BEAUX ARTS
AVRIL
C O L L E C T I O N C AT. R E C H E R C H E
ART&FICTION
DESIGN
Simon Boudvin
Bote-tchu & Sèllatte
OI et C///, bote-tchu et sèllatte sont deux types de tabourets. L’un est fait d’une assise ronde O et d’un pied unique I. L’autre d’une assise en demi-lune C et de trois pieds biais ///. Ils s’inscrivent dans un lexique graphique déclinant les variations possibles dans la conception d’un tabouret. Ces deux objets font également partie de la collection déduite d’une enquête photographique, menée par Simon Boudvin, où les tabourets sont relevés dans leur contexte: une ferme où a séjourné le théoricien de l’anarchisme Michel Bakounine, l’hôtel où la Fédération jurassienne a été fondée la même année, une manufacture de montres, une communauté d’artistes, un centre socio-culturel libertaire, et ailleurs encore.
▲ ⫼ =
Du Jura bernois aux montagnes neuchâteloises, Simon Boudvin traverse ici un territoire témoin des luttes que nous raconte l’historienne Marianne Enckell, bibliothécaire et archiviste bénévole au Centre international de recherches sur l’anarchisme (CIRA, Lausanne). Si ce livre reste difficile à classer, il présente néanmoins une idée simple: croiser une spéculation logique qui dénombre toutes les formes primaires de tabourets et une enquête de terrain qui inventorie les modèles existants et les histoires qu’ils portent.
■ ⫻ ⟂
— E N L I B R A I R I E E N F R A N C E / B E LG I Q U E L E 5 AV R I L 2 0 2 2 —
20 x 12,5 cm, 368 pages 978-2-88964-007-2 chf 27 / euro 20 — genre design, livre d'artiste sujets abordés mobilier, artisanat, anarchisme, suisse — co - édition association ABCDEFGHIJKLMNOPQRSTUVWXYZ textes de Marianne Enckell format isbn
et la is o n r e b a r u J le t, Un taboure narchiste a n o ti a is n a g r o e r premiè l’artiste r a p is n u é r le a n o internati Simon Boudvin ... R AUE ET PHOTOG ION GR APHIQ UNE EXPLOR AT IAL APPARENCE TRIV EN ET BJ O N ’U PHIQUE D
———Né en 1979 au Mans (FR), Simon Boudvin a étudié aux Beaux-Arts de Paris dans l’atelier de Giuseppe Penone et à l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Malaquais. Il enseigne depuis 2007 dans diverses écoles, actuellement à l’École nationale supérieure de paysage à Versailles. Son travail émerge à la croisée de ces différents champs, attentif qu’il est aux mutations des territoires parcourus. Simon Boudvin procède tantôt à leur relevé détaillé, tantôt à leur reconstitution, à l’exercice de leur description, à leur photographie. Ses travaux ont été présentés dans différents centres d’art français (La Salle de bains, Lyon, 2010; Les Églises, Chelles, 2011; CREDAC, Ivry, 2012; CRAC Alsace, 2016; MRAC, Sérignan, 2016; Les Capucins, Embrun, 2018; SHED, Notre-Dame-de-Bondeville, 2019) et à l’étranger (FormContent, Londres, 2008; Project Arts Centre, Dublin, 2015; Extra City, Antwerp, 2016; Kunstraum, Düsseldorf, 2016; Foundation Eugénio de Almeida, Evora, 2017; MAC, Montréal, 2017). ———
———Née à Stockholm en 1944 mais établie avec sa famille à Lausanne depuis 1949, Marianne Enckell est la fille de Marie-Christine Mikhaïlo (1916-2004), figure du mouvement libertaire suisse et international, et de Ralph Enckell (19132001), diplomate finlandais. Elle suit des études de sociologie et de politique internationale à l’Université de Genève et à l’Institut universitaire des hautes études internationales. En janvier 1963, Marianne Enckell reprend, avec sa mère, la gestion du Centre international de recherches sur l’anarchisme. Fondé en 1957, le CIRA de Lausanne est la plus grande (par le nombre de documents conservés) bibliothèque spécialisée en Europe dans le domaine de l’anarchisme. Marianne Enckell en assure bénévolement la continuité et le développement jusqu’à aujourd’hui. En plus de la gestion de la bibliothèque et du centre de documentation, Marianne Enckell est éditrice scientifique et participe à de multiples projets de publication. Elle est également traductrice indépendante et a traduit de l’anglais et de l’allemand en français de nombreux ouvrages historiques et littéraires. ———
EXTRAITS
S I M O N B O U DV I N | B OT E -TC H U & S È L L AT T E
Bote-tchu & Sèllatte
Simon Boudvin
Le mobilier forme un langage. Les meubles combinent les différents éléments qui les constituent comme les mots agencent les lettres d’un alphabet. Un tabouret en est l’expression la plus simple. Il est un assemblage d’une assise (⚫, ◡, ▲, ■) de pieds (|, ‖, ⫼, ⫻, ✱, �, �, �, �, �, ✖) et éventuellement de traverses (-, =, ⟂, *, ✕, ﹡, H, ⚬, △, □, ⚫, ▲, ■). Ces composants réduits à des signes permettent l’exploration d’une logique combinatoire : celle qui décline les modèles de tabourets, possibles ou impossibles, connus ou improbables. Parmi les hiéroglyphes de l’antiquité égyptienne, le signe □ se prononce [p]. Il est aussi l’idéogramme pour désigner un tabouret, généralement fabriqué en roseaux. On trouve en Sicile une assise similaire appelée furrizzu. Elle est faite de tiges de férules, empilées et cousues, extrêmement légère et transportée par-delà les vignes et les pâturages. Mais c’est dans le Jura que nous dressons un inventaire des tabourets. En vérifiant leur existence dans les Montagnes, du Locle à Bienne, il apparaît que l’archétype ⚫I appelé botte-cul ou botetchu en patois 1 est utilisé pour la traite des vaches. Adapté à tout type de sol, il permet de se tenir assis dans les prairies en pente ou dans les litières fumeuses des étables. Les sèllattes ◡⫻ sont des tripodes affectés aux sols plus réguliers. Ils intègrent l’intérieur des maisons, face au foyer, à la table de cuisine ou à l’établi. Les montres et horloges exportées aux quatre coins du monde sont alors assemblées dans ces unités domestiques. Travaillant d’abord dans l’isolement de leurs chambres au XIXe siècle, puis collectivement dans les fabriques, les horlogères et horlogers adaptent une vis 4
en bois à leurs assises ⚫ et font du tabouret une pièce mécanique ⚫I* qui leur permet de régler leur hauteur face à l’ouvrage. Soucieuses d’améliorer leur condition de travail et de déployer leurs libertés, les populations militantes du Vallon se regroupent en fédérations et posent les fondations d’une organisation libertaire. Dans ses premiers écrits 2 Charles Fourier cite déjà le peuple du Jura comme exemplaire quand il fait du fromage une richesse collective, fruit du mélange du lait produit par différents élevages, sorti des fruitières coopératives. En 1871, les figures historiques de l’anarchisme les rejoignent à Saint-Imier et saluent leur émancipation. « [N’oubliez pas que] ce fut au sein de la population intelligente, remuante, des Montagnes du Jura que s’élabore ce qui devint plus tard l’anarchisme. Et n’oubliez pas aussi que pour faire la moindre des choses il faut la large part d’un grand mouvement ouvrier. Jamais aucun de nous n’aurait rien fait, si nous n’avions devant nos yeux ce milieu ouvrier, intelligent, pensant, indépendant et dévoué qui s’est formé dans les Montagnes et dans le Vallon. » (P. Kropotkine, 1872) 3 L’enquête photographique réalisée dans le Jura bernois et les Montagnes neuchâteloises documente le contexte dans lequel les tabourets ont été trouvés : une ferme où a séjourné le théoricien Michel Bakounine, l’hôtel où la Fédération jurassienne a été fondée la même année, une entreprise horlogère, une communauté, un centre socioculturel libertaire. L’inventaire devient un prétexte pour visiter les métairies et les ateliers, les pâturages et l’urbanisme horloger, pour marcher sur les traces d’un 5
EXTRAITS
S I M O N B O U DV I N | B OT E -TC H U & S È L L AT T E
mouvement historique et rencontrer celles et ceux qui vivent dans leurs pas et selon leur ouverture d’esprit. Partout les tabourets révèlent les pratiques et les lieux. Anciens ou modernes, meubles alpha, prolétariens et omniprésents, ils assoient les postes de travail dans un confort minimum ou répondent à des besoins domestiques triviaux et s’avèrent être de solides compagnons de vie. 1 2 3
Debout !
Marie-Louise Oberli-Wermeille, Le Djâsaie De Tchie Nos, Glossaire Patois des Franches-Montagnes, Saignelégier, Éditions le Franc-Montagnard, 2006. Charles Fourier, Le Nouveau monde industriel et sociétaire, ou Invention du procédé d’industrie attrayante et naturelle distribuée en séries passionnées, Paris, Bossange, 1830, p. 8. Lettre manuscrite de Pierre Kropotkine à Henri Pindy, fils du communard JeanLouis Pindy, datée du 30 décembre 1904. Bibliothèque de La Chaux-de-Fonds, no MS 40/1 feuillet.
Marianne Enckell
à la mémoire de Maurice Born
6
Assise carrée
Trois pieds inclinés
Deux traverses en T
■ ⫻ ⟂
S I M O N B O U DV I N | B OT E -TC H U & S È L L AT T E
Trois pieds croisés
Deux traverses en Y
EXTRAITS
✱ *
Sonvilier, dans le jardin d’une exploitation agricole, ⚫I neuf, offert et signé par des proches de la fermière pour fêter son installation.
⚫
⚫I
67
S I M O N B O U DV I N | B OT E -TC H U & S È L L AT T E
EXTRAITS
Sonvilier, ferme Sous le Château, où le théoricien de l’anarchisme Michel Bakounine séjourne en 1871 et 1872, botte-cul ou bote-tchu ⚫I à l'assise ⚫ en plastique et au pied I en aluminium de l’actuel propriétaire.
⚫
⚫I
51
Tramelan, ferme de La Chaux, dans l’étable, ⚫I fait d’une assise ⚫ en plastique et d’un pied I en aluminium quotidiennement utilisé pour la traite.
⚫
⚫I
55
revue
n se
n0 4 revue
nu ,
lili, la rozell et le marimba
s
La Criée centre d’art contemporain, Rennes
é
n4 0
La Criée centre d’art contemporain, Rennes
lili, la rozell et le marimba VERNACULAIRE ET CRÉATION CONTEMPORAINE 2019-2022
— 150 pages environ impression pages intérieures noir & blanc couverture couleur français format : 33 × 24 cm prix : 15 € — directrice de la publication : Sophie Kaplan éditeur·rice·s : Lotte Arndt, Baptiste Brun, John Cornu, Jean Roch Bouiller, Katia Kameli, Émilie Renard graphisme : Jocelyn Cottencin, Studio Lieux Communs éditeur : La Criée centre d'art contemporain — diffusion librairies : Paon diffusion distribution : Sérendip
place Honoré Commeurec F – 35000 Rennes www.la-criee.org — La Criée est un équipement culturel de la Ville de Rennes labellisée centre d’art contemporain d’intérêt national. Elle reçoit le soutien du ministère de la Culture - Drac Bretagne, de la région Bretagne et du département Ille-et-Vilaine.
