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Politiques Témoignages
ALAIN FONTANEL, ANCIEN PREMIER ADJOINT AU MAIRE DE STRASBOURG
« Le Racing m’a happé, et il m’a emporté… »
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Depuis plus de douze ans à date, Alain Fontanel a joué un rôle capital dans le sauvetage puis l’essor du Racing et vit aujourd’hui avec intensité les superbes moments offerts par une équipe qui vient de boucler avec éclat une formidable décennie. Il y avait une condition à cet entretien : se livrer sans retenue. Promesse tenue : avec moult détails jamais racontés à ce jour, l’élu fend l’armure et raconte la saga d’un club devenu « un membre de sa famille »…
Alain Fontanel a un grand regret, celui de « n’avoir eu que dix ans » au moment du titre de Champion de France de D1 remporté par le club phare du football alsacien. « Car ensuite, au fur et à mesure que je grandissais, j’ai surtout le souvenir de saisons très difficiles. Il y en a eu beaucoup (triste sourire). En fait, c’est le souvenir douloureux d’une situation constante : dès qu’on avait de bons joueurs, il fallait les vendre pour colmater les déficits financiers et souvent, le club repartait de zéro. Le Racing, c’était le rocher de Sisyphe, une force pour pousser, mais qui, au dernier moment, ne suffisait plus. Et ça redescendait…
Reste malgré tout que comme tout passionné strasbourgeois, j’ai toujours suivi de près les résultats du club quand je suis parti à Paris pour mes études et ensuite, quand j’ai habité au Vietnam, du milieu des années 1990 à 2003. Je garde en fait un mauvais souvenir de ces années de foot “bling-bling”, la mondialisation faisait irruption dans le foot avec les mirages de l’argent venu d’ailleurs et l’argent public qui finissait par payer les déficits de la gestion privée des clubs. Mine de rien, ces lointaines années nous donnaient déjà une leçon qui est restée éminemment actuelle : l’argent ne suffit jamais s’il n’y a pas un projet sportif, un projet de territoire, un public et des dirigeants soudés. Sans cela, la mayonnaise ne prend pas. Je crois que le PSG, par exemple, est en train de s’en rendre compte… À contrario, la saison en tous points exceptionnelle que le Racing vient de nous faire vivre prouve bien que ces valeurs-là sont indispensables pour voguer vers la réussite. Donc, pour résumer mon sentiment de mes années de jeunesse, un attachement naturel très fort – loin de ma ville, j’expliquais toujours à qui voulait l’entendre que Strasbourg, c’était la cathédrale, le Parlement européen et le Racing – mais aussi une forme d’amertume, car rien ne semblait pouvoir nous conduire là où nous autres les supporters rêvions d’être… »
EN MISSION…
Arrive le début des années 2010. Alain Fontanel est alors adjoint chargé des Finances de Roland Ries, élu maire de Strasbourg au printemps 2008. Le Racing est en pleine déconfiture, les présidents se succèdent, ajoutant du pire au pire. En 2010, il évolue en National et un an plus tard, un calamiteux bilan financier provoquera la rétrogradation administrative avec perte du statut professionnel et la liquidation judiciaire.
« Dès 2010, cinq mois après le rachat par Jafar Hilali dans les conditions qu’on connaît, Roland Ries m’avait confié la mission de tout faire pour redresser le club. D’ailleurs, je peux raconter une anecdote très drôle à ce sujet. Quelques jours après le rachat, en plein Conseil municipal, une élue de l’opposition m’interpelle avec véhémence en me disant : comment se fait-il qu’un adjoint au maire, chargé des Finances, puisse racheter le Racing Club de Strasbourg Alsace ? Stupéfaction générale bien sûr : elle avait fait une confusion avec un membre de l’équipe de Jafar Hilali qui s’appelait Alain Fontenla ! Après un moment d’incrédulité, je lui ai répondu avec humour. Blague à part, dès le printemps 2010 donc, je suis littéralement aspiré par ce dossier, je me passionne pour l’avenir du Racing, j’y consacre quasiment la moitié de mon temps… »
Alain Fontanel raconte alors longuement la foultitude d’épisodes rocambolesques qui se succèdent, le tout sous une pression médiatique intense. « J’ai alors compris à 200 % quelque chose que je ressentais depuis mes années de jeunesse : le Racing est à l’évidence bien plus qu’un club de foot. Il ne s’agit pas seulement de l’histoire du club, de ses joueurs, de ses entraîneurs, de ses résultats sportifs. C’est bien sûr un des seuls clubs français à avoir gagné l’ensemble des trophées possibles, tout cela, tout le monde le sait… Mais le Racing, c’est surtout notre histoire à nous tous, c’est également l’histoire tourmentée de notre ville et de l’Alsace toute entière. Le Racing porte tous les épisodes de cette histoire heureuse et malheureuse et, avec le dialecte alsacien et le droit local, il est un des derniers éléments fédérateurs de l’Alsace. Le Racing est un peu l’église au milieu du village alsacien, il fédère une mémoire et toute une population, on a entamé la troisième décennie du XXIe siècle et c’est toujours vrai !
