L’héritage balnéaire à réinventer La Baule et sa baie
Caroline Holz 2015-2016 Mémoire de fin d’études,
École de la Nature et du Paysage INSA Centre Val de Loire Directrice de mémoire : Raphaëlle Chéré Professeure encadrante : Cécile Rialland-Juin
Membres du Jury : Christophe Degruelle, Président de Jury Raphaëlle Chéré, Directrice de Mémoire Cécile Rialland-Juin, Enseignante encadrante
Sommaire
Avant propos Le choix du site Premiers regards Présentation du site
page 7 page 8 page 20
Partie 1 mise en place
1 °
temps
2 °
temps
l’ histoire d’un grain de sable La Formation du territoire, question environnementale Formation et origine du paysage La Loire, amorce de l’ouverture du territoire Les mouvements sédimentaires et hydrauliques actuels Les paysages et les usages Synthèse
Les débuts de la station Balnéaire La station balnéaire, question touristique et attractivité
Un contexte propice Les villas sous les pins La ville balnéaire du 19 éme Synthèse
la
3 °
temps
page 24 page 32 page 34 page 44 page 50
page 54 page 57 page 60 page 66
modernisation : transformation
La modernité du 20éme siècle, question de l’image du front de mer
Les opportunités à La Baule Concept général Les modifications de la ville Synthèse
page 70 page 72 page 76 page 82
Partie 2 présent et futur
1 °
temps
2 °
temps
la ville
actuelle
Les usages et les flux structurent la ville Séquence de la ville balnéaire par le front de mer Les résidents et les touristes Les réflexions en cours Synthèse
page 88 page 90 page 102 page 104 page 112
Vers le projet Des opportunités et des défis Le littoral, espace fini Les immeubles, héritage en projet Des enjeux à l’échelle de la Baie Site de réflexion et site de projet Promenade commentée dans le site Pour continuer ...
Conclusion
Bibliographie et Sources iconographiques Remerciements
page 116 page 118 page 119 page 120 page 126 page 128 page 134
avant-propos le choix d’un site
Premiers regards
Premiers regards sur la Baie, série photographique
présentation du site
La presqu’île, Introduction
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Le choix d’un site : Une suite d’idées vraies il y a un temps, et aujourd’hui remises en question, qui m’a poussée à me pencher sur le cas de la ville balnéaire. Le sentiment qui semble déraisonnable qu’on puisse tous être en vacances au même endroit, au même moment, profiter des mêmes plages, sur son carré de sable fin avec sa propre vue sur la mer. Le tourisme, le fait d’être tous ensemble, en masse, se retrouvant parfois chaque année sur les mêmes coins de sable : un foisonnement de rencontres et d’histoires, la vie au rythme des marées. Mais c’est aussi l’idée aujourd’hui très critiquée de l’habitat en hauteur, rendue possible par la modernité ; l’idée que c’est la bonne solution pour le front de mer : plus de fréquentation, une ouverture vers une autre classe sociale, toujours riche, mais plus nombreuse. L’idée du tourisme de masse qui fait vivre un lieu, du progrès qui s’appliquerait au littoral, de la transformation brutale, sans transition ...
J’ai toujours aimé les dynamiques de front de mer et d’affluence touristique : des villes soudain trop pleines et puis trop vides. Il en est de même pour les habitats que l’on qualifie aujourd’hui de «moches», de cicatrices, d’erreurs : les immeubles des trente glorieuses, les constructions rapides, économiques et rentables... Mais qui sont parfois déjà classées pour leur qualité architecturale. La Baule et sa Baie cristallisent ces deux éléments.
C’est un endroit que j’ai parcouru pour la première fois au cours d’un voyage d’étude en quatrième année, l’année dernière. Nous étions dans le bus, et nous sommes passés par le front de mer, au fil des ronds points. J’ai découvert des bâtiments clairs d’une autre époque d’un côté, et l’océan de l’autre, avec sa plage de sable fin. Nous étions de passage. J’étais éblouie par la beauté de la Baie et sa relation avec les immeubles. C’est aussi à ce moment là que j’ai appris que la réflexion sur la protection et le classement du front de mer, les fameux immeubles modernes, était en cours.
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la mer
Premiers regards sur la baie :
la plage la promenade les immeubles les villas sous les pins
Les pins dans l’arrière de la ville, juste après l’imposant front de mer, dégagent une odeur dépaysante, une ombre sèche, mais agréable. La route ondule sur les racines des conifères et au rythme des dunes, enfouis sous le béton, le bitume et les remblais. Des villas apparaissent et disparaissent au grès des jardins, au fil des ruelles informelles. Et puis on avance, et c’est la plage. L’ouverture qui apparaît parfois comme une surprise au détour d’une rue, et d’autres fois comme une promesse au bout d’une avenue perpendiculaire au front de mer. Ici, les balcons-alvéoles se tournent tous vers la mer : à chacun son coin de bonheur, chacun sa vue sur l’Atlantique, et aux pieds des immeubles, la plage et ses loisirs. On est au mois de Juin et, sur la promenade, un groupe scolaire passe en rêvassant et des retraités marchent tranquillement. Sur la plage quelques courageux se baignent, mais la plupart des gens profitent simplement du soleil qui rayonne par éclaircies dans le ciel gris. Les petites baraques sont alignées sur l’arrière de la plage. Sans leur toile rayée de bleu, elles font triste mine et semblent attendre les touristes pour les occuper, ou une grande marée pour les emporter. L’ambiance est reposante et apaisée. Je marche le long des bâtiments qui revendiquent tous une singularité, mais qui, noyés dans la masse, sont qualifiés de «moches», «dépassés», «tous pareils». Et puis le regard se perd sur le lointain, sur la Baie magnifique et immense, on oublie le front de mer, on oublie les gens, il ne reste que la plage, les coquillages et leur craquement lorsque l’on marche dessus, le bruit des vagues et l’eau fraiche. page 8
«Ma chère petite Marie, Je suis parti pour La Baule le lendemain de mon arrivée à Paris [...] Le pays est ici très laid, pins et sable, extrêmement pénible pour la marche. Il paraît qu’il y a un monde fou, mais comme la plage a 9 kilomètres de long on dirait qu’il n’y a personne. Nous sommes tout au bout du pays et ce pays est pour ainsi dire sans rues. Je m’embête un peu à cause de la rareté du monde. [...] La chaleur est très forte et le soir il fait encore plus chaud à cause des pins qui dégagent beaucoup de chaleur. Le chemin de fer est tout près et le premier train me réveille chaque matin. Je prends un bain de mer à 7 heures du matin, beaucoup d’énormes méduses. [...] En somme, le paysage de Villequier était plus fin, plus délicat, plus raffiné même, mais ici profondément lumineux comme je n’en ai pas encore vu depuis la Méditerranée.» Lettre du poète Guillaume Apollinaire, écrite à La Baule, le 21 août 1913, à son amante, la peintre Marie Laurencin.
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Présentation du site : La presqu’île Guérandaise, entre la Vilaine et la Loire.
ire
La Lo
ine
La Vila
Océan Atlantique
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La Lo Salines
0
page 20
n
5 km
Sauf indication contraire, toutes les cartes ont le «nord au nord» comme cette carte.
12 km de Baie 8 km de plage de sable à 1km des marais salants à 15km de Saint-Nazaire
Introduction : Après avoir longtemps été craint et fui, à cause de son caractère dangereux, imprévisible et parfois insalubre à cause de ses marais et eaux saumâtres, le littoral est aujourd’hui très attractif. Alain Corbin parle même de désir immodéré pour le rivage, qui apparait dès le 18ème siècle. La station balnéaire naît. De par sa définition,elle est un lieu de séjour situé au bord de la mer et aménagé pour l’accueil des vacanciers, avec une architecture riche et spécifique. La côte d’Amour est le littoral paradisiaque de la presqu’île Guérandaise : huit kilomètres continus de plage de sable fin, plein sud. L’emblématique littoral est connu nationalement et internationalement. On peut y contempler l’horizon à l’abri des baraques sur la plage, des balcons des immeubles sur le front de mer bâtis, et parfois des salons d’été des villas plus en arrière. La beauté de la Baie a su, dès que l’endroit fut rendu propice à installation humaine, attirer les investisseurs et bâtisseurs nantais, parisien ou anglais, entre autres. Évidemment, l’urbanisation n’a cessé de croître, par quartier, par lotissement, avec une foule de styles architecturaux évocateurs d’époques ou de régions lointaines. L’urbanismecontinu-balnéaire de la Baie s’est construit et s’est superposé à lui même, créant la ville palimpseste qu’on peut voir aujourd’hui. La station balnéaire a toujours continué de se transformer, même si les 30 dernières années ont été moins marquées par les changements. Aujourd’hui la ville attire constamment plus de touristes, en quête de soleil, d’oisiveté et de loisirs toujours plus variés.
Pourtant, la Baie souffre de son image architecturale : le front de mer est largement décrié. La nostalgie des villas sous les pins renforce le contraste et souligne le caractère défigurant des immeubles qui les ont remplacés en front de mer. Le tourisme et les envies évoluent... Je pense que la Baie est à un tournant très intéressant de son histoire, régie par plusieurs dynamiques, aussi bien sociales (le tourisme, la relation au bâti des années 5080 qui évolue, les résidents permanents moins nombreux et de plus en plus vieux, la patrimonialisation...), que des dynamiques physiques (la pinède vieillissante et en régression, les mouvements de sable, l’architecture qui se réinvente en permanence, la saturation du foncier...), le tout placé sur le littoral avec toutes les questions de protection, d’évolution, de gestion ... Quelles sont les perspectives d’évolution pour la ville balnéaire dans le contexte actuel ? Mon idée est de montrer que la Baie peut continuer de se transformer avec ces dynamiques et être plus en phase avec son littoral. Le fil conducteur de mon propos sera l’évolution du site, le changement constant de l’espace, de sa gestion et de sa perception. Chaque stade de l’évolution, chaque strate de l’histoire, est rattaché à un grand thème et ses enjeux. Avec, en fin, une idée du futur, c’est à dire les nouvelles dynamiques que je me propose de projeter.
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Partie 1 Mise en place
1 °
temps
l’histoire d’un Grain de Sable
La Formation du territoire, question environnementale
formation et origine du paysage Géomorphologie, Géologie et sols, La dune d’Escoublac : le village enfoui
la loire, amorce de l’ouverture du territoire les mouvements sédimentaires et Hydroliques actuels les paysages et les usages
Les unités paysagères traversées, Les usages qui en découlent, Les marais salants, histoire, risque et ambiances
synthèse
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formation et origine du paysage : Géomorphologie FIN Primaire
La presqu’île de Guérande est située au Sud de la Bretagne, et juste au Nord de l’estuaire de la Loire, dans le département Loire Atlantique. La région est connue pour son grès solide, fracturé par le sillon de Bretagne. A l’origine, il s’agit une chaîne de montagnes : le fameux socle armoricain. La forme qu’il présente aujourd’hui est due à l’application de trois dynamiques successives : l’érosion des plateaux depuis la fin de l’aire primaire; la fracturation du socle par trois longues failles parallèles, orientées nord-ouest, sud-est, qui ont fait apparaître des blocs basculés vers le nordest ; et enfin, c’est un processus d’érosion littorale et d’accumulation des sédiments marins, par la variation importante du niveau de la mer, qui a fini de dessiner le relief qu’on trouve aujourd’hui (Sellier,2010). On voit très nettement se dessiner les 3 coteaux, sur les cartes géologiques et topographiques, produit des trois grandes failles. Le coteau de Guérande est, avec 61 m d’altitude, l’un des principaux reliefs de la région, et il offre une vue sur l’ensemble de la presqu’île. Le coteau du Croisic, ou la grande côte, culmine à 23m et donne directement sur l’océan. Les blocs basculés produisent des marais et zones humides, puisque les point bas sont très proches du niveau de la mer. Les marais maritimes salants de Guérande et les marais continentaux de Brière : le Parc Naturel Régional. page 24
massif armoricain
érosion aplanissement Tertiaire
Blocs basculés
axonométrie
Co
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Marais salants
auv age
PNR Brière Marais continentaux
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La Baule
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Nantes
0
10 km
quaternaire
Il y a 2100 ans
Au haut Moyen Age, naissance des marais
Au Moyen Age, paysages actuels page 25
Côte du Croisic 21m Sud Ouest Chenal du Nord
Coteau de Guérande 61m
zone humide
bloc du Croisic
Sillon de Bretagne 91m Nord Est
Brière
bloc de Guérande
bloc du sillon de Bretagne Coupe transversale de la côte, perpendiculaire aux failles sans échelle
Lorsqu’on se déplace sur la presqu’île, la topographie n’est pas marquée. On a le sentiment que tout est plat, d’autant plus que les marais salants donnent l’impression de s’étirer à l’infini. Les quelques point hauts offrent une vue à 360° sur tout le territoire : depuis la tour de Batz-sur-Mer, on voit les marais, La Turbale, le village de pêcheur, Guérande, la ville fortifiée, les pâtures qui
Marais salants
Coteau de Guérande
entourent le tout et plus loin la Brière et ses boisements marécageux ; et bien sûr, la baie et la pinède, qu’on devine au loin. Le coteau de Guérande ne semble impressionnant que lorsqu’on se trouve à ses pieds, même si la pente a été lissée avec le sable accumulé là dès le Quaternaire.
Baie
Côte du Croisic
Batz sur Mer, village le long de la côte du Croisic. Vue depuis la tour-observatoire page 26
Plages et dunes Formation dunaire sable fin
Géologie et sols
Co
tea
Marais salants Alluvions modernes sur substrat non connu : tourbe et argile grise. Exploitation par l’homme
ud
Gneiss Leucogranite de Guérande
eG uér and
e
Côte
Pente adoucie Dépôt de matériaux d’origine locale (ici sable). Colluvions
Brière Alluvions modernes : tourbe et argile grise, sables limoneux. Exploitée ou ayant été exploité activement (tourbe, argile, roseaux)
Agriculture Micaschistes
Granite
Granite submergé
du C roisic
Sable jaune glauconieux
n
0
5 km
Leucogranite de Guérande submergé
Bilan matériaux : Granite Quelques Schiste et Gneiss Sable Argile et Tourbe localisés
Migmatites (=granite+gneiss)
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Carte de Cassini, 1750
0
1 km
La dune d’Escoublac : le village enfoui Avant d’être un haut lieu de la villégiature, le littoral était craint, et à juste titre : le paysage y était mouvant, au grès du climat. Le petit village d’Escoublac, situé environ un kilomètre de la mer, vivait de l’élevage et de l’agriculture. Les terres, uniquement constituées de sable, avaient un rendement faible, les habitants pratiquaient alors le pâturage sur la dune qui les séparaient du rivage. La dune était donc à vif, sans végétation pour la fixer. Les violentes tempêtes, que l’on connait lorsque l’on s’approche de la mer, ont eu la force de déplacer l’immense monticule de sable. Deux catastrophes ont détruit le village d’Escoublac : En 1450, un raz de marée englouti les maisonnettes qui étaient très près du rivage. Le village est reconstruit plus loin, le sable s’accumule régulièrement aux pieds des maisons, poussé par le vent. Mais l’hiver 1779, le village est enseveli par la dune. On ne peut sortir et entrer dans les maisons que par le toit. Les villageois tiennent bon quelques années, puis se résignent à tout reconstruire plus loin, sur l’axe Guérande-St Nazaire. Quelques années plus tard, alors que la région porte un nouveau projet (le fameux port de Saint Nazaire) et qu’à des centaines de kilomètres au Sud, les tests de boisement de fixation dans les Landes prouvent leur efficacité, Napoléon donne l’ordre de fixer l’intégralité des zones dunaires du pays. C’est le pin maritime, entre autre, qui sera largement promu.
