ISBN : 978-2-493205-03-2
© Perspective cavalière, 2023
Graphisme : Débora Bertol
Nathalie Rouanet
Rouge indien
Qui était Amrita Sher-Gil, cette femme au destin fulgurant née en Hongrie et morte en Inde, qui portait colliers de perles et manteaux de fourrure dans le Paris des années vingt et qui a peint la vie humble et aride des habitants de Shimla dans une œuvre aujourd’hui considérée comme majeure ?
Dans Rouge indien, Nathalie Rouanet retrace la brève vie d’Amrita Sher-Gil à la manière d’un scénario : son enfance en Hongrie puis en Inde, ses années de formation à Paris, nourries de rencontres illustres au parfum de scandale, et sa fin tragique alors qu’elle n’avait que vingt-huit ans.
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Par sa création et son mode de vie, cette artiste exigeante, à la sexualité exaltée, a posé les bases de la peinture moderne et de l’émancipation féminine en Inde.
Date de publication : 30 janvier 2023
Illustration : Christophe Merlin Contact presse & librairies : Couverture souple avec rabats Étienne Gomez Antony Thalien
12,9 x 19,8 cm 0679918283 06 31 20 71 63
152 pages, 18 € editionsperspectivecavaliere@gmail.com
« Les couleurs de l’Inde l’inspirent, et sa peinture prend corps. Le talent de Nathalie Rouanet est de restituer ces couleurs, mais aussi les odeurs, les goûts, le bruit de l’Inde, et de narrer l’histoire d’Amrita comme on compose un tableau. Bref, une très belle lecture de cette rentrée de janvier ! » (Carine Chichereau)
Née en France, Nathalie Rouanet vit à Vienne. Elle est traductrice en allemand de Nina Bouraoui, d’Hélène de Monferrand et de JeanClaude Carrière, et en français de nombreux essais, catalogues d’art, scénarios et sous-titrages. Elle est aussi slameuse sous le nom de Ann Air.
Une après-midi de juillet 1948, dans une villa cossue des coteaux de Shimla, une Hongroise du nom de Marie Antoinette Gottesmann-Baktay se suicide avec le pistolet de son mari, un Indien sikh. Dans un film, cet événement tragique n’aurait lieu qu’à la fin. Et nous n’apprendrions les détails que petit à petit, comme moi qui ai fait de longues recherches et reconstitué les fragments de l’intrigue image par image, lettre par lettre, bribe par bribe. Au début, il n’y aurait aucun marqueur de temps ni de lieu. Juste :
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On entendrait une mélodie de piano, Saint-Saëns ou Gabriel Fauré. Et le doux clapotis d’une pluie de mousson. Un plan large sur une villa à flanc de montagne, tandis qu’apparaîtrait un intertitre :
Sois heureux un instant. Cet instant, c’est ta vie.
OMAR KHAYYAMLa façade de la villa est blanche, les toits sont verts. Les fenêtres en saillie surmontées d’une coupole ressemblent à de petits mausolées. Dans le jardin, des pins de l’Himalaya, des fougères arborescentes et des rhododendrons indiqueraient aux connaisseurs, géographes ou grands voyageurs, la zone dite des « montagnes septentrionales ».
Dans la séquence suivante, la caméra balayerait un salon somptueux. De lourds rideaux et draperies aux fenêtres. Aux murs, des toiles de grand format d’un artiste encore inconnu, des photographies encadrées, des miniatures indiennes. Sur un petit bureau, une lampe Art déco, des livres et des papiers en désordre, une loupe et, dans un cadre, la photographie autochrome de deux petites filles aux coiffures des années vingt et vêtues de déguisements. On entendrait le doux bruissement d’un ventilateur de plafond et un cliquetis de vaisselle. La caméra continuerait son panoramique, puis zoomerait sur une table basse octogonale en bois de cèdre sculpté où des mains d’homme à la peau brune verseraient du thé dans une tasse en porcelaine anglaise. Notre champ de vision engloberait aussi de fins souliers de femme et les plis d’une robe en soie. Un lent travelling arrière révèle- rait alors une femme blanche élégante d’un âge avancé, la soixantaine passée, assise, non, plutôt affalée dans un profond fauteuil, le chignon défait et le visage ravagé – de chaleur, de fatigue, de chagrin ? On ne sait pas. Pas encore. (p. 9-10)
#la séance de pose avec Marie
Paris. Atelier d’Amrita. Au bout du petit matin.
