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The Pacific Northwest Magazine For the journey ahead
ELDOR ADO VERTICAL Escalade alpine et sportive dans l’État de Washington
ATELIER DU FUTUR D é ve lopp e me nt de pr o du it s c he z O utdo or Re s e a rc h
CAPITALE DU PLEIN AIR S e at t le p ou r le s fé r u s de sp or t e t de n atu r e
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dolomite.it
W E P L AY, W E K N OW À la question quelle idée de sortie le freerider professionnel et célébrité de la télévision Zack Giffin (portrait voir p. 26) donnerait à un ami qui viendrait pour la première fois dans l’État de Washington, il propose : « Fais une sortie en haute montagne dans la région des Northern Cascades – à couper le souffle ! Après la descente tu enfourches un VTT et tu avales les trails fluides dans la forêt tropicale. Arrête-toi vers une de nos rivières pittoresques, pêche un gros poisson et emporte-le en direction de la côte. Monte dans un kayak de mer et, au milieu des îles, cherche-toi un bel endroit sur une plage déserte ornée de bois flottant. Cuisine ton poisson sur un feu ouvert, régale-toi du ciel étoilé et du bruissement de la mer. » Pardonnons à Zack son omission de l’escalade sportive sur les formations rocheuses bizarroïdes de l’intérieur du pays, où le climat est très sec (reportage voir p. 36). Mais bon, de toute manière il serait impossible de tout citer. Ce qui peut vous paraître incroyable est juste la normalité chez nous. Découvrez-la sur les 47 prochaines pages. Nous adorons notre Pacific Northwest. Car il nous offre tout ce dont nous, sportifs outdoor, pouvons rêver. Et par cela nous entendons aussi le mauvais temps. Où il y a une forêt tropicale, il faut beaucoup de pluie. Où d’énormes bois flottants s’empilent sur les plages il faut de violentes tempêtes. Et où des champs de poudreuse incroyables entourent les sommets il faut des chutes de neige massives. Mais alors ! – vous croyez que c’est pour quoi que nous avons besoin de tout cet équipement sophistiqué pour nous protéger des éléments et se faire plaisir dehors malgré les aléas de la météo ?! Nous allons vous révéler à la fois comment de tels produits se développent et qui se cache derrière, ainsi que des astuces secrètes pour des journées inoubliables dans notre ville d’origine Seattle. Et si tout cela vous a donné envie, venez nous rendre visite ! Mais attention : le Pacific Northwest a un pouvoir addictif très poussé…
Impressum « The Pacific Northwest Magazine » est la revue client d’Outdoor Research Europe et paraît en allemand, anglais et français.
Concept, rédaction et mise en page outkomm gmbh Eichbergerstrasse 60 9452 Hinterforst, Suisse
Traduction Valérie et Yannick Bischoff, facesud sàrl E-mail : info@facesud.ch
Éditeur Outdoor Research Europe Route du Crochet 17 1762 Givisiez, Suisse
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c i f i c a The P w e st h t r o N
Plus quelques-uns partout autour du monde. Cet empire du café a commencé à Seattle. Le premier Starbuck a ouvert ses portes à la Pike Place Market en 1971. Le nom de l’entreprise a été inspiré par un timo nier nommé Starbuck dans le roman « Moby Dick ». Le quartier général de Starbucks ne se trouve qu’à un pâté de maisons de la centrale de Outdoor Research.
Vancouver
C’est ce que le volcan Mount St. Helens a perdu à l’occasion de son éruption en mai 1980. La population d’arbres détruite par cet événement aurait suffi pour construire 150 000 maisons en bois.
British columbia 14 Victoria
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C’est la rive côté Pacifique de l’Olympic National Park. Plus que n’importe où sur les côtes est ou ouest des USA.
06 C’est la hauteur qu’atteignent les sapins de Douglas à l’ouest de l’Olympic National Park. Quelques arbres y ont plus de 1 000 ans et comptent parmi les plus grands du monde.
Seattle
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Tacoma À Seattle et dans ses envi rons il pleut moins que ce que l’on pourrait penser. Les chances d’avoir du soleil en été à partir de mi-juillet sont très élevées. Le cumul annuel de précipitations est inférieur à celui de Houston, Chicago ou New York City.
Olympia
Washington
Être sportif est une évidence à Seattle. Pas étonnant que les premières patrouilles de police à vélo aient vu le jour ici.
Portland
Oregon Sont tombés durant l’hiver 1998 / 99 sur le stratovolcan Mount Baker (3 286 m) – un record du monde encore valable. Depuis le début des enregistrements en 1990 la moyenne annuelle s’élève à 16,84 mètres. Son copain 200 km plus au sud, le volcan Mount Rainier, n’est pas loin derrière avec ses 16,3 mètres de neige en moyenne. Les deux sont garants de descentes épiques dans la poudreuse.
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C’est l’âge estimé de J2, la plus vieille orque de Puget Sound, lorsqu’elle est décédée il y a environ un an. La population d’orques dans les eaux de Seattle comporte 78 individus. Ils étaient plus de 200 il y a 200 ans.
La tombe de Bruce Lee, légende des arts martiaux, se trouve dans le cimetière de Lakeview à Seattle. Juste à côté de lui, la tombe de son fils Brandon Lee. Les deux sont morts dans des circonstances très mystérieuses.
CONTENU
06 Reportage
14 Reportage
Quatre jours de solitude
Le sommet interdit
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Canada
Savoir-faire
Portraits
DÉVELOPPEMENT DE PRODUITS CHEZ OUTDOOR RESEARCH
Heather Hodson Gordon Hempton Zack Giffin Blaine Wetzel
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Sunnyside est l’endroit le plus sec. En moyenne annuelle il y tombe seulement 17,3 millimètres de précipitations.
Spokane
À Everett, une ville de 100 000 habitants, la loi interdit d’exposer une personne hypnotisée dans la vitrine d’un magasin. Un peu plus à l’est – à Wilbur – la loi ne permet pas de monter un cheval considéré comme laid.
Reportage
Dolce vita à San juan
Le quartier Medina à Bellevue sur la rive est du Lake Washington est une terre d’accueil pour les plus riches. On y trouve entre autres Jeff Bezos (fortune estimée de 100 mds de dollars) et Bill Gates (fortune estimée 90 mds de dollars). Si Gates n’avait pas régulièrement fait don de plusieurs milliards, sa fortune actuelle s’élèverait à environ 150 mds de dollars.
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Ceci et cela
C’est la quantité de pluie qui arrose chaque année les forêts vierges à l’ouest de l’Olympic National Park – environ six fois plus qu’à Hambourg. Ce sont d’ailleurs les seules forêts vierges dans les « Lower 48s », c’est-à-dire les États fédéraux américains, excepté l’Alaska.
46 Savoir-faire
Idaho
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Aventures & Cie
Reportage
Rock à l’ouest !
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City Guide Seattle
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Quatre jours de solitude Tex te et ph oto s C h r i st i a n P e n n i n g
Forêts humides, glaciers, lacs scintillants et cours d’eau sauvages. À un saut de puce de la m étropole de Seattle, se trouvent des itinéraires de randonnée dans les coins les plus r eculés de l’Olympic National Park. Fini l’agitation, fini la zone de confort, en route pour l’aventure. Une expérience inoubliable.
« Wow ! » Jaeger s’assied sur le sol caillouteux, appuie son dos démoli contre le sac à dos plein à ras bord, étire ses pieds et pendant un long moment, plus aucun mot ne sort de sa bouche. Sinon, cet homme de 27 ans ne s’est jamais laissé aller à la paresse. Le Grand Pass est non seulement le point culminant du trekking de quatre jours à travers l’Olympic National Park, c’est aussi un sommet sur le plan émotionnel. Jaeger, Joël, Dana et moi sommes en route depuis deux jours et demi : le long de torrents sauvages, à travers des forêts vertes luxuriantes, sur des arrêtes rocheuses, à escalader des arbres tombés à terre, à arpenter des montées raides comme une
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échelle vers le ciel. Des hauts et des bas entre une joie exubérante et les pires jurons. Et maintenant ce panorama : de petits lacs de montagne scintillent comme des diamants, des petits bosquets de tsugas ébouriffés par les innombrables tempêtes, des prairies d’un vert intense, le tout surmonté par des sommets qui donnent l’impression d’avoir été limés par le vent et les intempéries. Petit à petit, Jaeger retrouve la parole. « Si je devais trouver le paradis pour les randonneurs en montagne, je dirais qu’il est exactement ici. » Une nature sauvage avec accès à la métropole Depuis environ 36 heures, nous n’avons rencontré aucun être humain. Pour tant, la métropole de Seattle est à tout juste 80 miles d’ici. La vue sur la longue Grand Valley est fascinante et inquiétante à la fois. On s’imagine en effet facilement à quel point le chemin à parcourir est encore long et difficile. Deux jours auparavant :
Reportage Gourde pleine : les torrents et rivières de l’Olympic National Park constituent la réserve d’eau potable pour les randonneurs.
controns Shane, une randonneuse de Seattle. « En haut près du col, j’ai vu des ours » ; annonce-t-elle. Pas si étonnant, ils doivent se sentir incroyablement bien, si tranquilles dans les montagnes. Shane restera notre unique rencontre humaine de ce premier jour. parsemé de troncs carbonisés, le chemin s’enfonce depuis Deer Ridge dans une vallée fluviale d’un vert printanier. Nous sommes mi-juillet, mais au-dessus de la limite de la forêt, il reste encore de larges névés. Abeilles, bourdons et papillons virevoltent sans but apparent au-dessus des prairies. Quelques pensées aussi passent par là. Joie, appréhension. Parmi l’équipe fraîchement rassemblée, seuls Dana et Jaeger se connaissent. Les deux collègues de Outdoor Research, étant de la région, ont préparé ce tour. Les sacs à dos sont lourds. « Hey, pourquoi est-ce qu’on fait des choses pareilles ? fanfaronne Jaeger
ironiquement. « On pourrait aussi être sur une chaise longue avec un paquet de chips et un six pack de bière. » Est-ce que le temps passé en montagne nous rendra heureux ? Qu’estce qui nous attend dans la solitude ? Allons-nous nous étriper les uns les autres ? Questions qui recevront réponses dans les jours à venir. Loup, ours et démon intérieur Plus le chemin s’approche du fond de vallée et de Wolf River, plus la forêt devient verte et touffue : sapins ridés avec des barbes de mousse et dessous des lupins pour une touche colorée. Vers la rivière, nous ren-
Le sentier est maintenant plus plat. Jaeger et Joël, qui en tant que guide de montagne est aussi de la partie, imposent un rythme soutenu. Le début de l’après-midi est déjà là et une bonne partie de cette étape de 15 miles reste encore à faire. À plusieurs reprises, nous rencontrons des ponts en bois dont la largeur se limite à un tronc d’arbre et qui balance au-dessus d’eaux blanches bouillon nantes. Des arbres géants tombés à terre barrent le chemin. Avec un sac aussi lourd, cette course de haies est pénible. La transpiration perle sur nos fronts.
Lorsque les serpentins s’élèvent enfin au-dessus de la forêt, mon démon intérieur prend le relais : « Ras le bol de tout ça ! » Les premières heures, je n’avais pas remarqué à quel point le sac à dos était lourd : tente, matelas, vêtements pour la pluie et le beau temps, crampons, piolet, ustensiles de cuisine, matériel photo, bocal anti-ours et
Tout seul : camper au sein du parc national est auto risé sur certains terrains indiqués. Malgré tout, il est rare de croiser âme qui vive sur les itinéraires isolés.
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RANDONNÉE OLYMPIC NATIONAL PARK
nourriture pour quatre jours. Puis le jour décline : si cela continue comme ça, je serai malade comme un chien. Enfin, juste avant le dernier raidillon sous le Gray Wolf Pass, Joël donne le signal de monter les tentes. Vite la doudoune. Un vent glacial descend les pentes du col. Pas besoin de longs discours. Chacun est occupé à refaire le plein d’énergie. Aïe, quelle soirée outdoor « paradisiaque ». Les nouilles toutes prêtes me semblent fades. « Un petit supplément ne serait pas de refus… », ronchonne l’estomac. Dana, elle, n’arrive pas au bout de son curry de saumon. Bon, d’accord, c’est le paradis… les femmes peuvent être de véritables anges ! Dans les entrailles de la nature Le matin est glacial. Le sol est gelé. Le café fume. Les yeux collent. Après une demi-éternité, le soleil passe enfin par-dessus l’arête. Dégel. Même mon démon intérieur s’adoucit. Life is good ! Comme ça, même la montée au Gray Wolf Pass sur les névés semble de la rigolade. Plus bas, sur les rives de Dosewallips River les grillons chantent. C’est l’été ! « Ça fait que deux jours que nous sommes dehors, mais je me sens comme ensorcelée », s’emballe Dana. « Les odeurs, le toucher, tout ce que tu vois semble beaucoup plus intense… la chaleur du rocher, les duveteux coussins de mousse, le sel de la transpiration… le vent, les rayons du soleil, le parfum résineux des pins… ! Joël acquiesce. « Tu deviens un avec la Nature ». Seuls mes pieds refusent de faire partie de ce sensationnel et sans douleur Grand Tout. Après la montée au Lost Pass, ils exigent avec une véhémence douloureuse une pause médicale. Diagnostic : des ampoules sur toute la largeur du talon et de l’avant du pied, sans compter quelques ongles des orteils qui virent au bleu sombre. Pansements ! Advienne que pourra.
Improvisé : un simple tronc. C’est souvent le seul moyen de traverser les rivières et torrents.
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Derrière un filet: « Fuckin’ mosquitos… ! »
Reportage
« Yeah, we made it ! » Le premier grand col est atteint.
Mais même le tapis de fleurs composé de lys des avalanches qui recouvre les prairies du col a du mal à sembler doux à mes membres hyper sensibles. Au moins, la vue de ce paysage florissant console un peu. C’est d’ailleurs nécessaire car la montée reprend bientôt. Et elle est raide. Vraiment raide ! Le paysage devient pelé. Au Cameron Pass, on pourrait même produire un film documentaire sur la préparation d’une mission sur Mars. Descente ! Sur une petite hauteur au milieu d’un replat marécageux, Joël découvre une place de campement adéquate. Une petite horde de cerfs observent les yeux écarquillés à une proximité éhontée comment quatre extraterrestres lancent leur réchaud. Certains portent un voile en filet devant leur visage. Dana rigole :
« Mais les chochottes … pour quelques moustiques ! » – « Ils sont vraiment énervants », s’exclame Jaeger en tirant encore plus bas sa moustiquaire, « ça c’est le vrai confort de la vie en plein air ! » « La journée a été dure », pense Joël vidé. Tandis que la nuit tombe, il dirige sa lampe frontale sur la carte. « Et celle de demain promet d’être encore plus dure. Quatre cols. » Quelque chose a hurlé ? Un loup ? Non, ça devait être mon démon intérieur. Pour lui, les quelques pas jusqu’à la tente sont une torture. C’est comme si un ours l’avait envoyé voler contre un bloc de rocher d’un coup de patte d’une violence inouïe. Et puis… bonne nuit !
