Nouveautés avril-juillet 2025
Sélection Printemps des poètes
Collection Au Cœur
Comment baise une poète et autres manifestes cinq manifestes d’aujourd’hui,
une entrée poétique dans le féminisme péruvien
couverture provisoire
« Mamita, si tu veux, je te ferai un autre enfant (dans la rue, enceinte de cinq mois). Tu ne penses pas que je pourrais t’utiliser ? Vous n’avez pas quelque chose de plus féminin, des poèmes sur l’amour, la famille, la maternité ? Ce n’est pas comme ça que les femmes marchent... Feminazi à l’attaque. Sale pute ! » Comment baise une poétesse est un manifeste né des insultes récoltées dans la rue, au supermarché ou à l’université par des femmes au Pérou. Véritable précis de sexisme ordinaire, mis en scène avec humour et une grande force poétique, ce premier manifeste a ouvert la voix à la rédaction de quatre autres textes, traduits en français et réunis ici pour la première fois ! 10 € / 36 p. / 15 x 21 cm tirage : 1000 ex. parution : octobre 2024 isbn : 978-2-493324-078
• un mouvement féministe d’une extrême vitalité
• une poésie vivante, radicale et joyeuse • surprise visuelle : une afffiche typographique percutante
Commando Plath Le Comando Plath est né de la lassitude. Lassitude d’être stéréotypé•es, lassitude d’être rendu•es invisibles, violé•es et ridiculisé•es. C’est un groupe de femmes écrivain•es, artistes et intellectuel•les, lesbiennes, trans, mères, soumises ou rebelles. Le Commando, c’est nous toutes et tous. Il est né au Pérou en 2017 en l’honneur de Sylvia Plath, de Berta García Faet, de la vérité rétablie et entendue, pour redonner à chacun•e la liberté de s’exprimer.
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Collection Au Cœur
Comment baise une poète, et autres manifestes, Comando Plath affiche centrale détachable, impression offset Format A4 Audrey Voydeville
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Collection Au Cœur
Comment baise une poète, et autres manifestes, Comando Plath
Des manifestes esthético-politiques, cadavres exquis d’un collectif féministes, écrit en plein #metoo : la poésie au service de la révolte
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Collection Au Cœur
Comment baise une poète, et autres manifestes, Comando Plath
Des textes bruts, tirés des expériences directes des poétesses...
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Collection Au Cœur
Comment baise une poète, et autres manifestes, Comando Plath
Une maquette mettant en exergue des citations, punchlines, vers importants...
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Jeux de Pouvoir
Poésie
une élégie pétulante sur le couple et ses subtils jeux de pouvoir.
un recueil paru la première fois en 1971 : une oeuvre poétique dont les thèmes préfigurent les romans de atwood.
If I love you, is that a fact or a weapon ? / Si je t’aime, est-ce un fait ou une arme ? Margaret Atwood passe au crible la relation amoureuse, ses rapports de pouvoir et ses affrontements, entraperçus dans les gestes du quotidien et les œillades en coin. Elle est douce-amère, acidulée, pétulante, surréaliste et manie avec simplicité une plume tantôt sensuelle, tantôt hallucinée.
16 € / 96 p. / 14 x 16,5 cm tirage : 2000 ex. parution : novembre 2024 isbn : 978-2-493324-08-5
• un éclairage cru sur les rapports de pouvoir dans un couple hétérosexuel
• un recueil inédit en france, par l’une des grandes écrivaines d’aujourd’hui • un manifeste poétique et féministe,
Margaret Atwood (1939-) Née à Ottawa en 1939, Margaret Atwood est une autrice prolifique – fiction, poésie, essai critique – internationallement reconnue pour La Servante écarlate, publié en 1985 puis adapté en film et en série. Traduite dans une cinquante de langue, elle est l’une des grandes écrivaines de notre époque. À l’image de son œuvre romanesque, sa poésie est résolument féministe et politique.
illustré par diglee
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Extrait Ils sortent au restaurant
Tu flânes dans la rue sous la pluie, ton visage se dissout, change de forme, les couleurs se mélangent
Au restaurant, nous nous disputons pour décider qui paiera tes funérailles
Mes murs t’absorbent, puis t’exhalent, tu retrouves ton aspect habituel, je ne te reconnais pas
mais au fond il s’agit de savoir si je te rendrai immortel ou non. Pour l’instant je suis la seule à pouvoir le faire donc
Tu es couché sur le lit tu me regardes te regarder, nous ne nous connaîtrons jamais mieux que
je lève la fourchette magique au-dessus du plat de riz frit au bœuf et la plonge dans ton cœur. Quelque chose cède, grésille
nous nous connaissons maintenant
et par ton crâne fendu tu t’élèves, lumineux : le plafond s’ouvre une voix chante Love Is a Many Splendored Thing tu es suspendu au-dessus de la ville en cape rouge et collants bleus, tes yeux clignotent à l’unisson. Les autres clients t’observent, certains avec stupeur, d’autres avec ennui : Parce que tu n’es jamais ici mais toujours là, j’oublie non pas toi mais ton apparence
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Extrait
Tu me prends la main et soudain je suis dans un mauvais film qui dure et qui dure et pourquoi suis-je fascinée Nous valsons au ralenti dans l’air vicié d’aphorismes nous nous retrouvons près des palmiers en pot tu grimpes aux mauvaises fenêtres Des gens s’en vont mais moi je reste toujours jusqu’à la fin j’ai payé mon billet, je veux savoir ce qui va se passer. Dans des baignoires de hasard je dois te décoller de moi comme une membrane de fumée et de celluloïd fondu Je dois me l’avouer, c’est devenu une addiction, l’odeur du pop-corn et du velours usé persiste pendant des semaines
Impérialiste, laisse les arbres tranquilles, ai-je dit. Inutile : tu marches à reculons, admirant tes propres traces
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Extrait Elle songe à l’esquiver
Il réapparaît
Je peux me changer moimême plus facilement que je peux te changer, toi
Tu as émergé d’un banc de neige avec trois têtes, et toutes tes mains dans tes poches
Je pourrais me couvrir d’écorce et devenir un arbuste
J’ai dit : je ne t’aurais pas déjà vu quelque part
ou remonter le temps jusqu’au fétiche de femme laissé dans les gravats d’une caverne, son ventre engorgé, bombé de fertilité, son visage une bille minuscule, une bosse, la reine des termites
Tu faisais semblant d’avoir faim je t’ai offert des sandwichs et du ginger ale mais tu n’en as pas voulu Tes six yeux flamboyaient, tu tremblais adroitement
ou (mieux) m’accélérer, me fondre dans les jointures et les voiles de veines mauves des vieilles avoir de l’arthrite et de la distinction
J’ai dit : est-ce qu’on ne pourrait pas être des amis ; tu n’as rien répondu
ou aller juste un peu plus loin : m’effondrer sur ton lit en m’étreignant le cœur et tirer un drap de nostalgie sur mon dernier sourire cireux ce qui serait fort peu pratique mais définitif.
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Un livre de nonsens Un livre d’Edward Lear Traduit et introduit par Gérald Auclin
Récits littéraires
Parution : octobre 2024 ISBN : 978-2-911917-88-2 14,8 cm 21 cm 280 pages 20€
Couverture Dessin d’Edward Lear
Classique de la littérature absurde anglo-saxonne ayant inspiré Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Un Livre de nonsense d’Edward Lear (18121888) dépeint en « limericks » de cinq vers et en un dessin des scénettes dans lesquelles des personnages grotesques défient le bon sens en apprenant à marcher aux poissons, ou en cuisinant leur conjoint (mais toujours dans la bonne humeur). La présente traduction est la première à rendre en français non seulement l’humour absurde et jouissif d’Edward Lear, mais aussi la forme et le rythme ternaire des limericks originaux
L’auteur Edward Lear est un écrivain, un illustrateur et un ornithologue britannique connu pour sa poésie, né le 12 mai 1812 à Holloway (au nord de Londres), et mort le 29 janvier 1888 à Sanremo en Italie. À 19 ans, il commence à gagner sa vie en tant qu'illustrateur pour un ouvrage intitulé Illustrations of the Family of Psittacidae, or Parrots (1830). La qualité de ses illustrations fait si grande impression qu'on le compare à Audubon. Il continuera à dessiner et peindre toute sa vie. De santé fragile, il souffre d’épilepsie, de bronchite chronique et d’asthme, non étrangères à de nombreux voyages dans les pays méditerranéens, en Inde et en Italie. En 1846, il publie A Book of Nonsense, un recueil de poèmes humoristiques qui connaît dix-neuf éditions de son vivant, qu’il complètera par deux autres titres. Lear contribue à populariser ce genre poétique, le limerick, déjà fortement ancré dans la tradition populaire britannique, proche du couplet à bouts rimés se terminant par une petite morale absurde et dont le style emprunte également aux nursery rhymes, entre la berceuse et la comptine pour enfant. En 1865 paraît The History of the Seven Families of the Lake PipplePopple et en 1867, son plus célèbre recueil de « nonsense poetry », The Owl and the Pussycat, qu'il a écrit pour les enfants de son patron Edward Smith-Stanley, 13e comte de Derby. Edward Lear et ses Limerick figure en bonne place, aux côté de Lichtenberg et de Lewis Caroll dans l’Anthologie de l’humour noir du surréaliste André Breton.
Extraits
Extraits
Extraits
REF : PIPI
par Maxime Vignaud (préface par Marie Navaro)
▶ Collection ������������������������������������ 39°5 ▶ Format (mm) ������������������������� 140*205 ▶ Nombre de pages ���������������� 141 ▶ Prix (€) ����������������������������������������� 14 ▶ ISBN ������������������������������������������������� 978-2-493-53416-3 ▶ Parution ��������������������������������������� septembre 2024 À travers ses trajets quotidiens dans les transports parisiens, Maxime décrit ses aventures homosexuelles réelles et fantasmées. On découvre dans ses poèmes ses désirs de vengeance contre la bourgeoisie, la famille, ses explorations diurnes en manif et nocturnes dans les clubs. Maxime écrit un journal en poèmes de ses déambulations urbaines dans lesquelles il explore les recoins de ses désirs. Ses projections romantiques et ses rêves politiques à la périphérie des villes, des normes nous font imaginer une révolution jouissive. L’ouvrage couple deux recueils de Maxime Vignaud, placés tête bêche dans le livre, comme deux revers d’une même pièce, ou comme deux corps qui dorment en cuillère. D’un côté, vous trouverez Les boys et la politrik. Écrit en 2021, le recueil nous plonge dans le flux de pensée de l’auteur alors à peine âgé de 21 ans. Maxime Vignaud nous raconte ses récits de manifs, le sexe avec les hommes qui croisent son chemin, la fête, la ville. Sa poésie est ici un acte ambiguë, il faut tenter de dire tout, avec le moins de mots possible, tenter d’épuiser, non pas un sujet, mais l’acte même de l’écriture. De l’autre côté, vous plongerez dans Pipi cham‑ pagne. Un ensemble de poèmes écrits entre 2022 et 2024. Ici, on est en prise directe avec la violence du monde et ses effets sur les corps, pourtant rien ne semble pouvoir attaquer le romantisme obstiné de l’auteur. Dans les villes, toujours, se côtoient bourgeoisie ostentatoire et corps pds prolétaires. Comment ne pas écrire alors le désir insatiable de vengeance ? Comment ne pas continuer à croire en l’amour, en ce qui nous rassemble dans un monde qui nous disloque ?
Thèmes abordés : sexualité, homosexualité, homophobie, identités queer, amitié, solidarités, amour, deuil, drogue, dépression, famille, luttes politiques et sociales, rapports d’oppression de classe, survie économique.