Une autre anecdote révélatrice : nous sommes au mois d’août 2011 et c’est le long suspense du Tribunal de grande instance qui peut prononcer la liquidation judiciaire du club. Je suis en famille, sur une plage de Biarritz et soudain, un homme en maillot de bain, que je ne connais évidemment pas, m’interpelle : “Alors, M. Fontanel, on en est où ? Est-ce qu’on connaît la décision du tribunal ?” C’est quand même incroyable, non ? »
UN MONDE DE FOUS
Trois grandes périodes vont alors se succéder. Celle représentée par Hilali, le financier surgi de nulle part – à sa première réunion devant la DNCG qui lui demande de se présenter, il assènera d’entrée, modestement : « Je suis le Mozart de la finance ». Commentaire d’Alain Fontanel qui l’accompagnait pour l’occasion : « J’ai compris immédiatement que ça allait être très difficile, j’ai fixé longuement la pointe de mes chaussures… ».
Celle, ensuite, de l’arrivée sur la scène de Frédéric Sitterlé, ce jeune entrepreneur à succès, un tantinet « adoubé » de toute part (y compris par le juge du tribunal qui avait prononcé la liquidation judiciaire). « Il est un peu apparu comme le chevalier blanc » se souvient Alain Fontanel : il était recommandé par quelques personnes de la FFF, il voulait faire du Racing un club de proximité, il parlait d’éthique. Dans un premier temps, nous avons vécu son arrivée comme une forme de soulagement après tant d’événements chahutés. Mais très vite, certains éléments m’ont troublé : il ne vient pas à un rendez-vous prévu avec Jafar Hilali et moi à Paris. Son téléphone est même coupé pendant des heures. Il n’expliquera jamais vraiment pourquoi… Ensuite, il promet le versement de 5 millions d’euros tout en tentant de convaincre Patrick Spielmann (qui préside l’association-support qui possède la marque Racing Club de Strasbourg Alsace – ndlr), par le biais d’un astucieux montage, de lui rétribuer la valorisation de ladite marque, au fur à mesure de la progression du club
Alain Fontanel aux côtés de Roland Ries le lendemain de la victoire du Racing en Coupe de la Ligue
dans l’élite du football. On bloque in extremis ce dangereux processus. Le vrai visage de Sitterlé apparaît alors : derrière les bons sentiments, il y avait une sordide tentative de s’emparer de la marque Racing Club de Strasbourg… »
Ce coup fut ressenti alors comme très rude, car les espoirs mis en Frédéric Sitterlé étaient grands. L’adjoint se souvient encore des promesses sans fin de l’entrepreneur, brandissant un grand classeur noir dans lequel figuraient, selon lui, ses relevés de comptes et ses avoirs. « Jamais il n’a ouvert ce classeur » soupire encore Alain Fontanel. En peu de temps ensuite, Sitterlé passera du statut de chevalier blanc à celui de grand manipulateur, allant jusqu’à refuser d’assumer ses responsabilités pour couvrir 850 000 euros de dette accumulée sous sa gestion au moment d’être contraint de céder le club, à son tour. L’élu déborde de souvenirs sur les événements tous plus loufoques les uns que les autres qui se succèdent à un rythme ne faiblissant jamais. Les offres les plus cocasses s’enchaînent, mêlant inconnus, fantaisistes, hommes d’affaires dont un en position d’interdiction de gérer qui proposera d’imposer son fils comme prête-nom pour devenir président, un célèbre manager d’un grand club anglais jusqu’à… un prince afghan résidant dans un château près de Mulhouse et ayant ses affaires en Suisse… « Sans préjuger des qualités de cette personne, sortant de l’époque Halali, il m’est apparu difficile d’envisager de présenter aux supporters du Racing un prince afghan comme nouveau président… » sourit Alain Fontanel qui ne peut s’empêcher de raconter être parti à la recherche de Chilavert (le gardien de but international uruguayen – ndlr) qui avait présenté une très importante créance encore provisionnée dans les comptes du club, à ce stade, afin qu’il adoucisse sa position. Après bien des pérégrinations, l’adjoint au maire a abandonné la traque : « j’ai fini par recevoir un mail du manager d’une chaine de boucheries lui appartenant… » rigole-t-il, « j’ai évidemment laissé tomber… »
Il faudrait des dizaines de pages pour permettre à Alain Fontanel de raconter ici l’invraisemblable saga dont il a été le témoin privilégié en faisant tout pour sauver et relancer le club. « J’ai néanmoins vécu des moments étincelants, avec la découverte intime des supporters qui ont fait leur incroyable part pour aider un club qui était alors exsangue. Ils sont un des piliers qui ont assuré l’avenir du Racing, durant cette période tourmentée. Il en va de même pour les salariés, ballottés de toutes parts, qui avaient été licenciés et qui ont témoigné auprès de moi de leur attachement viscéral pour le club, idem pour les sous-traitants. En vingt mois, entre 2009 et 2011, tous avaient quand même connu pas moins de cinq présidents ! Je crois que ça doit constituer un record en France… »
LA RENCONTRE DÉCISIVE
La pression médiatique était permanente », se rappelle le missionnaire Fontanel. « À cette époque, il y avait autant d’ennemis à l’intérieur du club qu’en dehors. Ça fuitait de partout… »
Mais, au plus fort de ce maelström ébouriffant, alors que le tic-tac à rebours de la bombe DNCG se rapprochait dangereusement de son terme-couperet, un événement déterminant finit par se produire.