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Good morning, Olympic National Park ! – Zut, il est où le café ?!
RANDONNÉE OLYMPIC NATIONAL PARK Le printemps en été : derrière le Lost Pass, la nature a déroulé un tapis de fleurs de la famille des Liliaceae (Erythronium montanum).
Et même le tronçon le plus raide de n otre épopée j usqu’à l’Elk Mountain qui culmine à 2066 m ètres a certes été dur, mais n’était plus une torture. À la fin – une équipe soudée Y aurait-il eu un miracle pendant la nuit ? Peut-être est-ce simplement que hier soir l’esprit d’équipe s’est encore renforcé et que nous avons réorganisé la répartition des bagages. En tout cas, mon sac est maintenant plus léger de quelques kilogrammes. Du coup, le paysage autour du Moose Lake et du Grand Lake semble encore plus merveilleux sous le soleil.
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« J’observe cela souvent, explique Jaeger, après environ trois jours en pleine nature, tu passes à un autre mode. Tu t’es habitué à ce qui te semblait être de l’inconfort et tu commences même à l’apprécier. » Les rafales de vent à l’Elk Mountain me coupent presque la respiration. Malgré tout, personne ne se refuse quelques minutes de repos appuyé contre son sac à dos. « Ce n’est que quand du quittes ta zone de confort que tu grandis, proclame Jaeger. Les montagnes sont l’endroit idéal pour se donner chaque fois un nouveau coup de cravache sur l’arrière-train. »
Paradis vert : le long de la Gray Wolf River prolifère la forêt vierge.
L’Olympic National Park a été fondé en 1938 afin de placer sous pro tection de la nature le wapiti de Roosevelt, la forêt vierge et la côte du Pacifique. Depuis il est même devenu patrimoine naturel mondial de l’UNESCO. Le parc national offre une quantité d’itinéraires qui traversent des côtes sans routes, des forêts humides denses avec des arbres géants et sans âge, des glaciers autour de Mount Olympic et des régions alpines reculées vers l’est et que l’on peut combiner à loisirs.
www.nps.gov
National Geographic, « Olympic National Park », 1:100 000
Deux heures plus tard, les réchauds bouillonnent sur le campement. Dans un creux le long de l’arête, le vent s’est calmé. Jouant avec quelques bancs nuageux, le soleil descend. À l’horizon, le Pacific scintille. « Quelle soirée paisible », remarque Dana. Le plus gros est fait. Nous partageons les dernières provisions. Le soulagement se mélange à la fierté et au lien avec la nature. Les liens au sein de l’équipe se con solident de plus en plus. L’horizon s’embrase, tandis que la Grand
« Hiking Olympic National Park A Guide to the Park's Greatest Hiking Adventures », Erik Molvar Falcon Guides www.falcon.com
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Valley est engloutie par la nuit. Bras dessus bras dessous, nous sommes simplement là. Nous nous serrons. Quelque chose s’est passé pendant ces journées. Chacun d’entre nous a reçu un rappel d’amitié qui compte vraiment. Un amas de personnes choisies au hasard est devenu une équipe d’amis. C’est Dana qui finalement brisera le silence : « Ce voyage nous a soudés les uns aux autres. Nous avons tout vécu. Facile ou difficile ? Oui ! Chaud ou froid ? Oui ! Plat ou raide ? Oui ! Joël acquiesce : « Des expériences que l’on n’oublie jamais. Parfois, moins est encore mieux. » – « Mille fois mieux que la chaise longue ! jubile Jaeger. « Merci de m’avoir emmené… », dis-je, « … moi et mon démon intérieur ! » ←
Recommandation de Dana Wolf, Inventory Planner chez OR
Recommandation de Joël Koester, Instructor / Guide chez Kaf Adventures
Chaleur douillette
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« Parfaite pour la vie au campement après une randonnée ou pour la pause au sommet – la Deviator Hoody isole, protège du vent, évite les odeurs et permet de rester bien au chaud. La construction Hybrid-Mapping respire bien et permet d’éviter de se retrouver en nage lorsque l’action est exigée. »
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« Peu encombrants dans le sac et légers – les Men Foray Pants et Women Aspire Pants en GoreTex Paclite étaient le complément idéal aux vestes Hardshell. »
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GREAT STUFF
Recommandation de Jaeger Shaw, Social Media Coor dinator chez OR
Chaud et froid
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« Frais le matin, chaud à midi et à nouveau frais le soir. Pour les conditions variables de l’Olymipc National Parc, les pantalons respirants, légers et à séchage rapide Ferrosi Convertible Pants étaient le bon choix. Pour escalader les arbres tombés, le matériau élastique permettait toute la liberté de mouvement nécessaire. Si le soleil se fait trop violent, il suffit d’enlever les jambes. » Men Ferrosi Convertible PantsTM • Poids : 356 g • Tailles : S – XXL • Prix : EUR 120,– Women Ferrosi Convertible PantsTM • Poids : 293 g • Tailles : XS – XL • Prix : EUR 120,–
Recommandation de Christian Penning, journaliste & photographe
Recommandation de Dana Wolf, Inventory Planner
Tout temps
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« Même si au cours de notre périple dans l’Olympic National Park nous avons été épargnés par les pluies abondantes, nous avons apprécié d’avoir une protection fiable pendant la tempête à l’Elk Mountain. La veste en Gore-Tex Active Hardshell, légère, étanche, coupe-vent et aux coutures scellées fut parfaite. »
« Sur une randonnée de plusieurs jours, les odeurs peuvent être violentes. Grâce aux propriétés anti-odeurs du Ignitor Tee, cela n’était pas un problème même dans l’exiguïté de la tente. Même détrempé, il sèche en instant. »
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LE SOMM ET I NTERDIT Texte et ph oto s J ürg B usch o r
Le North Cascades N ational Park s’étend sur plus de 2043 kilomètres carrés. Que ce soit en été ou en hiver, le parc est un paradis pour les alpinistes qui cherchent l’authentique. Grimper au Forbidden Peak nous ramène à l’époque de l’exploration de l’alpinisme dans les Alpes.
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« Montons la tente », ordonne Martin Volken d’un ton qui ne laisse place à aucune contradiction. Martin semble avoir enregistré nos regards interrogateurs et ne tarde pas à nous donner une explication étonnante. « Je sais que la météo est suffisamment stable pour un simple bivouac. Mais ici ça grouille de marmottes qui ont déjà mis des camps entiers sens dessus dessous parce qu’elles cherchaient de la nourriture. » Avec un clin d’œil Jason ricane : « Ah, c’est donc ça que tu voulais dire en nous expliquant que les Northern Cascades sont un endroit sauvage ? »
Expérimenté, Martin Volken assure son client Jordan Deam dans une courte redescente – ensuite il ne reste plus que quelques mètres à gravir jusqu’au sommet culminant à 2687 mètres.
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Reportage
Accès par la forêt vierge – la sente des alpinistes n’est pas entretenue par les gardes-forestiers.
Esprit de pionniers Dans le North Cascades National Park on cher chera en vain réseau de téléphonie mobile, sauvetage par les airs en mode standby ou cabanes. Même les accès aux voies d’escalade ne sont pas entretenus par les gardes-forestiers. « C’est comme si l’on avait tourné la roue du temps de 150 ans en arrière. Comme à l’époque de l’exploration de l’alpinisme dans les Alpes », ajoute le guide suisse et ambassadeur pour Outdoor Research Martin Volken d’un air enthousiaste. Où que l’on regarde il existe encore des voies ou même des sommets qui attendent une première ascension. » Jason essaie, sans vraiment y parvenir, d’afficher d’une voix réprobatrice : « La liste des premières potentielles est nettement plus courte depuis que tu as déménagé à Seattle il y a trois décennies. » Martin sourit et réplique : « Bon, la liste de mes premières est relative-
« Ça m’a l’air pas mal… » – artin Volken vérifie une derM nière fois les prévisions météo avant de céder au sommeil.
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ment courte en comparaison de celle du Monsieur qui fut le premier à avoir mis le pied sur cette dent rocheuse. » Martin se retourne et pointe en direction du géant rocheux sombre qui se dresse au-dessus du camp de base au Boston Basin : « Fred Beckey a réussi la première ascension du Forbidden Peak en 1940 à l’âge de 27 ans. » La première grande réussite dans la vie de cette légende nord-américaine de l’escalade. Des glaciers jusque dans la forêt Nous avons monté la tente sur une des rares surfaces planes que des grimpeurs précédents ont libérée des cailloux. Nous sommes seuls ici, bien que l’arête ouest spectaculaire du Forbidden Peak fasse partie des 50 voies alpines classiques d’Amérique du Nord. Au maximum cinq zones par nuit obtiennent un Camping
ESCALADE ALPINE DANS LE NORTHERN CASCADES NATIONAL PARK
Permit de la part de la Ranger Station Marble mount. Malgré les prévisions météo idéales nous sommes les seuls aujourd’hui. Le dernier regard depuis l’intérieur de la tente est destiné à la face nord-est dramatique du Johannesburg Mountain de l’autre côté de la vallée. Cette face est visiblement verticale sur 1500 mètres. Avec 2499 mètres cette montagne n’est pas très haute, mais impressionne quand même : les glaciers suspendus dans ses flancs descendent presque jusqu’au fond de la vallée boisée. Grâce aux énormes quantités de neige des Northern Cascades, le recul des glaciers est très limité dans ces contrées.
La neige ancienne facilite l’accès à l’arête exposée.
La sonnerie stridente du smartphone de Martin nous sort d’un sommeil profond. « Quatre heures, jour du sommet », lance brièvement notre guide. Chacun sait ce qu’il a à faire et prépare son sac à dos sans dire un mot. 35 minutes et deux tasses de café plus tard nous quittons le camp. Les dents de nos crampons transpercent la surface de neige ancienne dure en crissant. Rapidement nous gagnons le pied de la face. « Magnifique ! » Martin est content des conditions qu’il trouve sur place car la neige monte encore presque jusqu›au col. « Ceci nous économise beaucoup de temps et d’énergie. Si les températures restent aussi élevées durant la journée qu’actuellement, toute la neige ancienne de ce ravin glissera sur la surface rocheuse et déboulera jusqu’en vallée ». Vingt minutes plus tard nous arrivons au col. De là, l’arête ouest marquée s’étire en ligne directe jusqu’au sommet. Martin a déjà enlevé les crampons et pointe vers l’ouest : « Là-bas se trouve le Torment Peak. De là, une arête exposée de 1,6 kilomètres arrive ici, la trazversée Torment-Forbidden. Un véritable classique, où l’on utilise à peu près toutes les techniques alpines. C’est exactement pour cela que dans la formation nord-américaine des guides de montagne les aspirants sont testés dans cette voie. » L’arête ouest du Forbidden Peak compte parmi les 50 classiques d’Amérique du Nord.
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Reportage
Descente en vallée – en face, le Peak Johannesburg Mountain avec ses flancs de glace serait un bon prétexte pour revenir.
Sommet sans signe
Au cours d’un long voyage, le Suisse Martin Volken s’est épris d’une femme et du Pacific Northwest. À 23 ans il a posé ses bagages à Seattle, a fondé une famille et ouvert un magasin de sports de montagne. En Suisse il a fait le brevet de guide de montagne. Depuis, il sillonne les Cascades et les Alpes avec essentiellement des clients nord-américains. Martin Volken a également signé de nombreuses premières dans des voies et sur des sommets dans les Northern Cascades. De plus, il s’est fait un nom en tant qu’auteur de livres et développeur de produits. Il est ambassadeur pour les marques d’Outdoor Research et impliqué dans le développement de produits. www.proguiding.com
Nous avançons à un bon rythme car nous ne perdons pas de temps à chercher le bon itinéraire. Le rocher est solide, adhérent et offre suffisamment de fentes et de béquets pour l’assurage intermédiaire et les relais. Même si les difficultés techniques restent dans le IVe degré (cotation nord-américaine 5.6), il est conseillé de ne pas relâcher la concentration. Sur ses deux versants, l’arête exposée tombe à pic sur plusieurs centaines de mètres. En direction du nord la visibilité devient de plus en plus laiteuse. De la brume ? « Ce sont les nuages de fumée des feux de forêt qui ravagent actuellement la partie est très sèche de la Cascade Range, nous explique Martin, rien d’extraordinaire pour un été chaud. Les Rangers ne com-
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battent pas ces feux tant qu’ils restent à l’intérieur du parc national et qu’ils ne menacent pas des personnes. » Une fois, les feux ont contraint Martin à faire demi-tour au Forbidden Peak comme il explique : « Il y a dix ans, la fumée était si dense au Boston Basin que même des jours plus tard l’eau potable avait encore le goût de fumée. » Aujourd’hui la question du demi-tour ne se pose pas – un dernier petit rappel puis une traversée de cinquante mètres jusqu’au sommet. C’est fait ! À nos pieds, une mer presque infinie de sommets, au sommet lui-même aucun signe de trace humaine. Pas de croix, pas de cairn, pas de livre, pas de canettes rouillées ni de papiers de barres énergétiques. Martin n’avait pas exagéré : c’est à cela que devait ressembler l’alpinisme dans les Alpes il y a 150 ans. ←
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« Le matériau AirVent doux et agréable sur la peau est perméable à la vapeur d’eau et à l’air, transporte l’humidité loin de la peau et sèche même pendant les pauses très courtes ou lorsque l’on fait une halte au sommet. Les manches raglan et les coutures plates empêchent les points de pression et la matière Polygiene Active Odor Control évite de manière durable la formation d’odeurs désagréables – pas sans importance quand je décide de partir plusieurs jours dans les Northern Cascades. » Men`s Echo LS ZipTeeTM • Disponible en cinq couleurs • Poids : 123 g (en L) • Tailles : XS – XXL • Prix : EUR 49,95 Recommandé par Martin Volken, guide de montagne et ambassadeur pour OR
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« Au Forbidden Peak il n’y a qu’une seule chose qui est interdite : le mauvais choix du matériel ! Mon astuce personnelle pour une telle escalade alpine est le pantalon extrêmement robuste Ferrosi Crag Pant qui dispose d’inserts en Cordura dans les zones particulièrement sollicitées. La combinaison des genoux préformés et du nylon Spandex, permet une liberté de mouvement inconditionnelle. Dans ce cas, l’effet hautement coupe-vent et déperlant ainsi que le placement futé des poches ne sont plus qu’un supplément bien venu. » • Disponible en 3 couleurs • Poids : 332 g (en L) • Tailles : S – XXL • Prix : EUR 120,–
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Aussi proche que possible de l’original humain. Nathan Jenkins suit scrupuleusement une vision de la fonctionnalitÊ maximale.