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En pratique, les choses se gâtent légèrement sur la Baie : les semis ne lèvent pas et la population, qui se retrouve sans terres de pâture ne coopère pas, les concessions ne sont pas accordées par l’état... Il y a tout de même 642 hectares de sable fin à fixer... Les ingénieurs des ponts et chaussées s’essayent à la plantation, sans résultat. C’est le compte de Sesmaisons qui démarre, plein d’espoir en 1818, après avoir finalement obtenu une concession sur 30 ans. Il vend, désespéré, le désert de sable 16 ans plus tard, à plusieurs concessionnaires, toujours sans arbre. Les suivants (Benoît et Berthault) réussiront mieux, s’aidant de prairies de luzerne, qui donnent de bons résultats, et d’un mélange de genêts et d’ajoncs. Quelques négociations et reventes plus tard, la quasi totalité de la dune est recouverte, et les concessionnaires officiellement propriétaires. On est en 1868, il aura fallu 50 ans de lutte contre le sable pour fixer la dune.
hauteur de la dune : 56 mètres au plus haut
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Le village sous la dune ...
En 1753 et 1773, on peut lire dans le journal tenu par le Général de Paroisse, «les habitants de la paroisse sont continuellement occupés à écarter les sables qui assiègent l’église et l’ont déjà presque engloutie par les prompts progrès qu’ils ont fait après la dernière grande tempête» et «tout le pays étant presque dépourvu de bois, la Brière est la seule ressource pour procurer des secours, surtout à cette paroisse dans laquelle les habitants ne sont pas nés riches et dont une grande partie du terrain est déjà envahie par les sables, ce qui nécessite d’aller dans la Brière y couper des mottes pour les vendre et par là trouver quelques secours à la vie…». page 30
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St Nazaire
0
5km
la Loire, amorce de l’ouverture du territoire : La Loire se jette après 1006 km de course folle en France, depuis le massif central, dans l’océan atlantique. Elle y ouvre une large brèche : l’estuaire, qui débute au niveau de Nantes. Elle est connue pour sa force et pour entrainer et charrier dans son sillage de grandes quantités de sable. Nantes est à l’origine la ville-port de la Bretagne. On y apporte des denrées venues du monde entier, des esclaves aussi avec le commerce triangulaire, et on échange à tout va : l’économie est prospère et les plus audacieux s’enrichissent vite. Comme le progrès ne s’arrête pas, les bateaux s’agrandissent et s’élargissent... Dès le 15ème siècle, on constate les limites du tirant d’eau de la Loire entre Paimboeuf et Nantes. Un chenal est creusé, mais tout va très vite, trop vite, le sable de la Loire est toujours là et comble rapidement les tentatives. La cité risque de péricliter. On réagit, des projets fous sont engendrés, mais peu à peu, on se rend compte que cela ne suffit pas : il faut voir plus loin puisque les bateaux sont de plus en plus gros... C’est le déchirement : un nouveau projet, une hypothèse, le petit port de Saint-Nazaire, aux portes de l’océan, pourrait, lui, accueillir ces énormes bateaux... Nous sommes au 19ème siècle, le projet est formulé, il fait grand bruit, il est vivement critiqué, mais le sable l’emporte et fait glisser jusqu’au bout de l’estuaire les activités portuaires. C’est ce projet, le port de Saint Nazaire, qui va désenclaver la presqu’île entière. Le train arrive vite, en 1871, on réfléchit au tracé GuérandeSt Nazaire pour relayer le transport des marchandises dans un premier temps, avant de transporter des voyageurs. On y achemine les poissons et le sel pour les mettre sur les bateaux au port. La ligne est construite, et prolongée jusqu’au Croisic en 1879. Elle passe par La Baule, où se situe l’embranchement. page 32
Reconstitution du village de St-Nazaire vers 1830
En 1770, Perronet, Premier Ingénieur des Ponts et Chaussées du Roi conclut son mémoire d’appréciation des travaux de la manière suivante: « Quelles que soient au surplus les dépenses que l’on fasse et les soins que l’on puisse se donner pour améliorer la navigation de la Loire jusqu’à Paimboeuf, on ne doit pas s’attendre à la voir jamais s’établir d’une façon qui soit invariable […] Il n’est point donné aux hommes de s’opposer à de pareils efforts qui peuvent détruire en peu de temps les projets les mieux concertés, c’est pourquoi on doit s’attendre qu’il y aura continuellement des travaux à faire sur cette rivière pour maintenir la navigation en bon état… »
Nantes
0
500m
Carte d’état major, vers 1850, où on voit que St Nazaire n’est constitué que de quelques maisons
La Baule Pornichet
St-Nazaire aujourd’hui
Nantes et son port en 1838, juste avant sa remise en question
Le territoire se développe avec le port : grâce aux activités industrielles et commerciales. Elles drainent, encore aujourd’hui, les habitants d’une partie de la presqu’île jusqu’à St Nazaire.
zaire St Na Rive industr i
elle
Saint Nazaire, bassin de vie économique schéma en perspective, sans échelle
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Bassin versant du Brivet (Vilaine)
les mouvements sédimentaires et hydrauliques actuels :
La Turbale
Le Croisic
Bassin versant du Croisic (Atlantique)
Le Pouliguen
Mouvement sédimentaire dominant (entraîné par les courants dominants). Les mouvements fluctuent avec les marées.
Zone de dépôt des déchets des cures du chenal de la Loire et des souilles pour le chargement des bateaux. Espace d’extraction de sable: pour remblayer la plage de la Baule. page 34
échelle de la carte : 0
Pour entretenir la plage, on apporte parfois du sable en grande quantité. Le dernier rechargement à La Baule date de 2004 : 215 000 m3 de sable provenant du plateau de la Lambare. Il ne reste aujourd’hui que 20% de ce sable, déjà emporté par les courants, et engraissant probablement le banc des chiens (au niveau de la pointe du Pouliguen). Les services techniques ont également apporté des enrochements sous la plage pour tenter de fixer le sable au niveau de la limite La Baule/Pornichet.
Bassin versant du Mès (Loire)
La BauleEscoublac
5km
St-Nazaire Pornichet
Chantier d’enrochement pour maintenir la plage (2005) :
St-Brévainles-Pins
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Les dynamiques sédimentaires actuelles sont complexes : entre naturelles et humaines, avec des interactions de causes à effets. La Loire possède un bouchon vaseux, qui se déplace aux grès des marées. Il véhicule avec lui vases et sables qui se déposent en fond de chenal. Tous les 2 ou 3 ans, il faut procéder au curage du canal, pour qu’il garde une profondeur convenable pour le passage des bateaux dans l’estuaire. Les déchets du curage sont déposés plus loin, au niveau du plateau de la Lambarde. Il faut aussi procéder au nettoyage régulier des souilles (zones de déchargement des bateaux à quai), pour cela, on utilisait le curage, mais on préfère aujourd’hui agiter plusieurs fois par an le fond de la souille avant la marée basse, pour que tout soit emporté par les courants naturels. Les courants apportent avec eux des sédiments. à certains endroits, les courants sont très forts, il y a donc une forte érosion. C’est le cas du centre de la Baie par exemple, les courants arrivent de face sur la plage et se répercutent sur les côtes, érodant le centre plus fortement. Les courants plus faibles créent une sédimentation. On peut observer cette dynamique sur la plage de St Brévain les Pins, et, assez faiblement, à chaque extrémité de la Baie.
glissement HIVER marée haute marée basse
transport éolien été marée haute marée basse
coupes de principe de la saisonnalité du profil d’une plage
St Nazaire
récit
St Brévain les Pins La plage à marée basse, 12 Octobre 2015. Lors de faible coefficient de marée, la plage se transforme en vaste espace de pêche à pied. Moules, huîtres, coques... Les amateurs peuvent se servir (si autorisation)à raison d’un panier par personne au printemps et à l’automne. Largeur de la plage : jusqu’à 1000m (côté Pouliguen), 140 m en moyenne sur la Baule
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La plage. Entre le mou et le dur, la plage est un espace familier. Il s’agit d’une accumulation de déchets des océans. Elle est en évolution constante selon les marées, les saisons et les années. En hiver, les vents et courants forts creusent le haut de la plage et les pluies font glisser le sable plus bas. On parle d’amaigrissement. En été, le vent pousse le sable séché par le soleil sur le haut de la plage, et les courants amènent du sable. On parle d’engraissement. On parle d’érosion et de sédimentation lorsque des pertes ou gains s’observent sur les années.
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La plage à marée haute, 15 Août 2015. Ici, la plage est un espace dédié au tourisme et aux loisirs. Les uns luttent contre les vagues en construisant des murailles de sable, les autres s’allongent sur leur serviette pour bronzer, d’autres encore se jettent à l’eau, à pied où à bateau. Tous partagent cet espace réduit. Largeur de la plage : 40m
Une journée à la plage ... Le 15 Août
3h35. Marée haute
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Une journée à la plage ... Le 15 Août
10h10. Marée basse
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Une journée à la plage ... Le 15 Août
16h00. Marée haute
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Une journée à la plage ... Le 15 Août
22h28. Marée basse
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les paysages et les usages : Les unités paysagères traversées Située au Sud de la Bretagne, on retrouve sur la presqu’île un paysage de bocage clairsemé, mais ce n’est pas l’agriculture qui domine, loin de là. Le territoire est très particulier et humide avec de nombreux marais exploités par l’homme. Le Parc Naturel Régional de Brière protège une vaste partie du territoire en espaces naturels. Il est constitué principalement de marécages. Une fois la protection du parc levée, l’urbanisation est très présente et ne s’interrompt presque pas tout au long des côtes.
Les usages qui en découlent On a vu que le paysage est induit par la topographie, et on peut affirmer que les usages sont eux aussi ancrés dans le territoire. On retrouve les usages anciens, qui perdurent depuis des générations et des générations, parfois réanimés, comme les paludiers récemment, pour ne pas perdre ces précieux héritages locaux ; et les usages plus récents, qui datent du 19ème siècle et de l’ouverture du territoire avec le port et le tourisme. La Turbale Le Croisic Brière
Marais salants
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Campagne boisée
Balnéaire Portuaire
Industriel
0
5km
Projet de 80 éoliennes offshore, d’ici 2020
Marais continentaux exploités , canalisés et protégés : Brière Guérande, ville fortifiée
Marais salants
Campagne Ville balnéaire boisée
Estuaire industriel
Urbanisme diffus, résidentiel
Coupure d’urbanisation micro-agriculture
Ville industrialoportuaire
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Les marais salants, histoire, risque et ambiance :
Les marais salants constituent le point phare de la presqu’île de Guérande. Ils s’étendent sur 2000 ha. environ et existent depuis le 9ème siècle, moment où les moines ont commencé l’exploitation du sel par le dessin des premiers oeillets (petits bassins creusés où se réalise la récolte du sel). Le 19ème et le 20ème siècle constituent la période de déclin général des marais salants d’Atlantique. En effet, dès le 19ème, les salines sont mises en concurrence avec de nouvelles exploitations plus industrielles en Lorraine et en méditerranée. De plus le prix du sel est fixé plus bas par l’État, et quelques mauvaises récoltes anéantissent lentement une grande partie des marais salants de Bretagne. Gildas Buron écrit «les salines devenues moins rentables pour leurs propriétaires sont progressivement délaissées au profit de la culture (...), puis dans un second temps de l’élevage extensif. Enfin, elles sont reprises aux bénéfices de la pisciculture». Partout les exploitations de sel se reconvertissent, mais à Guérande, entre 1800 et 1860, des salines se créent, pour parvenir vers 1900 à attribuer 90% de la production de sel de Bretagne aux marais de Guérande. Suite aux guerres mondiales, les non-transmissions aux générations suivantes, la diversification du territoire, la politique et l’économie défavorables, Guérande subit plusieurs vagues d’abandon des salines. En 1995, on compte 6000 oeillets cultivés, contre 32 600 en 1840.
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Il faut préciser qu’aujourd’hui la presqu’île de Guérande fait partie du département Loire Atlantique (ou avant Loire Inférieure), région Pays de la Loire. Mais jusqu’en 1955, après plusieurs années de flottement administratif pendant les guerres, elle appartenait à la région Bretagne. Les chiffres des marais salants sont donc affiliés à ceux de la Bretagne. Raimond Regrain qualifie les marais salants de «manufacture de plein air».
Dans les années 50, l’écart entre le train de vie des paludiers et la vie environnante est tel que le métier n’est pas attractif du tout. Plusieurs projets naissent et prévoient de réduire les marais salants, de les diviser: en somme d’achever leur déclin. Les paludiers, malgré tout attachés à leurs traditions, se soulèvent ensemble. Non sans quelques difficultés, ils se regroupent en une coopérative propre dans les années 80. Trente ans plus tard, les efforts ont payé et le sel de Guérande est reconnu internationalement. De l’image au conditionnement, jusqu’à la commercialisation, tout est géré par ce nouvel intermédiaire privilégié. C’est la reconquête des marais qui s’opère, on remet en exploitation des salines abandonnées depuis plusieurs décennies, les paludiers ont un salaire régulier, décent et sont formés. Le regard sur les marais a donc évolué dans le temps, en phase avec la déprise et reprise des marais. Ainsi, comme nous l’avons vus au début de la crise qui a eut lieu vers 1860, on formule même le projet de rendre à la mer ses terres jugées inutiles et incultes, en enlevant les digues. Après la révolution, les paludiers inspirent la compassion et incarnent l’identité territoriale, comme un reliquat d’un passé révolu. Puis vient la nouvelle remise en question des marais face à l’urbanisation et au besoin de franchir cet espace. Mais les marais sont sauvés et jouissent aujourd’hui d’une image d’une nature idéalisée, rayonnant sur son territoire.