« En sport, on parle souvent de money time » illustre l’ex-adjoint. Très, très souvent, ces derniers instants où tout se joue n’avaient pas souri au Racing. Mais toutes les séries, même les très mauvaises, ayant une fin, l’instant décisif s’est présenté ». L’histoire est évoquée par l’actuel président du Racing lui-même dans le grand entretien qu’il nous a accordé (lire page 8). C’est celle de la rencontre entre Marc Keller, Alain Fontanel et Patrick Adler. Ce dernier, qui avait fait partie de l’aventure des années 2000 comme sponsor maillot et président du Conseil de surveillance, est un amoureux fou du Racing (tout môme, il a fait partie de ceux qui ont connu la vieille et historique tribune en bois de la Meinau !). À l’évidence, un tel passionné ne pouvait rester inactif devant la situation dramatique que connaissait son club de cœur au début des années 2010. Une première rencontre avec Alain Fontanel avait suffi pour évoquer le nom de Marc Keller. « Il peut vous rencontrer sous 48 heures » avait alors glissé Patrick Adler. Ce qui fut fait. On connaît la suite…
« Marc a le Racing dans le sang et Strasbourg dans le cœur » témoigne Alain Fontanel. « Ça, j’aurais pu vous le dire quelques instants après notre toute première rencontre, rien n’est venu le démentir depuis dix ans, bien au contraire » ajoute-t-il. « Il a su fédérer autour de lui une équipe d’amis qui est restée très unie, depuis. Cette union est d’ailleurs, je crois, un autre des piliers qui ont permis au club d’en arriver là où il en est aujourd’hui. Je me souviens encore que ce point était une des conditions de l’engagement de Marc. Il m’avait dit qu’il voulait absolument une gouvernance stable, autour de lui. Le Racing reconstruit depuis dix ans, ce sont des valeurs incarnées par des personnes en osmose et en harmonie totale avec leur territoire. C’est un véritable cercle vertueux qui s’est mis en place.
En ce qui me concerne, j’ai vraiment beaucoup appris : j’ai appris que le football professionnel est un sport incontournable qui attire beaucoup de monde, et parmi ces gens, ce ne sont pas les plus sains qui apparaissent spontanément. C’est un peu comme en politique, il faut faire le tri… D’ailleurs, on a dit pendant des décennies que tous les ambitieux de Strasbourg voulaient devenir président du Racing et que s’ils n’y arrivaient pas, ils atterrissaient en politique (grand sourire)… Le deuxième enseignement, à mon niveau, est qu’on se situe là autant dans l’économie que dans le sportif et qu’il y a une interaction très forte entre ces deux pôles avec laquelle on est obligé de compter. J’ai appris aussi qu’il y a quand même des dimensions juridiques considérables, à tel point qu’à un certain moment, il m’a fallu me spécialiser avec les arcanes des règlements de la Fédération Française de Football, notamment avec le fonctionnement de la DNCG, cet outil très professionnel et puissant que la France a su mettre en place depuis longtemps pour éviter les dérives financières de ses clubs. Les auditions de cet organe, c’est du sérieux, croyez-moi…
Pour le reste, je n’oublie rien des moments vécus depuis le CFA2. J’ai découvert une géographie d’une France que je ne connaissais pas, le stade de Chambly, celui de Raon-l’Étape avec ses tribunes de rondins de bois et le maire de la ville qui criait le prénom des joueurs durant le match, il les connaissait tous : “Vas-y Paulo ! Loulou, ton papa va être fier de toi !”…
Aujourd’hui, je continue bien sûr à vivre des moments privilégiés avec le Racing. Mais il y en a un que je préfère par-dessus tout. J’arrive chaque soir de match au moins une heure avant le coup d’envoi, très souvent avec mes trois enfants qui sont autant mordus que moi, ma fille avait deux ans quand elle a vu son premier match en CFA2 ! Je m’installe à ma place avec ma merguez. On n’est pas extrêmement nombreux dans la tribune à cette heure-là. Je regarde l’échauffement des joueurs, je vois le mur bleu peu à peu s’installer, j’entends et je déguste les chants qui montent… et je me souviens alors que durant ces douze ou treize années, très souvent, je mangeais, je dormais, je rêvais, je respirais Racing et que dans la rue, neuf fois sur dix, les gens ne me parlaient que du Racing, que je parlais bien plus souvent aux journalistes des pages Sports qu’aux journalistes politiques.
Ce fut une forme de longue immersion totale qu’aujourd’hui, je ne prolonge que dans le plaisir de chaque match. Le club est devenu un membre de ma famille, je le ressens comme ça. Alors, je ne pourrais pas supporter sa maladie ou sa disparition, tout comme pour un membre de ma famille. Avant mon engagement, je n’aurais jamais cru cela possible. Le Racing m’a happé, il m’a emporté et je lui en suis reconnaissant tant l’aventure fut extraordinaire et le reste encore, bien sûr… » a
POLITIQUES
L’union sacrée autour du Racing
Preuve indubitable que le Racing est bien le club emblématique de toute l’Alsace, son soutien a fait l’objet d’un consensus rare dans l’ensemble des Collectivités locales…
Quand et avec qui remontent les premiers contacts sur ce dossier de la reconstruction du Racing ?