Bienvenue dans le royaume du chef-chercheur. Le « bureau » de Nathan Jenkins
LA QUÊTE DE FONCTIONNALITÉ Texte moritz becher / Photos lars schneider
Une marque qui intègre le mot « recherche » dans son nom est soit prétentieuse – soit authentique. Outdoor Research prend la d euxième option incroy ablement au sérieux. Des solutions toutes faites ? « Non merci ». Fonctionnalité ? « À fond ! ». Lancement sur le marché ? « Unique ment après avoir testé nous-mêmes les pro duits ». C’est ce que c onfirment les héritiers de Ron Gregg et un coup d’œil sur leur travail.
La main de Christian est posée sur le bureau. Les doigts sont encore arqués, comme si après avoir saisi une petite réglette, le temps n’avait pas suffi pour les détendre. Nous sommes au dernier étage du quartier général de Outdoor Research OR à Seattle. La main en mousse sur laquelle on peut lire en petits caractères noirs « Christian Folk » pointe vers le ciel. La vue sur les gratte-ciels et le paysage côtier est à couper le souffle. Au loin on distingue les sommets enneigés de la presqu’île d’Olympie et le sommet triangulaire du volcan Mount Rainier, 4392 mètres, semble avoir été dessiné par une main d’enfant. Qu’est-ce que ça doit être cruel, d’avoir en permanence un terrain de jeu aussi fantastique visible de la fenêtre de son bureau ! « Je trouve au contraire très inspirant », répond Nathan Jenkins d’une voie calme et posée, « de plus, j’ai le privilège que ma place de travail se trouve aussi de l’autre côté de la vitre. C’est mon centre de test. » Un large sourire communicatif se dessine sur son visage. Son royaume n’a rien à voir avec un
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bureau classique – c’est le mélange entre un studio de design, un entrepôt de matériel et le laboratoire de « Doc » dans « Retour vers le futur ». Une porte ouverte vers le futur des produits OR. « J’entrevois ici une grande partie de mes expertises. Rechercher des solutions en se lançant dans des sphères encore inconnues, rechercher puis trouver des solutions totalement inédites », pense Nathan. Ce qui ressemble à des technologies de l’espace ne signifie, dans la pratique, rien d’autre que suivre une philosophie claire : chez Outdoor Research, les innovations ne sont pas du prêt-à-porter, les designers cherchent, bricolent, trouvent et testent eux-mêmes. Et ce aussi longtemps que nécessaire jusqu’à ce que
SAVOIR-FAIRE
la veste, le gant ou la guêtre réponde vraiment aux exigences de départ. Nathan travaille depuis 14 ans chez OR et est un peu devenu le maître à penser en termes de fonctionnalité et de design. Les deux mots du nom de la marque sont les symboles des efforts de développement qu’il consent avec ses collègues, mettant leur créativité à profit – ensemble, mais aussi chacun indépendamment. Ils cherchent activement (« research »), et passent une bonne partie de leur temps libre dans la nature (« outdoor »). Ils testent le résultat de leur travail avec passion, autocritique et pour toutes les activités de plein air (« Outdoor Research »). La fonctionnalité, 1ère priorité
Des solutions toutes faites ? Non merci ! Pour un produit aussi ajusté que possible, il faut un modèle réaliste – ici, « la main de Christian »
Comment un produit voit-il le jour ? Peu importe qu’il s’agisse d’une nouvelle idée ou la mise à jour d’un produit existant : tout se base sur les besoins des sportifs amoureux de plein air. Les produits ne sont pas lancés simplement dans le but de vendre une collection. La question centrale est : de quoi l’utilisateur a besoin ? Comment pourrait-il vivre sa passion pour la nature avec encore plus de confort et de sécurité, sans devoir faire de concessions ni avoir de soucis à propos de son équipement ? Grâce à quelles modifications des produits et à quelles techniques de réalisation serait-il possible d’obtenir un résultat encore plus performant ? Lorsqu’une idée naît, Nathan et son équipe de designers commencent à modéliser, à coudre et à construire les premiers prototypes. Les facteurs à observer sont nombreux : forme, dynamique, propriétés et disponibilité des matériaux, procédés de fabrication – naturellement sans oublier l’esthétique. Fidèle à la volonté du fondateur Ron Gregg, la fonctionnalité est la pre22
mière des priorités, ce que confirme Nathan Jenkins : « Dans nos cœurs, résoudre les problèmes occupe la première place. Lorsque la solution a été trouvée, nous nous occupons alors de l’esthétique. » Concevoir des t-shirts et des vestes chics pour faire bonne figure sur la plage n’est pas son style – sauf si la promenade sur la plage se déroule à l’époque des redoutables tempêtes d’automne du Pacifique ou sur la côte en Patagonie. Une approche méticuleuse Concevoir des équipements fonction nels, d’autres fabricants le font aussi. Qu’est-ce qui différencie Out door Research des autres ? C’est la manière d’approcher les problèmes et l’authenticité. Pour illustrer ces propos, Nathan saisit la main en mousse de Christian. Lorsqu’il a recherché un modèle de main aussi réaliste que possible d’un point de vue anatomique, il s’est rendu compte qu’il n’existait pas vraiment de tels modèles. « Si l’on ne trouve pas la pièce qui nous convient parfaitement, nous trouvons un moyen de la construire », dit Nathan avec un regard semblant dévoiler que parallèlement à notre interview, il a envoyé la moitié de son cerveau non sollicitée par la discussion dans une machine à voyager dans le temps. Toutes ces expérimentations se déroulent dans sa « chambre de torture », une pièce close avec tous les outils modifiés, les stades intermédiaires des anciens prototypes du passé et ceux qui deviendront les produits haut de gamme du futur. Seuls quelques élus possèdent la clé de ce local. C’est ici que Frankenstein – euh Nathan – a reproduit la main humaine : celle de Christian Folk, le manager des Athlètes. Il est effectivement quelqu’un dont la physionomie de la main en termes de taille et de largeur représente parfaitement la moyenne. Parti d’un moulage en plâtre, il a ensuite réalisé une forme tridimensionnelle en mousse flexible, de sorte qu’il soit possible de reproduire les mouvements de manière aussi réaliste que
DÉVELOPPEMENT DE PRODUITS CHEZ OUTDOOR RESEARCH
possible. Il a ensuite passé dessus différents tissus susceptibles d’être utilisés pour des gants, dans différents ordres et avec des coupes différentes, passer le gant, ajuster, passer le gant, ajuster, méticuleusement. Chaque parcelle de tissu excédentaire, par exemple à l’intérieur des paumes lorsque l’on saisit un objet, a été retirée. Le processus a été poursuivi jusqu’à ce que le prototype suive à la perfection tous les mouvements des doigts. De nombreux autres fabricants de gants procèdent – en simplifiant – d’une main plate, éventuellement légèrement arrondie, dans un processus de design bidimensionnel. Mais hormis le tope-là au sommet, il n’arrive pratiquement jamais d’avoir la main à plat dans les sports outdoor. La préhension doit fonctionner de manière fiable même avec une protection contre le froid et les intempéries – sur le rocher, autour du bâton de ski ou de trekking, sur la pagaie, pour manipuler les fermetures éclair ou pour cuisiner. C’est ainsi que l’incubateur de produits de l’équipe de design de Nathan donne naissance encore et encore à des prototypes qui ont bien des chances de devenir votre vêtement préféré – peu importe qu’il s’agisse de gants, d’une veste, de pantalons ou de guêtres.
L’héritage de Ron Gregg
usine en Asie. Les produits sont à nouveau testés, modifiés si nécessaire, jusqu’à ce que le produit soit mûr pour la production et la vente. Mais à ce stade, l’évaluation n’est toujours pas terminée. « Lorsque nous recevons des feedback de la part de clients, nous prenons cela très au sérieux et vérifions naturellement si nous pouvons améliorer quelque chose », explique Nathan. Régulièrement, il explore la « RA Box » – la « Return Authorization Box » et évalue minutieusement à partir des retours sous garantie quelles usures et quels défauts ont été constatés. Les apprentissages que l’on peut en faire sont importants, car les clients OR bénéficient d’une garantie illimitée sur leurs produits. Quelle est la vision de Nathan pour le futur ? « Je travaille dur pour que nos produits deviennent les leaders absolus sur le marché en termes de design novateur, fonctionnalité et technologie de production. Il faut aussi briser le paradigme existant. »
Poursuivre et atteindre ce but est aux yeux de Nathan le plus important et le plus authentique objectif qu’une véritable compagnie outdoor ne doit jamais perdre de vue : « Nous n’imaginons pas comment les produits devraient être. Nous le savons, car nous en sommes également les utilisateurs. Oui, nous travaillons dans un bureau, mais nous faisons tous de l’alpinisme, de la rando à ski, de la cascade de glace, de l’escalade ou du kayak. Nous savons ce que doit pouvoir garantir un produit en conditions réelles et comment on l’utilise. C’est dans nos gènes. » Le projet le plus actuel de Nathan : développer une guêtre exceptionnelle pour toutes les aventures alpines. Elle est très légère, protège tout le pied du froid extrême et peut être passée par-dessus tous les genres de chaussures d’alpinisme. Un produit de niche, mais que Ron Gregg aurait certainement aimé et testé jusqu’à la nausée. Le fondateur et grand innovateur de Outdoor Research était fermement convaincu qu’un produit ne peut être amélioré que si on l’utilise encore et encore. C’est ce qui le faisait vivre – et aussi ce qui l’a tué. C’était en 2003 – l’année ou Nathan Jenkins a commencé à travailler pour OR. ←
Du laboratoire à la pratique Lorsqu’un prototype a subi avec succès les tests de laboratoire, l’épreuve décisive arrive. Nathan et ses collègues sortent dans l’infini du centre de test du Pacific Northwest : randonnée à ski, cascade de glace, VTT, kayak, escalade à n’en plus finir. Naturellement, les athlètes professionnels de l’OR-team sont également impliqués. Les modifications suggérées sont directement apportées au produit. Et, finalement, des modèles sont réalisés en préséries. Ceci se fait soit dans leur propre atelier de production, un étage plus bas, où un personnel qualifié équipé de machines spéciales réalise de différentes manières les étapes de fabrication les plus complètes, ou alors en sous-traitance dans une
Le chef du département Innovation Design fait penser à Laurence Fishburne dans Matrix – et pas que visuellement. Même pendant qu’il parle, on a l’impression que la deuxième moitié de son cerveau travaille en parallèle à de nouveaux produits.
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Portrait Heather Hodson
P Ê C H ER POU R SON ÂM E Texte Christian Penning / photo Eric Neufeld
La pêche à la mouche est sacrément attractive. Heather Hodson, fondatrice du projet « Spokan Woman on the Fly », en est le meilleur exemple. L’histoire d’une vie qui ne peut exister qu’au Pacific Northwest. Sportive, des tresses blondes, un sourire éblouissant, Heather Hodson pourrait figurer sur la couverture d’une revue de sports outdoor ou de sports féminins. Mais Heather est différente. Cette multitalent de Spokane (WA) préfère dépenser son temps pour un loisir dont les amateurs ont en moyenne 65 ans et qui, une fois dans leur pantalon ciré, ressemblent plus à des bonhommes Michelin qu’à des athlètes modèles. Elle est une femme qui ne veut être classée dans aucun tiroir. Heather est une pêcheuse à la mouche avec la peau et les os – et de plus, vététiste, coureuse de marathon et infirmière aux soins intensifs. « Je suis née avec de l’eau de rivière dans mes artères », raconte Heather avec un clin d’œil. « Mon papa était guide de chasse en Alaska et mon oncle y possédait une grande Sport fishing Lodge. J’ai grandi dans une famille outdoor à Bush Paraire, environ 30 kilomètres au sud du Mt St Helens. À l’est les chutes d’eau du Columbia River George, à l’ouest la côte pacifique. » Avec un tel pédigrée et un tel environnement il est finalement impossible de devenir autre chose qu’accro à la vie et aux sports outdoor. « La pêche à la mouche fait du bien à l’âme ! » remarque Heather, lorsqu’elle décrit les merveilleux paysages fluviaux dans lesquels elle a fait des excursions de pêche dans le monde entier. Cela fait maintenant dix ans qu’elle a commencé. Elle avait une idée de la pêche, mais aucune idée de la pêche à la mouche. Ça n’a pas tardé à changer.
mêmes. Bullshit ! Chacun peut pêcher comme il veut pour autant qu’il se comporte de manière respectueuse envers les poissons et la nature. » Que ce soit avec une canne à deux ou à une seule main, avec une mouche sèche ou mouillée ou avec un autre appât, peu importe. L’essentiel est de se faire plaisir !