La Criée centre d'art contemporain, Rennes n°4, sortie avril 2022 ISBN 978-2-906890-36-7
Lili, la rozell et le marimba Une Revue en 4 numéros
La revue Lili, la rozell et le marimba (création contemporaine et vernaculaire) accompagne le cycle artistique éponyme qui prend place à La Criée centre d'art contemporain à Rennes de septembre 2019 à août 2022. Ce cycle d'expositions, événements, résidences et recherches interroge les relations entre productions, savoirs locaux et art contemporain. La revue a pour ambition de prolonger et d’élargir les questionnements soulevés par les artistes invité·e·s. La revue rassemble des contributions d’artistes, de penseur·se·s et de chercheur·se·s d’horizons divers. Via des études de cas, des textes théoriques, des interventions artistiques, elle souhaite poser les questions suivantes : - Sous quelles formes la richesse des apports et influences entre arts dits contemporains et arts dits traditionnels (de faire, artisanaux, folkloriques, populaires, bruts, naïfs, etc.), entre modernité et tradition, entre local et global, se décline-t-elle dans la création contemporaine ? - De quelles manières les artistes travaillent-ils aujourd'hui à partir de contextes dit locaux ? - Comment les artistes participent-ils à repenser les liens entre savoir du peuple et savoir savant, entre local et global, entre l’autochtone et l’étranger ? - Comment les récits personnels sont-ils les véhicules de l’Histoire ? Est-on légitime à parler d’une histoire qui n’est pas la sienne ? D’où parle-t-on ? Comment parle‑t-on ?
LE NUMÉRO 4 Pour qui cherche à penser les articulations entre cultures vernaculaires et cultures véhiculaires, entre local et global, entre universalisme et particularisme, entre le je, le nous et les autres, la question de la langue, des langues, revient sans cesse, comme un lieu de croisements et de frictions, comme un lieu source. ll était donc incontournable que de la revue Lili, la rozell et le marimba pratique les langues : les langues maternelles et les langues adoptives, les langues confisquées et les langues dominantes, les langues inventées, les langues chuchotées, les langues mélangées. Ce numéro s'intéresse à leurs circulations, à leurs luttes, à leurs écarts, à leurs écritures, à leurs oralités, à leurs rencontres. Il est composé de conversations (Marianne Mispelaëre avec Sophie Kaplan, Vir Andres Hera avec Minia Biabiani, Jocelyne Dakhlia avec Katia Kameli, Zineb Sedira avec John Cornu et Emma-Charlotte Gobry-Laurencin), de porfolios (Rester. Etranger, Petrit Halilaj, Marianne Mispelaëre, ayoh kre, lettres asilaires) et de promenades à travers langues (Lukian Kergoat, Baptiste Brun).
LE COMITÉ ÉDITORIAL
Lili, la rozell et le marimba / revue n°4
Sophie Kaplan, directice de La Criée centre d'art contemporain et directrice de la publication Lotte Arndt, théoricienne culturelle, auteure et commissaire d'exposition Jean-Roch Bouiller, directeur du musée des beaux-arts de Rennes et ancien responsable de l'art contemporain au Mucem, Marseille Baptiste Brun, historien de l'art et enseignant chercheur à l'université de Rennes 2 John Cornu, artiste et enseignant chercheur à l'université de Rennes 2 Katia Kameli, artiste Émilie Renard, directrice de Bétonsalon - centre d’art et de recherche, Paris
La contribution de la Famille Rester. Étranger Hassan Abdallah, Mohamed Bamba, Nicole Koffi, Barbara Manzetti, Juliette Pollet Sabrina Pennacchietti
Barbara Manzetti : Bonjour et bienvenue dans cette contribution à la revue Lili, la rozell et le marimba. Nous sommes quelques-unes des membres de la Famille Rester. Étranger1 et nous sommes en train d’entrer dans votre langue. Laissez-nous entrer s’il vous plaît. Merci. Nicole Koffi : Goussorgor ha hè songor Aya bi hassègèyi, La famille n’est pas une chose à garder, Zongor ta Ayabicanguè une chose à comprendre, Bi pkanguè nankor à reconstruire. Goussorgor hè songor Aya bi nin lè hèrè. Nous devons vivre dans la famille. Bi san hè Winnin. Minthè torgor bissa n’daon. Nous sommes dans l’œuvre comme un sachet de thé dans l’eau chaude. Gnon san torgor lèn hon yèrèka gnon sè wèkè. La personne qui entre dans l’œuvre devient celle qui l’a écrite. Hèwinnin bi pè bièta biaman ninssi gnon nankor di lè tiè mim hon djagayi. Dans le travail nous sommes toutes les mêmes. Bor bia san hor, pron lè tragone, Homgnow lè ontogone mim mal paki. Nous ne pouvons pas nous asseoir sur une personne considérant cette personne comme une esclave. Boderi lè bonougo kouko. L’ouverture de la porte est le commencement de la maison. Brè tou djilibor ba hou lè fou sacor bila di. Comme un sac de riz qu’on soulève avec la moitié du bras. Tèn lè, driyè lakor, yorgor naga di lè. Gnon ninn han bor placi nin. Rester Étranger déterre et creuse sur deux terres différentes. C’est un pont. La fin de la nuit. Le pied de la maison. Barbara Manzetti : Nicole Koffi entre dans le français métropolitain en compagnie du koulango de Bondoukou qui lui a été transmis par sa mère et du français ivoirien qu’elle a appris sous le joug à l’école de Brayé où son père était instituteur. Brayé est une petite ville de la région de Zanzan au nord-est de la Côte d’Ivoire. Nicole a manuscrit le texte original en koulango sur une bobine de papier pour caisse enregistreuse. Il s’agit de la traduction en deux temps, deux mouvements, d’un passage tortueux de la NOTICE (que vous lirez en tournant les pages). Sabrina Pennacchietti : La NOTICE c’est une cartographie qui permet de nous orienter dans le lexique et les besoins de la famille. Depuis 2017 j’entends Barbara répondre aux mêmes questions, réagir aux mêmes malentendus. La Notice pourrait aider à éclaircir un positionnement. En plus £de participer à la présentation d’une relation à la mémoire qui aspire à concilier l’écriture des sciences sociales et la création littéraire. C’est-à-dire valoriser la relation entre nos recherches géopolitiques, les retentissements des traumatismes, le Droit, la réflexion sur la langue, le témoignage, la narration. Malgré l’impératif dans les tribunaux d’apporter la preuve ou/et de solliciter l’imaginaire des juges, il ne s’agit pas de rendre crédible la parole littéraire mais de valoriser la manière dont des personnes dépossédées de leur vécu, par la parole érudite et scientifique, peuvent se réapproprier leur récit (leur vie) à partir des allées et venues dans les langues maternelles. La Famille Rester. Étranger entretient avec le Droit et la Justice un échange épistolaire dense, constant, humiliant dans un jargon formel et désincarné, à l’inverse des langues vernaculaires qui habitent l’œuvre. Celles-ci nous transmettent un patrimoine qui continue d’absorber les influences de l’urbanisation2 et des migrations mais qu’en même temps filtre et anime la langue de la colonisation. Une diversité des situations langagières3 en danger4, que nos auteur·es nous permettent d’apercevoir et de questionner. Comme à l’instant l’auteur Mohamed Bamba5. 1. « Rester. Étranger naît en 2014 d’une série de rencontres, avec une famille Rom d’abord, puis avec de jeunes demandeurs d’asile soudanais auxquels l’artiste Barbara Manzetti et des artistes de son entourage entreprennent d’apprendre le français. Les relations qui se trament progressivement entre elles et eux débordent rapidement le cadre d’une expérience « artistique » ou « documentaire » jusqu’à former « une espèce de famille » en constante reconfiguration. Barbara Manzetti ouvre son écriture qui devient collective et cette écriture ouvre à son tour le français à d’autres langues (y compris d’autres français) qui s’inventent sur des cahiers partages, des groupes WhatsApp, dans des espaces chorégraphiques ou des centres d’art, puis à la radio. Sans cesse de nouveaux personnages entrent ou sortent, devenant ainsi co-auteurices de Rester. Étranger qui n’est plus un titre mais « le nom de l’auteure(s) ». Quelque chose d’indescriptible advient, qui ne saurait se réduire à la notion de « projet » circonscrit, mesurable, déterminé, comme l’illustre le foisonnement de personnes, d’évènements et de lieux qui l’accueillent » Virginie Bobin, « Une inclination vers l’autre – Conversation avec Barbara Manzetti », mai 2020, Qalqalah ةلقلق- www.qalqalah.org 2. Viola Krebs et Namory Diakhaté, « Langues africaines dans un contexte urbain : la situation du continent et le cas du Sénégal et de la Tanzanie », Les Langues autochtones dans la cité, Droit et cultures [en ligne], no 72, septembre 2016, mis en ligne le 26 septembre 2016, URL : http://journals.openedition.org/droitcultures/3944 3. Cécile Canut, « Langues et filiation en Afrique », Les Temps modernes, vol. 620-621, no 4-5, 2002, p. 410-440. 4. Sylvie Nouguier Voisin, « Afrique, langues en danger et diversité linguistique », dans Histoire Épistémologie Langage, Les Langues en danger : un observatoire pertinent pour les théories linguistiques ?, tome XXXIX, fascicule 1, 2017, p. 37-59. 5. « Notre auteur est cueilleur professionnel à Coredo, dans la région de Trento. Cet emploi est la condition d’obtention d’un visa de travail provisoire, suivant un décret arrêté en mai 2020
49
48
Lili, la rozell et le marimba / revue n°4
Tout découle de cette situation plus large que sont la colonisation puis l’indépendance, et je ne peux aborder cette partie de la grande Histoire qu’au travers des « petites histoires ». C’est mon « truc », ma marque de fabrique. C’est comme ça que je me suis fait connaître et que je me suis construite en tant qu’artiste. Ce n’est pas de l’activisme, mais simplement une volonté affirmée de raconter, de transmettre des histoires d’abord personnelles. Je pars toujours du biographique. J’ai constaté depuis longtemps que lorsqu’on parle de politique, ceci est mieux compris si l’angle d’approche est personnel. C’est aussi simple que ça, et cette façon de voir les choses n’engage de toute façon que moi. Du coup, lorsque je parle à mon tour de politique, j’éprouve le besoin de passer par un vecteur humain, au travers des récits de mes proches. Et puis pour moi, regarder vers le passé, l’explorer puis le raconter me fait avancer. Il est nécessaire de le dépasser pour progresser.
