Rapport de master holz caroline 2017

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Caroline Holz Aout 2017

PAYSAGE & TOURISME EN MILIEU RURAL

Master 2 Innovation Urbaine spécialité Villes et Territoires en Transformation IUVTT Mission avec l’ONG Apoyo Urbano à EL SALVADOR

Maître de stage : Silvia Rosales Tuteur pédagogique : Antoine Steck


Étudiante : Caroline Holz Maître de stage : Silvia Rosales Tuteur pédagogique : Antoine Steck Relecteur : Claudine Guidat MERCI À Apoyo Urbano, Université Lorraine ENSGSI Municipalité et habitants de Santa Maria Ostuma, El Sanlador, Amérique Centrale


SOMMAIRE 1 CONTEXTE DE TRAVAIL : UNE ONG ET UN PAYS EN DÉVELOPPEMENT

Introduction L’ONG Apoyo Urbano, Urbanisme participatif en Amérique Latine El Salvador, le petit pays à la mauvaise réputation

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LA MISSION PROPOSÉE : DÉVELOPPER LE TOURISME BASÉ SUR LES PAYSAGES EN MILIEU RURAL

Comment le paysage peut-il être un levier d’attraction touristique en milieu rural ? Les notions de Paysage et de Tourisme ... L’objectif de la mission : donner de nouvelles perspectives de développement au village La démarche : participation et encrage dans la réalité

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4 5 6

LE DIAGNOSTIC : UN BESOIN DE PROJET GLOBAL QUI REGROUPE ET QUI ACTIVE

8 9 10 12

Une mission aux acteurs très divers et aux relations diffuses Un territoire rural plein de promesses mais peu développé L’opportunité touristique à saisir Enjeux et paradoxes à prendre en compte

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LES RÉSULTATS DE LA MISSION : UN PLAN OPÉRATIONNEL SUR LE PAYSAGE ET LE TOURISME

La problématique qui englobe la recherche et toutes les réflexions Les pistes de solution Les tests d’action Ce qui va rester de la mission : le paysage

RETOUR D’EXPÉRIENCES :

L’évolution de la mission Mon rôle dans tout ça Et après ?

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Bibliographie Résumé

35 4èmede couverture


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01 CONTEXTE DE TRAVAIL : UNE ONG ET UN PAYS EN DÉVELOPPEMENT Introduction Dans le cadre de mon Master 2 d’Urbanisme, j’ai réalisé une mission de 6 mois dans une ONG : Apoyo Urbano. Cette mission s’est déroulée à El Salvador, un petit pays d’Amérique Centrale. L’idée était de réfléchir sur le paysage et le tourisme en milieu rural, et de proposer un projet pour un village de montagne. Je m’étais déjà fortement intéressée à la question du paysage touristique au cours de ma formation d’ingénieure paysagiste, où j’avais réalisé mon diplôme sur La Baule Escoublac: petite ville très touristique au cœur de paysages et de dynamiques naturelles puissantes. Le sujet était donc familier, le contexte beaucoup moins. Dans les pays en développement, le tourisme est souvent vu comme la solution pour s’ouvrir à d’autres perspectives, pour s’enrichir, pour améliorer les conditions de vie des locaux. La réalité est souvent autre, et le développement du tourisme ne fait parfois qu’accentuer le clivage riche-pauvres, puisque l’investissement se fait par les riches, pour des riches, excluant socialement et spatialement les locaux, sous couvert des problèmes de sécurité. C’est l’exemple classique du complexe touristique encerclé de grands murs, où tout est pensé de manière autonome, et où les locaux sont employés à faible coût pour la gestion et la maintenance. Toute la consommation se faisant sur place, le touriste n’enrichit que le propriétaire. L’idée était de dépasser ce « modèle ».


L’ONG Apoyo Urbano, Urbanisme participatif en Amérique Latine L’organisme est constitué en une association franco-latino-américaine de professionnels de la ville et des territoires. Fondé en 1999, Apoyo Urbano est une association à but non lucratif, qui se consacre, en Amérique Latine, au développement d’un urbanisme et d’un aménagement du territoire interactif, ainsi qu’au développement d’une culture urbaine à portée de tous. Elle est composée de professionnels français et latino-américains de différentes disciplines : urbanistes, architectes, ingénieurs, sociologues, géographes, économistes… L’équipe intervient sur les différentes thématiques de planification et d’aménagement du territoire : tourisme, transport, espace public, patrimoine, habitat, projet urbain, commerce informel, environnement, développement local… L’idée de l’association est de mettre à disposition des compétences professionnelles reconnues, pour concevoir des politiques urbaines et des interventions spatiales durables. Il s’agit d’un mécénat de compétences : un coopérant seul ou un groupe est envoyé sur place, et selon sa mission et sa profession, il développe la médiation sociale et la concertation urbaine (de la conception du projet à son suivi) ; conforte les compétences professionnelles des partenaires locaux (maires, techniciens, habitants…) via la «formation action» ; facilite une culture urbaine à travers l’animation d’événements ; sensibilise à une approche rétro-prospective de la planification et de l’aménagement du territoire ... Dans une optique d’échange et de coopération, les intervenants de l’association ne se substituent pas aux équipes locales, mais les renforcent.

Le conseil d’administration : Présidente : Silvia Rosales-Montano, socio-économiste et urbaniste Secrétaire : Marion Guinet - architecte Trésorier : Christian Harzo - sociologue Administrateurs : Sergio Albujar Carbajal - politologue, Yann Tessieux - urbaniste, Magali Queyranne – urbaniste, Luc Litzer – urbaniste, Claire Gaulier - urbaniste

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El Salvador, le petit pays à la mauvaise réputation Quelques données : San Salvador, ville la plus dangereuse du monde ... 137 homicides pour 1000 habitants (=13.7% des habitants meurent tués)

30% de la population vit en «extrême pauvreté» La moyenne mondiale est d’environ 10%.

