Quand on y pense, c’est facile de savoir quand a commencé...
... La fin du monde.
Certains diront que c’était bien plus tard. Mais ils se trompent. Je le sais.
Personne ne l’a vue arriver.
Sûrement pas moi.
BIP BIP
C’était un jour pourri comme tous les autres à Lowell, dans le Maine.
Le début de la fin du monde remonte au 14 mars 1997. J’étais là.Personne ne se doutait qu’il n’y aurait plus jamais de jour "comme les autres".
Vous pourriez ne pas emballer les conserves avec les fruits, cette fois ?
Bien sûr, M. Stone. Comme vous voudrez, M. Stone.
Vraiment, Loretta ? Parce que la semaine dernière, j’ai retrouvé deux boîtes de myrtilles écrasées.
C’est pas sorcier, vous savez. Je vous demande juste de faire votre job.
Et je vis pour ce job, Carl. il me rend si fière. Je suis dévastée par vos pauvres myrtilles écrasées.
Je me passe de vos sarcasmes, Loretta.
À bientôt, M. Stone.
C’est toujours un plaisir.
CAISSE FERMÉE
Une question que je me pose : si nous avions su ce qui allait arriver, aurions-nous agi différemment ?
Mais ce genre de réflexion, ce truc du recul, ce n’est rien d’autre qu’une perte de temps. Et tout est question de temps, n’est-ce pas ?
Comment choisissons-nous d’utiliser le peu de temps qui nous est alloué ? Nos vies défilent et on pense tous qu’on finira par comprendre. Qu’un jour ou l’autre, tout changera.
Loretta, ta pause est terminée depuis trois minutes !
Trois minutes ? Merde, désolée, Betty.
Ce n’est pas moi que ça gêne. June doit prendre la sienne aussi.
Mais ce n’est pas pour ça que je suis venue te chercher. il y a un appel pour toi dans le bureau. Pour moi ?
C’est bon, j’arrive.
{sigh} Oui. L’école de ton fils. Encore.
Qu’est-ce qu’il y a, encore ?
À quoi ressemble-t-elle aujourd’hui ? À un champ de bataille ? Est-ce que la nature a repris ses droits, comme ailleurs ?
Peut-être que tout est recouvert par la végétation.
Perdu dans la forêt.
C’était aussi la dernière fois que j’ai vu la ville où je suis né.
Je ne suis plus jamais retourné à Lowell.
Quels artéfacts y trouverais-je, si j’y retournais ?
Peut-être rien.Allez, Meg, dépêche.
C’est ce que je fais, maman. Pourquoi t’es fâchée ?
Je ne suis pas fâchée, chérie, mais on doit aller à l’école de ton frère, et on est déjà en retard.
Parce qu’il a des ennuis et que je dois parler au principal.
Encore ?
Pourquoi Josh ne rentre pas à pied ?
Oui. Encore. Eh ben...Qu’est-ce que tu as au bras ?
Je sais pas. Ça m’a gratté toute la journée.
Meg ! On dirait que c’est irrité ! Je... Je te mettrai de la crème en rentrant. Ça gratte beaucoup.
Eh bien, n’y touche pas. Ça ne fera qu’empirer la chose.
Laissemoi voir.La police ?!
Je me demande bien d’où ça sort. Hein, maman ?
... Ce n’est pas la première fois que nous avons des problèmes avec Joshua, Mme Hayes.
Oui, j’en suis bien consciente.
Mais je crains que les choses ne soient très sérieuses, cette fois. J’ai même hésité à appeler la police...
Nous avons trouvé de la marijuana sur lui ce matin.
Écoutez, M. Quick, inutile d’appeler la police. Je suis sûre que c’est un accident isolé. Je réglerai ça à la maison et ça ne se reproduira plus.
Tais-toi, Josh.