Aujourd’hui ses pensées tournent presque sans arrêt a utour du cycle de vie des éphémères, de nouvelles formes de pêche ou de sa prochaine escapade de pêche. « Je vis, je respire et je rêve de la pêche à la mouche », dit-elle. Cela fait un moment déjà qu’elle travaille en tant que Flyfishing-Guide pendant ses loisirs. Durant les cours et les séminaires elle initie des centaines de femmes aux joies de la pêche à la mouche ou encadre des cours sur le montage des mouches et sur les méthodes de capture r espectueuses (« kiss and release », #keepmewet). Spokane Women on the Fly (SWOFT) se nomme son projet qui prend maintenant une envergure internationale. United Women on the Fly (UWOTF) est l’équivalent au niveau international avec qui permet à Heather de mettre des femmes en relation qui souhaitent en apprendre plus sur la pêche à la mouche. Heather sait par sa propre expérience combien le chemin pour la première capture peut être semé d’embûches. « La pêche à la mouche a toujours quelque chose d’élitiste. Il y a encore trop de défenseurs qui critiquent et se moquent de ceux qui ont moins d’expérience qu’eux24
Pour Heather, la pêche à la mouche est l’équilibre parfait avec son travail stressant en tant qu’infirmière aux soins intensifs. Un jour de travail, son réveil sonne le matin à 3 h 45. Café, e-mails, médias sociaux. 4h 25 : course de montagne avec une copine tout aussi folle ou fitness. À 6h 30 elle se rend à l’hôpital. À 19h 30 elle revient à la maison. À 21 h 00 elle est prête à se coucher. Les jours de congé, le calme et la solitude au bord de la rivière sont donc bienvenus. Elle aime tout particulièrement lancer l’appât avec d’autres femmes ou son compagnon Ryan. Ryan … l’histoire de Heather ne serait pas complète sans parler de sa plus grande prise. « C’était en Alaska, raconte-t-elle. J’ai repéré un magnifique poisson qui n’arrêtait pas de sauter, pour finir il a mordu. La bataille pouvait commencer. Par moments dans une eau profonde jusqu’aux hanches, parfois sur la rive, je l’ai suivi sur 300 mètres, je suis tombée deux fois, je tentais malgré tout de garder la ligne tendue. Pour finir, Ryan, un Fishing Guide, m’aida à le tirer au moyen de la truble. Ryan et moi, on s’est regardé et à cet instant, j’ai su que cet homme serait ma plus belle prise. » ←
Portrait gordon Hempton
LE SON DU SILENCE Texte et photo Christian Penning
Quel est le son du silence et quel est son effet sur nous ? Gordon Hempton a consacré sa vie à saisir acoustiquement et à sauvegarder le calme de la nature. En bordure de l’Olympic National Park – un des endroits les plus calmes du monde – il raconte à quel point l’absence de bruits d’origine humaine est importante pour le corps et l’esprit. Chargé d’un enregistreur, Gordon Hempton sillonne la forêt humide de Hoh, dans l’Olympic National Park. Il se donne beaucoup de peine pour faire le moins possible de bruit d’origine humaine. Fritz est à ses côtés. Sur la tête de Fritz, on compte encore moins de cheveux que sur celle de Gordon. Sa tête ne repose pas sur un corps bien e ntraîné comme celui de Hampton, mais au bout d’un trépied. « Fritz » est un microphone, enveloppé dans un crâne de plastique, au bout d’un tube plastifié ayant bien roulé sa bosse et qu’un loup aurait mordu par le passé. « Fritz » a été conçu pour analyser l’acoustique des salles de concerts. La Benaroya Symphony Hall de Seattle est pour les fans de musique ce que la nature est pour Gordon. Un ruisseau gargouille, un troglodyte mignon fredonne, une corneille croasse, le tout enrobé du doux bruissement du vent dans les cimes des arbres.
Déjà récompensé par un Emmy Award, il livre des bibliothèques sonores à de grandes entreprises comme Microsoft et travaille avec des scientifiques renommés. Mais même au plus profond de la nature, il est extrêmement rare que Hempton parvienne à saisir des documents sonores dans lesquels n’apparaissent que des sons d’origine naturelle. Gordon dresse l’oreille, puis secoue la tête. Songeur, il constate : « La p ollution sonore est tout aussi néfaste sur l’homme et les animaux que toute autre forme de pollution. » À écouter Hempton, on a un peu l’impression qu’il décrit une religion, ou au moins une conception du monde. Si l’on écoute la nature en sa compagnie, cette impression se renforce : sa mission répond effectivement à un des besoins élémentaires de l’homme. « Écouter ce que la nature a à nous dire a un effet apaisant, d’ouverture et de connexion à la terre ». Hempton
Depuis plus de 35 ans, Gordon Hemp ton entreprend régulièrement des excursions de souvent plusieurs semaines afin de rechercher le son originel et pur de la nature, sans aucune empreinte sonore humaine.
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donne des cours pour l’Olympic Park Institute comme « la joie d’écouter ». « Petit à petit, les gens veulent que leurs vacances soient plus que juste un joli hôtel et de la bonne bouffe. Ils veulent vivre des expériences intenses et apprendre à se connaître soi-même. » Gordon lève doucement la tête et regarde le ciel à travers la couronne des arbres. On entend comme un tonnerre lointain. Un avion s’approche. Même le cœur de l’ONP n’est pas exempt de pollution sonore. Mais Gordon est en bonne voie pour que ce parc national soit déclaré premier « Quiet Park » du monde. Il identifie les avions et écrit ensuite à la compagnie aérienne. « Éviter le parc national coûte moins d’une minute de vol à la compagnie aérienne et le surcoût par billet est inférieur à un dollar », calcule-t-il avant de poursuivre : « Nous avons droit au silence, tout comme la Nature. Sur cette planète, nous sommes à l’aube de défis immenses. Mais je suis certain que les solutions pour y parvenir existent déjà. Elles passent par le silence. Nous devons juste être à l’écoute. » ←
Portrait Zack Giffin
Vivre le maximum av e c l e m i n i m u m Texte moritz becher / Photo lars schneider
À un âge où de nombreux sportifs d’élite ont déjà terminé leur carrière, celle de Zack Giffin ne fait que commencer. Peut-être justement parce qu’il n’a jamais vraiment eu l’intention de devenir freerider professionnel. Et pas non plus une star de la TV. Aujourd’hui il est les deux – et il ne manque pas de projets.
Lorsque Zack Giffin se trouve face à vous, vous ne penseriez pas que cet homme de 37 ans puisse être un des meilleurs skieurs de Big Mountain des États-Unis et également une star de la TV. Il n’est pas pour autant une vedette. Peut-être parce qu’il se moque autant de la gloire et du statut que des propriétés opulentes. Pendant plus de trois ans il a vécu sur quelques mètres carrés sur roues, à la recherche de descentes géniales dans la poudreuse, et de pairs, des « Soul-Shredder », comme il les appelle. Des gens qui n’ont fichtrement rien à faire de la célébrité, mais qui partagent simplement la profonde passion du bonheur sur deux lattes dans la poudreuse. Revenons en arrière : Zack grandit au Colorado, un paradis de neige poudreuse sèche. De grands sommets, des pentes raides, du ski Big Mountain, voilà ce qui le titille le plus. À 18 ans il entreprend une escapade en Colombie-Britannique, dans le Canada voisin. Les locaux lui soufflent un secret : « Que je devais me rendre au Mount Baker dans l’État de Wash ington, c’est là que j’allais trouver ce
que je cherchais. » On était en 1999, l’année durant laquelle le volcan haut de 3286 m se voit recouvrir d’incroyables quantités de neige fraîche – 30 mètres en une saison, un record du monde encore inégalé. « Lorsque je suis arrivé, il a neigé plus d’un demi-mètre de neige fraîche chaque jour pendant deux semaines. Un lieu tiré d’un conte de fées. » Zack tombe amoureux de la région, revient hiver après hiver et décide finalement de migrer son centre de vie définitivement dans la ville côtière. « Je n’avais pas d’appartement, je ne connaissais personne mais j’avais un travail et un camping-car. C’était la belle vie. » Pendant la semaine, il construit des maisons en bois en tant que charpentier, les week-ends il enfile ses skis. Lorsqu’Outdoor Research entend parler d’un type complétement inconnu qui, devant leur porte, trace les pires pentes, ils sautent sur l’occasion. Ils proposent à Zack un contrat de sponsoring. Ce dernier hésite d’abord, avant d’accepter. À 29 ans il devient professionnel. « Je voulais simplement éviter qu’à 80 ans je me demande ce que ça aurait donné si je l’avais essayé. » Lorsqu’à son sponsor il parle de l’idée de se construire un habitat mobile et de parcourir les stations de ski américaines à la recherche de personnes authentiques et partageant la même passion (les « Soul-Shredder » locaux), ce dernier n’hésite pas une seconde. Il devient vite clair : « Pour cela ils ont besoin d’une option vraiment cool, d’une pièce unique. » Le sponsor est enthousiasmé par la proposition de Zack de se construire 26
sa propre Tiny House. Mais le temps presse. Pendant sept semaines, 14 heures par jour, sept jours sur sept, ce charpentier travaille avec des amis pour se construire sa propre maison sur roues. Vient ensuite le temps pour « Tiny », petit nom qu’ils ont donné à la coquille d’escargot, de faire son grand tour de trois ans et de plusieurs centaines de milliers de kilomètres. À un moment donné Zack reçoit un coup de fil d’un ami. « Salut, il semblerait qu’ils cherchent quelqu’un avec exactement ton profil à la télé. » Les réalisateurs d’un show télévisé mettaient sur pied un casting pour trouver des personnes avec un certain flair manuel, qui ont déjà construit leur propre Tiny House et qui y ont vécu – et, idéalement, qui ont de l’expérience devant la caméra. « Me voilà tout à coup propulsé comodérateur de ‹ Tiny House Nation ›. » Une star TV. Depuis, il a construit plus de 75 micro-maisons. Mais derrière tout cet engouement médiatique sur la tendance des Tiny-Houses, il voit un message important : « Nous devons rapidement engager une discussion sur comment nous vivons réellement. Car nos idées de prospérité ne sont plus compatibles avec le futur. Partout dans le monde le clivage richespauvres s’accentue encore et fait glisser la majorité de la population dans des situations de détresse. » Zack nous a déjà démontré comment il est possible de vivre modestement tout en maximisant l’épanouissement. ← Le film sur la Tiny House de Zack peut être visua lisé sur Vimeo: https://vimeo.com/53613105.
Portrait Blaine wetzel
L E C Œ U R AU B O U T DE LA LANGU E Texte moritz becher / photo lars schneider
Dans un ronflement bruyant, le petit ferry accoste sur Lummi Island, 170 kilomètres plus au nord de Seattle. Un monde de rêve à portée de main. Sur la gauche, après cinq kilomètres et demi pittoresques, on arrive au Willows Inn – juste en face de Sunset Beach. C’est là qu’un des meilleurs cuisiniers du monde célèbre son art et sa recherche de perfection absolue. Il a fait ses armes dans les plus célèbres enseignes culinaires, comme le restaurant Noma à Copenhague qui a été élu quatre fois meilleur restaurant du monde. Nous sommes en fin de matinée. Derrière la douillette pièce avec cheminée et armoires d’épices aux odeurs subtiles, on s’active sans ménagement dans la cuisine. Des personnes vêtues des traditionnels costumes de cuisiniers d’un blanc éclatant nous saluent amicalement malgré la hâte. Soudain il est là : Blaine Wetzel. À première vue, il est si discret et jeune que l’on a du mal à s’imaginer qu’il s’agit effectivement d’une star de la cuisine. Il a 31 ans. Visiblement, se retrouver au centre des projecteurs ne lui est pas agréable – ce qui nous le rend immédiatement sympathique. Mais sa passion pour sa philosophie de la cuisine délie rapidement les langues. Car celui qui vient déguster un repas au Willows Inn ne vient pas juste pour, comme on dit, bien manger. « Mon but est de faire découvrir à mes hôtes la région au travers d’ingrédients sauvages locaux et de spécialités
trouvées sur cette île ou dans les eaux avoisinantes. » Une visite guidée avec le palais. Grâce à son art de la préparation et à des ingrédients particuliers, il apprête ce que le pacifique lui livre. Une de ses spécialités est le saumon fumé à froid pendant des heures dans différentes variantes. Il n’a pas besoin de l’acheter. « Nous avons un pêcheur qui le pêche en mer pour nous selon une méthode particulièrement respectueuse ». Les légumes et les herbes sont cultivés dans leur propre ferme, non loin du restaurant. Sa source d’inspiration pour ses créations est la vie sauvage, la marche et la nage. Chaque jour, il saute dans l’océan, uniquement vêtu d’un short de bain. Malgré les eaux glaciales, il y nage des kilomètres en style libre. Le Willows Inn est vieux de 106 ans. En peu de temps, depuis que Blaine Wetzel y dévoile ses capacités culinaires, le petit bistrot de l’île s’est transformé en un des bons plans les plus tendance de toute la côte ouest. Est-ce qu’il était prévu d’atterrir ici un jour ? « Non, c’était un hasard ». Dès l’âge de 14 ans, Blaine, qui est né et à grandi à Olympia, une petite ville de 50 000 habitants au sudouest de Seattle, passe avec plaisir beaucoup de temps à la cuisine. Sa famille aime passer du temps dans la nature, récolte des baies, des champignons et des herbes. Ce fut l’élément déclencheur de la passion que cultive Blaine pour la cuisine sauvage. Après un apprentissage de cuisinier dans 27
différents endroits des Etats-Unis, il poursuit sa carrière en Allemagne puis dans le fameux restaurant Noma de Copenhague. Malgré l’univers captivant de la Haute Cuisine, ses terres d’origine lui manquent et il décide de revenir. « Les îles, les montagnes, les forêts, les rivières, les animaux, les plantes tout est si particulier et beau ici ». Par hasard, il découvre sur un site de petites annonces une offre d’emploi de cuisinier à temps partiel sur Lummi Island, un coin de terre qu’il ne connaissait pas. « Lorsque j’ai vu et surtout senti cet endroit, j’ai su que je me trouvais dans un lieu particulier avec un énorme potentiel. » Mais ce n’est pas tout, il se trouve que le propriétaire veut également se séparer de son affaire – ils tomberont rapidement d’accord. Aujourd’hui, les hôtes doivent s’y prendre jusqu’à trois mois à l’avance pour réserver une des tables si courtisées. Il faut dire que Blaine aime servir et expliquer personnellement ses plats. À la question si le Willows Inn lui a permis de réaliser ses rêves il répond : « Oui – mais je trouve important de continuer à avoir des rêves, même les plus fous. J’ai 31 ans, il y a encore bien de la place pour de belles idées et des oportunités passionnantes. » ←
www.willows-inn.com
Blaine Wetzel a élu domicile sur la petite île paisible de Lummi. Son royaume : le restaurant gastronomique Willows Inn. Son savoir-faire : appris dans les meilleurs restaurants de la planète. Son garde- manger : le Pacifique. Ce qui l’a conduit là-bas : le hasard. Une histoire de cuisine peu commune.
SALISH SEA : L E B O N H E U R D E S PA G AY E U R S
D O L C E V I TA À S A N J UA N
Texte moritz becher photos lars schneider
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KAYAK DE MER JUAN ISLANDS
Bien sûr, le ferry vers les San Juan est meilleur marché. Mais en y arrivant par hydravion, il est possible de contempler la beauté du Puget Sound depuis les airs.
