Beaux-art :: décembre 2022 :: Serendip & Paon

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À l’origine

Gaëtan Chevrier

Etendard de l’économie capitalisme de la fin du 20e siècle, Hong-Kong est tout autant intrigante que perturbante, interrogeant les manières dont les hommes établissent leurs milieux de vie.

La cité-état, qu’elle a longtemps constitué, a été façonnée par la géographie du capitalisme mondial. Colonie britannique pendant 150 ans, rétrocédée à la Chine en 1997 en préservant un statut de région administrative spéciale censé fonctionner jusqu’en 2047 sous l’adage du système imaginé par Deng Xiaoping « un pays, deux états », elle est aujourd’hui la proie d’un tiraillement géopolitique pour lequelles hommes et leurs libertés sont mis à rude épreuve.

À l’origine est un regard sur une ville, dépassant son identité complexe pour mieux interroger les rapports qu’entretiennent l’homme et la nature.

couverture provisoire

Sur La Crête éditions À l’origine / Gaëtan Chevrier 2
À l’origine

À l’origine

Photographies / Gaëtan Chevrier

Fiction / Anthony Poiraudeau

Texte critique / Maëlle Tessier

Coordination éditoriale et conception graphique / Sur la Crête éditions

35 €

ISBN : 978-2-9559747-9-7

Couverture avec toilage et embossage. Reliure à la suisse

Largeur (cm) : 21 Hauteur (cm) : 33 Nombre de page : 112 Parution : septembre 2022 Tirage : 400 exemplaires

Gaëtan Chevrier, designer de formation, appréhende la photographie en autodidacte et se perfectionne au travers de workshops à Paris et à Arles. Il développe sa propre activité de photographe indépendant depuis 2006. Sa pratique artistique porte sur la représentation du paysage et sa transformation par l’homme. Parallèlement, il mène un travail de commande auprès des acteurs de l’architecture et de l’urbanisme en proposant une approche sensible et humaine des espaces construits ou en devenir.

Maëlle Tessier se situe à la croisée de la recherche, la pratique et l’enseignement de l’architecture : Architecte praticienne et co-gérante de l’agence tact architectes à Nantes, Professeure à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Nantes de Théorie et Pratique de la Conception Architecturale et Urbaine, Docteure en histoire de l’architecture contemporaine depuis 2012 et engagée dans une HDR au sein du laboratoire GERPHAU depuis début 2018.

Anthony Poiraudeau a fait des études d’histoire de l’art qui l’ont conduit à Paris et à un enviable poste de réceptionniste-standardiste bilingue. Rêvant ensuite d’ailleurs, il est revenu vivre dans sa région natale, à Nantes, où il se voyait vivre de sa chasse dans les bois, ce que son végétarisme, une urbanisation insoupçonnée du secteur et les exigences de confort de son chat ont contrarié. Amateur de voyages en train, de chefs-lieux et de fromage, il est aussi professeur de littérature et d’écriture à l’école des beaux-arts de ClermontFerrand. Il a publié deux livres aux éditions Inculte – Projet el Pocero (2013) et Churchill, Manitoba (2017) – et participe aux revues La moitié du fourbi et 303.

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[…]

En botanique, un habitat naturel est constitué de deux entités : le biotope, ensemble des éléments physiques et chimiques d’un milieu et la biocénose, ensemble des êtres vivants et des liens vitaux qu’ils entretiennent entre eux.

L’habitat existe parce qu’il met en lien.

Et nous, nous n’existons qu’en relation, nos habitats en sont le support, ils permettent les interactions et les échanges, de l’effleurement à la persistance.

[…]

Maëlle Tessier / ‘‘ (Im)plantations ’’ extrait du texte critique accompagnant les images du livre À l’origine

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Faire état du déjà-là, ne plus fabriquer à partir de l’effacement, prendre acte de ce qui est, faire à partir de ces milliers d’infrastructures, de tunnels, de voiles de béton, de trajectoires de réseaux, de creusements et de ramifications, d’étagements superposés en sortant de ces décennies qui ont détruit et arasé pour reconstruire à partir du vide ; c’est ainsi que se joue l’à-venir de nos mondes habités.

[…]

Maëlle Tessier / ‘‘ (Im)plantations ’’ extrait du texte critique accompagnant les images du livre À l’origine

[…]

Sur La Crête éditions www.editionsurlacrete.com

L’artiste espagnol Jesús Cisneros conçoit ici une fiction dessinée à la forme iné dite, et revisite l’imaginaire allemand de l’entre-deux guerre, associé à George Grosz, Otto Dix, Kurt Weill ou Hanns Eisler. Construit en plusieurs chapitres re latant la création d’un spectacle d’avant-garde qui sera censuré par les nazis, Orfeo Lunar nous parle d’une époque, peut-être trop semblable à la nôtre, où le monstre cher à Bertolt Brecht émergeait du ventre de la bête. Ce livre est aussi l’occasion de découvrir le travail incroyable de Jesús Cisneros, illustrateur nourri d’art populaire et d’art brut, au travers d’une galerie de per sonnages fantasmagoriques.

Orfeo Lunar
Jesus Cisneros Isbn : 978-2-902565-18-4 1200 exemplaires Sortie : septembre 2022 14€ ----

Nicole Schweizer (éd.) Sarah Margnetti. Sintonia

Maîtrisant la technique du trompe-l’œil, Sarah Margnetti a développé un style pictural qui com bine illusions d’optique et motifs abstraits, qu’elle déploie principalement en peintures murales monumen-tales, parfois sur toile. Les motifs convoqués dans ses œuvres représentent des frag ments de corps, le plus souvent féminins, dont la fonction est parfois détournée (une oreille devient un corps, un corps un cerveau, etc.) ou démulti pliée. Ils surgissent ou se fondent dans des élé ments d’architecture ou d’ameublement tirés du monde du théâtre – rideaux, balustrades, fau teuils, etc.

Parmi les organes sensoriels, l’oreille est un motif récurrent : elle disparaît dans les nœuds du bois d’un décor en trompe-l’œil, pro longe l’ornement d’une cheminée, se métamor phose en palette d’artiste ou prend la place des yeux. La pratique de l’artiste semble ainsi valo riser l’écoute plutôt que la parole ou la vision, jouant et déjouant les motifs traditionnels de l’histoire de l’art, celui du corps féminin plus particulièrement.

— EN LIBRAIRIE EN FRANCE/BELGIQUE LE 4 NOVEMBRE 2022 — COLLECTION CAT. MONOGRAPHIES
MONOGRAPHIE ART&FICTION

format 21 x 27 cm, env. 140 pages isbn 978-2-88964-039-3 chf 35 / euro 28

genre monographie sujets abordés peinture, peinture murale, trompe-l’œil

textes de Camilla Paolino langues fr./ang.

Oreilles, rideaux,

Caryatides Peintures murales éphémères Trompe-l’œil...

ENTRE ILLUSIONS D’OPTIQUE ET MOTIFS ABSTRAIT, UNE RICHE ET FASCINANTE PREMIÈRE MONOGRAPHIE CONSACRÉE À SARAH MARGNETTI

© Valerianne Poidevin

———Sarah Margnetti (née en 1983, vit et travaille à Bruxelles) est titulaire d’un Bachelor en Arts Visuels de l’École cantonale d’art de Lausanne / ECAL (2005-2009) et d’un Master en Arts Visuels HES-SO, Work.Master de la Haute École d’Art et de Design / HEAD – Genève (2013 – 2015). Elle a éga lement suivi une formation technique à l’Institut Van der Kelen-Logelain à Bruxelles, l’une des pre mières écoles dédiées à l’étude de la peinture décorative. Elle est la lauréate du Prix culturel Manor Vaud (2022) et du Swiss Art Awards (2018). Son travail a été présenté à l’international, entre autres au Commun, Genève ; CAN, Neuchâtel ; La Villa du Parc, Annemasse ; Last Tango, Zurich ; SALTS, Bâle ; Stems Gallery, Bruxelles. ———

NICOLE SCHWEIZER (ÉD.) | SARAH MARGNETTI. SINTONIA EXTRAITS
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Fotoromanza — Le Commun, Genève, 2021
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Bibliothèque (Trompe-l’œil library), 2021, (détails)
NICOLE SCHWEIZER (ÉD.) | SARAH MARGNETTI. SINTONIA EXTRAITS
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Window Caryatids, 2021 Inner Space, 2021 Cavity, 2021 Someone said that the world’s a stage — Grimm Gallery, New York, 2021
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A Plotless horror Movie — Museum Kurhaus Kleve, Clèves, 2021 Hideout, 2021
NICOLE SCHWEIZER (ÉD.) | SARAH MARGNETTI. SINTONIA EXTRAITS
47 46 Intertwined/Deconstructed Furniture, 2021, (détails) 48
La psychologie des serrures — CAN Centre d’Art Neuchâtel, 2020
NICOLE SCHWEIZER (ÉD.) | SARAH MARGNETTI. SINTONIA EXTRAITS
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Caryatids, 2019 Le Songe— Espace Moss, Brussels, 2019 Véranda — La Villa du Parc, Annemasse, 2019 A Glimpse Behind, 2019

éditions Burn~Août

PARUTIONS DÉCEMBRE 2022 - MARS 2023 FICHE PRÉSENTATION

Positions d’éditeurices n°5 : Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent-iels résoudre ?

éditions Burn~Août

DESCRIPTION DE Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent-ils résoudre ?