Plan large. Des toiles de grand format d’Amrita, mais aussi de Boris et de Marie-Louise, sont appuyées aux murs : un torse d’homme, plusieurs nus féminins dont celui du modèle noir des Beaux-Arts, des portraits, des autoportraits, des natures mortes, des paysages parisiens, des villages de Hongrie. Amrita est au chevalet. Elle porte un ample tablier de peintre noir et des bracelets de perles qui cliquettent à chacun de ses gestes. Ses cheveux sont sommairement attachés en chignon. Le soleil du matin éclaire le fauteuil Récamier couvert d’un drap blanc, où est allongée une jeune fille appuyée sur les coudes, un livre entre les mains, nue sous une étoffe de soie où l’on devine un dragon brodé.
– Écoute ça, Amrita, on croirait qu’il l’a écrit pour toi :
Tes pieds sont aussi fins que tes mains, et ta hanche
Est large à faire envie à la plus belle blanche ;
À l’artiste pensif ton corps est doux et cher ;
Tes grands yeux de velours sont plus noirs que ta chair…
#les funérailles d’Amrita
Le bûcher a été préparé, du bois mort empilé, au sommet une litière en bambou. Les mains aimantes y déposent Amrita.
Les amis sont venus chargés de fleurs ; jasmin, soucis et laurier rose, poudre de santal rouge et ghee répandus sur son corps.
Puis son père accomplit le rituel. Le vieux lion, barbe et crinière blanches, calme comme la rivière, son regard noir troublé de larmes, allume le bûcher et chante le Kirtan Soliha : « Le parfum de santal venu de l’est est l’encens, le vent est l’éventail... »
Bientôt la fumée monte, le bois s’enflamme, les flammes lèchent la défunte. Rouge carmin, rouge garance, rouge indien. Puis le silence.
On n’entend plus que le crépitement du feu et les sanglots de la mère. Sa robe noire flotte dans la brise légère.
Des étincelles éclaboussent le ciel, les pétales de fleurs s’envolent. Et dans la profondeur des braises, nous entendons craquer le crâne et le bois.
Ce n’est que quelques jours plus tard qu’on rassembla ses cendres et qu’on les dispersa dans la rivière sous la lueur argentée de la lune.
Ne pleure pas les beaux jours Parce qu’ils sont passés, Souris parce qu’ils ont été.
Depuis ce 5 décembre 1941, quatre buffles noirs attendent leur dernier coup de pinceau.
Recensions :
- "Rouge indien", par Yves Mabon, Lyvres, 30/01/2023 : https://www.lyvres.fr/2023/01/rouge-indien.html
- Séries de vidéos de Nathalie Rouanet publiées sur les comptes Facebook/Instagram de Perspective cavalière, 01/2023.
- "Amrita Sher-Gil, un destin hollywodien", par Daphné Bétard, Beaux-Arts Magazine, 03/2023 : https://www.beauxarts.com/produit/beaux-arts-magazine-n465/, p. 40.
- Entretien radiophonique avec Nathalie Rouanet (et Étienne Gomez), par Sylvie Gillot, "Remue-méninges féministes", Radio libertaire, 04/04/2023 : https://www.anarchiste.info/radio/libertaire/podcast/semaine/202314.html
- Entretien avec Nathalie Rouanet, par Jean-Davy Dias pour RegArts: https://regarts.org/Interviews/Nathalie_Rouanet.php
Amrita Sher-Gil sur Arte : Amrita Sher-Gil reine de la peinture moderne (Invitation au voyage, 31/02/2022) : https://www.arte.tv/fr/videos/108267-001-A/en-inde-amrita-sher-gil-reine-de-la-peinture-moderne/ Amrita Sher-Gil, reine de la peinture moderne - Delhi, capitale de l’Inde moghole - À Pondichéry, le soleil a rendez-vous avec Vénus (Invitation au voyage, 04/02/2023) : https://www.arte.tv/fr/videos/109357-004-A/invitation-au-voyage/
Rencontres en librairie/sur des salons avec Nathalie Rouanet : Zeugma (Montreuil), 27/01/2023 ; salon Animalia/Inde (Mairie du XIXe), 29/01/2023 ; Le Tracteur Savant (Saint-Antonin-Noble-Val) ; "Resto Littéraire", Chapitre 3 (Vesoul), 13/05/2023.
