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Une saison en Or Ce fabuleux Racing 2021-22

Racing–Rennes lors de la 33e journée de la saison dernière : une si belle victoire ! Gameiro, Djiku, Caci, Nyamsi, Ajorque, Bellegarde, Perrin.

UNE SAISON EN OR

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Ce fabuleux Racing 2021-22

Quand nous avions évoqué avec Marc Keller la possibilité de réaliser ce magazine hors-série de Or Norme sur cette dernière décennie… hors-norme, personne ne pouvait prévoir à quel point la saison que nous venons de vivre nous comblerait. C’était l’été dernier et entre la fin espérée de la crise du Covid et le sauvetage in extremis de la précieuse place en Ligue 1, on aurait tout de suite signer pour une saison tranquille et moins angoissante, à l’abri d’une douillette place en milieu de tableau. Mais voilà, le football est souvent déroutant, et quelquefois pour le meilleur.

Retour sur la saison de tous les superlatifs…

Même avec l’euphorie née de cette splendide saison 2021-22, aucun supporter du Racing digne de ce nom n’a oublié ce dimanche 21 mai 2021 et cette poignée de minutes (onze, exactement) durant lesquelles son estomac s’est noué, jusqu’à l’atroce.

Il y a un an, c’était la 38e et ultime journée d’un championnat mis sens dessus dessous par cette maudite épidémie de Covid-19. Personne n’oubliera jamais ces stades d’ordinaire si joyeux et colorés, devenus comme autant de hangars désaffectés, lugubres et sonnant creux. En ces temps si sinistres, seules les retransmissions télé et leurs bandes sonores additionnelles simulant les applaudissements du public permettaient un semblant de relation entre les clubs et leurs supporters…

Cet ultime match de la saison opposait le Racing au FC Lorient. Et les deux clubs avaient de très bonnes raisons « d’en vouloir » : au minimum, ne pas perdre et espérer ainsi conserver leur place en Ligue 1.

Au moment où l’arbitre Stéphanie Frappart siffle le coup d’envoi dans un stade désert, le Racing joue sa peau. Il n’a qu’un minuscule point d’avance sur le FC Nantes qui occupe au même moment la 17e place, celle du barragiste qui sera opposé à un club de Ligue 2 ayant forcément le vent en poupe. Galère assurée pour le pensionnaire de la Ligue 1…

Une belle bouffée d’oxygène survient dès la 18e minute avec le but de Habib Diallo. Les télécommandes du multiplex télé chauffent (tous les matchs se déroulent en même temps, comme le veut le règlement de la compétition.) Treize minutes plus tard, on respire encore bien mieux : Laborde vient de marquer, Montpellier mène 1-0 à Nantes.

Joie de courte durée : les jaunes de Kombouaré égalisent à peine deux minutes plus tard. À la mi-temps, le Racing, avec deux points d’avance sur les Canaris, conserve sa place en Ligue 1. Mais, pour être franc, on n’en mène quand même pas large, ce ne sont pas nos Bleus des grands soirs…

Dix minutes à peine après le coup d’envoi de la 2e mi-temps, Lorient, largement maître du jeu, égalise via Chalobah. Tout est à refaire et le Racing, peu vaillant, inquiète de plus en plus. Tout peut basculer sur un souffle. Si Nantes marque, si Lorient double la mise à la Meinau, c’en est fini des espoirs de maintien pour le Racing.

Il faudra donc attendre onze très longues minutes pour recommencer à respirer plus librement quand, à Nantes, le Montpelliérain Delort donne l’avantage à son équipe à la 76e minute.

Le dernier quart d’heure de cette étouffante ultime journée du championnat figera définitivement les scores ainsi. Strasbourg conservera ainsi sa place en Ligue 1, au bout du bout d’un (trop) long suspense.

C’était il y a donc un peu plus d’un an. Si ce soir-là, un sondage avait pu être effectué parmi les milliers de supporters strasbourgeois sur leur vœu le plus cher pour la saison à venir, il y a fort à parier que le désir de vivre une saison tranquille, douillettement lové au milieu du tableau, aurait largement prévalu.

Si quelqu’un avait alors émis haut et fort l’hypothèse d’un Racing, un an plus tard, rendant coup pour coup aux cadors de la Ligue 1, n’abdiquant ses prétentions européennes que lors de l’ultime match à Marseille (l’OM qui jouait de plus sa santé financière sur ce seul match également, avec une vitale participation à la Champions League à la clé), il aurait très certainement été pris pour un fou.

Et pourtant…

Flash-back sur une saison en or !

« Les deux clubs avaient de très bonnes raisons “d’en vouloir” : au minimum, ne pas perdre et espérer ainsi conserver leur place en Ligue 1. »

Julien Stéphan

Gerzino Nyamsi, face à l’AS Saint-Étienne.

Racing–Monaco : Kevin Gameiro en duel avec Disasi et face à Vanderson.

AOUT 2021 : COUCI-COUÇA, MAIS DES INDICES FAVORABLES QUI POINTENT…

On est au cœur de l’été. Ce dimanche 8 août 2021, le Racing de Julien Stéphan (qui a succédé à Thierry Laurey et qui arrive avec une flatteuse réputation gagnée au Stade rennais) reçoit Angers, entraîné par une vieille connaissance, Gérald Baticle, qu’aucun supporter strasbourgeois n’a oublié. Et cette première journée inaugure très mal le championnat : Angers tire deux fois au but et marque à chaque fois. Les plus de 23 000 supporters de la Meinau font la grimace. Tous comprennent que l’effectif, surtout en défense, est encore très incomplet.

Pour la seconde journée, le 14 août, le calendrier propose ni plus ni moins que le PSG, dans son antre du Parc des Princes. Il aurait fallu un miracle sur une pelouse où le Racing n’a… jamais gagné de toute son histoire, ne grappillant que sept matchs nuls en plus de trente ans. Défaite 4-2, mais premier but pour le revenant Kevin Gameiro (34 ans) que Marc Keller avait su convaincre de rejoindre le Racing après une rencontre inopinée aux Internationaux de tennis féminin de Strasbourg. L’autre but est signé Ludovic Ajorque. On se dit alors que ce serait bien si un duo complice pouvait ainsi naître et perdurer…

La 3e journée déçoit encore. À la Meinau, le Racing ne parvient pas à l’emporter contre les modestes Troyens et est même tout heureux de voir Thomasson égaliser à la 77e minute alors que les Aubois menaient depuis la 19e minute de jeu.

Au moment de recevoir Brest le 29 août (deuxième match consécutif à domicile), les Bleus savent qu’ils doivent impérativement prendre les trois points de la victoire. Ce sera fait (3-1) avec un but de Sanjin Prcić qui signe ainsi son retour de l’exil prononcé par Thierry Laurey la saison précédente. Sa joie fait plaisir à voir. Le Racing n’avait plus gagné à la Meinau depuis… le 3 mars précédent (1-0 contre Monaco)…

Ce difficile mois d’août se clôt néanmoins sur de bonnes nouvelles, côté recrutement : le 27 août, le club annonce la signature du défenseur Maxime Le Marchand, en provenance de Fulham. Le 30, c’est l’annonce de l’arrivée du solide Rennais Gerzino Nyamsi et le lendemain, c’est la confirmation très attendue du retour du latéral Frédéric Guilbert, de nouveau prêté par Aston Villa. Trois défenseurs qui vont faire le bonheur de Julien Stéphan…

SEPTEMBRE : SIX POINTS SUR DOUZE POSSIBLES

C’est encore un terrain maudit qui accueille le Racing pour son premier déplacement du mois, le 12 septembre. La dernière fois que les Alsaciens ont gagné à Lyon, c’était en août 1979 ! La victoire ne sera pas encore pour cette année, le Racing s’inclinant 3-1 (Diallo n’inscrivant le seul but du club qu’au bout de six longues minutes d’arrêts de jeu).

Cinq jours plus tard, c’est Metz qui se présente à la Meinau. La problématique est la même que lors de la venue de Brest, le mois d’avant. Vaincre, vaincre absolument. Ce sera très bien fait (3-0) avec deux buts de Habib Diallo face à son ancien club, Ajorque complétant le tableau.

Le 22 septembre est le choc des deux Racing, au stade Bollaert de Lens. Notre Racing essuie une cascade de tirs cadrés dans la cage gardée par un Matz Sels qui, depuis le début de saison, a retrouvé son tout meilleur niveau. Rien, heureusement, ne rentre. Et, comme souvent en pareil cas, c’est Strasbourg qui réalise le hold-up parfait (but d’Ajorque à la 67e, après un somptueux enchainement de seize passes consécutives et ininterrompues).

Mais c’est la rechute, à domicile, trois jours plus tard. Lille venge Lens (1-2), le Nord n’abdique pas comme ça et le Racing continue à boiter…

Ludovic Ajorque

« Vaincre, vaincre absolument. Ce sera très bien fait (3-0) avec deux buts de Habib Diallo face à son ancien club, Ajorque complétant le tableau. »

La « papinade » de Alexander Djiku crucifie Monaco.

OCTOBRE : LE PLEIN À LA MEINAU, UNE FLOPÉE DE BUTS ET DES JOUEURS EN VADROUILLE…

Deux matchs à la Meinau et deux victoires : avec la façon, s’il vous plait. 5-1 contre Saint-Étienne et 4-0 contre Lorient. Un nul à Montpellier (1-1) sur un terrain où accrocher les points n’était pas tâche facile à ce moment de la saison et une courte défaite à Rennes (1-0), le Racing ne s’inclinant (un peu bêtement) qu’à la 82e minute d’un match qu’il avait parfaitement maîtrisé, jusque là. Pas moins de quatre joueurs majeurs ont dû s’exiler pour répondre aux convocations de leur sélectionneur national : Sanjin Prcić (deux fois), Matz Sels, Alexander Djiku et Habib Diallo.

Matz Sels, lors de Racing-Montpellier

Frédéric Guilbert contre Nantes. Le premier d’entre eux fut sur le terrain du FC Nantes (2-2) après une expulsion de Ludovic Ajorque par l’arbitre bourguignon Clément Turpin, complètement dépassé sur le coup. Le second fut concédé à domicile contre Reims, auteur d’un but opportuniste très tôt dans le match. Il fallut cet après-midi-là attendre le somptueux coup de patte de Jeanricner Bellegarde pour voir le Racing sauver les meubles. Ce même Racing qui réussit l’exploit la semaine suivante de ramener un précieux point du stade Louis II de Monaco.

DÉCEMBRE : NEUF POINTS SUR DOUZE ET TOUJOURS LE PLEIN DE BUTS…

Pluie de buts à la Meinau (5-2) contre un Bordeaux déjà sur la pente de la dérive fatale qui allait l’entraîner en enfer. Coup de maître quatre jours plus tard à Nice (0-3), Ludovic Ajorque marquant là-bas son… 19e but de l’année civile 2021. Coup d’arrêt lors de la réception de Marseille (0-2), mais beau redressement quatre jours plus tard à Valenciennes où Habib Diallo surgit dans un brouillard à couper au couteau pour donner la victoire au Racing lors des 32e de finale de la Coupe de France.

C’est la (courte) trêve des confiseurs. Après 18 journées, le Racing pointe à une flatteuse 7e place du classement avec 7 victoires, 5 nuls et 6 défaites. Les Bleus ont marqué 34 fois (2e attaque du championnat derrière PSG et ses 38 réalisations) et encaissé 24 buts.

C’est (déjà) ce qui s’appelle un beau bilan.

JANVIER 2022 : UNE ÉLIMINATION EN COUPE DE FRANCE, MAIS NEUF POINTS SUR DOUZE ENSUITE…

Une reprise contrariante (élimination en Coupe de France – 1-0 à Montpellier), mais une rafale de neuf points pour trois victoires consécutives ensuite ; 2-0 à Metz (six point sur six pris contre le rival lorrain, le Racing n’avait pas été à pareille fête depuis… la saison du titre en 197879 !). 3-1 à la Meinau contre Montpellier (les matchs se suivent et ne se ressemblent pas) et 2-0 à Clermont le 19 janvier. Coup dur à Bordeaux contre le dernier du championnat : le Racing s’incline en prenant quatre buts (insaisissable Ui- jo Hwang) tout en en marquant… trois ! Une des plus grosses déceptions de la saison, un football bafouillé, mais une leçon qui servira, Julien Stéphan ayant ensuite fermement « appuyé là où ça faisait mal : un retardement qui portera largement ses fruits… « En battant Nantes (...) ni Julien Stéphan ni ses joueurs ne peuvent deviner qu’ils viennent d’entamer une série historique dont tout le monde se souviendra encore très longtemps. »

Anthony Caci aura effectué une formidable ultime saison avec le Racing (ici contre Rennes).

La détermination de Maxime Le Marchand (ici contre SaintÉtienne).

FÉVRIER – MARS AVRIL : MASTERPIECE L’INCROYABLE SÉRIE DE ONZE MATCHS SANS DÉFAITE !

Il nous plait déjà bien ce Racing qui s’est transformé peu à peu en machine à vaincre, avec ce pressing constant et total qu’il impose sans complexe à l’ensemble de ses adversaires. Mais ce dimanche 6 février en battant Nantes 1-0 à la Meinau, ni Julien Stéphan ni ses joueurs ne peuvent deviner qu’ils viennent d’entamer une série historique dont tout le monde se souviendra encore très longtemps. Victoire contre Nantes, donc, puis victoire à Angers (0-1 – quelle reprise de volée de Kevin Gameiro !), match nul 2-2 contre Saint-Étienne à la Meinau (avec une sacrée papinade de Perrin !), match nul de nouveau contre Nice à domicile (0-0 – Benitez, le gardien azuréen, était dans un état de grâce, ce soir-là…), match nul encore à Reims (1-1 – Reims n’a cadré qu’un tir, mais le bon...), victoire fabuleuse (1-0) contre un Monaco explosif, mais maté par une autre papinade signée Djikou, match nul à Lorient dans un match au couteau, victoire convaincante contre la très belle armada du RC Lens, match nul malheureux contre Lyon à la Meinau (but en raccroc de Toko-Ekambi pour l’OL, à une frustrante 90e minute), match nul à Troyes (1-1) le Racing étant une nouvelle fois rattrapé vers la fin du match, précieuse et très brillante victoire (2-1 – contre une des toutes meilleures équipes du championnat, le Stade rennais), Ludovic Ajorque retrouvant le chemin des buts avec une tête d’école après que Habib Diallo ait ouvert le score à la 4e minute, son 20e but sous les couleurs du Racing.

Toutes les séries sont bien sûr faites pour se terminer un jour ou l’autre, c’est bien connu. Ce fut à Lille (1-0), là encore dans les toutes dernières minutes de jeu (87e). Pour la première fois depuis son succès à Clermont le 19 janvier précédent, le Racing quittait ce soir-là sa place dans le top 5 !

Le dernier match de ce mois d’avril fut celui contre le PSG, venu à Strasbourg avec son armada au grand complet (Mbappé, Neymar, Messi…). Encore un match inoubliable : l’opportunisme (et la rapidité, à presque 35 ans !) de Kevin Gameiro médusant l’impuissant Donnarumma dès la 3e minute de jeu sur une lumineuse ouverture en profondeur de l’inspiré Perrin) et le magistral but égalisateur de Anthony Caci servi comme sur un plateau par l’inévitable (pour le PSG…) Dimitri Lienard, tout heureux de régaler son équipier pour son avant-dernier match à la Meinau avant son départ à Mayence en Bundesliga, annoncé quelques mois auparavant.

Après sa belle série et ses derniers résultats, à trois journées de la fin, le Racing pointe à la sixième place du championnat, à trois points du 5e, l’OGC Nice. Tout reste encore possible pour une place en coupe européenne…

Adrien Thomasson

Ibrahima Sissoko

Messi, complètement muselé par la défense strasbourgeoise.

« Clap de fin sur une saison en or, les statistiques flatteuses s’enchaînent. »

MAI : LE RACING AURA TOUT TENTÉ…

Plus que trois matchs et quoiqu’il arrive d’ici le terme du 21 mai à Marseille, cette saison du Racing restera dans les annales.

Une victoire 1-0 à Brest (où rien n’était acquis d’avance, pourtant – but de l’inévitable et toujours formidable Kevin Gameiro), une autre, sur le même score (but d’Adrien Thomasson), à la Meinau lors du dernier match à domicile avec les adieux émouvants d’Anthony Caci. Mission remplie, tout se jouera donc une semaine plus tard à Marseille, lors d’un bouillant et explosif dernier match.

Tout a été dit sur la large défaite (4-0 – la plus lourde de la saison) concédée par le Racing dans un stade-vélodrome incandescent qui ne l’avait pas été autant depuis tant et tant d’années, aux dires de certains supporters locaux. Ce score brutal et implacable (malgré les deux énormes occasions ratées d’un cheveu par un Kevin Gameiro toujours aussi punchy) aura presque fait oublié qu’à quatorze petites minutes de la fin, notre Racing était encore européen, Nice étant mené deux à zéro depuis la première mi-temps à Reims. Mais Andy Delort réussit à marquer à trois reprises en un quart d’heure (!), ruinant finalement les rêves européens du Racing.

Clap de fin sur une saison en or, les statistiques flatteuses s’enchaînant : meilleur classement du club en Ligue 1 depuis plus de quatre décennies, plus grand nombre de buts marqués (60) depuis les 68 marqués lors de la saison du titre en 1978-79, meilleur trio d’attaque (Ludovic Ajorque – Kevin Gameiro – Habib Diallo, tous trois auteurs d’au moins dix buts) pour la première fois depuis la saison du titre là encore ! (Albert Gemmrich – Francis Piasecki – Roland Wagner).

Quel bonheur et quel privilège d’avoir vécu tout cela ! a

ADRIEN THOMASSON

« Il peut arriver que l’on fasse des choses folles, par instinct et sans imaginer qu’elles vont être exceptionnelles… »

À l’exception de quelques matchs vers la fin de saison qu’il aura manqués pour raison de blessure (et qui auront prouvé à quel point il fut précieux dans le jeu du Racing cette saison), Adrien Thomasson aura été de tous les bons coups, étalant en pleine lumière sa vista, sa constance et son opportunisme, en parfaite complicité avec le reste de l’équipe…

On précise que les contraintes de calendrier nous font réaliser cet entretien quelques jours avant le dernier match à Marseille et au lendemain de la victoire contre Clermont, avec ce but déterminant de votre part. Vous pouvez désormais analyser cette saison comme il se doit. Est-ce qu’un tel parcours est le parcours dont rêverait tout joueur au moment de ses débuts ou lors de ses premiers pas dans le monde du football professionnel ?

Oui, à coup sûr. À la base, en début de saison, rien n’était prévu dans ce sens, on sortait d’une très difficile saison 20202021 où on avait acquis le maintien du club lors de la toute dernière journée. Au fil des journées qui s’enchaînaient, on a su peu à peu bonifier nos performances. Mais c’est vrai que chaque joueur a au fond de lui l’envie de vivre une telle saison…

Mais quand vous débutiez, tout jeune, chez vous en Savoie, la perspective de vivre de tels moments était-elle déjà inscrite quelque part en vous ?

Absolument, oui. Quelquefois je rêvais d’encore plus : gagner des titres à foison, jouer la Coupe d’Europe. Côté titre, ce fut la Coupe de la Ligue il y a deux ans et cette année, on tutoie l’Europe. Ces rêves étaient les miens depuis toujours, oui…

Pour revenir sur cette saison magnifique, le doute vous a-t-il habité à un moment ou à un autre avec ce début de saison un peu quelconque avec une équipe manifestement pas complète dans tous ses rangs ?

Non, pas un instant et je ne dis pas ça avec le recul. Pas un instant parce que, très honnêtement, je savais qu’on travaillait très bien depuis le premier jour de la préparation. On avait fait une série de très bons matchs amicaux et même si les premières journées du championnat n’avaient pas reflété cette bonne préparation, je savais que le club allait faire des retouches avant la fin du mercato et au fond de moi je sentais qu’on allait vite progresser ensuite. J’étais confiant et je voyais déjà tout ce qu’on était capable de produire à l’entraînement. Il nous fallait une victoire probante, on l’a obtenue contre Brest ici à la Meinau. Il fallait ce déclic pour décoller…

Vos premières perceptions du nouvel entraîneur du club, Julien Stephan ?

Très bonnes. Au-delà de mes espérances, même. Dès le début de la préparation, on s’attendait à beaucoup courir et à beaucoup suer. Et on a beaucoup couru et beaucoup sué (rires), mais on sentait de nouvelles méthodes auxquelles on a tout de suite adhéré… Beaucoup de jeux avec le ballon, beaucoup de travail tactique dès le début de la préparation, on a retrouvé un plaisir qu’on avait peutêtre perdu les années précédentes, en tout cas la saison d’avant.

À ce stade de la saison, dès le début de la préparation, pour un nouvel entraîneur tout est à découvrir. Est-ce que Julien Stéphan vous a tout de suite expliqué là où il voulait en venir ou alors, a-t-il fait en sorte que par touches successives les joueurs comprennent et intègrent ses options ?

Julien Stephan n’a eu de cesse d’exposer ses grandes idées tout au long de cette longue période qui précède le premier match du championnat. Même si on était un certain nombre de joueurs avec une forte expérience, nous avions tous ce besoin que le coach s’exprime sur ce qu’il souhaite mettre en place et là où il veut précisément aller. Quand c’est fait, on rentre ensuite dans un long processus de travail à l’entraînement durant lequel l’entraîneur apprend lui aussi à nous découvrir en profondeur. Même si durant les premiers matchs on n’avait pas encore tout à fait assimilé ce qu’il voulait, c’est venu finalement très vite ensuite, avec les matchs qui s’enchaînaient.

Il y a ce fameux pressing qui est devenu un casse-tête pour bon nombre des adversaires du Racing. Comment s’adapte-t-on à une telle demande de l’entraîneur ?

Pour moi, c’est dû au travail quotidien. Dès le début de la semaine, on travaille tactiquement ce pressing, ce jeu sans ballon que le coach a mis en place dès le tout début : il nous l’a annoncé d’entrée. Durant les matchs amicaux, on n’était pas habitués à ça, on a été un peu surpris. Ce jeu-là, on était beaucoup de joueurs de l’effectif à vouloir le mettre en place, je pense que Julien Stephan s’en est convaincu lors des nombreux entretiens individuels qu’il a menés avec nous tous. On savait aussi qu’avec la ferveur du retour des supporters à la Meinau, le public allait nous pousser à fond dans ce sens. L’entraîneur a su nous persuader que nous pouvions aussi reproduire ce pressing loin de chez nous. Alors, on n’a pas changé de stratégie. Cette débauche d’énergie tout au long de la saison a également été rendue possible par tout le staff qui nous entoure, notamment les préparateurs physiques. C’est un tout !

Y a-t-il eu un moment de doute, au cœur de cette formidable saison ?

Non, pas vraiment. Même avec notre défaite un peu bébête à Bordeaux, on reçoit Nantes juste derrière et on remet en route la machine. On n’a jamais laissé le doute s’installer et on a su gérer les matchs-clés, vaincre Metz ici au mois de septembre avec une première mi-temps de rêve, cette semaine de décembre où on réalise le match nul à Monaco, on gagne chez nous contre Bordeaux trois jours plus tard et on s’en va gagner à Nice dans la foulée…

« Quand on n’a jamais joué au football, on ne se rend pas compte de l’importance d’un stade plein et d’un public enthousiaste à nos côtés. »

Un mot sur l’impressionnante force collective dégagée par l’équipe cette saison, et notamment l’ambiance extraordinaire qui régnait entre vous tous. De l’avis de beaucoup, elle aura largement conditionné la performance exceptionnelle du Racing cette saison…

Et c’était une réalité. Les gestes d’altruisme, de générosité et de solidarité se sont multipliés sur le terrain. J’en veux pour preuve les tirs des pénaltys. Il n’y avait pas de tireur attitré, alors un roulement s’est mis en place spontanément. Dès qu’un joueur manquait un peu de confiance en lui, les deux autres lui laissaient tirer le pénalty… Ces gestes-là sont tellement rares dans le football d’aujourd’hui où souvent les comportements individualistes passent avant le collectif. Nous, cette saison, on a inversé cette tendance individualiste et c’est d’une réussite globale dont je parle là : ça va de celle du président, de la cellule de recrutement de Loïc Désiré qui en ciblant les joueurs a aussi ciblé les hommes, de celle de l’entraîneur et ça se traduit par la nôtre…

Lors de l’avant-dernier match de la saison, ici contre Clermont, il y a un moment que beaucoup ont considéré comme formidablement symbolique de cette saison extraordinaire. Je parle bien sûr de l’action qui amène le but victorieux. C’est Maxime Le Marchand, revenant alors après un long arrêt pour blessure qui vous transmet un amour de ballon que vous transformez en but après une tête lobée stratosphérique qui se loge dans la lucarne auvergnate…

Oui, c’est exactement ça, c’est un but symbolique. Maxime a été éloigné de longs mois des terrains, mais il n’a jamais renoncé et il a été un exemple pour nous tous : il a toujours été bienveillant et positif durant sa longue rééducation et moi-même, j’ai connu pour la première fois de ma carrière une blessure aussi longue en manquant cinq matchs entre la fin de l’hiver et le début du printemps, durant lesquels j’ai dû ronger mon frein en regardant depuis les tribunes les copains s’arracher pour la gagne. Alors oui, ce fut un but incroyable, d’ailleurs il m’a fallu attendre de revoir les images pour me rendre compte de son caractère somme toute assez rare. La beauté du foot est là : il peut arriver que l’on fasse des choses folles, seulement par instinct et sans imaginer une seule seconde qu’elles vont être exceptionnelles…

On va terminer cet entretien par le fantastique public de la Meinau. Il faut dégainer tous les superlatifs possibles pour décrire sa présence et son influence…

Oh oui ! C’est ma quatrième saison au Racing et cette saison-là est très largement au-dessus des trois autres. On a senti que les gens étaient terriblement impatients de revenir au stade et nos résultats et notre façon de jouer les ont amenés avec nous. Cette saison, lors de chaque match, quand on est sur le chemin de notre venue à la Meinau depuis l’hôtel de la mise au vert, j’ai eu cette petite boule au ventre en sachant très bien que notre public nous attendait et que quoiqu’il puisse arriver durant le match, il allait nous pousser et nous sublimer. On en a fait une force, regardez notre parcours à domicile, on est invaincu depuis le début de l’année 2022 ! Les gens ne se rendent pas compte à quel point on a pu souffrir la saison d’avant, quand le public n’était pas là en raison de la pandémie. Quand on n’a jamais joué au football, on ne se rend pas compte de l’importance d’un stade plein et d’un public enthousiaste à nos côtés. Quand on entre sur le terrain pour l’échauffement, je vous jure, on a des frissons… » a

SANJIN PRCIĆ

« J'estime qu'une belle marge de progression est encore devant nous. »

Après une longue saison où il se vit écarté du groupe de joueurs, Sanjin Prcić a su se remobiliser dès la préparation de la dernière saison et se rendre incontournable. De nouveau honoré de l’indispensable confiance de son entraîneur, ce joueur attachant et performant vient de signer une prolongation de contrat de trois ans en faveur du Racing et a été désigné « Joueur de la saison » par les supporters. Heureux épilogue d’un parcours où l’abnégation et la résilience n’ont pas manqué…

On va essayer de faire fonctionner la machine à remonter le temps. À la reprise de cette dernière saison – on était alors à l’été 2021 – dans quel état d’âme vous trouviez-vous ? Vous sortiez d’une saison où vous aviez peu jouer. Un nouvel entraîneur arrive alors...

Très honnêtement, et malgré une saison sans quasiment jouer, j’étais dans un très bon état d’esprit. Un nouveau coach, un nouveau staff, cela voulait dire pour moi que ça pouvait repartir sur d’autres bases, tous les joueurs se voyant mis sur un pied d’égalité et j’avais donc toute la période de préparation pour montrer mes qualités. J’avais en tête tous les événements que j’avais vécus les deux saisons précédentes au Racing. J’étais arrivé sur un prêt, en janvier 2019, et j’avais joué alors quasiment tous les matchs y compris celui de la victoire en finale de la Coupe de la Ligue, le premier grand trophée de ma carrière. Ensuite, je suis reparti en Espagne pour finir par signer ici un peu tardivement un contrat de trois ans. Je n’avais pas pu suivre une préparation complète avec l’équipe et je suis donc arrivé un peu à court de forme. En voulant absolument me mettre à niveau, j’ai eu quelques petits pépins physiques. Puis est survenue la crise du Covid. En tout cas, ce fut le choix du coach de ne pas me faire jouer régulièrement… Donc, pour répondre à votre question, il y a une an ce fut une nouvelle saison qui démarrait et je l’ai fait avec une nouvelle fraîcheur et plein d’enthousiasme. Très vite, comme tous les joueurs, j’ai pu voir qu’on travaillait très bien et qu’on avait tout pour exprimer nos qualités. On a réalisé un énorme travail technique et tactique qui, petit à petit, a porté ses fruits tout au long de la saison…

Assez rapidement, le coach nous a fait comprendre qu’il aimait bien qu’on puisse faire sortir le ballon de derrière et que le gardien participe lui aussi à la création du jeu : c’est sur cette base qu’on a commencé doucement à mettre en place plein de choses sur le plan tactique, à l’entraînement. Il en a été de même pour la mise en place effective de ce fameux pressing, mais de telles choses ne peuvent se réaliser que dans l’échange entre le coach et ses joueurs. Il a très vite compris qu’on adhérait complètement à ça et tout a pu continuer très sereinement sur les mêmes bases…

Ce pressing, tous ceux qui ont joué au football savent que c’est formidable quand ça marche, mais qu’il doit néanmoins s’exercer d’une façon hyper rigoureuse, car la moindre défaillance individuelle peut se payer cash…

C’est vraiment ça. Et c’est pourquoi cette tactique doit être appliquée avec beaucoup de rigueur et beaucoup d’exigence, c’est un travail nécessairement très collectif : la moindre seconde de retard et derrière, il faut faire d’immenses courses de soixante mètres pour protéger notre but. Et ces courses-là font très mal, croyez-moi… Dès la préparation, je me suis rendu compte que tout le monde prenait du plaisir à atteindre cet objectif tactique et aujourd’hui, on sait que ce plaisir a perduré.