Quels problèmes les artistes/éditeurices peuvent-ils résoudre ? est la traduction d’un livret de 52 de pages publié chez Half Letter Press, une maison d’édition indépendante fondée par Marc Fischer et Brett Bloom et est le fruit d’une collaboration entre Temporary Services et PrintRoom. Dans cette publication, 17 artistes/éditeurices internationaux·ales sont invité·es à répondre à la question suivante : «En pensant localement, régionalement, nationalement et internationalement : quels sont les problèmes sociaux, politiques, économiques et écologiques que les artistes/éditeu rices sont en mesure d’aborder ou de résoudre grâce à leurs connaissances, leurs compétences et leurs ressources ?». La publication se construit autour de ces 17 réponses, qui sont autant de témoi gnages de ces pratiques éditoriales singulières.

Chacun de ces textes est comme un outils pour repenser la production et la circulation des formes imprimées. Les traduire de l’anglais vers le français, c’est permettre la diffusion de ces outils dans la scène locale et partager des pratiques éditoriales qui se posent la question de leurs avenirs. Avec les textes de :

Josh MacPhee (Brooklyn, NY) justseeds.org/artist/joshmacphee

Eric Von Baynes (Chicago, IL) instagram.corn/flatlands_press

Tim Devin (Somerville, MA) timdevin.com

Journal oi Aesthetics and Protest (Leipzig) joaap.org

Booklyn (Brooklyn, NY) booklyn.org

Press Press (Baltimore, MD) presspress.info

Llano del Rio Collective (Los Angeles, CA) ldrg. wordpress.com

Thick Press (Washington D.C. / Los Angeles, CA) thickpress.com

Alex Arzt (Oakland, CA) alexarzt.com AND Publishing (London) andpublishing.org

Jan Steinbach: Edition Taube, MATERIAL (Zurich/ Munich) edcat.net editiontaube.de antoine lefebvre editions (Paris) antoinelefebvre.net

Simon Worthington (Berlin) hpg.io metamute.org

Onomatopee (Eindhoven)onomatopee.net

Hardworking Goodlooking (Rotterdam/ Manilla) officeocd.com

Nina Prader / Lady Liberty Press (Berlin/ Vienna) lady libertypress.org

Eleanor Vonne Brown (London) bokship.org el-x.org

À PROPOS DE PRINTROOM ET TEMPORARY SERVICES

PrintRoom est un espace de présentation et une boutique dédiée aux publications d’artistes basée à Rotterdam. Depuis 2012, PrintRoom gère un espace de travail de pochoirs risographiques où les artistes, designers et autres personnes intéressées peuvent participer à des ateliers ou imprimer leurs propres projets. PrintRoom a débuté en 2003 sous la forme d’une collection itinérante et croissante de publications d’artistes. En 2010, l’initiative a acquis une adresse fixe à Rotterdam (Schietbaans traat 17), où elle est devenue un centre dynamique de promotion et de vente de publications d’ar-

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tistes, de designers et de petits éditeurs du monde entier. La collection de PrintRoom est composée d’une grande variété de supports : des publications en couleur au design soigné aux petits flipbooks, en passant par les zines photocopiés. L’espace accueille des conférences, des présentations, des lancements de livres et des ateliers qui explorent les stratégies artistiques de l’édition indépendante. Temporary Services est composé de Brett Bloom et Marc Fischer. Ils sont respectivement basés à Auburn (IN) et à Chicago (IL). La structure existe depuis 1998. La maison d’édition et la boutique en ligne Half Letter Press, fondées en 2008, découlent de cette structure qui produit aussi des exposi tions, des événements, des projets et des publications.

PRÉSENTATION DE LA COLLECTION

Positions d’éditeurices est une collection, dont l’objectif, et de réunir un ensemble de paroles et d’at titudes diverses d’éditeurices indépendant·es vis-à-vis de l’édition. Autant de prises de position qui sont des outils théoriques et critiques sur la production et la circulation des formes imprimées et les communautés qu’elles composent. Nous cherchons par là à dresser le paysage idéologique des pratiques qui nous entourent et de nous y insérer par la mise en pratique de ce qu’elles proposent.

Positions d’éditeurices se déploie à travers des tracts gratuits que nous imprimons et diffusons. Actuel lement, nous avons traduit et publié :

-Marc Fischer : Vers un modèle rentable pour une maison d’édition autonome

-Chris Kraus & Sylvère Lotringer : L’histoire de Semiotext(e), Sylvère Lotringer raconte ses rêves à Chris Kraus. Chaque tract est imprimé en risographie sur du papier recyclé non blanchi, du Cyclus Offset. À ce jour, plus de 5000 exemplaires de chaque tract ont été disséminés gratuitement.

À la rentrée rejoindront la collection :

Romain Pereira : Filouterie

-Felipe Ehrenberg : Équilibrer la balance, la pédagogie de la coopération

-Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent-ils résoudre de Marc Fischer ?

CARACTÉRISTIQUES TECHNIQUES

Format fini : 119,38 * 190,5

Format ouvert : 238,76 * 190,5

Papier couverture : Cyclus offset non couché 190g

Papier corps intérieur : Cyclus offset non couché 100g

Impression : 1 couleur recto/verso (1 pantone Warm Red U)

+ou - 68 g l’exemplaire

Façonnage : Piqure à cheval deux agrafes

ISBN : 9782493534026

Prix de vente : 5€

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Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent-ils résoudre ?

Nous avons invité dix-sept artistes éditeurices à répondre à la question suivante : « En réfléchissant aux échelles locale, régionale, nationale et internationale, quels sont les problèmes sociétaux, politiques, économiques et écologiques que les artistes éditeur·ices sont équipé·es à aborder et à résoudre en utilisant leurs connaissances, leurs compétences et leurs ressources ? » Temporary

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Services / PrintRoom (traduction par Yann Trividic)

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TRADUCTION EN COURS, PAR YANN TRIVIDIC Temporary Services

Cette édition est le résultat d’un effort commun entre PrintRoom (à Rotterdam) et Temporary Ser vices (à Auburn dans l’Indiana et à Chicago). Nous avons demandé à des artistes éditeur·ices basé·es aux États-Unis, en Europe et aux Philippines de réfléchir sur l’importance de l’édition indépendante à notre époque. Nous les avons invité·es à se questionner sur les forces de leur pratique, sur les défis qu’elle soulève et sur la manière dont iels contribuent à la vie de leur communauté. Cette compilation a été imaginée durant notre résidence à PrintRoom en juillet 2018. Nous l’avons faite pour accompagner un fonds de bibliothèque appelé la Self-Reliance Library (SRL) que nous alimentons depuis près d’une dizaine d’années.

La SRL est une bibliothèque constituée de plus de cent livres, pensée pour lire et pour créer en au tonomie. C’est une collection de livres anciens et d’ouvrages de référence que Temporary Services a trouvés inspirants alors que nous menions nos vies et nos propres projets. Elle regroupe aussi de nou veaux livres que nous commençons à peine à connaître. La SRL contient des titres récemment publiés encore disponibles en librairie, ainsi que des livres épuisés que vous pouvez trouver dans des biblio thèques publiques ou sur le marché de l’occasion. Cela inclut quelques-unes de nos propres éditions. La bibliothèque est pensée pour provoquer le·a lecteur·ice, pour encourager une relation plus pro fonde avec l’environnement naturel et humain que nous partageons tous·tes. Elle a été imaginée pour résoudre des problèmes artistiques, ou pour suggérer des directions originales pour différentes pratiques créatives. La plupart de ces livres comprend une forte dimension visuelle et permet une approche accessible pour le partage des connaissances. Un PDF du livret sur la SRL, ainsi que beau coup d’autres, peut être trouvé ici : https://temporaryservices.org/served/publishing-2/.

Ce livret est notre 118e titre. Alors que nous continuons d’exposer notre travail en tant que Tem porary Services, il devient de plus en plus fréquent que nous nous déplacions d’un évènement dédié aux livres d’artistes à un autre, plaçant ainsi directement nos éditions entre les mains des lecteur·ices. Nous avons passé beaucoup plus de temps à parler aux gens lorsque nous visitions des villes pour des salons du livre que lorsque nous installions notre travail dans des espaces d’exposition. Nous avons rencontré beaucoup d’autres éditeur·ices, artistes, écrivain·es, lecteur·ices, libraires et activistes à ces évènements, et nous essayons de rester en contact avec elleux. Souvent, nous nous retrouvons dans d’autres salons ; ce sont des amitiés qui se créent et se développent au fur et à mesure des années. Nous avons rencontré Karin de Jong de PrintRoom pour la première fois il y a quelques années à la New York Art Book Fair. Nous sommes enthousiastes à l’idée d’enfin collaborer à un projet en semble, et de faire le lancement chez elle, à Rotterdam. Certaines des personnes qui ont contribué à ce livret sont depuis longtemps des amies ; pour d’autres, nous venons tout juste de faire leur connaissance dans des contextes similaires. Karin a aussi intégré au projet quelques éditeur·ices que nous ne connaissions pas au préalable. Nous sommes excités de partager leurs travaux et leurs idées avec vous.

Nous sommes encore en train de prendre conscience de l’étendue des possibles concernant les ma nières par lesquelles nous pourrions récolter les contributions d’autres personnes de cette communauté d’éditeur·ices hautement indépendante. Ce livret peut être vu comme l’étape d’un processus de création collaborative, de support mutuel, de résilience pour le futur – un futur qui semble toujours plus incertain. Comme à chaque fois, merci de lire nos travaux, et merci de les soutenir.