Bourgeoisie anale Maxime Vignaud met en son ses textes sur de la musique noise. Dans Pipi champagne, nous avons choisi de rassembler les paroles de ses chansons : Toi je te veux, 10 milliards, Power bot‑ tom entre autres. Le nom de son projet musical est Bourgeoisie anale (http ps:// //bourg geoisieanale.band‑ campp.com/track/club-kid-cool-kid-demo) Ouvrages associés : ▶ Dans ma chambre, Guillaume Dustan, POL, 1996 ▶ Los putos, Ioshua, Terasses, 2021 ▶ Néons, Denis Belloc, Les éditions du chemin de fer, 2017 ▶ Anthologie Douteuse, Élodie Petit et Marguerin Le Louvier, Rotolux Press, 2021 Éditions Burn~Août Diffusion/distribution : Paon-Serendip
À propos de l’auteur : Maxime Vignaud vit et travaille à Paris. Il a étudié à l’ENSAPC et a écrit son premier recueil auto-édité de poèmes en 2021, Les boys et la politrik, dans lequel il expose son rapport au sexe, à la politique et à la langue. Il travaille la photographie et joue de la musique noise en live (Satiné Satan avec Céleste Gatier pour Cmptrmthmtcs).
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Crédit photographique : Emile Zeizig
POÉSIE, IDENTITÉE QUEER
PIPI CHAMPAGNE (Maxime Vignaud)
PIPI CHAMPAGNE
Marl Brun, 2023
ROSE2RAGE
Théophyle DCX, 2023
Dans Hot wings and tenders, Marl Brun nous rappelle que chaque infime partie de nos rapports est politique et contient en elle un potentiel de résistance. Son obsession presque coupable pour le chicken frit, son amour inconditionnel des chiens ou même son cul, deviennent les supports poétiques d’une réflexion sur la survie, l’émancipation et la résilience. Elle écrit en anglais à la première personne, puis invite des amixs à traduire oralement ses poèmes en français. Son écriture, d’abord solitaire et introspective, se déploie en une intimité collective au fil de ce premier recueil. Éditions Burn~Août Diffusion/distribution : Paon-Serendip
Présentation de la collection 39°5 39°5 est une température, celle d’une fièvre qui monte ou d’une journée caniculaire, c’est aussi le nom de notre collection. Dans la collection 39°5, nous choisissons de partager des textes écrits à la première personne qui mêlent l’intime au politique dans une perspective fondamentalement queer et féministe. La collection accompagne des auteurices qui n’ont encore jamais été publiéxes et dont le travail questionne, déplace, ébranle nos rapports aux normes sociales et littéraires. Les textes de 39°5 sont brûlants, humides de sueur, ils portent des voix ardentes. Ils tentent d’inscrire dans le paysage littéraire d’autres références, proches de nos réalités et des affects qui les habitent.
Dans ROSE2RAGE, l’écriture de Théophylle Dcx, rythmée, découpée, évoque un besoin urgent de retracer les affects qui le parcourent. De ses danses de survie sur ses tubes d’adolescence jusqu’à l’écoute collective de leurs remix version nightcore des années plus tard, Théophylle Dcx nous fait le récit de son histoire. Il écrit ce que peut être la vie d’une jeune personne queer séropo aujourd’hui : les violences qui la traversent, tout comme les moments de jouissance qui la rendent flamboyante. Son texte est un puissant hommage à Alexandre, son camarade de vie et de danse, décédé un an plus tôt.
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Crédit photographique : Emile Zeizig
REF : PIPI POÉSIE, IDENTITÉE QUEER
Hot wings and tenders
On peut associer ses méthodes à l’écriture automatique, ou à la prise de note. D’ailleurs, Maxime écrit sur son téléphone, un outil toujours dans sa poche. Donc écrire, c’est écrire en marchant, c’est écrire sous l’emprise de la drogue, de l’alcool, c’est écrire en s’endormant dans un bus, en se perdant dans les points lumineux qui défilent derrière la fenêtre trempée. C’est s’amuser, c’est faire des blagues avec les mots, faire de l’auto-dérision, se moquer avec cynisme des vieux bourges et de leurs monde. Écrire, c’est éprouver le sentiment amoureux, se raccrocher à ce qui nous donne de l’espoir. C’est dire son corps désirant à la périphérie des villes, des normes, son corps bandant pour un monde meilleur.
PIPI CHAMPAGNE (Maxime Vignaud)
Maxime Vignaud a grandi à Versailles, mais sans moulures à son plafond. Être issu d’une famille de gauche dans une des villes les plus à droite a certainement forgé sa conscience des rapports de classe et de domination. Après avoir lu G. Dustan, K. Acker, regardé les films de Warhol et écouté les scènes noise française et allemande, il se met à écrire des poèmes au croisement de toutes ces influences. Écrits à la première personne, ses poèmes traduisent une parole située en prise avec les thèmes que nous défendons dans notre collection 39°5 : des identités queers, anticapitalistes, qui s’autodéterminent en inventant leur propre langue. Le livre de Maxime — avec d’autres parus ces dernières années — participe au renouvellement de la tradition du cruising littéraire. Il s’inscrit dans l’histoire d’une littérature qui écrit le sexe pd, le sexe public et queer, comme un assaut des espaces de subjectivation, un assaut des imaginaires politiques. Parfois à la manière d’un journal, on embarque dans ses déambulations. La dispersion est son mode opératoire : de partout, tout le temps, tout attire son attention et son excitation. Sa voix essoufflée qui nous scande ce qu’elle peut de cette course. Sa langue est simplifiée par le besoin d’écrire vite, de saisir ce qui l’habite, le pénètre au moment où il est habité, pénétré, comme la recherche utopique d’un réalisme des affects : comment se rapprocher par l’écriture au plus près de ce qu’on vit ?
là c’est trop petit mais bon c’est un superhéros. Ça me gratte à l’entrejambe, ça doit être l’optimisme.
EXTRAIT 1 Beau gosse Je vis dans le meilleur des mondes avec le mec le plus beau gosse vous pouvez être jaloux Le but c’est devenir riche organiser des orgies décadentes comme Jacque de Bascher On fait un braquage de la bourgeoisie culturelle on prend l’hégémonie Après on fait fructifier le capital on l’utilise contre eux et on prend les moyens de production Biensur on partage je garde juste un jacuzzi et du champagne
EXTRAIT 2 J’ai appris à voler J’ai appris à voler aujourd’hui avec un ami On a volé et il a sorti sa bite de sa poche et il l’a touché et j’étais content J’ai appris à voler aujourd’hui avec un oiseau On a volé et il a sorti ses ailes de sa poche et j’étais content J’ai appris à voler aujourd’hui avec une pince J’ai volé et j’ai sorti la pince de ma poche et j’ai cassé l’antivol et j’étais content
EXTRAIT 4 Les mots sortent de la bouche Les mots sortent de la bouche le trou avec les lèvres roses serrées et un peu de poils autour un pétale de rose et y rentrent c’est humide c’est chaud comme la maison Il faut regarder dedans et dehors mais derrière surtout et regarder dans le trou faire de la divination Le vieux parle et il meurt en parlant et moi je l’écoute et il explose et je m’engouffre dans le trou j’explore les murs de la prison et je casse des cailloux et je ressors Fait chier merde il dit et je sors la merde et je sors les enfants et je sors les jouets et je prépare un café
EXTRAIT 3 — CHANSON Power Bottom Tout le pouvoir aux bottoms On se tape tout le boulot Power bottom power bottom On est fièr·es de se faire enculer Ceci est un manifeste Pour tous les bottoms opprimé·es du monde Révoltez vous
EXTRAIT 5 Optimisme Le mec bande. Le mec bande sa grosse bite turgescente et fait des moulins avec. Le mec parle avec sa grosse voix et dit des trucs que je comprends pas. Le mec bande dans le train bondé. Je regarde son gros paquet en attendant de rentrer chez moi. Je pense à écrire un livre sur la vie de couple, le mariage, ma liste de course chez Ikea. Je pense à tout ça et je regarde sa bite. Optimisme c’est je sais que le RER s’arrêtera toujours à ma station, même avec la bite du mec dans ma main, même avec les gosses qui pleurent dans le wagon et le mec qui se pisse dessus dans son pantalon de costard trop serré. Le mec avec sa bite descends du RER, trop la classe il prend pas la porte mais la fenêtre, je savais pas qu’on pouvait passer par Éditions Burn~Août Diffusion/distribution : Paon-Serendip
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Eléments de sabotage passif Cédric Demangeot « Ne me parlez plus / vous m’avez trop trahi. » « Nous nous sommes trop trahis / je ne vous parle plus. » Éléments de sabotage passif est divisé en deux parties « Du mésaccord » : moments de prose auto-fictive « & d’un malentendu » : poèmes sous traits aphoristiques. Surplombant leur différence d’écriture ce qui frappe immédiatement est la proximité des deux intertitres, et la surenchère par coordination des deux préfixes (mésaccord & malentendu) qui donnera une idée du « sabotage passif » dont il est ici question : oeuvre du négatif, à l’opposé de toute parole prétendument irénique.
2021 14 x 22 cm, 36 p., 10 € 978−2−917786−67−3
Dans La Comédie intime Bernard Noël a offert la démonstration impeccable que tous les pronoms personnels disponibles en français peuvent devenir des « embrayeurs » de récit ; où la recherche et la découverte d’une position d’énonciation rejoint la possibilité de consistance du livre. Éléments de sabotage passif de Cédric Demangeot appartient à cette même catégorie de texte. « Du mésaccord » trouve singulièrement sa consistance dans la construction d’un alter-ego fuyant sous l’aspect du pronom personnel « il » reformulé aussitôt en « cela ». Dans ce glissement du personnel à l’impersonnel, mais également de la position de sujet à la position d’objet, de l’objet direct à l’objet indirect (voie négative), se démontre également que le paradoxe est un effet de langage qui ouvre sur un silence d’abysses. « Je ne voudrais pas me faire passer pour quelqu’un qui raisonne clairement. » (Czeslaw Milosz)
L’auteur Depuis la publication de son premier livre en 1998 jusqu’à aujourd’hui, l’écriture de Cédric Demangeot s’est imposée comme le théâtre d’un affrontement très dur, très âpre avec le négatif. Dans son œuvre, la poésie devient protestation de la vie contre tout ce qui l’entrave, la défigure et la nie. « La poésie – dit Cédric Demangeot – doit saboter le réel et le rendre au vivant. » Cédric Demangeot nous a quittés en janvier dernier à l’âge de 46 ans.
éditions Hourra
En habits de femme — Zoltán Lesi isbn 978-2-491297-04-6
poésie contemporaine
genre
poésie thèmes
LGBTQIA+ intersexuation, transidentité sport, Allemagne nazie
fiche technique 112 pages offset noir brochures cousues collées format 11x18 cm prix 18 € parution le 02/12/2022 contact diffusion Paon diffusion paon.diffusion@gmail.com distribution Serendip-livres contact@serendip-livres.fr édition Hourra contact@editions-hourra.net Le recueil de poèmes En habits de femme nous plonge dans la vie et l’intimité de Dora Ratjen, une athlète intersexe qui a défendu les couleurs nazies dans les années 1930. Avec une sobriété dans le verbe, une écriture clinique aux allures d’archives, ce livre nous apparaît comme une enquête historique qui vient questionner aujourd’hui les injonctions normatives de genre. Les poèmes sont accompagnés d’une très riche iconographie établie par l’auteur.