Zineb Sedira, Retelling Histories, My mother told me…, 2003 Capture vidéo, projection vidéo (couleur et son), sous-titres anglais et français, 10 min © Zineb Sedira / DACS, London Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
I comme Images En tant qu’artiste, je crée des images, j’en collecte ou bien je m’intéresse à des archives d’images. Pour Gardiennes d’images, j’ai par exemple travaillé avec Safia Kouaci, veuve du photographe Mohamed Kouaci qui est malheureusement méconnu en dehors de l’Algérie. Mohamed Kouaci est l’un des seuls photographes algériens ayant photographié l’autre visage de la guerre d’Algérie, celle des maquis, de la résistance. Ses photographies proposent donc nécessairement d’autres angles, d’autres points de vue auxquels seul un Algérien pouvait avoir accès. Je trouvais particulièrement intéressant de mettre en avant cette autre vision, les images connues étant généralement celles réalisées par des reporters étrangers et commanditées par la France. Lorsque j’ai rencontré Safia et qu’elle m’a montré les archives
photographiques de son mari, j’ai tout de suite compris que ce que j’avais sous les yeux était complètement différent de tout ce que j’avais pu voir jusque-là. J’étais stupéfaite de ce que je découvrais, et il m’a semblé que ces archives pouvaient vraiment alimenter les études postcoloniales. J’avais de plus envie de faire un projet qui permettrait à Safia de trouver des fonds pour numériser les photos de Mohamed jusque-là conservées dans les tiroirs de leur appartement. En me focalisant sur elle, je pouvais aussi aborder la question de son rôle dans le travail de son mari, et plus généralement du rôle de ces femmes dans l’histoire de l’art, qui aident leur mari à faire carrière, et qui, une fois le mari décédé, continuent à défendre le travail, à le sauvegarder, sans jamais être reconnues à leur juste valeur. Toutes ces travailleuses de l’ombre… Gardiennes d’images rendait donc hommage au travail de Mohamed Kouaci mais aussi à Safia, et me renvoyait à ma propre condition : « Qui s’occupera de mes œuvres quand je ne serai plus là ? Mes enfants ? Est-ce que mes enfants connaissent assez bien mon travail pour pouvoir le défendre ? Etc. » Il y avait une dimension « féministe » évidente. Safia Kouaci était au centre, totalement fascinante. Elle était l’actrice principale du film, la seule capable de parler et/ou de faire parler les images de son mari. Il était donc primordial pour moi de lui donner enfin la parole. Gardiennes d’images permettait en outre d’aborder la question de la création en temps de guerre, et de l’appareil photo comme arme pour lutter.
connu·es pour leur humour noir. Je ne saisissais pas bien au départ à quel point cet humour corrosif avait pu et pouvait être utilisé pour combattre, pouvait être considéré comme un élément constitutif de la résilience et de la résistance. Je m’attachais juste à collecter les plaisanteries politiques qu’on me racontait dans des bars, chez des ami·es, et à les transcrire dans un petit livre, que j’ai intitulé par la suite lors de sa parution en 2018, A Personal Collection of Jokes, une anthologie personnelle de l’humour noir. Cette publication ainsi que l’installation Laughter in Hell (2014-2018) qui en découle – montrée d’abord à Sharjah, puis chez kamel mennour et enfin au Jeu de Paume – sont très importantes pour moi. Toutes deux m’ont permis de parler de ce que l’on appelle la Décennie noire, une période particulièrement sombre, parfois peu connue hors de l’Algérie, dans laquelle le pays s’enfonce dans une guerre violente interne qui oppose des groupes armés islamistes à l’armée, et cause la mort d’environ 200 000 civils. Elles m’ont permis de comprendre comment les gens pour combattre le terrorisme, commenter les violences quotidiennes et la terreur, mais aussi pour dissimuler l’information, racontaient des histoires caustiques, faisaient des caricatures politiques, tournaient en dérision les nouvelles les plus épouvantables, et ce faisant trouvaient un peu de réconfort. Véritable mémorial en hommage à tous et toutes les journalistes et caricaturistes assassiné·es de par le monde et par extension à toutes les victimes du terrorisme, Laughter in Hell compile ainsi un ensemble d’archives que j’ai accumulées au fil des années : des publications rares consacrées aux caricatures de Slim, Ali Dilem, Gyps, Hic ou encore Maz, des reproductions agrandies de caricatures publiées dans El Watan, El Khabar ou Liberté, des planches originales mais aussi deux interviews vidéo menées avec l’historienne Elizabeth Perego, qui est devenue une grande amie, et le journaliste et écrivain Mustapha Benfodil, survivant de la Décennie noire. Si ce projet doit bien sûr permettre des prises de conscience, mon souhait est aussi qu’il puisse susciter des rires chez le public.
Zineb Sedira, Gardiennes d'images, 2010 Part I : double projection vidéo (noir et blanc, couleur, son), 19 min, format 16/9 Part II : projection vidéo simple (couleur, son), 30 min 50 sec, format 16/9 Production et prix : SAM Art Projects, 2009 Vue de l’exposition « Gardiennes d’images », Palais de Tokyo, Paris, 2010 © Zineb Sedira / DACS, London © Photo : André Morin Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
J comme Jokes* [*blagues en anglais] Tout comme l’appareil photo, l’humour peut aussi être une arme de combat en temps de guerre. J’ai commencé à compiler et à transcrire des blagues orales algériennes dès 2006. Les Algérien·nes sont très
122
ABÉCÉDAIRE — Zineb Sedira
Zineb Sedira, Laughter in Hell, 2018 Installation, Dimensions variables Vue de l’exposition « Laughter in Hell », kamel mennour, Paris, 2018-2019 © Zineb Sedira / DACS, London © Photo : archives kamel mennour Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
K comme Kiffer Je pense pouvoir dire que je suis plutôt une personne positive, fidèle dans mes relations avec autrui et bonne vivante. J’essaye de prendre autant que possible la vie du bon côté, de profiter de tout ce qui m’est offert. J’adore par-dessus tout rigoler et aller écouter de la musique avec des potes dans les clubs du quartier Brixton, dans le sud de Londres. J’adore mon métier d’artiste, et je suis chanceuse car j’ai la possibilité de développer, depuis près de vingtcinq ans maintenant, des projets d’envergure avec des gens que j’aime, dans des institutions dans le monde entier.
Zineb Sedira, Walk The Line, 2018 Fil topographique rouge et noms de pays écrits à la main, dimensions variables Vue de l’exposition “Air Affairs and Maritime NonSense”, Sharjah Art Foundation Art Spaces, Sharjah, 2018 © Zineb Sedira / DACS, London © Photo : SAF Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
L comme Luttes Luttes personnelles, luttes sociales, luttes environnementales, luttes anticolonialistes, luttes antiimpérialistes, luttes antiraciales, luttes antisexistes, etc. Lutter fait partie de la vie. Lutter fait partie de ma vie, puisque je suis née en 1963 soit un an seulement après la fin de la guerre d’Algérie. J’ai grandi au sein d’une famille de neuf enfants. J’ai passé mon enfance à me battre pour trouver ma place dans la fratrie, je me suis démenée pour avoir l’attention de mes parents, j’ai milité contre le racisme à l’école. À Gennevilliers, on me disait : « Retourne dans ton pays ! » ; et quand j’étais en Algérie pour les vacances on me disait :
« Retourne en France ! » C’est d’ailleurs peut-être pour cette raison que je suis partie faire mes études en Angleterre... Un autre élément m’a frappée récemment. Nous avions avec ma sœur, qui avait 21 ans à l’époque et moi 16, l’habitude d’écouter de la musique afro-américaine, notamment du blues ou du rhythm and blues : James Brown, Nina Simone, Archie Shepp, etc. D’où nous venait cet attrait pour ces musiques nées de la condition des Afro-Américains ? Pourquoi n’écoutions-nous pas de la variété française ? Eh bien, certainement parce que nous ne nous identifions pas, physiquement, culturellement et socialement avec ces chanteurs français ! Nous nous sentions plus proches des « outsiders » vivant aux États-Unis. Nous nous reconnaissions dans les paroles de leurs chansons, et dans les luttes qu’elles représentaient, même si bien sûr en France, le racisme était différent de celui des États-Unis. M comme Mer Beaucoup de mes œuvres ont pour sujet la mer, et notamment la mer Méditerranée car c’est celle qui relie la France à l’Algérie. La Méditerranée est une passerelle, un pont entre deux continents, tout autant qu’une fermeture, un obstacle pour nombre de ressortissants de pays africains, qui sans visa ne peuvent voyager. Je me suis pas mal focalisée sur les bateaux qui cherchent à partir vers l’Europe et qui échouent en chemin, à cette mer qui symbolise tant d’espoirs, de possibilités de circulation, et qui est aujourd’hui devenue un grand cimetière, une destination fatale, la fin d’un voyage pour ceux tentant de fuir le continent africain. Lorsque j’ai commencé à préparer le projet des Shattered Carcasses en Mauritanie, je trouvais intéressant justement le parallélisme qui existe entre mer et désert. Car le désert, c’est un premier obstacle, une première barrière pour tous ceux qui viennent de l’Afrique subsaharienne. Et cette première barrière débouche ensuite sur cette seconde barrière, tout aussi dangereuse, qu’est la mer. Mes recherches m’ont conduite vers un cimetière marin de bateaux situé près de Nouâdhibou. L’État mauritanien, très corrompu, accepte en échange de pots-de-vin que des bateaux naufragés ou en fin de course soient remorqués au large des côtes, par leurs propriétaires peu scrupuleux, plutôt que d’être démantelés. On peut ainsi voir près de 170 carcasses pourrir sous
le soleil. Une vision éminemment saisissante, responsable d’un drame écologique sans précédent, et qui génère, dans le même temps, une micro-économie à l’échelle locale. Beaucoup de jeunes Mauritanien·nes n’ont en effet pas d’autres solutions pour survivre que de monter illégalement sur ces navires – au péril de leur vie – pour prélever des morceaux de métaux qui sont ensuite revendus en Europe.
Zineb Sedira, The Lovers, 2008 Photographie couleur, 120 x 100 cm © Zineb Sedira / DACS, London Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
N comme Nomade J’ai parfois l’impression d’être nomade, puisque toujours entre trois pays. Je suis née dans une famille algérienne, mais en France, puis j’ai décidé de partir faire mes études et vivre ma vie d’adulte, d’élever mes enfants à Londres. Quelque part, je peux dire que je me sens riche de ces trois cultures, que j’ai la chance de parler trois langues, et de pouvoir circuler librement entre ces trois pays en maîtrisant les us et coutumes de chacun. Mais, dans le même temps, je vis parfois ce « nomadisme » comme un handicap parce que je ne me sens nulle part complètement acceptée ou complètement chez moi. Je me retrouve toujours tiraillée, sans attaches véritables.
voyages en cuir ou carton, plus ou moins épaisses, conçues sur mesure pour transporter des bobines de films de 8, 16 ou 35 mm. Cette idée, particulièrement romantique, qui consiste à transporter des histoires dans des valises spécialement conçues à cette intention me plaît beaucoup. P comme parler Parler et faire parler, (se) raconter, mais aussi écouter et (se) faire écouter, entendre et (se) faire entendre. Tout ça participe à cette volonté de transmission qui m’anime. Cet amour que j’ai pour la parole, les histoires, les récits vient sans doute du fait que la langue algérienne est avant tout une langue orale, et aussi du fait que mes parents appartiennent à une génération qui ne sait ni lire, ni écrire. J’ai grandi en les écoutant nous raconter des histoires et j’ai progressivement développé à mon tour ce goût pour le « racontage ». J’ai plein de souvenirs de vacances en Algérie où ma grand-mère et ma mère nous regroupaient, toutes et tous, pour nous conter des histoires… Il y avait une ambiance incroyable, et cela a, je pense, entraîné ma capacité d’écoute, et généré cette envie de transmettre à mon tour. Faire parler les gens est clairement au cœur de mon travail d’artiste. J’adore écouter et je crois d’ailleurs être une bonne auditrice, j’adore me perdre dans les méandres d’une histoire, je suis curieuse de tout. C’est pour cette raison que le format de l’entretien revient très souvent dans mes œuvres, même si je m’efforce à chaque fois de trouver de nouvelles stratégies et d’autres formes possibles de dialogue.