L’archipel de San Juan Islands est un bonheur pour les pagayeurs. 172 îles et récifs se côtoient dans le détroit du Pacifique situé entre Vancouver Island au Canada et la côte de L’ÉTAT DE WASHINGTON. Une e xcursion entre spectacle 100 % naturel et cuisine outdoor épique. « Vite ! Venez ! Dépêchez-vous ! » Au loin, Christian s’agite et nous fait signe. Nous prenons nos jambes à notre cou, accourons vers lui a ussi vite que le terrain rocailleux le permet. C’est là que nous les décou vrons : quatre ou cinq épaulards labourent les vagues. Ils apparaissent à intervalles réguliers, soufflent l’air vicié, disparaissent à nouveau dans le bleu profond. Leurs longues nageoires dorsales noires sont clairement visibles. « Nous avons beaucoup de chance, explique Christian, ils ne sont visibles que très rarement dans cette région. » Nous sommes à l’extrémité nord de la McConnell Island, au centre de l’archipel des San Juan Islands. C’est le cœur de l’été, juillet, les températures oscillent autour des 27 degrés – et nous sommes en train de vivre le plus « horrible » voyage professionnel que l’on puisse imaginer : Meghan, Nathan et Christian d’Outdoor Research nous ont invités à les accompagner sur une de leurs excursions test. En collaboration avec Tom, dont l’entreprise propose des escapades en kayak dans l’archipel, 29
nous passons trois jours sur un des derniers territoires américains avant la frontière maritime avec le Canada. Quand les kayaks deviennent des cargos Revenons en arrière : la veille au matin nos six kayaks de mer se trouvent à Kansas Cove, à seulement quelques minutes en voiture de Friday Harbour, le centre idyllique des San Juan Islands. À côté : des caisses pleines de nourriture fraîche, du vin, de la bière, des nachos et autres ustensiles de cuisine. Le regard sceptique de Lars est immédiatement contré : « Don’t worry, dit Tom, nous arriverons à caser tout cela très facilement dans les kayaks. Vous seriez bien les premiers à perdre du poids sur une de mes excursions. » Trente minutes plus tard nous quittons la baie tranquille en passant devant Turn Island pour nous rendre dans le San Juan Channel. Le moment est bien choisi, la marée s’écoule avec un bon débit et des vagues en direction du nord-ouest. Nous sommes au cœur de la Salish Sea, comme l’on dénomme la zone maritime entre Vancouver Island au Canada et la terre ferme de Washington State. « Selon une étude nationale actuelle, les indigènes figurent à la première place de tous les ÉtatsUnis pour ce qui concerne la qualité de vie, la santé physique et mentale », raconte Tom, tandis que nous voguons le long de la côte ouest à la fois abrupte et verte de Shaw Island. « Je suis arrivé à San Juan par hasard grâce à une copine du collège. » Il avait commencé à travailler dans
Reportage
« Vous seriez bien les premiers à maigrir pendant mes excursions. » Tom Murphy, guide kayak, n’est pas seulement un pagayeur chevronné mais aussi un cuisinier hors pair.
ghan sur un ton très sérieux. Nathan a failli avaler un morceau de travers. « Juste, renchérit-il, mais, malheureusement, nous sommes obligés de tester l’équipement abondant que nous développons. » « Qu’en pensez-vous : si nous reportions le dessert à plus tard autour d’un feu de camp et que nous allions pagayer au coucher du soleil ? », propose Lars le photographe. « La lumière est géniale. » Il ne faut pas plus d’une seconde pour nous persuader. Le vent et la houle se sont complétement endormis, les kayaks glissent tels des patins sur la surface lisse. Dans la lumière du crépuscule, les troncs des nombreux Pacific Madrone Trees (N.D.T. arbousier d’Amérique) brillent d’un rouge intense. Le soleil se couche gentiment pour disparaître entièrement derrière les montagnes Olympiques. Quand il ne reste plus qu’une lueur dorée nous rentrons au camp. Christian a déjà lancé un bon feu. Au milieu de la braise une casserole noire en fonte. « Dessert ! »,
l’entreprise Outdoor Odysseys en tant que guide kayak, puis, il y a quelques années, il a repris l’entreprise. « Je suis un amoureux du kayak de mer – et j’adore emmener les gens ici. » Ce n’est qu’en hiver lorsque le climat devient trop désagréable qu’il part dans les montagnes pour s’adonner à la randonnée à ski. « Je profite simplement de tous les avantages que l’État de Washington peut nous offrir », explique-t-il avec un large sourire. Le meilleur du glamping Au bout de trois heures de surf sur la houle à travers les îles nous atteignons l’extrémité sud de Jones Island, un State Park avec une des plus belles places de campement publics de l’archipel. Prudemment nous tirons les kayaks sur la plage de galets et cherchons un chemin à travers le bois flottant. Les troncs des tempêtes de printemps et d’automne qui y ont été déposés avec le déferlement de la houle se sont entassés tels des bâtons de Mikado. En un tournemain les hamacs sont installés entre douglas, aulnes, arolles et cèdres. Des terrains de camping avec une vue dont les cabanons 5 étoiles ne peuvent que rêver. Le repas prévu par Tom peut d’ailleurs rivaliser avec ces hôtels : sur une nappe noire se dressent des salades multicolores, tacos, limettes et des filets de perches de mer encore chauds, le tout accompagné de vin rouge. « Journée de travail affreusement dure aujourd’hui », lance Me-
En haut : Explore & enjoy – Meghan s’est approprié la balançoire en bois flottant. À droite : pagayer au coucher du soleil et sans vent. Si la lumière pouvait rester éternellement ainsi…
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KAYAK DE MER JUAN ISLANDS
Garés à l’abri de la marée. Mais les canots sont remplis à ras bord de délicatesses et nécessitent donc que tous mettent la main à la pâte pour les déplacer.
répond-t-il à mon regard interrogateur. « Crumble aux baies. » « Cafféé ! » Tom a vraiment compris comment soigner ses clients. Cet élixir de vie est accompagné d’œufs brouillés et de lard, de petits pains, beurre et confiture. Meghan et Nathan doivent malheureusement déjà rentrer aujourd’hui, leur place de travail indoor les appelle. « Nous nous reverrons à Seattle », nous lancent-ils avant de partir en direction de Friday Harbour portés par la marée. « Nous pourrions aller nous balader un peu autour des îles aujourd’hui, non ? » propose Christian. Peu après, nous donnons un premier coup de pagaie pour nous éloigner de la rive. Du soleil devant, le vent dans le dos – le bonheur des pagayeurs. Nous passons les îles Reef et Crane. Pour le repas, nous débarquons dans une baie en forme de fer à cheval avec plage de galets sur l’île McConnell. Tandis que Lars et moi piquons un petit roupillon de digestion, Christian se balade jusqu’à l’extrémité nord – et hurle de toute ses forces : « Orques ! » … Insulaire en solo depuis 20 ans « Maintenant je vais vous présenter un véritable caractère du NordOuest », dit Christian en souriant, tandis que nous fermons les jupes de nos kayaks. « J’espère qu’il est à la maison. » Trente minutes plus tard 31
Reportage
À gauche : récits de marins, aventures outdoor, la technique, ou simplement le sens de la vie ? Autour du feu de camp, la matière ne manque jamais. En haut : tacos avec du poisson frais et de la salade, pas Seattle Downtown mais campement au cœur des San Juan. Life is good…
nous débarquons sur la plage de Yellow Island. Sur une petite colline se trouve la cabane blanchie du gardien de l’île Phil Green. Cela fait maintenant 20 ans que ce collaborateur de la Nature Conservancy déclare cette île de 0,04 kilomètres carrés son chez lui. Christian avait décrit cet homme de 64 ans comme un peu « excentrique ». Pas étonnant lorsque l’on est insulaire en solo depuis si longtemps. Mais Phil – maigre et avec un visage marqué par le temps – est dans un bon jour, il nous raconte sa vie et ses aventures uniques dans la nature (voir interview p. 34). La faune maritime est vraiment unique dans ce coin. Dans l’eau limpide virevoltent des étoiles de mer violettes qui se cramponnent ci et là aux rochers gris-foncé entre les algues de mer gris-vert. Sur les récifs au loin des rives, des phoques somnolent au soleil. Lorsque nous passons sans faire de bruit ils lèvent la tête sur le côté, un peu comme des touristes balnéaires bien enveloppés dérangés par des enfants bruyants aux abords de la piscine. « L’île allongée là-bas au nord s’appelle Spieden Island, raconte Christian. Elle appartient entièrement à James Jannard, le fondateur d’Oakley ». Avec le soleil chaud du début de soirée nous arrivons au campement numéro 2. La plateforme rocheuse plate semble presque artificielle – parfaite donc pour notre tente, à Lars et à moi. « Pourquoi vouloir une île pour soi, quand il est possible d’avoir une telle place sans dépenser le moindre kopeck », murmuret-il dans son énorme barbe.
Retrouvailles avec Ralph ? Un dernier petit déjeuner de luxe et il faut doucement prendre congé. Nous devons choper la marée et il y a un bon bout de chemin jusqu’à Kansas Cove. Tous pagaient de manière méditative, sont absorbés par leurs pensées. Au début de l’après-midi nous sortons nos kayaks de l’eau exactement là où nous sommes partis il y a deux jours. Tout doit aller vite, le ferry ne nous attend pas. Quelles journées inoubliables ! Lorsque je croise Meghan un jour plus tard à midi sur la terrasse d’OR à Seattle je lui raconte avec enthousiasme notre rencontre avec les épaulards. Mais elle a encore une meilleure histoire dans son tiroir : « Ce devait être les mêmes baleines que Nathan et moi avons croisées peu avant vous – avec la différence qu’elles étaient ‘légèrement’ plus proches. » « Que veux-tu dire par ‘légèrement’ ? », lui demandé-je impatient. « Disons, répond-elle, qu’au début j’ai repéré une nageoire au loin et je me suis dit ‘Trop bien, des orques !’. Ensuite j’ai vu dans l’eau, juste à côté de mon kayak, du blanc éclatant, à même pas 1,5 mètres de profondeur. C’était une orque, plus longue et bien plus large que mon kayak. Elle s’était tournée sur le dos pour mieux me voir. Toute la soirée je souriais de bonheur » Ensuite elle tourne le regard vers la mer d’un air pensif. « Jadis, j’avais parrainé un petit bébé orque, son nom était Ralph. Peut-être que c’était lui qui voulait saluer sa marraine et la remercier pour son soutien. » ← 32
KAYAK DE MER JUAN ISLANDS
Environ 16 000 habitants vivent sur l’archipel de San Juan, mais ce nombre est réparti sur 172 îles et récifs. En tout, 657 kilomètres de ligne côtière sont à découvrir sur l’eau – autant que dans aucun autre district des États-Unis. De plus, en 2013, cette région a reçu le statut de protection National Monument. Les gens ici se partagent le territoire avec des épaulards, des baleines à bosse, des marsouins, des ratons laveurs et bien d’autres espèces. Les San Juan Island sont aussi appelés « archipel gastronomique » puisqu’on y trouve quatre élevages de crustacés (notre recommandation : www.westcottbay shellfish.com), trois domaines viticoles, une brasserie, une distillerie et de nombreux excellents restaurants et festivals où l’on peut goûter à tout cela. Autrement dit : Pacific North west at its best !
www.visitsanjuans.com Excursions en kayak de mer : Outdoor Odysseys, Tom Murphy www.outdoorodysseys.com
Whale-Watching : San Juan Safaris www.sanjuansafaris.com
www.charts.noaa.gov/ → San Juan Islands
Livre : »Kayaking Puget Sound & the San Juan Islands: 60 Trips in Northwest Inland Waters«, Rob Casey, Mountaineers Books, 2012
Hébergement : Discovery Inn (relativement bon marché aussi en été) www.discoveryinn.com
Petit déjeuner : Rocky Bay Café www.rockybaycafe.com Restauration : Backdoor Kitchen, point de rencontre des locaux www.backdoorkitchen.com
Transferts : au départ de Seattle en hydravion (www.kenmoreair.com) ou au départ d’Anacortes en ferry (http://www.wsdot.com/ferries/)
Le paradis du pagayeur : depuis les airs, l’archipel des San Juan est presque aussi beau que depuis la surface de l’eau.
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Interview Phil Green
É C H A N G E AV E C PH I L GREEN LE GARDIEN DE YELLOW ISLAND Depuis 20 ans, Phil Green (64 ans) habite sur Yellow Island, une petite île de seulement 0,04 km 2 au cœur de l’archipel de San Juan. Il ne doit partager « son » île (connue pour ses nombreuses fleurs sauvages) qu’avec des phoques, des loutres, une multitude d’oiseaux – et quelques visiteurs curieux.
Phil, d’où es-tu originaire et comment es-tu arrivé à Yellow Island ? Je suis originaire du Massachusetts, mais j’ai fait mon master en mathématique à la Western Washington University. En 1998 j’ai commencé à travailler en tant que gardien sur Yellow Island pour la Nature Conservancy. Au début, seulement les mois d’été, puis plus tard toute l’année. En quoi consiste exactement ta tâche ? Nous avons ici des fleurs sauvages, des plantes et des oiseaux de mer à protéger. Des mammifères marins tels que les phoques et les loutres viennent également y chercher refuge. C’est ça ma tâche. Et bien sûr, je soutiens les chercheurs dans leurs projets. As-tu construit la cabane tout seul ? Non. En 1980 Nature Conservancy a acheté le terrain avec la cabane. Elle a été construite en 1947 par la famille à qui appartenait l’île auparavant. Ils l’ont fabriquée presque exclusivement avec du bois flottant. Dans sa substance c’est toujours la même cabane, mais j’ai maintenant un fourneau à gaz, un frigo et Internet. Et quelques autres améliorations (rigole). Depuis combien de temps vis-tu sur Yellow Island ? 2018 est ma 20e année.