305 hab./km2 Le plus petit et le plus peuplé pays d’Amérique. On ne roule pas plus de 10 minutes sans rencontrer des habitations

12 ans de guerre civile récente De 1980 à 1992. Les deux camps se sont séparés en partis politiques : la Gauche et la Droite

La Ms13 et la Mara 18 Les 2 gangs qui s’affrontent depuis la fin de la guerre civile, et qui rendent le taux d’homicide si élevé. Elles sont issues des retours des populations qui avaient fui la guerre civile aux Etats Unis (LA principalement) : les Salvadoriens sont revenus engagés dans des groupes armés différents, et ont continué à appliquer leurs lois dans leur pays d’origine

20 volcans actifs au Salvador Le plus récent du continent américain : Izlaco 1770. De très nombreux tremblements de terres, et des catastrophes naturelles

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En bref, El Salvador est un pays d’Amérique Centrale dont on parle souvent lorsqu’il s’agit de trafique de drogue, de dangerosité, de pauvreté ... Mais du filtre médiatique à la réalité, il y a un pas énorme, qui se sent au fil des découvertes. Les gens sont encrés dans une culture catholique très forte, avec des coutumes et des relations patriarcales très ancrées. Même s’il y a de très mauvaises influences, les habitants sont accueillants, généreux et droits. Le contexte de travail est un village-rue au pied d’un volcan : Santa Maria Ostuma, défini par l’arche de bienvenue, au bout de la vallée du Jiboa, en passant par l’église.

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Vers San Vicente Verapaz Guadalupe

Arche de bienvenue

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Vallée du Jiboa Imagen de base desde Google Earth


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San Salvador Santa María Ostuma

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Le village par rapport au pays et à la capitale San Salvador


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02 LA MISSION PROPOSÉE : DÉVELOPPER LE TOURISME BASÉ SUR LES PAYSAGES EN MILIEU RURAL Comment le paysage peut-il être un levier d’attraction touristique en milieu rural ? La question de départ est donc très orientée vers ma formation initiale d’ingénieure paysagiste, avec une approche de marketing territorial, à ceci près que le contexte m’est étranger. Le projet vise à valoriser les ressources locales pour développer le tourisme. Les ressources locales en question pour le village où j’ai effectué ma mission sont les paysages, qui sont ouverts et diversifiés ; l’agriculture qui se base sur la culture de fruits ; et d’ananas plus particulièrement. Mais avant de commencer la mission et le projet, il était nécessaire d’établir un vocabulaire commun sur les notions, très larges, de paysage, de tourisme, de développement, de valorisation...


Les notions de Paysage et de Tourisme Il a donc fallu commencer par théoriser ces notions, pour en tirer une définition commune applicable au contexte. En parallèle, il était important de me re-situer moi même dans le contexte local : le paysage étant le fruit d’une projection culturelle, comment est-il perçu de ce côté du monde ? J’ai sondé les acteurs locaux et les habitants, pour avoir leur propre ressenti sur ces thèmes. Le paysage est un concept large qui regroupe à la fois le socle : la géographie, ce qui est palpable, mesurable, quantifiable... ; la culture, avec les usages, les individus et leurs relations ; et à la fois les différents temps, avec les empreintes du passé, les évolutions, les mutations, les futurs possibles, les décisions... Le paysage définit un lieu. Le tourisme, lui est plus défini par la mise en relief des singularités d’un lieux. Le tourisme s’appuie sur le lieu. Et en fait c’est en analysant ce qu’était le tourisme et les formes qu’il pouvait prendre que je me suis rendue compte que le lien entre Tourisme et Paysage était évidents : le tourisme s’appuie naturellement sur le paysage... Avec un biais très fort de profit, bien sûr, et ce lien se renforce d’autant plus en milieu rural.

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Tourisme appuyé sur ...

... Le paysage

Temps

Interprétation du lien Tourisme-Paysage

Schéma du développement durable (sostenible = durable | medio ambiente = environnement)

Pour ce qui est de la ruralité, elle impose au sujet non pas une définition, mais un biais considérable puisqu’elle définit un système, à priori, éloignée de la notion de tourisme : peu de fréquentation, peu d’habitants, peu de dynamisme économique, peu de transports, de connections, de services... En réalité, elle introduit un compromis, un équilibre entre le paysage et le tourisme. Que l’on retrouve avec le fameu schéma de la durabilité d’un projet.


L’objectif de la mission : donner de nouvelles perspectives de développement en milieu rural Au de-là des termes de Tourisme et de Paysage, il est important de contextualiser. Les milieux ruraux des pays peu développés manquent de perspectives : les opportunités de travail sont faibles, les services également. C’est pourtant là que la culture est la plus forte, que l’ambiance est la plus authentique et joyeuse. Le tourisme est une réelle opportunité, qui semble s’imposer à tous, mais elle est «dangereuse». En effet, s’il s’agit d’un tourisme agressif et consumériste, déconnecté du milieu rural, il ne va pas servir le développement local, mais il va renforcer les inégalités. L’idée est d’utiliser le tourisme pour développer le village et améliorer la condition de vie des habitants. À cela il faut ajouter le contexte du climat et de l’environnement. En effet, sous les latitudes tropicales, le changement climatique se fait sentir encore plus que dans nos contrées. El Salvador est placé dans le «corridor seco», à comprendre : le couloir sec, qui s’est créé avec les changements climatiques et rend le climat et la zone aride, avec des pluies rares,trop fortes et lessivantes, là où elles étaient régulières, fortes et source de régénèrement durable.

développement local

L’un des derniers points frappant du contexte est la réputation du village suite aux événements violents qui ont eu lieu il y a quelques années : les médias ont largement diffusé sur ces événements et la mauvaise réputation entrave encore l’attrait du village, bien qu’il soit redevenu très tranquille.