Roland Ries : Les dix dernières années ont été pleines de rebondissements, de bruits et de fureurs ! 2011 a été la période la plus sensible, quand le Racing est tombé en 5e division. Je suis maire depuis 2008, les choses tournent mal avec une rétrogradation administrative liée à la faillite du club. J’avais plaidé auprès des autorités de football pour ne pas être rétrogradé, mais on m’a répondu que la règle, c’est la règle. C’était le résultat de la valse de présidents, de luttes intestines, de gens qui ont œuvré à la tête du Racing sans les compétences ou l’argent. Quand Marc Keller est arrivé, ils m’ont sollicité pour les aider, ce qu’on a fait. Avec une aide d’1,6 millions d’euros pour la Ville, la Communauté urbaine à l’époque, et la Région, pour le centre de formation. Cette subvention indirecte faisait cependant débat, car il manquait les résultats.
Philippe Richert : Le dossier de reconstruction était sur la table avant Marc Keller, son prédécesseur avait un projet, mais nous ne l’avons pas suivi, car il n’y avait pas de garantie.
Quand Marc Keller est venu me voir, j’ai été très séduit par son projet et sa personnalité. J’étais face à quelqu’un avec les idées claires, un projet transparent, prêt à discuter.
Robert Hermann : Les collectivités ont toujours été contactées pour abonder. Il faut resituer les choses dans leur contexte : quand j’étais adjoint au sport dès 1989, on sortait d’une gestion traditionnelle des clubs à une gestion excentrique, les gens spéculaient. Ne pas être dans le mouvement, c’était disparaître. Roland Weller avait effectué un travail remarquable, mais on butait sur cette mutation, il fallait beaucoup d’argent. Marc Keller a réussi cette synthèse, en traitant les causes des échecs, des incertitudes d’un club en lambeau sur le plan sportif. Marc, c’est l’enfant du pays, il est intelligent, il a une belle gueule, il connaît bien son affaire. Il a cette qualité remarquable de savoir rassembler sans diviser. C’est ça l’apaisement. Je rappelle aussi que le refus de créer un nouveau stade pour la Coupe du monde, c’est moi ! Les coûts étaient exorbitants. Platini m’avait dit qu’on ne serait jamais réélu après une telle décision. Mais on l’a été, et même au premier tour ! J On a certainement commis des erreurs, mais l’histoire montre que les stades refaits pour la Coupe du
« Strasbourg sans son club, ce n’était pas envisageable. »
Roland Ries
Jmonde 1998, sont déjà obsolètes. Marc Keller, dès le départ, a mis la question du stade sur la table.
Pia Imbs : Avant d’être présidente de l’Eurométropole, j’y siégeais déjà en tant que maire de Holtzheim. Autant que je m’en souvienne, la collectivité a toujours fait le pari du Racing. Un pari gagnant !
Jean Rottner : Dès le retour du Racing en Ligue 1, lors de la saison 20172018, les dirigeants, et Marc Keller en particulier, m’ont fait part de leur volonté de restructurer et de réaliser une extension du stade de la Meinau. Pour l’anecdote, c’est dans le TGV de retour, après la victoire de Racing en Coupe de la Ligue en 2019, que j’ai indiqué à Marc Keller que la région soutiendrait ce projet.
Frédéric Bierry : J’ai toujours eu des contacts réguliers et directs avec le Racing, et en particulier avec Marc Keller lorsque celui-ci a repris le club après sa relégation en 2011. Mais c’est vers 2016/2017 que le dossier a vraiment été relancé alors que le club allait retrouver l’élite du foot français. Alors président du Conseil départemental du Bas-Rhin, j’ai été étroitement associé aux discussions qui commençaient autour du projet de rénovation mené par l’Eurométropole (qui est propriétaire du stade), la Ville de Strasbourg et la Région. Ce qui était normal, car le Département avait toujours soutenu le Racing, ce que continue à faire la Collectivité européenne d’Alsace.
Jeanne Barseghian : La Ville, sous l’ancienne mandature, a fortement soutenu le club lorsqu’il a traversé des périodes difficiles. Naturellement, nous nous sommes inscrits dans cette continuité. Le Racing existe depuis 1906, il a grandi avec Strasbourg, traversé bien des épreuves et des crises. C’est cette résilience qui fait le charme de ce club mythique, porté par ses indéfectibles supporters. La collectivité supporte le J club en participant à sa reconstruction, et aujourd’hui en accompagnant ses ambitions.
« Le Racing représente toute notre région. »
Philippe Richert, ancien président de la région Alsace
JComment avez-vous accueilli
ces propositions ?
Roland Ries : On a toujours beaucoup aidé le Racing, plus que la moyenne des clubs en subventions publiques. Mais à partir du moment où Marc Keller est arrivé, ça s’est bien passé. Il est équilibré et a des ambitions pour son club, pas personnelles. Il a la rondeur qui fait chercher les compromis plutôt que la bataille frontale. Les recettes sont revenues quand le Racing est remonté en National, grâce aux droits télés.
Philippe Richert : Jusqu’ici, la Région ne subventionnait pas le Racing. Nous sommes tombés d’accord sur 600 000 € de subvention pendant cinq-six ans, le temps de retrouver le championnat pro. Cette somme était destinée au Centre de formation. On espérait la Ligue 1, et ils ont respecté le contrat !