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Josh MacPhee

Je veux écrire un grand statement à propos du pouvoir de l’auto-édition. Mais énormément de ce qui est intéressant avec l’auto-édition est son manque de grandiosité. De plus en plus d’aspects de la culture sont dirigés vers des évènements ayant lieu dans des stades, ou des spectacles avec plein de lasers ; peut-être que l’aspect le plus remarquable de l’auto-édition est sa faible échelle. C’est une échelle qui permet l’expérimentation. Je peux imprimer cent livrets, et si je ne peux pas les vendre, je vais certainement me sentir mal, mais ça ne va pas couler mon affaire ou mon désir de continuer à publier. Même si je crois qu’il y a d’immenses bénéfices à devenir expert·e à une tâche, c’est aussi plaisant quand un·e individu·e ou un petit groupe peut devenir simultanément un·e auteur·ice-édi teur·ice-artiste-designer-imprimeur·euse. Le découpage de ces rôles délimités peut faciliter la ré partition entre d’autres positions dans la société, comme celle de l’auteur·ice, de l’éditeur·ice et du lectorat. Cela ouvre la possibilité à de nouvelles formes de relations entre ces rôles, pas simplement de manière abstraite, mais avec chaque acteur·ice spécifique dans chaque projet spécifique.

Eric Von Haynes

« Le monde l’ayant déçu, il s’en était bâti un. » – Jedediah Leland dans Citizen Kane (1941) J’ai écrit ça dans mon journal Book of Lies vers 2006. Ça a résonné en moi en tant qu’artiste et en tant que citoyen, et cette citation est devenue la pierre angulaire de mon manifeste pour l’auto-édition. Je fais ce que je veux, quand je veux. Mon studio, Flatlands, est consacré principalement à la risographie, qui est efficace tant en énergie qu’en temps, et qui utilise des encres à base d’huile de soja. Ainsi, je suis capable de pratiquer une forme relativement écologique d’impression. Je peux créer des monotypes de cactus pour un·e artiste britannique et, en même temps, imprimer des affiches pour des jeunes à risque de North Lawndale (à Chicago). De fait, la production de livres et leur publication sont en eux-mêmes des actes commu nautaires : il est possible de renforcer n’importe quelle communauté en matérialisant des pensées et des images dans un format qui peut être manipulé, que l’on peut faire circuler et auquel il est possible de se référer. Prendre part à ce processus est très gratifiant, et parce que je prends en compte les défis relatifs à un budget serré, je suis capable de travailler avec une grande variété de groupes socio-économiques. Ma pratique est profondément inspirée par les interventionnistes, donc j’utilise mes com pétences et mon médium pour publier des points de vue subversifs. C’est une époque intéressante pour les personnes pratiquant l’auto-édition. Nous sommes actuellement inondés dans un monde virtuel de médias, donc le livre, le vaisseau de papier, est en train de redevenir précieux. Malgré la prolifération des brouhahas virtuels et des inepties, malgré la médiocrité des médias populaires, les gens sont à la recherche d’authenticité. C’est ça le créneau que j’occupe. On a tendance à imaginer que les journalistes et les écrivain·es sont des personnes à part, ordonnées par des diplômes et des accréditations, racontant les histoires les plus importantes, rapportant les « news ». Mais ce n’est presque plus vrai. Je me souviens de la période après l’élection d’Obama, alors que les médias populaires mettaient en avant des constructions sociales comme le terme « post-ra cial ». Je savais alors que je devais élever ma voix, apporter du dissensus à cette conversation. Voici où nous en sommes neuf ans plus tard : post-racialisme n’est plus un mot de la langue vernaculaire du MAINTENANT. Au cours des quelques dernières années, il est devenu encore plus important que je puisse m’exprimer sans aucune retenue. Et plus les médias sont devenus des feux de poubelle,

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plus cela a renforcé ma facilité à me créer un modèle contraire à la réalité. L’auto-édition m’apporte une plateforme, et en retour, je peux amplifier d’autres voix de ma communauté, tant à l’échelle lo cale que globale. Je n’ai besoin de la permission de personne – je peux documenter mes expériences et les partager à travers mon propre prisme. Pour mon travail personnel, je gravite autour d’artistes qui m’inspirent et qui me font me surpasser. L’une des qualités critiques que je recherche chez les artistes avec lesquel·les je collabore est l’aptitude à voir loin ; pas simplement ce qui est possible sur le court terme. Bien que la beauté de l’auto-édition réside dans son immédiateté, sa faculté à docu menter le MAINTENANT alors qu’il est encore intact et valable, elle me permet aussi l’opportunité de contribuer à la conservation des savoirs en laissant un objet tangible à contempler pour une per sonne future. Alors même que j’écris ce texte, je commémore le 97e anniversaire du bombardement du Wall Street noir en 1921, à la suite de l’Été rouge de 1919 ; deux évènements majeurs de l’histoire américaine dont la plupart des citoyen·nes ne savent absolument rien. À chaque fois que je publie un livre, j’exerce mon droit à la liberté d’expression, mon droit de manifester, et je rends hommage à mes ancêtres. Ce n’est pas un exercice de vanité.

Tim Devin

Je suis fan des livres édités par l’édition indépendante en général, mais là j’aimerais parler d’un sous-sous-sous-genre qui compte beaucoup pour moi (et auquel j’ai essayé de contribuer durant ces quelques dernières années). Ce type de livres explore et documente les alternatives possibles qui ont été menées par des groupes radicaux par le passé pour aborder la politique et la vie quotidienne. Qu’y a-t-il de passionnant là-dedans ? Eh bien, l’un des problèmes avec les mouvements populaires et les groupes radicaux est que leurs histoires sont rapidement oubliées. Cela signifie que seulement un nombre limité de personnes peut apprendre de leurs succès ou de leurs échecs. Cela signifie aussi que les idées et les méthodes qui pourraient profiter aux gens dans des situations similaires ne sont pas disponibles à la demande. Je pense que c’est l’endroit où nous autres, éditeur·ices indépendant·es, nous sommes avéré·es utiles au cours d’un certain nombre de ces dernières décennies : en explorant ces idées marginales jetées aux oubliettes, et en leur donnant une nouvelle audience.

Ces jours-ci, l’Interference Archive est probablement le projet qui rencontre le plus de réussite à cela, via sa collection Documents – mais j’ai récemment eu d’autres coups de cœur, comme le livre remarquablement imprimé d’Eberhardt Press, Jane: Documents from Chicago’s Clandestine Abortion Ser vice, 1968-1973 ; le journal autonome de Miriam Wasser, PILGRIMS: 50 Years of Anti-Nuclear Mass: An Oral History ; et le zine miniature de Leslie James Pickering sur les environnementalistes radicaux des années quatre-vingt, The Evan Mecham Eco Terrorist International Conspiracy.

Chacun de ces titres s’aventure auprès d’un mouvement populaire radical méconnu ; ils résument des idées, fournissent du contexte, et parfois même essayent de tirer des leçons pour aujourd’hui. Étant donné l’important virage à droite des États-Unis, des livres comme ceux-là (et les idées qu’ils renferment) sont relativement importants.

(Pour ma part, j’ai essayé de contribuer à ce genre avec mes livrets pour Free the Future Press : What Are You Raising Them for? réexamine les techniques d’éducation parentale de la contre-culture des années soixante-dix, et Mapping Out Utopia consiste en un survol en trois parties de la contre-culture de la région de Boston à la même époque.)

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D’autres éditeur·ices contribuent à cette conversation en réimprimant des documents originaux de mouvements passés. Certains des travaux qui se sont démarqués pour moi récemment sont les réim pressions par Gato Negro Ediciones de Statement, édité originellement par un groupe de féministes noires et lesbiennes appelé le Combahee River Collective ; la réimpression du livre de Fu-Kiau et Lukondo-Wamba, Kindezi: The Kôngo Art of Babysitting par Black Classic Press ; et la réimpression de Trying to Make the Personal Political: Feminism and Consciousness-Raising par Half Letter Press. Cha cune de ces réimpressions comporte d’importantes analyses ainsi que des idées pour aller de l’avant en changeant sa propre vie. Leurs messages sont très importants et très actuels aujourd’hui. Il est difficile d’imaginer Harcourt ou Random House sortir ce genre de choses – ce qui veut dire que c’est aux petites maisons d’édition de rediffuser ces idées. Actuellement, nous vivons à une époque qui a besoin d’inspiration, de recul, et de toute une panoplie d’alternatives – je pense que c’est pour quoi on voit davantage de ces livres maintenant. Malheureusement, le réseau de distribution actuel est assez limité, alors j’espère que cet intérêt mènera à une meilleure distribution pour ce type de livres. Soit ça, soit un bouleversement social massif et radical qui rendrait les messages contenus dans ces livres totalement insignifiants. Soit l’un, soit l’autre.

Journal of Aesthetics and Protest Réflexions sur une Self-Reliance Library

La nuit dernière, j’ai dormi dans l’établissement d’hébergement le plus hospitalier qu’on puisse ima giner, une auberge très peu chère située dans un espace dédié à un projet politique, duquel elle fait aussi partie. Cela fait quelques mois maintenant que j’habite à Berlin, mais jusqu’à présent, je n’avais pas eu l’impression d’avoir quelconque contrôle sur ce que c’est que d’être ici sans ressentir de l’anxiété – depuis quelques temps j’ai des soucis à gérer. Certains sont personnels (argent, relations, boulots, questions professionnelles) mais d’autres problèmes sont d’ordre politique. Comme beaucoup, je m’inquiète de la montée du racisme et du nationalisme, qui rivalise avec la menace du réchauffement climatique. Je les considère comme les deux faces d’une même pièce. J’ai passé l’après-midi à aller à vélo à des évènements auxquels je ne vais pas d’habitude, pour finalement décider de passer la nuit dans ce lieu aux usages que je ne connaissais pas encore. Avec ma tête posée sur mon oreiller, dans cette chambre d’auberge de huit lits, j’ai réalisé que j’étais en train de dormir à côté d’un total inconnu. Il était allé se coucher avant moi, avant même que j’aie la chance de voir son visage et, alors que m’endormais vers la vulnérabilité, j’ai réalisé que j’aurais à lui faire confiance, à faire confiance à l’auberge, et plus généralement à croire en une certaine bienveillance du monde. Heureusement pour ma tendance à faire confiance aux gens, j’ai apprécié me balader dans la ville ce soir-là ; j’avais même eu un problème avec le vélo, mais je reçus de bons conseils d’un passant pour le résoudre. Récemment, j’ai lu beaucoup de textes sur la philosophie politique et j’ai été frappé de voir comment, même au commencement de la philosophie politique occidentale (les travaux d’Aristote ont plus de deux mille ans), il y a un effort qui est fait pour aborder la question des inégalités. Un des fils rouges que l’on retrouve tout au long de l’histoire de la philosophie consiste en un effort à penser au-delà des a priori de ce que cela signifie que de gouverner les riches ET les pauvres, les hommes libres ET les esclaves. Les premières solutions, et la majorité de celles qui suivirent, sont des façons d’articuler comment la classe dominante et les personnes qu’elle dirige peuvent sentir qu’elles tirent avantage du maintien du statu quo. Cela sert, évidemment, de justification pour les inégalités.