+

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ALLER DE L’AVANT AVEC LE DÉVELOPPEMENT DU TOURISME DURABLE

-

2

RÉPONDRE AUX NÉCESSITES URGENTES DE L’ENVIRONNEMENT

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INVERSER LA RÉPUTATION DU VILLAGE

temps

0

pas de tourisme

tourisme authentique

tourisme consumériste

type de tourisme type de tourisme qui s’insère qui sépare la dans la vie vie locale et quotidienne des le tourisme, habitants et qui ajoutant une permet aux petits offre touristique entrepreneurs de privée croître en même inaccessible et temps que la qui profite aux fréquentation. seuls investisseurs.

www.laprensagrafica.com article du 14 Novembre 2015


Mais les objectifs sont aussi variables selon les acteurs : Ils sont globalement très centrés sur le développement du village, pour les acteurs politiques : « Les touristes du Nord ( = des états unis) ont beaucoup d’argent, ce sont vers d’autre zones, à l’ouest du pays, qu’ils sont emmenés lorsqu’ils visitent El Salvador, alors que Ostuma aurait beaucoup à offrir ! » « Influencer le développement local » , « valoriser les ressources locales » , « l’authenticité du village ». Ce tourisme devrait être GASTRONOMIQUE, NATUREL et se baser sur le fruitier et leurs dérivés. Proximité avec le producteur. Balade à cheval...

Pour qui est cette recherche et pourquoi ? Pour Apoyo Urbano : innover, faire rayonner l’ONG, développer le pays Pour les commanditaires de la mission : renouveler le mandat politique, se sensibiliser, apprendre, développer un réflexe, valoriser le paysage et l’environnement, projet pilote, expérimenter Pour les habitants : nouveaux projets, nouvelles ambitions, améliorer de leur cadre de vie, ouverture ... Pour l’environnement : pour qu’il soit pris en compte non pas comme une contrainte, mais comme un atout valorisant.

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La démarche : participation et encrage dans la réalité Pour mener à bien la mission, avec les objectifs que je m’étais fixé avec l’ONG, il était nécessaire d’impliquer les acteurs très tôt dans le projet. Cet exercice s’est fait en plusieurs temps, dans un premier temps en entretien formel individuel ou collectif avec les acteurs politiques principalement : le conseil municipal, la maire... Mais aussi de manière plus informelle avec les habitants et au fil des rencontres. L’idée était de construire les définitions communes des termes de la mission, et de comprendre les positions de chacun par rapport au projet, et leurs attentes quant à la mission.

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Dans un deuxième temps une large consultation de la population fait avec l’aide de deux autres coopérantes de la ONG, arrivées deux mois après moi, pour une mission de mobilité dans le village. Les ateliers se sont réalisés par quartier du centre du village, dans le cadre des ‘après-midis’ conviviales. Il s’agissait d’un événement organisé par la mairie, qui avait pour but de sensibiliser aux nouvelles mesures prises par la municipalité, à savoir l’abattage d’arbre interdit, et les nouveaux balayeurs. À la fin de cette session d’information, nous réalisions notre atelier sur 1h. Une première partie sensibilisation sur les déchets, avec le jeu de la ligne du temps où il faut placer les déchets selon leur temps de décomposition naturelle. Et une seconde partie de dessin sur le sol à la craie où nous réalisions ensemble le diagnostic de l’espace public et les pistes de solutions envisagées par les habitants. «Et vous, comment aimeriez-vous voir votre quartier ? Quels problèmes y rencontrez-vous ?» 8 Quartiers, plus de 320 personnes rencontrées Entretien informel avec des lycéens

En première partie des après-midis conviviales : Une piñata, un discours de la maire, et des jeux dans le quartier


La calle se transforma en un

RIÓ !!

Aqui, mira, asi, una plaza con la virgen Candelaria

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Dans chacun des quartiers, un thème s’est détaché particulièrement, faisant ressortir des nécessités urgentes d’infrastructures, et une volonté d’amélioration de l’image du village Barrio Candelaria : les transports à faire descendre jusqu’à leur quartier Barrio El Calvario : la place de l’église du quartier à aménager Barrio Las Mercedes : la gestion de l’eau et la rue principale à refaire Lot. Apancinte : goudronner les rues de tout le quartier Barrio El Centro : animer la rue principale du village et améliorer celles aux alentours Barrio Las Delicias : améliorer la mobilité piétonne Lot. El Progreso : sensibiliser sur les déchets et le recyclage Lot. Ostuma : goudronner la rue jusqu’au fond

Présentation au conseil municipal des résustats obtenus et proposition d’un projet “phare” par quartier : un projet de forte inversion et de faile coût.