O comme Objet J’ai toujours aimé collecter des histoires, mais aussi des objets dans des brocantes ou sur des videgreniers. En ce moment je concentre mon attention plus particulièrement sur les objets que l’on me donne quand je fais des recherches dans les archives des cinémathèques. Il s’agit souvent de petites mallettes de
Cinémathèque d’Alger, Algérie Archive personnelle de l’artiste © Photo : Zineb Sedira
Q comme Questionnement Je pose plus souvent des questions que j’impose des idées. Je recherche des points de dialogue avec une audience. Je mets donc à disposition des récits et j’attends de voir les réactions, les questionnements ou commentaires que ces derniers suscitent. Lorsque je me prépare à interviewer une personne, je prévois généralement quelques questions. Toutefois, il est bien d’accepter de perdre le fil. Il arrive souvent qu’on se retrouve à parler d’une chose qui n’a rien à voir avec le sujet initial. Mais qu’importe les digressions, j’accepte que les gens sortent du cadre. Je les laisse divaguer. Ils finissent toujours par évoquer des choses auxquelles je n’avais absolument pas pensé, et cela peut parfois donner une direction différente au travail. Il s’agit avant tout que les personnes se sentent à l’aise. Il est toujours possible ensuite de raccrocher les wagons. De plus, c’est au fil des échanges que tu apprends à connaître tes sujets, que tu trouves ton vrai sujet, car il faut se rappeler que la personne qui est en face de toi, ce n’est pas toi. Elle, elle va te parler, moins de ce que tu veux, que de ce qu’il·ou elle a vécu ou vit. Ce rapport à l’humain est donc primordial. Il ne faut pas oublier non plus que la caméra, le micro et toute la partie technique ont une fâcheuse tendance à créer de la gêne et à bloquer la parole, il est donc de mon devoir de tout faire pour que les gens se sentent en confiance. R comme Résidence J’ai fait très peu de résidences d’artistes car j’étais mère de trois enfants et les structures d’accueil proposées ne sont généralement pas équipées pour venir en famille, ou désireuse que l’artiste vienne accompagné·e de sa famille, ce qui est assez frustrant et aussi injuste.
123
Lili, la rozell et le marimba / revue n°4
ʁafida — ɑ̃ fɛt mwa ʒə paʁlə tʁwa lɑ̃ɡ mɛ ʒə le melɑ̃ʒ‿ ɑ̃ mɛm tɑ̃‖ maʁjan — alɔʁ dinu : kɛl sɔ̃ se lɑ̃ɡ ? ʁafida — ʒe ɔ̃t də lə diʁ‖ maʁjan — ba‖‖‖ ia pa də ɔ̃t ! ɑ̃ plys| isi| ia plɛ̃ delɛv ki paʁlə plyzjœʁ lɑ̃ɡ‖ ty vø pa lə diʁ ? kɛl lɑ̃ɡ ty paʁl ? ʁafida — nɔ̃ ʒe pa ɑ̃vi‖
le lɑ̃ɡ sɔ̃ dez‿ ɔbʒɛ miɡʁatœʁ — Marianne Mispelaëre
lə kɔmɔʁjɛ̃ pas paʁ lez‿ emɔsjɔ̃‖ lə fʁɑ̃sɛ| ty lə paʁl‿ avɛk tu lə mɔ̃d‖ umi
RAFIDA — En fait moi je parle trois langues mais je les mélange en même temps. MARIANNE — Alors dis-nous : quelles sont ces langues ? RAFIDA — J’ai honte de le dire. MARIANNE — Bah... Y’a pas de honte ! En plus, ici, y’a plein d’élèves qui parlent plusieurs langues. Tu veux pas le dire ? Quelles langues tu parles ? RAFIDA — Non j’ai pas envie.
Le comorien passe par les émotions. Le français, tu le parles avec tout le monde. OUMMI
44
45
Lili, la rozell et le marimba / revue n°4
La contribution de la Famille Rester. Étranger — Hassan Abdallah, Mohamed Bamba, Nicole Koffi, Barbara Manzetti, Juliette Pollet Sabrina Pennacchietti
p. 83 « Convention de résidence d’auteur » entre Mohamed Bamba et Barbara Manzetti, Maison Rester. Étranger, 24 octobre 2019 p. 84 à 89 « Mon nom est Bamba Mohamed… », Mohamed Bamba, envoi depuis l’Italie (Milan, Lecco et Coredo) vers la France (Saint-Denis) de récits nouchi à Barbara Manzetti, entre le 3 octobre 2020 et le 28 janvier 2021 p. 90 à 95 « Kirit Oukon Bangué La brebis garde les bergers », texte de Barbara Manzetti et Kassim Koné, dans « Performances et scènes du réel », dir. ESPAD, ELLIADO, PTAC, Presses universitaires de Rennes, 2021 p. 95 bis « Mien mi koro zingré tchiré, Personnellement je préfère merveilleux », les femmes de la famille Rester. Étranger lettre de motivation et notes d’intention, écrites en juin 2020 pour l’appel à projets « La vie bonne », lancé par Cnap/AWARE le 10 mai 2020 p. 96 à 97 « Madame Nicole Koffi… », Barbara Mazetti, Sabrina Pennacchietti, Caroline Sebilleau, Christine Pécheux, lettre officielle notifiant aux responsables du CADA que l’artiste-auteure Nicole Koffi est lauréate du prix Cnap/AWARE « La vie bonne » 2020 p. 98 à 100 « Journal de Caroline Sebilleau », écrit du 26 août au 14 septembre 2020, entre la Maison Rester. Étranger à Saint-Denis et son appartement parisien p. 101 « Brayé », Hugo Hecker, recherches géographiques et stratégiques, été 2020, Maison Rester. Étranger, Saint-Denis
p. 124 « Séjour de Madame et Monsieur Nangoh », lettre d’information autour des activités des auteur·es de la Famille Rester. Étranger aux responsables du CADA, envoyée le 18 juin 2021 p. 125 à 126 « Lettres de soutien à l’auteure-artiste Nicole Koffi » Cnap AWARE Maison de l’Ours Bétonsalon p. 127 « La femme sous la manguier », Olivier Marboeuf, lettre de soutien, Rennes, 15 août 2021 p. 127 bis à 128 « J’ai pensé à Rester. Étranger », Olivier Marboeuf, extrait d’un entretien avec la cinéaste Ana Vaz, e-mail du 3 septembre 2021 p. 128 à 131 « Therapies for reason, or consent to not being a single being », Maison Rester. Étranger, Saint-Denis, le 10 juillet 2021. Participants : Ismail Afghan, Barbara Manzetti, Myriam Mihindou, Nataša Petrešin-Bachelez, Elena Sorokina,Tamara Singh. Dans le cadre de l’exposition Not Fully Human at All, du 20 Mai 2021 au 11 juillet 2021, un projet de trois ans, initié par la galerie KADIST en 2017 sous le commissariat de Nataša Petrešin-Bachelez. Le titre, Not Fully Human, Not Human at All, fait référence à l’essai de Donna Haraway, Ecce Homo, « Ne suis-je pas une femme ?» et autres inapproprié/ es : de l’humain dans un paysage post-humaniste. Un texte qui remet en cause les revendications universelles de l’humanisme des Lumières pour proposer les modalités de ce qu’elle nomme une humanité collective « non générique ».
Erim ta giga (reste à l'ombre en tamankik) / Doulé (l'ombre en koulango de Bondoukou) Numérisation de la carte 5 du jeu original, imprimé en sérigraphie par Caroline Sebilleau pour Personnellement je préfère merveilleux / Mien mi koro zingré tchiré, Famille Rester. Étranger, 2021
p. 102 à 103 « Mon cher ami le fantôme », conversation entre la metteure en scène Johanne Gili et Sabrina Pennacchietti, octobre 2016 p. 104 à 108 « Entretien avec Barbara Manzetti à la Maison Rester. Étranger », Tecla Raynaud, dans le cadre du mémoire sur les pratiques de cocréation, master 2 de psychanalyse, philosophie et économie politique du sujet, sous la direction de Françoise Guillemaut et Hourya Bentouhami, Université de Toulouse, le 13 février 2020 p. 109 à 118 « Une inclination vers l’autre », Virginie Bobin, Barbara Manzetti, dans « Conversations », Qalqalah, octobre 2020 p. 119 à 123 « Bi hè yebor goussèguè lè tou tchilibor, Nous sommes les femmes de la famille Rester. Étranger » en résidence à Bétonsalon en compagnie de Juliette Pollet, Daisy Lambert, Olivier Marboeuf du 20 au 25 août 2021 « Texte envoyé pour la communication » « Conversation enregistrée dans la cuisine de Bétonsalon, le 23 août 2021 », transcription en septembre 2021
62
63
CARTILAGES ARCHIPELS — Vir Andres Hera et Minia Biabiany (avec une introduction par Qalqalah )ةلقلق
Lili, la rozell et le marimba / revue n°4
Digression 2
est un acte visant à souligner les innombrables connaissances et affections partagées entre autochtones et afrodescendant·es pendant la colonie. Cette perspective suggère des intersectionnalités dans l’histoire, où les enfants de la chingada sont aussi les enfants de Yanga35. Comme l’a observé Ruth Levitas36 : « Les représentations qui semblent rompre radicalement avec le passé ne peuvent pas l’oublier, pour être intelligibles elles déploient des sources inévitablement empruntées à des mémoires collectives partagées37. » Plutôt que d’incarner l’expression d’une politique conservatrice, la nostalgie critique répond à un éventail de désirs et de besoins politiques se trouvant dans le(s) passé(s), tant dans les contextes américains hispanophones que francophones. Les personnages que Minia Biabiany et moi proposons ci-dessous sont donc des ressources adressées aux luttes de tous les groupes subalternes. C’est pourquoi, nous espérons que ce déplacement constitutif et dialogué démultiplie déjà et d’emblée les voix, les géographies, les fils noués et dénoués, les corps reconnus et ceux mis à mort.
NEGRILLAS [Vers Afromexicains]38 Sor Juana Inés de la Cruz Negros, Negrillas, Guineos. Ainsi étaient connus les poèmes et chants interprétés par des noir·es pendant la colonisation espagnole au Mexique. Aujourd’hui, ils comptent parmi les rares documents qui nous retranscrivent ce que certain·es linguistes appellent le créole afromexicain. Celui-ci fut écrit par Sor Juana Inés de la Cruz en 1677. Dans ces vers, le personnage afromexicain déplore le traitement discriminatoire que lui et sa communauté reçoivent des moines espagnols et de la société de l’époque en général, et exige la reconnaissance de son humanité. » La otra noche con mi conga turo sin durmí pensaba, que no quiele gente plieta, como eya so gente branca Sola saca la pañole, pues, Dioso, ¡mila la trampa, que aunque neglo, gente somo, aunque nos dici cabaya! «
[iMG 11]
[iMG 13]
[iMG 12]
[iMG 13] Paw l sé van. 2020. Minia Biabiany. Film HD: Screenshot 09’54”
[iMG 11] Negrillas Kuïloni. 2021. Vir Andres Hera. Film HD: Screenshot 07’55” [iMG 12] Paw l sé van. 2020. Minia Biabiany. Film HD: Screenshot 09’54” 35. Gaspar Yanga, d’origine ouest-africaine (Sénégal) pour certains, ou d’Afrique centrale (Gabon) pour d’autres, a été meneur de la première rébellion noire au Mexique en 1570.Il fonde une communauté d’esclaves fugitifs, de « noir·es marron·nes ». En 1609, eux et elles fondèrent la ville de San Lorenzo de los Negros (Saint Laurent des Noirs). Yanga en était le souverain. 36. R. Levitas, Utopia as Method: The Imaginary Reconstitution of Society, New York, Palgrave Macmillan, 2013. 37. R. Levitas, The Archive of the Feet: Memory, Place and Utopia, 2007 dans M. J. Griffin, T. Moylan (éd.), Exploring the Utopian Impulse: Essays on Utopian Thought and Practice. Berne, Peter Lang, p. 20.