Alexandra Chreiteh
Ali et sa mère russe
Traduit de l’arabe (Liban) par France Meyer
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Le 12 juillet 2006, Israël frappe le Liban suite à l’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah à la frontière. Un bus affrété par l’ambassade de Russie à Beyrouth évacue les ressortissants russes vers un aéroport syrien. Pendant le trajet, la jeune narratrice, d’origine russe, retrouve Ali, un ancien camarade de classe d’origine ukrainienne qu’elle avait perdu de vue. Pourquoi Ali fuit-il le pays qu’il s’est toujours dit prêt à défendre ?
Premier roman d’Alexandra Chreiteh traduit en français, Ali et sa mère russe confronte la société libanaise aux tabous qui la divisent.
ISBN : 978-2-493205-01-8
© Perspective cavalière 2021
Graphisme : Débora Bertol
Illustration : Christophe Merlin
Édition originale :
Date de publication : 11 janvier 2022
Contact presse & librairies : Couverture souple avec rabats Étienne Gomez
© Alexandra Chreiteh 2009
12,9 x 19,8 cm 0679918283
96 pages, 14 € epl.gomez@gmail.com
« Si vous manquez ce petit bijou, ce sera tant pis pour vous ! »
Marcia Lynx Qualey, ArabLit
« Ali et sa mère russe est centré autour de deux personnages : Ali, l’homosexuel éponyme, et la narratrice hétérosexuelle, qui ne se considère pas comme homophobe, car – vous savez – elle a des amis gays. On y retrouve l’humour et la perspicacité caractéristiques d’Alexandra Chreiteh, qui s’intéresse particulièrement aux jeunes de Beyrouth. L’homosexuel ukraino-libanais, qui panique également depuis qu’il a découvert que l’une de ses ancêtres était juive, est une merveille de haine de soi et de flamboyance mélangées. »
Marcia Lynx Qualey, ArabLit
Extrait n°1 : On finissait tout juste de déjeuner quand Israël déclara la guerre au Liban (p. 5-6)
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Le 12 juillet 2006, on apprit que le Hezbollah avait kidnappé deux soldats israéliens à la frontière. Ce qui ne nous empêcha pas d’aller manger des sushis. On finissait tout juste de déjeuner quand Israël déclara la guerre au Liban. Les employés du resto se dépêchèrent de fermer et nous demandèrent de partir tout de suite. On partit tout de suite, sans payer l’addition.
Coup de bol, on avait choisi un des restos les plus chers du centre de Beyrouth. On avait bien vu ce jour-là que quelque chose clochait, mais on était sortis quand même. Les rues étaient quasi désertes, alors que d’habitude elles grouillaient de monde, quant au resto, qu’on trouvait toujours bondé, il était presque vide à part nous – ma copine Amal, son fiancé Salim et moi – et deux inconnus qui fumaient, assis à la table à côté.
L’un d’eux m’avait observée à plusieurs reprises pendant le repas. J’avais remarqué son manège dès notre arrivée, et j’avais essayé d’éviter ses regards, dont l’insolence m’embarrassait. Mais j’avais eu beau l’ignorer, ça ne l’avait pas démonté, et à peine sortait-on du resto qu’il m’accostait en souriant et m’appelait par mon prénom.
Bizarre, me dis-je. Mais plus bizarre encore, c’est qu’il m’avait parlé en russe – il se trouve que ma mère est russe et que cette langue est ma langue maternelle. Il se présenta – il s’appelait Ali Kamaleddine – et me demanda si je le reconnaissais, mais non, il ne me disait rien, et je ne sus pas quoi répondre. Voyant mon embarras, il précisa qu’une dizaine d’années plus tôt on avait été camarades de classe à Nabatieh, dans le sud, où nos familles habitaient. Il était sûr, ajouta-t-il, que ma mère n’avait pas oublié la sienne, parce qu’elle était ukrainienne ; dès qu’il me dit son nom je me souvins d’elle, puis de lui, et je fus stupéfaite de découvrir qu’il avait tant changé depuis la dernière fois que je l’avais vu – ce que je lui dis.
