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EDITO
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’est la rentrée les amis ! Pour vous remonter un peu le moral, NOTHING refait vos valises et vous emmène en voyage aux quatre coins du monde avec six auteurs de talents. Découvrez une fabrication d’orgue d’église au Québec dans les ateliers “Casavant”, un reportage proposé par François Nadeau, photographe et compositeur de musique. Lem, un puriste de l’argentique et de la photographie à l’ancienne, nous fait découvrir sa vision d’Istanbul. Une virée dans le “camping de l’enfer”, le côté obscur du Hellfest ! Un reportage de Moland Fengkov. Laure Abouaf, qui rejoint notre équipe éditoriale, nous propose un regard plus humain sur la campagne électorale européenne 2014. Le soleil du Maroc au travers des femmes du pays: un reportage intime et pudique que nous propose Fabienne Karmann, une photographe allemande.On clôturera ce numéro de rentrée avec le ‘’Combat continu’’: la lutte des ouvriers de Goodyears à Amiens par Joseph Gallix.
Bonne lecture
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Sommaire
Septembre - Octobre // 2014
p.02 | Edito p.04 | François Nadeau // Casavant frères p.16 | Lem // Istanbul p.28 | Moland Fengkov // Camping de l’enfer p.50 | Laure Abouaf // Politique p.66 | Fabienne Karmann // Les femmes du Maroc p.84 | Joseph Gallix // Le combat continu p.102 | Liens p.103 | Nothing et vous
Rédaction Publication Mise en page
La reproduction même partielle des articles, textes et photographies parus dans ce numéro est interdite sans autorisation écrite préalable du représentant légal. La rédaction n’est pas responsable des textes, illustrations, photos publiés qui engagent la seule responsabilité de leurs auteurs. Les documents reçus impliquent l’accord de l’auteur pour leur libre publication.
Gabriel Loisy
Relecture
Elodie Fond Laure Maugeais Laure Abouaf
Traduction
Maryneige Heller
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Si vous trouvez des fautes d’orthographe dans les pages de ce numéro, merci de ne pas y prêter attention et de nous en excuser.
Couverture
Fabienne Karmann
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/Nothingmag.fr
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Photo: Aliya Nadeau
François Nadeau
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hotographe professionnel et compositeur de musique pour la télévision et documentaires, François Nadeau a eu son premier appareil photo à un très jeune âge. Hyperactif de la créativité, il a été très impliqué dans le milieu du multimédia à Montréal. Il s’est ensuite concentré sur la composition de musique. Mais une de ses plus grandes passions est la photographie qu’il a toujours pratiquée depuis son plus jeune âge et depuis deux ans, il revient à son premier amour. Sélectionné et invité deux fois aux “World photographers” à Beijing, il a eu la chance de côtoyer et de travailler avec les plus grands photographes du monde. Il collabore à plusieurs magazines photos à titre de chroniqueur.
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epuis mon plus jeune âge, j’ai toujours été fasciné par l’orgue d’église. Rien de plus beau que du Bach joué sur ces instruments. L’orgue me fascine par sa taille, par sa force et par sa beauté. Fondés en 1879, les orgues Casavant sont reconnus mondialement pour la qualité de leur travail et la sonorité de leurs instruments. On retrouve des orgues Casavant partout au monde, dans des cathédrales, des salles symphoniques. Un orgue est présentement en montage en Chine. J’ai donc demandé aux orgues Casavant de pouvoir photographier leurs ateliers et les artisans et ils m’ont gentiment ouvert les portes. Pendant une journée, j’avais un accès illimité à tous les moindres recoins de ces prestigieux ateliers situé à Saint-Hyacinthe au Québec. Lorsque l’on se promène dans les ateliers, on remarque tout de suite deux choses. La première est que même si Casavant est à l’avantgarde aux niveaux technologique et acoustique dans la fabrication de ses orgues, les techniques traditionnelles qui en ont fait la réputation, sont encore employées. La deuxième chose que l’on remarque, ce sont les gens. Des passionnés. Qui adorent leur métier et qui sont extrêmement fiers de ce qu’ils font. On voit l’amour dans leur art, la précision dans leurs gestes. Un orgue, c’est une oeuvre d’art collective.
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Lem
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em est un photographe amateur basé à Dijon, passionné par les vieux appareils argentiques et la photographie à l’ancienne, celle qui prend son temps. A l’heure du mitraillage numérique sans risque, il est encore plus intéressant de faire du film avec des appareils sans pile ni puce, la photo se fait avant même de presser le bouton, elle résulte d’une réflexion et non d’un tri. Son travail consiste à montrer ce que les gens ne voient plus à force d’habitude. Le noir et blanc, déjà une non-restitution de la réalité, transporte le lecteur encore plus loin de ce qu’il croit connaître.