MARN (Min. Environnement) MITUR (Min. Tourisme) Partenaire it

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Mairie Porte le projets

Informe

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habitants

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03 LE DIAGNOSTIC : UN BESOIN DE PROJET GLOBAL QUI REGROUPE ET QUI ACTIVE relations à enrichir

Une mission aux acteurs très divers et aux relations diffuses La mission est réalisée avec l’ONG Apoyo Urbano, en convention avec la communauté de commune Asociación Los Nonualcos, qui répartit les coopérants selon les besoins dans les communes ou au sein de l’association en fonction des missions proposées et approuvées par chaque partie. En analysant ma place par rapport au projet et à la mairie, les relations suivantes se sont établies : La mairie est au centre, parce que bien plus encore que dans les villages français, c’est elle qui gère tout, qui participe à tout, qui cofinance tous les projets, coordonne tout... D’un côté il y a les habitants, qui se regroupent énormément en association, même chez les jeunes. De l’autre il y a les ONG, dont celle avec laquelle je réalise ma mission, avec la communauté de commune. Ce qu’il faut retenir, c’est que la mission est très politique, une partie du projet et de la mission est de renforcer et d’établir certaines relations, comme avec les ministères respectifs, au dessus, et de renforcer l’approbation par les habitants. Les relations ne sont donc pas neutres et les rencontres à ne jamais sous-estimer. L’autre fait à prendre en compte pour le projet, est que l’image du village dépends de tous. Il faut donc que chacun s’approprie le projet sous l’impulsion de la mairie, dans ce cas, même si les habitants ne sont pas passifs.


Mais de qui dépend l’image du village, base du paysage et du tourisme ? ordonnances promotion directe planification suivi des projets réflexion globale

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En entretiens avec les conseillers municipaux :

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contrôle maintien

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touriste convivialité initiative de développement local ouverture touristique association d’habitants

promotion indirecte appuie au développement local

Entretien avec les conseillers municipaux :

« Il faut construire un objectif commun » : identité, image commune, coordination pour impulser et favoriser les projets d’amélioration de l’image du village. « Il faut passer à l’action ! » (action simple) : réparer les chemins, créer des accès, mettre des bancs, réaménager l’entrée du village, campagne de nettoyage des déchets et sensibilisation, de l’art dans les rues, campagne de reforestation, rafraîchir, plus de lieux de contemplation du paysage ; prendre soin de l’agriculture. « Il faut communiquer »: « attirer l’attention » « donner une image positive »

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Un territoire rural plein de promesses mais peu développé Santa Maria Ostuma peut se définir comme un village fruticol au pied d’un volcan. Données de base sur le village : Ostuma en Nahuat = lieu des grottes, lieu des crevasses, lieu sur les caves. Nombre d’habitants : 5 990 (2007) zone rurale : 4 438 zone urbaine : 1 552 Des cultures qui ont évoluées, mais qui se sont Superficie de la municipalité : 24,12 km² toujours concentrées sur les fruits dont 99% en zone rurale Nombre de cantons : 7 Un double tremblement de terre qui n’a laissé Nombre de quartiers dans le centre : 5 aucun bâtiment debout en 2001 Altitude moyenne : 580 m au dessus de la mer Altitude max : 1000 m Une image extérieure très pauvre et violente Altitude min : 300 m Précipitation annuelle moyenne : 2000mm 6 mois de pluie 6 mois de sécheresse Un village-rue implanté sur une ligne de crête : une situation en belvédère sur le territoire

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< Carte des vues depuis la rue principale

3 2

Les ambiances du village :

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2

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ermita cancha de futbol sala

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Parque mirador

arco de bienvenida

Carte-dessinée sans échelle de la rue principale du village

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Bloc diagramme du principe d’habitation en ligne de crête

Qu’est ce que l’on trouve à Ostuma ? «les vues panoramiques», «la nature, les champs, le vert» «ce qui est propre au village», «c’est le patrimoine» «les fontaines et les lieux frais»

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Le village dispose d’un grand nombre de ressources paysagères sur tout son territoire, que ce soit architectural, culturel ou naturel. Tous font partie de près ou de loin à un usage local, ou a une identité commune. Cependant, la négligence et les mauvaises habitudes rendent la plupart de ces lieux sales (déchets) et les accès sont difficiles aux endroits reculés. On a donc un manque de protection et de sensibilisation, et un manque d’aménagement et de décision publique. Moulins à produits dérivées sucre de la cane à sucre

CHORERRÓN

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Peta, sources

Fincas--Ananas ermita Candelaria

Las Pilas

derivados de la Piña

PARC DU BELVÉDÈRE arc et madera Calvario grottes

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Lieu frais Puits ---

Galeries

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ÉGLISE

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Belvédère rue entrée

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--Sources Puits

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Carte-schéma sans échelle de la municipalité des lieux importants pour la vie local, le paysage et le tourisme

Légende lieux connus --accès difficile Nmbr. bon état, lieux joyeux Nmbr. mauvais état, négligé


L’opportunité touristique à saisir Comme nous l’avons déjà dit, le tourisme représente un potentiel axe de développement, s’il est construit sur la vie locale. Quelques données du touristiques : Le tourisme interne au Salvador se développe rapidement ces dernières années (+50% entre 2012 et 2016) Le tourisme interne représente 80% du tourisme au Salvador (2015) Le tourisme le plus courant est la visite sur une journée, en famille ou entre amis (77% du tourisme interne) Mais le tourisme des salvadoriens ne génère que 10% du chiffre d’affaire lié au tourisme Le tourisme étranger constitue seulement 20% du tourisme, mais génère 90% des retombées économiques du secteur. Tendance internationale : demande croissante de l’agrotourisme, et du tourisme rural.

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Ostuma et le tourisme : L’offre actuelle de tourisme au village se concentre presque exclusivement sur les fêtes de l’ananas, qui ont lieu en Juin et en Décembre, au moment des récoltes. Il draine un grand nombre de visiteurs nationaux et participe à la renommée du village. Le village est donc associé à l’ananas. Ce monopole est discutable, en effet, il apporte un tourisme massif et concentré, réuni pour consommer, principalement de la nourriture préparée et qui nécessite plusieurs semaines de préparatifs de la part de la mairie. Il génère des problèmes de stationnement, de circulation, de gestion des déchets et d’eau potable... Il apporte cependant une ressource non négligeable pour les ostumeniens qui se risquent à tenir un stand de vente, et fait rayonner le village pendant un week-end, deux fois par an.