Ali : « une merveille de haine de soi et de flamboyance mélangées »
Ali est en vacances au Liban pour l’été au moment où la guerre éclate. Depuis plusieurs années il est parti vivre en Allemagne où il termine des études de médecine et où il vit son homosexualité au grand jour. Son amour du Liban, qu’il s’est toujours dit prêt à défendre jusqu’à sa mort, n’est pas seulement contrarié par l’homophobie régnante – en partie fantasmée – dans son pays natal, mais aussi par un antisémitisme exacerbé par la guerre, incompatible avec ses origines…
« De mémoire récente, le portrait d’homosexuel le plus saisissant dans la littérature arabe est peut-être Ali et sa mère russe (2009) d’Alexandra Chreiteh, la romancière libanaise au regard acéré et au style ultra-contemporain. […] Alexandra Chreiteh ne se contente pas de dépeindre un homosexuel émancipé : elle se moque de ses deux protagonistes comme on pourrait se moquer de soi-même. »
Marcia Lynx Qualey, ArabLit, 04/09/2015.Extrait n°2 : Il aurait bien voulu pouvoir rentrer au Liban définitivement (p. 46-48)
Soudain il eut la larme à l’œil ; ça l’attristait vraiment, dit-il, de voir encore et toujours ravagé ce pays fabuleux.
– Quel dommage…
Il soupira, puis ajouta après un court silence qu’il aurait bien voulu pouvoir rentrer au Liban définitivement, parce que la vie était bien plus agréable à Beyrouth qu’en Allemagne. […]
– Alors pourquoi tu ne reviens pas ? m’étonnai-je. La guerre sera bientôt finie et tout redeviendra normal, comme d’hab ! Qu’est-ce qui te retient ?
– Plusieurs choses…
– Mais encore ?
Déjà, je suis gay…
Il avait dit ça comme s’il s’agissait d’une évidence, du genre « La Terre tourne autour du Soleil ». Mais moi, j’étais choquée, et Ali resta stupéfait car il pensait que je savais depuis longtemps.
Rappelle-toi la dernière fois que tu es venue chez moi… Je sus immédiatement à quoi il faisait allusion […].
Il m’expliqua qu’il avait toujours été homo sans le savoir, qu’il l’avait découvert grâce à ce qui s’était passé entre nous, et que j’étais la seule fille qu’il avait aimée avant de comprendre qu’il préférait les hommes. Et il me remercia de l’immense service que je lui avais rendu.
De rien… dis-je embarrassée.
La narratrice : « une femme dans l’histoire, une femme qui n’a que son corps »
La narratrice est l’une des nombreuses femmes à bord. Comme elle est atteinte d’une cystite, les « pausespipi » représentent autant d’intermèdes tragi-comiques au cours du voyage. Mais le thème du corps de la femme en temps de guerre est aussi développé à travers d’autres personnages comme une jeune fille qui a ses règles en arrivant à l’aéroport et une jeune femme enceinte qui accouche prématurément.
« Je voulais qu’il y ait une femme dans l’histoire, une femme qui n’a que son corps et qui ne tente pas de construire son identité contre quelqu’un ni quoi que ce soit. […] Il était très important pour moi d’aborder un certain type de discours héroïque qui intervient souvent dans les périodes de guerre. Bien sûr le corps de la femme apparaît toujours en tant que métaphore – la femme est violée, symbole de la perte de souveraineté sur la terre, ou tuée, symbole de conquête ; il y a le corps de la mère qui enfante les fils de la nation. Et puis je voulais montrer autre chose, les besoins physiques d’une personne, d’une femme qui traverse la guerre. […] Bien sûr, dans les périodes de guerre, les femmes sont les plus grandes perdantes, mais elles sont souvent réduites à des métaphores. Elles sont rarement autorisées à exister par elles-mêmes. Je me demandais toujours : quand le sang est-il pur, et quand est-il impur ?
Alexandra Chreiteh, entretien avec Rachael Daum, ArabLit
Extrait n°3 : « Dieu merci, je ne tomberai jamais enceinte ! » (p. 88-91)
Dans le hall de l’aéroport, Ali se cacha au milieu de la foule des voyageurs qui attendaient, assis sur leurs valises, la réouverture du guichet de contrôle des passeports et la reprise de l’embarquement. Seule une des filles de l’amie de ma mère se tenait debout, immobile, jambes serrées, et quand je lui demandai ce qu’elle avait, elle me répondit que ses règles avaient débarqué au moment même où on était entrés dans l’aéroport, qu’elle n’avait trouvé ni serviette hygiénique ni papier toilette, et qu’il ne lui restait plus qu’à essayer d’empêcher le sang de couler. À peine avait-elle dit ça qu’une goutte roula le long de sa cuisse droite, et Ali qui s’en aperçut s’écria :
– Ça te dégouline jusqu’au genou !