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En vieillissant, je constate de plus en plus au combien le monde de l’art et le monde du pouvoir semblent contraints par celleux qui maîtrisent l’art du pouvoir. Le mot « sembler » est choisi sciem ment, car ailleurs, d’autres manières d’être, d’autres rythmes, continuent d’exister malgré tout. J’ai rêvé d’une manière d’être qui était définie en dehors du politique et du pouvoir, un rapport au monde qui n’était pas dominé par une force si singulière et si violente. Il y a deux images dans ma tête qui constituent ce rêve dans cette chambre partagée – l’une d’elle s’est construite sur une impression que j’avais durant ma balade à vélo du jour-même ; c’était la conscientisation du fait que les inconnu·es considéraient les autres avec attention, sans que personne ne le relève. La seconde image venait d’un rêve qui précéda celui-ci et sur lequel je suis à présent en train d’écrire. Dans ce premier rêve, j’étais assis, envieux, alors que je regardais quelqu’un que je connaissais agir comme un soignant auprès d’autres personnes.

À travers l’impression d’une idée quelconque, on peut voir grandir les variations de la compréhen sion de celle-ci par les autres.

En plus d’être intimement engagée dans l’impression des mots, des idées et des problèmes de com munautés directement aux prises avec des luttes politiques importantes, il arrive que des mots et des images, à l’instar du temps, s’installent dans des lieux surprenants et par des manières surpre nantes. Les gens ordinaires n’ont pas les mots, ni le temps, d’articuler les choses comme le font les philosophes, les artistes ou les président·es, même si comme tout le monde, leurs affinités et leurs tendances sont informées par ce qui s’installe autour d’elleux. Je ne suis pas en position d’agir sur ces savoirs à grande échelle, mais je crois profondément qu’il est pertinent de considérer et de repro duire les pensées de mon groupe d’ami·es et de collègues. Collage fait à partir d’un magazine que j’ai ramassé sur la table du train de banlieue, plus précisément à partir des pages du magazine de la compagnie du train en question. Ce numéro avait plusieurs cou vertures dédiées à l’équipe d’Allemagne de football. Les flûtes de pan andines ne peuvent être jouées qu’en duo, avec les deux joueurs utilisant chacun un instrument légèrement différent. Ces flûtes ne doivent être utilisées que durant la saison sèche.

Richard Lee / Booklyn

Faire des zines a pendant longtemps été considéré comme un acte démocratique et artisanal, une pratique qui requiert peu de connaissances préalables en art, voire aucune. Formes libres, imagina tion pure, les zines et les concepteur·ices de zines inventent un forum mouvant où un ensemble de parutions peuvent être envisagées, développées, et même recréées. New York accueille un riche vi vier d’artistes formé·es au storytelling, au design, aux techniques d’impression, et qui voient les zines comme une méthode pour expérimenter avec leur pratique sans limites commerciales ou artistiques.

Pendant les six dernières années de ma vie, et durant la majeure partie de ma vingtaine, j’ai été un curateur de zines pour Booklyn Inc., une alliance d’artistes basée à Brooklyn et qui représente des artistes travaillant avec le papier comme support. Notre mission est de valoriser et d’apporter une crédibilité aux artistes qui créent, matérialisent, et existent à la marge du monde de l’art convention nel new-yorkais. Ce qui va suivre sont quelques-unes des observations que j’ai faites durant ma vie dans les tranchées.

Ville d’histoires, New York a une tradition de perzines vivaces menés par des créateur·ices innovant·es qui ont su se maintenir toutes ces années. Ces zines ont valeur de trésor anthropologique

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pour cette ville si souvent dominée par l’éphémère et les effets associés à la gentrification. Des exemples évidents qui me sautent à l’esprit sont The East Village Inky d’Ayun Halliday, qui parle de maternité et de vie de famille. Fidèle à cet ethos DIY, Ayun écrit ses zines à la main et les imprime à la photocopieuse. Bar Scrawl, de Bill Roundy, est un zine léger et humoristique créé par un dessinateur racontant son exploration des différents bars de New York (principalement à Brooklyn). Les aven tures de Bill le « bartoonist » l’ont amené à constituer une impressionnante liste d’adresses (près de deux cents), dont une belle poignée d’entre elles a fermé depuis qu’il a entamé son projet au début des années 2010. Le meilleur exemple qui me vient à l’esprit est la collection PEOPs de cette squatteuse de Lower East Side, Fly, devenue à présent une star comique de l’édition indépendante. Chaque page de PEOPs se concentre sur un·e individu·e que Fly a rencontré·e durant ses voyages ou grâce à son important réseau d’ami·es internationaux·ales. Elle dessine le visage de chaque sujet et écrit à la main l’histoire orale de l’interview derrière le portrait. Le contenu de ces histoires orales est varié, allant de la narration de leur rencontre à l’anecdote biographique, le tout constituant un ensemble spontané, entre texte et portrait.

Alors que la scène new-yorkaise du zine a longtemps été considérée comme un véhicule pour les his toires de l’underground, la ville est aussi devenue une source intarissable pour les zines et les ephemera à propos des créateur·ices s’identifiant comme personnes racisées, quelle que soit leur position sur le spectre ou leur génération. Cette observation est redevenue réalité avec le regain des guerres culturelles suite aux élections de 2016. Les vieilles guerres culturelles, qui étaient traditionnellement définies par la dichotomie gauche/droite, ont été supplantées par l’émergence de groupes de per sonnes racisées et LGBTQIA qui cherchent à laisser leur propre trace, écrire leur propre histoire, en faisant – et non pas en collectant – leurs propres prints. Aujourd’hui, les personnes s’identifiant comme latinx à New York et dans le New Jersey constituent une présence importante sur la scène du zine, en organisant leurs propres évènements, avec des distros qui vendent et représentent d’autres personnes racisées créatrices de zines. Un exemple de ce type de collectif qui vient à l’esprit est The Bettys (à Jersey City) et Mujeristas Collective (à New York). Un autre collectif pouvant être listé dans cette catégorie est le Deadass Tho NYC qui est un collectif d’artistes racisé·es basé dans le Bronx et qui sort des zines à propos de la vie dans le Boogie Down. Même s’ils sont principalement visuels, les zines de Deadass représentent une collection soigneusement assemblée d’histoires sur la vraie vie contées par des textes, des photographies et d’autres types d’images imprimées.

Un autre constat que l’on peut faire des zines de New York est qu’ils sont un objet unique en leur genre, en cela que leur relation à l’espace peut être comprise comme l’étape d’un cycle. Les inters tices spatiaux leur permettant de se développer disparaissent rapidement du fait de la hausse des loyers et des pressions liées à la surveillance. À cause de leur nature décentralisée, les zines ont une relation intéressante avec les espaces DIY de la ville. Premièrement, le DIY à New York est un mi lieu si précaire que la plupart des personnes qui gèrent ces lieux organisent aussi des concerts, leur assurant ainsi des revenus fixes. Les collections alternatives de zines en particulier sont en train de devenir une rareté à cause de l’hypermarchandisation de l’immobilier. Les collections de zines, ou les librairies de zines (pas ceux dans les librairies académiques ou dans les grandes librairies) sont parmi les premières victimes quand un lieu dédié au DIY ferme ou doit se relocaliser. Un exemple de ce genre de cas de figure que j’ai suivi avec beaucoup d’intérêt est la relocalisation de la ABC No Rio Zine Library en 2017. En dépit du fait que ABC No Rio ait fermé pour rénovations en 2016, ses zines furent méticuleusement transférés carton par carton de l’autre côté de la rue, dans ce fameux lieu faisant office d’espace culturel et de galerie, le Clemente Soto Velez Center.

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Bien que ce ne soit pas un constat final, ce paragraphe rend compte des propriétés uniques des zines comme forme d’art éphémère. Les évènements liés aux zines sont de plus en plus nombreux, pas seulement à New York, mais dans le monde entier. La raison à cela est que les zines sont en train de devenir plus accessibles qu’ils ne l’ont jamais été, et en retour, des évènements artistiques plus larges s’approprient eux aussi cette pratique. Premièrement, les compétences et le travail investis dans la création de zines comme le façonnage, le collage numérique et l’impression se reposent de plus en plus sur les technologies, et ainsi gagnent en rapidité. Deuxièmement, Internet, et en particulier Instagram, sont utilisés comme des forums immenses pour les concepteur·ices de zines solitaires, les collections de zines et les collectifs d’artistes afin de communiquer et de collaborer avec efficacité et sérieux. Les zines, malgré que leurs racines soient ancrées dans le collage et le bricolage, sont entrés dans les programmes éducatifs conventionnels en permettant d’initier un lectorat plus jeune et plus passionné à l’expression artistique. À New York, les grands évènements exclusivement réservés aux zines, comme le regretté Brooklyn Zine Fest, nécessitent une logistique et un budget énormes pour être menés à bien. À la place, les organisateur·ices se concentrent sur des évènements de taille petite à moyenne qui ont lieu annuellement ou sur des périodes bien définies comme le Pete’s Mini-Zine Fest, le Paper Jam et le Paper Jazz de Silent Barn. À New York, les zines ont traditionnellement été considérés par les artistes visuel·les comme des outils pour expérimenter avec leur pratique. Les or ganisateur·ices d’évènements le prennent en compte et permettent une certaine flexibilité, en accep tant aussi dans leurs évènements des personnes produisant des livres d’artistes, des illustrateur·ices et des dessinateur·ices indépendant·es.

