4 minute read

Une histoire sans fin

Next Article
Rencontres

Rencontres

1

Advertisement

3 2

4 5

6

Une histoire sans fin La Reine des neiges

Voleuse d’enfant et générale d’armée, la Reine des neiges est un être maléfique inventé par Hans Christian Andersen au milieu du XIXe siècle. Maléfique, mais indéniablement fascinant, puisqu’elle a fait l’objet de nombreuses adaptations, plus ou moins fidèles, et a conquis l’imaginaire du monde entier, jusqu’à devenir aujourd’hui une jeune femme «libérée, délivrée», icône d’une nouvelle génération en quête d’acceptation. Par Louis Geisler

1

La Reine des neiges, conte de

Hans Christian Andersen (1844) La Reine des neiges est un personnage inquiétant, vivant dans un immense palais de glace éclairé seulement par de spectaculaires aurores boréales. Chaque hiver, elle se rend en ville sur son char pour déclencher des tempêtes et effrayer les enfants. Un jour, elle enlève le petit Kay et l’emmène dans son royaume. Ses baisers transforment le garçonnet qui ne ressent plus le froid et devient obsédé par la symétrie parfaite des flocons de neige. Tout le monde le croit mort, sauf son amie d’enfance, Gerda, qui part à sa recherche. Son périple à travers le monde est l’occasion d’une série de rencontres et d’histoires enchâssées les unes dans les autres, un peu comme dans Les Contes des mille et une nuits qui ont bercé l’enfance chaotique d’Andersen.

2

Le Monde de Narnia, cycle romanesque de C.S. Lewis (1950-1956) Avec Le Seigneur des anneaux de Tolkien, les sept romans du Monde de Narnia (The Chronicles of Narnia) font partie des œuvres emblématiques de la littérature fantastique anglo-saxonne du milieu du XXe siècle – plus de 100 millions d’exemplaires vendus, traduits dans quarante-sept langues. En partie inspiré par la Reine des neiges, le personnage de Jadis, surnommé la Sorcière blanche, prend le contrôle de ce monde enchanté en déclenchant un hiver d’une centaine d’années et en transformant ses opposants en statue de pierre. C’est l’actrice Tilda Swinton qui lui prête ses traits dans la dernière adaptation cinématographique en date (2005-2010) de la saga du britannique C. S. Lewis, produite par les studios Disney.

3 Lumekuninganna, film de Marko Raat (2010) Pour son quatrième film, le réalisateur estonien Marko Raat imagine une transposition contemporaine du conte d’Andersen sous la forme d’une histoire d’amour transgressive et délétère, unissant une femme mûre, riche et mourante – elle doit vivre dans le froid pour ralentir le cancer qui la ronge – avec un jeune lycéen encore vierge qui, dans sa fascination pour elle, en oublie l’existence du monde réel.

4

Frozen, film d’animation des studios Disney (2013) Très ancrée dans la culture populaire russe, La Reine des neiges fait l’objet de plusieurs adaptations cinématographiques en Union soviétique. Le film d’animation réalisé par Lev Atamanov (1957) rencontre un grand succès au Japon. Il marque profondément Hayao Miyazaki qui en reprend certains aspects pour son film Princesse Mononoké (1997) tandis qu’une série animée voit le jour sur les ondes de la NHK (2005-2006) à partir du conte original. Les studios américains ne sont pas en reste. Dès les années 1930, Walt Disney envisage de porter à l’écran La Reine des neiges, avant d’y renoncer devant la difficulté technique de représenter le jeu complexe des flocons sensés constituer son corps et ses vêtements. Cette idée ressurgit régulièrement mais se heurte au traitement du personnage, envisagé comme une antagoniste dangereuse et solitaire. Le scénario développé pour Frozen change la donne: la reine maléfique devient la princesse Elsa qui doit vaincre ses peurs pour maîtriser ses pouvoirs et sauver sa sœur Anna, inspirée par la Gerda d’Andersen. L’immense succès du film incite les studios Disney à revenir aux origines de certains de leurs «méchants» comme Maléfique (la mauvaise fée de La Belle au bois dormant incarnée par Angelina Jolie dans Maleficent) ou Cruella, pour donner a posteriori une justification à leurs agissements.

5

The Huntsman: Winter’s War, film de Cédric Nicolas-Troyan (2016) Ce blockbuster aux effets visuels impressionnants propose un crossover entre l’univers d’Andersen et celui des frères Grimm. La Reine des neiges prend ici le nom de Freya (Emily Blunt), en référence à la déesse scandinave. De jeune femme fragile, elle devient une souveraine impitoyable après la mort de sa fille nouveau-née, tuée par les manigances de sa sœur aînée Ravenna (Charlize Theron), puissante sorcière et belle-mère narcissique de Blanche-Neige.

6 The Snow Queen, opéra de Hans Abrahamsen (2019) La Reine des neiges a fait l’objet de plusieurs adaptations lyriques et chorégraphiques. Pour son premier opéra, le compositeur danois Hans Abrahamsen s’est naturellement tourné vers l’une des œuvres les plus célèbres de son pays natal. Proche du conte original, l’opéra est créé en danois en Copenhague en octobre 2019 puis en anglais à Munich le 21 décembre de la même année – et jour du solstice d’hiver. C’est cette dernière version qui est présentée dans une mise en scène inédite en ouverture de la nouvelle saison de l’OnR.

Retrouvez dans la programmation:

OPÉRA

La Reine des neiges

Strasbourg, Opéra 15, 17, 21 sept. Dim. 19 sept. Mulhouse, La Filature Ven. 1er oct. Dim. 3 oct.

This article is from: