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Planète Racing Supporters : tout un monde ! (↖
Cayenne
New York Strasbourg
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Pointe-à-Pitre Séoul
PLANÈTE RACING
Supporters : tout un monde !
Les soirs de matchs, le Mur Bleu (marque déposée) en impressionne plus d’un, au stade et dans la France entière. Le public de la Meinau est largement reconnu comme le plus chaud de France et sa ferveur en impose. Mais, ces mêmes soirs de matchs, très loin de Strasbourg et de la Meinau qui rugit, des supporters tout aussi passionnés se connectent, quel que soit le fuseau horaire. Témoignages de quatre expatriés qui voient la vie en bleu…
Yannick Guillemot,
32 ans, ingénieur Web. À New York depuis 2013.
Vous rappelez-vous de l’état d’esprit dans lequel vous étiez il y a dix ans au moment où le club a débuté son parcours en CFA2 ?
Yannick Guillemot : Il y a dix ans, j’étais forcément très déçu de la liquidation judiciaire, comme tout le monde. Mais nous étions tous unanimes : le club ne pouvait pas disparaître, il fallait le sauver. Et c’est là que j’ai pleinement réalisé l’amour de cette région Alsace pour son club phare. Ce fut une période remplie de challenges, mais aussi d’union autour d’un club dont le nom était resté, ainsi que la couleur du maillot, même si on ne connaissait plus aucun nom dans l’équipe. J’ai pris conscience à ce moment-là que le Racing, c’est quelque chose d’encore plus spécial que je ne l’avais imaginé…
Quentin Ertzscheid : Cette descente aux enfers, ce fut le choc, jamais je n’aurais pensé que cela puisse arriver un jour à un club chargé d’une si longue histoire, mais c’est vrai que le Racing était assez fébrile au niveau des finances toutes les saisons qui avaient précédé. N’empêche, ça faisait bizarre de voir le Racing en CFA2… Guillaume Wintz : J’étais triste, mais cela correspondait à mon arrivée en Guadeloupe et du coup, j’ai vécu cette période avec un petit peu plus de détachement. Je me suis mis du coup à supporter l’OM comme équipe de Ligue 1 ! Mais j’ai toujours eu un œil sur les résultats du Racing et dès le retour en National, j’ai recommencé à regarder les matchs à la télé…
Myriam Reutenauer : J’ai mal vécu la descente en CFA2 dans le sens où je vivais à Bordeaux à ce moment-là et je savais que ce serait vraiment compliqué d’aller voir des matchs en semaine. Mais, sincèrement, cette descente je ne l’ai pas si mal vécue, car j’ai toujours été convaincue qu’on surmonterait tous ces pépins.
Sincèrement pensez-vous que le Racing retrouverait le plus haut niveau ?
Y. G : Sincèrement non. Mais pour avoir suivi des saisons de Ligue 1 où le Racing n’y était pas, derrière le PSG, j’ai toujours remarqué que des nouveaux promus ou des équipes bien construites provoquaient la surprise sur une saison. Et J quand on est monté en Ligue 1, je ne voyais pas de raison, avec une Meinau pleine chaque week-end,
Guillaume Wintz, 43 ans, consultant en développement d’hébergement touristique. En Guadeloupe depuis onze ans.
Jde ne pas créer la surprise une année ou une autre. Pour moi, le plus dur reste à faire après la saison hors norme que nous venons de vivre. Le plus dur, c’est de faire partie du paysage et de perturber le top 7 en France pendant plusieurs saisons de suite. Maintenant, on attend de voir s’ils peuvent le faire dès la saison prochaine !
Q. E : C’était certainement quelque chose de possible, mais je n’aurais jamais imaginé que cela arrive aussi rapidement. Je voyais ça plutôt sur quinze ou vingt ans. Il faut reconnaître le travail extraordinaire, de la direction jusqu’aux joueurs en passant par les supporters, les sponsors, la région, etc. Les planètes se sont alignées…
G. W : Je crois qu’au début des années 2010, on ne savait pas trop ce qui arriverait. Mais à partir de la deuxième saison en National, pour moi oui, l’espoir a toujours été là…
Les plus grands moments de cette décennie passée ?
Y. G : La victoire contre Lyon, avec le coup franc de Dim. Ce match, je ne crois pas l’avoir vu en direct en raison du décalage horaire, mais je l’ai regardé en replay. C’est le match typique du Racing qui ne lâche rien jusqu’au bout !
Je me souviens aussi de la montée en National face à Raon-l’Étape, regardée en direct sur YouTube. Le kop qui prenait toute la tribune opposée et une tension incroyable autour de ce match !
Et puis, il y a aussi la victoire contre le PSG en 2017, à la Meinau. C’était notre retour en Ligue 1 et on tape la bande à Neymar et son arrogance ! Gonçalves, Lienard & Co qui forment une forteresse pour arracher la victoire en tenant jusqu’au bout !
Q. E : Durant cette remontada, on a pu assister à de vrais derbys alsaciens en match officiel comme contre Schiltigheim en CFA2, Mulhouse en CFA et Colmar en National ! C’étaient de super moments pour tous les Alsaciens.
Je retiens aussi la victoire en Coupe de la Ligue en 2019, c’était une belle récompense pour tout le monde.
G. W : Les montées, forcément ! Spécialement celle de CFA vers le National, puis du National vers la Ligue 2. Et enfin celle de mai 2017 où je suis spécialement rentré en Alsace pour la remontée en Ligue 1. J’étais arrivé de la Guadeloupe le matin même du match !
M. R : Un moment inoubliable ? Il y en a trop ! Je choisirais le moment où nous sommes remontés en Ligue 1, ce moment de partage et de joie restera gravé à vie dans ma mémoire tant j’ai vibré !
Un moment unique ?
Y. G : Le match de la montée en Ligue 1 J contre Bourg-en-Bresse. J’étais à une conférence à Paris cette semaine-là et j’ai pris le TGV du
Quentin Ertzscheid, 33 ans, directeur logistique. À Séoul depuis un an, après cinq ans à Hong Kong, deux ans à Manchester et deux ans à Hambourg.
Jvendredi après-midi pour aller voir le match. J’avais l’impression que tous les passagers du train allaient à la Meinau. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé qu’on allait revenir à la place qui est la nôtre dans la hiérarchie du foot français. Mon père a pris ma valise à la gare et j’ai rejoint mon meilleur pote au stade en prenant le tram. Ça a fini sur la pelouse et très tard dans la nuit !
Q. E : Sans hésiter, le coup franc de Dimitri Liénard à la dernière minute des arrêts de jeu contre Lyon lors du dernier match de la saison 2017/2018 à la Meinau et qui est synonyme de maintien en Ligue 1. C’est le genre d’émotions que seul le football peut te procurer…
G. W : Il n’y en a qu’un seul : le match contre Lyon en mai 2018 et le coup franc de Dim ! J’étais en plein road trip de cinq mois aux États-Unis et au Canada, et j’ai regardé le match sur mon téléphone portable, assis sur un banc, devant un petit centre commercial aux airs de Far West, en Arizona, seul endroit où j’avais du Wifi. Quand Dim a mis le coupfranc, j’ai hurlé, couru dans tous les sens et les gens autour se sont demandé qui était ce débile mental !
Des moments de doute ?
Y. G : J’ai vraiment eu peur qu’on redescende en CFA. Ça aurait tout foutu en l’air et aurait pu interrompre ce regain de popularité et l’évolution sportive de l’équipe. L’année d’après, on monte. C’est dire si le destin se joue à rien…
Q. E : Lors de la première saison en National quand le Racing a failli être relégué. C’était chaud…
G. W : À la fin de la saison 2012, il y a eu beaucoup d’interrogations sur l’avenir avec les problèmes financiers, puis un vrai soulagement avec l’arrivée de Marc Keller. Mais c’est surtout la saison 2014 avec le parcours catastrophique en National, la relégation sportive, puis le repêchage qui ont été marquants. Mais derrière, ça a créé la double montée pour retrouver finalement la Ligue 1 en un temps record.
Avec qui vivez-vous votre passion pour le Racing ?
Y. G : Aujourd’hui, principalement mon frère, mes parents et mes amis d’enfance de Strasbourg. À New York, je joue aussi au foot pour le Racing Alsace NY. Une petite équipe de foot sans prétention, composée d’Alsaciens, mais pas que. Nous représentons fièrement les couleurs du Racing chaque semaine. On se rassemble aussi pour des grands matchs. Avec mes parents, on débriefe souvent les matchs chaque semaine ensemble et certains de mes amis vont au stade, donc je partage un peu leurs émotions via Facebook ou autre.
JQ. E : C’est avec mon frère que je parle le plus du Racing. C’est un sujet incontournable quand on s’appelle.
Myriam Reutenauer, 36 ans. Infirmière aux urgences/ réanimation/Smur de Cayenne en Guyane française depuis quatre ans.
JQuand il y a un gros résultat, mes parents m’envoient une photo de la page sport des DNA pour que je puisse lire le résumé. Et je partage aussi le score des matchs du Racing avec ma femme qui est canadienne, mais elle n’est pas très intéressée, je crois…
G. W : Bien qu’il y ait beaucoup d’Alsaciens en Guadeloupe, je n’ai pas encore trouvé un fan du Racing comme moi ! Donc je vis ma passion du Racing avec mes amis footballeurs que j’ai bien chambrés cette année avec nos bons résultats. La plupart ici soutiennent le PSG ou Marseille…
M. R : Ici, à Cayenne, je vis ma passion tout simplement avec mes amis et collègues qui n’ont, de toute façon, pas d’autre choix que de faire avec. C’est à base de chambrage, car ils sont supporters d’autres clubs de Ligue 1. Sinon, en métropole, après chaque match j’ai un ami du kop qui m’envoie plusieurs vidéos des temps forts du match et de l’ambiance autour de lui. Et j’en débat ensuite avec mon meilleur ami après le match…
Vos espoirs pour la prochaine saison et pour l’avenir du club en général ?
Y. G : Rater de peu un parcours en Coupe d’Europe la saison prochaine est une déception pour moi parce que ça aurait été de l’expérience à prendre pour un club qui doit encore apprendre beaucoup, comme on l’a vu à Marseille. Le haut niveau appelle la haute performance. Donc l’espoir pour la saison prochaine serait de continuer à jouer le haut de tableau jusqu’à la fin et la Coupe de France jusqu’aux derniers tours. Alors que la rénovation du stade va aussi commencer, je ne serai pas contre la stabilité et une saison sans remous. À l’avenir, je veux voir Strasbourg être aussi attractif et attirant qu’un club comme Rennes ou Nice. Je pense sans prétention qu’on peut y arriver. Et on y arrivera !
Q. E : J’espère que le Racing pourra se maintenir dans la première partie du tableau et saura consolider son effectif. Dans quelques années, ça serait bien de voir Strasbourg dans une compétition européenne.
G. W : Avant tout, réaliser une aussi belle saison que celle qui vient de se terminer, continuer à nous faire vibrer et à jouer à nouveau le haut du tableau. La Coupe d’Europe serait la cerise sur le gâteau. J’espère que nous allons rester en Ligue 1 encore plusieurs années et qu’on saura garder cet état d’esprit qui fait la différence. Enfin, j’espère que le club trouvera un poste pour la reconversion de notre capitaine Dimitri Liénard, car il est un symbole à vie de ce que doit absolument rester le Racing !
M. R : J’espère que la saison prochaine sera aussi incroyable que la dernière saison, mais avec une place en Coupe Europe, à la fin. Le club grandit et il en est capable…
C’est une passion « à vie » ?
Y. G : Ça va sans dire. Le foot c’est Strasbourg pour moi, et avant tout !
Q. E : Bien sûr, le Racing fait partie du patrimoine de l’Alsace et je suis fier de ma région et de notre culture.
G. W : Sans aucun doute ! « Un seul amour, et pour toujours, Racing Club de Strasbourg ! »