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Contempler Le moment magique, juste au moment de presser le bouton, la femme se tourne et son visage irradie toute la photo.
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Sokolu mehmet pacha La religion, omniprĂŠsente dans la vie stambouliote, et pourtant jamais oppressante. un bel ĂŠquilibre.
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Istanbul B
ysance, Constantinople, Istanbul... peu nombreux sont les endroits où l’histoire semble s’être concentrée au fil des siècles. Là où l’Occident continue de rencontrer l’ORient, où la tradition côtoie la modernité, où la précarité jouxte la richesse, où le spirituel accompagne le matériel... L’occasion était trop belle de déambuler dans les ruelles et sur les marchés avec un Zenza Bronica de 1969. Cette série fait l’objet d’un livre auto-édité “Kaksak” : carrément Istanbul». Il cherche un éditeur.
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Sur le bord Le Bosphore invite à la rêverie. le nombre de gens qui sont là à le regarder est impressionnant.
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Porte à sultanahmet Le sentiment d’intemporalité tient aussi au fait qu’à Istanbul, on fait durer.
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Les pains La rue, le bazar, l’effervescence, et puis, une lumière magnifique, un moment intemporel. peut-on demander plus ?
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la sieste Scène anodine du bazar, et en même temps, plénitude et équilibre, la vie simple.
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Les poissons Là encore, les petits métiers. l’occasion de réaliser une composition graphique ne se refuse pas!
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L’ami des chats Un autre moment magique, arrivÊ dans une cour intÊrieure du bazar, un vendeur caresse une demi douzaine de chats comme il doit le faire tous les matins.
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Fenêtres Pour moi, tout un symbole, la maison qui ne veut pas disparaître, et qui peut renaître du jour au lendemain.
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Partir Sur le Bosphore tout le monde est sur le dĂŠpart pour quelque part.
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Le camping de l’enfer
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Moland Fengkov
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ue ce soit au Festival de Cannes, qu’il couvre depuis 1999 en tant que critique cinéma et en tant que photographe, ou en Thaïlande et l’Asie du Sud-Est qu’il connaît bien pour s’y être rendu plus d’une dizaine de fois, en passant par le Hellfest ou la campagne présidentielle du Front de Gauche en 2012, Moland Fengkov s’intéresse aux univers fermés véhiculant des idées reçues et possédant leurs propres codes. Formé au CFPJ, il vient au journalisme en tant que rédacteur. Mais la photographie lui a toujours servi de mode d’expression. Dans son travail et dans sa vie. Une façon de lutter contre ce qu’il appelle la mémoire volatile. Un langage qu’il perfectionne grâce à la formation de photojournalisme de l’EMICFD à Paris. Il travaille alors pour des médias comme l’Humanité, l’Humanité Dimanche, La Vie, Grazia, Studio-Ciné Live, Télérama, Gavroche Thaïlande. En 2013 il intègre l’agence Haytham Pictures.
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n y boit, on y danse, on y beugle. Et accessoirement, on y dort. Au petit matin, quand les forces vous abandonnent. Forces qu’on reprend en journée, dans la chaleur et le vacarme des riffs de guitares. Tous les ans, durant quatre jours et quatre nuits, la petite ville de Clisson, près de Nantes, voit sortir de terre un camping pas comme les autres, dans lequel la furie règne en maître, au son des concerts au lointain qui se répercutent dans la vallée. Bienvenue au camping de l’enfer ! Envahi dès son ouverture par des milliers de joyeux sauvages venus des quatre coins de l’Hexagone, mais aussi de toute l’Europe et d’au-delà de ses frontières (Brésil, EtatsUnis, Canada…), il s’anime, régi par ses propres règles, tout au long de l’un des plus grands festivals musicaux de France, tous styles confondus : le Hellfest. Depuis 2014, pour renforcer les conditions de sécurité sur le site, outre la présence d’une patrouille montée, seuls les détenteurs de billets peuvent accéder au camping. On y
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pénètre après avoir escaladé une passerelle abrupte surplombant la route. Une fois à l’intérieur, un point accueil, un poste de soins, et des dizaines de bénévoles qui distribuent des sacs poubelles de différentes couleurs, pour le tri des ordures. Pour le reste, chacun vit sa vie. Le camping se divise en quatre secteurs, les green, white, red et yellow camps. La plupart des festivaliers viennent en groupes, et les plus aguerris à l’art du camping viennent équipés, qui de toilettes et de douches personnelles, qui de barnums surmontés d’étendards aux couleurs de leur pays, de leur région, ou de leur groupe de metal favori, qui de fauteuils et de canapés pour pouvoir jouir d’un certain confort durant leur séjour. Dès la veille du 1e concert, les tentes, pour la plupart de la même marque, s’alignent dans un désordre apparent, les habitués retrouvant leurs amis, comme de vrais campeurs habitués à retrouver leurs voisins d’emplacement d’une année sur l’autre.