La scène new-yorkaise du zine est un environnement riche, qui permet autant aux artistes qu’aux amateur·ices de s’exprimer et de prendre part à une grande communauté fondée sur la narration et le partage. Des anecdotes de PEOPs sur le squat à Lower East Side aux pages de Deadass Tho sur comment commander un sandwich, les zines de New York constituent une collection des dialogues de l’undeground qui fait l’histoire de la ville, et donne du pouvoir à ses habitant·es et à ses artistes.

Press Press

Imaginer des coalitions pour publier : l’approche collaborative de Press Press En 2014, mes collaborateur·ices et moi avons initié un partenariat avec le Refugee Youth Project3 du collège communautaire de Baltimore, une organisation qui organise des cours du soir pour les jeunes de Baltimore. Au travers de ce partenariat, nous avons commencé à donner des ateliers d’écriture, d’arts plastiques et d’édition dans un espace exclusivement réservé aux immigré·es et aux réfugié·es, où tout le monde dans la salle parlait l’anglais comme langue seconde. Lorsque nous avons commencé à publier les travaux de nos collaborateur·ices, nous avons réalisé que nous devions donner un nom à notre initiative ; et donc, Press Press est né. Depuis, Press Press a étendu ses activités au-delà des programmes destinés aux jeunes. Cependant, nos ateliers pour les jeunes ont continué de prendre une large portion de notre pratique, car nous continuons de croire en les principes qui ont motivé tout notre travail : accueillir la différence, pas simplement la similarité ; s’engager dans un dialogue continu et ouvert ; soutenir l’émergence de projets collaboratifs ; et mettre l’accent sur l’importance de l’expérience personnelle.

Aujourd’hui, la pratique éditoriale de Press Press est organisée autour de deux objectifs clés : premiè rement, transformer et approfondir la compréhension d’opinions, d’identités et de discours qui ont

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été opprimés ou dénaturés par la société dominante, jusqu’à présent concentrés aux États-Unis sur l’immigration et sur le concept de race ; et deuxièmement, de construire des réseaux de personnes grâce à des pratiques éditoriales centrées sur l’autoreprésentation et le rassemblement. En comprenant l’édition comme l’action de rassembler un public, les activités de Press Press incluent l’organi sation de programmes culturels, un atelier d’édition en libre accès basé sur une économie d’échange, des ateliers d’édition pour les jeunes, et la production en continu d’imprimés et d’éditions numé riques. Via nos projets, nous militons pour une culture qui valorise et apprend des vies, des esprits et des expériences des communautés dont les voix sont connues pour être opprimées ou dénaturées par la société dominante, tout en appelant notre société plus largement à repenser la manière dont nous interagissons avec les autres dans le monde.

L’un des aspects les plus importants de notre travail est l’approche collaborative que nous mettons en œuvre en publiant. Nous sommes capables de proposer des ateliers collaboratifs, des conversations et des manifestes qui ont du sens. La raison à cela tient en nos aptitudes à travailler en prenant du recul, à réagir à ce qui se passe autour de nous, et à modeler collaborativement les différentes formes et structures que nos projets génèrent à partir des personnes impliquées. Nous privilégions toujours le processus par rapport au résultat, car nous estimons les relations qui se forment entre nous, les collaborateur·ices, comme une part centrale de notre travail. En agissant comme modèle pour un délicat processus collaboratif, Press Press propose l’exemple d’une utopie alternative aux systèmes et aux espaces qui ne structurent que trop notre réalité actuelle. Nous vous invitons à vous joindre à nous dans nos efforts, en venant à l’un des évènements que nous organisons à notre atelier, en par ticipant à l’un de nos projets en cours, ou en nous contactant pour dire salut ! Kimi Hanauer Fondatrice et éditrice-en-chef de Press Press

Llano del Rio Collective

Nous sommes l’Underground / Où sont les Undergrounds ? Internet crée de nouvelles opportunités pour les voix dissidentes / Internet crée moins d’opportu nités pour les voix dissidentes. L’Underground et un lieu regorgeant d’idées et de vie à l’ère numérique / Internet écrase toute ac tivité quel que soit le medium.

À l’exception du spectacle, il y a toujours une place pour l’opposition et le pouvoir / La société n’est pas prête pour la communication au XXIe siècle. L’édition est un medium adapté à l’organisation des XIXe et XXe siècles. Les modèles efficaces d’organisation sociale accompagnant les médias contem porains n’existent pas encore. La communication a supplanté l’organisation sociale. Les outils indé pendants de communication pour le progrès social sont des outils inefficaces, voire ridicules. Le print n’est pas encore mort / Le print n’est pas encore mort.

Thick Press

Parce que notre maison d’édition est toute neuve, on crée comme on pense. (Mais sérieux, qui ne fait pas ça ?)

Nous, Erin et Julie, une travailleuse sociale et une graphiste, nous sommes rapprochées autour d’un

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problème contre lequel Erin luttait depuis plusieurs années. Ça donne quelque chose de ce genre : les personnes dans les pays occidentaux impliquées dans le care et la justice se sentent quelques fois dépassées et aliénées par des catégories étroites (c’est-à-dire néolibérales) [« écart de réussite » ; « prévention contre l’obésité » ; « intervention préventive »] dans lesquelles la bonne manière de faire consiste simplement à résoudre un problème, POINT FINAL. Cette pulsion à résoudre les problèmes est inquiétante car elle remplace la générosité par l’austérité et l’efficacité. Elle remplace l’expérience vécue. Elle noie les possibilités de dénouements inattendus qui émergent du dialogue. Elle privilégie souvent les idées liées au progrès qui blessent les indivi du·es et la planète. (Nous, par contre, on meurt d’envie de privilégier l’amour et le care !) [Joyeux·se Doux·ce Démuni·e Défait·e Rageur·euse Enjoué·e Sympathique Impuissant·e Ennuyé·e Outragé·e Comblé·e Adoré·e Rejeté·e Hostile Fier·ère Aimant·e Méfiant·e Désillusionné·e Amer·ère Satisfait·e Réceptif·ve Suspicieux·se Inférieur·e Reconnaissant·e Excité·e Intéressé·e Prudent·e Confus·e Méprisant·e Amusé·e]

La bonne nouvelle, c’est qu’il y a maintenant plein d’opportunités pour étudier et exposer les ma nières que le racisme, le validisme, l’hétéropatriarcat, le capitalisme et le colonialisme utilisent pour faire passer des personnes pour des problèmes, et des injustices pour des symptômes. Dans cette veine, les activistes, les chercheur·euses et les artistes font un travail merveilleux. Mais ce travail peut sembler déconnecté des actions que les personnes exécutent au quotidien alors qu’elles prennent soin d’autrui, réclament justice, et construisent leur communauté.

C’est pourquoi nous avons monté Thick Press, et c’est là que l’édition d’artistes entre en jeu. (Pour info, on ne se considère pas comme étant des artistes éditrices – simplement comme des personnes qui tirent leur inspiration de l’art et du design pour concevoir leurs livres.)

S’inspirer de l’art et du design nous fait nous sentir moins contraintes par les canons justifiant de la légitimité, ou non, d’une publication. Nous ne ressentons pas la pression de gagner des tonnes d’argent, d’atteindre un large public, ou de diagnostiquer et de traiter des problèmes (sauf pour le problème d’être obsédé·e par les problèmes !)

Moins nous nous inquiétons à propos de la rentabilité et de la production, plus grande est notre latitude à assumer des projets qui sont pertinents pour leur intérêt propre. Nous nous heurtons au monde dans lequel nous vivons, mais cela fait partie de notre pratique – et les livres que nous pro duisons deviennent les artefacts d’un ethos passionné et guidé par notre méthode. (Le contenu a son importance, mais pas autant qu’on le pensait au début.)

Nous avons l’intuition (pensée magique ?) qu’un grand pouvoir réside dans la matérialité des livres. N’êtes-vous pas d’accord que les livres sont des espaces d’engagement profond, prêts à générer du dialogue et de l’introspection ? C’est pourquoi nous espérons que des livres merveilleux peuvent nourrir les gens qui se sentent aliéné·es ou dépassé·es par l’ethos de la résolution de problème. (Sou venez-vous, on meurt d’envie de privilégier l’amour et le care !)

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QUATRIÈME DE COUVERTURE

PrintRoom

PrintRoom est un espace de présentation et de vente basé à Rotterdam, et dédié aux éditions d’artistes. Depuis 2012, PrintRoom gère un atelier de risographie où artistes, designers et autres cu rieux·ses peuvent prendre part à des workshops ou imprimer leurs propres projets.

PrintRoom est né en 2003 à partir d’une collection itinérante, encore en développement, d’éditions d’artistes. En 2010, l’initiative se dota d’une adresse fixe à Rotterdam (au 17 Schietbaanstraat), où elle devint une plateforme palpitante pour promouvoir et vendre des éditions faites par des artistes, des designers et des éditeur·ices de partout dans le monde. La collection PrintRoom comprend divers types de documents allant de l’édition en couleur savoureusement conçue au modeste flipbook ou au zine photocopié. L’espace accueille des discussions, des présentations, des lancements de livre et des workshops qui questionnent les méthodes des artistes de l’édition indépendante.