Quand le risque vient de l’arrière et non de l’océan.
Comme nous l’avons vu dans la partie topographie, les marais salants ont un niveau très bas. Leur cote altimétrique se trouve entre 0 et 3 m au dessus du niveau de la mer. Les marais vivent au rythme des marées : en hautes eaux, les premiers bassins se remplissent, pour faire des réserves. Mais lors des tempêtes ou de trop grandes marées, les digues qui les protègent sont vulnérables, et les marais sont submergés. Il ne s’agit pas de trop grandes catastrophes, puisque les marais ne sont pas exploités en hiver, lors des tempêtes, et que la forme des oeillets reste en place malgré l’eau. Le problème se situe plutôt au niveau des ouvrages qui cèdent et des habitations proches, qui se sont implantées loin du rivage, mais proches des marais, donc plus bas que le front de mer. Sachant que le cordon dunaire, où repose la ville balnéaire, se situe au minimum 5 m au dessus du niveau de la mer, on peut dire que le risque de submersion vient ici plus de l’arrière que de l’avant. Les zones d’habitation vulnérables sont situées à l’Ouest de la Baule et au Nord du Pouliguen. Nous verrons plus tard dans l’analyse les décisions politiques pour les protéger. On peut dire qu’il n’y a pas de réelle «culture du risque» qui se transmet de génération en génération comme une mémoire. La dernière tempête Xynthia a surpris tout le monde, rappelant cette vulnérabilité de l’arrière.
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synthèse : temps 1
La Formation du territoire, question environnementale
L’océan. Comme nous l’avons vu, il est à l’origine de la formation de paysages : ses courants entraînent les sédiments qui modulent le territoire. La vie est née dans l’océan, et l’océan raconte l’histoire de la vie, nous dit Gilles Boeuf. On peut considérer l’océan comme un réservoir d’énergies durables et renouvelables, un potentiel élément dont on pourrait profiter pour produire des ressources. C’est ce qu’il se passe en ce moment à St Nazaire, avec le projet d’éolien offshore sur le banc de Guérande, qui devrait se concrétiser dès 2020. L’océan ne pourrait cependant être réduit à son énergie, il se caractérise aussi par son interface avec la terre : le littoral. Les défis et les opportunités liés aux océans sont considérables, et passent bien sûr par le littoral.
Montée des eaux
écosystèmes perturbés
Pressions humaines
Quelle adaptabilité ?
Quel équilibre ?
Quelles limites ?
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Nouvelles énergies
Quelles innovations ?
Zone natura 2000
Espace ouvert protégé
Périmètre site inscrit
0
5km
Carte des protections et risques Zones urbaines soumises aux risques de submersion Fragilité du littoral, forte érosion Marais salants de Guérande, site classé PNR Brière, Boisement classé Aire de mise en Valeur d’Architecture et du Patrimoine
Questionnements: Quel équilibre urbain / naturel ? Entre espaces urbain-industriels et préservation : les loisirs ? Quelle interface littorale ? Quelle gestion du littoral au 21ème siècle ? Quelles protections pour ne pas figer les espaces mouvants et les villes ?
Les paysages de la presqu’île sont très riches et variés. La plupart du territoire est occupé par des marais et zones humides. Les principales pressions qui s’exercent sur le territoire sont nombreuses. Elles sont dues au tourisme, bien sûr, mais aussi à l’industrie, qu’on retrouve tout le long de l’estuaire de la Loire jusqu’à St Nazaire. Le port se charge d’acheminer les matières premières et produits jusqu’aux terminaux et dans le monde. Les défis rencontrés sur le site sont liés à sa conservation, tout en maintenant la présence humaine, et anticipant les changements. L’enjeu est de trouver un équilibre. La topographie faible constitue une opportunité puisque le paysage offre des panoramas sur tout le territoire. Le territoire est déjà très aménagé, puisqu’il est largement fréquenté. Ces liens existants et non existants peuvent être vecteurs de nouveaux projets. page 51
2 °
temps
les débuts de la Station balnéaire La station balnéaire, question touristique et attractivité
Un contexte propice les villas sous les pins la ville balnéaire du 19ème
Le remblai, Les loisirs, Les touristes, La ville jardin
synthèse
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«La station balnéaire. Ce terme désuet et élégant évoque tout de suite, le soleil, la plage, la mer et les vacances. Aujourd’hui, le littoral est aménagé et équipé partout, on peut donc se baigner où l’on veut. (...) Finalement, les lieux s’inventent plus qu’ils ne se découvrent... » Patrick Poncet
un contexte
propice :
Mer du Nord
Océan Atlantique
Avec ses 5500 km de linéaire de côte sur la métropole, la France dispose de nombreux atouts pour l’implantation de stations balnéaires
Mer Méditerranée 0
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200km
Partout dans le monde, chaque civilisation a construit sa propre relation à la mer. Soit elle la fuit, soit elle la place sur un piédestal. Longtemps en Europe, l’océan était vécu comme un espace effrayant et malsain. Le rivage incarne à ce moment le désordre, l’incontrôlable, il est souvent source de catastrophes. Les marins, qui vivent de et avec la mer sont aussi considérés comme sauvages et païens : il y a une claire dichotomie entre les mondes terrestres et marins, avec le premier, dominant, qui tente d’imposer sa vision au second. La mer est aussi bien source de revenus (la pêche dans un premier temps, puis la marine et le commerce), que source de malheur, puisqu’imprévisible. Au XIXème siècle, on peu observer un véritable engouement pour les sciences marines et les bains de mer. C’est peut être dans les arts qu’il faut trouver la réponse à ce retournement de situation. Le style romantique apparaît dans la première moitié du XIXème : les artistes cherchent à cette époque des cadres différents, sauvages, grandioses, violents presque. La nature fait alors figure de miroir de l’âme, et permet de révéler la sensibilité et les sentiments profonds : une autre relation à la mer est amorcée. Les bourgeois et intellectuels commencent alors à passer leurs vacances au bord de mer, ils y construisent aussi leur résidence secondaire... Le train arrive avec l’industrialisation à la fin du siècle, les stations balnéaires se développent, avec des nouvelles idées sanitaires promouvant le grand air et l’eau revigorante.
au début, les villas se sont implantées dans les dunes, avec la promesse de l’ombre des pins, qui ne mesuraient alors que quelques mètres.
train : à 1h de Nantes à 3h de Paris
Après l’épisode de la dune qui ensevelit le Vieil Escoublac, et la décision de planter la montagne de sable pour protéger et fixer ce territoire hostile, des visionnaires imaginent une station balnéaire sous les petits pins fraîchement implantés sur la Baie. Il faut dire qu’on est en 1879, le train est inauguré et la ville du Croisic dispose déjà d’un établissement de bain depuis 1840. page 55
Reproduction d’une affiche des années 30
C’est l’orage, le vent se lève et la pluie commence. Une vieille dame parle des marées : comme elle est montante en ce moment, elle amène avec elle le gros temps. La mer sera haute à 17h30 aujourd’hui, on verra bien si le temps se calme... Sur la promenade, les piétons et cyclistes luttent contre les bourrasques et la pluie continue. Les voiles qui glissent à toute allure sur l’eau rendent les sportifs heureux. On distingue mal les deux extrémités de la Baie. Le vent souffle dans les pins qui semblent tout à coup très vulnérables. Après tout, ils nous protègent à peine de la pluie. Les jours suivants sont remarquablement lumineux et sans vent. (Août 2015) Le climat de la presqu’île se caractérise par des températures douces, avec de très rares gelées hivernales et une moyenne à 19°C en Juillet, mois le plus chaud. Les précipitations sont régulières et réparties sur toute l’année. C’est le climat agréable, pour la région (2° au dessus des moyennes de région) qui contribue au succès de la station.
La météo :
LE VENT :
740 mm pluie/an
Ouest / Sud Ouest en majorité (Océan). Quelques vents des terres (Nord Est).
(moy Fr: 790 mm/an)
1200 h de soleil/an (moy. Fr: 1000h/an)
19° de moyenne estivales (moy. Fr. 23°) page 56
Plan du quartier Hennecart-Darlu (détaillé page suivante), réalisé par M. Lafont, architecte Nantais. Un grand axe perpendiculaire à la mer, qui délimite deux lotissements : les oiseaux et les arbres.
Les villas sous les pins : Alors que des grandes stations comme Deauville, Dinard, ou le Croisic en sont déjà à la deuxième génération d’estivants, La Baule n’existait pas encore. à l’arrivée du train, il n’y a que la douane. Deux parisiens visionnaires voient au delà des dunes et du chemin de fer, ils entrevoient le potentiel incroyable de la Baie, et achètent 40 hectares de dune. Il s’agit de Edouard Darlu et Jules Hennecart. Ils représentent la société qui a construit la ligne de chemin de fer. Ils
imaginent déjà, au milieu de ce rien, les promesses d’une station balnéaire comme il en naît un peu partout sur les côtes. Les plans sont établis, les premières villas sortent du sable. Les hôtels, commerces, jardins publics et l’église arriveront dans la foulée. Le développement est rapide, à la fin du siècle, on parle de la Baule comme la plage la plus chic de Bretagne, récupérant la bourgeoisie parisienne, nantaise et même rennaise, et laissant l’aristocratie à Dinard. page 57
Un urbanisme par lotissements
LE POULIGUEN Bâti ancien avant 1850 Urbanisation balnéaire 1850-1950 Urbanisation fin 20ème
0
LA BAULE Lotissement Hennecart (1879) Lotissement Darlu (1880) Lotissement Benoît (1882) Lotissement Pavie (1883-1896) Lotissement Société des Dunes d’Escoublac (1897-1900) Lotissement La Baule Les Pins (1901-1923) Construction fin 20ème
PORNICHET Bâti ancien avant 1850 Urbanisation balnéaire 1850-1950 Urbanisation fin 20ème
1 km
Côte rocheuse du Pouliguen
Ouverture sur la mer au Pouliguen page 58
Villa à La Baule
Villa à La Baule
Villa à La Baule Les Pins
texte
On trouve aussi bien des villas en matériaux nobles (dans un premier temps, avec style néoclassique), que des pastiches en faux bois, des dalles de fausses pierres (dans un second temps) ... Au 19ème siècle, le «kitsch» fait chic, on en rajoute autant qu’on peut. Dans tous les cas, c’est l’idéal du petit château qui est concrétisé. On vient en villégiature, pour voir la campagne, les fleurs, l’espace, les couleurs ... On trouve tous les styles européens à la Baule : de la Grèce antique, au romantisme, en passant par le provençal. C’est la concrétisation du plaisir du voyage, la folie de l’identité. On s’amuse avec l’architecture. Comme le dit Alain Charles, il ne s’agit, à La Baule et dans les villes balnéaires, pas d’un style architectural, mais d’un concept : le concept balnéaire
récit
Les influences architecturales parviennent de toutes parts, aussi bien géographiques que temporelles, ainsi, on trouve des styles tels que le style Breton, Anglo-Normand, Provençal, Basque, Landais, Colonial, International, Paquebot, Californien, Brieuron, et autres imaginaires ...
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La ville
balnéaire du 19éme:
On l’a vu, les villas s’installent les unes après les autres : les bourgeois ont donc des maisons pour résider. Certains ont l’idée de mettre en place des services, pour proposer des loisirs à ces touristes de luxe. Si la ville balnéaire est par définition le lieu du tourisme des bains, La Baule, comme d’autres stations, a misé en parallèle sur les grands établissements. Casino, grands Hôtels, tennis-club ... tout est là pour occuper la bourgeoisie estivale. Puisque la ville s’étend de la gare vers l’ouest, c’est ici qu’on trouve ces équipements. On voit que la ville se trouve sur les dunes, au dessus des marais salants immergés en arrière.
page 60
Le casino de La Baule
Le remblai :
Dès que les premières villas se sont implantées sur le bord de mer, aux limites de l’espace maritime, il a été question de mettre en place un espace pour se promener, et se protéger du sable et de l’eau lors des très grandes marées. Le remblai est né. Il est d’abord construit avec des enrochements pour former une esplanade, et il évoluera sans cesse pour avoir la forme qu’on lui trouve aujourd’hui, surplombant de parfois 4 mètres la grande plage. La baie au XIX ème avait son propre système de déplacement le long du remblai : le tramway (qu’on appelle le Trait d’union ou la Navette). Il fut effectif de 1885 à 1914 et reliait Le Pouliguen à Pornichet.
La navette qui circule sur le remblai, parfois sableux à Pornichet et au Pouliguen et définitivement bétonné à la Baule (Montage de photo anciennes)
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Les Loisirs :
Au début du 20ème siècle, un nouveau spectacle va naître sur les plages, pour le plus grand bonheur des estivants. C’est la conquête du ciel: les premiers petits avions s’élèvent depuis les aérodromes. Plusieurs stations, dont La Baule, feront la promotion de cette nouvelle activité, pour attirer des pilotes apprentis ou confirmés, tous bourgeois. Mais cet essor est de courte durée, la première guerre mondiale montre de tels progrès de l’aviation que les «shows» deviennent obsolètes.
affiche La Baule, plage du soleil, 1931
Mais plus que l’aviation, les loisirs nautiques vont se développer dans les stations. Tous s’essayent à la navigation et les clubs nautiques se multiplient et donnent aux enfants un goût nouveau pour l’aventure !
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Les touristes :
Au tout début du tourisme, les relations entre estivants et locaux étaient assez tendues : la différence culturelle était bien présente et le fossé entre les riches parisiens et les paludiers était de taille. Aujourd’hui, ces différences sont bien sûr moins marquées, d’autant plus que le tourisme fait partie intégrante de l’économie locale.
Location et courses d’ânes sur la plage !
La ville jardin :
Derrière le front de mer, c’est le concept de la ville jardin qui l’emporte: plus de 6 000 villas sous la pinède, avec des jardins travaillés et structurés. Alain Charles analyse le mode de pensée architecturale baulois et définit que les villas commencent aux quatre coins de la parcelle. Le jardin prend donc la fonction de réelle pièce à vivre en extérieur, d’agrément et d’embellissement. On peut noter, comme le dit Johan Vincent, que les jardins et parcs particuliers, s’ils sont petits, constituent cependant l’ensemble naturel le plus vaste dans une station balnéaire. Nous verrons dans une prochaine partie qu’aujourd’hui, il se pose beaucoup de questions sur cette nature privée et difficilement contrôlable. On trouve également des parcs et jardins publics, dont la fameuse dune d’Escoublac où au début du 20ème, le clocher de l’Eglise du village ensevelit était toujours visible. Le parc s’appelle le bois d’Amour et cachait un belvédère qui constituait un point d’observation sur le territoire. Réalisé en bois, il n’est pas pérenne et n’est effectif que quelques années, se faisant rapidement cacher par pins et hêtres qui se développent.