éditions Hourra
En habits de femme — Zoltán Lesi isbn 978-2-491297-04-6
poésie contemporaine
le livre En habits de femme est un recueil de poèmes établi par l’auteur Zoltán Lesi. Ce livre, écrit en allemand, a été publié pour la première fois en Autriche en 2019. Ce livre est un ensemble de poèmes aux allures de documents, assemblés comme une suite de lettres et d’articles, où les destinataires sont des personnages historiques. Le lecteur est pris dans une enquête à la fois sensible et historique autour de l’histoire de Dora Ratjen, athlète intersexe qui a concouru en tant que femme pour l’Allemagne nazie. L’ensemble poétique met en regard la biographie de Dora Ratjen avec celles de Gretel Bergmann, sa concurrente juive, Stella Walsh, une athlète intersexe américaine, ou encore Rrose Sélavy, l’alter-égo féminin de Marcel Duchamp. Dans ce livre, Zoltán Lesi a l’audace de faire parler des personnages historiques, et de provoquer des rencontres inédites. Ce livre est précieux tant il nous alerte sur la continuité historique d’une discrimination, celle des personnes intersexes, et d’une nécessité de rompre avec la binarité des institutions, ici sportives ou policières. Le texte, qui utilise un retour chariot percutant, s’affaire à créer un trouble, entre la littérature et l’histoire, entre la fiction et le documentaire, entre la poésie et l’archive, entre deux genres finalement. Les textes sont accompagnés d’une sélection d’images d’archive choisies par l’auteur. L’iconographie mêle photographies d’époque, coupures de presse et fichiers de police. L’édition originale ayant remporté un prix national de design en Autriche, l’édition française se veut graphiquement cohérente et fidèle à l’esprit originel. Le texte est traduit à quatre mains, depuis l’allemand (Autriche), par Christophe Lucchese et Sven Wachowiak.
l’auteur Zoltán Lesi, né en 1982 en Hongrie, vit et travaille entre Vienne (Autriche) et Budapest (Hongrie). Il a publié plusieurs recueils de poésie et livres pour enfants, et par ses traductions, il cherche à faciliter les échanges entre la littérature autrichienne et hongroise. Son travail a fait l’objet de plusieurs traductions dans le monde.
éditions Hourra
En habits de femme — Zoltán Lesi isbn 978-2-491297-04-6
poésie contemporaine
la maison d’édition — Honneur à celles par qui le scandale arrive ! Hourra : 1. cri de joie 2. cri de guerre
978-2-491297-04-6
Les éditions Hourra publient de la poésie et des écrits sur l’art. Créée en 2019 sur la montagne limousine, la maison naît de l’envie de défendre des pratiques d’écritures marginales où se rencontrent le poétique et le politique. Fruit d’amitiés et d’intuitions communes, elle réunit des artistes et des autrices pour qui la révolte fait corps avec la beauté. éditions Hourra |36, avenue Porte de la Corrèze |19170 Lacelle www.editions-hourra.net
Éditions le Sabot contact.lesabot@gmail.com
le-sabot.fr
Collection du Zbeul 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul
+33 676249059
FOUTAISE Foutaise est un recueil de poésie construit autour de cinq parties distinctes (tant sur le fond que la forme), illustré par une dizaine de dessins signés Mélody Da Fonseca (jeune illustratrice de renom), dans lesquelles les lecteurs et lectrices sont invités à picorer sans se soucier d'une trame narrative ou d'un parcours linéaire. On y croise un érotisme gay cru et débridé, des considérations cruelles sur la famille et l’existence, un jeu verbal constant, et un concert d’humour corrosif dont la poésie invite à remettre en question ses propres normes. Les textes recueillis interpellent par leur étrangeté rimée, leur maîtrise, leur cruauté et leur sens de la dérision. Ils entraînent le lecteur dans une vision sombre, sans être pessimiste, où l'inconfort devient cathartique et rigolard. On passe alors d'un moyen âge futuriste, avec un côté Villon frondeur, à une perspective très contemporaine sur les entrelacs entre la langue, la sexualité, l'homosexualité et les perceptions hypocrites de ce qui relève du vice ou de la vertu. L'écriture témoigne d'une certaine exubérance, s'appuyant sur un travail d'orfèvre au niveau du son et du rythme, n'hésitant pas à user d'un lexique baroque tourné vers l'injure fleurie. Tout un tas d'ingrédients qui doivent nous permettre d'entrer dans un jeu, de faire sortir la langue du quotidien. Des élans rabelaisiens se ruant joyeusement dans les fêtes contemporaines.
L'auteur: Bibi-la-Vertu est un pèlerin sans chute, figure des terrasses de la banlieue parisienne, sans époque fixe. Il propose un écho contemporain à Bibi-la-Purée, personnage montmartrois de la fin du XIXe siècle, ami de Verlaine et voleur de parapluie. C’est aussi le pseudonyme d'un jeune homme vivant aux bords de l’Ourcq, à Paris.
à paraître en décembre 2022 120 x 185 mm, 130 pages, 12€ Thèmes: poésie, humour noir, érotique, famille, nature ISBN : 978-2-492352-10-2
Éditions le Sabot contact.lesabot@gmail.com
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Collection du Zbeul 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul
FOUTAISE SENTENCES Faire comme pour l'hiver : Attendre que cela passe _ Il se reboutonna et s'en alla tristement _ Il imposait qu'on ouvrît les Portes par crainte d'être Toujours surpris _ Ce coi coït qui est le mien _ Ne feindre que le sommeil d'après _ Mon coeur : A consommer de préférence avant le [voir emballage] _ On ira me pendre A quelque réverbère Et on rira de mes fuites _ Vulves et vulvettes belles à croquer enchantent de leurs lèvres les ombres de l'été _ j'irai respirer du charme aux fleurs ciselées de vos culs et m'attendrir la langue à vos replis confus je les brosserai, dans tous les sens des poils humant là cette humeur nacrée goûtant ci la torpeur infinie qui se perd ou se renfle : c'est selon l'ouverture, et c'est selon vos cris. Sèche un peu tes cours, Viens mouiller mes draps.
Souvent j’entends des gens raconter leur rencontre c’est une histoire facile à retenir toujours la même dans ce bar chez des amis à cette soirée pendant ce bla bla bla bla bla il était là elle faisait ça et alors et j’ai dit et on a ah oh ah c’est fou oh ah oh dis donc ah oh ah ceci cela tous ces gens qui ne connaissent pas Lola.
LA SAINTE FAILLE Le Führoncle
La promise
Le petit doigt relevé et l oeil à tout prétendre, il cause. La langue enfarinée des fadeurs et des gloses, il lorgne, les effets de ses poses.
C'est une équarrisseuse. Elle enfouira aux jointures de tes nerfs quelques coins exigus à te faire éclater.
Gouffre de fatuité, la sufisance en tas, plein d'aigreurs et tout cynique, il pérore, il éructe, il comique comme à se palucher la trique. La joie des humbles l'indispose, à rutiler il s'en agace, brandit les enfers en menaces, un pet graisseux en guise de pause dans un sermon fort faisandé. Il a le cul de son Shire, le groin rougi, le pied podagre, et le graillon de ses sueurs pique les yeux, lève le coeur. Débarrassez-nous, ô Nature, vous qu'avez horreur du vide, du vent merdeux qu'est sa parole ! Délivrez-nous, obole, de cette tare aboyeuse ! Faites-la taire et à jamais, cet avorton, faites avortez cette grossesse gazeuse !
C'est une laboureuse qui pellera ta face et de tes chairs retournées, germera son audace à te voir humilié. C'est une blanchisseuse : Ta vie javellisée reluira pour ces fêtes et tu ramperas sous les coups de ses verges, pauvre encaustiqué. Et elle n'est pas baiseuse, pas ileuse, ni vertueuse, ni pisseuse, ni heureuse. Elle t'a fabriqué la loi et n'a pour elle de n'avoir eu que toi.
+33 676249059
Jardin Fracturé Mario Santiago Papasquiaro
Traduit de l’espagnol par Rafael Garido Jardin fracturé rassemble les traductions de 56 poèmes du poète Mexicain Mario Santiago Papasquiaro, tirés de l’anthologie publiée par le Fondo de Cultura Económica, sous le titre Jeta de Santo – Antología Poética 1974-1997. Inédit en France, Papasquiaro est devenu un auteur culte dans le monde hispanophone suite à la publication en 1998 de Los detectives salvajes, le roman de Roberto Bolaño. En effet, le personnage d’Ulises Lima, l’un des protagonistes du roman, s’inspire, du propre aveu de Bolaño, de Papas- quiaro, co-fondateur (avec Bolaño donc) du groupe infraréaliste (réalviscéraliste dans le roman) au Mexique en 1975.
L’auteur Parution : 04/03/2020 Format : 125 × 175 84 pages ISBN : 978-2-9567626-4-5 12,00€
Mario Santiago Papasquiaro est le pseudonyme de José Alfredo Zendejas Pineda (1953-1998), poète mexicain et cofondateur avec Robert Bolaño du mouvement littéraire infraréaliste. Ses poèmes ont paru dans diverses revues, deux anthologies collectives ainsi que deux recueils : Beso eterno (1995) et Aullido de cisne (1997). Santiago Papasquiaro inspirera à Roberto Bolaño le personnage fascinant d’Ulises Lima, poète errant et “réal-viscéraliste” de son roman culte Les Détectives sauvages. Sans doute n’est-il pas non plus étranger aux Conseils d’un disciple de Morrison à un fan de Joyce du même Bolaño, “camarade et poète”, à qui il dédiait Conseils d’1 disciple de Marx à 1 fan d’Heidegger.
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Lida Youssoupova Verdicts Collection « Ouija » 15 x 20 cm 232 pages 978-2-493242-08-2 20 € 3 octobre 2023
Verdicts, dans la lignée de Témoignage de Charles Reznikoff, est un livre de poésie documentaire entièrement construit par le montage de fragments de jugements prononcés par des tribunaux russes entre 2012 et 2017, notamment dans des affaires de féminicides, d’infanticides, de violences domestiques ou de meurtres homophobes. Ces extraits judiciaires constituent une chronique de la vie quotidienne des provinces périphériques russes, marquées par une violence inouïe mais aussi par la misère, l’alcoolisme ou l’arbitraire de l’État. Lida Youssoupova s’attaque à la langue du pouvoir russe. Les quatorze poèmes qui composent ce livre donnent à lire la rhétorique de défense des « valeurs traditionnelles » au sein des tribunaux, réthorique que l’on retrouve dans les éléments de propagande employés aujourd’hui dans la guerre en Ukraine. Par un travail d’amplification performative, Verdicts montre que l’intime des corps des citoyens est l’un des premiers lieux où un régime autoritaire vient imprimer sa marque. Parallèlement à cette démonstration, la poésie de Lida Youssoupova opère un « montage de libération » (Galina Rymbu) par lequel les victimes, invisibilisées, acquièrent des traits visibles. La tâche éthique de l’auteur consisterait ainsi à rendre la voix aux victimes, à les rendre audibles dans l’espace de la mémoire individuelle et collective. Malgré son extrême violence, le poème devient ainsi un lieu de réparation. Traduction de Marina Skalova.