PrintRoom Schietbaanstraat 17 3014 ZV Rotterdam Pays-Bas www.printroom.org

Temporary Services

Temporary Services est composé de Brett Bloom et de Marc Fischer. Nous sommes basés à Auburn (dans l’Indiana) et à Chicago (dans l’Illinois). Nous existons, bien qu’il y eut plusieurs changements d’équipe et de structure, depuis 1998. En 2008, nous avons fondé les éditions et la boutique en ligne Half Letter Press. Nous produisons des expositions, des évènements, des projets et des éditions. La distinction entre une pratique artistique et d’autres projets créatifs menés par des humains n’est pas pertinente pour nous.

Temporary Services P.O. Box 121012 Chicago, IL, 60612 États-Unis www.temporaryservices.org www.halfletterpress.com

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Oui. C’est bien. Portrait de Delphine Reist

Une artiste majeure de la scène contemporaine suisse par une des voix les plus originales du monde littéraire genevois !

Rencontrer Delphine Reist

Oui. C’est bien. Faire un inventaire Oui. Parce que quand on rentre dans son atelier ou dans ses expositions, tu vois, on a l’impression d’arri ver parfois dans une quincail lerie

Une quincaillerie de la fin du monde où l’huile des bidons n’arrête raient plus de couler où les tronçonneuses marcheraient toute seule dans leur vitrine où les bottes de chantier nous siffleraient des ordres Une quincaillerie où les outils sont des personnages J’étais à Dunkerque l’autre jour avec elle elle me faisait une liste virtuelle de sa prochaine expo sition et je me suis dit que j’allais faire un inventaire. Partir de tous ces objets pour raconter Delphine Reist pour raconter son travail pour raconter le travail pour raconter le chantier et comme tout fout le camp, là, juste là dehors les vraquiers plein de céréales, de minerais, de La pression dans les usines, les ateliers, les Raconter les boucles, les répétitions, les aliénations Oui. Comme tout fout le camp. Oui. On va faire ça.

genre portrait littéraire rayon littérature thèmes portrait, vie d’artiste, art contemporain, suisse

collection Portraits format 13,5 x 20 cm, 96 pages, broché isbn 978-2-88964-044-7 prix CHF 18,50 / € 14,50

PARUTION : 2 DÉCEMBRE 2022
PORTRAIT LITTÉRAIRE 66 art&fiction 7

Delphine Reist est une artiste suisse qui vit et travaille à Genève. Lauréate du Swiss Art Award et du Prix de la Fondation Irène Reymond, plusieurs expositions per sonnelles lui ont été consacrées, notamment au Centre d’Art Pasquart de Bienne, au MAMCO à Genève, et au centre Fri Art de Fribourg. Son œuvre est présente dans de nombreuses collections publiques telles que : Centre Pompidou, Paris ; les FRAC Rhône-Alpes, Normandie, Occitanie et Limousin ; Musée d’art du Valais ; Kunst museum Olten. Delphine Reist a enseigné à l’Ecole des Beaux Arts de Lyon et poursuit actuellement son ensei gnement à la HEAD.

Julie Gilbert, qui a grandi en France et au Mexique, est une scénariste et auteure suisse. Elle écrit pour le ciné ma, essentiellement avec le réalisateur Frédéric Choffat. Ensemble, ils ont mené plusieurs projets, dont les longs métrages La Vraie vie est ailleurs en 2006 et Mangrove en 2011 (tous deux en sélection officielle au Festival de film de Locarno). En parallèle, Julie Gilbert enseigne l’initia tion à l’écriture de scénario à la HEAD à Genève. Elle écrit également pour le théâtre. La question de l’exil et de l’identité traverse l’ensemble de ses travaux filmiques, théâtraux ou performatifs.

L’actualité de Delphine Reist

11.06 au 31.12 2022 exposition Vrac Multivrac, FRAC de Dunkerque, curatée par le Centre Culturel Suisse de Paris 18.11 au 16.12 2022 lecture et performance, Bibliothèque sonore des femmes, Dunkerque 17.09 2022 au 29.01 2023 exposition au Cent quatre, Paris

J U l IE G I l BERT | O UI . C’ E s T BIEN PORTRAIT LITTÉRAIRE
© Olivier Christinat
Je reste plutôt avec le mot truande Que femme Je reste avec toi tirant à la carabine Toi maniant la bétonne Toi fonctionnalisant le réel Prenant toujours une tangente joyeuse
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Halles d’Alstom à Grenoble Supermarchés désaffectés Usine Kalinin à Tallinn en Estonie Zone industrielle Nordbahnhof à Stuttgart Abattoirs à Toulouse, Nice, Macao, Genève Chantier naval à Dunkerque

À Dunkerque, la première fois que je suis venue, j’ai pris un vélo. Je suis restée dix jours. Les distances sont plus éprouvantes qu’ailleurs. Il y a le vent. Le vent de la mer. Et il y a plein d’eau partout. Tu passes ton temps à faire des détours. J’avais demandé à quelqu’un de me faire une visite de la ville. Puis après ce qui m’intéresse, c’est de regarder ce qui traîne dans la rue, dans les poubelles. Je suis aussi allée voir les coopératives de pêcheurs. J’ai entendu l’histoire des dockers. Les grèves.

Je me suis intéressée aux outils hors de proportion pour les gros bateaux. A la situation géographique de Dunkerque. C’est ici que les

OUI C’EST BIEN

En fait ça commence comme ça Par un lieu Ça commence par un endroit C’est comme ça que ça commence Par un lieu désaffecté

Arrêté

Les machines inertes Les portes cadenassées Du mobilier abandonné Des plannings déchirés au mur Des traces d’huile au sol Un lieu de travail Mais fermé Mais fini Mais délocalisé Ça commence comme ça Usines de sardines au Portugal

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premiers fruits exotiques et les perroquets sont arrivés. La nouveauté est entrée en France par ce port. Au début, c’est comme ça, il y a plein de choses qui m’excitent, puis je laisse tomber certaines pistes.

C’est le lieu qui est le point de départ Ça commence là Ça vient juste de fermer Ou pas Ça vient juste de finir Ou pas On sent encore l’odeur de l’essence Ou du sang Ou pas On entend encore le bruit de la machine Ou les présences Mais tout est vide C’est fini

L’entreprise C’est fini L’usine C’est fini Le bureau C’est fini La manutention C’est fini Il reste les murs

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Il reste les chaises Il reste le sifflet du contremaître C’est ça le point de départ Oui c’est ça Après la pleine production Le plein emploi Le grand projet

L’effondrement industriel L’effondrement

On a cru que ça ne s’arrêterait jamais On a cru qu’on n’arrêterait jamais de produire On a cru qu’on construisait pour toujours Cathédrales de béton Tôles Hangars Ponts roulants Poutres d’acier Et maintenant les ruines contiennent leur propre discours Elles produisent leur propre histoire Et leur utopie Et leur futur

Donc ça commence par un lieu Un lieu hors norme Trop grand Trop sale Ça commence là Dans la fascination fascination fascination fascination

Dans l’impossibilité de s’attaquer au lieu Parce qu’il est trop grand Ça commence là Avec les restes Les traces Avec l’ossature Le squelette La chair a disparu On a cru C’est notre croyance qui reste Et les corps sont au placard Les corps sont rangés Les corps Les corps Sont quelque part d’autre En fait tu es comme une archéologue du présent Non. Pas archéologue. J’ai un rapport mou aux éléments Alors ce serait plutôt comme une déambulation Comme un rapport au hasard À la rencontre

Les objets sont des signes Pas de systématique Pas d’étiquetage Pas de schème Mais une forme de nonchalance Oui, je me sens assez nonchalante dans mon rapport aux objets Pour ces lieux qui n’ont plus d’affectation Pour ce qui est déchu Une forme de curiosité joyeuse aussi Pour ces lieux désaffectés

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J U l IE G I l BERT | O UI . C’ E s T BIEN PORTRAIT LITTÉRAIRE
OUI C’EST BIEN
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Matthieu Mégevand

Horizons. Portrait de Philippe Fretz

Comment trouver sa place ? Comment habiter sa vie ? C’est à partir de ces questions-là, si fondamentales, que Matthieu Mégevand brosse son portrait du peintre Philippe Fretz. Et c’est à une rencontre heureuse que nous invite l’écrivain.

On est jeté au monde sans l’avoir choisi, et la question, la seule question au fond qui vaille dès lors c’est : comment vais-je bien pouvoir habiter la vie ? de quoi vais-je remplir cet immense vide, ce gouffre béant qui constitue l’exis tence ? On ne fait pas vrai ment de choix. On tente, on tâtonne, on trouve soudain dans la nuit une prise, on s’y accroche ; enfant, Philippe Fretz a joué avec des plots dans la lumière finissante d’un jour d’été. Il a senti qu’il y avait là un sens, quelque chose qui pouvait le remplir. Il s’y est accroché. Donner du sens : bricoler, créer des structures, habiller le blanc de formes et de couleurs. Se trouver des compagnons - Joyce, Nerval, Jésus, Balthus, Dante. Philippe Fretz devient peintre, et c’est un acte de foi.

