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Diversifier pour mieux régner

Afin d’augmenter les revenus des paysan.ne.s, CPR Canaan mise désormais sur la diversification. Une pratique adoptée par Colette Serulou Kalou en 2021 et couronnée de succès aujourd’hui. Sur sa plantation, les cacaoyers s’entremêlent dans un ordre minutieux. Mais ici, le cacaoyer n’est plus seul en pays conquis. « Je fais pousser de l’igname, du riz, des haricots mais aussi des anacardiers qui produisent des noix de cajou que je vends sur les marchés de Daloa », dit-elle.

Et pour protéger ses cacaoyers d’un ensoleillement plus long à cause du dérèglement climatique, ils sont désormais flanqués d’arbres d’ombrage qui proviennent d’une pépinière située à quelques kilomètres de là, dont le démarrage il y a trois ans a bénéficié du soutien d’Oxfam. Celle-ci est aujourd’hui capable de produire 100 000 arbres d’ombrage par an, qui participent aussi à la reconstitution du couvert végétal d’une région qui a beaucoup souffert de la déforestation.

L’égalité, conquête inachevée des cacaocultrices

Pour s’engager dans la diversification de ses revenus, Colette a dû lever des fonds. Il lui fallait emprunter 150 000 FCFA (380 €) pour embaucher du personnel afin de l’aider à débroussailler sa plantation. Mais l’accès inégal des Ivoiriennes au crédit et aux titres fonciers (souvent requis pour accéder au crédit) sont autant d’obstacles qui l’ont empêchée de se tourner vers une banque commerciale.

Le projet Bite to Fight a donc voulu donner une réponse sexo-spécifique à ces inégalités. Oxfam a soutenu le démarrage de plusieurs associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC), créées par des femmes de la région de Daloa. C’est auprès de l’une d’elles que Colette a obtenu un prêt à un taux d’intérêt dérisoire. D’après Émilie Ipothe, la présidente de l’AVEC de laquelle elle est membre,

Bite to Fight apporte une réponse sexo-spécifique aux inégalités de genre

ces organisations autogérées sont une formidable enceinte d’autonomisation des femmes. « En versant des cotisations chaque semaine, nos membres constituent un fonds de crédit, qui leur permet ensuite d’emprunter de plus grosses sommes afin de développer leurs projets. Moi par exemple, je suis en train de monter un poulailler. D’autres exploitent leurs champs ou font de la restauration. Notre objectif ultime, c’est l’autonomisation de la femme. C’est vraiment de se mettre ensemble et être capables de se débrouiller sans les hommes », dit-elle.

Un changement urgent de paradigme

On l’a vu, un autre modèle que celui qui fait de la filière du cacao l’une des plus inéquitables au monde est possible. Et les consommateur.trice.s ont le pouvoir de faire le choix d’un modèle économique, social et environnemental plus juste pour les planteur.euse.s. De leur côté, les industriels doivent se défaire d’un modèle qui a tous les aspects d’un colonialisme agricole, en rémunérant plus équitablement les cacaoculteurs et les cacaocultrices. Et cela est tout à fait possible sans augmenter significativement le prix pour les consommateur.trice.s, contrairement à l’argument massue souvent sorti par les géants du chocolat, puisque le prix du cacao ne pèse que 6 à 7 % des coûts d’une tablette.

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