Wow – vis-tu seul ici ? Oui. Est-ce que tu ne te sens jamais seul ? Si je me sentais seul ici, je ne serais pas resté 20 ans. Et puis, je ne suis pas complétement seul : environ 1500 visiteurs par année viennent sur l’île. Pourquoi aimes-tu tellement être ici ? Ma fenêtre est comme une gigantesque télé à écran plat – c’est comme si je vivais dans la chaîne télé « Nature ». Combien d’années voudrais-tu encore rester ? Aussi longtemps que mon corps voudra. J’ai deux nouvelles hanches, j’ai besoin de deux nouvelles épaules et deux nouvelles chevilles. Mais pour l’instant je gambade encore. Sérieusement : actuellement j’ai plutôt une perspective de jour en jour, plutôt que d’année en année. L’été est merveilleux ici – à quel point l’hiver est-il dur ? En fait, j’aime beaucoup l’hiver ici. Je profite de la solitude et des tempêtes. Lorsque le vent souffle à 100 km / h et qu’il y a la marée en même temps, l’écume passe par-dessus ma cabane et la colline. Et les bois flottants sont bousculés comme des cure-dents. 34
Quels ont été tes plus beaux moments ici ? Une nuit, par hasard, j’ai pu assister à une naissance chez les phoques, c’était fascinant. Les épaulards aussi sont magnifiques à voir. Les « Transients » (jeunes orques encadrés par des adultes, Red.) chassent souvent des phoques ici. Et bien entendu observer les pygargues à tête blanche lorsqu’ils chassent ou font la parade. En hiver nous avons dans cette région entre 300 et 500 pygargues. Qu’est-ce que tu as prévu pour ta retraite ? Très bonne question (rit). Lorsque j’ai repris ce travail à 45 ans je n’avais aucune idée de combien de temps j’allais tenir. À l’époque j’étais encore marié – et maintenant nous ne sommes plus que de bons amis. J’espère vraiment pouvoir terminer la 20e année. Après, on verra bien. Je te tiens les pouces pour que tu y arrives. Tout de bon ! Oui, merci – reste à voir ce que la médecine peut faire pour moi. ←
Recommandé par Moritz Becher, journaliste :
R’S PADDLE PIC KS
Keep cool
Activeice Sun SleevesTM
« Ces manches sont pour moi un véritable tuyau. Presque personne ne les connaît mais elles valent de l’or. Je les emporte pratiquement partout avec moi – en kayak, en randonnée, en trekking ou en randonnée à ski. Dans l’archipel de San Juan tout comme en trekking dans le désert de Namibie. Elles protègent de manière très fiable du rayonnement UV tout en procurant un effet rafraîchissant agréable. Pas de magie, mais juste une matière qui évacue la transpiration à la vitesse grand V. Le froid généré par l’évaporation engendre cet agréable effet rafraîchissant. 36 grammes et, une fois roulées, aussi grandes qu’une barre de chocolat – plus aucune raison de ne pas les caser dans une poche du pantalon. » • Poids : 36 g (taille L / XL) • Tailles : S / M – L / XL • Prix : EUR 35,–
Recommandé par Megan Martens, gestionnaire de produits chez OR :
Recommandé par Lars Schneider, photographe
Transporteur à sec
Housse smart pour phone
Dry Payload PackTM
« Avec ce sac vous pouvez même vous entraîner à l’esquimautage. Le Dry Payload Pack est entièrement étanche – parfait donc pour les journées humides dans le Pacific Northwest. Les coutures sont soudées, la fermeture à enroulement permet un maniement rapide. De plus, il est confortable et ultraléger. Mon sac à dos pour toutes les occasions, peu importe que je parte en kayak, en randonnée ou en ville. » • Volume : 32 l • Poids : 552 g • Prix : EUR 140,–
Sensor Dry Pocket PremiumTM
« En tant que photographe je dois être toujours atteignable, peu importe où. C’est pourquoi une housse étanche et fiable pour mon smartphone c’est très important. Avec celle-ci je peux regarder mes mails même sur l’eau puisque l’écran tactile fonctionne aussi à travers la housse. Elle a aussi un raccord étanche pour les écouteurs. » • Poid s: 40 g • Tailles : Standard (iPhone 7®, Samsung Galaxy S® 5 et S® 6), Large (iPhone 7® Plus, Samsung Note® 3 – 6 et Galaxy S® 8) • Prix : EUR 28,–
Recommandé par Christian Folk, Sponsoring Manager chez OR :
Bonnet de bain
Performance Trucker-PaddleTM
« Avoir le soleil sur le visage est super, mais en pagayant vous risquez, sans vous en apercevoir, un sacré coup de soleil à cause de la réflexion du rayonnement UV sur la surface de l’eau. C’est pourquoi j’embarque toujours une casquette. Et si un coup de vent l’emporte : il suffit d’aller la chercher puisqu’elle sait nager. » • Poids : 89 g • Tailles : one size • Prix : EUR 35,–
Recommandé par Tom Murphy, guide kayak :
Casque de coiffeur
Seattle SombreroTM
« Le Seattle Sombrero existe depuis presque aussi longtemps que moi. Ce classique est né au milieu des années 80. Que l’on aime les chapeaux ou pas : ce dernier est juste extrêmement utile. De mai à septembre je suis presque tous les jours sur l’eau. De la pluie, du vent, du soleil – parfois le tout en un jour. C’est la normalité en matière de météo ici dans le Pacific Northwest. Le Sombrero me protège de tout cela et il est mille fois plus agréable à porter qu’une capuche. La c oquetterie passe à l’eau, mais je m’en fiche. » • Poids : 91 g • Tailles : S – XL • Disponible en 14 différentes variantes de couleurs • Prix : EUR 55,–
La Sunshine Wall, à Vantage, offre quelques classiques – que ce soit en escalade traditionnelle ou sportive.
ROCK À L’O U E ST ! T e x t e e t p h oto s J ü r g B u s c h o r
L’état de Washington n’est pas vraiment connu comme destination pour l’e scalade – toutefois son potentiel et sa diversité sont difficiles à égaler. Des voies a lpines de plusieurs longueurs au Washington Pass, les voies en trad autour de Index jusqu’aux tours de basalte à Columbia River ou e ncore les blocs de Leavenworth : les possibilités ne manquent pas, d’autant plus qu’elles sont rapides d’accès depuis Seattle.
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Le secteur The Feathers sur le site Frenchman Coulee propose 4 voies en trad et 37 en escalade sportive dans un basalte de première qualité.
Sara Nazim grimpe la voie « Feather in My Cap » (5.6) dans le secteur The North Side.
Seattle, jeudi, 21 h30 Ding ! Jason Wert saisit son téléphone portable et consulte le message WhatsApp de sa collègue Sara Nazim : ‘Suis de la partie !’ « Ça aura été rapide », murmure-t-il satisfait. Il n’a même pas dû faire recours à l’art de la persuasion – les meilleurs arguments pour une virée d’escalade ce week-end ont été apportés par la météo prévue à Seattle : bruine continue et température maximale journalière de 14 degrés Celsius, et aucune amélioration en vue. Mais cela n’est pas extraordinaire pour un week-end du mois d’avril. C’est pour cette raison qu’à cette période Jason tient son matériel d’escalade et de camping prêt à décoller dans son pickup. Après leur travail au quartier général de Outdoor Research, Sara et Ben Gerding y jettent également leurs sacs à dos – et c’est parti !
Vantage, samedi, 8h30 La température est plutôt glaciale lorsque Sara sort de son sac de couchage pour préparer un café sur le réchaud à gaz. Mais elle le sait – plus tard, lorsque le soleil posera ses rayons sur les magnifiques tours de basalte, la température grimpera rapidement à 18 degrés Celsius. Avec la faible humidité de l’air, c’est des conditions parfaites pour l’escalade. Vantage se trouve au centre de l’état de Wa shington et la Columbia River semble être la seule source de vie dans ce désert semi-aride. Sara, Ben et Jason ne sont donc pas seuls lorsqu’ils grimpent les premières voies au secteur Frenchman Coulee. Vantage est la « destination de secours n° 1 » pour les grimpeurs en mal de soleil. Ceci est possible grâce aux conditions climatiques favorables de Cascade Range – la chaine de montagnes qui retient les nuages de pluie venus du Pacifique.
Assurer depuis le Pickup ? Pas tout à fait – mais les voies du secteur The Feathers sont facilement accessibles.
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ESCALADE SPORTIVE VANTAGE & LEAVENWORTH
Leavenworth / Vantage, dimanche, 8h30 Le téléphone de Ben sonne. « Prévoyez un arrêt à Leavenworth sur le chemin du retour », peut-on entendre de l’autre côté de la ligne. Cette voix est celle de l’athlète Outdoor Research Blake Herrington, qui connaît comme sa poche chaque recoin de sa région d’origine. L’idée de quelques beaux passages de bloc et une voie en trad dans un granite solide est plutôt alléchante. Les matelas se retrouvent rapidement pliés dans le sac à dos – c’est parti !
Magic Woods – les forêts le long de la Icicle Road à proximité de Leavenworth sont truffées de nombreux problèmes de bloc exigeants dans un granite impeccable.
Sara, Ben et Jason rencontrent Blake sur la Icicle Road, où chacun des quatre obtient de belles réalisations sur les blocs avant de clore en grande classe ce week-end enivrant par une des nombreuses voies en trad. « Dommage que le week-end n’ait que deux jours » déplore Sara lorsqu’ils arrivent au parking de la Highway 2 ». « Ne te prends pas la tête, répond Ben, le weekend prochain il pleuvra aussi certainement à Seattle… ». ←
Pareur attentif – Sara tente de résoudre un problème de bloc au bord de la Wenatchee River.
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Reportage
Au Castle Rock, bien au-dessus de la Wenatchee River à proximité de Leavenworth, se trouvent 25 voies en trad. Jason Wert grimpe dans Midway Direct (5.6).
L’athlète Outdoor Research Blake Herrington connaît comme personne les possibilités d’escalade de la chaîne de Cascade Range. Son topo « Cascades Rock » de 272 pages dans lequel il décrit les 160 plus belles voies de plusieurs longueurs fait office de référence pour la région. On y trouve tant les grands classiques que de passionnantes nouvelles voies. Cet habitant de Leavenworth vit de l’escalade et de la transformation individualisée de véhicules en camping-car. Pour en savoir plus sur sa personne et sur l’escalade dans la région il suffit de lire ses blogs. • CascadesRock. blogspot.com • BlakeClimbs. Blogspot.com
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HARD MOVERS CHOICE
Recommandation de Sara Nazim, Collaboratrice Product Operations chez OR
POINT DE MIRE
WADI RUM PANTSTM
Recommandation de Jason Wert, Dealer Service Representative chez OR
EXTRATERRESTREMENT BON
ASTROMAN S / S SUN SHIRTTM
« La Astroman démontre que l’on peut aussi s’habiller joliment avec une chemise fonctionnelle sans forcément ressembler à un logo Vieux Campeur Légère, respirante, séchant rapidement et élastique, pour permettre tous les mouvements, elle offre en plus une réelle protection solaire UPF 50+. Ce n’est pas négligeable, si l’on grimpe les tours de basalte de Vantage sous un soleil de plomb. » Men´s Astroman S / S Sun ShirtTM • Disponible en 7 styles • Poids : 154 g (en L) • Tailles : S – XXL • Prix : EUR 85,–
« En raison du matériau Cordura intégré, les pantalons et shorts de la collection Wadi Rum sont pratiquement indestructibles. Grâce à leur élasticité et au cordon de serrage intégré, ils sont de plus super confortables. Un élément incontournable de ma garde-robe pour les virées d’escalade. Ils m’accompagnent toute la journée dans le monde vertical, mais leur air civilisé n’a pas à pâlir le soir venu. » Men´s Wadi Rum PantsTM • Disponible en 4 couleurs et comme shorts • Poids : 420 g (en L) • Tailles : S – XXL • Prix : EUR 130,– Women´s Wadi Rum PantsTM • Disponible en 4 couleurs et comme shorts • Poids : 365 g (en M) • Tailles : XS – XL • Prix : EUR 120,-
Recommandé par Ben Gerding, Designer-Developer Outerwear chez OR
LA CINQUIÈME FORCE FIFTH FORCE HOODYTM
« Élastique, confortable et par ticulièrement robuste, le Fifth Force Hoody est un allier de choix pour se battre contre la gravité ou pour simplement se sentir à l’aise après l’escalade. Le matériau Cordura intégré au coton est la garantie que le Fifth Force Hoody t’accompagnera de nombreuses années. » Men´s Fifth Force HoodyTM • Disponible en 3 styles • Poids : 383 g (en L) • Tailles : S – XXL • Prix : EUR 120,– Women´s Fifth Force HoodyTM • Disponible en 3 styles • Poids : 325 g (en M) • Tailles : XS – XL • Prix : EUR 120,–
Recommandation de Blake Herrington, Grimpeur et OR Ambassador
CORPS DE CHAUFFE
CATHODE HOODED JACKETTM
« La récompense ‹ Gear of the year › décernée par le ma gazine Outside n’a fait que confirmer ce que nous savions depuis longtemps : la Cathode Hooded Jacket n’est pas seulement légère et compacte, mais elle tient aussi incroyablement chaud pour assurer par des températures négatives grâce au garnissage Primaloft Gold. Je n’ai pas été surpris que les détails techniques aient plu – l’équipe d’Outdoor Research inclut les athlètes de manière intense au développement de ses produits. » Men´s Cathode Hooded JacketTM • Disponible en 3 couleurs • Poids : 379 g (en L) • Tailles : S – XXL • Prix : EUR 200,–
Womens Cathode Hooded JacketTM • Disponible en 3 couleurs • Poids : 321 g (en M) • Tailles : XS – XL • Prix : EUR 200,–
CECI ET CELA Les animaux, petits et grands sont toujours à la recherche de nourriture. Pour les amoureux de plein air, cela peut devenir désagréable, voire extrêmement dangereux. Voici comment protéger ton précieux goûter des affamés à quatre pattes. Toujours emballer la nourriture de manière aussi étanche à l’air que possible. Garde le campement propre et avant d’aller dormir sécurise tous les aliments.
La partie la plus à l’ouest de l’État de Washington subit d’abondantes précipitations entre septembre et juin. Le petit calepin de voyage de Rite in the Rain permet aux amoureux de plein air d’écrire sans craintes le journal de bord de leurs aventures. Les experts de la pluie de Tacoma imprègnent le papier avec un procédé breveté. Le choix de formats est vaste. Rite in the Rain a par exemple développé, avec la légende de l’alpinisme Conrad Anker, un journal pour grimpeurs et pour les expéditions.
Ne pas laisser de restes, ni les éliminer à proximité. Sinon, les animaux s’habituent à une source de nourriture facile. En particulier dans les régions avec des ours :
Photo : www.facebook.com / TheGorgeAmphitheater
• Prix : à EUR 6,95 • Infos : www.riteintherain.com
Que faire si l’industrie du bois est en crise et que tout le contexte économique d’un petit village est menacé ? À L eavenworth en 1962, le comité du projet LIFE (Leaven worth Improvement For Everyone) a été fondé et, à l’aide de conseillers externes, la décision a été prise de transformer l’endroit dans le style village de Bavière. Avec succès : le village à thème bichonné est aujourd’hui une attraction touristique et le prix du terrain s’est envolé ces dernières années. • www.leavenworth.org
Ne garde rien ( ! ) qui pourrait d’une quelconque manière sembler appétissant ou qui sent bon dans la tente ou à proximité (également enfermer déo, dentifrice etc.). Les mettre dans un « bear-resistant food container » ou un sac étanche et les suspendre à un arbre avec une cordelette. Attention à garder une bonne distance, les ours sont de très bons grimpeurs. Idéalement la placer à distance du campement dans la direction contraire du vent.
Garder une distance d’au minimum 60 mètres entre la tente, le lieu de cuisine et le « garde-manger ». Il n’y a pas d’arbre adéquat ? Improvisez ! Le récipient anti-ours est alors d’autant plus important. La distance avec la tente est importante. Car il vaut mieux finir le périple en ayant faim que de devoir expliquer à Monsieur fourrure que l’on n’est pas comestibles.