La collection Portraits Qui sont les créateurs et les créatrices d’images au jourd’hui en Suisse ? Comment comprendre leurs par cours dans le foisonnement des propositions et des discours ? La Collection Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les ré unir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond. Dans la diversité des pra tiques artistiques, la Collection Portraits veut confier à la littérature et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contempo rain·e, en associant à des textes courts un corpus d’il lustrations riche et inédit. Elle souhaite enfin apporter une contribution au renouvellement des genres du por trait littéraire et du portrait d’artiste, dans la plus grande liberté de ton. Le premier volume de cette collection est un portrait du peintre et graveur Philippe Fretz par l’écrivain Matthieu Mégevand. Ironie du sort : ils sont tous les deux éditeurs.

genre portrait littéraire rayon littérature thèmes portrait, vie d’artiste, art contemporain, suisse livres connexes Entre les vies de Giorgio Vasari (publié à Florence en 1550), Sundborn ou les jours de lumière de Philippe Delerm (Gallimard, 1998)

collection Portraits format 13,5 x 20 cm, 96 pages, broché isbn 978-2-88964-036-2 prix CHF 18,50 / € 14,50

PARUTION : 2 DÉCEMBRE 2022
Portrait de Philippe Fretz Matthieu Mégevand Matthieu Mégevand HORIZONS Portrait de Philippe Fretz
PORTRAIT LITTÉRAIRE art&fiction 3
art&fiction

Matthieu Mégevand, né en 1983, est écrivain. Il est di recteur éditorial du domaine « spiritualité » aux éditions Bayard. Il a piloté à Genève les éditions Labor et Fides de 2015 à 2022. En 2011 paraît à L’Âge d’Homme son premier roman Les Deux Aveugles de Jéricho, qui reçoit le Prix de la Société littéraire de Genève. En 2018 est publié chez Flammarion La bonne vie, roman inspiré de la vie du poète Roger Gilbert-Lecomte. L’ouvrage est lauréat du Prix Pittard de l’Andelyn et du Roman des Romands. En 2019, son Lautrec, Prix Grands Destins Le Parisien, constitue le deuxième volet d’une trilogie romanesque consacrée à trois artistes disparus prématurément (un écrivain, un peintre, un musicien) et qui s’achève en 2021 par Tout ce qui est beau, un portrait émouvant de Mozart.

Philippe Fretz, né en 1969, obtient son diplôme de l’Ecole supérieure d’arts visuels de Genève en 1992. Il bénéficie d’une bourse Kiefer-Hablitzel durant trois années consécutives de 1996 à 1999, période durant la quelle il vit et travaille à Marseille. Il effectue ensuite un séjour de deux ans aux Etats-Unis, où il peint et enseigne à la Waring School de Boston. Il est lauréat de la bourse Alice Bailly en 2002, et de celle du Aargauer Kuratorium en 2014 et 2017. Il exerce également depuis une vingtaine d’années une activité d’auteur et d’éditeur et co-dirige la collection Sonar chez art&fiction. Depuis 2014, il se consacre à un vaste chantier pictural autour de Dante, sous le titre de Divine Chromatie.

M ATT h IEU M É g E v AND | hORI z ON s PORTRAIT LITTÉRAIRE
© Olivier Christinat
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Il parle encore de l’horizon et l’on croirait presque voir les vagues moutonner au loin, les mouettes virevolter dans le ciel, les voiliers s’éloigner dans le soleil.

Qui sont les créateurs et les créatrices d’images aujourd’hui en Suisse  ? Comment comprendre leurs parcours dans le foi sonnement des propositions et des discours ? La Collection Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les réunir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond. Dans la diversité des pratiques artistiques, la Collection Portraits veut confier à la littérature et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contem porain·e, en associant à des textes courts un corpus d’illus trations riche et inédit. Elle souhaite enfin apporter une contribution au renouvellement des genres du portrait lit téraire et du portrait d’artiste, dans la plus grande liberté de ton. Qui sont les créateurs et les créatrices d’images aujourd’hui en Suisse ? Comment comprendre leurs parcours dans le foisonnement des propositions et des discours ? La Collection Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les réunir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond. Dans la diversité des pratiques artistiques, la Collection Portraits veut confier à la littérature et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contemporain·e, en associant à des textes courts un corpus d’illustrations riche et inédit.

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vers le lointain

littéraire et du portrait d’artiste, dans la plus grande liberté de ton. Qui sont les créateurs et les créatrices d’images aujourd’hui en Suisse ? Comment comprendre leurs parcours dans le foisonnement des propositions et des discours ? La Qui sont les créateurs et les créatrices d’images aujourd’hui en Suisse ? Comment comprendre leurs parcours dans le foi sonnement des propositions et des discours ? La Collection Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les réunir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond.

UN NIVEAU D’INTERTITRE

Dans la diversité des pratiques artistiques, la Collection Portraits veut confier à la littérature et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contemporain·e, en associant à des textes courts un corpus d’illustrations riche et inédit. Elle sou haite enfin apporter une contribution au renouvellement des genres du portrait littéraire et du portrait d’artiste, dans la plus grande liberté de ton. Qui sont les créateurs et les créatrices d’images aujourd’hui en Suisse ? Comment comprendre leurs parcours dans le foisonnement des pro positions et des discours ? La Collection Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les réunir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond. Dans la diversité des pratiques artistiques, la Collection Portraits veut confier à la littéra ture et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contemporain·e, en associant à des textes courts un corpus d’illustrations riche et inédit.

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Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les réunir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond. Dans la diversité des pratiques artistiques, la Collection Portraits veut confier à la littérature et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contem porain·e, en associant à des textes courts un corpus d’illus trations riche et inédit. Elle souhaite enfin apporter une contribution au renouvellement des genres du portrait lit téraire et du portrait d’artiste, dans la plus grande liberté de ton. Qui sont les créateurs et les créatrices d’images aujourd’hui en Suisse ? Comment comprendre leurs parcours dans le foisonnement des propositions et des discours ? La Collection Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les réunir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond. Dans la diversité des pratiques artistiques, la Collection Portraits veut confier à la littérature et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contemporain·e, en associant à des textes courts un corpus d’illustrations riche et inédit • Ill. 00

Comment comprendre leurs parcours dans le foi sonnement des propositions et des discours ? La Collection

Portraits invite des écrivain·es à dresser le portrait d’un·e artiste. Elle cherche à les réunir autour des oeuvres, dans leur lieu de création, et à instaurer un dialogue fécond. Dans la diversité des pratiques artistiques, la Collection

Portraits veut confier à la littérature et à ses formes variées la mission de rendre accessible au public la figure de l’artiste contemporain·e, en associant à des textes courts un corpus d’illustrations riche et inédit. Elle souhaite enfin apporter une contribution au renouvellement des genres du portrait

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Naço INTUITION

Marcelo Joulia

Éditions Imbernon/Syndicat Empire

LE SUJET

Créer, voyager, dessiner, construire : c’est l’ADN du bouillonnant architecte et designer Marcelo Joulia. Chassé de son pays, l’Argentine, par le coup d’État militaire en 1976 il a puisé dans ce traumatisme personnel la force des grands bâtisseurs. Depuis trente ans, il a fait de son agence Naço « intuition » en guarani , le laboratoire d’une architecture globale et inventive qui décloisonne les genres et les métiers, mêlant les savoirs, les arts et les parcours. N’appartenant à aucune école, farouchement attaché à son indépendance et à sa liberté, il a imaginé un espace de création unique dont le savoir faire et la rigueur s’épanouissent aussi bien dans l’univers du luxe que dans celui de la mobilité urbaine ou des grands projets architecturaux. Aventurier insatiable, il s’intéresse à tout, immeubles de grande envergure, design, mobilier, vélos, bateaux, et ne s’interdit rien. Sa passion : travailler en équipe, faire se rencontrer des talents pour imaginer des mondes. Épicurien, gourmand, généreux, passionné d’art et de gastronomie, Marcelo Joulia invente des lieux à son image, uniques et accueillants, toujours dynamiques.

Ce livre retrace la vision d’un homme et d’une agence qui a su s’entourer des meilleurs pour continuer à faire vivre dans le futur une architecture exigeante et iconoclaste.

PUBLIC VISÉ

● Étudiants : en architecture, urbanisme, anthropologie, géographie, etc.

● Professionnels

● Amateurs/Épicuriens

CARACTÉRISTIQUES DE L’OUVRAGE

Code Serendip

Collection

ISBN 978 29 19230 33 4

Format 215 x 320 cm Nbre pages 560

Cartonné, très illustré jaquette faisant office d’affiche Prix 80€

SOMMAIRE

Entretien de Marcelo Joulia par Jérôme Sans Introduction par Vanessa Schneider

SEPTEMBRE 2022

sans limite

JS Comment vous définiriez-vous ? Comment définiriez-vous votre activité ? Marcelo Joulia Je suis un bricoleur, un « faiseur » qui a appris à s’adapter, construire et rebondir à partir de peu de choses. J’aime faire. Depuis très longtemps, j’ai accepté de ne pas être un penseur. Cela ne veut pas dire que je ne réfléchis pas, mais j’aime avant tout l’acte de bâtir, de construire, de souder les choses ensemble.

JS Autrement dit, aimez-vous l’idée qu’autrefois les architectes étaient considérés comme des bâtisseurs ?

MJ Oui, tout à fait. Les architectes étaient considérés comme des bâtisseurs au sens large, qu’il s’agisse de bâtisseurs de cathédrales ou de trulli dans les Pouilles. Le bâti est un tout construit. Je passe beaucoup de temps à réfléchir à un projet, à l’objet, au bâtiment, mais j’apprécie encore plus la réalisation. Les projets qui ne se construisent pas ne m’intéressent pas.

JS Vous êtes architecte, urbaniste, scénographe, designer, graphiste, restaurateur : que répondez-vous à ceux qui s’interrogent sur votre éclectisme ? Que signifie cette somme hétéroclite de projets ?

MJ Je suis même allé jusqu’à fabriquer des jus de pommes, produire des légumes frais, concevoir des vélos et bien d’autres choses encore ! Au premier regard, cette diversité de projets peut sembler très hétérogène, mais entre l’architecture et la gastronomie ou les autres champs dont vous parlez, j’ai la conviction qu’il existe une cohérence et de multiples connexions et passerelles.

JS Vous êtes né en Argentine, mais votre grand-père était Aveyronnais. Vous êtes arrivé en 1976 en France après le coup d’état en Argentine. Quelle est votre relation avec la France ?

