A ABBEVILLE LUNDI 30 janvier à 20 h 30, MARDI 31 à 16h15 En 1945, un vieux rêve séculaire émanant des peuples à vouloir vivre sans l’angoisse du lendemain voyait enfin le jour. Le principal bâtisseur de cet édifice des plus humaniste qui soit se nommait Ambroise Croizat. Qui le connaît aujourd’hui? 70 ans plus tard, il est temps de raconter cette belle histoire de « la sécu » D’où elle vient, comment elle a pu devenir possible, quels sont ses principes de base, qui en sont ses bâtisseurs et qu’est-elle devenue au fil des décennies ? GILLES PERRET, avec « La Sociale », son cinquième film sorti dans les salles de cinéma, nous raconte l’histoire de la Sécurité Sociale, d’où elle vient, ce qu’elle est devenue et ce qu’elle pourrait devenir. Une Histoire peu ou pas racontée, déformée, occultée même, jusqu’à ce jour, même si elle nous concerne tous. L’histoire d’une lutte qui n’est pas finie. Au travers des yeux de Jolfred FREGONARA, 96 ans, militant CGT, acteur de la mise en place de la sécurité sociale en 1946 et de Michel ETIEVENT, écrivain qui œuvre à faire connaître le rôle décisif d’Ambroise CROIZAT, ministre communiste à la Libération, c’est toute l’épopée glorieuse de l’instauration de la Sécurité Sociale qui est expliquée.
La belle idée était de couvrir tous les risques – maladie, allocations familiales, vieillesse, accidents du travail – avec la même caisse, et de tout mutualiser. Même l’assurance chômage, si on était resté dans la logique du CNR, aurait dû intégrer la Sécurité sociale. Les gens méconnaissent cette histoire alors que la sécurité sociale fait partie de leur quotidien. Ceux qui en parlent citent de Gaulle, la Libération, mais c’est à peu près tout. Il faut aller plus loin, lorsqu’on sait que de Gaulle a laissé mettre en place cette disposition mais sans en être ni à l’initiative, ni à la concrétisation. Avec LA SOCIALE, les gens découvrent ce monde, avec le sentiment d’avoir été un peu trompés dans leur Histoire. Là où on aurait pu croire que tout le monde allait être d’accord pour mettre en place l’accès à la santé pour tous et les retraites, on constate que ça a été beaucoup plus compliqué que ça. Croizat et Laroque, en définitive, avaient beaucoup d’opposants à la mise en place de ce projet : le patronat bien sûr, mais aussi la mutualité, car elle perdait dès lors ses prérogatives ; et l’Eglise, qui se voyait dépossédée de ses caisses de solidarité ; la médecine libérale, également, qui craignait tout à coup d’être dirigée par la CGT ; la CFTC, qui refuse de participer à la mise en place des caisses estimant que la CGT était en situation de monopole ; et jusque dans les rangs de certains travailleurs, qui bénéficiaient de ce qui allait devenir les « régimes spéciaux », et qui avaient des avantages supérieurs avant la guerre… Bref, cela fait beaucoup d’opposants, ce qui fait que la généralisation, voulue à l’origine par le CNR, ne s’est pas complètement réalisée.