À moins de 10 kilomètres à vol d’oiseau des voies d’escalade de Vantage – ça ressemble un peu à la fin du monde – se trouve la plus spectaculaire scène naturelle des USA : au Gorge Amphitheatre, qui domine la Columbia River se déroulent des festivals de pop, de rock et de country qui accueillent jusqu’à 25 000 spectateurs. De la grimpe le jour, du rock le soir – oui, c’est possible. • www.georgeamphitheatre.com
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On trouve quatre espèces de colibris originaires de l’État de Washington. Ces oiseaux miniatures de seulement trois ou quatre grammes sont une énigme de l’évolution. Au repos, leur cœur bat 250 fois par minute et en vol 1220 fois. Entre cinq et dix fois par jour, ils doivent « faire le plein », c’est à dire aspirer du nectar ou manger de petits insectes. Avec 90 battements d’aile par seconde, ils détiennent un record absolu parmi les oiseaux. Le bruit généré rappelle un peu les sabres laser des films de Star Wars. Les colibris peuvent tourner l’articulation de leurs ailes dans toutes les directions et sont les seuls oiseaux qui peuvent voler en avant, en arrière latéralement, sur place et même tête en bas. Les femelles pondent en général deux œufs de la taille d’un petit pois.
Depuis l’Europe, on se rend à Seattle en avion, c’est clair ! Mais comment fonctionnent ces carrosses volants ? Une visite chez Boeing, à 25 miles au nord de Seattle répondra à toutes les questions en détail. On y trouve le plus grand bâtiment du monde – la halle de montage dans laquelle on construit les Boeing 747, 777 ou le nouveau 787 Dreamliner. Après les finitions, direction la piste d’essai où les machines sont testées. Dans le centre Future of Flight, on trouve une foule de renseignements scientifiques et des faits étonnants à propos de l’aviation. • www.futureofflight.org
Les totems, ces œuvres d’art sculptées et peintes reprenant d’impressionnants motifs de la nature sont des preuves flagrantes qu’il n’y a pas encore si longtemps, la côte nord-ouest des USA était aux mains d’Indiens natifs de la région. Ils vivaient en harmonie avec la nature. Les animaux totems comme le corbeau, l’ours, l’orque et d’autres animaux de la mer et de la forêt faisaient partie de leur mythologie. Il s’ensuit que chaque être vivant à une âme : plantes, animaux et hommes. C’est une vision du monde de laquelle le monde moderne pourrait apprendre beaucoup. Peut-être même que cela se passe réellement. En tout cas, la culture des Duwamish, Suquamish, Muckleshoot, Snoqualmie, Tulalip et autres tribus connaît un regain certain. Si seulement cela ne se limitait pas qu’à du folklore … • Infos : www.visitseattle.org/ culturalheritage
Libéral, détendu, de bonne humeur – c’est le style de la côte nord-ouest. Il se pourrait que ce soit en partie dû au fait que dans l’État de Washington, le cannabis est légal depuis près de huit ans.
Photo : David Restivo / National Park Service
Les ours ne sont pas les seuls animaux qu’on devrait surveiller attentivement dans les montagnes du Pacific North west. Les Mountain Goats peuvent aussi réagir de manière agressive à la présence humaine. Tout comme les chamois et les bouquetins, les chèvres de montagne aiment l’altitude et les terrains alpins. Avec leur toison blanche et leurs formes arrondies, elles feraient presque penser aux ours polaires. Elles ont l’air mignonnes, mais avec leurs cornes elles peuvent être dangereuses. Elles ne sont déjà pas commodes entre elles et il n’est pas si rare qu’elles réagissent violemment à la présence humaine, même si elles ne sont pas agressives de nature. Elles sont en premier lieu attirées par le sel de la transpiration ou de l’urine. On les tiendra à l’écart avec des gestes, des mots et des cris. Il ne faut surtout pas les nourrir. En cas de besoin pressant, il faut s’éloigner au minimum de 50 mètres du chemin. Dans le doute, il vaut mieux les contourner et garder une bonne distance avec elles. Ainsi, il n’y a plus d’obstacle à une randonnée fascinante et détendue. • Lien vidéo : https://www.nps.govmedia/ video/view.htm?id=C880FDF3-AF81ECAE-662012BA72E0A2BB
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Les shops de cannabis sont maintenant presque aussi nombreux que les boulangeries. L’image clandestine de la fumette en cachette est depuis longtemps aux oubliettes. De nombreux shops ressemblent à des magasins de designer ou à des boutiques de vin haut de gamme. Cannabis séché, huile de cannabis, lotions, gels, cookies euphorisants, boissons, teintures, on y trouve à peu près tout ce qu’on pourrait imaginer. Celui qui ne sait pas que choisir ou qui est curieux d’une nouvelle expérience peut s’adresser au personnel amical et souriant. Il sera accueilli par un « welcome » jovial et conseillé de manière ouverte et gratuite. Car les effets peuvent être divers – parfois dynamisants, parfois calmants. Dans le laboratoire de Vela à Seattle, on peut même observer comment les plants de cannabis sont apprêtés pour devenir des élévateurs d’ambiance. Mais prudence : la consommation ne doit se faire que dans la sphère privée. La consommation de marijuana dans les espaces publics est illégale. Et celui qui quitte l’État de Washington ferait bien de ne pas se faire prendre avec. • Info : www.velacommunity.com • www.learnaboutmarijuanawa.org
LA VILLE LA PLUS AGRÉABLE DES USA • Nombre d’habitants 668 342 en ville de Seattle 2 079 967 aux alentours (2014) • Ligne côtière 237,4 km eau douce 85,9 km eau salée • Surface de la ville 369,2 km2 (217,2 km2 terre, 152,0 km2 eau) • Température Ø 18,3 °C (juillet) 4,5 °C (janvier) • Précipitations Ø (quantités / nombre de jours de pluie) 16 mm / 5 (juillet) 132 mm / 19 (janvier) • Température Ø de l’eau Puget Sound 10 °C • Touristes / année 18,6 Mio. (2013) • Chambres d’hôtel Downtown 12 308 • Plus grand hôtel Sheraton Seattle Hotel and Towers avec 1 258 chambres (dès fin de l’été 2018 : New Hyatt Regency avec 1 260 chambres) • Meilleure saison Fin juin à fin août (été) Janvier à mars (hiver)
Informations générales : • Seattle : www.visitseattle.org • Washington State : http://www.experiencewa.com/
Arrivée / Départ : • Seattle-Tacoma International Airport, p. ex. Delta Air Lines, vols quotidiens, dès EUR 670,– ; www.delta.com
S E AT T L E
C A P I TA L E O U T D O O R Texte moritz becher
Des insomnies à Seattle ? C’est probable. Car les possibilités de profiter de la ville dans la c apitale de l’État de Washington sont illimitées. Une méga-city dans tous les domaines : sport, c ulture, gastronomie. Mais le mieux serait de d écouvrir la ville dans le style des habitants de S eattle eux-mêmes : en toute décontraction. À quoi ressemblerait la ville de tes rêves ? – Elle devrait être située à un endroit vraiment particulier. Peut-être entre les montagnes et la mer, mais protégée de la violence des océans ouverts. Autour, une foison de forêts verdoyantes avec d’immenses arbres, des lacs de montagne bleus et froids, des torrents sauvages et des fleuves verts dans lesquels les poissons sautent pratiquement dans la gueule des ours. Avec des colibris et des aigles que tu peux observer en dégustant le meilleur café du monde. Peuplée d’habitants aimables, ouverts, détendus et avec un soupçon de folie. Comme eux tu aimes la nature et tu es avide d’aventures en plein air ? Arrête de rêver et viens à Seattle.
• 22 – 25 Mars 2018 Taste Washington www.tastewashington.org • 1er – 3 Juin 2018 Upstream Musik-Festival www.upstreammusicfest.com • 20 – 22 juillet 2018 Streetfood-Festival www.biteofseattle.com
Photo : Lars Schneider
• 1er – 3 Septembre 2018 Bumbershoot Musik-Festival www.bumbershoot.com
Celui qui souhaite allier la culture du vélo de course au plaisir du café, se rendra au « Métier Racing & Coffee ».
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Il est possible que la poignée d’Américains – appelés « Denny Party » – avaient une vision similaire lorsque le 13 novembre 1851 ils ont entrepris de bâtir un village au Alki Point, situé de nos jours à l’ouest de Seattle. Tout d’abord, ils ont nommé la petite ville « New York » selon leur origine. Mais peu de temps après, le projet s’est déplacé un peu à l’est, à l’endroit du centre actuel, et a été renommé « Seattle ». Le nom a été choisi pour souligner l’amitié avec le chef indien Noah Sealth, plus connu à l’époque comme « Chef Seattle ». La métamorphose qui a transformé un petit village côtier poussiéreux en un des plus importants et plus grands ports de marchandises de toute l’Amérique du Nord a commencé en 1897 déjà lorsque le bateau à vapeur « Portland » livrait des quantités d’or du Klondike, actuellement à la frontière entre l’Alaska et le Yukon canadien. La ruée vers l’or a drainé vers Seattle une multitude de chercheurs d’or en devenir. Les affaires allaient bon train pour fournir l’équipement et les vivres nécessaires et la ville a connu une croissance fulgurante. De nos jours, l’économie de Seattle est également florissante. Des pointures mondiales comme Microsoft, Amazon et Starbucks y ont élu domicile. Par le passé, le constructeur d’avions Boeing y avait également son siège principal. ←
City guide Seattle
1000 bonnes raisons Même si, d’un point de vue touristique, la capitale de Washington State est souvent à l’ombre des villes plus célèbres de la côte Ouest, Vancouver et San Francisco, celui qui a pris le temps de vraiment connaître Seattle, aura de la peine à quitter cette métropole côtière. Pourquoi, précisément ? Ok, il y aurait les classiques tels que la « Space Needle » construite en 1962 à l’occasion de l’exposition mondiale. Ou encore la « Pike Place Market » créée en 1907, le marché paysan le plus ancien des États-Unis. Et la « Gum Wall », un mur de 15 mètres de long, recouvert des deux côtés avec de vieux chewing-gums.
Photo : Christian Penning
Mais il serait triste de réduire Seattle à ses attractions touristiques et classiques des guides de voyage. Car c’est moins l’une ou l’autre place, l’un ou l’autre parc, telle ou telle rue commerciale, tel ou tel musée ou restaurant qui rendent cette ville intéressante. Les villes comme Paris, Berlin ou Amsterdam sont certes plus « belles ». C’est plus la somme de mille raisons qui a permis à Seattle de recevoir à plusieurs reprises le titre de « ville la plus agréable à vivre des USA ». Tentons de rassembler quelques raisons : Du haut de ses 4392 mètres, le volcan Mount Rainier contemple Seattle – et livre des images spectaculaires.
Les habitants Les habitants de Seattle ont une mentalité typique du Pacific Northwest : ils sont aimables, sincères et tolérants, modestes, détendus – et un peu fous. Chaque année a lieu la journée « No Pants Light Rail Ride » à l’occasion de laquelle les passagers du métro de Seattle sont invités à ne pas mettre de pantalon, et font comme si c’était la chose la plus normale du monde. Cette journée est suivie du « Naked Pumpkin Run », une course lors de laquelle…
La Musique Seattle est la capitale et ville natale du Grunge. Des groupes comme Nirvana et Soundgarden ont grandi ici. « The Crocodile » au 2200 2nd Avenue (www.thecrocodile.com) fut leur berceau, tout comme de Pearl Jam et d’Alice in Chains. Jimi Hendrix est également un enfant de Seattle. La relève musicale régionale et de grands noms issus du Northwest présentent leurs chansons à l’occasion du festival de trois jours Upstream (www.upstream musicfest.com). Et les amoureux du jazz seront bien servis à l’occasion du Earshot Jazz Festival (www.earshot.org) annuel.
Le café C’est vrai, Starbuck a vu le jour à Seattle. Mais en buvant un café dans un de leurs restaurants on rate les nombreux petits cafés qui mettent du cœur à l’ouvrage pour vous préparer une de leurs propres créations. Il paraît que Emerald-City dispose du plus grand nombre de cafés indépendants par habitant. En 2013 la ville a été élue « America’s Best Coffee City » par la plateforme de voyage « Travel + Leisure ». Le mieux serait de faire une tournée pour en tester le plus possible – ou comme le dirait Je Bezos, le fondateur et CEO d’Amazon : « À Seattle, tu n’as assez bu de café que quand tu es capable d’enfiler le fil dans une machine à coudre lorsqu’elle tourne. »
À manger et à boire La proximité avec la mer, une agriculture régionale très développée, de nombreux domaines viticoles extraordinaires, des brasseries locales et de petites distilleries – une diversité et une créativité énorme au service des plaisirs gustatifs. L’aspect multiculturel ajoute un peu de piment à la cuisine de Seattle. Si vous souhaitez avoir un aperçu de la gastronomie de Washington State, rendez-vous à la foire annuelle « Taste Washington » (www.tastewashington.org). Et pour tous ceux qui sont tourmentés par le mal du pays, Seattle aura sûrement une raclette ou une fondue à vous proposer.
Nature et sports de plein air Seattle est collé contre le bras de mer Puget Sound, une surface maritime de 1300 km2 parsemée de 300 îles. Le reste de la ville est presque entière ment entouré de montagnes, telles que les strato volcans du Mount Rainier (4392 m) et du Mount Baker (3286 m), les Cascades Mountains et les montagnes Olympic. À cela s’ajoutent les forêts tropicales côtières et les forêts de montagne avec leurs lacs et rivières. La faune n’est pas moins variée et sauvage : ours, orques, phoques, pumas, loups, coyotes, gloutons, lynx, renards, ratons laveurs, élans, wapitis, chevreuils, mouflons, pygargues à tête blanche, colibris et bien d’autres. En bref : des places de jeux naturelles innombrables pour un plaisir outdoor presque illimité – sans longs accès, plus ou moins devant la porte. Washington State fait la moitié de la surface de l’Allemagne.
La météo Cet argument peut provoquer un froncement de sourcils vu que de mauvaises langues ont attribué le nom de « Rain City » à cette métropole du North west. Mais en réalité, avec 970 mm de moyenne annuelle des précipitations, Seattle est plus sèche que Houston, Miami, New York, Washington (DC) et Boston. En été, de fin juin à fin août, les températures sont agréables et le taux de précipitations faible. Il vaut toutefois également la peine de se rendre à Seattle les autres neuf mois. Il y a beaucoup à faire durant toute l’année – et il y aura bien moins de touristes en ville qu’en plein été. Encore un avantage météorologique pour les skieurs : les domaines skiables à l’est de Seattle font partie des meilleurs du monde. Le Mount Rainier compte parmi les endroits les mieux enneigés du monde avec chaque année presque 20 mètres de neige en cumulé. Pas tout à fait convaincu ? Ok, voici encore un joker : en 2013 Seattle a été élu « Best Chill City » des États-Unis. Si quelqu’un a besoin d’un coup de pouce pour y arriver, il peut se procurer de la marihuana de manière légale puisque depuis juillet 2014 l’achat et la consommation y sont officiellement autorisés (www.potguide.com/washington). Plus de 50 « magasins spécialisés » ont ouvert leurs portes en ville depuis la légalisation. Comment vous allez vous détendre à Seattle et ce que vous voulez y faire n’appartient bien sûr qu’à vous – le plus important c’est de ne pas rater cette ville de rêve.