Robert Hermann : En 2019, quand le stade est revenu à l’Eurométropole, j’ai dit, en tant que président, que c’était le moment d’y aller. Marc Keller a développé un projet intéressant, avec l’idée de le transformer in situ. Celui qui a permis de boucler le dossier, c’est le président de la Région, Jean Rottner. On rentrait de la Coupe de la Ligue à Lille, il nous a dit : « Ok, je mets la rallonge ! » Il manquait 20 millions d’euros, le Racing ne pouvait pas payer. Nous étions dans une période particulière, c’était la première fois depuis une décennie que le coût d’entretien du stade et sa mise aux normes étaient identiques aux traites de remboursement de l’emprunt nécessaire pour sa rénovation.
Pia Imbs : Ce dossier est finalement l’occasion d’observer notre société qui vit des mutations, autour notamment de la construction de nouvelles identités, du retour des sentiments d’appartenance.
Jean Rottner :J’accueille toujours les projets de développement économique avec grand intérêt. Qu’un club historique comme le Racing souhaite se développer, renforcer son attractivité et structurer tout un écosystème économique autour du sport, je ne peux qu’y souscrire. Au-delà de la dimension sportive et des émotions qu’il procure, le football, et plus largement toutes les autres disciplines, participent à fédérer des territoires, mais aussi et surtout génèrent des ressources économiques.
Frédéric Bierry : Plutôt très favorablement ! Le stade date de 1984. Il a vieilli et avait grand besoin d’une mise au niveau des stades modernes d’aujourd’hui. C’était en quelque sorte la continuité de la méthode Keller : avancer progressivement, mettre tout le monde autour de la table, fixer les objectifs, être rigoureux. Bref une démarche à l’alsacienne ! Et une chose est alors devenue évidente, et portée d’abord par le club : la rénovation devrait se faire sur site, à la Meinau.
Jeanne Barseghian : Ce n’est pas seulement pour le rayonnement de Strasbourg au niveau national et international que nous soutenons le club. Il nous importe qu’une fois revenu à flot, il prenne toute sa part quant aux défis
« Marc Keller a cette qualité inestimable de savoir rassembler. »
Robert Hermann, ancien président de l’Eurométropole
que notre territoire doit relever. Quand il y a un soutien public, il doit y avoir des retombées positives pour l’intérêt général, ici, dans notre ville. Le Racing a un rôle de locomotive à jouer quant aux autres clubs, car ce sont eux qui diffusent au quotidien le sport dans tous les quartiers de la ville. D’ailleurs, c’est avec le même prisme, celui de l’intérêt de toutes et tous, que nous avons regardé le projet de rénovation du stade de la Meinau, initié sous l’ancienne mandature. Tel que présenté lorsque nous sommes arrivés aux responsabilités, le projet voyait trop petit, il était hors sol et ne tenait pas compte des abords. Alors, nous avons élargi le champ, pour prendre en considération l’implantation du stade dans le quartier, en faire véritablement un équipement ancré dans le quotidien, ouvert sur le territoire, qui ne s’anime pas seulement les jours de matchs.
Quelle était votre position concernant le Racing ? Conscient qu’une ville comme Strasbourg et une région se doivent de posséder un club de haut niveau en foot ?
Roland Ries : Je suis amateur de foot depuis mes cinq ans, j’ai moi-même joué et on allait déjà au Racing dans les années 50 avec mon père, alors qu’il n’y avait pas encore de places assises ! Le Racing était tombé tellement bas, alors que nous avions une tradition centenaire d’un club à Strasbourg…
Philippe Richert : J’ai toujours été supporter, j’y allais déjà enfant avec mes frères dans les quarts de virage ! Marc et Sabryna Keller ont réussi à créer une ambiance familiale dans le stade, aujourd’hui j’y vais avec mon petit-fils de six ans. Les gens viennent de Wissembourg, de Colmar… J’ai plaidé pour qu’on appelle le club Racing Club de Strasbourg Alsace, car il représente toute notre région, c’est une réalité. Cela me semblait impensable que Strasbourg ne retrouve pas le haut niveau. Et même quand nous étions en CFA2, le public était toujours présent.
Robert Hermann : Strasbourg est à sa place en Ligue 1, l’équipe n’aurait jamais dû descendre dans les tréfonds du championnat ! Le foot a ici une place prépondérante, il faut les moyens de son action, et il participe à la notoriété de la ville. Le stade est un instrument, on aurait tort de ne pas le regarder comme un élément de l’aménagement du territoire. Il a accueilli U2, Pink Floyd, Johnny, le Pape ! Il y a peu d’endroits où l’on peut faire ça.
Pia Imbs :Consciente du pouvoir fédérateur du sport, de sa capacité à créer du lien, j’ai toujours porté un soutien marqué aux clubs de sports, notamment dans la commune dont je suis maire. En tant que présidente de l’Eurométropole, mon attachement au club n’a pu que grandir. À l’heure du numérique omniprésent, il reste finalement peu d’endroits et d’occasions où l’on peut se retrouver pour partager ensemble, en dépit de toute considération d’ordre social, identitaire, géographique, de tels moments de cohésion. Personne n’imagine Strasbourg, capitale européenne, ne pas disposer d’un tel club qui participe au rayonnement du territoire.
Jean Rottner :Mon cœur alsacien fait que je suis bien évidemment supporteur du Racing. Il fait partie de notre patrimoine sportif, ce club a marqué des générations entières. La force de ce club, c’est l’attachement de ses supporteurs à ses valeurs de combativité, de détermination et d’humilité. J’ai en mémoire le dernier titre de Champion de France, en 1979, dont je garde d’ailleurs le livre retraçant cette épopée. C’est aussi Dominique Dropsy, gardien de cette équipe, qui a suscité mon envie d’occuper ce poste dans mon club de foot. Le Racing est un véritable ambassadeur pour la ville, pour l’Alsace et pour le Grand Est.