Bois amour, belvédaire
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Montage de photographies anciennes La plage
Montage de photographies anciennes Le belvÊdère du bois d’Amour page 64
Vue du casino
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synthèse : temps 2
Premier établissement de bain au Croisic
La station balnéaire, question touristique et attractivité
La dune est entièrement plantée inauguration du train à La Baule
1840
1868
1879
La relation à la mer change. Les pins implantés promettent ombre et abri dans un cadre agréable, le train est à 900m du rivage et le climat général est agréable, sans être trop chaud. La station balnéaire peut s’implanter.
Questionnements: Quel tourisme au 21ème siècle ? Quelle attractivité par rapport au tourisme international ?
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L’image de la station: Ville jardin, Luxe et bourgeoisie La plage de sable fin immense
Que reste-t-il de la ville balnéaire du début du 20 ème ? Si au début des stations balnéaires, on cherchait plutôt l’ombre des pins et la vie à la campagne (le cadre champêtre et le jardin), aujourd’hui se sont plutôt les commerces, les loisirs variés et les grands espaces qui sont recherchés. Selon Serge Trigano, ancien PDG du Club Med et fondateur de bâtiments et lieux de tourisme, «ce qui a fait le succès des clubs hier n’est plus vrai aujourd’hui. Le 20ème siècle a été celui du tourisme de plage. Le 21ème siècle sera celui du tourisme de ville» La ville est alors attractive pour son patrimoine riche, sa culture, sa vie locale et son rayonnement sur le territoire. C’est la diversité et les rencontres qui attirent. De plus la définition du tourisme est avant tout tournée vers le dépaysement, le littoral reste une parfaite incarnation du changement d’habitude pour les citadins. Mais les touristes en quête permanente de dépaysement iront, avec le progrès de l’aviation, chercher ailleurs le soleil. D’abord en Espagne puis en Grèce et enfin au bout du monde. Le monde fait fleurir les clubs de vacances... Même si La Baule est une petite commune, sa population se multiplie par 10 en haute saison. On peut alors parler de ville. En ce sens, elle continuera toujours d’attirer.
HM BM
0 1km
pins aux origines de la station pins actuels tracé de la ligne de train le long de la plage jusqu’en 1927 tracé de la ligne actuelle, plus à l’intérieur laisse de mer, niveau Basse Mer (BM)et Haute Mer (HM)
Authenticité des villas sous les pins
Proximité attractive
Loisirs variés
Temporalité estivale
Quelle protection ?
Quelle mobilité ?
Quelle organisation spaciale ?
Quelle adaptabilité ? page 67
3 °
chapitre
la modernisation DE LA STATION
La modernité du 20éme siècle, question de l’image du front de mer
des opportunités à la baule
concept général les modifications de la ville Remblai et ouvrages La transformation du front de mer
synthèse
Le 19ème siècle s’achève : les années 1900 arrivent. Les guerres qu’elles apportent avec elles, ainsi que les nouvelles idées qu’elles véhiculent, vont bousculer la forme de la ville balnéaire et la transformer violemment. page 68
des opportunités à la Baule : Pour bien comprendre les opportunités qui ont conduit au remodelage de la Baie, il faut remonter aux guerres mondiales. En effet, pendant la seconde guerre mondiale, La Baule, proche du port de St Nazaire est réquisitionnée par les forces allemandes pour loger les soldats. Des hôtels aux terrains de sports, tout est dédié à l’armée. Après les deux guerres, la Baie se trouve face à une impasse : il n’y a plus de foncier disponible après seulement 50 ans d’urbanisation (environ 1870-1920). Les villas du front de mer sont serrées les unes contres les autres, l’arrière n’a plus de terrain vierge, certaines villas sont délabrées par la guerre. Avec la libération, les habitants de St Nazaire, qui ont vu leur ville entièrement bombardée, s’installent sur la Baie. En parallèle, les pressions touristiques s’accentuent, on commence à parler de tourisme de masse, tout le monde veut partir en vacances, après cinq année sans congés. En 1951, ils sont 140 000 à séjourner à La Baule. En effet, proche de Nantes et de Paris, la Baie s’impose comme une évidence pour beaucoup de vacanciers. Le Floride est le premier immeuble de la Baie. Il se construit sur une brasserie en 1951. Très vite, les promoteurs comprennent l’opportunité qui se dessine là, et tous foncent dans la brèche. Les 10 étages du Panorama font, en 1952, de l’ombre aux villas de l’arrière. On détruit les villas du premier plan, on page 70
creuse un peu trop les fondations, et la maison d’à côté est déséquilibrée, on la rachète pour y mettre un petit collectif... Il y a de quoi s’enrichir, le tourisme de masse est en marche, la demande de logement est réelle. Entre le premier immeuble, et le plus récent actuellement (entre le Boulevard de l’Océan et l’Avenue de St-Saëns), le modèle s’est modifié, la méthode complexifiée mais l’idée a perduré. Le début des balcons filants, pour que tous les résidents profitent de la vue sur mer
R+4 (4étages), l’architecte reste modeste et cohérent par rapport aux hauteurs des villas et des pins
à l’origine, une brasserie en RDC
Olivier Guichard, On doit noter que la Baule s’est intensément transformée dans la modernité, alors que certaines communes sont restées plus authentiques, c’est le cas de Pornichet par exemple. Il faut alors regarder du côté des politiques publiques, qui appuient et soutiennent les projets. A la Baule, on trouve Olivier Guichard, ministre de l’aménagement, imprégné de l’idée du modernisme, il n’a pas peur de table rase, il n’a pas froid aux yeux. Il est convaincu que l’avenir de sa ville se trouve dans l’ouverture touristique, et résidentielle, aux classes plus populaires, mais toujours bourgeoises, pour faire perdurer l’image de marque. La mairie autorise et favorise, à l’aide de taxes pour déroger aux règles d’urbanisme, les constructions en hauteur sur le front de mer...
gaulliste. Entre autre : plusieurs fois ministre chargé de l’aménagement du territoire, entre 1959 et 1981, puis maire de La Baule de 1971 à 95.
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2 premières semaines de congé payé 3ème semaine
c oncept général : Les trente glorieuses : trente ans de progrès, de modernité et de changements.
4ème semaine
1936
L’origine des théories qui régissent le mouvement est située dans les années 20, mais c’est l’après guerre et la prospérité qui suit qui va concrétiser les idées. En fait, cette période est dirigée par un petit nombre de concepts, tous en opposition avec les modèles précédents. On croit en un nouveau monde, en un nouvel Homme. Les théories du mouvement moderne sont axées sur la pensée du fonctionnalisme et l’optimisation architecturale. On pensait alors que le rationalisme appliqué aux formes et à l’espace allait nécessairement créer un monde meilleur. Le social était au cœur de tous les projets, et enfin dessiné par les architectes. En parallèle, la guerre froide règne, avec d’un côté le capitalisme, la globalisation, les multinationales, la loi du plus fort ; et de l’autre le communisme qui veut éradiquer l’individualisme et la diversité au nom du social. Les formes issues de cette tension politique sont standardisées, épurées, internationales. La modernité n’a pas peur de la table rase : elle fait projet, comme elle l’a déjà fait dans le passé. Mais cette fois, la table rase est aidée par la mécanisation qui lui donne le pouvoir de donner à la ville une forme industrielle. La modernité est aussi régie par l’automobile, qui, selon François Béguin (2010) invite à des révisions globales dans la façon de concevoir les villes. A la fin des années 60, avec la disparition des grands Maîtres du modernisme, Le Corbusier, Gropius et Mies, les théories s’essoufflent. On a fait le tour de la question, les limites sont apparues, les critiques nombreuses, et le fameux «less is more» s’éteint peu à peu face à l’ennui et l’envie de s’amuser. Pourtant, on peut dire avec certitude que l’architecture internationale, produit de cette époque, perdure encore, sous d’autres aspects, mais toujours avec l’idée page 72
5ème semaine
1956
1968
1982
«Notre but, simple et humain, est de permettre aux masses de la jeunesse française de trouver dans la pratique des sports, la joie et la santé et de construire une organisation des loisirs tels que les travailleurs puissent trouver une détente et une récompense à leur dur labeur. (...) Nous ne voulons pas que notre action est pour seul objet de mettre dans les mains de nos jeunes un fusil. C’est en messager de la vie et non pas de la mort que nous voulons nous présenter.» Discours radiodiffusé de Léo Lagrange, sous secrétaire d’État aux sports et à l’organisation des loisirs sous le Front Populaire, le 10 juin 1936.
d’universalité, l’encouragement à sortir des sentiers battus pour tester des solutions nouvelles et radicales. Les trente glorieuses ont donc ouvert la voie de la hauteur, de la simplicité et de la production de masse. C’est dans cette brèche que vont s’infiltrer promoteurs et bâtisseurs pour gagner beaucoup d’argent. C’est ce qu’il s’est passé le long de la Baie, incarné par le front de mer et qui va s’imposer comme la seule option de construction en bord de mer. Les années 70 amènent avec elles le Pop Art et le bouillonnement de couleurs et de motifs. Et puis il y a la crise de 73, qui freine quelque peu les folies. L’état qui se décentralise, crée les concours, les projets de grands aménagements, et des lois pour diriger l’urbanisme, sans pour autant préserver le front de mer des destructions. Encore aujourd’hui, les promoteurs tentent de s’accaparer les derniers morceaux de terrain avec vue sur mer pour y construire des collectifs.
Très souvent, le style architectural moderniste, dit le style international, est qualifié de monotone, indifférent au site. On voit pourtant à La Baule, un style qui sera la réponse à la nécessaire résidence vue sur mer, avec les balcons filants, les décrochés sur les façades... Dans le même temps, sur la Baie, la rapidité de la construction l’a emporté sur les idées de l’architecture internationale. On se retrouve donc avec un front de mer homogène aux balcons filants et non une diversité d’architecture et de concept de vie à la mer. En parallèle, il faut bien-sur noter en France entre 1945 et 2000, l’épanouissement d’une villégiature de masse : industrie du soleil, de la plage et de la mer.
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Petit à petit, c’est ce front de mer qui s’est construit. D’abord par le remblai, puis par les immeubles. Nous verrons plus tard que des subtilités existent, bien entendu, et on parlera même de séquences. Cependant, le linéaire de la promenade sur la mer reste monotone et rude.
les modifications de la Ville : Remblai et ouvrages : Le remblai a toujours existé à La Baule, comme nous l’avons vu plus tôt. Il a largement évolué depuis le sable mis à plat pour se protéger des vagues jusqu’à l’esplanade mesurant parfois 40 mètres. Ce n’est pourtant pas sa largeur qui change beaucoup au 20ème siècle, mais c’est plutôt son gabarit. Il était constitué de deux trottoirs et d’une large voie, il y avait peu de cohue ; piéton, bicyclettes, chevaux et voitures cohabitaient donc sans trop de problèmes. Avec l’arrivée massive des touristes et l’apogée de la voiture individuelle, il a fallu repenser la voie. Elle fut redessinée en deux fois deux voies, ponctuée de passages piétons, avec un terre-plein central planté ou réservé au stationnement, et avec des emplacements latéraux. Les quelques mètres restants de chaque côté furent réservés aux trottoirs piétons. Au même moment, on formalise la promenade en ajoutant des barrières, des murets en béton, et en superposant la promenade à la plage avec des «casquettes de béton» là où la hauteur le permettait. Sa forme a très peu évolué depuis : à la place de la 2 fois 2 voies, on a tracé au sol des marquages de piste cyclable et on est passé à un 2 fois 1 large voie, sans redistribuer les surfaces.
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toponymie :
Escoublac puis Escoublac-La Baule des 1924, puis La Baule-Escoublac en 1962. La ville balnéaire l’emporte sur le hameau d’origine, loin des côtes.
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La transformation du front de mer :
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«La barre urbaine a été transplantée avec pour toute analyse du mode de vie balnéaire, un balcon en béton comme jardin minéral». Alain Charles
Dès 1960, la construction s’amorce. On observe alors une vraie rupture en termes d’échelle des hauteurs: un pin qui mesure une vingtaine de mètres est surpassé par un immeuble de 6 ou 7 étages. Ce sont maintenant les immeubles qui régissent les hauteurs de la ville et non plus le végétal. L’autre paramètre important qui s’est modifié avec la modernité, et qui a créé une autre rupture, est la fréquentation : les conséquences du tourisme de masse. A partir des années 50, ce ne sont pas moins de 150 000 touristes qui affluent à la Baule chaque année. Le territoire fut largement touché pendant les guerres mondiales. Au lendemain de ces épisodes, certaines villas sont ruinées, d’autres sont délabrées puisque non entretenues durant toute cette période. C’est là que les choses s’amorcent. Beaucoup de villas sont en vente, rien n’empêche d’y construire un collectif. Les promoteurs achètent et démolissent, sans aucune barrière législative ou morale, en remplaçant une villa délabrée par un collectif moderne.
Les promoteurs s’infiltrent avec passion dans cette brèche et ce sont progressivement toutes les villas qui vont être abattues pour être remplacées par un immeuble. Seules quelques villas seront conservées sur ce nouveau front de mer. Et malgré les protections en vigueur, il est encore tout à fait envisageable de détruire une villa restante pour y construire un collectif, en justifiant que la construction nouvelle sera de meilleur qualité que la villa présente. La seule réserve concerne les «très belles villas» : de première catégorie. Le front de mer de La Baule n’en compte qu’une trentaine sur ces 5km de front de mer : soit une villa observée toutes les 5min de marche sur la promenade en moyenne, contre le double visible actuellement. Toutes les villas ne se valent donc pas. La vue sur mer est prisée. Le panorama offert depuis les balcons filants semble unique, alors que des milliers de personnes se partagent le même point de vue sur la Baie. Les horizontales infinies des immeubles possèdent parfois quelques variations dans les barrières des balcons et dans leurs angles : arrondis ou plus durs. C’est à peu près tout.