* Lida Youssoupova est née en 1963 à Petrozavodsk, en Karélie (Russie). Après avoir été contrainte d’abandonner des études de journalisme à l’université d’État de Leningrad (accusée d’être à la fois dépravée et antisoviétique), Lida Youssoupova travaille à la poste. En 1996, elle émigre de Russie et se rend en Israël, puis au Canada. Aujourd’hui, elle vit entre Toronto et San Pedro, au Belize. Elle est l’autrice de plusieurs livres de poésie en russe, parmi lesquels Dead dad, qui paraît en 2016 chez Kolonna Publications – l’éditeur russe de Monique Wittig, Kathy Acker ou Antonin Artaud – et qui fait l’effet d’une déflagration dans la communauté poétique russe. Verdicts est son premier livre traduit en français. Avec cette parution, Zoème entame une série de publication consacrée à des autrices russes contemporaines.
et aussi la jeune fille rousse qui s’appelait Irina Jugement de l’affaire pénale n°1-337/2013 VERDICT
Au nom de la Fédération de Russie
ville de Krasnogorsk 13 novembre 2013. A.V. Mordakhov, juge du tribunal municipal de Krasnogork de l’oblast de Moscou,
assisté par le procureur d’Etat D.V Kozlov,
suppléant le procureur municipal de Krasnogorsk, en présence du prévenu A.A Rodionov,
de l’avocat de la défense I.A Bykhanov, a examiné en audience publique
le dossier de l’affaire pénale visant Anton Andreïevitch Rodionov,
accusé d’avoir commis un crime désigné par
l’article 105.1 du code pénal de la Fédération de Russie, le prévenu est déclaré coupable des faits suivants : Le prévenu A.A Rodionov a commis un meurtre,
c’est-à-dire qu’il a volontairement donné la mort à autrui. Le crime a été perpétré dans les circonstances suivantes : il était tellement ivre que pendant à ce moment-là il a perdu la notion du temps
Irina lui a proposé d’aller se promener
après cela elle s’est levée et est partie dans la rue dans le sens opposé au trafic il s’est levé et l’a suivie
ils ont marché longtemps dans la forêt et ont parcouru quelques kilomètres
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Irina portait un jean et un tee-shirt elle avait des chaussons aux pieds Irina s’est approchée du ruisseau après cela elle l’a appelé
il s’est levé et est venu la voir c’est alors qu’il a remarqué qu’elle avait déjà
enlevé ses vêtements elle était debout sur une dalle en béton
qui recouvrait le ruisseau et lui demandait si elle lui plaisait
et s’il voudrait avoir une relation sexuelle avec elle il a dit à Irina qu’elle ne lui plaisait pas
qu’il ne voulait pas avoir de relation sexuelle avec elle en même temps il a expliqué qu’il était marié et qu’il avait une fille en bas âge Irina s’est mise en colère car il
refusait d’avoir une relation sexuelle avec elle elle a dit qu’il n’était qu’un impuissant
elle aurait mieux fait d’aller en forêt avec quelqu’un d’autre alors il a proposé à Irina de s’habiller
et de retourner chercher l’un de ses amis après cela elle s’est fâchée encore plus elle s’est mise à l’insulter
elle a dit que sa femme était une prostituée
elle l’a traité de tous les noms et a même insulté son enfant il s’est mis en colère
il a repoussé Irina avec les mains ce qui lui a fait perdre l’équilibre
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elle est tombée dans l’eau tête la première il est descendu de la dalle vers le ruisseau
et alors que le visage d’Irina était déjà dans l’eau il l’a prise par la nuque et l’a serrée jusqu’à ce qu’elle cesse de donner des signes de vie
ensuite il a saisi Irina par les bras
et l’a trainée à-peu-près à cinq mètres du ruisseau il a jeté le cadavre dans les buissons ensuite il l’a recouvert d’herbe qu’il a arrachée pas loin
le tribunal tient compte de l’immoralité
le tribunal tient compte de l’immoralité du comportement de la victime le tribunal tient compte de l’immoralité et du caractère illégitime du
comportement de la victime
le tribunal tient compte du fait que la personnalité du prévenu est caractérisée de façon positive par son entourage
tout comme de l’immoralité et du caractère illégitime du comportement de la victime
le tribunal tient compte du fait que la personnalité du prévenu est caractérisée de façon positive par son entourage le prévenu a un enfant en bas âge à sa charge
tout comme de l’immoralité et du caractère illégitime du comportement de la victime
ce qui constitue des circonstances atténuantes pour sa condamnation
et aussi la jeune fille rousse qui s’appelait Irina.
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É DIT IONS LURLURE PARUTION OCTOBRE 2024
L’ENDROIT AIGU Pauline de Vergnette Genre : Poésie Collection : Poésie Prix : 17 euros Format : 14 x 21 cm Nombre de pages : 96 ISBN : 979-10-95997-61-0
> Une nouvelle voix qui fait parfois penser aux univers de Jacques Prévert ou de Boby Lapointe > Une poésie entre conte, comptine et chanson pour raconter des histoires – un peu – terrifiantes > LE LIVRE « L’endroit aigu » est un endroit qui s’anime dans certains moments inconfortables. C’est le lieu d’irritation au creux du ventre lors d’une poussée de stress, mais aussi la cachette où s’agitent la peur de la mort et les terreurs nocturnes : l’endroit aigu est une zone d’ombre un peu monstrueuse. Heureusement, l’endroit aigu fait moins peur quand on va l’explorer, et écouter de plus près ce qu’il dit vraiment. Ce recueil essaie, avec humour, de donner voix aux refrains qui résonnent quand on s’aventure là-bas, mais aussi aux comptines qui protègent, et qu’on se répète en rengaines. L’endroit aigu est donc le lieu des pensées intrusives et des chansons qui grincent : on entre dans ses rythmes pour tenter de l’apprivoiser.
> L’AUTRICE Pauline de Vergnette est née en 1998 en région parisienne. Elle écrit des histoires et des poèmes. Son roman Si la rose vient à faner est paru en 2023 aux éditions Blast. L’endroit aigu est son premier recueil de poésie.
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> EXTRAITS la gisante a bougé elle n’est pas morte tout à fait trop vite enterrée elle a des drôles d’yeux rouges elle envoie du laser boum boum et il fait chaud dormir au chaud c’est beau car pas chaud c’est pas beau elle a quelque croisade à régler près de là quelque conte mystique pour reposer roide quand les affaires seront réglées et son âme reposée abâtira l’envers – du décor est soulevé et rien n’est plus comme avant ni les mots ni les vies ni les regards des gens c’était un accident s’écrie-t-elle à la ronde et les bouts d’horizon brisés une étincelle une erreur je te dis un simple coup dans le vide sauf que c’était rempli pas de bol bécasse eh la gisante qui n’est pas morte elle a l’air un peu dosée elle ne comprend pas bien elle demande ohé ohé si personne ne répond ce n’est pas mon problème que je rentre au bercail et les ombres apaisées laisseront souffler le vent tantôt de face tantôt de biais tantôt coulant tantôt coulé jamais jamais arrêté. * J’ai doudouché mes creux perdus mes bons dadas au coin d’une rue c’était noël et les enfants étaient comme moi des combattants c’est pas du jeu a dit tata c’est pas d’la tarte ni d’la samba c’est quand t’y cours que le bât blesse et nos doudouteux sont pas très frais – tu pleures bébé qui veut manger bée l’abeille tourne à côté la Mère tend patriotique un biberond – mon Tantale il n’y a pas de pardon. Goutte à goutte alors
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le lait percute dans ses auberges des becs froids d’oisillons crus qui piaillent grincent dans l’aube nue percluses leurs nuits sont des sommets et les montagnes déjà coulées oh sous-marin rends moi l’enfance crie le noyé / rame en cadence rends-moi mes aurores pleurées mes doudoubles riant bolé – car nous avions alors crois-tu des routes vibrantes et vœux veux lait – meh mon mensonge n’est pas vertu. * pour contrôler l’endroit aigu dans ma poitrine je glisse un peu et tire plus bas et tente (sans succès) de m’efflorer à l’arme blanche qu’est après tout mon dernier souffle. je me rattrape par des promesses à hue et dia me criant (sans succès) que si l’amour n’a pas de visage c’est qu’il n’est qu’une brise fraîche et passée. je force l’ouverture dans mon ventre et fourrage sans pitié étant donné que je n’ai plus goutte de paix ou souvenir de printemps. dans mes délices je tends haute l’oreille et attend la réponse de la chouette ou du loup et m’emportent au bout du bout de ces bras revigorants que racontent les histoires. ainsi je tente d’éviter la pluie elle qui à pleurer a fini par évider mon cœur et sans succès je délivre DIFFUSION-DISTRIBUTION : SERENDIP LIVRES / PAON DIFFUSION
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des arguments contraires sans force et sans reflet. * (histoire d’amour) je préfère mon chat aux humains mon chat je peux le prendre dans le creux de la main il est vraiment gentil et doux c’est un tout mignon petit bout quand il réclame des croquettes il miaule et miaule, il fait la tête si je l’oublie dans le noir un soir muré – mon désespoir mon chat est gentil quand il danse face terre, dessous lune, et puis panse mes plaies, il lèche et désinfecte tout à l’heure je suis tombée, et des pieds à la tête j’ai figure rougie blême heureusement, j’ai mon chat qui m’aime ici la musique est forte elle fait frissonner les mortes qui comme moi emportèrent dans la tombe le petit chat elles le cajolent pour l’éternité parfois il miaule c’est vrai petit chat veut s’en aller mais jamais je le laisserai partir lui et moi c’est du meilleur au pire et pour l’enfer et pour toujours quel bonheur que notre chamour
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É DIT IONS LURLURE
PARUTION SEPTEMBRE 2021 Milène Tournier
Je t’aime comme
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JE T’AIME COMME Milène Tournier Genre : POÉSIE Collection : Poésie Prix : 20 euros Format : 14 x 21 cm Nombre de pages : 156 ISBN : 979-10-95997-36-8
> accueil enthousiaste de L’Autre jour, son précédent livre > une déclaration d’amour à la ville moderne > réenchanter notre environnement par la poésie
> LE LIVRE Construit sur le double leitmotiv des termes Aimer et Comme, le nouveau recueil de Milène Tournier est une formidable déclaration d’amour au “tout-ordinaire” qui constitue l’âme de la ville moderne : ses lieux (“Je t’aime comme une banque”, “Je t’aime comme une bibliothèque”, “Je t’aime comme un salon de tatouage”...) mais aussi ses objets, ses usages ou ses emblèmes (“Je t’aime comme une gargouille”, “Je t’aime comme une manifestation”, ”Je t’aime comme un pigeon”...). Le regard de la poète, qui voit tantôt avec les yeux de la passante, tantôt avec ceux de l’enfant rêveur ou encore avec ceux de l’amoureuse transie, agit ici comme un puissant révélateur : le banal qui fait partie intégrante de la ville moderne ne l’est aussi que parce que nous ne savons pas – ou plus – le voir. L’écriture de Milène Tournier se dote ainsi d’un pouvoir quasi-performatif : il s’agit rien moins que de réenchanter notre environnement par le verbe poétique. L’auteure a voulu préserver l’acte, étrange et sublime, de la déclaration d’amour – non seulement aimer mais le dire – dans son versant le plus excessif, considérant que “Je t’aime” contient, implicitement, un “J’aime tout”. La construction répétitive et analogique du recueil (“Je t’aime comme...”), à l’inverse de créer un effet de monotonie ou d’épuisement de ses sujets, met ainsi plutôt en évidence les beautés fragiles, fugaces, mélancoliques des choses, des lieux et des êtres qui les habitent. On retrouve dans Je t’aime comme la sensibilité et l’originalité de l’auteure de L’Autre jour (Lurlure, 2020), qui confirme avec ce recueil qu’elle est l’une des voix montantes de la poésie contemporaine française. DIFFUSION/DISTRIBUTION SERENDIP LIVRES 10 rue Tesson – 75010 Paris – contact@serendip-livres.fr Tél. 01 40 38 18 14 – www.serendip-livres.fr
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> L’AUTEURE Milène Tournier est née en 1988. Elle est docteure en études théâtrales de l’université Sorbonne Nouvelle. Elle a déjà publié Et puis le roulis (éditions Théâtrales, 2018), Nuits (La P’tite Hélène, 2019), un livret, Poèmes d’époque (Gros textes / « Polder », 2019) préfacé par François Bon, qui écrit à son propos : “Pour moi c’était d’évidence. On avait affaire là à une écriture majeure.” Elle apparaît dans l’anthologie Le désir en nous comme un défi au monde, publiée par les éditions Le Castor astral (février 2021). Les éditions Lurlure ont publié en octobre 2020 son premier recueil de poésie, L’Autre jour. Milène Tournier s’intéresse également à la littérature en lien avec les arts numériques, et élabore des poèmes-vidéos diffusés sur Youtube (https:// www.youtube.com/channel/UCiGj9AbLGsbPr4azkClDWfA ).