Frédéric Bierry : Pour un Alsacien, le Racing est un phare. J’ai joué au foot quand j’étais jeune, et tous les gamins rêvaient d’y jouer ! Il y a une atmosphère et une ferveur particulières dans ce stade, notamment grâce à des supporters exceptionnels.
Et, bien sûr, comme l’ensemble de nos grands clubs alsaciens, le Racing est un élément d’attractivité majeur pour notre territoire.
Jeanne Barseghian : Initialement, le football ne fait pas partie de mes passions. Mais comment ne pas être conquise par l’engouement populaire qu’il suscite ? Et qui déborde largement le stade pour emplir toute la ville !
Y a-t-il eu unanimité de votre institution pour aider à la reconstruction du Racing ou avez-vous dû batailler pour convaincre ?
Roland Ries : Quand on parle d’argent public, il y a débat. Mais cela a vite fait consensus. Il fallait réparer cette erreur historique : Strasbourg sans son club, ce n’était pas envisageable. Je n’étais pas opposé à refaire le stade, mais ça a capoté, car nous ne pouvions porter cela seul, même avec la CUS et la Région. Construire le stade ailleurs allait à l’encontre de l’attachement du club et du public à la Meinau. On a tergiversé pour construire un nouveau stade sur l’ancien. Mais quand Nancy a été choisie pour le Mondial en 2016, la nécessité se faisait moins sentir.
On s’est donc orienté vers une modernisation, un choix que je comprends. Le choix de ne pas augmenter la jauge a été très discuté, mais ce qui est important, c’est d’avoir une équipe. Rien n’est pire qu’un immense stade sans équipe pour que les gens s’y précipitent…
Philippe Richert : Au niveau du Conseil régional, nous sommes tombés d’accord sans souci. Nous avons eu en revanche des problèmes avec les clubs de Colmar et Mulhouse qui réclamaient les mêmes subventions et ont eu des positions particulièrement acerbes à mon endroit. À l’époque, Colmar jouait en National, plus haut que Strasbourg en CFA2. Au moment du référendum pour l’Alsace en 2013, les deux présidents m’ont contré. J’ai alors rappelé que Strasbourg avait le profil pour remonter en L1, avec un projet. La présence de trois clubs en L1 ne me semblait pas justifiée. Aujourd’hui, on reprend sur de nouvelles bases et je suis très heureux, malgré les vents contraires, de ne pas avoir laissé le choix.
Robert Hermann : Avec Jean Rottner nous avons bouclé le dossier, et on a eu l’accord de tout le monde. Seul Yves Bur était défavorable à la dépense publique pour un stade. Mais c’est passé assez largement, grâce à Marc Keller. On est sur une période faste, avec une belle remontée, une attention particulière à une bonne gestion du club. C’était rassurant pour les collectivités et les partenaires.
Pia Imbs :Consciente du pouvoir fédérateur du sport, de sa capacité à créer du lien, j’ai toujours porté un soutien marqué aux clubs de sports, notamment dans la commune dont je suis maire. En tant que présidente de l’Eurométropole, mon attachement au club n’a pu que grandir. À l’heure du numérique omniprésent, il reste finalement peu d’endroits et d’occasions où l’on peut se retrouver pour partager ensemble, en
« Le Racing va s’enrichir d’une popularité nationale sans perdre son authenticité. »
Pia Imbs, présidente de l’Eurométropole
dépit de toute considération d’ordre social, identitaire, géographique, de tels moments de cohésion. Personne n’imagine Strasbourg, capitale européenne, ne pas disposer d’un tel club qui participe au rayonnement du territoire.
Jean Rottner : Mon cœur alsacien fait que je suis bien évidemment supporteur du Racing. Il fait partie de notre patrimoine sportif, ce club a marqué des générations entières. La force de ce club, c’est l’attachement de ses supporteurs à ses valeurs de combativité, de détermination et d’humilité. J’ai en mémoire le dernier titre de Champion de France, en 1979, dont je garde d’ailleurs le livre retraçant cette épopée. C’est aussi Dominique Dropsy, gardien de cette équipe, qui a suscité mon envie d’occuper ce poste dans mon club de foot. Le Racing est un véritable ambassadeur pour la ville, pour l’Alsace et pour le Grand Est.
JFrédéric Bierry : Pour un Alsacien, le Racing est un phare. J’ai joué au foot quand j’étais jeune, et tous
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« Ce club a marqué des générations entières. »
Jean Rottner, président de la Région Grand Est
Jles gamins rêvaient d’y jouer ! Il y a une atmosphère et une ferveur particulières dans ce stade, notamment grâce à des supporters exceptionnels.
Et, bien sûr, comme l’ensemble de nos grands clubs alsaciens, le Racing est un élément d’attractivité majeur pour notre territoire.
Jeanne Barseghian : Initialement, le football ne fait pas partie de mes passions. Mais comment ne pas être conquise par l’engouement populaire qu’il suscite ? Et qui déborde largement le stade pour emplir toute la ville !