38. S. J. I. de la Cruz, Villancicos qve se cantaron en los maitines del gloriosissimo Padre S. Pedro Nolasco, fundador de la Sagrada Familia de Redemptores del Orden de Nuestra Señora de la Merced, dia 31 de Henero de 1677 años. En México, por la viuda de Bernardo Calderón; dans Obras completas. vol. II, Villancicos y letras sacras, Mexico, Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, 1952.
81
Lili, la rozell et le marimba / revue n°4
Imaginer de folles lettres — Aloïse Corbaz, Gaspard Corpataux, Samuel Daiber, Jules Doudin, Joseph Heuer, Aimable Jayet, Heinrich Anton Müller, Justine Python, Jeanne Tripier
Samuel Daiber, sans titre, 1954 encre sur papier, 29,7 × 21 cm photo : Sarah Baehler, Atelier de numérisation – Ville de Lausanne Collection de l’Art Brut, Lausanne no inv. cab-14805-3
Jules Doudin, Jétait ambuzcasdez aux troiz suisses vizs at vizs vit dut cheveald blanc ..., 1928 mine de plomb sur papier d’emballage, 37 × 25,5 cm photo : Claudine Garcia, Atelier de numérisation – Ville de Lausanne Collection de l’Art Brut, Lausanne no inv. cab-3669
80
132
133
—HEAD Publishing Domaine Etudes genre, poésie contemporaine ISBN 978-2-940510-64-1
Sortie prévue Avril 2022 Publié en français
04 80 pages (approx) Format: 105 x 170 mm Poids: 200 g Impression en bichromie Reliure cousue-collée Prix: 10€ / CHF 17
Collection Manifestes
Carla Demierre MRIOIR, MIOIRR MRIOIR, MIOIRR de Carla Demierre est un récit, celui d’une histoire d’amour naissante entre deux jeunes personnes, Sam et Maggie, de leurs échanges de petits mots, de textos, de rendez-vous, d’attentions, de nourriture. Ce livre est aussi un manifeste politique en faveur d’une langue inclusive. L’autrice y combine une large palette de propositions portées par diverses communautés de locuteur-trice-s. Ces signes sont visibles pour certains, comme l’usage de pronoms neutres tels que iel ou ael, d’autres sont plus discrets, tels les mots épicènes ou l'accord de proximité. Les interventions sont d’ordre syntaxiques ou grammaticales, mais également parfois graphiques, avec l’emploi pour certains passages de lettrages inclusifs – où les marques de genre se superposent en une seule lettre – créés par le jeune graphiste Tristan Bartolini. Cet ouvrage est enfin un tour de force poétique et formel, où la langue, mais aussi la linéarité de la narration sont retournées comme un gant, par l’intermédiaire d’ajouts de fragments (dessins, commentaires de blog météo, sms et mots doux échangés) ou la structure narrative en miroir, le récit porté successivement par Maggie puis Sam. Toutes ces opérations laissent deviner que Carla Demierre envisage l’inclusivité, et la plasticité qu’elle implique, au-delà de la question du genre, comme un processus de création en soi à même d’interroger et de renverser une série de systèmes hiérarchiques. La transgressivité du projet tient à sa dimension ludique même; le plaisir que prend l'autrice à démanteler les règles de composition unitaires ou binaires d’un texte est communicatif: il donne envie d'en faire de même. Une postface dans laquelle Carla Demierre explique comment elle a rédigé son texte accompagne le récit.
Exemples de doubles-pages
L’autrice Carla Demierre Carla Demierre a étudié les arts visuels à Genève et la création littéraire à Montréal où elle a mené une recherche autour de la question du montage en littérature. Ses textes mélangent poésie et narration, expérimentation formelle et cut-up documentaire. Attentive aux écritures de tous les jours et puisant ses matériaux dans des sources hétéroclites, elle cherche à comprendre quels jeux s’installent, par l’entremise du document (brut, traité ou remixé), entre la vie matérielle et la fiction littéraire. Elle a publié notamment, Ma mère est humoriste (LaureLi/Léo Scheer, 2011), La collection Un manifeste est une déclaration écrite publique par laquelle une personne ou un groupe expose un programme d’action ou une
Autoradio (Héros-Limite, 2019) et Qui est là ? (Art&fiction, 2020). En parallèle, elle explore diverses formes de publication hors du livre comme la lecture publique, le podcast, l’envoi postal ou le fanzine. Elle enseigne les pratiques d’écriture à la HEAD – Genève.
position. La collection Manifestes de la nouvelle structure HEAD– Publishing met en valeur des partis pris, réflexions et actions développés par des acteurs de l’art et du design pour faire face aux enjeux contemporains.
MAI
C O L L E C T I O N C AT. M O N O G R A P H I E
ART&FICTION
MONOGRAPHIE
Florian Rodari et al.
Manuel Müller fecit B O I S G R AV É S / H O L Z S C H N I T T E 1971-2 0 21
Artiste de la dualité et du mouvement, Manuel Müller ne se laisse nullement assigner à une place fixe. Son œuvre se constitue d’une grammaire de signes, d’indices et de symboles, qu’il articule dans le marbre ou le bois, son matériau de prédilection. Son travail à l’écart des esthétiques contemporaines et son parcours d’autodidacte le rapprochent – sans l’y rattacher complétement – de l’outsider art. La technique de taille directe employée par Manuel Müller institue son geste comme un seuil, une porte entre deux temporalités ou deux faces d’une même figure. Dans les lignes du bois se creusent des motifs récurrents – la main, le visage – ainsi que des formes et des ornements foisonnants et sinueux, qui viennent rythmer la surface et la remplir de façon presque obsessionnelle, ne laissant que peu de place au vide. Grattant sous l’écorce, l’artiste fait émerger des récits multiples, intimes et communs.
Leurs sources remontent aux mythes qui façonnent nos imaginaires, auxquels se mêlent son expérience singulière et son héritage familial. La reformulation de ce qui vient de loin apparaît comme une posture fondamentale chez Manuel Müller, faisant converger l’art médiéval, la sculpture toscane du XIIIe siècle et l’art roman. Le cors et la matière deviennent alors miroirs, à la fois figure et écrin, renfermant des significations mystérieuses, que la lame de l’artiste vient tenter de dégager. Après une première monographie parue en 2012 présentant sa sculpture, FECIT donne à voir l’ensemble de l’œuvre gravé entre 1971 et 2021 de Manuel Müller. Environ cent cinquante reproductions composent cette publication bilingue, et sont accompagnées de quatre textes (fr/all) de Florian Rodari, Bertrand Schmid, Monika Jagfeld et Rainer Michael Mason.
— E N L I B R A I R I E E N F R A N C E / B E LG I Q U E L E 3 M A I 2 0 2 2 —
22 x 31 cm, 144 pages 978-2-88964-025-6 chf 42 / euro 38 — genre monographie sujets abordés gravures — textes de Florian Rodari, Monika Jagfeld, Rainer Michael Mason et Bertrand Schmid langues fr / all format
E RÉFÉREN R UN OUVR AGE D EUR ET GR AVEU T LP U SC U D IL TR AVA
© Magali Koenig
isbn
cialistes de é p s s e d r a p té n e C o mm aphie, gr o é s u m la e d t e l’estampe e rm e t d e p ie h p a gr o n o m e cett avures gr e d s n a 0 5 ir r v d é c ou l Müller. e u n a M te s ti r a l’ e d AÎTRE LE CE POUR CONN
———Né à Paris en 1955, Manuel Müller grandit au sein d’une famille d’artistes. Son père, Robert Müller s’est imposé comme un représentant majeur de la sculpture suisse du vingtième siècle. Sa mère Miriam Laïla Shir Müller, peintre et apprentie bijoutière chez Tiffany, grandit à New York, avant de partir pour Paris où elle épouse Robert en 1954. Après avoir terminé son lycée, Manuel Müller réalise ses premières gravures en 1971 au sein de l’atelier Clot et Bramsen, à Paris. Continuant sa formation en autodidacte, il séjourne à Carrare entre 1972 et 1976, où il travaille le marbre et côtoie d’autres artistes, notamment le sculpteur cubain Augustin Cardenas. De retour à Paris, il commence à tailler le bois, alternant sculpture et gravure, avant de s’installer avec son épouse Jasmine Müller à Lausanne, en 1982. Il continue depuis d’y développer son travail de xylogravure, dans l’intimité de son atelier ou lors de collaborations avec l’Atelier de Saint-Prex. L’obtention du prix de sculpture de l’UBS en 1987 et du prix Bourdelle (Paris) en 1993, lui confèrent un rayonnement international. Ses œuvres sont actuellement visibles au Museum im Lagerhaus de Saint-Gall jusqu’au 13 février 2022, pour l’exposition « Eine Künstlerfamilie zwischen Insider und Outsider Art, Robert, Miriam, Gilda, Manuel Müller & Giovanni Abrignani ». ———
EXTRAITS
F LO R I A N R O DA R I E T A L . | M A N U E L M Ü L L E R F E C I T
MONIKA JAGFELD
SUR LE FIL DE LA LAME
AUF MESSERS SCHNEIDE
FR
sa personnalité et ce qu’il ressent au plus profond de lui-même. L’autoportrait revêt, à cet égard, une importance singulière. Le philosophe de la culture Georg Simmel parle de « l’âme du portrait » et entend par là l’unité physique et spirituelle, dont la condition essentielle se base sur le fait que le portrait, à son tour, « est la création d’une âme ». Dans le portrait, le « je » se transforme en un « tu », devient un « étant-pour-soi » et est en même temps « plus proche intérieurement que tout autre qui n’aurait qu’un contenu spirituel, mais n’exprimerait pas en soi une âme ». Le portrait, aussi abstrait soit-il, constitue donc toujours un vis-à-vis qui invite expressément à une confrontation — tant de la part des artistes que du public. Le visage est le lien entre l’intérieur et l’extérieur, entre soi-même et le monde. C’est la vision que nous donnons de nous-même, celle que nous montrons à notre vis-à-vis mais que nous ne pouvons toutefois pas voir (sauf dans le miroir) ; c’est l’aspect extérieur que nous présentons pour l’interaction et la communication avec l’autre — face à face. Nous voyons et sommes vus, nous transmettons une image de nous-même et nous faisons une image de l’autre. Dans les gravures sur bois de Manuel Müller, ce dualisme se manifeste également au moyen d’une bipartition formelle. Tantôt le portrait apparaît en double, de face et suggéré de profil, tantôt comme accompagné d’une ombre. Le visage, le buste sont constitués de formes et de symboles abstraits ou y sont insérés. Le mouvement souple d’un trait de pinceau sur la gravure imprimée contraste avec la linéarité de la taille dans le bois. Les bois gravés sont bicolores ou déclinés en différentes teintes dans les séries. Mais dans les sculptures de Manuel Müller, la couleur n’est pas une simple couche colorée, elle est capable d’insuffler la vie au personnage ; ainsi, la structure naturelle du bois représente-t-elle une composante organique dans l’image gravée. Régulièrement, la tête se voit attribuer d’autres motifs, souvent une main, qui tient une place particulière dans l’œuvre de Manuel Müller. Certaines parties du visage, les yeux et la bouche par exemple, sont accentuées, le révélant dans son apparence ultime la plus réduite, sous forme de tête de mort. Memento mori ou étape inéluctable de la vie ? Les portraits de Manuel Müller oscillent entre une présence intemporelle de l’être et « l’historisation » de l’étant, lorsqu’il place les bois gravés sur des incunables provenant de la collection de son père, recourant ainsi à une méthode de travail de Robert Müller, et l’intègre dans l’expression permanente de son être le plus intime.