> À PROPOS DE L’AUTRE JOUR (Lurlure, 2020) : PRESSE / LIBRAIRES
“Un recueil d’une grande beauté, d’une profonde justesse.” Xavier Houssin, Le Monde des livres “Un équilibre miraculeux se produit à tout instant entre l’imaginé, le parlé, le pensé, le phrasé, le senti, le vu, formant ainsi un tamis de possibles qui permet au texte d’infuser et de ruisseler sans contrainte.” CLARO, Le Clavier cannibale “En fait, je connais peu de textes aussi bouleversants que ces ‘Poèmes de famille’, par quoi Milène Tournier nous fait entrer dans son livre.” Georges Guillain, Les Découvreurs
Aurélie Garreau Librairie Le Monte-en-l’air (Paris)
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EXTRAIT 1 JE T’AIME COMME UN SALON DE TATOUAGE
Je t’aime comme être à soi-même sa propre trace. Je t’aime comme peau vierge et mythe, je t’aime comme se faire tatouer sur les muscles Johnny et choisir quelle image dans Google photos. Je t’aime comme un tatoo tribal, je t’aime en plein milieu des spirales. Je t’aime comme un salon de tatouage, presqu’aussi bcbg qu’un de coiffure. Je t’aime comme un tatouage, une petite encyclopédie intime à fleur de peau. Je t’aime comme le petit bleuet sur la peau du biker. Je t’aime comme se demander si un tatouage vieillit, comme aux façades se décolorent les anciennes enseignes. Je t’aime comme petite sérigraphie de carne. Je t’aime comme les peaux-ardoises, comme les petits tableaux noirs de la boucherie disent : Label rouge, veau élevé sous la mère. Je t’aime comme un tatoo de téton. Je t’aime comme un petit panorama de paume, pour juste soi. Je t’aime comme faire de sa peau une chronique du monde : tatoo Raoult, tatoo Maradona ou Notre-Dame en flammes. Je t’aime autobiotatoographie.
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EXTRAIT 2 JE T’AIME COMME UN PIGEON
Je t’aime comme l’immense palpitation de tous les pigeons ensemble. Je t’aime comme le pigeon dodeline sa tête et déhanche la ville. Je t’aime. Le pigeon bouge sa tête parce que ses yeux sont immobiles. Comme deux petites pierres. Et il doit bouger la tête toute pour juste l’œil. Je t’aime comme un grand pigeonnier, le toit des gares. Je t’aime comme un pigeon gris pluie, et pas le chatoyant du perroquet. Je t’aime comme le pigeon de gouttière s’entiche de la mystérieuse et hautaine chouette. Je t’aime comme le canari, derrière ses barreaux dorés, voit passer dans le ciel pigeons et tourterelles en vols joyeux. Je t’aime comme les pics anti-pigeons sur les têtes des statues et en bas le mobilier urbain pour pas les SDF. Je t’aime, c’est apprendre à s’envoler et apprendre à redescendre. Je t’aime comme la vieille aux pigeons. Je t’aime comme une solitude et le cercle, à ses pieds, de pigeons et miettes de pain. Je t’aime comme roucoulades de pigeon à tourterelle. Je t’aime comme la fable tendre des deux pigeons, au rebord de la fontaine.
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Collection 109, parution mai 2023
Last call les murènes — Maude Veilleux « 3 h 40 du matin en beauce j’écoute radio-can sur le télé le channel de venus angel sur mon ordinateur et je me magasine des followers sur instagram me garder occupée pour chasser les fantômes hier, j’ai trouvé un boutte de papier collant dans mon vagin le flow est un état mental que les anxieux ne vivent pas full je ne suis plus autant déprimée qu’avant noël lorsque je pesais 112 livres mais engraisser me fait capoter dites-moi mon vagin est-il lousse ? » Fiche technique
109
Format : 76 pages, 12 × 20 cm
109 pour le youngblood, le sang neuf. 109 pour la Génération Y, la Génération youngblood. Une collection qui défriche une nouvelle génération de jeunes romanciers/cières. Une collection de petits formats accessibles. Sans contrainte de genre et de style.
Tirage : 1000 exemplaires Prix de vente : 13 € Diffusion : Serendip ISBN : 978-2-493311-09-2 Première parution : 2016, Les Éditions de l’Écrou (Canada) Ce livre reçoit le soutien du CNL et de la Région des Pays de la Loire.
Bouclard éditions
7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye
contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18
www.bouclard-editions.fr
Collection 109, parution janvier 2024
Last call les murènes Rupture, ennui, solitude, colère, espoirs déçus et rêve en attente. La vie, juste ça… Celle d’une fille de la Beauce, quelque part dans le Québec des rednecks, des gros chars et de l’alcool. Une vie simple, pas si simple.
L’autrice : Maude Veilleux
Maude Veilleux est une poète et performeuse québécoise née à Saint-Victor-de-Beauce. Elle a écrit des recueils de poésie, des romans dont un roman-web. Au fil des années, ses textes sont aussi parus dans diverses revues au Québec, en France et en Belgique. Elle développe plus particulièrement une pratique aux frontières de l’écriture, la littérature numérique et la performance. Depuis 2020, elle s’intéresse, avec le collectif Botes Club, aux robotEs et aux intelligences artificielles. Elle vit et travaille à Montréal. Chez Bouclard, elle a publié « Mettre des bombes rire nerveux » dans le deuxième numéro de notre revue. © DR
Recensions presse Le Devoir « “Est-ce que les questions entourant la lutte des classes sont encore d’actualité ?”, demande Maude Veilleux dans ce recueil bouleversant et essoufflant, au cœur duquel ses déceptions et son espoir s’entrechoquent sans cesse. Une œuvre profondément politique de culpabilité, de révolte, d’abattement et d’empathie. » La Presse « La douleur des transfuges sociaux est au cœur de ce livre puissant qui donne envie de remercier la Beauce de nous avoir donné Maude Veilleux, parmi les poètes les plus en vue de sa génération. »
Bouclard éditions
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mots de l’éditrice :
Malédiction Lou-Maria Le Brusq
est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me
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de Lou-Maria Le Brusq
Malédiction
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Malédiction
mots de l’autrice : Souvenirs proches ou lointains, déclarations d’amour, rêves d’enfants, récits d’aventures, Malédiction raconte les amitiés de la matière, le mariage indésirable entre les choses sales de la terre et la morsure de l’eau salée. Malédiction c’est maudire, c’est mal-dire. C’est une condamnation. Mal nommer une chose, c’est lui assigner un nouveau destin. L’acte de nomination, comme la formule magique, possède une puissance active sur la fatalité. Ce titre peut sonner comme un avertissement, mais, comme toute chose, la malédiction porte en elle son contraire, et c’est en fait une tentative toute personnelle de me ressaisir, en écrivant, de nos puissances agissantes. mot-clés : poésie, vent, terre humide, embruns, souvenirs, moisissure, pain
Ce recueil transforme la sensibilité de peintre de Lou-Maria en mots. Au fil de poèmes courts en forme d’images, elle nous invite avec précision à suivre les méandres de la mémoire. Celle qui associe des textures végétales à des corps qu’on refuse d’oublier, des odeurs à des lieux qui vivront toujours en nous comme une collection de miniatures de réalités. Lou-Maria fait naître des sensations, aux lecteurices d’y associer les émotions qui en découlent. Lou-Maria propose des mondes qui se répondent, nous invitant à plonger dedans avec l’incertitude de ce qu’ils vont révéler en nous. Et c’est bien la l’inattendu capable de surgir de la mémoire de chacunx qui est mise en œuvre à la lecture de Malédiction : la surprenante mélancolie, une excitation lointaine réactivée, la confiance née d’associations nouvelles.
Malédiction comprend une interview de l’autrice réalisée en février 2024 où elle ecplique notamment comment elle a construit ses poèmes et le contexte (socio-économique) dans lequel l’écriture a été possible ou non.
Impression de la couverture sur papier argenté texturé. 76 pages 10x14 cm ISBN 978-2-9575104-3-6 13 € Premier tirage : 500 exemplaires Parution : mai 2024
Malédiction
de Lou-Maria Le Brusq extraits : printemps Ce qu’ils ont vu, ce matin,
En chaque amitié, il y a des liens
ce n’est qu’un rayon de lumière.
qui sont barbelés et tordus.
Il a banni l’alouette de l’hiver
Le soleil qui verse le vin,
et le printemps s’est installé.
n’apprécie pas la moelle du seigneur, Et les os des bouleaux,
est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me
Les fleurs sont toutes tombées
ploient sous la hache du frileux.
et la charrue est recouverte de pollen. Les pivoines hochent la tête
Amadoue, braie ou goudron, sirop.
et s’inclinent avec la voiture
La route est encore longue et la charrette tangue.
et nous entamons la route
À chaque arrêt nous chantons un nouvel ami,
plus tôt que prévu.
à chaque arrêt nous pleurons une ombre.
Nos mains pourront bientôt peigner l’herbe crue, engourdies par le froid, et nos bouches embrasserons le foin vert. Nous apprendrons les secrets de l’oseille et du rouan, du châtaignier et du hongre gris.
l’œuf l’œuf
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Je suis Je faite suis defaite corne, de de corne, clous deetclous d’épines, et d’épines,
J’ai le courage J’ai le courage d’une robe d’une derobe fourrure de fourrure
je suis debout je suis debout les pieds lescreusés pieds creusés dans ledans sol. le sol.
dans un dans duvet unde duvet cygne. de Et cygne. toi Et toi
Toi, tu es Toi,latu cloche es la cloche dans mon dans oreille mon oreille
tu as l’étoffe tu as l’étoffe d’un fourreau d’un fourreau
mon grand mon rugissement grand rugissement blanc. blanc.
façonné façonné pour un pour glaive und’argent. glaive d’argent.
Je voudrais Je voudrais que tu que me transforme tu me transforme en arbre, en arbre,
Dans l’écorce, Dans l’écorce, une première une première incision. incision.
que tu que lies mes tu lies bourgeons mes bourgeons
Tu m’asTu fendue m’as fendue en pleinenCœur plein Cœur
que tu que remplisses tu remplisses mes oreilles mes oreilles de mielde miel
cousu de cousu lierre deun lierre nouvel un nouvel air à mon air visage à mon visage
que tu que m’arrose tu m’arrose d’ajoncd’ajonc et de sel. et de sel.
et rempli et rempli mon ventre mon ventre de sciure. de sciure.
Au Jardin Au je Jardin te couperais je te couperais les cheveux les cheveux
Il est connu Il est connu qu’un battant qu’un battant fait fait
laissantlaissant aux noirs auxoiseaux noirs oiseaux tout le tout loisirle loisir de confectionner de confectionner un Nidun entre Nidmes entre doigts mes doigts
des courants des courants d'air d'air et que le et verre que leest verre plusest dur plus quedur l'orque l'or
et qu’elles et qu’elles fassentfassent un œufun deœuf nos de amours. nos amours. Mes yeux Mes seront yeux seront sauvages sauvages quand je quand viendrais je viendrais m’écraser m’écraser sur les sur chevrons les chevrons de ta porte. de ta porte.
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Malédiction
de Lou-Maria Le Brusq variat : un conte Qui compte encore les grains et les bêtes
La ferme dit :
C’est ce visage humain Dans le règne des mammifères
— Il vous faut rester près de la porte
Les lignes s’estompent dans son royaume
Et de la main qui vous a nourri ;
Il a oublié la façon de les tisser
Demeurer tout autour de la mangeoire
Mais il faut bien manger quelque chose, Et rester dans les frontières de la Terre,
La truie :
est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me
Que l’homme à ceinturé — Nous ne voulons des frontières de la Terre Que les hommes ont pour nous ceinturées ; À double boulons et poing fermé
Mais jamais nous ne saurons À quoi rêvent les animaux Alors nous construisons un bestiaire argentique Aux formes presque toujours dures Imprégnées de couleurs sales et diaboliques 28
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scorpionnes scorpionnes Scorpionne Scorpionne caduque caduque et velue et velue
Scorpionne, Scorpionne, une couvée une couvée d’aspics, d’aspics,
Des nénuphars Des nénuphars dans tes dans cheveux, tes cheveux,
Ourdisseuse Ourdisseuse de rayons de rayons froids,froids,
Torsades Torsades vilaines vilaines et nèfles et nèfles pourris. pourris.
FleuritFleurit dans ton dans ventre ton ventre en gestation. en gestation.