Un petit topo descriptif des aides accordées depuis dix ans…
Robert Hermann : Les collectivités ont de tout temps abondé, je ne peux vous dire le détail, mais le foot c’est toujours un peu tabou. Mais quand vous regardez les autres clubs, notamment à Lyon dont le stade a été construit par des privés, Gérard Collomb ne voit pas les choses de la même manière… Le nouveau stade de l’OL, c’était aussi 18 km de voiries nouvelles, des circuits de bus… À Strasbourg, nous n’avons pas besoin de ça !
Pia Imbs : La Ville et l’Eurométropole de Strasbourg constituent des partenaires privilégiés du Racing. Le stade de la Meinau ainsi que les terrains d’entraînement annexés sont mis à disposition par l’Eurométropole pour assurer les différentes activités de la société et organiser les rencontres de football en contrepartie d’une redevance d’occupation raisonnable et d’un transfert progressif des charges.
L’EMS met à disposition le stade de la Meinau pour un montant de 480 000 € TTC et les terrains annexés au stade à la SAS RCSA pour un montant de 20 934 € TTC par an. Le soutien direct de l’EMS s’élève à un montant global de 1 000 000 € sous forme de subventions et d’achat de prestations depuis la saison 2017-2018.
L’Eurométropole assure également des charges de fonctionnement et d’investissement pour un total de 509 000 € en 2020. En additionnant subventions, marchés de prestation, charges de fonctionnement, charges d’investissement et soutien spécifique (parking), nous atteignons le montant global de 1 678 400 €.
Jean Rottner :Vous me permettrez de n’évoquer le partenariat entre la Région Grand Est et le Racing qu’à compter des dernières années soit depuis 2017
lorsque j’ai été élu à la Présidence de la Région Grand Est. Depuis lors, j’ai souhaité construire avec les dirigeants du Racing un véritable partenariat. Nous échangeons régulièrement sur les grands sujets transversaux de la vie du club, comme la formation, l’accompagnement des lycéens en centre de formation, les enjeux liés à la mobilité et à l’accès au stade…
Frédéric Bierry : Nous soutenons le Racing à hauteur de 300 000 euros par an avec un travail mené sur des actions spécifiques avec le club en direction de nos publics prioritaires. Cette année, nous allons d’ailleurs lancer une nouvelle opération pour les jeunes, que nous allons bientôt dévoiler.
Jeanne Barseghian : Les aides ont fluctué en fonction des hauts et des bas du club. Au plus mal, nos collectivités ont pris à leur charge les frais liés à l’utilisation des équipements, le stade et les terrains d’entraînement, mais aussi du Centre de formation. Quand le club a accédé à la Ligue 2, des travaux ont été réalisés et financés à hauteur de 1,3 M€ Ville et EMS confondues. Ensuite, en 2018, est arrivé le projet qui va connaître bientôt son dénouement, la restructuration et la rénovation du stade. Ensuite, il y a des subventions annuelles de la Ville liées à la réalisation d’actions sociales et d’autres prestations pour un montant de 800 000 euros annuels.
Heureux du résultat ?
Roland Ries : Oui. Nous n’avons pas une équipe de très haut niveau, mais une équipe qui joue au très haut niveau, grâce à Marc Keller et à son entraîneur qui ont réussi à insuffler un état d’esprit, avec des matchs joués à guichet fermé !
Philippe Richert : C’est extraordinaire ce qu’ils ont réussi à faire cette saison alors qu’ils ne font pas partie des budgets les plus hauts. L’entraîneur est formidable, au premier match perdu, il a rappelé aux joueurs qu’il y en avait encore 37 à jouer. Il positive, c’est un état d’esprit.
Pia Imbs :Je me félicite de cet esprit fédérateur du sport que les collectivités ont su capitaliser au travers de la rénovation de ce stade qui participe au rayonnement du sport de haut niveau. Un projet dont j’ai eu l’occasion de présenter l’avancement aux élus. Et je peux vous assurer qu’aucun d’entre eux n’est insensible à cette ambiance unique et J incomparable, toujours entre frissons et exaltation, qui vous suit tout au long des matchs du Racing.
« Le Racing aura à cœur de garder son âme. »
Frédéric Bierry, président de la CEA
Jean Rottner
Jean Rottner : Je suis satisfait des échanges positifs et constructifs que nous avons tissés avec les dirigeants et je suis surtout heureux de la réussite sportive que connaît actuellement le club. Gardons en mémoire la situation sportive et économique du club en 2012, au moment de sa reprise et félicitons-nous du chemin parcouru depuis et des choix pertinents qui ont été réalisés pour porter le club à son niveau actuel.
Frédéric Bierry : C’est une saison exceptionnelle et extraordinaire, comme l’a dit le coach Julien Stéphan. Mais ce que je veux retenir, c’est la progression de cette équipe, depuis les tréfonds du CFA jusqu’à rivaliser avec les plus grands clubs pour une place en Europa League cette saison.
C’est vraiment un parcours incroyable, qui vient récompenser le travail de tout un club.
Jeanne Barseghian : Évidemment ! Cette saison a permis au club de rivaliser avec les plus grands comme le PSG ou l’OM. Et cela lui donne un grand pouvoir : à grande notoriété, grande responsabilité. Aujourd’hui le Racing est en capacité de s’engager, d’être véritablement un modèle. Le Racing a la responsabilité d’user de son influence pour promouvoir des valeurs d’inclusion, pour lutter contre toutes les formes de discriminations, racistes, sexistes, homophobes. Pour encourager aussi à adopter un mode de vie, de déplacement qui s’inscrive dans la lutte contre le changement climatique. Les conventions annuelles ont été renégociées en ce sens : nous avons voulu inclure les objectifs de notre politique climat, qu’il s’agisse de mobilités ou de gestion des déchets.