Juin 2013 10 000 visiteurs 10ÈME ÉDITION

Juin 2016 20 000 visiteurs TRÈS ENSOLEILLÉ

Juin 2017 16 000 visiteurs TRÈS PLUVIEUX LE SAMEDI 14ÈME ÉDITION

Le village est à 50 min de l’aéroport international, le tourisme étranger est donc une réelle opportunité. Actuellement l’offre touristique du pays se concentre sur l’Ouest du pays, qui est à 3h de l’aéroport.


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La promotion touristique est faible en dehors de la fête de l’ananas. On trouve cependant plusieurs panneaux d’indication sur les grands axes, qui indiquent la direction du village accompagné d’une illustration, généralement le Chorerron (la cascade). À l’entrée du village, on trouve le panneau ci-dessus, qui illustre la cascade, l’église du village, la tradition des palanques, et les moulins à canne à sucre. Il n’y a pas d’office du tourisme, ni de plan du village. Il n’y a pas non plus de brochure de contact d’agriculteur ou activité touristique. Il faut appeler ou rencontrer la mairie pour obtenir des informations.


Enjeux et paradoxes à prendre en compte Du contexte et de l’analyse se dégagent les enjeux. La mission en fait ressortir 3 qui sont les défis à relever pour arriver à l’objectif de la mission.

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La stratégie du projet est décomposée en 3 défis : 3 enjeux -Ostuma, destination du tourisme solidaire (Attirer et Valoriser) -Ostuma, référence en valorisation et soin du paysage (Protéger) -Ostuma, village rayonnant où il fait bon vivre (Animer et Activer)

Attirer / Valoriser :

Pour faire venir plus de visiteurs au village et transformer cette venue en ressort économique et améliorer la qualité de vie directe des habitants.

Protéger :

Pour maintenir et valoriser les milieux naturels, qui donnent le caractère au village, lui apportent la fraicheur nécessaire, et régulent les eaux.

Animer / Activer :

Pour revenir sur les mauvaises habitudes, en créer des bonnes, créer une culture commune positive, et faciliter les initiatives qui vont dans le sens de l’amélioration du village


Des paradoxes, qu’il faut prendre en compte pour que fonctionne le projet : Attraction de l’ananas et des cultures

Prétentions touristiques

Désintérêt des jeunes pour le métier d’agriculteur

Nécessités urgentes et basiques

Avoir une meilleure Négligence, image mauvaises habitudes et pas de protection

Faire venir des touristes

21 Rester authentiques

Chaque système comporte ses contradictions. Souvent issue d’une projection dans le futur, face à une réalité immédiate, ou un risque potentiel. Lorsqu’elles sont identifiées, et qu’elles trouvent leur place dans le projet, elles enrichissent les solutions pour faire cohabiter l’intention et la réalité / le risque.


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04 LES RÉSULTATS DE LA MISSION: UN PLAN OPÉRATIONNEL SUR LE PAYSAGE ET LE TOURISME La problématique qui englobe la recherche et toutes les réflexions En prolongation de toutes les questions qui ont pu se poser au cours de la mission, la problématique résume la réflexion et son évolution. Le point de départ était global et peu contextualisé, basé sur des réflexions générales sur le tourisme et le paysage. La mission quant à elle posait la question du rôle du paysage et des ressources par rapport à une activité touristique. La problématique recentre l’habitant et le développement local, en proposant de saisir l’opportunité d’un tourisme naissant et développé différemment, basé sur le paysage au sens global du territoire et de ses richesses.

Comment améliorer la qualité de vie des habitants d’un village fruticole de montagne avec un tourisme solidaire basé sur les ressources et les rythmes du paysage ?


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Mode opératoire : un projet global unificateur qui se concrétise en Plan Opérationnel. Basé sur la connaissance des ressources et des potentiels de la commune, qui seront ensuite valorisés. Le projet s’articule autour de la mise en place de routes touristiques, et propose des modes de gestion territoriale et économique du village, tout en accompagnant les habitants à travers la sensibilisation, et l’encouragement aux actions positives.


Les pistes de solution Le Plan Opérationnel suggère une suite d’action qui répondent à la stratégie globale. 37 actions ont étés établies pour le Plan Paysage - Tourisme.

FAIRE DE OSTUMA UN VILLAGE DU TOURISME SOLIDAIRE, EN VALORISANT SES PAYSAGES Ostuma, destination du tourisme solidaire Rendre accessible les sites ayant un potentiel touristique 4 actions

Connaître les ressources de la municipalité 2 actions

Promouvoir el tourisme et l’économie locale 4 actions

Sensibiliser et Promouvoir l’attention à l’environnement 3 actions

Recupérer les lieux à haute valeur touristique 3 actions

Protéger activement 8 actions

Ostuma, village rayonnant où il fait bon vivre Sensibiliser et Faciliter 6 actions Animer pour améliorer l’image directe du village 4 actions

Mettre en place une économie solidaire 3 actions 14 actions

13 actions

10 actions

Ostuma, destination du tourisme solidaire, quelques exemples d’action

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Ostuma, référence en valorisation et soin des paysages

-Rendre accessible et signaliser les lieux frais -Signaliser les jalons touristiques dans le centre de manière homogène

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-Promouvoir le concept de forêt d’abondance -Promouvoir et faciliter les initiatives qui améliorent l’image du village -Générer de l’information touristique de promotion du village

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-Scénographier les vues à partir de la rue principale -Aménager l’ananas du parc en kiosque d’information touristique -Aménager de manière simple les places en face des lieux d’intérêt


Ostuma, référence en valorisation et soin des paysages, quelques exemples d’action

Les ressources naturelles -Sensibiliser aux mauvaises habitudes -Établir des règles d’occupation du sol -Reboiser les lieux frais ...