Autour Autour de tesde doigts tes doigts les vignes les vignes malades. malades.
Racines Racines griffues griffues et vertes, et vertes,
Des gerbes Des gerbes de myosotis, de myosotis,
Comme Comme les formes les formes mortes mortes du vivant. du vivant.
Des marécages. Des marécages.
Venimeuse. Venimeuse.
Scorpionne Scorpionne feu-follet feu-follet
Scorpionne, Scorpionne, hôte invertébrée hôte invertébrée
Un jour Untu jour deviendras tu deviendras herbe,herbe,
Les vieilles Les vieilles routines routines autour, autour,
Calicules, Calicules, tiges et tiges pédicelles, et pédicelles,
Et les Et sortilèges les sortilèges s’affirment s’affirment
Creusés Creusés d’un silence d’un silence squelettique squelettique
avec une avecespèce une espèce de vengeance. de vengeance.
Cavernes, Cavernes, sombres sombres orbites orbites
Tes premiers Tes premiers mots :mots :
Ceps écaillés. Ceps écaillés.
Un sacUn desac cailloux. de cailloux.
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Malédiction
de Lou-Maria Le Brusq extrait de l’interview :
« Ma pratique me procure un apaise-
est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me
ment que je cherche aussi à retranscrire dans mon travail, une sensation pleine. Cependant je ne souhaite pas du tout parler de moi, de mon passé, de tel souvenir ou de tel lieu. Je les utilise plutôt comme des motifs. L’écriture impose une distance avec le souvenir, il le tord. Aussi, les souvenirs que je convoque ne dépendent plus de bornes temporelles et se trouvent transformés par leur cohabitation dans les textes. Ainsi mêlés ils créent une fiction nouvelle et acquièrent un caractère immuable. [...] J’adore la fiction et j’adore jouer. J’aime les mythes, les récits, les contes, le surnaturel, la magie, les rumeurs. J’aime l’imaginaire en général, et c’est pour ça que j’aime écrire et peindre. Je pense que c’est le lien opérant entre l’imagination, avec son étrangeté et son émerveillement, et l’expression. Pour moi peut-être que l’imaginaire est un moyen de nous rendre sensibles à la part invisible du monde et à nos relations. On apprend beaucoup grâce à la fiction, et elle offre recouvrement, rétablissement, évasion et consolation. Elle a aussi quelque chose à voir avec la qualité du désir (plutôt qu’avec la possibilité). Car selon l’angle sous lequel on l’aborde, la fiction peut aussi être terrible, le mensonge, la spéculation financière, la manipulation...»
ÉDITIONS PLI SEPTEMBRE 2023
Club Bizarre
Nathalie Quintane – Stéphane Bérard Parution septembre 2023 Genre : Poésie – arts-visuels ISBN 978-2-9567305-6-9 préface par N.Q postface à la préface par Paul Valéry Dessins par Nathalie Quintane 70 pages couvertures avec rabats brochures cousues collées format 12x18cm prix : 15e
Diffusion Paon diffusion paon.diffusion@gmail.com Distribution Serendip-livres contact@serendip-livres.fr Éditeur Éditions Pli Justin Delareux justin.delareux@gmail.com
ÉDITIONS PLI SEPTEMBRE 2023
«CLUB BIZARRE est un livre à double fond, ou peutêtre à triple fond, ou plus encore. Un livre qui pourrait se jouer du lecteur, ou des sens de lecture.s, ou de tout ce qui n’est pas écrit, mais convoqué. C’est un livre étrange et drôle où les tabliers sont échangés : Nathalie Quintane dessine, Stéphane Bérard écrit. S’y croisent des objets quotidiens, comme un bouchon, un pull en boule, une assiette Louis XVI ou autre raté. S’y mêlent quelques rappels historiques, comme celui de la Commune de Paris, celui d’un tract des «Brigate Rosse», des Denim ou de la moustache. Ce livre est un livre joueur, construit d’intuitions et de suppositions, de mémoire.s, de liens à faire et à défaire, entre le gros doigt de pied et un yacht, par exemple. Une autre manière de secouer le genre poétique frotté à celui du politique, sauce quotidienne.»
NATHALIE QUINTANE Née le 8 mars 1964, est une poète, écrivaine et enseignante française. « Les livres de Quintane publiés à partir de 2003 (Formage, Antonia
Bellivetti, Cavale, tous chez P.O.L), en conservant une construction fragmentée, non linéaire, semblent mettre en scène un arbitraire de l’intrigue (dans Cavale, on passe de la Californie à la Picardie sans explication) et des personnages (des rencontres de hasard sans psychologie particulière). Cependant, autant qu’une critique du roman réaliste, cet arbitraire pourrait renvoyer à la férocité de l’Histoire et des injustices sociales, thème récurrent depuis le début de l’œuvre (cf. en particulier Jeanne Darc, Une Américaine, deuxième partie de Saint-Tropez, Formage, Cavale et Grand Ensemble, écrit en 2002 et publié en 2008 chez P.O.L). »
STÉPHANE BÉRARD Né en 1966, est artiste plasticien et poète français. « Ses activités sont menées dans un «chenil d’hypothéses» où l’idée de sérieux (omniprésente) est indissociable de la pureté navrante. Unique membre d’un institut de recherches par diversions, il est spécialisé dans les phénomènes de rejet. La fumisterie tranche tel le scalpel. Il recèle les idées dites de «tendance» (inscription dans le social, l’architecture et le design, le négoce...) avec l’aplomb d’un Pierre Daco (cf «Les Triomphes de la psychanalyse» Marabout, 1969) qui, au guidon de son argumentaire, enchaînerait virages relevés et ornières de relance ».
ÉDITIONS PLI SEPTEMBRE 2023
P L I est une structure éditoriale métastable crée en 2013 par Justin Delareux, artiste et poète. Pli publie depuis dix ans la revue éponyme et par cet organe papier a contribué à la diffusion de textes et documents inédits de plus de deux cent auteur.e.s. dans les domaines de la poésie, des arts-visuels, de la création textuelle. Toujours exigent et attentif aux propositions critiques nouvelles, en septembre 2023, Pli creuse d’autres chicanes, convoquant et questionnant le genre poétique en suggérant une percée critique et politique qui ne serait pas de l’ordre du militantisme. Il s’agirait plutôt de nous aventurer consciencieusement vers des chemins de traverses inconnus, de donner la part belle aux gestes de créations et d’expérimentations, en pleine connaissance des mouvements qui nous ont précédés. Nous travaillons quotidiennement à l’élaboration de mondes imprenables. Il ne nous est pas impossible de nous défaire du triste langage dominant. Nos archives sont disponibles gratuitement sur le site internet ici renseigné.
Contact :
justin.delareux@gmail.com boom@riseup.net http://www.revuepli.fr
CLUB BIZARRE NATAHLIE QUINTANE STÉPHANE BÉRARD
parution : septembre 2023
>> Lancement de la maison <<
maison trouble
MOURN BABY MOURN
>> Nouvelle collection << Fantômes La collection s’occupe des traces laissées par les processus artistiques et des récits venus des scènes contemporaines en danse et performance.
KATERINA ANDREOU
POÉSIE DANSE PERFORMANCE Parution 01/11/2024 Édition bilingue FR/ENG ISBN 9782959154300 152 pages Format 120 X 170mm Dos carré collé prix 12 €
Mourn Baby Mourn explore la question du deuil et de la lamentation, tant intime que collective, à travers les états qu’ils génèrent. En trois actes pulsatoires, l’autrice pose les mots, massifs comme des parpaings ou les expulse, offensifs et spontanés tels des projectiles. Ce monologue parcourt les désordres émotionnels caractéristiques des temps contemporains, marqués par la nostalgie de futurs perdus. Dans ce texte-vortex hanté par les imaginaires et les visions discordantes d’un devenir collectif, l’écriture de soi est une existence agissante, et une résistance. * Le texte est issu de la pièce chorégraphique éponyme de Katerina Andreou créée en 2022 aux SUBS - Lyon.
maison trouble publie des écrits d'artistes dont la pratique s'engage en relation avec l'écrit. Elle pense l e l i v r e com m e u n e s pa ce d’expérimentation et de création pour la danse et la performance. Elle soutient l’exploration d'autres incarnations, une littérature bougée par les corps.
Conception graphique : Angeline Ostinelli
KATERINA ANDREOU Danseuse et chorégraphe grecque basée à Lyon. Diplômée de l’École Nationale de Danse d’Athènes et du cndc d’Angers, elle a notamment collaboré avec DD Dorvillier, Anne Lise Le Gac, Lenio Kaklea, Bryan Campbell et Emmanuelle Huynh. Dans son travail, elle développe une pratique physique en tension entre des tâches, fictions ou univers contrastés voire contradictoires.
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>> Lancem
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maison trouble
>> N ve e co e i
JANITOR OF LUNACY: A FILIBUSTER
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Fantômes La collection s’occupe des traces laissées par les processus artistiques et des récits venus des scènes contemporaines en danse et performance.
BRYAN CAMPBELL
LITTÉRATURE AUTOFICTION DANSE PERFORMANCE Parution 01/11/2024 Édition bilingue FR/ENG ISBN 9782959154317 492 pages Format 120 X 170mm Dos carré collé prix 14 €
maison trouble publie des écrits d'artistes dont la pratique s'engage en relation avec l'écrit. Elle pense l e l i v r e com m e u n e s pa ce d’expérimentation et de création pour la danse et la performance. Elle soutient l’exploration d'autres incarnations, une littérature bougée par les corps.
JANIT R of LUNACY
éditions maison trouble
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Depuis le terrain d’interrelations entre corps et politique et par de joyeuses digressions, il fait l’exercice de la mise en récit de son intimité, où il est question de pratiques BDSM, de santé mentale, de consentement et de performance de genre. En jouant sur des rapports d’échelle et avec indiscipline, il abonde la pluralité et la uidité de nos êtres. Le texte est issu de la pièce chorégraphique éponyme de Bryan Campbell créée en 2021. Conception graphique : Elorah Connil
: A Filibuster
bryan campbell
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Reprenant la tradition rhétorique d’obstruction législative des parlementaires américain·es de l'opposition, ce texte est d’abord une performance de Bryan Campbell : parler sans discontinuer durant 8h ou plus devant une assemblée.
BRYAN CAMPBELL est un artiste américain qui travaille et vit à Paris. Depuis 2008, il élabore un travail multi-disciplinaire mêlant l’image, le graphisme, le texte et la chorégraphie, interrogeant souvent la relation complexe de l’individu au pouvoir.
Bonjour.
Le titre est Janitor of Lunacy: A Filibuster. Il y a deux parties à ce titre. La première partie, Janitor of Lunacy, est le titre d’un morceau de la chanteuse Nico, sorti en 1970. J’ai voulu faire allusion à cette chanson parce que j’aime la chanter et puis je pense que la figure du janitor (agent d’entretien ou concierge en anglais) signifie quelque chose. Il me semble que j’ai écrit ce texte pour passer le balai. Difficile de nommer sur quoi. La deuxième partie du titre, A Filibuster, est un peu plus longue à expliquer. Le filibuster est une tradition dans la législation américaine qui est utilisée comme technique d’obstruction. Une voix minoritaire utilise cette obstruction pour retarder ou annuler le passage d’une loi polémique ou pour attirer l’attention publique vers un débat législatif. Lors du débat sur la loi en question, sénateu prend la parole, et, n’ayant pas de limite de temps pour sa prise de parole, peut continuer aussi longtemps que désiré. 9
U sénateu qui fait un filibuster est oblig de parler de façon continue. On ne peut pas s’arrêter. Par contre, on peut parler de tout ce qu’on veut, de la loi en question mais aussi tout autre chose. On peut lire des textes – le texte de la législation, des lettres provenant de ses électeus. On peut, comme l’a fait Huey Long, sénateur populiste de la Louisiane dans les années 1930, lire des citations de Shakespeare, des recettes de cocktails et des conseils à la préparation d’huîtres frites. Si l sénateu réussit à tenir son discours jusqu’à la fin d’une séance, le vote de la loi est repoussé à une date ultérieure ou, parfois, complètement annulé. Pour que sa prise de parole soit reconnue tout au long de son filibuster, une personne, en tant que sénateu, doit rester debout. On peut se promener sur le parterre du Sénat. On peut tenir son pupitre avec les mains mais on ne peut pas s’appuyer dessus. On ne peut pas s’appuyer sur un mur ou sur une table. En gros, on doit être autonome avec son propre poids. On peut boire uniquement de l’eau ou du lait. On ne peut rien manger, sauf des bonbons qui proviennent du candy desk de la chambre du Sénat, aujourd’hui occupé par Todd Young, sénateur de l’Indiana. On peut laisser d’autres sénateus poser des questions. Ces moments dédiés aux questions n’ont pas de limite de temps. Comme ça, en s’arrangeant avec des complices, on peut laisser reposer sa voix. 10
Au cours de son filibuster, on ne peut pas sortir pour aller aux toilettes. On va donc parfois faire recours à certaines stratégies pour gérer ses besoins, dont la déshydratation en amont, mais aussi des cathéters et des couches.