Les bois gravés font précisément apparaître l’intensité avec laquelle Manuel Müller se préoccupe des questions de création et sonde l’être sous toutes ses facettes, en reformulant sans cesse le portrait et en le déclinant sous toutes sortes d’angles de vue. Dans cette multiplicité, le « moi » auquel nous nous exposons également, en tant que spectateur ou spectatrice, est proprement mis à nu. L’œuvre est certes liée à la figure humaine, toutefois, comme nous l’avons déjà observé, une mythologie personnelle y est inhérente, lui conférant des traits énigmatiques. Manuel Müller met radicalement le « moi » au centre de son art, comme point de départ de sa démarche, ainsi que nous le constatons chez les représentants de l’outsider art. Il n’est pas rare que ses travaux suscitent une certaine irritation, car ils se situent en dehors des tendances de l’art contemporain. Non seulement cet art, en raison de l’interaction médiale de différentes techniques et matériaux, mais aussi l’artiste peuvent être qualifiés d’« hybrides ». Manuel Müller est un solitaire, « betwixt two worlds » [«entre deux mondes»], comme l’a formulé une fois Michel Thévoz. Oscillant entre insider art et outsider art, il évolue constamment sur le fil de la lame.
Bois gravés de Manuel Müller
Son instrument est le couteau, son matériau le bois. Manuel Müller fait surgir ses figures tantôt en évidant le bloc de bois, tantôt en les gravant à l’aide du ciseau. Les dessins se manifestent dans le bois, font corps avec lui, et associés à d’autres matériaux, forment des reliefs, se transforment en objets se déployant librement dans l’espace. La plupart du temps, ses œuvres sont une combinaison de sculpture et de travaux sur papier ou de bois gravés. Dessin, peinture, gravure sur bois et sculpture alternent, presque sans transition. Il est donc difficile de parler d’un groupe d’œuvres en particulier quand on évoque l’art de Manuel Müller, car ces techniques se conditionnent mutuellement. En réalité, il pratique depuis plus longtemps la xylographie que la sculpture sur bois et, dès 1971, il avait réalisé des gravures à Paris à l’atelier Clot et Bramsen, qui avait également imprimé certaines de son père Robert Müller et tirait les estampes du groupe Cobra. Aujourd’hui encore, Manuel Müller crée en parallèle des gravures et des sculptures sur bois, en interaction les unes avec les autres. Ses sculptures sont profondément marquées par un dualisme qui sous-tend son œuvre dans son ensemble. En effet, elles ne sont pas statiques, mais comprennent souvent des éléments mobiles, qui permettent de les ouvrir, dévoilant une vie intérieure visuellement intense, de sorte que la figure, comme l’être humain, est scindée en une apparence extérieure et un monde intérieur caché. Le corps devient un reliquaire sacré, qui renferme quelque chose de mystérieux, d’énigmatique. Ses sculptures présentent toujours des points de vue et des visions contrastés — gauche et droite, avant et arrière, objet et dessin, tridimensionnel et bidimensionnel.
La démarche existentielle de Manuel Müller se nourrit de la dialectique d’Eros et Thanatos. Eros en tant que force stimulante universelle, qui permet de surmonter la finitude dans la création artistique et consiste dans la transcendance artistique en un dépassement du « soi ». C’est ainsi que, chez Manuel Müller, le jeu récurrent des sexes repose toujours sur l’ego. L’artiste est animé par l’interaction entre le « je » et le « tu », le jeu avec l’alter ego. Ses bois gravés, en particulier, tournent autour du portrait et du véritable « moi » dans le visage humain. Dans l’art, durant des siècles, le portrait a joué un rôle fondamental, car il ne s’agit pas seulement de saisir l’apparence physique de l’être humain, mais aussi
D
das die Figur vergleichbar zum Menschen in eine äussere Erscheinung und eine verborgene innere Welt scheidet. Der Körper wird zu einem sakralen Schrein, der Rätselhaftes, Geheimnisvolles bewahrt. Immer gibt es gegensätzliche Seiten und Ansichten, links und rechts, vorne und hinten, aussen und innen, Objekt und Zeichnung, Dreidimensionales und Zweidimensionalität.
Das Movens menschlichen Seins nährt sich bei Manuel Müller aus der Dialektik von Eros und Thanatos. Eros als allumfassende Stimulans, die im künstlerischen Schaffen die Endlichkeit zu überwinden vermag und in der künstlerischen Transzendenz eine Überwindung des Ich darstellt. So liegt auch dem wiederkehrenden Spiel der Geschlechter bei Manuel Müller immer das Ego zugrunde. Ihn treibt das Wechselspiel vom Ich zum Du, das Spiel mit dem alter ego. Speziell seine Holzschnitte kreisen zentral um das Bildnis, um das Selbst im menschlichen Antlitz. In der Kunst spielen Porträts über Jahrhunderte hinweg eine grundlegende Rolle, gilt es nicht nur die äussere Erscheinung des Menschen zu erfassen, sondern auch seine Persönlichkeit und innere Verfasstheit. Eine besondere Bedeutung kommt dabei dem Selbstbildnis zu. Von der „Beseeltheit des Porträts“ spricht der Kulturphilosoph Georg Simmel und meint damit die Einheit des Körperlichen und Seelischen, deren Grundvoraussetzung darin liege, dass das Porträt seinerseits „Schöpfung einer Seele ist“. Im Porträt transformiert das Ich zu einem Du, wird ein „Für-sich-Seiendes“ und ist zugleich dem Ich „innerlich näher als irgend solches, das nur seelischer Inhalt, aber nicht selbst Seele ist“. So stellt das Bildnis auch in seiner Abstraktion immer ein Gegenüber dar, das zur Auseinandersetzung auffordert — Kunstschaffende wie Betrachter*innen. Das Gesicht ist die Verbindung zwischen dem Innen und dem Aussen, zwischen Ich und Welt. Es ist die Ansicht unseres Selbst, die wir dem Gegenüber zeigen und selbst (ausser im Spiegel) doch nicht sehen können, es ist unser Erscheinungsbild für die Interaktion und Kommunikation mit dem Anderen — von Angesicht zu Angesicht. Wir sehen und werden gesehen, zeigen ein Bild von uns und machen uns ein Bild vom Anderen. Der Dualismus zeigt sich in den Holzschnitten von Manuel Müller auch in einer formalen Zweiteilung. Einmal erscheint das Bildnis doppelgesichtig en face und im angedeuteten Profil, ein anderes Mal wie von einem Schatten begleitet. Antlitz, Büste gestalten sich aus abstrakten Formen und Zeichen oder sind in diese eingebettet. Vis-à-vis der Linearität des Schnittes
Holzschnitte von Manuel Müller
Sein Instrument ist das Messer, sein Material das Holz. Manuel Müller schneidet Figuren aus dem Holz heraus wie er auch mit dem Messer ins Holz hineinzeichnet. Zeichnungen manifestieren sich im Holz, verbinden sich mit ihm und weiteren Materialien zu Reliefs, entwickeln sich zu freistehenden Objekten. Meist sind es Kombinationen aus Skulptur mit Arbeiten auf Papier oder Holzstöcken. Nahezu übergangslos oszillieren Zeichnung, Malerei, Holzschnitt und Skulptur. So fällt es schwer, nur von einer Werkgruppe in Manuel Müllers Schaffen zu sprechen, bedingen sich die Techniken doch einander. Tatsächlich arbeitet Manuel Müller aber länger mit dem Holzschnitt als er holzbildhauerisch tätig ist und realisierte schon 1971 in Paris Drucke mit Clot et Bramsen, der auch für den Vater Robert Müller und für die COBRA-Gruppe druckte. Auch heute entstehen Holzschnitte und -skulpturen parallel in einer Wechselwirkung zueinander. Geprägt sind seine Skulpturen wie Schnitte von einem Dualismus, der sich durch das ganze Werk zieht. Die Skulpturen sind nicht statisch, sondern enthalten oft bewegliche Elemente, lassen sich öffnen und enthüllen ein bildhaftes Innenleben,
5
4
im Holz steht das Bewegte eines Pinselstrichs über den gedruckten Holzschnitt. Die Holzschnitte sind bicolor angelegt oder in Serien wechselnder Farbigkeit. Und wie die Farbe bei den Skulpturen Manuel Müllers nicht einfach einen Auftrag darstellt, sondern der Figur erst Leben einzuhauchen vermag, ist die natürliche Struktur des Holzes organischer Part im Bild des Holzschnittes. Wiederholt sind weitere Motive dem Bildnis zugeordnet, häufig eine Hand, der im Werk Manuel Müllers besondere Aufmerksamkeit zukommt. Hervorgehoben sind einzelne Gesichtspartien, Augen und Mund, und offenbaren das Gesicht in der Erscheinung seiner endgültigen Reduktion als Totenschädel. Ein memento mori oder letzte Konsequenz? Die Bildnisse von Manuel Müller changieren zwischen zeitloser Präsenz des Seins und ‘Historisierung’ des Seienden, wenn er die Holzschnitte auf Inkunabeln aus der Sammlung seines Vaters setzt und damit eine Arbeitsweise Robert Müllers aufgreift und sie im fortwährenden Ausdruck des Selbst amalgamiert.
Gerade die Holzschnitte lassen erkennen, wie Manuel Müller sich am Kreatürlichen abarbeitet und das Sein in seinen Facetten ergründet, indem er das Bildnis immer wieder aufs Neue formuliert und unterschiedliche Angesichte anbietet. In dieser Vielzahl erscheint das Selbst umso unverhüllter, dem wir uns auch als betrachtendes Gegenüber aussetzen. Das Werk ist der menschlichen Figur verhaftet, doch es wurde schon bemerkt, ihm wohnt ihm eine persönliche Mythologie inne, die ihm enigmatische Züge verleiht. Radikal setzt Manuel Müller das Selbst als Ausgangspunkt seines Schaffens ins Zentrum, wie wir dies von Outsider Art-Künstlern kennen. Nicht selten lösen seine Arbeiten Irritation aus, stehen sie ausserhalb zeitgenössischer Tendenzen der Kunst, ohne wirklich Outsider Art zu sein. Nicht nur das Werk kann aufgrund des medialen Zusammenspiels verschiedener Techniken und Materialien als „Hybrid“ bezeichnet werden, sondern auch der Künstler selbst. Er ist ein Eigengänger, „betwixt two worlds“, wie Michel Thévoz es einmal formulierte. Oszillierend zwischen Insider und Outsider Art bewegt sich der Holzschnitzer ständig auf Messers Schneide.