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texte
1960, Jacqueline Scialleli
1990, Alain Charles
2005, Alain Charles
page 80 2015, Gilles Bruyelle
Avenue du GĂŠnĂŠral De Gaule
texte
Note à l’observateur : l’arrière plan varie en fonction du point de vue des clichés
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synthèse : temps 3
La modernité du 20éme siècle, question de l’image du front de mer Fin de la seconde guerre mondiale, les villas occupées sont rendues Premier record : Première loi 140 000 touristes à qui réglemente La Baule, début du l’urbanisme à la tourisme de masse Baule Premier immeuble sur le remblai : le Floride
1945
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1951
1952
1972
Dès l’origine de la station, le front de mer a été très dense en comparaison avec l’arrière : les villas se touchaient, se serraient les unes contre les autres, alors qu’à l’arrière, la ville jardin s’épanouissait sous les pins. La vue sur la mer a donc toujours suscité la convoitise. Avec le progrès technique et les nouvelles possibilités de construction, le front de mer s’est élevé, d’abord principalement sur des dents creuses, puis sur des villas. Il a alors changé d’échelle. La densité est restée, le résultat est violent : des lignes horizontales fortes sur des kilomètres, sans rupture.
R+9 au plus haut
R+6 en moyenne
vue
moyenne : 40m à marée haute, 140m à marée basse
entre 20 et 40 m
L’architecture et les formes se réinventent en permanence et la relation au bâti des années 50 à 90 évolue. On parle même de patrimoine pour certains grands ensembles de référence. Sur la Baie, c’est plus compliqué, les constructions se ressemblent beaucoup, la plupart étant réalisées par des promoteurs et non des architectes, et peu feront patrimoine. On peut cependant citer les fameuses vagues, à l’entrée de la Baule, et la tour noire Bretonnière près du Casino.
La plage
Quelle occupation ?
er
sur m
La promenade
Quelle promenade au 21 ème siècle ?
R+3 plus petit immeuble
entre 7 et 35 m
L’image de la ville est cristallisée dans ce front de mer qui contraste avec l’arrière. Pourtant, les immeubles sont largement critiqués et très mal acceptés. La ville souffre de cette image dégradée et accepte peu ces immeubles. Le front de mer semble figé dans les années 80, dans le fonctionnel et le tout-voiture. Les projets semblent eux aussi figés ou timides, tant les intérêts privés sont forts et les enjeux extérieurs nombreux.
Les immeubles
Quels aspects ?
Le dos des immeubles
Quelles relations avec l’avant ? page 83
Partie 2 Présent et Futur
1 °
temps
la ville actuelle les usages et les flux
séquences de la ville balnéaire par le front de mer les résidents et les touristes les Réflexions en cours Une considération du patrimoine et de l’environnement Des volontés politiques Mobilité
synthèse
Comment vit-on cette ville où les époques s’affrontent ? Dans un premier temps, nous rentrerons plus en détail dans la ville, pour nous familiariser avec cet espace, puis nous reviendrons au général, avec les considérations politiques.
page 84
Nord
Guérande
Les usages et les flux structurent la ville : Port Centre ville
La baie est répartie entre plusieurs communes : Le Pouliguen, La BauleEscoublac et Pornichet. Toutes les trois possèdent leur propre centre et leur propre dynamisme. Ces centres drainent les habitants et les touristes. C’est à ces niveaux que les plages sont les plus fréquentées, et les plus aménagées (Bars, restaurants et clubs)... Les touristes utilisent massivement les infrastructures de loisirs tels que la piscine, les clubs (équitation, golf, tennis, voile), le cinéma, les musées, et bien entendu les restaurants, bars et bars dansants. Alors que les résidents et résidents secondaires se contentent souvent de la plage et d’un abonnement au tennis club par exemple, tout en fréquentant les restaurants le soir. Au niveau du front de mer, il faut noter que les 8km de sable, avec l’arrière bâtit sans interruption, n’est pas identique en tout point. La première différence se trouve au niveau des communes, avec chaque une un front de mer particulier. Ensuite, à l’intérieur même de ces communes, on trouve différentes ambiances, plus ou moins liées à l’arrière.
plage Benoît plage du Nau
Le Pouliguen
plage Convert
0 page 88
plage de Penchâteau
1km
Axe G uĂŠran
de St
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213
La BauleEscoublac
Centre ville Casino
Grande plage
Commerces
BarsRestaurants
Anse Toulin plage des Libraires
Pornichet Commerces
plage de Bonne Source page 89
séquences de la ville balnéaire par le front de mer :
1 Le Pouliguen, grande côte : les villas et les rochers 2 Le Pouliguen, centre : la ville tournée vers le port
2
3 La Baule, quartier Benoît : apogée de la bourgeoisie, front de mer piéton 4 La Baule, centre : les villas et les commerces structurés par l’avenue principale 5 La Baule les Pins, résidences et jardin public : les villas sous les pins, apogée de la ville jardin
1
6 La Baule les Pins, centre : l’axe royal de la deuxième ville balnéaire, le Bois d’Amour 7 La Baule les Pins, résidences : les villas sous les pins, apogée de la ville jardin 8 Pornichet, centre : le front de mer irrégulier 9 Pornichet, côte sauvage : le sable, les rochers et au dessus des murs et les villas Le séquençage est basé sur les usages, le front de mer et sa relation à l’arrière
0 page 90
3
1km
4
5
6 7 8
9 page 91
Au centre, le march茅 et les commerces Nombreux bars et restaurants en face du port
Zone commerciale
Plage du Nau
c么te rocheuse 0
page 92 page 92
500m
Vue amont du Pouliguen depuis La Baule
12 &
coupe des quais à l’entrée du port, tournant le dos à la mer 0
10m
coupe de principe au niveau du centre, le regard face à la mer 4.30m
3.16m 4.00m
0
50m
coupe des quais au niveau du centre ville 0
Port de La Baule
10m
Port du Pouliguen plage rocheuse avec les villas en surplomb (mur de soutènement)
Les ruelles sur la mer
Le Pouliguen et le port : Ancien village de pêcheur, la ville est aujourd’hui tournée vers le tourisme. On trouve cependant encore quelques bateaux de pêche en activité sur le port. Il est situé sur l’étier qui alimente les marais salants de Guérande. Tous les 4 ans, il est soumis a un dragage pour retirer les sédiments qui s’accumulent au fond (sable en amont, puis vase en aval), ce qui implique des travaux et des stocks de tuyaux sur la plage Benoît l’hiver de l’opération. Un projet de rehaussement des digues est en cours de réalisation pour protéger le centre ville et une partie de La Baule, comme nous le verrons plus tard. Il est réalisé dans le cadre du PPRI établit après la tempête Xynthia (2010). Le centre de la ville est accroché au port, on y trouve un marché et une vie locale dynamique pour les 4650 résidents permanents. Le reste de la ville est composé de lotissements de villas avec jardin, les plus somptueuses étant sur la côte. Contrairement à la grande plage à la Baule, le Pouliguen ne possède que peu de plage de sable : à l’ouest de l’étier et à quelques endroits le long des côtes rocheuses. Le reste étant des roches granitiques qui forment une petite falaise tout le long de la côte jusqu’au Croisic. Le Pouliguen possède également ces immeubles en front de mer, localisés sur la plage du Nau, qui est une plage piétonne. Les accès sur les autres plages, souvent inaccessibles à marée haute, se font depuis l’intérieur de la ville par des petites ruelles menant sur l’océan. page 93
S’il ne s’agit pas de l’endroit le plus dynamique de La Baule, le quartier Benoît est de loin le plus luxueux : Hôtels 5 étoiles et Casino, loisirs et commerces de luxes...
0
page 94
500m
3
La Baule, quartier Benoît : apogée de la bourgeoisie
Il s’agit de la seule portion de plage de La Baule qui est entièrement piétonne. C’est le quartier le plus riche de la baie. Les immeubles et grandes demeures du front de mer ne dépassent pas les 5 étages (18m) et sont donc à peu près à la même hauteur que le couvert végétal. La promenade est plantée de buissons et de pelouses, avec des parterres qui accompagnent les bâtiments. La plage est donc ponctuée d’entrées parmi les végétaux.
Promenade Benoît
Vers les marrais salants (900m)
0
page 95
50m
page 95
Gare SNCF
ch Maré ue du
Aven
0
500m page page 96 96
y
ssign de Ta
Avenue du De Gaule Général
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Commerces, bars et restaurants sur l’avenue principale.
4
La Baule, centre : les villas et les commerces
On y trouve toutes les boutiques, les bars et les restaurants. Sur l’avenue principale, l’Avenue du Général De Gaule, les commerces occupent tous les rez-de-chaussée, jusqu’à la gare. L’avenue du Maréchal de Lattre de Tassigny est la route intérieure la plus fréquentée: elle parcourt l’intérieure de la Baie, de La Baule au Pouliguen et est reliée à l’axe St-Nazaire/Guérande, très emprunté. Avec la Gare et l’axe principale, il s’agit de la porte d’entrée de la Baie. Les pins sont présents mais la pinède est discontinue. L’ambiance ne trompe pas : villas, pins et commerces bourgeois, c’est la ville balnéaire par excellence. On y trouve les villas les plus anciennes et les plus belles. C’est la zone la plus fréquentée de la Baie, la promenade et la plage sont remplies de promeneurs et touristes ; on trouve aussi plus à l’intérieur le marché qui s’active tous les matins. C’est l’endroit où le front de mer est le plus haut: R+9 pour les immeubles récents (entre 2005 et 2010) qui bordent l’avenue du Général De Gaule.
Le marché de La Baule
Vers la gare (600m)
0
50m
Coupe avenue du Général de Gaule
La gare
Avenue du Général De Gaule
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Vers Escoublac
Bois d’Amour
halte SNCF
0
page 98 page 98
500m
5,6&7
La Baule-les-Pins, apogée de la ville jardin
Il s’agit de l’endroit où la pinède a été la mieux conservée: les villas se sont construites avec une densité plus faible et en replantant des pins. L’ambiance est assez différente du reste de La Baule, ici on est dans l’idée de la villégiature familiale. On y trouve un jardin : le parc de la Dryade, et le Bois d’Amour en surplomb, avec ses sentiers et le parcours équestre. Ce quartier est le plus récent de la ville balnéaire «classique» (avant les années 1950). Il a été dessiné par Louis Lajarrige vers 1900, lorsqu’il décide de déplacer
plus au nord la voie ferrée pour agrandir la ville balnéaire. Lajarrige veut des commerces, des tennis, un parc, un amphithéâtre de verdure, un hôtel de luxe, un casino, et même une gare. La ville est donc conçue comme une station indépendante. Mais la crise de 1929 aura raison de ses grands projets et La Baule-les-Pins deviendra une banlieue de sa voisine, Escoublac-La Baule. Le front de mer des immeubles est plus bas et certains bâtiments prennent du recul et apportent de petites irrégularités agréables.
Bois d’Amour
Vers le point haut de la dune d bois d’Amour (800m) 0
50m
Vers le point haut de la dune du bois d’Amour (800m)
Centre ville dynamique : bars et restaurants
Gare S
NCF
0
500m page 100
89 &
Pornichet : front de mer irrégulier
Pornichet n’a pas eu la même politique d’urbanisation que la Baule. Olivier Guichard a largement encouragé les immeubles modernes en front de mer alors que Pornichet est restée plus timide sur ce point. Il en résulte un front de mer irrégulier, avec des hauteurs variables et un grand nombre de villas. Mais aussi un recul sur le linéaire du front de mer, mettant parfois en scène un jardin au premier plan. Le parti pris fut également moins porté sur l’horizontalité et les balcons filants : on trouve des variations dans les modèles architecturaux. La promenade est quant a elle restée très minérale et largement tournée vers le stationnement et la circulation automobile. Pornichet construit en 1978 le port dédié à la plaisance que l’on peut voir actuellement.
Vers la Gare (400m)
0
50m
page 101
les résidents et touristes : Le cas de La Baule
46Retraités
Il faut que les choses restent comme ça, la Baie a déjà été assez défigurée ...
On est bien ici, on passe notre retraite à la mer et les enfants viennent en vacances...
% de plus de 60 ans
m er s p les ib id on és p st r dis en nts m e m ge lo oge 0 l
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13 4 8 1 84 2
Les résidents
On est content quand les touristes arrivent, mais on est aussi content quand ils repartent !
En 1968, la ville comptait 10 304 logements pour 13 336 habitants. Depuis 50 ans, la construction de logements secondaires à fait doubler le nombre de logements de la commune, sans faire augmenter significativement la population. Une grande partie des résidants sont des anciens vacanciers ayant acheté ou fait construire dans les années 60 à 90 et s’étant sédentarisé à leur retraite.
Prix immobilier très élevé : population riche Prix immobilier élevé : population aisée Dominante résidentielle page 102 sur l’arrière
La Baule : 15 474 résidents. 697,3 pers./km² Tendance générale à la baisse
- Comme l’explique le patron de l’hôtel Hermitage, premier hôtel du littoral à obtenir une cinquième étoile : « Nos clients sont des habitués, des fidèles, qui reviennent chaque année. » - « On croit toujours que La Baule est une ville de riches mais sur les 200 000 touristes, les trois quarts sont des classes populaires ou classes moyennes », me raconte une Bauloise qui a vu passer de nombreuses saisons touristiques. « Ce qui est drôle, c’est que riches et pauvres se croisent sans se mélanger », ajoute une hôtelière. Propos recueillis par Nabil Wakim pour la rédaction de leMonde
1/3Propriétaire
2/3 Non-propriétaire
80% des résidences secondaires appartiennent à des familles d’île de France et du Grand Ouest
Habitué 25 %
De passage 75 %
Les touristes
200 000
Résidents secondaires 13 000 résidences
50
Donc, % des visiteurs reviennent régulièrement
Je viens de Paris, comme tout le monde ici !
Détrompez-vous Madame ! La moitié des visiteurs viennent d’île de France, l’autre moitié sont majoritairement Nantais, Rennais et Lavalois (Est de Rennes).
Dont lui !
On dit que c’est la plus belle plage d’Europe !
visiteurs annuels
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vie
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Répartition du nombre de séjours selon l’année pour les propriétaires non propriétaires
Bon, c’est vrai que c’est un peu vieillot d’aller à La Baule, mais la Baie est si belle !