Y a-t-il pour vous un moment marquant vécu au stade durant cette dernière décennie ?
Roland Ries : Un match épique face à Raon-l’Étape à Épinal. On jouait la montée en National. C’est là qu’a démarré l’ère Keller. J’étais dans les tribunes à côté du maire socialiste, dans un stade de campagne. Un match très tendu. On menait 3-0, le maire m’a J dit « Tu sais que c’est important pour nous ? » J’ai répondu « Pour nous aussi ! » Ils ont remonté à 3-2. La
J
tension montait, on ne s’est pas trop parlé !
Philippe Richert : Le dernier match pour la remontée en Ligue 2, cela s’est joué vraiment à pas grand-chose. C’était la libération, un vrai moment de partage, car ce n’était pas gagné d’avance !
Robert Hermann : Quand on gagne la Coupe de la Ligue ou quand on retrouve la première division, ce sont des grands moments de bonheur…
Pia Imbs :Je retiens tout particulièrement cette marée bleue composée de plusieurs milliers de supporters qui ont marché vers le stade le 14 mai dernier pour l’avant-dernière journée de Ligue 1. L’équipe a véritablement performé pendant tout le championnat.
Jean Rottner :Même si cette période a été difficile, j’ai en mémoire la ferveur des supporters lors des matchs de CFA et de National. Voir autant de supporteurs accompagner leur équipe à ce niveau fut très marquant. D’ailleurs les records de fréquentation en CFA et National de la Meinau sont toujours d’actualité.
Frédéric Bierry : Je me souviens de cette rencontre en 2018 où le Racing accueillait l’Olympique lyonnais. C’était la dernière journée du championnat, et Strasbourg jouait son maintien. Dans les toutes dernières secondes de la partie, grâce à un super coup franc de Dimitri Liénard, le Racing s’imposait 3-2 et décrochait son maintien en Ligue 1.
Jeanne Barseghian : L’incroyable match Racing-PSG qui, certes s’est terminé sur un score de parité, mais a été considéré par tous les supporters comme une victoire. Je crois que c’est à ça, aussi, qu’on mesure le talent : à l’optimisme de ses supporters ! Face à une équipe avec quasiment les trois meilleurs joueurs mondiaux, ils parviennent quand même à égaliser, c’était fantastique et l’am-
« Comment ne pas être conquise par l’engouement populaire que suscite le Racing ? »
Jeanne Barseghian, maire de Strasbourg
biance… cette ferveur… ce furent des moments inoubliables !
Vos espoirs pour l’avenir ?
Roland Ries : Mon espoir principal, c’est de ne pas retomber dans les travers anciens que j’ai connus. Les guerres intestines, c’est tout de même une spécialité locale, c’est vrai pour le foot, mais aussi pour la SIG !
Mais aujourd’hui, nous avons un président qui fait l’unanimité, qui ne se laisse pas emporter par l’enthousiasme, et qui est là quand ça va moins bien aussi. Enfin, j’espère évidemment un budget plus important pour renforcer l’équipe.
Philippe Richert : Mon seul soutien, c’est celui du citoyen qui adore cette équipe tant sportive que managériale. J’aimerais que l’aventure dure dans ce même état d’esprit et que l’on puisse jouer au niveau européen. Pour cela, il faut rester les pieds sur terre, comme le fait Marc Keller.
Robert Hermann : Si l’on peut jouer l’Europe… Après, à chaque fois qu’on est monté trop vite, le retour de bâton a été très sévère ! La construction doit se faire marche par marche. Mais les fondamentaux sont réunis, avec un club sur une belle trajectoire, une équipe dirigeante solide qui mène des discussions paisibles.
Pia Imbs :Pas d’espoir, que des certitudes. Celle des travaux du stade qui démarrent en automne et qui seront à la hauteur de l’équipe, des supporters et des exploits à venir. Je suis convaincue que l’exaltation de cette identité locale du Racing va s’enrichir dans l’avenir d’une popularité nationale encore plus marquée, sans pour autant perdre de son authenticité.
Jean Rottner :Je souhaite au club d’abord la meilleure réussite sportive. Que le Racing, comme cette année, puisse régulièrement jouer les premiers rôles en Ligue 1, qu’il retrouve aussi le parfum de l’Europe. Ensuite, que le club poursuive sa croissance économique. Je suis convaincu que la reconstruction du stade y participera.
Frédéric Bierry : On ne peut que souhaiter le meilleur au Racing ! D’abord de jouer chaque année au minimum le top 10 du championnat de France, afin de pouvoir asseoir ses bases sportives et économiques.
Ensuite de jouer régulièrement les compétitions européennes. Je pense aussi que le Racing aura à cœur de garder son âme, c’est-à-dire de rester un club populaire, ancré dans son territoire, qui reste aussi un club citoyen, engagé et au service de l’Alsace.
Jeanne Barseghian : Notre soutien, c’est bien sûr, un nouveau stade, et on a hâte de le voir achevé. Ensuite, je souhaite qu’on poursuive le chemin pris avec le club pour promouvoir des actions sociales, le sport féminin, le handisport, dans un souci d’équité territoriale et de cohésion. a