ENNIS BURROWS
SOVIET
cet hiver-lĂ , un nouveau ĂŠtait arrivĂŠ en ville.
il faisait du bon travail.
choix du lieu et du timing bien pensés. en pleine nuit, dans une cave de sheepshead bay : il avait agi vite, personne n'a rien remarqué.
que du calibre 7,62.
on parlait donc certainement d'un a.k.
la plupart des balles avaient atteint leur but.
il faut de l'expérience pour maintenir une arme de ce genre sur sa cible. en automatique, on a tendance à arroser.
mais là : une longue rafale pour les allonger. une plus courte pour celui qui s'enfuit.
on finit par la tête.
et personne n'avait même pu dégainer.
beau travail.
très beau.
seul problème, ça venait pas de moi.
ça faisait quelques mois que je surveillais cette bande. le problème avec les russes… eh ben…
ils faisaient partie d'un truc plus vaste, qui avait pris un tour étrange.
ok, quand ils se sont pointés, ils ont fait une sacrée impression, c'est clair. ils faisaient un tas de merdes que les autres refusaient de faire… ils ont bouffé un paquet de terrain aux italiens, aux dominicains et tutti quanti…
mais quand ce genre de chose dure suffisamment longtemps, ben, c'est l'escalade. au bout d'un moment, tout le monde fait ce que les autres refusaient de faire.
on en arrive à des têtes envoyées par la poste, leur bite dans la bouche. des familles entières butées… même des tout petits, pour l'amour du ciel… et au bout d'un moment, on se demande c'est quoi la suite, tu vois ?
ben la suite, ça a l'air d'être quelque chose d'encore pire… il se range ?
ouaip.
tu t'es déjà occupé des gars de pronchenko, non ? pardon, pas besoin de répondre. on a remarqué, c'est tout.
et je trouvais que tu progressais pas mal, jusqu'à ce qu'ils se mettent à utiliser des convois. des s.u.v. blindés, un tas de tireurs dans plusieurs véhicules, tout ça. non pas que ça suffise à t'arrêter…
mais le vrai problème, c'est qu'ils font passer les convois par des zones construites, jusqu'à l'autoroute. ça veut dire la banlieue. ça veut dire des civils.
ben bientôt, il y en aura plus. des convois, je veux dire.
la famille achète tout un tas de terrains. des putains d'appartements vides à manhattan, ce genre de merde. pour blanchir l'argent.
d'après les fédéraux, ils seront bientôt complètement clean.
certains parmi nous… excuse-moi…
… sont pas trop d'accord avec ça.
compte tenu de ce qu'on sait de lui, je suis d'accord. mais ces dernières années…
difficile de croire que pronchenko soit capable d'une telle rigueur.
bref.
la mairie nous met la pression pour laisser pisser. on ira parler de corruption, mais pour moi, l'idée est plutôt que s'il se range gentiment, ça fera une statistique de merde en moins. un bon résultat pour un effort minimal.
il arrive deux dernières cargaisons. les satellites, c'est nouveau. il faudra que je fasse attention à ça.
ah, on en arrive aux détails que j'ai pas besoin de connaître.
c'était chouette.
vos impôts à l'œuvre.
les informations étaient bonnes, meilleures que ce que j'aurais trouvé tout seul. mais elles soulevaient beaucoup de questions.
konstantin pronchenko était un type curieux.
il ne semblait pas du genre à respecter le scénario.
c'est comme ça que je me suis retrouvé à explorer l'impasse de sheepshead bay.
apparu sur la côte ouest en 99. son mode opératoire a bien été résumé : ce que les autres se refusent à faire.
il a maintes fois prouvé qu'on ne pouvait pas lui faire confiance, pourtant son business s'est étendu si vite que les gens n'ont pas eu d'autre choix que de faire affaire avec lui. avant qu'il ne les entube, malgré tout.
quand il est arrivé ici, plus d'un chef de la mafia a préféré lui filer les clés et quitter la ville.
les femmes potiches se sont succédé.
trois fils, qu'il aime tant qu'il en a fait des copies de lui, version pitbull.
on pouvait donc se demander quand pronchenko était devenu subtil. il n'était pas plus malin que le tas de merde moyen, quand je l'avais remarqué pour la première fois.
l'idée même de se ranger : des gens de son niveau ne se soucient jamais de la loi.
et les convois déplaçant de la marchandise, servant aussi de pièges pour quiconque serait assez fou pour s'en prendre à lui.
moi, surtout.
l'autre question, c'était l'identité de l'artiste à l'a.k. de la cave. mais ça, ça devrait attendre.
là, j'étais occupé à tomber dans le piège de pronchenko.
putain de merde !
c'était là ou jamais.
reste pas planté là, putain,
roule !
encore quelques livraisons et il se la coulerait douce sur une île ensoleillée, nourri par ses investissements. introuvable. intouchable.
deux pour un, il a pris à gauche !
à gauche de quoi ? il me faut des infos précises, sinon dégagez la fréquence ! la méthode était solide mais pas futée. un, vous allez le voir d'une seconde à…!
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