Il lui donna vite un de ses T-shirts pour qu’elle s’essuie.
Un moment plus tard, un des gars de l’ambassade vint demander s’il y avait une sage-femme dans la salle parce que la femme enceinte était en train d’accoucher. […] Malheureusement pour elle, il n’y avait pas de sage-femme parmi nous.
Peu après, elle se mit à hurler de douleur et ses cris résonnèrent aux quatre coins de l’aéroport, mettant tout le monde mal à l’aise.
– Dieu merci, je ne tomberai jamais enceinte ! se félicita Ali.
Une docteure proposa son aide et demanda si quelqu’un voulait bien l’assister ; Ali se porta volontaire, parce qu’il avait étudié la médecine pendant quelques mois à la fac, et qu’il avait un jour aidé une vache à mettre bas, chez sa grand-mère à la ferme. […]
Ali ne refit surface que tard dans la nuit ; le guichet de contrôle des passeports n’avait toujours pas rouvert et tout le monde s’était assoupi par terre ou sur sa valise en attendant. Il me réveilla pour me dire que la jeune femme avait eu un garçon et qu’elle l’avait appelé Ali, comme lui. Il se tapa la joue et soupira :
Pauvre gosse !
Sources :
Marcia Lynx Qualey, « Homosexualité et roman arabe : le triomphe de la moquerie », Translator’s Lodge, 18/01/2022 :
https://translatorslodge.com/2022/01/18/lhomosexualite-dans-le-roman-arabe-le-triomphe-de-la-moquerie/ Rachael Daum, « Alexandra Chreiteh : écrire sur la menstruation en arabe standard moderne », Translator’s Lodge, 11/01/2022 :
https://translatorslodge.com/2022/01/11/alexandra-chreiteh-ecrire-sur-la-menstruation-en-arabe-standardmoderne/
Rachael Daum, « La jeune romancière libanaise Alexandra Chreiteh parle du paysage littéraire arabe », Translator’s Lodge, 13/01/2022 :
https://translatorslodge.com/2022/01/13/la-jeune-romanciere-libanaise-alexandra-chreiteh-parle-du-paysagelitteraire-arabe/
Marcia Lynx Qualey, « Homosexuality and the Arabic Novel: The Triumph of Mockery », ArabLit, 04/09/2015 : https://arablit.org/2015/09/04/homosexuality-and-the-arabic-novel/
Rachael Daum, « Alexandra Chreiteh on Writing About Menstruation in Modern Standard Arabic », ArabLit, 04/12/2015 : https://arablit.org/2015/12/04/chreiteh/
Rachael Daum, « Lebanese Novelist Alexandra Chreiteh on the Arabic Literary Landscape », ArabLit, 07/12/2015 : https://arablit.org/2015/12/07/arabic-literary-landscape/
Recensions :
Lyvres (Yves Mabon) : https://www.lyvres.fr/2021/07/ali-et-sa-mere-russe.html
Jameson Currier
Le Troisième Bouddha
Traduit de l’anglais (État-Unis) par Étienne Gomez
Le 11 septembre 2001, Ted part à Manhattan sur les traces de son frère, courtier dans le World Trade Center. À peine rentré de Bâmiyân, Stan fuit en Inde pour une raison connue de lui seul. Jim fait un reportage sur le troisième Bouddha lorsqu’une explosion le sépare des hommes qui l’accompagnent.
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Dans ce roman complexe et lumineux, les quêtes des personnages tissent un mystérieux contrepoint dans un monde déchiré par le fondamentalisme islamiste.
ISBN : 978-2-493205-00-1
© Perspective cavalière 2021
Graphisme : Débora Bertol
Illustration : Christophe Merlin
Édition originale : The Third Bouddha
© Jameson Currier 2011
Couverture souple avec rabats
Contact presse & librairies :
Étienne Gomez
12,9 x 19,8 cm 0679918283
376 pages, 21 € epl.gomez@gmail.com
Roman du deuil et de la séparation, roman de formation et de quête de soi, Le Troisième Bouddha met en relation deux histoires différentes, quoique liées entre elles par une troisième : à New York, celle de Ted, qui fait le deuil de son frère aîné Pup en même temps que ses premiers pas dans le milieu gay ; en Afghanistan, celle de Jim, dont la nouvelle de la mort de Pup vient ébranler la relation avec Ari ; entre les deux, celle de Stan, qui a opéré Jim après l’explosion de la camionnette où il voyageait pour un reportage sur le troisième Bouddha, qui aurait échappé aux bombes de Talibans.
