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LUDOVIC CARON En équilibre(s

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En équilibre(s)

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« Fais de ta vie un rêve, et d’un rêve, une réalité. » Ludovic Caron semble avoir fait sienne la formule d’Antoine de Saint-Exupéry en tissant les contours de sa propre idée de l’art de vivre, entre l’adrénaline des circuits automobiles et la quiétude du bush africain. Rencontre (presque) sur la grille de départ.

« J’aime l’idée qu’on puisse tout à fait faire de la planche à voile le matin, lire Dostoïevski l’après-midi et pourquoi pas le soir venu, se plonger dans le film Nikita. » Comprendre : Ludovic Caron est un esprit libre. Qui vogue entre les plus beaux circuits automobiles classiques à bord de son AC Cobra, et la sérénité du Esiweni Luxury Safari Lodge, aventure hôtelière dans laquelle il s’est lancé en famille en Afrique du Sud. Récit d’une épopée contemporaine. Moteur… passion !

Les nouveaux départs, Ludovic Caron connaît bien : le 30 août prochain, il s’élancera pour la 20e fois sur les routes du Tour Auto Optic 2000 pour dévorer, étape par étape et durant cinq jours, les 1 930 kilomètres depuis le pied de la tour Eiffel jusqu’aux palmiers de la promenade des Anglais, en passant par l’élégant château de Courance, les trésors de Beaune, ou encore les arènes de Nîmes. Une course d’endurance qui invite donc à varier les paysages et les plaisirs, entre de mythiques circuits tels que celui du Castellet et les spéciales négociées à vue, sans reconnaissance aucune, par des pilotes aguerris, jaugeant sans cesse un niveau de prise de risque à faire pâlir d’effroi l’automobiliste du dimanche. Des pilotes, mais avant toute chose des passionnés d’automobiles classiques, s’affrontant dans une ambiance entre franche camaraderie et esprit de compétition, dans ce que le terme a de

plus noble : « L’enjeu reste symbolique et nous sommes là avant tout pour le plaisir de participer, mais il est vrai que la victoire n’est pas sans ajouter un petit quelque chose », nous précise Ludovic Caron en fin connaisseur, lui-même ayant remporté la mythique course par deux fois, en 2008 puis 2011. Évoquer le Tour Auto, une des plus anciennes courses de France qui fêtera cette année son 30e anniversaire sous sa récente formule, c’est jongler entre l’image du tonnerre de mécanique, les pilotes intrépides galvanisés par le challenge, et, en même temps, l’idée d’une élégance certaine : celles des séduisants bolides historiques et des valeurs humaines qui y sont partagées. Le chic flegmatique : puissant, décontracté entre deux étapes. On saisit alors bien facilement la figure des gentlemen drivers ainsi que les raisons de la présence d’Engel & Völkers en tant que partenaire aux côtés de Ludovic Caron et de son emblématique AC Cobra de… 1963 soit, « l’âge d’or de l’automobile, avant le choc pétrolier : une période qui a vu naître des voitures sans concession, lorsque les choix de fabrication n’étaient pas encore contraints par les recherches d’économie ». Parole de passionné. D’ailleurs, est-il possible qu’il en soit autrement ? « L’univers des voitures classiques est bien plus qu’un sport, c’est un véritable lifestyle, qui séduit de plus en plus, sûrement du fait de ce petit supplément d’âme. Il nous replonge dans cette époque où les pilotes, en véritables chevaliers, risquaient leur vie chaque fois qu’ils prenaient le volant. Derrière chaque course, chaque automobile, se cache finalement une histoire d’hommes autant que de machines. » Pour l’histoire d’homme en l’occurrence, c’est celle d’un destin en marche dès la septième an-