6
7
EXTRAITS
F LO R I A N R O DA R I E T A L . | M A N U E L M Ü L L E R F E C I T
10
11
EXTRAITS
F LO R I A N R O DA R I E T A L . | M A N U E L M Ü L L E R F E C I T
12
14
13
15
EXTRAITS
F LO R I A N R O DA R I E T A L . | M A N U E L M Ü L L E R F E C I T
16
18
17
19
éditions Hourra
Paroles sans raison, Paul Klee isbn
978-2-491297-03-9
poésie / arts
genre
poésie, arts thèmes
ironie, transgression, Bauhaus
fiche technique 48 pages offset couleur brochures cousues collées format 11x18 cm prix 15 € parution le 03/05/2022 contact diffusion Paon diffusion paon.diffusion@gmail.com distribution Serendip-livres contact@serendip-livres.fr édition Hourra editionshourra@gmail.com Choisis et traduits par Pierre Alferi, Paroles sans raison est un ensemble de poèmes du peintre allemand Paul Klee. Méconnue en France, son œuvre poétique est pourtant prolifique et magnifique. Ce livre, accompagné d’une dizaine de reproductions, est un premier pont vers ce monde verbal trop longtemps resté à l’ombre de la peinture.
éditions Hourra
Paroles sans raison, Paul Klee isbn
978-2-491297-03-9
poésie / arts
le livre Assemblé et traduit par Pierre Alferi, Paroles sans raison est un recueil de poèmes du peintre Paul Klee. Pour l’heure, nous proposons un choix modeste, d’une vingtaine de poèmes, mais dont la rédaction s’étend de 1901 à 1939. Choix arbitraire, au fil des ans, d’un lecteur et traducteur de poésie bientôt persuadé qu’il y avait là plus qu’une œuvre seconde et mineure, tout autre chose qu’un violon d’Ingres : un massif poétique, poussé, certes, dans l’ombre d’une œuvre plastique, mais sans équivalent au vingtième siècle, sinon peut-être dans la grande poésie de Jean/Hans Arp, son cadet de sept ans. — Extrait de la note du traducteur Le livre est construit en plusieurs moments : En ouverture, le recueil Paroles sans raison qui vient rectifier l’absence totale de poèmes de Paul Klee publiés en français. Un graphisme fin et astucieux donne accès sur la même page au texte original sans pour autant gêner l’œil du lecteur. Ensuite, la note de traduction, rédigée par Pierre Alferi, vient replacer habilement ce livre dans l’histoire de la peinture, de l’écriture, de la vie de Paul Klee. En fermeture, un cahier en couleurs donne à voir une dizaine de reproductions, offrant au lecteur un petit rappel de l’évolution de son œuvre peinte.
l’auteur Paul Klee (1879-1940) est un peintre allemand réputé pour son œuvre très expressive. Professeur à l’école du Bauhaus, il est malheureusement figure de proue de l’art qualifié de dégénéré par le régime nazi. Persécuté, il termine ses jours en Suisse. le traducteur Pierre Alferi, né en 1963 à Paris, est un romancier, poète, essayiste français. Professeur d’histoire de la création littéraire aux beauxarts de Paris, il a publié une vingtaine d’ouvrages et fait preuve régulièrement d’un engagement politique public. La sirène de Satan est un recueil paru en 2019 aux éditions Hourra.
éditions Hourra
Paroles sans raison, Paul Klee isbn
978-2-491297-03-9
poésie / arts
la maison d’édition — Honneur à celles par qui le scandale arrive ! Hourra : cri de joie, cri de guerre
978-2-491297-03-9
Les éditions Hourra publient de la poésie et des écrits sur l’art. Créée en 2019 sur la montagne limousine, la maison naît de l’envie de défendre des pratiques d’écritures marginales où se rencontrent le poétique et le politique. Fruit d’amitiés et d’intuitions communes, elle réunit des artistes et des autrices pour qui la révolte fait corps avec la beauté. éditions Hourra |36, avenue Porte de la Corrèze |19170 Lacelle www.editions-hourra.net
ROBERTE LA ROUSSE
W IKIFÉMI A LANGUE, GENRE ET TECHNOLOGIE
_ Genre : Essai _ Souple _ Titre : Wikifémia - Langue, genre et techno_ Type de reliure : broché logie _ Tirage : 650 _ Auteurs : Roberte la Rousse _ Directeurs de la publication : Magali Daniaux & Cédric Pigot Roberte la Rousse est un collectif d’artistes cyberféministes dont le projet radical de démasculinisation de la _ Graphisme : Schulz & Leary langue consiste à traduire « en française », c’est-à-dire en_ Prix : 20 euros tièrement « à la féminine », des textes provenant de diffé_ Parution : Avril 2022 rents horizons. _ EAN 13 : 978-2-9562753-6-7 Avec Wikifémia, Roberte la Rousse se livre à une mise en _ Format fermé : 14 x 22,5 cm récit critique de Wikipédia, laboratoire de production et de _ Nombre de Pages : 250 environ diffusion de la connaissance, miroir grossissant de la so_ N&B ciété.
Roberte la Rousse nous présente tout d'abord des biographies de femmes remarquables : de Nicole-Reine Lepaute, calculatrice et astronome française du XVIIIe siècle à Margaret Hamilton, informaticienne et ingénieure système américaine), leur récit se compose de fragments d’articles commentés sous la forme de notes critiques. L'auteurice propose ensuite une réflexion sur la démasculinisation de la langue et des savoirs au travers de deux textes : Démasculiniser la langue : En française dans la texte, langue, genre, technologie et Démasculiniser les savoirs : Wikifémia, chacun accompagné d'entretiens avec Ketty Steward, romancière, Coraline Cauchi, comédienne et kvardek du, membre des sans pagEs et administratrice de Wikipédia. Dans cet ouvrage, Roberte la Rousse développe sa critique de la langue en se fondant sur les études de genre et une approche féministe des savoirs. Elle s’appuie sur le cyberféminisme (Donna Haraway), la linguistique (du déterminisme linguistique d’Edward Sapir à l’androlecte de Michèle Causse), l’histoire des communs (Silvia Federici), l’histoire des technologies (Isabelle Collet, Félix Tréguer...), l’invention littéraire (Monique Wittig), les œuvres d’artistes comme Suzanne Treister.
Introduction La série de textes Wikifémia met en scène des biographies de femmes remarquables figurante dans la version francophone de l’encyclopédie en ligne Wikipédia. La récit est composée de fragments d'articles de Wikipédia que nous agençons et commentons sous la forme de notes de Roberte la Rousse. Wikipédia est une encyclopédie collaborative qui a la particularité d'être une texte en perpétuelle évolution. Pour cette livre, nous avons figée les informations aux différentes moments de notre rédaction, entre 2017 et 2021. Nous
avons
constituée
trois
ensembles
:-
Wikifémia – Madeleine Pelletier est consacrée aux actrices de la mouvement
d’émancipation
des
femmes
à
la XIXe
siècle)
;
- Wikifémia – Computer grrrls est dédiée à la place des femmes dans l’histoire de l’informatique, de la XVIIIe siècle à nos jours
;
- Wikifémia – Révisions révise et corrige des biographies de femmes qui nous tiennent à cœur. Dans notre démarche de démasculinisation des savoirs, nous avons faite la choix de ne mentionner aucune nom d'homme dans Wikifémia.
JUIN
C O L L E C T I O N C AT. M O N O G R A P H I E
ART&FICTION
MONOGRAPHIE
Valentine Reymond (dir.)
Niklaus Manuel Güdel DER R IÈR E L A COU LEU R
Né en 1988 et partagé entre la Suisse et le Costa Rica, Niklaus Manuel Güdel est à la fois peintre et historien de l'art. Son goût pour la peinture, qu'il découvrait petit à petit à travers la collection du père d'un ami d’enfance chez qui il passait ses dimanches, s’est aiguisé simultanément à celui pour les livres d’art, où il pouvait examiner à l’envi des reproductions, principalement d’artistes suisses de la fin du XIXe siècle. « En même temps que je balbutiais avec mes couleurs, explique-t-il, un imaginaire et une certaine idée de l’histoire de l’art se sont formés en moi. » Fort de cette double empreinte, il revendique la création comme un acte de recréation, travaillée dans un réseau de correspondances et de références. Mais il laisse aussi la mémoire GALERIE VALÉRIE DELAUNAY, PARIS, 2016. – autant personnelle que collective – osciller, dériver, affleurer par deux processus picturaux qu'il explore patiemment: le premier, basé sur le repeint et le repentir, en perpétuel devenir, ne participe pas seulement du thème de la mémoire
mais interroge également les notions d’achevé et d’inachevé. Le second consiste en un effacement progressifs de silhouettes pour laisser apparaître des blancs, des zones non colorées dans laquelle il voit une « méthode supplémentaire à [ses] petits subterfuges pour prendre du recul face à [sa] peinture. » Derrière la couleur est une monographie accomCOIN D’ATLIER, 2015. pagnant l’exposition de l’artiste qui sera présentée au Musée jurassien des arts en 2022. Cet ouvrage présente le travail pictural de Niklaus Manuël Güdel, avec une attention particulière aux références iconographiques et la notion de repentir qui parcourent son œuvre. Les reproductions sont accompagnées des notices thématiques, d’un entretien et de textes de Emmanuel Coquery, Julie Enckell Julliard, Yves Guignard, Isabelle Lecomte, Anne-Sophie Poirot, Valentine Reymond, Aude Robert-Tissot, Pauline Santschi, Claude Stadelmann, Marion Zilio.
