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Duel de ténors : Enigma
Un huis clos. Deux visions de l’amour qui s’affrontent. Deux hommes entraînés dans un étrange triangle amoureux. Qui aime-t-on quand on aime ? Ne connaît-on jamais vraiment l’être aimé ?
Après avoir rencontré avec succès son public européen l’automne dernier à l’Opéra de Metz, l’opéra Enigma prendra d’assaut la scène du Théâtre Maisonneuve du 7 au 13 avril 2024. Dans une adaptation des Variations énigmatiques d’Éric-Emmanuel Schmitt, les ténors Jean-Michel Richer et Antoine Bélanger plongent au cœur de ce thriller psychologique qui nous tient en haleine du début à la fin.
Un texte prédestiné à l’opéra
Sur une musique du compositeur Patrick Burgan, l’opéra Enigma suit fidèlement le modèle théâtral d’origine. Le titre se réfère d’abord et avant tout au récit, évoquant les morceaux de casse-tête et les vérités cachées qui se dévoilent au fur et à mesure. Au fur et à mesure que le récit progresse, les morceaux de casse-tête s’articulent et les vérités cachées se manifestent.
« Sans rien dévoiler, l’histoire traite de sujets pour lesquels l’opéra est vraiment un bon médium », affirme Jean-Michel Richer. « Il y a des émotions à l’état très brut. Ce que j’aime quand j’assiste à un opéra, c’est quand l’émotion devient si grande qu’on se dit que tout ce qu’il reste à faire, c’est de chanter. Et ça, on l’a dans Enigma. »
Une musique intelligente et sensible
Si le texte d’Eric-Emmanuel Schmitt contient peu de références directes à l’œuvre d’Elgar, le compositeur Patrick Burgan, quant à lui, ne se prive pas pour en faire la colonne vertébrale de sa partition, intégrant les différentes variations parfaitement à sa musique.
« Je ne suis pas un adepte de musique contemporaine à la base », avoue Antoine Bélanger. « Et pourtant, cette pièce-là tombe tout à fait dans mes cordes. C’est une musique actuelle, récente, mais qui évoque l’impressionnisme et le post-romantisme dans ses couleurs et l’utilisation de l’orchestre. Ça reste très musical et mélodique. »
« La musique de Patrick est très intelligente », renchérit Jean-Michel Richer. « La partition comporte plusieurs couches à explorer, et si on a envie de plonger dans l’analyse, il y a matière à s’amuser ! Mais on peut aussi simplement s’asseoir et profiter de la musique en vivant des émotions. Les connaisseurs comme les non-initiés peuvent l’apprécier. »
Complices face à un défi de taille
Pour cristalliser la symbolique du conflit, les deux rôles de l’opéra ont été confiés à des ténors. Loin d’adhérer à un esprit de compétition, Bélanger et Richer développent plutôt une belle complicité, travaillant de pair dans un contexte musical et théâtral exigeant.
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Jean-Michel Richer en témoigne, « ça a vraiment été une belle expérience. Antoine et moi, on s’entend très bien et le travail ensemble est très agréable. Alors une fois sur scène, on a beaucoup de plaisir à jouer qu’on ne s’aime pas du tout ! »
Les deux chanteurs sont unanimes tant au niveau vocal que dans l’énergie et l’émotion : les rôles costauds qu’ils endossent les poussent à leurs limites. « C’est une œuvre monumentale », raconte Antoine Bélanger. « On est sur scène du début à la fin. C’est une implication de tous les instants. Émotionnellement parlant, les personnages vivent une évolution parsemée de moments très intenses et d’autres, très intimes. C’est tout un défi de conjuguer ce travail physique et émotif avec une partition difficile à soutenir, qui couvre un registre très large. »
« Les personnages vivent de grands conflits intérieurs, et ça, il faut le j ouer », ajoute Jean-
Michel Richer. « Il faut s’abandonner dans l’émotion et, en même temps, garder la tête froide parce que ça reste un travail technique et qu’il faut rester en contrôle de notre instrument. Ce sont des rôles des ligues majeures ! »
Des interprètes impliqués dans la création
Dirigés par le metteur en scène Paul-Émile Fourny, les deux interprètes profitent d’un terrain de jeu formidable pour explorer et développer la relation entre leurs personnages. Pour des chanteurs qui adorent jouer, c’est du véritable bonbon.
« Ça a été un gros travail d’équipe », affirme Antoine Bélanger. « On a eu de l’espace pour s’exprimer, pour proposer et pour faire beaucoup d’essais. Un véritable travail de création partagé entre nous tous. »
Une première coproduction euro-montréalaise
Qu’est-ce qui attend les spectateurs en avril 2024 ? « Un spectacle troublant, touchant, d’une grande humanité et émotionnellement saisissant », répond Antoine Bélanger. « La musique est magnifique et l’écriture, très actuelle. C’est une œuvre pleine de rebondissements que j’aimerais beaucoup aller voir ! »
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Un enthousiasme que partage Jean-Michel Richer. « Je commence à avoir une bonne feuille de route en matière de création, et je peux dire que cet opéra est fort à tellement de niveaux ! On tient vraiment quelque chose. Qu’on y assiste parce qu’on aime Éric-Emmanuel Schmitt ou parce qu’on est amateur d’opéra, tout le monde y trouve son bonheur. »
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