MJ Mes premières années en France furent en tout point inoubliables. Plusieurs images ont marqué mon arrivée à Paris en 1976. J’avais alors seulement dix-sept ans. Ma première impression fut celle de l’expérience de l’aéroport Paris-Charles de Gaulle dessiné par Paul Andreu conçu en 1967 et mis en service depuis 1974. C’est un bâtiment extrêmement futuriste, que l’on surnommait « le camembert », qui vous place dans un état de transit, d’entre-deux, de voyage quasi poétique vers le futur, connu pour ses passerelles en tubes transparents avec ses tapis roulants qui se croisent dans le vide, du centre du bâtiment sous une fontaine. Nous venions de quitter notre pays natal avec ma sœur et nous ne savions rien de ce qui nous attendait. Nous ne parlions pas un mot de français. Très angoissés, nous laissions sortir les gens de l’avion qui se vidait progressivement. Puis, une fois dans l’aéroport, nous nous sommes littéralement perdus. Nous ne savions pas comment sortir. Le plan du terminal en forme circulaire nous plongeait dans un état de confusion : étions-nous arrivés au niveau de la douane ou de la sortie ? Nous sommes peut être resté deux ou trois heures à tourner en rond ainsi. Il nous a finalement fallu suivre d’autres voyageurs pour trouver notre chemin vers l’extérieur. Je me souviens de ces tapis roulants extraordinaires en caoutchouc, au lieu d’être en métal comme c’est souvent le cas aujourd’hui. N’étant pas originaire d’une grande ville comme Buenos Aires, mais d’une petite ville de province, Córdoba j’ai fortement ressenti la puissance du pays qui allait m’accueillir une fois passées les portes de l’avion.

Une seconde image m’a frappé la même année, celle du Centre Georges Pompidou de Renzo Piano et Richard Rogers alors en construction. Son ouverture en 1977 fut un évènement mémorable avec ses 2400 m2 de bibliothèque gratuite ouverte presque « 24 heures sur 24 ». Son accès est plus restreint aujourd’hui, car nous sommes trop nombreux, mais à ses débuts, c’était un endroit absolument fascinant. Un lieu de vie d’une nouvelle génération ouvert à tous.

JS Quel a été votre parcours universitaire à Paris ? Êtes-vous entré immédiatement en école d’architecture ou avez-vous étudié d’autres disciplines ? MJ À mon arrivée à Paris en 1976, j’ai pris conscience que la France était un pays de « spécialistes ». Il y avait de multiples spécialités propres à chaque domaine de santé par exemple et pour toutes les sphères de la société. Immédiatement, j’ai su que je ne serais jamais un spécialiste. Je voulais défendre l’idée que je pouvais toucher à de nombreuses disciplines, sans me fixer de limites.

Dix ans plus tard, j’ai commencé des études d’architecture à l’école nationale d’architecture de la Villette. Auparavant, j’ai étudié le français au Centre universitaire expérimental de Vincennes fondé en 1968. C’était une université résolument expérimentale, un lieu invraisemblable, délirant. J’ai vécu l’effervescence de cet endroit innovant et ouvert sur le monde contemporain, où de nouvelles matières étaient enseignées pour la première fois comme les arts ou l’urbanisme, avec son « souk » dans l’entrée. Tous

L’architecture
Entretien réalisé par Jérôme Sans en juillet 2020

CHAISES PROTOTYPES

Réalisations dans le cadre de séries pour le concours du conseil général de Belfort, France. Coucoumaria

Cuadratura

1989
1992

CLUB MED OYYO

Conception et réalisation du concept complet et direction artistique pour ce club festif destiné aux jeunes, centré sur l’éphémère et le nomade, animé de musique 24h/24. Tunisie.

2000

JEAN AMADO SCULPTEUR

1922-1995

La vie, la pensée, l’œuvre complet

Éditions Imbernon

LE SUJET

Le présent ouvrage propose une approche inédite sur le sculpteur Jean Amado. Bien au delà des contributions déjà existantes et souvent inspirées centrées sur l’esprit des formes il s’agit d’éclairer trois aspects déterminants pour la compréhension en profondeur de l’œuvre sculpté.

Il était important tout d’abord d’établir les rapports entre la vie de l’artiste familiale, professionnelle et sociale son psychisme, ses éveils, ses attachements, ses rencontres, ses étapes et ses détours… et leurs répercussions sur les approches et la fabrique de ses sculptures.

Il était ensuite essentiel de contextualiser une œuvre qui a trop longtemps été considérée comme atypique. Sont établis ici les rapports et les affinités potentielles avec quelques importants courants et sensibilités de la période postmoderne d’après guerre, de « ses réalités nouvelles » : sculpture comme « art constructif », ouverture de la sculpture au paysage, relectures du primitif et des rapports entre culture et nature, nouvelles figurations fantastiques, invention de nouveaux procédés issus de l’utilisation du béton…

Enfin, ces analyses s’accompagnent du catalogue complet de l’œuvre sculpté réalisé pour la première fois et d’un bilan, lui aussi exhaustif, de la fortune critique de l’œuvre.

PUBLIC VISÉ

● Étudiants : en art, sculpture, architecture

● Professionnels artistes/Collectionneurs

● Amateurs/Épicuriens

LES AUTEURS

Claudie Amado, historienne Jean Lucien Bonillo, architecte et historien Alain Paire, journaliste, auteur, critique d’art Ève Roy, historienne de l’art

CARACTÉRISTIQUES DE L’OUVRAGE

SOMMAIRE

Liminaire : L’œuvre au quotidien Claudie Amado Hommage : Lever l’ancre Jean Liberto Andreu

Chapitre 1 : Jean Amado. Biographie. Essais. Fortune critique

1.1 Racines, milieux, fondements Alain Paire Jean Amado et Jo Steenackers, 1922 1951 Claudie Amado La sociabilité à l’œuvre Jean Amado Sur quelques aspects techniques (note encadrée) 1.2 Céramique, sculpture, art urbain Alain Paire De la céramique à la sculpture, 1952 1969 Ève Roy Le sculpteur dans la ville Au pied de la muraille (note encadrée) Rencontre de Jean Amado avec le sculpteur Raoul Jean Moulin

1.3 Artistes. Galeries. Réception Alain Paire Prendre le large, 1970 1985 Jean Lucien Bonillo Jean Amado et les sculpteurs de son temps Jean Amado : réfractaire (note encadrée) Entretien avec Pierre Courcelles

Chapitre 2 : Jean Amado. Catalogue complet de l’œuvre sculpté Claudie Amado Céramiques : 1946 1963 Œuvres identifiées Œuvres détruites Bronzes Multiples Maquettes

Chapitre 3 : Annexes Claudie Amado Biographie résumée Chronologie des expositions et achats Bibliographie et filmographie

NOVEMBRE 2022
Code Serendip Collection ISBN 9782919230365 Format 230 x 300 cm Nbre pages 224 Cartonné, très illustré Prix 45€

Les marchés de l’art

le guide pour monter sa collection

Paul FERLONI

Vous rêvez d’acheter votre première œuvre, voir même de débuter votre collection ? Pas si simple quand on ne connait pas les spécificités du marché de l’art.

Illustrés de cas pratiques concrets, ce livre vous ouvre les portes de ce marché si particulier en évitant les erreurs les plus courantes pour réaliser vos premiers achats en toute sérénité.

En augmentation constante depuis plusieurs années, le marché de l’art attire de plus en plus d’acheteurs, de collectionneurs, mais aussi de simples amateurs.

Pourquoi pas vous ? Ce guide vous aide à faire le premier pas.

Points forts :

• Une parution en décembre pour préparer le cycle des Maison d’enchères des ventes de février-mars.

• Le premier guide pratique du collectionneur d’art à être publié.

Isbn : 978-2-490516-08-76 Prix de vente public : 16,90 euros ttc 144 pages, broché, 15x21 cm

• Un marché d’amateurs d’art et de premiers acheteurs en croissance.

• Des cas pratiques, un lexique et des encarts didactiques.

Auteur

Paul FERLONI évolue depuis plusieurs années dans le milieu des maisons de ventes et des galeries internationales. Dîplomé de l’École du Louvre et de l’École de management Audencia, il est également le fondateur de Libretis, galerie spécialisée dans la vente d’art, principalement sur internet.

SiKiT éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris Distribution/Diffusion : Serendip Livres

d’informations sur
Argumentaire
Plus
: WWW.SIKIT.FR
également disponible en version eBook
WWW.SIKIT.FR

INTRODUCTION

CHAPITRE I — LES MARCHÉS DE L’ART

Les différentes places de marchés et les acteurs Les différents acheteurs Le prix d’une œuvre

CHAPITRE II — OÙ ACHETER/COMMENT ACHETER ?

Le premier marché (Galerie)

Le second marché (Galerie) En salle des ventes (second marché) Les achats en ligne

CHAPITRE III — QUELS SONT LES RISQUES À ÉVITER ?

La question de l’authenticité La question de la plus-value Va-t-on vers une bulle spéculative ?

La TVA

CHAPITRE IV — CONSEILS

L’authenticité en pratique Comment revendre sa collection Transmission et héritage

CHAPITRE V — CAS PRATIQUES

Cas pratique d’un faux Cas pratique de recherche de provenance et de prix Le cas de la rareté versus l’originalité La description des œuvres Cas pratique : œuvre de petits et grands maîtres et provenance Cas pratique : la fiscalité

CONCLUSION

ANNEXES

LEXIQUE DES VENTES AUX ENCHÈRES BIBLIOGRAPHIE

SiKiT éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris

Distribution/Diffusion : Serendip Livres

Sommaire
Argumentaire Les
de l’art WWW SIKIT FR
marchés

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