Au poste que vous occupez, vous avez été aux premières loges pour vous rendre compte de l’impressionnant travail de jeu sans ballon effectué par les attaquants du Racing. Plus d’une fois, on a été scotché par le harcèlement incessant de la défense adverse par Ludovic Ajorque, Kevin Gameiro ou Habib Diallo. On n’a pas pu se procurer le nombre de kilomètres courus ainsi par nos attaquants, mais il est considérable, en tout cas rarement vu à ce niveau…

Tous ont en effet effectué d’énormes efforts en travaillant pour l’équipe. Les attaquants sont en premier rideau, ils déclenchent toujours ce pressing. Ils ont marqué beaucoup de buts. Sincèrement, c’est du très haut niveau et on est tous très contents d’avoir des gars comme ça avec nous. Personnellement, j’adore ce jeu, et nous, les milieux de terrain, apprécions bien sûr hautement d’avoir devant nous des attaquants qui travaillent comme ça.

On devine à quel point cette saison vous a permis de revivre, en quelque sorte…

Complètement. Franchement, je suis super heureux, j’ai repris du plaisir au quotidien et durant les matchs avec la belle progression qui fut la nôtre et tous ces automatismes parfaitement réglés entre nous tous. Ce groupe sait bien vivre ensemble au quotidien, et cela se ressent sur le terrain les soirs de matchs… tion et si ça peut aider l’équipe à faire un résultat, c’est encore mieux, mais bon, ça rentrera quand ça voudra rentrer…

D’autant que vous venez de signer pour un nouveau bail au Racing…

Oui, j’avais toujours dit que c’était mon envie de continuer l’aventure à Strasbourg.

Un but marqué lors de la 4e journée (contre Brest à la Meinau) et, durant toute la seconde partie de la saison, on s’est dit qu’il ne vous manquait au fond qu’un très grand plaisir, un beau petit ballon enroulé du pied et qui va se loger dans la lucarne adverse. Plusieurs fois, vous avez été tout près de le réaliser mais il y a toujours eu les bouts du bout des doigts d’un gardien pour l’empêcher, c’était frustrant ?

(Rires) Oui, ça fait un moment que j’essaye ça. Je frappe et je frappe encore. Ça passe quelquefois à côté, d’autres fois effectivement, c’est le gardien qui fait une parade quand c’est cadré. C’est le foot… Je ne me prends pas plus la tête avec ça. Bien sûr, marquer c’est une très belle émo-

Réaliser deux fois de suite une si belle saison, est-ce que c’est possible ?

Oui, bien sûr. Pourquoi ce ne le serait pas ? On sait tous que le plus difficile, c’est de confirmer une saison comme celle qu’on vient de vivre. Car tout le monde va nous attendre et ce sera dès le début du championnat. Alors, il va nous falloir être ambitieux, regarder de l’avant et toujours et encore progresser. J’estime personnellement qu’une belle marge de progression est encore devant nous, et dans tous les secteurs du jeu. C’est ce que mon chemin dans le football m’a appris, que ce soit en Espagne, en Italie et en France, il m’a permis de me construire en tant qu’homme et en tant que joueur, bien sûr, dans la recherche constante de progresser et d’être meilleur… a

COMMENTAIRE

Tout a vraiment été dit ?

Même après une saison si belle et si accomplie, le vestiaire garde ses secrets. C’est un peu comme pour la cuisine d’un très grand restaurant (trois étoiles, disons, comme sur le futur maillot de l’Équipe de France si tout va pour le mieux dans les stades réfrigérés du Qatar au moment du prochain Marché de Noël de Strasbourg…).

Vous pouvez être en parfaite complicité avec le chef et avoir bien travaillé le sujet en amont, il y a des questions que vous aurez préparées avec soin et qui n’auront jamais de réponse. C’est normal et même très sain ! Dans ce monde où tout s’expose grassement et de façon quelquefois carrément obscène, les très grands créateurs ont déjà compris qu’il fallait que le mystère se réapproprie le devant de la scène…

Oui, les footballeurs (et les entraîneurs) sont quelquefois de grands artistes. La preuve : ils peuvent nous donner des émotions inattendues et incroyables. Au moment où l’invisible rideau s’ouvre et que la lumière inonde cette gigantesque scène verte, pas un d’entre nous, autour du stade ou devant sa télé, n’espère pas être envahi par le plaisir et bouleversé jusqu’à la moelle.

Cette dernière saison, les artistes du Racing ont joué une partition inédite et d’un très, très haut niveau. Pour poursuivre la référence à la musique, on retiendra la qualité de l’orchestre, tout d’abord : l’expression « jouer à l’unisson » a rarement été autant d’actualité que lors de la saison passée.

Comme l’expriment si bien Adrien Thomasson et Sanjin Prcić dans les pages précédentes, le chef d’orchestre Julien Stéphan a su, dès la reprise de l’entraînement il y a un an, proposer tout en souplesse et en suggestion, sa belle couleur à l’œuvre dont il rêvait.

Honnêtement, pour qui connait et aime le football, ce fameux pressing qu’ont su appliquer tout au long de la saison les joueurs du Racing ne pouvait que nous régaler. Il faut bien sûr ici en souligner les difficultés, car s’il est un domaine où, quelquefois, en matière de football, existe un monde entre la théorie sur le papier et la stricte application sur le terrain, c’est bien celui-là…

Le Racing 2021-22 a été fantastiquement irrésistible dans son jeu. On aura rarement vu une équipe aussi sereine en la matière et c’est d’autant plus remarquable que ce pressing haut, qui permet de harceler sans cesse l’adversaire et de perturber considérablement sa relance donc son jeu, peut être un vrai souci si, pour quelque raison que ce soit, un des solistes sur le terrain ne joue pas correctement sa partition. Ce ne fut que très, très rarement le cas et le Racing a été royal dans son art.

