peu près deux heures plus tard. Nous avons dormi près d’une ferme où ses habitants nous avaient offert l’hospitalité, mais notre campement était déjà installé. Après la traversée d’une chaîne de montagne la veille, nous circulons aujourd’hui sur une route plate. Autour de nous le paysage vallonné offre des panoramas splendides sur de magnifiques champs très colorés. En bord de route, régulièrement des apiculteurs vendent leur production de miel et de pollen. Nous ne manquerons pas d’en acheter pour agrémenter nos petits-déjeuners. Quant aux abeilles, Olivier a fait connaissance avec l’une d’entre elles, qui, sympathique, lui a même offert son dard ! A midi nous avons déjà parcouru cinquante kilomètres lorsque nous atteignons une grande ville. Difficile de trouver un bon repas alors nous nous rabattons sur un Fast Food chinois. Nous nous souvenons alors avec nostalgie du repas de la veille : arrivés en haut du col, une femme nous avait dorlotés en nous concoctant un plat très copieux, et au moment de partir elle avait même refusé notre argent. Nous repartons. Le temps se fait plus menaçant et les paysages changent subitement : la végétation se fait rare et les champs colorés laissent place à des étendues très plates et monotones. Nous atteignons les steppes. A vol d’oiseau nous ne sommes qu’à une soixantaine de kilomètres de la Mongolie et les larges prairies parsemées de yourtes blanches et de troupeaux sont déjà sous nos yeux. Après 95 kilomètres


parcourus aujourd’hui, la fatigue se fait sentir, mais nous goûtons à ces paysages de nature tant attendus. Au milieu des cavaliers guidant leurs troupeaux de moutons ou de yaks, nous installons notre campement pour la nuit.

Mercredi 22 juillet 2009 Départ à 6h00. La steppe s’étend à perte de vue et le temps est couvert. Le vent est incessant et les averses très fréquentes. Vers midi nous trouvons un hameau, le seul depuis des kilomètres. Dans la cantine où nous nous arrêtons, la cuisinière court à l’épicerie d’en face acheter des pâtes et des œufs pour nous préparer un plat chaud. Une petite sieste, puis nous nous remettons en route. Le paysage est maintenant plus aride. Nous entrons dans le désert de Gobi et pour la première fois du voyage, le vent souffle dans notre dos et nous aide à enchaîner les kilomètres. Dans les descentes nous faisons des performances de vitesse : jusqu’à 52 Km/h. Le paysage défile et cela nous redonne le moral : nous allons peut-être pouvoir parcourir les 130 kilomètres qui nous séparent de la ville où nous espérons dormir au sec. Puis à 25 Km de l’arrivée, alors que

nous sommes confiants quant à notre destination du jour, l’orage éclate : la pluie est battante, le vent devient violent et le sable se soulève. Nous sommes même obligés de nous arrêter et de nous protéger un moment sous la bâche pour éviter une grosse tempête de sable. Puis malgré le vent et la pluie, nous remontons sur nos vélos. Ces derniers kilomètres sont interminables. En un rien de temps, nous sommes dégoulinants : nos chaussettes puis nos chaussures sont rapidement imbibées et, malgré l’effort, le froid nous gagne peu à peu. Les camions qui viennent en face nous aspergent le visage et le vent nous oblige parfois à mettre pied à terre pour ne pas être renversés. Nous pédalons machinalement, sans réfléchir. Après douze heures de vélo, nous arrivons péniblement à la ville, trempés jusqu’aux os et nous avons la chance d’être acceptés dans un hôtel. Pas de douche, mais la chambre est propre et bien chauffée et de l’eau chaude nous attend dans un thermos pour nous laver au lavabo de l’étage. Repas au restaurant de l’hôtel avant de s’endormir, épuisés mais au sec. C. Page suivante : Champs à perte de vue au nord de Hohhot.

Dans le prochain numéro : LA MONGOLIE

Enfin à destination ! Pacourir les steppes à vélo et à cheval



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