ZOO

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ZOO Traces de voyage 1 Mathieu ONUKI



Mathieu ONUKI

ZOO8 Traces de voyage 1



Je suis né et j’ ai vécu jusqu’ à l’ âge de quinze ans à Tokyo, j’ ai donc été éduqué dans cette société moderne du Japon. La vie en France depuis mon départ m’ a permis de prendre du recul et de développer un certain regard à l’ égard de cette société. Ces petits carnets de voyage sont des traces de mes parcours lors de mes retours à mes sources. Ce procédé me permet de découvrir et de redécouvrir des passages dans les profondeurs de cette mégalopole. La société dans la ville de Tokyo implique que le déplacement s’exécute d’un point A à un point B en empruntant les parcours les plus rapides (train, métro, bus). La notion de promenade est une manière de briser ces circuits et de voir ce qui n’est pas à voir. La productivité étant le mot d’ ordre donné par le gouvernement, tous ceux qui s’en égarent, sont contraints de s’opposer à cette société qui n’éprouve aucune compassion envers ses sujets. Ce dicton Japonais en est le reflet : «Le clou qui dépasse appelle le marteau.» Pour ma part, je peux ni me considérer comme touriste ni comme maillon de cette chaîne, mais plutôt comme un parasite qui explore les entrailles de cette machine afin d’ en extirper des images. Un carnet par voyage dirigé par une thématique, voici le protocole qui me permet de créer mon propre circuit construit, en fonction de ce que le hasard et la situation m’ offrent. Mobilité, vagabondage, déambulation, sont les contraintes mais aussi la liberté que j’ ai pris et que je m’ efforce à suivre.



Le Zoo fut la thématique de mon voyage en 2008. À travers une comparaison et une confrontation du zoo et de la ville, j’ ai voulu mettre en évidence la situation psychologique et sociologique des habitants de cette mégalopole. Ainsi, je montre à quel point les êtres humains souffrent, enfermés dans une cage formée par la société, où l’expression des sentiments et des passions est inexistante. La ville peut alors être considérée comme un zoo, où des êtres privés de leur liberté (par l’autocensure, le tatemae*, la honte, la soumission et l’honneur) se retrouvent à vivre en communauté dans une prison psychique. Les êtres y sont montrés désespérés, conditionnés, contrôlés.

* Tatemae: littéralement « façade» , c’est le comportement et les opinions qu’on affiche en public. Tatemae est ce qui est attendu et exigé par la société selon sa position et les circonstances.



L’oiseau en cage rêvera des nuages

Proverbe japonais









































ERBA 2010



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