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ne fois installés, les campeurs se retrouvent à l’hypermarché du coin, préparé à cette invasion. Les files d’attente commencent et s’allongent dans les rayons des boissons alcoolisées, et les metalleux qui se croisent donnent de la voix à intervalles réguliers, sous les regards, amusés du personnel, et ceux intimidés des clients habituels non amateurs de ce qu’on appelle les musiques extrêmes. Une fois le ravitaillement effectué, les campeurs, accoutrés selon les codes du metal (veste en jean floquée de patches représentant les logos de leurs artistes préférés, T-shirts idoines, tous tatouages dehors) ou déguisés de façon improbable comme pour le plus excentrique des carnavals, prennent leurs quartiers sur le camping.
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nstallé au milieu de vignes, le camping devient rapidement un espace autogéré, équipé de toilettes sèches (pour les douches, il faut s’acquitter d’un forfait de 6 euros et s’armer de patience à l’extérieur du camping) que beaucoup délaisseront pour la nature environnante, et dont la présence du personnel du festival se veut discrète. La tolérance y reste le maître-mot. Car à la nuit tombée, si vous avez l’intention de vous coucher avec les poules, mieux vaut prendre ses précautions et s’équiper en conséquence, car à ceux qui réclament timidement du calme, des hordes de fêtards répliquent en chœur et à gorge déployée, à travers tout le camping, un joyeux refrain plein de facétie : « Respectez-les-gensqui-dorment ! » Tout au long de la nuit, chants, rires et jeux impromptus se succèdent dans un incroyable capharnaüm. On hurle l’heure de
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l’apéro à intervalles réguliers, et dans un des quartiers du camping s’improvise rapidement une partie de « brutal caddie » : une tradition qui relève du folklore du festival. Juché sur un caddie de supermarché, poussé par deux ou trois camarades, le joueur s’élance contre un adversaire, maltraitant les montures dans un choc tonitruant de ferraille, sous les acclamations du public. L’humour que pratiquent les campeurs de l’enfer demeure primaire, premier degré, mais l’ensemble reste bon enfant et les tensions entre campeurs se désamorcent toujours en un clin d’œil. Il est du reste aisé de fraterniser avec ses voisins ou de sociabiliser avec n’importe quel festivalier croisé sur le site. Car tous les campeurs éprouvent le sentiment d’appartenir à une grande famille, celle du heavy metal.
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Photo: Julien Richetti
Laure Abouaf
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près avoir étudié aux Beaux-Arts et à l’atelier Magenta de Dominique Sudre, Laure Abouaf devient laborantine puis assistante de photographe. Aujourd’hui lyonnaise d’adoption, elle est photographe (auteure), commissaire d’expo et assistante galerie. “La photographie a la capacité de toucher au delà des mots, d’éveiller en nous des sentiments cachés, de réveiller les madeleines de notre enfance, et de révéler une autre vérité. A travers ce médium, j’explore le visible et l’invisible, les multiples constituant une même réalité. Je m’attache particulièrement à l’humain, qu’il soit présent ou non dans les photographies, que ce soit l’Histoire ou les histoires, plongeant dans le paradoxe de nos perceptions”.
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Politique Un autre regard sur la campagne ĂŠlectorale europĂŠenne 2014.
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uelle image avons-nous de la “politique” qui est pourtant structurante de notre vie?
Il existe une face de la politique, humaine, moins visible, désintéressée. C’est celle de toutes ses personnes qui s’engagent, simplement et sincèrement, motivées par la défense de leurs idées, par l’espoir de pouvoir changer un peu la société pour en faire un lieu meilleur. Cet engagement humain est souvent anonyme, un peu amateur, fait avec les moyens du bord. J’ai donc suivi un “militant” pour ses idées, ses valeurs, durant une campagne; la campagne européenne. Ce n’est pas son métier, il a été choisi dans son groupe, dans le parti qui correspond le mieux à ces idées, et s’est lancé, le temps d’une campagne, dans ce flot de rencontres, de débats, et d’interviews pour exprimer ses opinions et idéaux.