L’authenticité culturelle locale -Faciliter la mise en place entrepreneuriat du tourisme solidaire -Créer des marques protégées pour les produits du terroir ...

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Ostuma, village rayonnant où il fait bon vivre, quelques exemples d’action

Organiser des événements

Aménager les espaces communs

Faciliter la concrétisation des idées

-Offre d’animation conviviale et culturelle dans le centre -Généraliser la mise en place d’ateliers participatifs -Organiser un festival de la canne à sucre

-Peindre des chemins jusqu’à des lieux touristiques -Peindre les façades de la rue principale

-Fond de développement et d’expérimentation économique


Les familles d’action,

Essai de classification sur les 37 propositions d’actions présentées dans le plan opérationnel

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Connaître

Valoriser

Informer

Pour s’appuyer sur les ressources disponibles dans le village, et profiter/ valoriser leur présence, il est nécessaire de faire un inventaire de ces ressources

Aménager les lieux d’intérêt de manière simple, rendre accessible, signaliser, peindre : pour améliorer l’image directe du village

Avec des campagnes de sensibilisation, de formation et de publicité, y compris touristique. Pour inverser l’image du village et donner de nouvelles perspectives

Activer

Rendre joyeux

Contrôler

Les projets d’initiative privée qui participent à l’amélioration de l’image du village, ou de son offre touristique. Faciliter ces initiatives

Avec des événements conviviaux, des ateliers, des peintures murales, un marché le samedi ...

Pour ne pas perdre le contrôle du village : établir des normes, des règles, des protections ...


Les tests d’action (focus sur 2 actions mises en place) Description de l’action : signalétique pour la cascade Moyen mis en place : pancartes métalliques peintes à la main Résultat : 3 panneaux qui marquent le site, donnent le temps de marche et la direction Potentiel d’amélioration : plus d’information sur le panneau (numéro du guide touristique, condition physique...), peu de communication autour de cet aménagement, impliquer plus les voisins Avantages : Formaliser la présence du site et de son intérêt touristique

Description de l’action : expérimentation économique et solidaire pour améliorer l’image du village Moyen mis en place : collecte et vente de crêpes à la fête de l’ananas, prix libre Résultat : $128 collectés en deux jours peu intensifs. Les gains furent investis dans de la peinture pour les commerces volontaires de la rue princiaple Potentiel d’amélioration : collecte plus intensive, deux jours de vente de crêpes, présenter un seul projet qui rassemble Avantages : Prouve que les gens donnent pour des projets de développement, et que le prix libre est rentable

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Ce qui va rester de la mission : le paysage L’idée du Plan Opérationnel, et de laisser aux politiques publiques des actions claires et réalisables. J’ai choisi avec l’accord de l’ONG et de la Mairie de développer des solution simples, applicables à court terme. En effet, en suivant la logique de l’utilisation des ressources et du paysage comme levier pour le tourisme et le développement du village, les actions à mettre en place, comme présentées dans la partie précédente, nécessitent peu d’investissement économique, et ont un impact sur le long terme. Le calendrier est donc réparti sur 4 ans, avec l’idée suivante : Ostuma 2020, un village attractif grâce à la valorisation de ses paysages.

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En premier lieu, l’idée est de mettre en œuvre les actions qui visent à augmenter l’offre touristique, et l’accessibilité aux lieux touristiques et d’usage quotidien. Et en parallèle de cela, d’amorcer la propagande touristique. Cela correspond principalement aux actions du premier objectif, à savoir Ostuma, destination du tourisme solidaire. Mais aussi les actions d’animation du dernier objectif, à savoir Ostuma, village rayonnant où il fait bon vivre. Un fois ce processus lancé, il est nécessaire de mettre très rapidement en place les actions de protection et de sensibilisation. Cela concerne tout l’objectif Ostuma, référence en valorisation et soin du paysage. À cela s’ajoutent les actions du dernier objectif : Ostuma, village rayonnant où il fait bon vivre. Ensuite, vient le temps de l’organisation de la métamorphose du village, avec le volet économique, pour profiter du développement créé et l’amplifier. Il doit être mis en place très en amont, au tout début, mais peut se formaliser plus tard dans ce troisième temps. Ces actions correspondent à la dernière partie du premier objectif : Ostuma, destination du tourisme solidaire. Une fois le fond économique mis en place, et une fois le flux touristique amorcé grâce aux petits changements et aux petites attentions, l’idée est d’investir les gains du tourisme pour continuer d’améliorer la vie du village: en aménageant des places et des espaces publics, et en facilitant les actions positives. Soit une partie des actions de Ostuma, destination du tourisme solidaire.


Partager les fiches actions pour qu’elles se réalisent Proposition de répartition auprès des techniciens de la mairie Le travail sur le terrain, en lien fort avec les acteurs à au moins le mérite de maîtriser les rôles et forces de chacun. Ici, le Plan Opérationnel est destiné à la mairie. Les actions sont donc réparties auprès d’une partie des techniciens de la maire, pour qu’il se chargent d’être les chef de projet, les initiateurs de ces actions. En plus de cela, ils peuvent décider selon le contexte, s’il est préférable d’adapter l’action, de la réaliser à un autre moment si un opportunité est plus propice. D’adapter les actions à la réalité des 4 années de développement. Naum

Tereza

Deisy

Pour les actions de formation, de coordination de l’offre touristique, le lien avec les associations d’habitants

Pour coordonner la gestion naturelle, la protection, le maintien, la propreté, la connaissance des ressources

Pour les projets de développement économiques et le soutien aux initiatives privées .