Je ne vais pas vous rejouer le filibuster de Wendy Davis, au sein du Sénat du Texas en juin 2013, qui a parlé pendant 11 heures et 8 minutes contre la suppression des fonds publics du Planning familial.
Je me saisis de la couche pour adulte. J’enlève mon pantalon en faisant en sorte de ne pas montrer ni cacher mon sexe, tout en continuant mon discours.
Je ne vais pas vous rejouer le filibuster du sénateur Bernie Sanders du Vermont, 8 heures et 53 minutes contre une baisse des impôts pour les mégariches ; ou celui du sénateur Rand Paul du Kentucky, 12 heures et 52 minutes contre les attaques par drone ; ou de Ted Cruz du Texas, 21 heures et 19 minutes contre le programme de santé publique Obamacare ; ou de Nancy Pelosi de Californie en faveur d’un statut de citoyee pour certaines personnes sans-papiers. Si vous avez envie, vous pouvez regarder ces quatre derniers discours dans leur intégralité sur YouTube. C’est une belle manière de passer un dimanche, je vous le conseille.
Quand je suis à poil, je ressemble beaucoup à un bébé. J’ai des cuisses à la fois musclées et enrobées, qui donnent envie de mordre, comme des cuisses de bébé. Dernièrement, une copine alors récemment maman m’a vu tout nu et s’est exclamée : « On dirait mon fils ! » Ce n’est pas étonnant que cette ressemblance soit d’autant plus forte quand je mets une couche. Même quand je remets mon pantalon, mon gros culcul-couche s’aperçoit subtilement mais avec persistance et tout le long de la suite.
Ces contraintes constituent une chorégraphie écrite et signée dans les lois qui concernent la conduite des procédures sénatoriales. Aujourd’hui, je vais suivre cette chorégraphie pendant les huit prochaines heures, durée minimum pour qu’un filibuster soit catalogué en tant que tel par la bibliothèque du Sénat. Ce ne sera pas une re-performance d’un filibuster historique en particulier. Aujourd’hui, je ne vais pas vous rejouer le plus long filibuster de l’histoire du Sénat, durant lequel le sénateur Strom Thurmond de la Caroline du Sud a parlé pendant 24 heures et 18 minutes contre l’Acte des droits civiques de 1957. 11
Aujourd’hui, je ne vais pas vous faire un discours par rapport à une loi spécifique, qu’elle soit américaine ou française ou autre, je n’en ai pas envie. Je ne vais pas inventer une loi contre laquelle parler et je n’aurais pas l’expertise ou franchement la curiosité d’étudier une loi américaine en particulier suffisamment en détail. Je ne crois pas que ce serait pertinent ou intéressant. Aujourd’hui, ce sera une autre sorte de filibuster. Ce sera un discours politique, quand même. Ce sera un discours enraciné dans une personne qui est traversée par des lignes politiques. 12
Ce sera un discours émis depuis un organisme et adressé à d’autres organismes qui sont sujets à des forces politiques, à la division des sexes et des genres, aux moralismes religieux, au commerce à petite et grande échelle, au colonialisme, aux codes du travail, à la circulation de biens et d’informations.
ment, les poètes, les militans, et toute autre personne qui revendique sa capacité à porter une voix. Ce sera pour observer le discours politique comme phénomène aussi bien par son contenu que par sa capacité à séduire, sa relation au climax, sa forme érotique.
Ce sera un discours qui reconnaît que toute mouvance politique est un agencement de ces corps, de nos corps, et que nos corps changent et sont changés par rapport à ces mouvances. Nos corps créent ces mouvances. Nous en profitons. Nous les subissons. Nous nous en libérons.
Ce sera pour donner place à la ferveur, pour donner place à l’intensité.
Ce sera un discours construit en reconnaissant que ce que j’identifie comme étant mon moi est aussi déjà, de toute façon, composé par les autres entités qui m’entourent et avec lesquelles j’interagis. Et ça que ce soit mes interlocuteuces, les gens qui me regardent, les gens qui me paient ou que je paie pour des services, les États, la police, les législateuces, les figures publiques, les célébrités, les personnes qui produisent de la culture ou des tendances, les gens qui me transportent, les gens qui m’agressent, ou les personnes qui coexistent avec moi en étant physiquement très proches mais en restant affectivement indifférens. Parce que dès que je suis dépendant d’autrui pour survivre ou pour me stimuler, mon corps est déjà social, mon corps est un corps politique.
Ce sera pour donner la sensation d’être d’accord et celle de ne pas être d’accord.
Ce sera une rencontre, par la pratique et par l’écoute, d’une tradition de rhétorique politique américaine construite aussi bien par des personnes qu’on reconnaît en tant que politiciees que par d’autres personnes connues autre13
Ce sera pour donner la sensation d’appartenir ou de ne pas appartenir.
Ce sera pour la sensation que ce qu’on est en train de vivre est quelque chose de nécessaire, quelque chose d’important à vivre. Ce sera pour moi. Ce sera pour parler de moi. Ce sera pour parler de moi en tant qu’organisme au croisement de plusieurs lignes de pouvoir, d’influence, de contrôle, et pour m’utiliser en tant qu’exemple, pour énumérer des expériences qui pourraient refléter les vôtres, et donc peut-être vous servir, si vous le voulez, dans votre processus d’évolution personnelle. Ce sera pour vous. 14
Ce sera un discours pour vous. Ce sera un discours adressé à vos corps. Ce sera un discours pour les portes d’entrée dans votre corps sociétal, par lesquelles rentrent les gouvernements, les mœurs, les médias, les régimes de contrôle, les savoirs et les techniques de la libération de soi. Ce sera pour vous stimuler. Ce sera pour vous frustrer. Ce sera pour vous ennuyer. Ce sera pour vous proposer une plage de son et de sens que vous pouvez investir comme un paysage, l’observer, l’oublier, y revenir, vous en souvenir.
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Éditions du Canoë
2021
4 juin
Billy Dranty
Genre : poésie Format : 12 x 18,5 cm Pages : 176 Prix : 16 € ISBN : 978-2-490251-45-2 Billy Dranty a participé activement à la revue Moriturus au début des années 2000. Poète, il a publié cinq livres chez Fissile, dont une trilogie : L’hydre-anti – Derelictus – Rivage veuf. Il a également publié Trucidive chez Barre parallèle, Détrauma aux éditions Les Arêtes, ainsi qu’une quinzaine de plaquettes aux éditions Derrière la salle de bains. Éditeur critique, il s’est consacré, ces dernières années, à établir, documenter et présenter pour les éditions Ypsilon, Fissile et L’Arachnoïde, les correspondances croisées de René Daumal avec Léon Pierre-Quint et Roger Gilbert-Lecomte, de Richard Weiner avec les poètes du Grand Jeu (en collaboration avec Erika Abrams), ainsi que les Lettres à Pierre Minet de Max Blecher. C’est dans les mêmes temps qu’il a écrit Advers, puis Attract obstruct.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
Ce livre important en contient deux : Advers et Attract obstruct, qui se répondent organiquement, sur le mode d’une structure dense et ramifiée. Le premier se veut un « espace sauvage d’expectoration », où le vers combattif et sans concession progresse par saccades, saccages et scansions, pour se défaire de la « glu » des tricheries, qui est aussi celle du lyrisme. Logique de rupture, donc, pour trouver une voix à un je démembré, qui cherche à se réinventer une naissance. Le second, tendu dans le feu entre attachement et arrachement, décline par blocs de discours amoureux les étapes d’une intrigue en suspens(e). Du « OUI en pléthore » d’un éros révolutionnaire qui voit poindre le nœud des corps, on s’inquiète finalement d’un lieu absent, entre-deux, à l’image d’un texte qui hésite, donc se pose la question de sa forme, adverse et adversifiée.
Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
Parution 1er octobre 2021 ISBN : 979-10-91189-28-6
art | littérature
Ubique On était faits de matières changeantes et d’éléments épars diffus propagés ondes et en lumière jusquà faire de nos corps ces montagnes d’atomes en colère Certains jours rien ne nous distinguait du fleuve des feux de forêt à la lisière
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Frédérique Cosnier
On divaguait savants comme des loutres toujours en retard d’un dire ou en avance
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82 pages Format : 13,5 x 21,5 cm Poids : environ 120 gr Prix : 15 € ―
Genre : Poésie contemporaine CLIL : 3638 ―
Mots-clés : Poésie contemporaine ―
Collection Voix dans l’orme Voix dans l’orme est la collection de poésie de La clé à molette éditions. ―
www.lacleamolette.fr Contact : Alain Poncet 06 70 31 36 50 lcam@orange.fr ―
Diffusion : Paon diffusion contact@paon.diffusion.com www.paon-diffusion.com ―
Distribution : Serendip livres 21 bis rue Arnold Géraux 93450 L’ILE-SAINT-DENIS Tél. 01 40 38 18 14 Fax 09 934 00 gencod dilicom: 3019000119404
Ubique regroupe trois textes: Je n'est pas des russes,Tachycarde, Ubique Ces trois textes, portés par l’écriture sensible de Frédérique Cosnier, sont portés par une incroyable force qui n'est autre que celle insufflée par la poétesse elle-même : le lecteur est traversé par le rythme fougueux des poèmes, il est porté lui aussi par cette envie de connaître le monde par les sensations, il partage la rage, la passion, le désir, le besoin de dire et d'embrasser de ces “je”, de ces “on” qui forment un tout, dans un profond sentiment de fraternité. Ubique inaugure une nouvelle collection consacrée intégralement à la poésie et aux voix singulières d’aujourd’hui. Voix dans l’orme, nom de donné en référence au poème de Sylvia Plath, sera une collection avec une cadence de publication soutenue et ouverte aux textes contemporains qui interrogent notre société jusque dans ses excès. L’auteur Frédérique Cosnier vit à Besançon où elle enseigne le français langue étrangère et la littérature française au Centre de linguistique appliquée de l’Université de Franche-Comté. Elle écrit depuis longtemps de la poésie et pratique la lecture à voix haute. En 2008, elle publie son premier recueil, PP Poèmes Précis aux Éditions Entre deux M. Collaborant avec des photographes, des musiciens, des plasticiens, elle travaille à la croisée des genres et des arts. « La poésie n’est pas un genre mais un état, que l’on ne possède pas, même si on le travaille au corps », écrit-elle. Ce rapport à la langue, fait de nuances et de subtilités, irrigue ses deux romans. En 2016, elle publie un roman, Suzanne et l’influence, librement inspiré du film de John Cassavetes Une femme sous influence, aux éditions La Clé à Molette, et pour lequel elle reçoit le Prix Marcel Aymé 2017. Son second roman Pacemaker est paru en mars 2020 dans la collection La brune au Rouergue.