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Les Femmes du Maroc Pendant cinq ans, je suis partie en voyage au Maroc. Ce pays représente quelque chose de très spécial pour moi. C’est peut-être le soleil que je ramène à chaque fois avec moi dans mes valises lorsque j’en reviens.
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Fabienne Karmann
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ée en 1982, Fabienne Karmann vit et travaille à Berlin. Elle prend ses premières photos à l’âge de 14 ans avec un appareil compact lors de vacances équestres. Son oncle étudie alors la photographie à Berlin et elle réalise qu’elle peut elle aussi en faire son métier. Portée par sa passion des voyages, par sa volonté d’exercer un métier créatif impliquant les autres et sans aucun doute aussi par l’influence de son oncle, elle comprend dès lors que c’est la voie qu’elle veut suivre elle aussi. Elle étudie la photographie à l’Université de Sciences appliquées de Bielefeld et à l’Université Moholy Nagy à Budapest. Elle effectue un stage pour le magazine Room et travaille en tant qu’assistante pour les photographes Marton Perlaki, Stefan Milev, Daniel Gieseke et Jan Kopetzky
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e long des routes du Maroc, notre regard est constamment attiré par des touches de couleurs vives qui flottent dans l’air telles des mirages. Ici, les femmes sont clairement en minorité dans les rues. Mais lorsqu’on les rencontre, force est de constater que leurs tenues sont tout l’opposé de celles des hommes. Elles se font expérimentales, originales voire tendance, et permettent à celles qui les portent de se forger une identité qui leur est propre. Les Marocaines portent ces tenues et voiles colorés pour des raisons bien précises : elles mettent en avant leur force et leur détermination ainsi que leur féminité. Lorsque j’ai commencé à faire des recherches sur la condition des femmes au Maroc, j’ai découvert plusieurs articles sur la violence domestique, sur les droits de la femme et sur les traditions du pays. L’un de ces articles a particulièrement retenu mon attention : il mentionnait un alinéa de l’article 475 du code pénal, qui stipulait que si une mineure nubile
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avait été violée par un homme, celui-ci était autorisé à l’épouser dans la mesure où la famille de la victime donnait son accord. Un alinéa qui permettait non seulement aux parents de préserver d’une certaine manière –à leurs yeuxla pureté qui avait été brutalement retirée à leur fille, mais aussi au ravisseur d’échapper à toute forme de sanction. Fort heureusement, et il s’agit peut-être là d’une coïncidence, le gouvernement marocain a décidé d’abroger l’alinéa en question en janvier 2014, une semaine tout juste avant que je ne termine mon projet. Si le Maroc a fait quelques avancées dans le domaine de l’émancipation des femmes et de leurs droits au cours des dernières années, il reste encore beaucoup à faire tant au niveau légal qu’au niveau des mentalités : montrer que les choses peuvent se passer autrement, mettre fin à la violence de genre et créer l’égalité des droits et l’indépendance pour toutes les femmes.
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on projet « Les femmes du Maroc » trouve son origine dans un autre style de photographie, le “Streetstyle”. Je me suis déplacée en voiture pour plus de flexibilité et afin de pouvoir entrer plus facilement en contact avec les femmes. Par le plus grand des hasards, Amira, une jeune femme de 27 ans que j’ai rencontrée sur la plage, a décidé de m’accompagner dans la réalisation de mon projet. Elle m’a invitée dans son village, où j’ai eu l’honneur de manger du couscous, un plat réservé uniquement aux visiteurs et aux grandes occasions. J’ai dansé avec des enfants pendant que d’autres s’amusaient
à battre le rythme sur des percussions en plastique. Amira m’a fait découvrir une facette du Maroc que je n’aurais jamais pu découvrir par moi-même. Elle m’a également fait la promesse suivante : « Dans notre village, tu trouveras tout ce dont tu auras besoin. » Lors de mon deuxième voyage, elle m’a fait l’immense plaisir de m’accompagner dans mes déplacements pour m’aider dans mon travail. Dans le cadre de mon projet, j’aurai donc voyagé avec et sans elle, mais les femmes ne sont normalement pas autorisées à voyager seules au Maroc.