J’aime bien marcher sur le remblai les dimanches quand il fait beau. On est loin de la ville et en même page temps103 ce n’est qu’à 1 heure de route...
les réflexions en cours : Une considération du Patrimoine : Nationalement et internationalement, on peut observer des dynamiques de reconsidération du patrimoine. Qu’est ce qui fait patrimoine ? L’Unesco le définit comme l’«héritage du passé, dont nous profitons aujourd’hui et que nous transmettons aux générations à venir» (conférence de 1972), et d’autres plus récemment le définissent comme un «bien constitutif de la mémoire collective d’un groupe.» (P. Nora) La Baule a vu se superposer deux modèles de ville : deux héritages de principes de ville balnéaire qui se sont ajoutés et remplacés sans s’associer réellement. Si les villas sous les pins (premier modèle de ville balnéaire) sont très bien acceptées comme héritage transmissible, et donc à protéger, les immeubles (deuxième modèle de ville balnéaire) sont loin de ce constat. Il est nécessaire de reconsidérer ce second principe de ville balnéaire puisqu’il s’agit d’un modèle qui fait et fera parti du patrimoine. En effet, on ne fera pas marche arrière en détruisant les immeubles HLM ou balnéaires. Les cicatrices d’aujourd’hui doivent êtres décomplexées. Les opérations de renouvellement urbain sur les grands ensembles de l’époque moderne se sont succédées les unes aux autres, sans apporter de vraie solution. Les voix commencent à s’élever et à suggérer que peut être est-il temps aujourd’hui d’envisager un renouvellement en profondeur de nos approches, nationales aussi bien que locales. Plusieurs opportunités sont à saisir : transition énergétique, politique européenne sur l’habitat, réflexions sur le littoral, collaboration avec les habitants, appropriation des projets par les locaux ... page 104
Etat des lieux :
La Baule : AVAP sur le secteur de la pinède (ZPPAUP en 2006 puis AVAP depuis 2013). Le Pouliguen : AVAP sur la partie littorale et le port depuis 2014. Pornichet : AVAP sur le contour littoral et les quartiers anciens (ZPPAUP en 2008 puis AVAP depuis 2013). Tous protègent les bâtiments (villas principalement) et les espaces naturels. La protection des pins à La Baule est plus forte, puisque la pinède se situe principalement sur la commune. Les édifices sont repérés sur plusieurs catégories selon leur qualité et donc leur protection. Des demandes auprès des mairies doivent être effectuées avant tout travaux sur les espaces repérés.
«Le musée existe maintenant partout en temps que dimension de la vie.» Jean Beaudrilland, 1978
La conséquence de grandes zones protégées est la fixation des espaces. Un espace urbain est par définition en phase avec son époque, il ne peut donc pas être figé dans le temps : son évolution est permanente, nécessaire. Comment peut-on faire vivre ce patrimoine ? L’enjeu est considérable, au risque de créer des «villes musées». Si les villas sont figées sur le papier, avec les lois ; les immeubles, sont figés moralement, on n’y touche pas, on n’en parle pas, ils sont «moches» point. à la construction des villas, on s’amusait, l’originalité était de mise, et puis tout est devenu sérieux et la construction en série s’est accélérée. Il en est de même pour les immeubles : au début, on teste les formes, les possibilités, et puis très vite, on copie, on cesse de chercher un modèle ; on applique ce qui semble marcher. à chaque fois ce sont les prétentions financières qui créent des tensions et «forcent» à aller plus vite, pour être bien sûr d’en profiter avant qu’il ne soit trop tard. Le «trop tard» se manifeste soit par les lois, soit par la saturation du foncier. Aujourd’hui on est dans une nouvelle phase de saturation de l’espace, une nouvelle crispation, qui dure depuis une trentaine d’années. L’évolution ne semble plus possible, aussi bien à l’arrière qu’au front de mer... C’est donc une contradiction avec l’histoire en perpétuelle évolution de la ville balnéaire.
«Nous pouvons considérer ces immeubles comme étant des témoignages du «bon vieux temps». A l’inverse, nous avons la faculté de les négliger, de les déclarer caducs et inadaptés à la vie actuelle ; nous pouvons donc réclamer leur démolition. Des choix intermédiaires sont également possibles. Ainsi, l’on peut considérer qu’ils sont une source d’inspiration ou une opportunité. Nous les adaptons alors au présent et les transformons en quelque chose de nouveau par une réaffectation bien étudiée ou un agrandissement. Toutes ces manières de voir, excepté la destructrice, enrichissent l’édifice de valeurs complémentaires qui viennent s’ajouter à sa valeur d’usage.» Dieter Schnell, 2014.
Je pense qu’il faut partir du constat que les immeubles des années modernes font partis du patrimoine à protéger et à réinventer. page 105
Une considération de l’environnement : On peut affirmer que le territoire de la presqu’île de Guérande est entièrement lié au littoral et à l’océan, de part sa formation jusqu’à son écologie et son économie. Aujourd’hui, la loi Littoral dirige le développement des espaces proches du rivage. Je pense qu’il est nécessaire de partir du postulat de base que le littoral est un espace fini, dans le sens ou une urbanisation classique (construction qui s’ajoute à côté des autres) n’est plus possible. Il faut réinventer le modèle, aller au devant de la loi Littoral, voir plus loin et anticiper, au risque de perdre la richesse du paysage. Quelles perspectives sont possibles lorsqu’on considère que le territoire est fini ? Dans la conscience collective, cela équivaudrait à un non-développement. Mais de nouvelles solutions sont à imaginer pour vivre le littoral de demain, en phase avec les enjeux actuels. À l’origine, la nature fait partie intégrante du projet de la ville balnéaire (Johan Vincent, 2013). Toutefois, on s’en détourne violemment dans les trente glorieuses, pour y revenir avec plus de force actuellement. Ici aussi la protection est de mise : on norme le paysage de nature, on le classe et on le réglemente pour le conserver, toujours dans la peur de sa perte. page 106
Comme vu dans le premier temps du mémoire, le territoire comporte un grand nombre d’espaces protégés, dû à la richesse des paysages présents. Ces espaces constituent souvent en parallèle un moteur économique. Au-delà de la protection, l’environnement, dans le sens «espaces de nature», se manifeste surtout par des espaces de sports, de loisirs, de culture... La nature est donc considérée par le prisme de son usage et de son potentiel économique. De là peuvent naître certaines crispations, des tensions, entre l’usage et la protection. Cette dualité est un schéma classique, elle s’applique à toutes les échelles: celle du particulier qui veut abattre un pin qui lui fait trop d’ombre sur sa parcelle, face à la protection nécessaire de la pinède ; celle du projet éolien offshore qui introduit une nouvelle dimension dans les énergies mais qui modifie l’aspect de l’horizon : élément clé du bienfait des paysages marins... Pour ce qui est de l’épineuse question des éoliennes, il s’agit d’une composante future de la ville, qui n’est pas particulièrement bien traitée. En effet, la question des énergies de demain est une question formidable qui m’anime beaucoup, et dans ce cadre, je pense que les
Et si les éoliennes étaient vecteur de nouveaux projets ?
éoliennes dans l’océan sont une solution. Cependant, la forme actuelle du projet est très pauvre et crée, encore une fois, une crispation énorme et cachée. Le projet n’est pas du tout réalisé en concertation avec les habitants et les pêcheurs, alors qu’il pourrait voir naître d’autres projets qui seraient en symbiose avec lui ... on pourrait imaginer toutes sortes de petits projets qui permettraient, aussi bien aux touristes qu’aux locaux, d’accepter ces 80 éoliennes dans le champ de l’horizon infini si désiré. La localisation du projet est également fortement décriée: très proche d’un espace de qualité marine, considérée comme digne de protection. Photomontage réalisé pour la communication du projet éolien. Vue depuis la côte rocheuse du Pouliguen.
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Des volontés politiques : Cap Atlantique. 15 communes. Volonté : diversifier l’économie, de se tourner vers le territoire, vers un développement touristique nouveau. Début d’une économie du vieillissement. Compétences : principalement techniques (déchets, eau...) Projets portés : développer les transports collectifs, et la construction sur l’arrière du territoire. CARENE (Communauté d’Agglomération Région Nazairienne et Estuaire). 10 communes. Volonté : Métropole «équilibrée, attractive et solidaire» Compétences : aussi bien techniques que de fonctionnement ou de projet commun, une grand partie des aménagements se fait dans le cadre de la communauté de commune. Projets portés : PLUI de la région Nazérienne d’ici fin 2019. Agenda 21 tourné vers l’écologie et les économies d’énergies. Nouveau franchissement de la Loire. Penestin
Camoel
Asserac Mesquier
Saint-Molf
Piriac-sur-mer
De manière générale, les intentions portées par les documents d’urbanisme traitent de la densification des dents creuses, puisqu’il est impossible de s’étendre plus. La Baule souhaite améliorer la transition ville-PNR. Pornichet souhaite conserver le cône de vue au niveau du port. Le Pouliguen construit actuellement au Nord, avant les marais salants, et souhaite développer cette zone, sans pour autant affirmer un lien au marais.
Ferel
La-Chappelledes-Marais
Herbignac
Communauté de commune Pont-Château et Saint-Gildas-des-bois
PARC NATUREL Saint-Lyphard RéGIONAL DE BRIèRE
La Turbale
Saint-Joachim Saint-Malode-Guersac Saint-Andrédes-Eaux
Guérande Le Croisic Batz-sur-mer Le Pouliguen 0
5km page 108
Trignac
La Baule Escoublac Pornichet
Saint Nazaire
Montoir-deBretagne
Besne
Donges
La presqu’île se réuni également sur un projet commun de tourisme : Destination touristique La Baule Presqu’île de Guérande. Elle regroupe les 36 communes des 3 communautés de commune de Cap Atlantique, de la CARENE, et de Pont-Château. Cette formation se veut innovante, mais les Offices de Tourisme ne suivent pas toujours et il n’y a pas encore de politique forte de tourisme sur la Presqu’île. Toutefois, le dialogue est amorcé. «Daniel Moriceau confirme que toutes les communes sont complémentaires et qu’il n’y a pas de concurrence à avoir entre la côte sauvage, les marais salants, le parc naturel régional de Brière puisque le touriste est mobile.»
4.25m
3.16m
exemple coupe des quais au niveau du centre ville du Pouliguen 0
10m
Rehaussement du muret déjà présent côte 4.80m
Les murets comportent des ouvertures qui sont fermées par la municipalité en cas de crues. Ici, l’exemple au niveau de la division de l’étier, côté la Baule.
0
2km
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Le Plan de Prévention des Risques Littoral (PPRL) est un outil de la politique de prévention et de contrôle des risques. La presqu’île Guérandaise est en phase de consultation, le document d’urbanisme sera donc mis en vigueur en 2016. Il constitue la réponse à la tempête Xynthia de Février 2010. Les zones en rouge foncé constituent les espaces à très forte probabilité de submersion si l’on considère la côte de référence Xynthia + 20 cm. C’est à dire une montée des eaux de période de retour centennale (pour Xynthia), plus une sur-côte de 20cm en prévision de la montée des océans. Il s’agit donc d’une échéance court terme. Les zones en rouge claire sont les zones submersibles avec une sur-côte de 60cm : échéance plus long terme. Avec le PPRL, on trouve un règlement où sont détaillées les mesures à prendre pour vivre avec le risque : les renforcements de digues, les habitations privées... La presqu’île de Guérande a opté pour la solution des digues à renforcer. Protégeant ainsi les marais salants et les 300 habitations en zone submersibles. Tout le long de l’étier du Pouliguen, on trouve donc en chantier différents murs et merlons pour appliquer le futur document d’urbanisme. Les travaux ont commencés en 2014 et s’achèveront en 2017. La plupart des aménagements se manifestent par des murets renforcés de 10cm à 1,20m. Dans les espaces plus naturels (limite avec les marais), ce sont les merlons et les digues qui seront préférés.
Piriac-sur-Mer Vélocéan : réseau de pistes cyclables en voie verte pêche La Turbale
plaisance
Le Croisic La Baule-Escoublac
Le petit train touristique du croisic à Pornichet est bondé l’été
Pornichet
plaisance
0 page 109
Guérande
5 km page 110
Mobilité : Après avoir été enclavée pendant des siècles, la presqu’île de Guérande s’est ouverte avec le projet du port de Saint-Nazaire. Le chemin de fer est arrivé, de grandes routes se sont rapidement dessinées : la RN 213, route Bleue, relie Guérande aux Moutiers-en-Retz au Sud de la Loire. Elle est la route touristique de Loire Atlantique puisqu’elle passe par les stations balnéaires de Pornic, au Sud de la Loire et irrigue la Baie du Pouliguen. Elle est aussi très utilisée pour les flux de travail, bien plus que le train, puisqu’elle amène rapidement à St-Nazaire. L’été, sa fréquentation double : on passe d’environ 20 000 à 40 000 véhicules chaque jour. Il s’agit d’une 2 x 2 voies, qui arrive à saturation en période estivale. Puisqu’il ne s’agit pas de reconstruire une nouvelle route, on peut affirmer que l’enjeu et de favoriser les transports alternatifs en période touristique, pour les flux touristiques et les flux de travailleurs.
Le réseau de bus est dense. Il reste peu fréquenté et propose peu d’horaires
Trains TER pour les dessertes locales et TGV Paris/Le Croisic, très fréquenté Route bleue RN213: 20000 véhicules/jour, le double en saison
En parallèle, une grande partie des déplacements au sein des villes balnéaires de la Baie se fait à vélo: le marché, le déplacement jusqu’à la plage... Les locataires privés de vélo sont nombreux et témoignent de cet usage.