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3 × 3 = 9 bonnes raisons 3 × « Coffee, please! » • Métier Racing & Coffee Mélange de bar-café et magasin de vélos de course très réussi. www.metierseattle.com • Craftworks Coffee Bar L’art du café à son apothéose. www.craftworkscoffee.biz • Elm Coffee Roasters Café avec sa propre torréfaction. www.elmcoffeeroasters.com
3 × « plaisirs du palais avec vue » • Westward Seattle Des plats succulents préparés avec des ingrédients locaux, situé directement sur les rives de l’Union Lake avec vue sur la Skyline. www.westwardseattle.com • Saltys on Alki Beach Poissons et fruits de mer sur le gril avec vue imprenable sur Seattle. Situé presque exactement à l’endroit où les premiers colons sont arrivés en 1851. Accessible en ferry depuis Downtown. www.saltys.com/seattle • Rays Boathouse Poissons et fruits de mer avec vue sur Puget Sound et le soleil couchant sur les sommets des Olympics. www.rays.com
3 × « guide des emplettes à Seattle » • REI Paradis pour les sports outdoor – et même si l’on devait acheter que les cartouches de gaz pour la prochaine escapade en plein air. www.rei.com • Hibulb Cultural Center Galerie destinée à l’art indigène avec magasin intégré qui vend des articles d’art à provenance certifiée. www.hibulbculturalcenter.org • Outdoor Research Flagship-Store avec un vaste choix de vêtements fonctionnels, d’équipements et de littérature pour la préparation de sorties. www.outdoorresearch.com/retail-store
AV E N T U R E S & CIE Texte Ch ri st i a n P e n n i n g p hotos Ch rist i a n P e n n i n g / M À D
Créativité et passion : des ingrédients qui ont permis à bien des entreprises outdoor de voir le jour. Nées d’idées géniales ou loufoques d’amoureux des sports de montagne… Outdoor Research ne fait pas exception. Jusqu’à ce jour, l’entreprise vit grâce aux inspirations et à la passion pour les sports outdoor de ses collaborateurs. Nous nous sommes rendus à Seattle pour suivre les traces de son fondateur Ron Gregg et de ses héritiers.
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Outdoor Research History
Expédition de test : « Outdoor-Driven » était bien plus qu’un simple slogan marketing pour Ron Gregg. En bas : c’est avec les premières X-Gaiters que l’histoire d’Outdoor Research commença.
Parfois ça tombe sur les meilleurs. Ron Gregg et son ami furent des randonneurs à ski très expérimentés, des mordus, des durs à cuire qui ne capitulaient pas devant une petite tempête, pour qui aucune montagne n’était trop haute et aucun chemin trop long. Avec l’expérience de nombreuses randonnées dans leurs sacs à dos ils se battirent en 1981 pendant 18 jours par leurs seules forces sur les skis à travers la toundra jusqu’au pied du Denali (6190 mètres) en Alaska. Au début, tout alla bien. Mais dans la montée ils ont été contraints de faire demi-tour à mi-chemin du sommet. Le compagnon de Ron avait de graves engelures aux doigts de pied. Des guêtres pas très fonctionnelles avaient trempé ses chaussures. Le reste, le gel s’en est chargé. Les deux ont alarmé le sauvetage par les airs.
Ron a par contre refusé de monter dans l’hélico. Il a entamé seul les 100 miles du retour à la civilisation. Fâché, il avait maintenant du temps pour réfléchir. Une telle misère n’allait pas lui arriver une deuxième fois.
par laser, ce qui lui laissait libre cours pour développer, avec un fabricant de sacs-à-dos de Seattle, son premier modèle de guêtres : les X-Gaiters. Certes, selon les critères vestimentaires d’aujourd’hui, ces guêtres n’étaient guère élégantes. Mais elles Ron est finalement revenu fonctionnaient. Dans sa première année, Ron de l’expédition au Denali avec la ferme conviction gagna 50 000 dollars avec le premier article qu’il était capable de déde son entreprise Outvelopper de l’équipement door Research fraîchement fondée. Parmi outoor bien meilleur que ses premiers clients il tout ce que l’on pouvait compta un certain Dan trouver à l’époque. Nordstrom, jeune descendant de la chaîne de magasins de chaussures et de vêtements Nordstrom, et Un esprit analytique et du s avoir-faire, grand passionné de montagne. il en avait en suffisance. Avec de brillants résultats au diplôme du Cal Ron Gregg le savait déjà : pour faire tech, une université californienne grandir son entreprise il lui fallait renommée, de nombreux proches d’autres produits. Suivirent donc les le voyaient déjà comme futur prix Nobel. Mais pour cela Ron aimait trop kits de premiers secours emballés dans des pochettes souples et les montagnes. molles, adaptés aux différentes activités outdoor – le coup d’envoi pour Avant de partir pour le Denali il avait un assortiment qui grandit ensuite de toute façon quitté son travail aussi vite que le reste de l’entreprise. dans une entreprise de mensuration 47
SAVOIR-FAIRE
Lieu de passion : le bâtiment du QG d’Outdoor Research à la First Avenue South à Seattle.
Aujourd’hui, Outdoor Research fait partie du Top 5 des entreprises nord-américaines actives sur le marché de l’équipement outdoor – un fabricant mondialement actif avec des lieux de production aux États-Unis et en Asie. Ron fit progresser son entreprise avec autant de ténacité, détermination et frénésie que lors de son retour de 100 miles depuis le Denali. De plus, il développa des idées innovantes et des détails fonctionnels parfois assez fantastiques. Avec des compagnons, Ron disparaissait un à trois mois par année pour s’adonner à l’alpinisme, à la ran donnée ou au kayak – de préférence là où les zones sur la carte sont les plus blanches possibles. Pour se faire plaisir. Et aussi pour perfectionner ses produits encore davantage, noter des idées dans son carnet en vue de nouveaux prototypes. En 2003, Ron Gregg a perdu la vie dans un accident d’avalanche lors d’une randonnée à ski en Colombie-Britannique. Mais son esprit et sa passion de créer des vestes, des pantalons et des accessoires outdoor sont encore clairement perceptibles à la 2203 First Avenue South à Seattle.
dû renoncer à une randonnée à ski à cause du danger d’avalanche. Il est retourné à Seattle où il a appris le destin tragique de Ron Gregg, et qu’Outdoor Research était à vendre. Il commence à entrevoir sa chance dans cette histoire. Le savoir-faire entrepreneurial il l’avait. Et en tant que garçon typique du Pacific Northwest il ne se sentait pas forcément moins bien dans les montagnes sauvages des Cascade Mountains ou dans les conditions rudes au Mt Rainer qu’assis à son bureau. Il se décida à acheter l’entreprise. « Les premier temps n’étaient pas simples, avoue Dan. L’entreprise, qui avait été administrée comme une famille, était non seulement en détresse financière, mais elle avait aussi perdu sa figure paternelle. » Néanmoins, comme Ron Gregg avant lui, il démarrait avec une vision claire.
Entre autres grâce à Dan Nordstrom. « Après quelques années dans l’entreprise familiale je voulais m’orienter vers autre chose », se rappelle-t-il. Cela faisait une année qu’il était à la recherche d’un nouveau défi professionnel. Un jour, il a
« Outoor Research était encore une marque forte, ses produits l’avaient toujours convaincu par leurs qualités élevées et leurs excellentes fonctionnalités. »
En tant que CEO, Dan Nordstrom ajoute de l’expertise économique et un flair pour le travail en équipe à la philosophie outdoor authentique de Ron. Il a réduit l’assortiment, élargi le portfolio d’articles prometteurs, renforcé les lignes de vêtements et a rendu l’entreprise prête à affronter une concurrence de plus en plus féroce. La fonctionnalité demeurait l’élément central. De plus, Dan a grandi dans une famille qui a fait fortune avec des vêtements design, ce qui le rend sensible au fait qu’un produit doit également être agréable à l’œil. « Afin de pouvoir résister à la concurrence, c’est d’une importance capitale aujourd’hui. »
Enthousiasme pour le produit : « Nous sommes tous un peu fans d’aventures en plein air ! »
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Outdoor Research History
Fait à la main : production au plus haut niveau.
« Nous avons fait du bon travail si les gens oublient ce qu’ils portent quand ils sont dehors… »,
affirme Jeremy Park, responsable du Brand Store au rez-de-chaussée du quartier général et grimpeur confirmé. « … quand les produits sont si bons que les gens ne s’en préoccupent plus. » Afin d’en arriver là, une chose était et est toujours indispensable : des expériences outdoor intenses et des tests pratiques encore plus intenses. Peu importe que ce soit dans la planification des ressources, dans le secteur vente ou dans le départe ment de développement – être collaborateur chez Outdoor Research signifie toujours être un peu fou de sports outdoor. « Nous sommes experts pour la mauvaise météo et les conditions rudes », explique Dave Mahoney, vice-président des ventes, non sans fierté. Ce randonneur, skieur, trail runner et vététiste passionné a gagné sa vie durant cinq ans comme guide de pêche à la mouche en Alaska. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres qui démontre que les collaborateurs de Outdoor Research suivent encore et toujours les traces de Ron Gregg. ←
Contrôle qualité : Outdoor Research est connu pour la qualité de ses produits. OR est le seul fabricant certifié par Gore pour les coutures étanches des gants Gore-Tex®.
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Interview Dan Nordstrom
S E B AT T R E P O U R L A N AT U R E
Depuis 15 ans, Dan Nordstrom est à la tête d’Outdoor Research. Ce garçon du Pacific Northwest passionné d’outdoor nous parle d’aventures en montagne, des défis d’une entreprise outdoor moderne et de son engagement pour la sauvegarde de la nature menacée.
Qu’est-ce qui rend les entreprises outdoor de la région Pacific North west aussi particulières ? La nature sauvage commence souvent déjà juste à côté des routes et des places de parc. La météo peut être très instable, les conditions donc dures en conséquence. Mais c’est exactement ce qu’il faut. Ces moments où il faut que tu puisses à cent pour cent faire confiance à tes capacités, ton expérience et ton équipement. Nos produits reflètent cela. Qu’est-ce qui différencie OR des autres fabricants outdoor ? Nous ne nous efforçons pas de satisfaire tout le monde. Dans une certaine mesure nous sommes toujours une entreprise de niche. Mais pour les gens qui se sont voué à la vie outdoor corps et âme, nos produits sont le premier choix. Chez
nous la fonctionnalité a toujours eu la première priorité, et, couplée à un look cool et tendance, cette recette persistera aussi à l’avenir. À propos d’avenir : quels sont les défis du futur pour OR ? La vente en ligne va continuer à chambouler la vente et la distribution. Il devient de plus en plus important de se profiler de manière authentique avec des produits convaincants et fonctionnels. Car il existe aujourd’hui plus de gens que jamais qui exercent leurs activités outdoor avec une énorme passion. Leurs exigences sont évidemment très élevées. Les exigences en matière de produits responsables, avec des matières respectueuses de l’environnement, sont aussi en augmentation.
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Vous avez vertement critiqué les attaques sur les zones de protection de l’administration Trump. Les entreprises outdoor ont-elles aujourd’hui également un devoir politique ? Sûr et certain. Chacun porte une responsabilité. Et nous, les entreprises outdoor, tout particulièrement. L’année dernière, la protection de la nature a été piétinée aux États-Unis. Il s’agit maintenant de coordonner la résistance et de la renforcer. Avec la « coalition for outdoor access » nous concentrons la protestation de milliers d’organisations pour créer une voix puissante. Ceci est unique jusqu’à présent. ←
! F A OU TÉ ! U F T Ô T U PL
On peut s’imagi ner le siège principal d’Outdoor Research à Seattle un peu comme la maison d’une grande famille fana d’out door. Il va donc de soi que des chiens fassent également partie de la OR-Family. Nous avons prié trois compagnons dotés d’un instinct animal pour un bon climat de travail, de passer à l’interview.
« Mon maître, c’est Alex. Dans la vraie vie, toutefois, c’est un gestionnaire de produits. Apparemment un poste important. Des téléphones, des conférences, des téléphones, …et ensuite il reste planté à son bureau. Bon. Mais, hé, …ce n’est quand même pas possible de faire ça sans arrêt toute la journée ! C’est pourquoi je tire Alex en dehors du bureau avec ma laisse. Et j’en profite pour lui montrer ce que je sais faire. Des super acrobaties : marcher sur les pattes arrière et autres… ! Aujourd’hui c’est vendredi, vivement le week-end. On ira nager au bord de la mer, pêcher ou faire de la randonnée avec la tente. Je pourrai enfin sortir d’ici ! »
« Mon maître répond au nom de Christian. Il travaille pour le Marketing. Presque chaque jour il feuillète des revues et cherche des annonces. Je l’aide dans cette tâche. Quand j’en détecte une, j’aboie. Mais qu’est-ce que cela a à voir avec du marketing ? Ça fait déjà un bon bout de temps que nous n’avons plus été sur la Pike Place Market à Seattle Downtown. On y trouve des steaks juteux, même bio et frais du fermier. Et le poisson là-bas… du saumon sauvage… un poème ! Pour ce dernier je me passerais même d’une session de frisbee à la pause de midi. »
« Ma maîtresse s’appelle Elise. Elle a de la chance d’être ici. En tant que coordinatrice photo et vidéo elle passe sa journée à regarder des images ou des petits films rigolos. On y voit rarement des chiens, en général on voit des gens qui marchent dans la forêt, qui grimpent sur un sommet ou qui pagaient dans les rivières. Trop bien ! Tout cela me donne envie de voir plus loin que le voisin de bureau, dont le chien me chipe parfois mes succulents biscuits. Mon prochain projet est de voler jusqu’en Alaska avec Elise et son sac à dos. Ou peut-être en Floride ? Et jusqu’à ce qu’on parte pour de vrai, je me charge de monter la garde lors des séances photos qu’organise Elise. »
*Pour le jour d’après
KRYSTLE WRIGHT INDEX, WA.
De l'entrée de la voie à la conquête du sommet, chaque pas en montagne nous fait vibrer un peu plus.Nous vivons pour ces moments de défis relevés entre amis et de joie d'arriver ensemble au sommet. Et finalement, pour le PLAISIR de l'aventure avant tout !
OUTDOORRESEARCH.COM
Les saisons changent mais pas vous.
for the journey ahead
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