née de Ludovic Caron, lorsqu’en vacances en famille, il découvrit les courses de kart, discipline dont il intégrera plus tard l’équipe de France pour participer aux championnats d’Europe, puis du monde. Comme une suite logique, il s’essayera plus tard à la formule 3 puis la formule 2 jusqu’à ce qu’en 1994 on lui propose de conduire une Lola T70 aux 2 Tours d’Horloge… qu’il remportera. Il n’en fallait pas moins pour que la magie opère : « J’ai commencé à m’impliquer de plus en plus, à acheter puis préparer mes propres voitures », fidèles destriers avec lesquels il brillera au Tour Auto donc, mais également au Mans Classic ou lors du Goodwood Revival. L’histoire de machine automobile quant à elle, est ici celle de l’AC Cobra Shelby… et quelle histoire ! Le fruit d’un mélange de persévérance et de génie, celui du Texan Carroll Shelby, ancien pilote décidé à imaginer la voiture capable de détrôner la Scuderia d’Enzo Ferrari, ce qu’il fera finalement avec la Ford GT40. Pour ce faire, il alliera d’abord la légèreté du châssis d’un roadster du Britannique AC Cars à la puissance d’un v8 made in America puisque Ford. Était ainsi née la Shelby Cobra : le modèle que possède Ludovic Caron est d’ailleurs une des premières engagées dans les championnats sous la bannière Shelby, piloté par les plus grands de l’époque à l’instar de Dave McDonald ou Dan Gurney. Encore une fois, des histoires d’hommes « j’aime la conduire justement, pour tout ce qu’elle représente ». Peut-être est-ce un peu de ce charme désuet et de ce soupçon de touche british qui a séduit Ludovic Caron dans le bush africain qu’il élira pour initier un nouveau départ d’un autre genre : c’est ici, dans le KwaZulu-Natal, au cœur de 15 000 hectares de nature sauvage dans la réserve privée de Nambiti, qu’il se lancera avec son épouse Sophie Vaillant dans le projet d’Esiweni Luxury Safari Lodge. Un projet en sommeil depuis longtemps : « Tout a démarré en 1997 lors d’un voyage en Afrique du Sud : je découvrais pour la première fois une girafe dans son milieu naturel et ce moment magique est resté ancré dans ma mémoire. Petit à petit a mûri l’envie de venir nous y installer avec notre dernière fille, Adèle, afin qu’elle grandisse dans un environnement différent. » Un euphémisme tant le dépaysement est total depuis les cinq luxueux bungalows de 100 m2 : la nature, à l’état pur et à perte de vue. « C’est un lieu exclusif sans aucune pollution visuelle ni sonore, pour s’extraire un petit peu du monde virtuel et se reconnecter à l’essentiel. » Et si le luxe en 2021 était de ne pas avoir de connexion wifi ? Ici, elle n’est accessible que depuis le bungalow principal. Plus d’excuses pour déconnecter et s’adonner aux différentes expériences que proposent les maîtres de maison : dîner à la belle étoile, escapade en montgolfière, promenade à cheval ou encore bien sûr, safari accompagné des rangers pour apercevoir notamment léopards, éléphants, zèbres et lions parmi les autres voisins de savane. Là encore, une certaine idée de l’élégance qui emprunte au récit d’un Ernest Hemingway dans Les Neiges du Kilimandjaro. C’est d’ailleurs le romancier qui donnera leur nom aux célèbres Big Five – les cinq mammifères africains remarquables – qu’on peut apercevoir en toute sécurité depuis les terrasses panoramiques privatives des bungalows, véritables écrins de quiétude surplombant la rivière Sunday. Un way of

life « Out of Africa » que les propriétaires des lieux ont tenu à agrémenter d’une touche d’art de vivre à la française : « C’était pour nous une évidence, cela se ressent dans chaque détail, et bien évidemment à table, grâce au savoir-faire du Chef Crystal Wentzel, formé notamment auprès du chef doublement étoilé Michel Rostang. » Un nouveau virage très bien négocié, puisque l’Esiweni Luxury Safari Lodge et ses exceptionnelles prestations font désormais partie de la Collection Relais & Châteaux. On est loin ici de l’effervescence régnant sur la grille de départ du Tour Auto, « mais c’est tout à fait ce qui me convient, j’ai la chance d’avoir trouvé un équilibre », affirme le gentleman driver, avant de préciser :« Il y a d’une part cet univers de sérénité au cœur de la savane africaine, et d’autre part l’adrénaline à 1 000 % lorsque je rejoins une course. C’est ce contraste qui rend la vie excitante ! » Alors on repense à ces mots : « Il n’y a pas de fin. Il n’y a pas de début. Il n’y a que la passion infinie de la vie. » La formule est de Federico Fellini, la philosophie, celle de Ludovic Caron.

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