St Nazaire
erce
m com
page 111
synthèse : temps 1
Le constat principal que l’on peut faire et que, après tous ces grands changements, la Baie stagne dans sa forme. Peu de décisions sont prises pour changer les choses, les villes restent sur leurs acquis et s’adaptent aux nouvelles demandes en superposant les infrastructures. La Baie est scindée en 3 communes, réparties sur 2 intercommunalités qui ne coopèrent pas vraiment. Le rare cas de collaboration est celui du port du Pouliguen et de La Baule, qui se regroupe autour d’un projet technique commun en application du PPRI. Des opportunités sont à saisir aujourd’hui, en s’appuyant sur les acteurs du territoire qui agissent déjà localement et qui pourraient impulser un projet commun ; et en s’appuyant en parallèle sur les réflexions en cours sur le littoral et sur le patrimoine. Aujourd’hui, la Baie est à un tournant de son histoire, qui pourrait faire changer en profondeur son visage de la Baie. Le schéma ci-contre est un schéma d’acteur. Il représente l’histoire du site et l’évolution constante de l’espace et de sa gestion, ainsi que les opportunités qui se présentent aujourd’hui. La courbe montre les différentes phases d’aménagement de la Baie, alternant les moments de changements et de stabilisations, au fil des interférences. Ensuite, on lit les acteurs, en bas de la courbe, qui sont intervenus au cours des différentes phases, et leur rôle dans le changement, ainsi que les dynamiques qui s’exercent entre eux. Ils sont répartis en deux groupes : ceux qui construisent la ville, et ceux qui la font vivre, même si bien sûr, les limites sont parfois un peu floues. page 112
Plus de foncier disponible, loi Littoral Modernité, tourisme de masse
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Résidents Résidents Résidents
Associations
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i on
Mise en place de concessions Terrain rendu propice : arrivée du train, plus d’ombre, moins de vent, mode des bains de mer
Retraités Commerçants Gérants des services Pêcheurs de la plage Paludiers saisonniers Maires (actuels : Yves Métaireau, Yves LAINÉ, Jean-Claude PELLETEUR) service urbanisme, cabinet d’urbanisme, Service espace vert, service de gestion de la plage cap atlantique, Carene Loi littoral, Ministère de la culture Sivu port pouliguen, chambre du Commerce et des Industries
ministre des travaux publics
chemin de fer
Promoteurs Aristocrate construisent
Architecte
état
Napoléon promulgue une loi
conseil, dessine Louis xiii
donne les concessions
Promoteurs construisent Maire
Architecte
urbaniste autorise (Olivier Guichard) conseil, dessine
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2 °
temps
vers le Projet des oportunités et des défis le Littoral, espace fini
les immeubles, héritage en projet des enjeux à grande échelle
Insérer la Baie au sein de ses paysages dynamiques Repenser les déplacements Changer l’image de la ville
Promenade commentée sur le site Pour continuer
Les enfants luttent contre les vagues en créant des forteresses de sable pour protéger les serviettes de plage et leurs sacs de goûter plus loin. Tout à coup, une vague plus haute que les autres et c’est la panique, il faut s’allier, penser stratégie, creuser une douve, construire une digue, puis une autre, un chenal drainant pour évacuer les eaux rapidement... Rapidité et précision, face aux vagues qui n’arrêteront jamais leur va-etvient. Alors ils courent, ils crient, partent chercher du sable sec plus loin et tassent, entassent, martèlent, creusent, remplissent, ... La guerre contre l’eau avec du sable. Qu’en est il dans le monde des adultes ?
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des opportunités et des défis : Pour amorcer le projet après le diagnostique, il est bon de mettre en résonance les opportunités et les défis du site : les éléments qui peuvent donner de la force au projet et les problèmes à résoudre par le projet. L’étude a permis de mettre en avant le caractère riche et déjà très aménagé du territoire, avec des problèmes de cohérence et de remise à jour de certaines infrastructures et de certaines opinions. Les échelles de travail sont doubles : celle du territoire et celle de la Baie.
Opportunités :
Défis :
Paysages riches Liens existants Liens potentiels Dynamisme
Protection du paysage Liaisons qui ne fonctionnent pas Front de mer trop fonctionnel Fragilités naturellles
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Guérande Terre de sel (musée) Parc Naturel Régional Brière Escoublac bourg marais salants
gare
bois d’Amour
Batz-sur-Mer puis vers le Croisic
0
Opportunités
Défis
9 km de plage de sable fin exposée plein sud Parc Naturel régional de la Brière (marais continentaux) Marais salants de Guérande Pinède Bois d’Amour et sa dune Proximité visuelle et physique Points attractifs Centres dynamiques (Commerces, Bars, Restaurants...) Liaison entre La Baule Les Pins et le Bourg d’Escoublac par des chemins
Pinède en régression Espaces sensibles à protéger (Pinède, Marais salants et Brière) Lotissement incarnant l’étalement urbain peu dynamique Zone de submersion en cas de crue Zone de fragilité du littoral Impact visuel du projet éolien offshore
1km
Centre bourg déconnecté de la ville balnéaire Débouché des axes majeurs sans intérêt Connexion peu utilisée et peu attractive Étier du Pouliguen peu mis en valeur Promenade fonctionnelle axée sur les voitures Immeubles hauts qui renvoient à une image dégradée de la ville
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Le littoral, espace fini : Comme développé précédemment, j’ai décidé de partir du postulat de base que le littoral est un espace fini, et qu’il faut essayer de trouver des nouveaux moyens de le faire vivre, autre que la construction telle qu’on la réalise aujourd’hui. Je suis bien sûr consciente qu’il s’agit d’un point de vue utopiste et assez radical. Mais je pense qu’en fixant des contraintes fortes et des objectifs idéalistes, le projet est plus fort. Les problèmes du littoral sont réels, et les dynamiques en cours remettent d’autant plus cet espace en question, peut être est-il plus utopique encore de considérer que l’on peut continuer comme si de rien n’était. Dans ce cadre, et avec cette contrainte, le projet sera orienté sur la non construction, le recyclage urbain. Pour autant, l’espace ne cessera d’être habité et vécu. La question de l’aménagement des espaces est donc primordiale si l’on part de ce postulat. Le projet tentera d’explorer les possibilités spatiales et conceptuelles face à cette contrainte.
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Les immeubles, héritage en projet : Les grands ensembles cachent derrière eux une idéologie forte : une réflexion sur la vie ensemble, le confort de masse. Je crois que cet héritage monumental devrait être vecteur de plus d’attention. On ne peut en effet pas penser la Baule comme la ville sous les pins, alors qu’une grande partie de la vie de la cité balnéaire se fait sur la plage et sur la promenade : à la vue des immeubles. On ne fera pas une table rase de ce passé en détruisant les immeubles comme on a détruit les villas. L’idée serait de remettre ces bâtiments en projet, de leur permettre d’évoluer dans leur structure et dans leur aspect. Contrairement à ce que préconise l’AVAP, je pense qu’il ne faut pas conserver l’aspect extérieur de tous les immeubles. Le front de mer pourrait être «festif» et non monotone, en célébrant l’hétérogénéité de l’architecture ; en ré-explorant le concept de vue sur la mer, d’habitat secondaire. Je ne suis pas architecte. Je ne vais pas redessiner les immeubles, reconceptualiser la question de comment habiter. Mon idée est de s’ouvrir à de nouveaux principes, de revoir notre regard sur les immeubles, de permettre leur renouveau.
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des Enjeux à l’échelle de la baie :
Insérer la ville au sein de ses paysages dynamiques Étendre la pinède (stratégie de réimplantation dans le public et dans le privé) au niveau du quartier Benoît, où elle a presque disparu, pour réaffirmer l’identité de la ville-jardin Préserver les pins en place des pressions d’urbanisation en stoppant la densification classique sous la pinède Reconsidérer l’océan et le lien à l’océan en réaffirmant sa temporalité et les projets dont il est vecteur S’adapter à la submersion des marais et des habitations, aujourd’hui protégés par des digues qui seront un jour obsolète Conforter la plage en ses points les plus sensibles à l’érosion Recréer un équilibre viable pour la plage en tempérant ses aménagements et l’intensité de sa gestion dans le temps Retravailler les lisières, les franges les limites entre les entités paysagères pour les rendre plus poreuses entre elles. page 120
les arbres vecteurs de projets
construction autour d’un arbre
participation collective à la plantation d’arbustes
Les espèces liées à la présence de laisse de mer pourraient ramener de la biodiversité à La Baule
une éolienne hybride qui génère de l’énergie avec le vent et l’eau
Repenser les déplacements Renforcer et favoriser la mobilité douce et de proximité pour désengorger la ville en pleine saison par la mise en place d’un réseau d’alternatives à la voiture Reconnecter le bourg d’Escoublac et les marais salants à la ville balnéaire par des promenades ou des points d’attraits sur le territoire Redessiner la promenade en lien avec la plage et le front de mer en diminuant la place de la voiture. Traitement par séquences pour rompre avec l’homogénéité du front de mer Reconnecter la ville à la plage en des points clés : les arrivées sur la mer et les espaces libres du front de mer. page page 122 122
au dessus des arbres pour profiter du point de vue, Cap Afrique du Sud
promenade dans les marais, Vendée
arrivée sur la rivière à Deggendorf Allemagne, où les marches se transforment en gradins
Mulini Beach Croatie, succession de terrasses pour accompagner les berges
Saint-Nazaire, large promenade piétonne où la voiture est peu présente
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Changer l’image de la ville Rendre hétérogène le front de mer urbain en remettant les immeubles en projet et en ramenant du végétal sur le front de mer Préserver les villas de la densification pour conserver l’ambiance générale et l’esprit plutôt que seulement les très belles villas. Pour cela, permettre l’évolution de certaines villas, et favoriser la résidence permanente Adapter la ville aux temporalités saisonnières en dessinant des espaces modulables et des aménagements estivales Réorganiser les loisirs sur la plage, en lien avec les fréquentations, et en profitant des installations pérennes sur la plage pour créer de l’espace publique Faire de l’arrière peu dense le nouveau moteur de croissance de la ville, en densifiant et réinsérant des services Encourager les projets communs entre les villes de la Baie, en terme d’aménagement, de stratégie touristique et de gestion de l’espace page 124 page 124
rénovation urbaine à Tremblay, l’immeuble n’est plus monotone
immeuble vert : Bosco verticale à Milan, la gestion en eau se fait par le bâtiment et non par les résidents
espace évolutif : les lampadaires de la place Schouwburgplein à Rotterdam évoluent selon l’heure de la journée et les évènements, 1996 page 125
site de réflexion et site projet :
Des marais salants à l’étier
La promenade au front de mer hétérogène
: Site de projet
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L’arrivée sur l’océan depuis centre
Finalement, l’enjeu principal est l’intervention: la mise en place d’un projet pour que la Baie sorte des ses acquis et réfléchisse en phase avec les considérations actuelles. J’ai choisi de m’intéresser particulièrement au front de mer et aux accroches territoriales de la ville balnéaire. Les deux thèmes se matérialisant sur un long linéaire qui se déroule des marais salants au port de Pornichet, en passant d’abord par le port du Pouliguen, puis en réalisant un détour vers la dune du Bois d’Amour. Un site linéaire avec des points d’intensité plus fort au fil des séquences.
La Baule Les Pins et le lien au territoire
Pornichet et l’arrivée sur le port
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promenade commentée dans le site : état des lieux (légendes rouges et blanches) et état projeté (texte)
La Baule berges piétonnes sur le port Le Pouliguen, berges commerçantes sur le port Entre la promenade du remblai et la promenade des marais salants
obstacle
on
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promenade piétonne page 128
cle
Plage Benoît : interface privilégiée entre le ville et l’océan par le biais de la végétation
obstacle
végétation opaque
an
e sur l’océ
pas de vu
promenade piétonne et plantée page 129
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Obstacles
arrivée de centrale l’Avenue du Génaral de Gaule
Obstacles
Centralité de la promenade et entrée sur l’océan
Promenade piétonne en interface entre la ville hétérogène (front de mer) et la plage changeante (en lien avec les temporalités)
accès à la plage
res u t i vo
vélos
piétons
fonctionnel page 131
La Baule Les Pins : le lien au territoire par la topographie. Dans le bois d’Amour, panorama sur le territoire, connection au bourg d’Escoublac.
l’horizon
l’océan
l’axe royal
derrière : la voie ferrée et vers la dune du Bois d’Amour page 132
La plage naturelle de Pornichet avant le port et la côte rocheuse. L’extrémité de la Baie, l’autre entrée.
la dune blanche de la plage avant la ville
promenade piétonne
vers le port puis la côte rocheuse page 133
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pour continuer :
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Promenade dans les marais salants
Un balcon vue sur mer
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Promenade du front de mer
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conclusion Le territoire, tel qu’on peut le percevoir aujourd’hui, est le résultat de longs processus d’évolutions. La ville balnéaire est quant à elle le fruit d’une superposition de concepts appliqués à l’urbanisme et à l’architecture du littoral. Trop longtemps, la ville s’est opposée à son territoire, mais les considérations actuelles remettent en question cette opposition. La ville de loisir est devenue un espace quasi indissociable de la société actuelle et la ville balnéaire, puisqu’elle est sur le littoral, doit répondre à des enjeux supérieurs. L’interface terre-mer est en effet primordiale dans l’écosystème mondial. Pourtant, les évolutions sont rares, lentes et peu de décisions émanent de ce nouveau contexte. La ville balnéaire doit relever plusieurs défis et saisir des opportunités qui lui sont propres, pour sortir de son entrave.
Si l’on revient au cas de la Baie du Pouliguen, les pistes de projets proposées mènent à une intervention physique et une intervention conceptuelle. On ne peut en effet pas changer l’espace sans changer les mentalités, sans faire coordonner les actions sur l’ensemble de la Baie, sans cesser d’avoir honte de l’héritage balnéaire des années 60, sans se tourner vers le territoire... Le projet découlera des deux postulats de base qui portent sur le «littoral fini» et sur les immeubles du front de mer. L’un s’appliquant sur l’espace publique, l’autre sur l’espace vertical et habité du front de mer.
Ce mémoire est une étape intermédiaire du travail de fin d’études. Les intentions développées amorcent le processus de projet et préparent les changements. Les réflexions sur la ville balnéaire de demain vont donc se poursuivre en expérimentant des formes et des applications spatiales, et en composant avec les nombreuses dynamiques actuelles.
