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PAIEMENTS EN BITCOINS
Vendre des maisons en bitcoins. C’est une nouveauté à laquelle Benny Ceyssens s’est risqué.
Benny Ceyssens a réalisé un coup d’éclat l’an passé. Ce gérant de l’agence immobilière ImmoWereld a mis en vente un terrain à bâtir unique d’une valeur de 650.000 euros. L’acheteur peut payer en euros ou… en bitcoins. « Ce serait une première dans notre pays qu’une transaction immobilière se règle en bitcoins. » Si cette initiative lui a valu beaucoup de publicité, elle ne lui a cependant pas permis de trouver un acheteur. Selon l’agent, cela s’explique surtout par la récente chute de la cryptomonnaie, mais il n’y a pas que cela. Qu’en estil du cadre juridique, du notaire et des banques ?
Des Pommes Ou Des Bitcoins
Il n’est pas rare que des clients demandent à pouvoir régler des transactions immobilières en bitcoins. Gilles Hauramani y a consacré son mémoire de bachelier en immobilier à la Haute École Charlemagne de Liège. Dans ce cadre, il a interrogé 60 courtiers et constaté que 10 % d’entre eux avaient déjà été interrogés par un acheteur potentiel sur la possibilité de payer en cryptomonnaies. Mais on n’en est jamais allé plus loin, car, selon Gilles Hauramani, les notaires sont très réticents à cette idée. Selon Benny Ceyssens, il est pourtant légalement permis de payer avec un moyen de paiement autre que l’euro : « Que vous vendiez votre terrain en échange de pommes, d’or ou de bitcoins, tant que le vendeur et l’acheteur sont d’accord, le notaire devrait le mentionner dans l’acte. »
Gilles Hauramani confirme : « D’après FEDNOT, la fédération des notaires, il n’y a aucune interdiction légale et le notaire pourrait donc traiter les transactions immobilières en cryptomonnaie. Dans la pratique, peu de notaires prennent ce risque : n’ayant pas été formés aux cryptomonnaies, ils ne peuvent donc pas appliquer leurs méthodes habituelles. »
Une difficulté supplémentaire tient aux fortes fluctuations des cours. Supposons qu’un compromis de vente soit signé pour le prix de 100 bitcoins. Il se peut que cette somme ait une valeur différente trois mois plus tard, au moment de la signature de l’acte. Selon Benny Ceyssens, cela ne devrait cependant pas être un obstacle : « Dès que l’acheteur et le vendeur se mettent d’accord, le prix doit être fixé. Si le cours du bitcoin augmente ou baisse par la suite, cela ne doit pas avoir d’impact. »
Dans Le Collimateur
Il existe bien sûr une solution : convertir les bitcoins en euros juste avant la vente. Le notaire est alors satisfait. Mais cela peut poser des problèmes avec votre banque. Les banques ne sont guère enclines à coopérer. Cela n’a rien de surprenant, car les cryptomonnaies sont le concurrent par excellence qui a été conçu pour fonctionner indépendamment des banques et des gouvernements.
De plus, les banques sont utilisées par les pouvoirs publics en première ligne dans la lutte contre le blanchiment d’argent et la plupart des banques belges refusent catégoriquement de négocier des cryptomonnaies parce qu’elles suspectent qu’il s’agit d’argent noir. Les banques suisses et luxembourgeoises se montrent beaucoup plus souples.
Une complication supplémentaire : le fisc. L’acheteur qui a recours aux cryptomonnaies comme moyen de paiement se retrouve dans le collimateur du fisc.
Il risque d’être considéré comme un investisseur (semi)professionnel et de se voir taxer les bénéfices qu’il a réalisés au cours des années précédentes.
En résumé, il existe une demande sur le marché, mais tant que les notaires et les banques ne coopéreront pas, il est peu probable que ce moyen de paiement soit utilisé dans la pratique. Jusqu’à… ce qu’un notaire et une banque y voient une source de revenus. Le vent tournera alors.
Bitcoins Aux Fidji
La mention « Crypto accepted » n’apparaît que rarement aujourd’hui dans les annonces pour des biens immobiliers. Pourtant, des sites Internet spécialisés comme www.bithome.ch font leurs premiers pas sur le marché. Pour l’instant, ils se concentrent surtout sur des biens situés dans des destinations exotiques comme les îles Fidji.
Courtier Dans Le M Tavers
Un nouveau type d’activité immobilière se profile à l’horizon : la location et la vente de biens immobiliers dans le Métavers. Il s’agit d’un monde virtuel dans lequel vous pouvez vous promener, jouer à des jeux et faire des achats. Vous pouvez y acheter des produits réels tels que des vêtements, mais aussi des vêtements numériques pour habiller votre avatar. Nike et Gucci ont déjà ouvert des « boutiques » dans des « centres commerciaux » virtuels.