Gladis-Cristian

Mario-Aracely

Anibal

Pour l’aménagement qui nécessite des réflexions techniques, et pour établir les normes à respecte

Pour l’offre culturelle et de convivialité, pour le graphisme de la signalétique touristique

Pour générer de l’information touristique et promouvoir l’offre disponible et les événements sur les réseaux, et auprès des institutions.

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05 RETOUR D’EXPÉRIENCES L’évolution de la mission L’ONG Apoyo Urbano avec qui j’ai réalisé cette mission ne m’avait pas donné de cadre très précis d’intervention. Je disposais de la question initiale, de la commande finale (un plan opérationnel), et de toutes les informations existantes. Pour ce qui est de la méthodologie, nous avions convenus de l’inclusion des acteurs locaux au sens large, en insistant sur les institutions. Le reste était resté libre, ou sans recommandation particulière. On l’a vu avec la problématique, le chemin intellectuel a été long, et j’ai parfois beaucoup tourné en rond. Plus que la mission, c’est mon rapport à l’étude qui à changé, et la question qui est devenu einsistante : comment vraiment laisser un peu de ma vision au village ? J’ai assez vite pris conscience du grand nombre de «bonnes volontés théoriques» que l’on peu rencontrer auprès des études des ONG, des institutions, des penseurs, des politiques... Mais sans résultats concrêts. Il fallait que la mission fasse des choses, amorce des processus, remette en question des modèles... Bref, sans «donner de leçon», essayer de faire réagir et montrer que ce qui semble des fatalités ne sont parfois que du laxisme, et donc modifiables. J’étais donc partie avec une très forte envie d’impliquer les acteurs dans le processus, sans trop savoir comment faire. Finalement, on l’a vu, ce sont les dialogues, les expérimentations et l’utilisation du rôle de chacun qui m’a permis d’avancer, et je l’espère d’ouvrir de nouvelles perspectives, ne serait-ce qu’à petite échelle.


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Mon rôle dans tout ça Au-de-là d’établir un diagnostic paysager du village et un programme d’action, j’avais plusieurs rôles. Certains très futiles et déconnecté de la mission (bonne figure dans les événements, ouverture culturelle) d’autres plus liée à la transmission de connaissances. Ce sont ces derniers que je vais détailler. Guider l’équipe de la ONG : je travaillais seule sur le plan Paysage et Tourisme de Santa Maria Ostuma. Mais 2 mois après mon arrivée, deux autre coopérantes de l’ONG sont arrivées pour une mission de mobilité. Issues de l’ENTPE Lyon, elles ont été rejointes par 3 autres coopérants en appuis, 2 mois avant la fin de leur mission de mobilité. Comme je maîtrisais déjà la langue, et que, en deux mois, je connaissait déjà une très grande partie des acteurs locaux, les nouvelles arrivantes de caractère très calme se sont naturellement tournées vers moi pour les guider. Je me suis donc retrouvée à faire avancer les deux projets, qui se rejoignent régulièrement, ce qui était très intéressant.

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Transmettre des compétences : cette partie a été assez délicate, puisque j’ai rapidement appris qu’il y avait un énorme turn-over auprès des techniciens de la mairie. La question de leur sensibilisation au paysage et au tourisme solidaire devenait donc peu pérenne et perdait du sens. J’ai toutefois rencontré chacun des techniciens les un après les autres, pour qu’ils m’exposent leur vision du paysage selon leur spécialité et comment ils pensaient qu’il fallait améliorer les choses. L’idée était de les faire réfléchir sur le concept de paysage et de les amener vers la notion de tourisme. Avant l’entretien, ils n’avaient généralement pas une vision très précise de ce que j’allais faire ici, et après l’entretien, ils avaient tous compris. C’est l’avantage du paysage : cela semble un concept très difficile à expliquer, mais il est en fait issu du sens commun. Plus que transmettre des compétences, j’ai plus transmis ma vision des choses, et une ouverture sur comment se passent les choses en Europe : au niveau environnement, déchets, gestion de l’espace public, éducation ... Une sorte de benshmarking informel qui les a parfois interpellé, souvent questionné, peut être inspiré. Acquérir des compétences : en 6 mois de mission, j’ai beaucoup appris en réalisant des tâches que je n’avais jamais faites : organiser des événements, mettre en place un processus de participation pour sonder les besoins des habitants, me familiariser à la botanique tropicale, à l’agriculture tropicale et ses contraintes, et à réfléchir à la gestion de l’eau dans ces milieux. Tester sous couvert de l’ONG en se détachant de la mairie : comme nous l’avons vus plus haut dans les « test-actions », nous avons réalisé avec les coopérantes de l’ONG une collecte qui était «politiquement risquée». Nous avons donc pris la décision, pour cet événement, de nous détacher complètement de la mairie. Très peu d’argent ont été récolté finalement, mais nous avons tout de même réalisé un bénéfice comparable à celui des stands qui avaient bien marchés à la fête de l’ananas. Nous avons donc profité pleinement de la casquette ONG pour prendre un peu d’autonomie politique, et montré que quelque chose pouvait être fait.


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Et après ?