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sources Iconographiques : Toutes les iconographies sans sources sont personnelles, toute reproduction sera soumise à un accord préalable. Tous les croquis sont personnels, sauf p28, pour le portrait de Napoléon Tous les fonds de carte (anciennes et actuelles) sont issu de montages personnels d’après les bases de données de l’IGN www.ing.fr p25 bloc diagrammes d’après article de Dominique Sellier, 2010 p27 Carte géologique du BRGM http://infoterre.brgm.fr/ p28 Napoléon par Julien Dugué http://blog.juliendugue.com/tag/1erempire/ p32 Reconstitution St Nazaire 1830 http://photosenpartage.eklablog.com/ saint-nazaire-ecomusee-a107884982 p33 photo aérienne St Nazaire http://insitu.revues.org/779 Nantes port 1838 http://www.infobretagne.com/port-de-nantes.htm p35 Pris dans La Baule, grand large, D. Voyé, J-F Couty 2004 p36 profil plage d’après http://www.observatoire-estran-tranchais.fr/ observatoire/topographie.htm p52-53Photo Ancienne www.labaule-sepia.fr p55 Villa www.labaule-sepia.fr/ Train, montage d’après www.labaule-sepia.fr/ p56 Affiche http://labaulevintage.com p57 Carte Lafont www.labaule-sepia.fr p58-59 www.labaule-sepia.fr/ p62 Affiche www.labaule-sepia.fr/ p64 montages d’après photos www.labaule-sepia.fr/ p65 Casino https://vertigo.revues.org/14401 Villa www.labaule-sepia.fr/ p71 Olivier Guichard http://www.gensordinaires.com p72 montage http://servirlepeuple.over-blog.com/page/81 et http://lacgt44. fr/spip.php?article535 p73 Peinture de David Merveille http://www.merveille.be/ Timbre https://www.laposte.fr/toutsurletimbre/connaissance-dutimbre/dicotimbre/timbres/les-conges-payes-1936-3352 p76 Pris dans La Baule, grand large, D. Voyé, J-F Couty 2004 p77 Front de mer moderne http://www.elcamino137.fr/ p78 Photo http://www.mesvacancesalabaule.fr/ p79 Photo prise dans La Baule, grand large, D. Voyé, J-F Couty 2004 p80-81 Panorama Le pouliguen La Baule POrnichet, Alain Charles, 19601990 p86-87 Photo aérienne ulmlabaule.free.fr/labaule.htm p107 montage éolien http://parc-eolien-en-mer-de-saint-nazaire.fr/ websaintnazaire/carte.html
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p108 Carte communauté de communes d’après le Rapport d’activité touristique 2012 de Destination La Baule Presqu’île de Guérande p109 Carte d’après les études pour le PPRL de la presqu’île de Guérande http://www.loire-atlantique.gouv.fr/Politiques-publiques/Risques-naturelset-technologiques/Prevention-des-risques-naturels/Plans-PreventionRisques-Naturels-Previsibles/ p110-111 Carte d’apres le réseau Lila lila.loire-atlantique.f Vélocéan www.loireavelo.fr › lav › Autres itinéraires cyclables › Les Véloroutes Train touristique www.petittrainlabaule.fr/ Références p121 : Jeux dans l’arbre et Maison dans l’arbre : http://www. toolito.com/trends/batiments-construits-autour-arbres/2/ Plantation : http://www.lanouvellerepublique.fr/Planter-un-arbre-a-laSainte-Catherine-2536567 Éolien : http://www.wedemain.fr/Qui-a-dit-que-les-eoliennesenlaidissaient-le-paysage-Episode-2_a833.html Oiseau :http://www.geraldelfau-imaginnee.fr/galerie/nature/ ecosyst%C3%A8mes/ Références p123 : Marais de Vendée :http://photo37.fr/project/promenadedans-les-marais-salants-vendeens Au dessus des arbres : Adam Harrower photographie http://www. letribunaldunet.fr/insolite/dans-la-ville-du-cap-vous-pouvez-marcher-audessus-de-la-foret.html Deggendorf et Mulini : www.landezine.com Références p125 : Rénovation barre immeuble : http://www.tremblay-enfrance.fr/fr/actualite/article/les-relogements-bien-loti.html Schouwburgplein : http://www.youropi.com/nl/rotterdam/locations/ parkeergarage-schouwburgplein-98 Immeuble vert : http://www.treehugger.com/green-architecture/andinternational-highrise-award-2014-goes-bosco-verticale.html
BIBLIOGRAPHIE Matière à écrire informations :
Ouvrages : Le Concept Balnéaire, Alain Charles.
Le style International, Hasan-Uddin Khan
Le territoire du vide, Alain Corbin.
Les Havrais et la mer. Jean Lejoy, Philippe Manneville
2002, Paris, édition Massin
1750-1840. Éditeur : Flammarion
2008, Chine. Edition Taschen
1987, Éditeur : Centre havrais de recherche historique
La Baule, grand large, D. Voyé, J-F Couty 2004, Geste édition, Pont-L’abbé
Articles
:
«Ici c’est très laid» Lettre de Guillaume Apollinaire à La Baule en 1913. Par lexpress.fr , publié le 17/10/2008 pour l’Express Webhttp://www.lexpress.fr/ region/ici-c-est-tres-laid_609345.html Les «vestiges» de la Belle Epoque interview de Gaël Archimbaud. Propos recueillis par et Barriquand Nicolas, publié le 17/10/2008 pour l’Express Web http://www.lexpress.fr/region/les-vestiges-de-la-belle-epoque_609346. html#kFQojHIRkKIXtPoc.99
Dans le doux dédale des dunes. Alain Charles Revue 303, la revue des pays de la Loire. 1994. Précurseurs et fondateurs de la villégiature maritime, Alain Charles Les cahiers du Pays de Guérande, N°35, 1994, Société des Amis de Guérande
Des balcons sur la mer, Alain Charles.
La Baule Privilège, 1998
A Benidorm, vive le tourisme de masse ! Andrés Fernández Rubio
Rubrique Les vacances de M. Tous le monde, Courrier international N° 1287 8 juillet 2015, pages 28 à 33
L’invention du balnéaire « cinquante » à Royan, Gilles Ragot
Un moyen de vulgarisation de la géomorphologie : le triptyque explicatif des géomorphologies, application au pays de Guérande, Dominique Sellier 2010, Cahiers Nantais
L’urbanisme balnéaire : processus de colonisation, ou aménagement durable du littoral ? Roland Vidal.
Revue sur l’aménagement de l’espace, Projet de Paysage. http://www.projetsdepaysage.fr/fr/l_urbanisme_balneaire_processus_de_ colonisation_ou_amenagement_durable_du_littoral_ La Baule s’est construite par et pour le tourisme, interview de JeanBernard Vighetti Article de Barriquand Nicolas, publié le 17/10/2008 pour l’Express Web. http://www.lexpress.fr/region/la-baule-s-est-construite-par-et-pourle-tourisme_609343.html
Origine des rapports complexes à la nature dans les stations balnéaires françaises. Johan Vincent.
Article de la revue en ligne en science de l’environnement Vertigo. Volume 13, numéro 3. Décembre 2013. https://vertigo.revues.org/14401 La Baule, du tourisme au lieu de vie, Philippe Violier. Mappe Monde N°66, Février 2002
In situ, Revue des patrimoines, mis en ligne le 19 avril 2012 http://insitu.revues.org/2260
page 141
Sites internet : PNR Parc Naturel Régional de la Brière http://www.parc-naturel-briere.com/
Site internet du tourisme de la presque île Guérandaise http://www.labaule-guerande.com/
Site internet de l’association du Belvédaire de la côte d’Amour, depuis 2010. Vincent Jochault, Président. http://lebelvederedelacotedamour.blogspot.fr
La Baule Sépia, Mélanie Tartoue.
Site internet de carte postales et photographies anciennes sur la Baie du Pouliguen. http://www.labaule-sepia.fr/cpa/cpa.html
Photographie depuis ULM à La Baule et ses environs
http://ulmlabaule.free.fr/index.html IGN, Intstitut National de l’Information Géographique et Forestière http://www.ign.fr/ Géoportail, cartes IGH et du SHOM (service hydrographique et océanographique de la marine.) en ligne http://www.geoportail.gouv.fr/accueil
GIP, Groupement d’Intéret Public Loire Estuaire
http://www.loire-estuaire.org/accueil
Site internet du département Loire Attlantique http://www.loire-atlantique.gouv.fr
Rencontres
:
Alain Charles, architecte et écrivain, le 12/08/15 Frank Lopis, responsable du service technique, La Baule-Escoublac, le 6/10/15 Véronique Piguet, responsable du service urbanisme, La Baule-Escoublac,
9/10/15
Vincent Jochault, représentant de l’association Belvédaire de la côte d’Amour,
du commerce et de l’industrie, 21/01/16
7/10/15
Etienne Bartczak, ABF Loire attlantique pour la presqu’île de Guérande, Marc Bréat, responsable du service espace verts, La Baule-Escoublac, 13/10/15 Pierre-Nicolas Roy, responsable de la gestion du port du Poluguen, Chambre
8/10/15
Radio
:
Le temps de la géographie, Pauline Dalençon, Patrick Poncet. France Culture. Emission Les matins d’été. La plage, 6 Juillet, 6 min Le tourisme, 15 Juillet 2015, 7 min Les stations balnéaires, 29 Juillet 2015, 7 min
Vivre sur l’eau, Matthieu Garrigou-Lagrange.
Le 22 Juin 2015 à 15h, France Culture. Emission Modes de vie, mode d’emploie. 59 min.
Documents d’Urbanisme : PLU des villes de Le Pouliguen (2014), La Baule-Escoublac(2015), Pornichet (2015) et Guérande (2015) AVAP (Aire de mise en valeur de l’Architecture et du Paysage) du Pouliguen (2014), La Baule-Escoublac (2013) , Pornichet (2013) et Guérande (2015) page 142
Enquête publique du PPRL Presqu’île Guérandaise (2016) SCOT Cap Atlantique (2011) et CARENE (2008)
Matière à penser Réflexion : Articles : Conscience d’une dimension patrimoine, quatre réflexions, par Mourad Betrouni, 2000, Insaniyat http://insaniyat.revues.org/7920
Une autre histoire du modernisme, par Pierre Chabard,
Métropolitiques, 30/11/2010. URL : http://www.metropolitiques.eu/Une-autrehistoire-du-modernisme.html Les bains de mer ont une patrie : la Bretagne, par Philippe Clairay dans mensuel n°266, juin 2002 à la page 60 http://www.histoire.presse.fr/recherche/les-bains-de-mer-ont-une-patrie-labretagne-01-06-2002-7679 Les logiques duales d’une ville stratifiée, par Dejolivet, Mars 2013 https://temporalites.wordpress.com/2013/03/11/les-logiques-duales-dune-villestratifiee/ Les grands ensembles : généalogie d’un rejet, par Stéphane Füzesséry, Métropolitiques, le 02/10/2015 http://www.metropolitiques.eu/Les-grands-ensembles-genealogie-d.html
De Vélib’ à Autolib’. Les grands groupes privés, nouveaux acteurs des politiques de mobilité urbaine, par Maxime Huré, Métropolitiques, le 06/01/2012 http://www.metropolitiques.eu/De-Velib-a-Autolib-Les-grands.html
Les représentations complexes des tours d’habitat populaire, par Rachid Kaddour, le 09/12/2015
http://www.metropolitiques.eu/Les-representations-complexes-des.html La condition urbaine, Olivier Mongin, Podcast de la conférence à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon, 10 Mai 2007 https://www.canal-u.tv/video/ecole_normale_superieure_de_lyon/la_condition_ urbaine_olivier_mongin.6763
Serge Trigano : «Le 21e siècle sera celui du tourisme de ville», par Céline Perronnet, L’echo touristique, le 21/03/2013
http://www.lechotouristique.com/article/serge-trigano-le-21e-siecle-sera-celui-dutourisme-de-ville,55020
Les « villes intelligentes » n’aiment pas la démocratie, par Robin Prudent, L’OBS et Rue89, le 26/10/2015 http://rue89.nouvelobs.com/2015/10/26/les-villes-intelligentes-naimentdemocratie-261842
La fabrique urbaine des patrimoines : nouvelles formes, nouveaux enjeux ? par Vincent Veschambre, Métropolitiques, le 10/06/2015
http://www.metropolitiques.eu/La-fabrique-urbaine-des.html
Évaluer et représenter le nombre d’usagers sur une plage urbaine (Les Ponchettes, Nice), par S.Robert, G.Sillère et S.Liziard,
2008 http://mappemonde.mgm.fr/num19/articles/art08305.html
Civic Innovation and Creative Campaigns: How Fresh Ideas Are Compromising Local Democracy, par S.Savell, G.Baiocchi, E.Bennett, A.Cordner, P.Klein, le 27/10/2015 http://www.metropolitiques.eu/Civic-Innovation-and-Creative.htmlLe philotope, revue scientifique sur la philosiphie, Bâtir au contact du risque, Juin 2015, 200 pages, plusieurs articles d’auteurs variés. https://issuu.com/philau/docs/inte__rieur_philotope_11_-_09_12_01
Ouvrages : L’éléphant, hors-série spécial Mer. L’éléphant, la revue de culture générale. Directeur de la publication : Jean-Paul Arif, Août 2015 Conserver ou démolir ? Le patrimoine bâti à l’aune de l’éthique, Georg Germann et Dieter Schnell 2014, infolio édition
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Remerciements Beaucoup de personnes m’ont aidée dans mon parcours. Qu’ils aient été à La Baule, à Blois, à Metz, ou ailleurs, je les remercie tous. Qu’ils m’aient inspirée, aidée, reçue ou poussée, merci à vous. Malou, Martin, Fiammetta, Lucie, Camille, Adèle, et tous les gens de l’atelier ... Ceux qui ont pris du temps pour me rencontrer et répondre à mes nombreuses questions. Mes professeures. Merci à l’école qui, même si l’utopie s’éteint douloureusement, m’a apporté des opportunités incroyable et des expériences riches. Merci à ma famille pour m’avoir tant soutenue.
L’héritage balnéaire à réinventer La Baule, un nom souvent très connu. Évocateur de vacances, de soleil, de plages de sable interminables, de souvenirs, d’odeurs de pin, de sucreries salées... La beauté de la Baie du Pouliguen, dont fait partie la Baule-Escoublac avec Pornichet et le Pouliguen, a su, dès la plantation des pins il y a 150 ans, attirer les voyageurs. Évidemment, l’urbanisation n’a cessé de croître, par quartier, par lotissement, avec une foule de styles architecturaux évocateurs d’époques ou de régions lointaines. L’urbanisme-continu-balnéaire de la Baie s’est construit et s’est superposé à lui même, créant la ville palimpseste qu’on peut voir aujourd’hui. Il a toujours continué de se transformer, même si les 30 dernières années ont été moins marquées par les changements. Aujourd’hui la ville attire constamment plus de touristes, en quête de soleil, d’oisiveté et de loisirs toujours plus variés. Pourtant, la Baie souffre de son image architecturale : le front de mer est largement décrié, la nostalgie des villas sous les pins renforce le contraste et souligne le caractère défigurant des immeubles qui les ont remplacés en front de mer. Le tourisme et les envies évoluent... Je pense que la Baie est à un tournant très intéressant de son histoire. Elle est régie par plusieurs dynamiques, aussi bien sociales (le tourisme, la relation au bâti des années 50-80 qui évolue, les résidents permanents moins nombreux et de plus en plus vieux, la patrimonialisation...), que physiques (la pinède vieillissante et en régression, les mouvements de sable, l’architecture qui se réinvente en permanence, la saturation du foncier...). De plus, la Baie fait partie du littoral, avec toutes les questions de protection, d’évolution et de gestion qui s’y rapportent. Quel devenir pour la ville balnéaire dans un contexte de protection, de patrimoine et de «littoral fini» ? Aujourd’hui, la Baie est déconnectée de la presqu’île, elle est pensée comme une entité à part, scindée en 3 communes, comment l’encrer dans son territoire riche ? Comment lui permettre de se réinventer, comme elle l’a fait plusieurs fois dans le passé ? L’idée est de montrer que la Baie peut continuer son évolution en s’inscrivant sur son contexte délicat et chargé de potentiel.
La Baule et sa baie
Caroline Holz
ch.caroline.holz@gmail.com 2015-2016 Mémoire de fin d’études, École de la Nature et du Paysage 9 rue de la Chocolaterie / 41000 Blois