Le Troisième Bouddha est le premier des trois grands romans de la maturité de Jameson Currier, sur le thème de la violence meurtrière.
C’est aussi la première publication des éditions Perspective cavalière : le monde selon ses marges, avec Ali et sa mère russe d’Alexandra Chreiteh, traduit de l’arabe (Liban) par France Meyer.
« Une histoire au suspense fascinant, tant sur les épreuves de la vie que sur la force spirituelle qui permet de les traverser. Cinq étoiles ! » —Bob Lind, Echo Magazine
« Entre histoire captivante et galerie de personnages remarquables, ce roman associe une quête spirituelle à la quête ordinaire et néanmoins impérieuse d’identité et d’amour dans le monde moderne. » —Charles Green, Gay and Lesbian Review Worldwide
« Une histoire complexe, portée par ses personnages, où la quête d’autrui débouche sur une découverte de soi. »
—Ellen Bosman, Library Journal
ISBN : 978-2-493205-02-5
© Perspective cavalière, 2022
Graphisme : Débora Bertol
Illustration : Christophe Merlin
Édition originale : Intolerable: A Memoir of Extremes
© Kamal Al-Solaylee, 2012, 2022
Kamal Al-Solaylee
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Intolérable : Mémoires des extrêmes
Traduit de l’anglais (Canada) par Étienne Gomez
Aden, 1967. L’arrivée au pouvoir des socialistes révolutionnaires marque la fin du protectorat britannique. Pour la grande famille des Al-Solaylee, c’est le début d’un long exil à Beyrouth puis au Caire. Mohamed, ancien magnat de l’immobilier dépossédé de ses biens, tombe dans une dépression qui ne dit pas son nom, tandis que Safia, jadis bergère dans l’Hadramaout, entretient la famille jusqu’au moment du retour, inexorable, dans un Yémen transformé
Les mémoires de Kamal, dernier de onze enfants, ne retracent pas seulement l’itinéraire d’un jeune homme qui se découvre homosexuel dans un Moyen-Orient en voie de radicalisation, ils évoquent aussi le destin intolérable d’une famille restée là-bas, à l’autre extrême. L’étau ne cesse en effet de se resserrer dans ce Yémen postcolonial frappé de plein fouet par la crise du monde arabe, puis par la guerre civile et par la catastrophe humanitaire en cours.
L’édition française est complétée par une postface de l’auteur.
Date de publication : 27 mai 2022
Contact presse & librairies : Couverture souple avec rabats
HarperCollins Canada
12,9 x 19,8 cm
Étienne Gomez
0679918283
312 pages, 22 € editionsperspectivecavaliere@gmail.com
Lauréat
Globe and Mail Best Book of the Year, Toronto Book Award, Canadian Booksellers' Top Pick for LGBT Books of the Year, Amazon.ca Best Book of the Year
Finaliste
Lambda Literary Award for Gay Memoir/Biography, Edna Staebler Prize for Creative Nonfiction, Hilary Weston Writers' Trust Prize for Nonfiction, OLA Forest of Reading Evergreen Award
Sélection du CBC Canada Reads « One Book To Break Barriers »
« Un grand livre, qui raconte parfaitement le Yémen et l’effervescence d’un Orient libre, émancipé du joug colonial et faisant valoir un progressisme populaire, avant de sombrer dans les mouvements islamistes. » (Quentin Müller)
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Photo © Mark Raynes Roberts
Né à Aden en 1964, Kamal Al-Solaylee a émigré au Canada en 1996 après des études de littérature anglaise à Keele puis à Nottingham au Royaume-Uni. Devenu journaliste au Globe and Mail puis professeur à l'université Ryerson de Toronto, il a publié trois ouvrages, Intolerable: A Memoir of Extremes (2012), Brown: What Being Brown in the World Today Means—to Everyone (2016) et Return: Why We Go Back to Where We Come From (2021). Il est aujourd'hui directeur de l'École de journalisme, rédaction et communication de l'université de la Colombie-Britannique à Vancouver.