Sans le nommer ici, on peut rapporter la réflexion d’un entraîneur adverse : « Pfff, ton équipe est injouable, c’est un bloc en permanence, on ne peut plus respirer… » Cette parole dit tout…

En harmonie avec la belle partition exécutée, les solistes ont toujours été à la hauteur. Tous remarquables, de Matz Sels redevenu impérial dans sa cage à la ligne de défense qui, dès qu’elle a été complète, a su cadenasser les attaques adverses. Les milieux n’ont pas été en reste non plus, et si une étude statistique avait pu être menée, elle aurait à l’évidence prouvé que oui, cette équipe était injouable et que la prise de tête, pour l’adversaire, commençait dès les premiers mètres de sa zone de relance.

Une autre statistique aurait également pu être exceptionnelle à mesurer. Pour ne prendre qu’eux deux, combien de kilomètres sans ballon nos deux artificiers majeurs, Ludovic Ajorque et Kevin Gameiro, ont-ils effectués durant la saison ? Quelquefois, sans embellir en quoi que ce soit leur performance dans ce domaine, on a été scotché à les voir suer sang et eau pour empêcher la construction du jeu adverse, ce qui ne les a pas empêchés pour autant d’être bel et bien là pour planter plus d’une dizaine de buts pour chacun, ce qui fut le cas aussi pour le troisième larron, l’ex-Messin Habib Diallo, parfaite troisième pointe du trident Racing.

Et puisqu’on parle de cette attaque d’enfer, on soulignera aussi à quel point elle multiplia les actions empruntes de générosité et de solidarité, deux des qualités qui furent bien sûr à la base du succès de cette saison en or. Ainsi, comme un flash, on se rappellera sans doute de ce match contre Metz et de cette énième occasion de Ludovic Ajorque pour alourdir un score déjà bien copieux en faveur du Racing. Au lieu d’envoyer la mine attendue et soigner son score personnel, le grand Ludo s’appliqua à remiser un ballon qu’il aurait pourtant pu assez aisément transformer en but pour, au contraire, tenter d’offrir un caviar à son pote Kevin Gameiro, alors un peu à la peine pour marquer. Cette action presque anodine, puisqu’elle ne transforma pas en but, est là pour prouver qu’un excellent état d’esprit traversa en permanence ce groupe et fut une des bases de sa réussite.

Il y eut donc le chef d’orchestre et ses solistes et musiciens. On ne manquera pas d’évoquer enfin ici l’indispensable public, qui lui aussi a écrit de nombreuses pages de cette légende. Le même entraîneur cité tout à l’heure s’extasiait aussi, le même soir, sur cette Meinau incandescente qui elle aussi sut imposer son pressing de décibels pour impressionner l’adversaire et pousser les siens. Du désormais célèbre Mur bleu – et ses rugissements quelquefois titanesques – jusqu’aux autres travées du vénérable stade strasbourgeois, les plus de 25 000 spectateurs de chaque match à guichets fermés ont joué leur rôle et pris un plaisir infini…

Alors oui, cette saison fut réellement une saison en or, comme on en voit au final si peu en ces temps d’un football paramétré comme un vulgaire tableur Excel. 14e budget du championnat, les joueurs et l’entraîneur du Racing se sont sublimés comme rarement un club de cette zone de budget parvient à le faire.

Ce ne fut que du plaisir, pour eux d’abord, comme tous l’ont souligné à un moment ou à un autre. Et pour nous, ensuite, si fiers de supporter une telle bande de flibustiers, capables de défier les cadors et leurs moyens financiers sans commune mesure avec ceux pratiqués sur les bords du Krimmeri.

Bis repetita dans quelques jours et tout au long de la saison 2022-2023 ?

PATRICK STRAJNIC

Il raconte volontiers que c’est en 2010 qu’il a hissé « la grande voile de l’aventure photographique ». En ajoutant que c’était « un retour aux sources parce que jadis, c’est peintre que j’ambitionnais de devenir ». « Départ à zéro. L’ivresse retrouvée, celle du grand large, de la page blanche et de la bohème ». Aujourd’hui, le travail de ce « photographartiste » est présenté dans les galeries d’art contemporain et a caressé l’œil des décideurs d’ÉS, le sponsor principal du Racing. Les images que nous présentons dans ce portfolio exclusif sont issus de la collaboration exceptionnelle initiée par la société pour magnifier son partenariat avec le club. À la rédaction de Or Norme, après avoir consulté des centaines et des centaines d’images pour choisir l’iconographie de ce numéro hors-série à la gloire de la fantastique dernière décennie du Racing, les photos du photographartiste Patrick Strajnic se sont imposées d’elles-mêmes pour notre portfolio…

Avec nos remerciements à Michel Fuchs (ÉS) pour la mise en relation avec Patrick Strajnic. www.strajnic.art Le suivre sur Facebook et instagram : @patrick_strajnic

Contact : Patrick@strajnic.art

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