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RENCONTRE AVEC MICHAËL GERLOFF

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FRÉDÉRIC COLIN

FRÉDÉRIC COLIN

RENCONTRE AVEC MICHAËL GERLOFF Un nouvel exploitant pour la station du Gaschney

Quand les exploitants de la station de ski du Gaschney ont annoncé la fin de l’activité en 2019, Michaël Gerloff n’a pas réfléchi longtemps. Pour ce natif de la vallée de Munster, pas question de laisser tomber cette perle des Vosges. Il rachète alors la société et prend les rênes de la station. Au-delà d’un domaine skiable, c’est «l’âme du massif des Vosges» qu’il entend renouveler. Rencontre avec un montagnard aux idées neuves.

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PETITE STATION, GRANDE HISTOIRE

Installée au cœur du massif du Hohneck, la station du Gaschney connaît depuis quelques années une histoire rebondissante. En 2013, la délégation de service public n’est pas renouvelée au Ski Club du Hohneck qui l’exploitait. La station est alors fermée avant que la société « Gashney 360° » n’en récupère la gestion. Mais après quatre hivers faiblement enneigés, le Gaschney doit fermer ses portes à l’hiver 2018. Une situation que n’accepte pas Michaël Gerloff. « C’est un site qui n’a pas le droit de mourir ! » Pour ce professionnel de la montagne, reprendre le Gaschney est un projet de cœur. Le rachat de la société se fait sur ses fonds propres et les aménagements nécessaires ont pu être réalisés : installation des pare-neiges par la société et remise en conformité des téléskis par le syndicat mixte. Début novembre, chacun est prêt pour l’hiver !

LE GASCHNEY : L’ÂME DU MASSIF DES VOSGES

La réputation sportive du Gaschney n’est plus à faire. « Ce sont les plus belles pistes des Vosges ! Il y a de la pente et de la longueur ce qui est rare dans le massif ». En effet, les sept pistes affichent un engagement qui attire les skieurs à la recherche de sensations. « En une demi-journée, on en a vite plein les cuisses ! ». C’est aussi le challenge professionnel qui a charmé Michaël. Après 15 ans à la station du Schnepfenried, le montagnard avait envie d’autre chose. « Ici, c’est certainement le site le plus difficile à exploiter dans la vallée ! ».

La station du Gaschney

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Le vent fort du sommet sublime une partie de la neige et les pistes sont exposées au sud, il faut donc réussir à garder la neige au sol. Car au Gaschney, aucun canon à neige ne facilite la tâche. Le trentenaire précise avec malice que « le seul canon ici, c’est ma femme ! ».

Mikael Gerloff

‘‘Quelque chose est en train de changer, mais dire qu’il n’y a plus de neige n’est pas exact.’’

TOUJOURS EN ATTENTE DE LA NEIGE

L’enneigement est justement au cœur des préoccupations. À l’horizon 2080 et avec le scénario le plus pessimiste, les simulations prédisent une baisse de la durée d’enneigement de 60 à 85% en basse altitude ¹. Alors quel défi représente la reprise d’une station de ski de moyenne montagne aujourd’hui ? Pour Michaël Gerloff, il est trop tôt pour tirer des conclusions : « C’est dramatique parce qu’il n’y a pas de neige, mais c’est du déjà-vu. Depuis les années 1950 il y a des hivers sans neige. Mais depuis, on a investi tellement d’argent dans les stations que tout le monde a les yeux rivés sur l’enneigement »

En revanche, force est de constater « un décalage des saisons, un effet de tempête avec de fortes pluies mêlées de vent et des grandes amplitudes thermiques que l’on n’observait pas autrefois, … Quelque chose est en train de changer, mais dire « il n’y a plus de neige » n’est pas exact ».

LE TÉLÉSKI ÉCOLE GRATUIT ET LA SOUPE DU GASCHNEY

Faire tourner la station est donc un défi de taillemalgré « un réel engouement pour le Gaschney ! ». Alors pour marquer ce renouveau, la station met le cap sur une approche douce de la montagne en hiver. Le slogan a été modifié : « La station sportive» s’est transformé en « l’âme du Massif des Vosges». Le téléski d’apprentissage est rendu gratuit pour attirer les débutants « qui reviendront dans quelques années, j’en suis sûr ! » confie le gérant. Et un chalet-restaurant a été installé au pied des pistes pour proposer des douceurs comme la déjà fameuse soupe du Gaschney dont Michaël Gerloff garde jalousement la recette…

¹ Étude dirigée par Météo France, « Scénarios climatiques adaptés aux zones de montagne : phénomènes extrêmes, enneigement et incertitudes »

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