Trois typographes en avaient marre Un livre de 64 pages au format 10,5x15 cm. Impression numérique des pages intérieures avec une jaquette de couverture en typographie
Voici la cinquième édition de ce livre mythique de Guy Lévis Mano. Édité une première fois en 1935 et réimprimé en 1967 ce long poème écrit sur le vif décrit l’ambiance de l’atelier et donne à voir, depuis les casses où nous assouvit pas » ne et it rv se as us no ie és « La po gronde la révolte des caractères, la vie laborieuse des typographes et les rapports qu’ils entretiennent avec la lettre et les mots imprimés… En 2011, Philippe Moreau et Samuel Autexier composent en typographie dans l’atelier d’Archétype à Forcalquier une nouvelle édition de l’ouvrage suivant la volonté testamentaire de l’auteur qui ne souhaitait pas une réédition à l’identique de ses livres. Ce projet soutenu par l’association Guy Lévis
Parution : juin 2023 EAN : 9782914363280 Prix public : 13 €
Mano à Paris et Vercheny connaît un succès inattendu et est réimprimé en 2012. C’est cette version qui fait l’objet aujourd’hui d’une nouvelle édition au format « poche » suivie d’une postface de Samuel Autexier qui présente la petite histoire de ce grand livre.
Composition de la page « i », planche en cours d’impression dans l’atelier Archétype en 2012
Les auteurs Guy Lévis Mano (1904-1980), poète, éditeur et typographe. Son œuvre poétique protéiforme se veut la plus proche possible de la rue et de la vie ouvrière qu’il fréquente. Elle est marquée dans un second temps par sa longue détention comme prisonnier de guerre entre 1940 et 1945. Son parcours d’éditeur, servi par un talent de typographe salué par tous comme un modèle de clarté et de liberté, lui a permis de donner forme entre 1935 et 1974 à plus de cinq cents ouvrages avec quelque uns des artistes les plus importants du XXe siècle (Éluard, Michaux, Breton, Jean Jouve, Jabès, Chédid, Char, Du Bouchet, Dupin, García Lorca, Kafka, Miró, Giacometti, Picasso, Man Ray, Dali, etc.). Philippe Moreau (né en 1948 à Asnières). Lithographe, typographe et imprimeur, spécialiste du livre d’artiste et des tirages limités. Il débute sa vie professionnelle à Paris chez Clot, Bramsen et Georges, avant de la poursuivre en Provence depuis 1976. Samuel Autexier (né en 1969 en Suisse). Graphiste et éditeur, il fonde en 1993 la revue Propos de Campagne, avant de créer en 1999 la collection littéraire puis la revue Marginales chez Agone et enfin les éditions Quiero en 2010.
et portrait de Guy Lévis Mano par Pierre Kefer en 1935.
Et le troisième dit Nous courons sur des tumultes d’eau qui ne rafraîchissent pas les veines de notre imagination Nous attendons des robinets taris la chute polaire des eaux-de-vie qui désaltéreraient nos fuites désemparées accrochées à des nuages qui crèvent Nous cachons nos yeux dans nos poches et consultons le hasard en mélangeant Caslon Bodoni et Baskerville dans les composteurs
éditions Trente-trois morceaux
Yvonne Rainer Poèmes Traduction de Bryan Campbell et Vincent Weber
À paraître : avril 2021 ISBN 9791093457123 14 euros
Ce volume rassemble une sélection de quarante-cinq poèmes écrits entre 1977 et 2010 par Yvonne Rainer. Scandés par une série d’illustrations documentaires, les poèmes entrelacent fragments de voyage et d’autobiographie, hommages aux compagnons de route peintres et chorégraphes, portraits de famille, observations sociétales, domestiques et intimes, recherches formelles, avec toujours un art consommé de l’épiphanie, du paradoxe et de la critique sociale. L’écriture d’Yvonne Rainer est tendue entre un désir de noter – parfois brutalement – le présent, et une quête d’espaces et de sonorités propres au langage. Cette tension irrésolue et féconde est la vitalité propre de ces poèmes, rejouée sur chaque page comme sur une nouvelle scène blanche.
16 x 21 cm 72 pages
Yvonne Rainer est née en 1934 à San Francisco. D’abord danseuse et chorégraphe, puis réalisatrice de films, elle est une figure incontournable de la scène artistique américaine des années 1960 à nos jours. Parallèlement à ses œuvres de chorégraphe et réalisatrice, Yvonne Rainer a édité plusieurs livres, aux enjeux et formes diverses, faisant de l’écriture un enjeu majeur et un relais de son œuvre protéiforme. Citons notamment : Work (1961-1973), composé d’un montage de textes, d’archives et d’images relatifs à ses pièces chorégraphiques, le livre se présente comme une œuvre à part égale de ses travaux scéniques ; Feelings are facts (a life), biographie abordant par l’angle social et féministe son parcours d’artiste. Enfin, Une Femme Qui… Écrits, entretiens, essais critiques est un recueil d’écrits divers, d’essais critique et d’entretiens donnés par Yvonne Rainer.
Parus aux éditions Trente-trois morceaux Faire la carte Vincent Weber L’Énéide Virgile traduction de Pierre Klossowski Voyage en Grèce Gastone Novelli Épiphanies James Joyce Street life Joseph Mitchell En regardant le sang des bêtes Muriel Pic Zé Gus Sauzay Dans le décor Vincent Weber La Crèche Giorgio Manganelli Listen to me / Écoutez-moi Gertrude Stein À paraître Brecht et la Méthode Fredric Jameson Dialogues avec Leuco Cesare Pavese Nouvelle du menuisier qu’on appelait le Gros – Vie de Brunelleschi Antonio Manetti
éditions Trente-trois morceaux 68 rue Montesquieu 69007 Lyon www.trente-trois-morceaux.com
contact Paul Ruellan +33 (0)7 83 88 30 63 editions@trente-trois-morceaux.com
diffusion www.paon-diffusion.com distribution www. serendip-livres.fr
Orgasmes
On y va ? L’horizon est dégagé Comment tu le sens ? c’est difficile de s’en souvenir tant à faire Le prologue avance tranquillement ablutions gloussements caresses oups recommence Va vers l’occasion je me débarasse de tous les résidus, lambeaux, tangentes, astuces fléau dans les écheveaux les aiguilles s’évanouissent et voilà que je brûle par les deux bouts les mailles de sa voix me tirant par-delà chaque limite s’estompant pas de fin en vue 16
Les Italiques de John Bayley (Élégie à Iris) Victoria, Colombie-Britannique.
Un jour chaud dessous le chêne Nous cheminâmes lentement montant la colline de Fritz c’était 1950 Je n’avais aucune illusion ou, mieux, aucune attente Rivières tenant leur rôle et les ravins escarpés Iris ne me manquait jamais ni Eunice Rice La maison et les terrains permettait qu’elle soit séduite D’une manière si normale pour cette époque En 1994 déjà oubliée Est-ce que Margaret Thatcher rentrait parfois L’horrible vœu la rage noire Iris me surprit Ivan s’en souvint Quand partons-nous retrouver mon foyer bientôt Quittant la scène vers un retour mythique L’agonie inexprimée
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Saga
I. Il se délectait de dire « Elle m’adore me trouve génial » vers la fin j’y voyais plus clair malheureusement, ou pas lui non culpabilité mise à part pourquoi affronter la vérité si on n’y est pas forcé Vers la fin elle s’époumonait « IL A BESOIN D’AIDE ! » les mots coupant le souffle les signaux diminuent et puis : « A plus tard, mon canard » laisse-le partir (peu importe vers quel enfer) emmène-moi, Morphée en bas en bas en bas et par la fenêtre M‘man. ‘MAN ! orgues de barbarie est-ce que ta mère sait que tu es dehors avec les mains dans les poches et le bas de chemise DEHORS
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II. ce petit garçon insinuant son bras dans le long gant en soie met la perche entre ses jambes et monte son cheval bâton vers bamberry cross sur la montagne de verre royale dans la cave ses hautes noires dures brillantes et sur mesure bottes d’équitation et sa culotte du plus doux chamois drainant les regards des passants il est étourdi par son pouvoir
III. au volant d’une voiture volée un soir il se plante dans un fossé ne peut pas rentrer fonce dormir à l’UCJG étourdi par la honte
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IV. Les deux professionnels arrivent pour exécuter leur tâche avec la solennité appropriée le type latin est jeune un apprenti dans le métier ils montent à l’étage on attend tous les trois
engourdis et réticents à observer leur labeur trois corps descendent l’escalier elle dans le sac la civière sort il hurle et hurle un son entendu peut-être par un voisin comme de quelqu’un qu’on torture
V. On s’est assis au pied du lit il était 4h du matin j’avais froid « Ça te dérange si je ferme la fenêtre ? » Lui, plutôt que moi y est allé, expliquant « Elle avait toujours besoin d’un courant d’air » c’était ok de la fermer : la chose-à-nommer était partie À ce moment précis j’ai dû claquer ce bagage culturel pour de bon 41
VI. Il n’a pas perdu de temps a courtisé la première jupe a mis en jeu vite fait un synopsis du besoin
a bu des litres de Dekuyper brandy parfumé cerise a inondé la maison s’est cramponné au chat a amadoué sa fille s’est assis tout seul en groupe tout seul en groupe a parlé et parlé a joué le Trio en Si bémol majeur de Schubert a sangloté a hurlé l’année est passée
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VII. Les doigts épaissis et enraidis il sort sa clarinette l’embouchure perdue avec ses poumons à elle Mozart titube « Papi, c’est quoi un prêtre ? » court-circuité vers le réel de l’enfant sans blessure « Un prêtre c’est quelqu’un… qui parle pour Dieu » « C’est pas possible il doit inventer » de nouveau en selle… quelque chose lâche
VIII. Ce visage ravagé par la guerre ces tics futiles et cette charpente pliée quel puzzle on commence dans l’abandon parental les passions anciennes et tout ça une chose à l’écart lui sa vie irréfléchie n’a pas évolué depuis les joies originelles des siens
IX. Le sang-froid d’une sœur qui masque la colère avec la raison le fardeau de savoir nos jeux à jamais faits lui tout leste avec ses secrets quelque part dedans une mue vengeresse Sébastien, Jekyll, Wilde, et Hyde les rubriques de sagesse profondeur, unicité sacrifice, amour bonté de Rousseau la dignité étouffe l’ouvrier qui cherche le remède rusé de la rédemption
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et rien de moins que l’exorcisme si seulement sinon
la pitié ne peut s’enseigner et la compassion ?
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Pour George Sugarman
Tu vivais tout seul à l’étage du dessus lit-mezzanine, poêle échelle, vieux bureau carré deux-par-quatre, serre-joints et des choses en bois poncées, collées, poncées de nouveau et soudain un jour elles explosent bleu ! rouge ! jaune ! Tu mangeais ta baguette française et fromage sur papier journal étalé sur le bureau tu arrachais la mie (que cette visiteuse grignotait) préférais la croûte suçotais tes cigarettes et ton café d’encre le pot d’aluminium prêt pour la journée Peut-être tu m’aimais c’était difficile à dire le travail quotidien était tout c’est ce que j’aimais c’était mon école les choses funestes échappaient au cursus sous-entendus doutes, haut-fond
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mélodrames tués dans l’œuf balayés du revers de la main Faire de L’Art était la seule mesure « Je pourrais dégager à tout moment » lancé sans fioriture autour de la soupe de Walker’s grognant et souriant tu m’as regardée simplement défiant toute réponse Faisant ton deuil je fais le deuil pour cette fille qui grimpait ton escalier et grignotait ton pain qui pensait qu’elle pourrait vivre ton dévouement de moine sans répercussion J’entends ton rire sec “DONC… c’est ça l’histoire »
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Sans titre
Une femme de 90 ans marche 5000 kilomètres pour la réforme des campagnes électorales Un garçon de 6 ans tire sur une fille de 6 ans abattue Une de ces personnes peut-être deux ne regardera jamais en arrière
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