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Avec les nouvelles expériences vécues dans cette partie du monde, les rencontres et les opportunités créés, j’aimerai, sur le long terme mettre en place une «démocratisation» de la participation. Même si cela semble assez classique aujourd’hui dans le monde de l’aménagement, le concept de participation, bien que souvent limité et manipulé, est porteur de solution et de connaissances pour les aménageurs. Encore faut-il poser les bonnes questions aux habitants. Cet outil est la promesse d’une mobilisation pour un projet commun. Il est aussi la promesse d’un projet complexe et proche de la réalité. Les habitants sont des experts de l’usage, des experts de leur territoire: ils en connaissent mieux que personne les coins et les recoins, les problèmes et les possibilités. Ensuite, aux politiques publiques d’oser soutenir, d’oser impulser, favoriser, faciliter, déclencher... Avant de rentrer dans le Master 2 IUVTT je pensais vouloir travailler en conception de l’espace public. Je suis rentrée dans cette formation avec l’idée de ce stage en assistance à maitrise d’ouvrage, que je préparais depuis un moment, puisqu’il s’agissait d’une facette de ma formation principale d’ingénieure paysagiste que j’avais très envie d’explorer. Finalement, je pense pouvoir affirmer que c’est cette facette de mon profil paysagiste-urbaniste que j’ai envie de développer dans mon projet professionnel. Je pense quand même m’attarder quelques années en conception des espaces publics pour mettre à l’épreuve ma technique, et aboutir des projets sur l’espace public. À voir si la méthodologie «classique» peut s’adapter à mes envies de connexion à la réalité des usagers. Une facette de ma personnalité a été mise à l’épreuve lors de ce master et s’est «confirmée» lors de cette mission, à savoir le côté «leader». En effet, dans ma formation initiale de paysagiste, je me suis rarement mise dans la place du chef d’équipe, puisqu’entourée de caractères plus forts et de personnes plus légitimes en terme d’expérience. Mais dans cette formation, puisqu’ayant déjà un diplôme et un certain nombre d’acquis, je me suis vite retrouvée la plus légitime pour occuper le poste. Lors de cette mission, d’autres coopérantes m’ont rejoint au village pour dérouler une mission de mobilité avec la même ONG. Je me suis donc retrouvée pour toute une série de petites raisons à être la leader de notre groupe dont les deux projets se croisaient souvent. Je me suis alors rendue compte, et plus encore avec la fin de la mission, que ce n’est pas vraiment une casquette que j’apprécie, bien que j’ai appris beaucoup de choses en occupant ce rôle. Aujourd’hui j’aurai encore plus envie d’explorer les alternatives à la gouvernance hiérarchique, pour savoir me défaire de cette casquette lorsqu’elle ne me convient pas.


BIBLIOGRAPHIE Site internet de l’Asossiacion de communes Los Nonualcos, ALN, 2017 http://www.losnonualcos.org/ Héctor Rogelio Hernández Cruz. Blog d’une école primaire au Salvador qui mène des actions de sensibilisation à l’environnement. Article du 21 Ostobre 2015 http://heroheambientalypedagogico.blogspot.fr/2015/ Organisation mondiale du tourisme, Adaptation du «Manual on Tourism and Poverty Alleviation, Practical Steps for Destinations. UNWTO and SNV 2010» 2005 http://step.unwto.org/fr/content/le-tourisme-et-lareduction-de-la-pauvrete Las singularidades de la Agricultura Familiar en el Corredor Seco Centroamericano, PRISMA, 2016 http://slideplayer.es/slide/9325331/ Rodrigo J. Gardella, Federico J. Lupo, Eva Aguayo, Mercado turístico argentino. Análisis de su demanda internacional. Juin 2005 http://www.scielo.org.ar/scielo.php?script=sci_arttext&pid =S1851-17322005000200002

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Résumé Dans la cadre de mon Master 2 d’Urbanisme, j’ai réalisé une mission de 6 mois dans une ONG : Apoyo Urbano. Cette mission s’est déroulée à El Salvador, un petit pays d’Amérique Centrale. L’idée était de réfléchir sur le paysage et le tourisme en milieu rural, et de proposer un projet pour un village de montagne. Je m’étais déjà fortement intéressée à la question du paysage touristique au cours de ma formation d’ingénieure paysagiste, où j’avais réalisé mon diplôme sur La Baule Escoublac: petite ville très touristique au cœur de paysages et de dynamiques naturelles puissantes. Le sujet était donc familier, le contexte beaucoup moins. Dans les pays en développement, le tourisme est souvent vu comme la solution pour s’ouvrir à d’autres perspectives, pour s’enrichir, pour améliorer les conditions de vie des locaux. La réalité est souvent autre, et le développement du tourisme ne fait parfois qu’accentuer le clivage riche-pauvres, puisque l’investissement se fait par les riches, pour des riches, excluant socialement et spatialement les locaux, sous couvert des problèmes de sécurité. C’est l’exemple classique du complexe touristique encerclé de grands murs, où tout est pensé de manière autonome, et où les locaux sont employés à faible coût pour la gestion et la maintenance. Toute la consommation se faisant sur place, le touriste n’enrichit que le propriétaire. L’idée était de dépasser ce « modèle ». Mots clés : paysage-tourisme-ONG-participatif-salvador-fruits

Resume (ENG) As part of my Master 2 in Urbanism, I realized a 6 month mission in an NGO: Apoyo Urbano. This mission took place in El Salvador, a small country in Central America. The idea was to built a reflexion on landscape and rural tourism, and to propose a project in a mountain village. I was already very interested in the issue of the touristic landscape during my education as a landscape arquitect, where I had completed my diploma on La Baule Escoublac, a small touristic town in the heart of landscapes and powerful natural dynamics. So the subject was familiar, the context much less. In developing countries, tourism is often seen as the solution to open up to other perspectives, to exit from poverty, to improve the living conditions of the locals. The reality is often different, and the development of tourism sometimes only accentuates the rich-poor gap, since the investment is made by the rich, for the rich, socially and spatially excluding the locals, under cover of security problems. This is the classic example of the touristic complex encircled by large walls, where everything is thought autonomously, and where the habitants are used at low cost for maintenance. All the consumption is done at the same place, the tourist enriches only the owner. The idea was to go beyond this « model ». Mots clés :landscape-turisme-NGO-participativ-salvador-fruits


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