Bus&Car Connexion n° 1102

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Dossier ÉNERGIE MATTHIEU GUESNÉ, FONDATEUR ET PDG DE LHYFE

« Notre modèle de circuit court garantit des prix compétitifs » Pour produire un hydrogène 100 % vert, la solution modulaire de Lhyfe se connecte directement aux ressources naturelles et renouvelables : éolien, photovoltaïque, hydraulique, biomasse solide, biogaz, géothermie… Propos recueillis par Grégoire Hamon

« Nous travaillons également sur notre future solution de production d’hydrogène en mer. »

Bus & Car Connexion : Quel est le positionnement de Lhyfe et quelles sources d’énergie utilisez-vous pour produire de l’hydrogène ? Matthieu Guesné : Lhyfe a pris le parti de n’utiliser que des sources d’énergie renouvelables pour produire de l’hydrogène pour la mobilité, ce qui est actuellement impossible en France. À partir du printemps prochain, l’hydrogène de Lhyfe sera disponible et produit à partir des ressources de chaque territoire : ainsi, nous aurons plutôt recours à des éoliennes au nord de la Loire, ainsi qu’au sud Aquitaine, mais nous pourrons faire appel à d’autres sources comme le solaire, la biomasse ou l’hydroélectrique. Nous travaillons également sur notre future solution de production d’hydrogène en mer, à partir d’éolien offshore. L’idée, c’est de produire au large, tout comme l’industrie pétrolière, et de ramener la production par bateau dans un premier temps. Nous avons d’ailleurs déjà été associés à la conception d’un bateau à hydrogène. À terme, l’hydrogène pourrait aussi être transporté par pipeline, à condition qu’il y ait une grosse production en mer et que cette solution existe, ce qui n’est pas encore le cas.

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4 au 17 septembre 2020 - Bus  &  Car - Connexion

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BCC : Cet engagement se traduit-il également dans le cycle de production globale ? M. G. : Nous veillons à avoir l’impact le plus faible possible sur l’environnement. Ainsi, les éoliennes que nous utilisons actuellement sur notre site vendéen datent de plus de quinze ans, elles ont donc déjà été amorties d’un point de vue environnemental. Nous utilisons également de l’eau de mer, de rivière, ou encore de l’eau non destinée à la consommation, que nous purifions, sachant que l’impact est faible : il faut un litre d’eau pour produire 1 litre d’hydrogène (à

20 % près). Cette eau est en quelque sorte restituée puisque les véhicules hydrogène (du préfixe hydro, qui veut dire « eau », et du suffixe gène, qui veut dire « engendrer ») ne rejettent que de fines gouttes d’eau à l’échappement. De même, pour livrer notre hydrogène vers la Roche-sur-Yon et Le Mans, nous utiliserons un camion diesel transformé en camion hydrogène par une entreprise spécialisée dans la reconversion de véhicules thermiques. BCC : Quel est votre business-model ? M. G. : Nous nous définissons comme un acteur industriel qui travaille avec les territoires, avec la volonté de nous associer avec des collectivités et des entreprises. Pour que l’hydrogène soit accessible à des prix compétitifs, il est préférable qu’il soit consommé par un écosystème local qui nécessite peu de transport. Non seulement parce que le transport coûte assez cher et que nous ne souhaitons pas qu’il impacte trop significativement le prix, mais aussi parce que nous tenons à ce modèle de circuit court et de création locale de valeur. C’est un effet collatéral totalement bénéfique. BCC : Quel prix le prix à la pompe proposé ? M. G. : Nous arrivons à un prix de 10 euros le kg, ce qui permet par exemple pour une berline de faire un plein pour 70 euros, soit pratiquement le même prix que l’essence. L’objectif est également de proposer pour les bus un prix qui ne sera pas prohibitif par rapport au diesel. Il s’agit d’un tarif non subventionné, qui pourra bien sûr être abaissé selon les aides éventuelles. BCC : Quel est votre plan de production ? M. G. : Nous avons prévu d’installer 20 sites sur quatre ans, en France et en Europe. Nous avons ouvert notre bureau en Allemagne-Benelux fin juillet, dont l’équipe sera notamment composée d’un ancien directeur de la société NEL, entreprise norvégienne leader de la fabrication d’électrolyseur dans le monde. Les dix premières unités seront essentiellement destinées à des collectivités et des délégataires de services publics. Elles serviront à approvisionner des bus, des bennes à ordures ménagères et des flottes de petits véhicules ou d’utilitaires. La seconde vague d’unités de production, qui va démarrer en 2021-2022, pourra également intégrer des transporteurs de marchandises qui sont de plus en plus intéressés par cette solution, car l’offre de véhicules est en train de s’étoffer vers des camions plus lourds. ■


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