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ans mon reportage, les visages des femmes n’apparaissent pas. En effet, les femmes marocaines n’aiment pas montrer leur visage sur une photo, pour d’évidentes raisons religieuses d’une part, mais pas seulement. Lorsque je leur ai demandé si je pouvais les prendre en photo dans la rue, nombre d’entre elles m’ont répondu « Je suis désolée mais je suis mariée », ce qui peut aussi bien vouloir dire « J’ai peur de la violence » que « Si vous prenez une photo de moi, vous allez détruire mon rêve ». Amira m’a en effet expliqué que lorsqu’elles sont jeunes, les Marocaines rêvent de mariage, ensuite d’avoir des enfants et qu’après cela la vie est en quelque sorte finie. Les femmes
photographiées ont également évoqué d’autres raisons : la peur d’être publiées sur Internet et que les photos soient retouchées, par exemple pour placer leur tête sur un corps nu. Lorsque j’ai fait la sélection finale des photos pour mon reportage, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de montrer leurs yeux : leur langage corporel et leur féminité suffisent à eux seuls à montrer la dignité et la force dont ces femmes font preuve, et la photo les sort de l’ombre pour les mettre sur le devant de la scène, une scène qu’elles méritent amplement.
Propos recueillis par : Laure Maugeais Traduction : Maryneige Heller
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Joseph Gallix
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riginaire de bourgogne du sud Joseph Gallix suit dès le collège le chemin de la photographie, aujourd’hui tout fraichement installé en auteur photographe il alterne entre la photographie appliquée et ses projets personnels. Ces derniers s’inscrivent dans un cheminement fait de rebonds de sujet à sujet. En effet durant ces trois dernières années les thématiques de l’exil, du travail et de la vie après la perte de l’être aimé ont traversés l’ensemble de ses travaux. Dans cette démarche aller vers l’autre est aussi une manière d’aller vers soi-même et tenter de répondre à une ribambelle de questions. Ainsi il a pour habitude de travailler à isoler un individus, écouter son histoire, s’en imprégner et le photographier ensuite lorsque la confiance s’est installée. Enfin dans un soucis de traiter chaque sujet selon ses singularités il s’attache à trouver un partis pris fort et en accord avec les personnes photographiés développant ainsi un parcours fait de multiples écritures photographiques allant du documentaire au film en passant par la nature morte.
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Amiens, cela faisait six ans que le conflit durait pour les Goodyears. Durant les premiers mois de l’année 2013, j’ai enfin eu l’opportunité et le temps de me pencher sur le sujet. Parti en Picardie, sans aucune connaissance ni de la région, ni du monde ouvrier. J’avais juste la ferme intention de rencontrer ces hommes et ces femmes en conflit, vivant l’incertitude après des années de stabilité. Ces ouvriers étaient les derniers
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représentants du syndicalisme fort, du refus du compromis et du chèque. Je me suis interrogé sur leur capacité de résistance au coeur de cette situation qui n’en finissait plus. Je me suis surtout demandé quelle était la réalité quotidienne de ces travailleurs, le combat des Goodyears se médiatisait surtout lorsque ça pétait ou lorsque qu’un politicien venait chercher des voix à grands coups de promesses sociales.
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l’origine du conflit il y a une volonté de réorganiser le temps de travail pour faire marcher l’usine un maximum de jours par an, un plan laissant aux ouvrier moins de la moitié de leurs week-end libres. Face aux refus, le plan de réorganisation est devenu Plan de Sécurisation de l’Emploi, autrement dit, plan de licenciement massif. Toute l’ambition de ce projet photographique fut d’aller voir, parler, écouter, photographier, beaucoup, mais photographier toujours avec
ce que l’on a dans le creux de l’oreille, plutôt que dans le fond du cerveau. Montrer ces hommes, femmes et enfants qui constituent les familles d’ouvriers et travailleurs vivant le conflit, l’incertitude. Montrer les chose simples, quotidiennes et intimes qui ont poussé ces personnes à continuer leur lutte. Voir aussi que la plupart de ces personnes n’aspirent pas à grand chose d’extraordinaire et même à de l’ordinaire, celui là même pour lequel ils ont bataillé durant sept ans.
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e Combat Continu des goodyears d’Amiens Nord a d’abord trouvé sa place dans le livre. Un livre sans mots, purement photographique, construit de sorte à donner des indices sur la vie des ces ouvriers sans offrir un propos clos. Écrire trop sur un sujet si complexe laisserait la photographie au rang d’illustration ou de simple contrechamp. C’est aussi prendre le risque de perdre la confiance des personnes rencontrées lasses de voir leurs propos biaisés dans les médias. Ce travail est sans spectacle, simplement plein de morceaux de vie de ces ouvriers français du XXIeme siècle.
Propos recueillis par : Laure Abouaf
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Franรงois Nadeau http://aminumerique.com Lem https://www.flickr.com/photos/lemsgarage Moland Fengkov http://www.molandfengkov.com Laure Abouaf http://www.laureabouaf.fr Fabienne Karmann http://www.fabiennekarmann.de Joseph Gallix http://www.josephgallix.com
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