— E N L I B R A I R I E E N F R A N C E / B E LG I Q U E L E 7 J U I N 2 0 2 2 —
format 22 x 28 cm, env. 208 pages, dont env. 160 reproductions en couleurs isbn 978-2-88964-038-6 chf 42 / euro 38 — genre monographie sujets abordés peinture, mémoire — co - édition Musée jurassien des arts textes de Emmanuel Coquery, Thomas Fort, Julie Enckell Julliard, Yves Guignard, Isabelle Lecomte, Anne-Sophie Poirot, Valentine Reymond, Aude Robert-Tissot, Pauline Santschi, Claude Stadelmann, Marion Zilio
t avec r a n o s e d e ir to is h Revisiter l’ ire… des trous de mémo UVRIR PEINTRE POUR O PROCÉDÉ D’UN CE DE COULEUR UN NOUVEL ESPA
———Niklaus Manuel Güdel est un artiste et historien de l’art suisse et costaricien. Né à Delémont en 1988, il a suivi l’enseignement du peintre soleurois Fritz Guggisberg dans son atelier dès l’enfance (1999-2006), puis il obtient une maturité fédérale en arts visuels (Lycée cantonal de Porrentruy, 2007) avant de poursuivre ses études aux universités de Bâle, Neuchâtel et Lausanne (Master en histoire de l’art, 2015). En tant qu’artiste, il expose dès 2003 en Suisse, en Europe et au Costa Rica, dans des galeries, des foires d’art contemporain, des centres d’art et des musées. En tant qu’historien de l’art, il réalise des expositions et des publications sur Ferdinand Hodler et sur Gustave Courbet, collaborant avec des institutions aussi prestigieuses que le Leopold Museum à Vienne, le Musée d’Orsay à Paris ou la Fondation Martin Bodmer à Genève. ———
VA L E N T I N E R E Y M O N D ( D I R .) | N I K L AU S M A N U E L G Ü D E L . D E R R I È R E L A CO U L E U R
EXTRAITS
igée par ir d ie h p a gr o n o m Une ice tr a v r e s n o c , d n o m Valentine Rey art et historienne de l’ E JUR ASSIEN DES ARTS CO -ÉDITION AV
EC LE MUSÉ
——— Née en 1962 à Vevey, Valentine Reymond est historienne de l’art. Elle a effectué des recherches sur la couleur dans la peinture à la Faculté des Lettres de l’Université de Genève. Elle a collaboré entre autres avec le Musée de l'Elysée à Lausanne et le Mamco à Genève. Depuis 1998, elle est conservatrice du Musée jurassien des arts à Moutier où elle a présenté maintes expositions d’art moderne et contemporain. Dans ce contexte, elle a dirigé de nombreuses publications et rédigé des essais consacrés, entre autres, à Rémy Zaugg, Arthur Jobin, Arno Hassler, René Myrha ou Christoph Büchel/Bob Gramsma. Le Musée jurassien des arts a reçu en 2014 le Prix de l'Assemblée interjurassienne (AIJ). Valentine Reymond est également membre de la section culture de la Fondation de l’Abbatiale de Bellelay. ———
Sommaire (provisoire)
ENTRETIEN
7
TITRE DE L’ENTRETIEN À DÉFINIR Valentine Reymond & Claude Stadelmann
ESSAIS
23
Niklaus Manuel Güdel Derrière la couleur
PERDRE LA RIVIÈRE Julie Enckell Julliard
39
QUAND L’ARTISTE ENTREPREND Aude Robert-Tissot
53
LE REPEINT OU LE PERPÉTUEL REPENTIR Valentine Reymond
ŒUVRES SOUS L A DIRECTION DE
VALENTINE REYMOND TEX TES DE
69
À L’OPÉRA Yves Guignard
85
PORTRAITS & AUTOPORTRAITS Marion Zilio
99
LA MÉMOIRE COLLECTIVE Pauline Santschi
109
COMME UN BLANC Emmanuel Coquery
123
LE BLEU DE LA NUIT Isabelle Lecomte
137
NATURES MORTES ET CHOSES ABANDONNÉES NN
151
ICI ET LÀ-BAS, À PROPOS DU PAYSAGE Valentine Reymond
165
SUPERSTITIONS, D’APRÈS GOYA Anne-Sophie Poirot
EMM ANUEL COQUERY JULIE ENCKELL JULLIARD Y VES GUIGNARD ISABELLE LECOMTE ANNE-SOPHIE POIROT VALENTINE REYMOND AUDE ROBERT-TISSOT PAULINE SANTSCHI CLAUDE STADELM ANN M ARION ZILIO PHOTOGRAPHIES DE
PIERRE MONTAVON
BIOGRAPHIE
173
TITRE À DÉFINIR Isabelle Lecomte
ANNEXES
ART&FICTION PUBLICATIONS
195 199 201 203
LISTE DES ŒUVRES LISTE DES EXPOSITIONS LISTE DES PUBLICATIONS REMERCIEMENTS ET AUTEURS
VA L E N T I N E R E Y M O N D ( D I R .) | N I K L AU S M A N U E L G Ü D E L . D E R R I È R E L A CO U L E U R
EXTRAITS
— Le portrait de Christine présenté ici fait partie des peintures que Niklaus Manuel Güdel a décidé de repeindre après les avoir pourtant présentées au public. Celle-ci, exposée en 2018 à la Galerie da Mihi à Berne dans son premier état (fig. 35) a fait l’objet d’une importante retouche de l’artiste en 2020-2021. Il envisage en effet de colorer la figure, ce dont témoigne dans des teintes très claires une robe légèrement bleutée et les touches jaune dans la chevelure et sur le bras du modèle. Ce fait témoigne de ses nouvelles recherches picturales, entreprises au début de 2021, et portant sur la manière de peindre ses figures et de les lier au fond, ici intégralement peint en ocre clair. Ce même tableau présente un repentir dans la position du modèle, puisque son bras droit, dépassant auparavant au niveau des hanches, a été effacé au profit du mouvement général de la figure. —
Fig. 35 — Christine II, 2015-2016 Huile et fusain sur toile, 70 x 56 cm Oeuvre repeinte par l’artiste ≥ fig. 36.
Fig. 36 — Christine III, 2015-2016 / 2020-2021 Huile et fusain sur toile, 70 x 56 cm Fonds de l’artiste 57
56
— Dans ce tableau iconique de l’art suisse du XIXe siècle, réalisé au moment où l’on perçait le tunnel du Saint Gotthard, mettant ainsi en péril l’avenir de la Malle-poste qui empruntait le col éponyme, Niklaus Manuel Güdel s’est intéressé au petit veau qui, effrayé par le convoi, cherche à s’enfuir. Il en a réalisé plusieurs croquis, mais surtout l’a intégré à une composition sous-jacente de La Mariée (fig. 64) qu’il a fini par repeindre presque complètement. Il conserve de l’état antérieur de ce tableau le palmier comme élément de paysage et, en bas à droite, le veau affolé en pleine course, contournant ces éléments de son énergique geste bleu. Il s’agit ici d’une des relativement rares citations directes que l’artiste ait réalisées. —
— Fig. 63 Rudolf Koller, La Malle-poste du Gotthard, 1874 Huile sur toile, 139 x 117,5 cm Zurich, collection du Crédit Suisse 86
Fig. 64 — La Mariée, 2014-2015 Huile et fusain sur toile, 120 x 160 cm Fonds de l’artiste 87
VA L E N T I N E R E Y M O N D ( D I R .) | N I K L AU S M A N U E L G Ü D E L . D E R R I È R E L A CO U L E U R
Fig. 77 — L’Atelier de Brancusi, 2018 Huile et fusain sur toile, 140 x 120 cm Fonds de l’artiste
EXTRAITS
Fig. 78 — La Piscine, 2018 Huile et fusain sur toile, 140 x 120 cm Moutier, Musée jurassien des arts 10 3
10 2
— Dans le domaine familial d’Olla Cero, dans le sud du Costa Rica, deux oncles de l’artiste entretiennent des plantations de palme et de fruits, notamment de ramboutans – mamones en espagnol. Ce fruit exotique, cousin du litchi, est très apprécié des singes et de l’artiste, qui y retrouve le goût de l’enfance. Le présent tableau, réalisé d’après une photographie de son oncle Daniel présentant une branche plein de ramboutans mûrs qu’il vient de cueillir avec la chusa , sorte de longue perche munie à l’extrémité d’une lame pour la cueillette de fruits haut perchés dans les arbres. —
Fig. 83 — Los Mamones, 2020 Huile et sur toile, 60 x 80 cm Collection privée
10 8
10 9
VA L E N T I N E R E Y M O N D ( D I R .) | N I K L AU S M A N U E L G Ü D E L . D E R R I È R E L A CO U L E U R
EXTRAITS
Natures mortes
Fig. 84 — Balcon I : Les Assiettes, 2020-2021 Huile sur toile, 80 x 60 cm Fonds de l’artiste
Fig. 85 — Balcon II : La Lecture, 2015 Huile sur toile, 80 x 60 cm Fonds de l’artiste 111
110
Fig. 97 — L’Escalier, 2017 Huile sur toile, 120 x 160 cm Collection privée 14 2
Fig. 98 — L’École buissonnière, 2018 Huile et toile, 120 x 160 cm Porrentruy, Collection jurassienne des beaux-arts 14 3
publication :
Europan 16 : Villes Vivantes
Titre :
Europan 16 : Villes Vivantes - catalogue des résultats 2021
Caractéristiques
(sous réserve d’ajustement de la conception graphique)
Sortie : septembre 2021 Environ 320 pages - 19,5 x 28,5 cm Papier intérieur Nautilus super white 100g. Couverture + sur-couverture kraft 300g. Tirage : 650 ex., 200 ex. destinés à la vente Prix de vente : 25 € ISBN : 978-2-9572443-3-1 EAN: 9782957244331
Maquette
La conception graphique joue avec des couches superposées : une couverture qui dépasse de la sur-couverture, des étiquettes adhésives qui personnalisent les exemplaires selon 9 séries (en option).
Contenu
Ce catalogue des résultats de la 16ème session du concours Europan présente les résultats du concours en France , à savoir les 33 projets sélectionnés par un jury international sur les onze sites français proposés en mai 2021 aux candidats : Aulnat/ Clermont Métropole , Auneuil, Bassens/Bordeaux Métropole, Douaisis Agglo, Grenoble, Istres/Métropole Aix Marseille Provence, Limoges, La Porte du Hainaut, Agglomération du Niortais/Niort, Pont-Aven, Quimper. Un thème commun, celui de « Villes Vivantes », a fédéré 40 sites en Europe dans 9 pays participants. Les propositions réfléchissaient sur de nouvelles synergies entre dimensions environnementales, biologiques, sociales, économiques, culturelles et politiques. Le thème « Villes Vivantes » a incité les différentes équipes à penser l’espace en termes de coévolution et d’interactions, à travailler des dynamiques de projets régénérateurs, alliant vitalités métaboliques et inclusives au sein des villes européennes contemporaines. Outre des textes scientifiques en introduction, le catalogue présente d’une part les sites proposés au concours, et d’autre part les équipes lauréates, mentionnées et mention-spéciales, les 3 gratifications données par le jury. Un texte rédigé par les auteur-e-s accompagne chaque projet. Un aperçu des projets présélectionnés complète ce panorama des réponses proposées. Enfin, Le catalogue se termine sur les projets des équipes françaises ou mixtes sélectionnées sur d’autres sites en Europe, montrant ainsi une vitalité culturelle internationale. C’est une exploration transversale et approfondie de la création contemporaine et des pistes d’innovations explorées par une génération de jeunes concepteurs sur un thème d’actualité.
Public visé
Les concepteurs des disciplines de l’espace (architectes, paysagistes, urbanistes, programmistes, ingénieurs, écologues…), professionnels, chercheurs et étudiants mais aussi les maîtres d’ouvrages, les promoteurs, les collectivités territoriales et leur services… bref pour tous ceux qui s’intéressent à la création et l’innovation architecturale et urbaine voulant enrichir leur propre pratique ou contacter des équipes talentueuses.
Les auteurs
Collectif dont Alain Maugard, président d’Europan France, Hélène Peskine, secrétaire permanente PUCA, Francis Rambert, directeur de la création architecturale Cité de l’architecture & du patrimoine, président du jury, et d’autres experts en urbanisme et architecture membres de la commission technique et scientifique française et européenne, et également du jury français. Également, des textes rédigés par les membres des équipes sélectionnées au concours et présentant les projets, accompagnés d’un extrait du rapport du jury, ainsi que des interviews de représentants des sites. Ouvrage collectif coordonné et édité par Europan France.
contacts éditeur : Europan France, Manon Roubaud - m.roubaud@europanfrance.org - 01 48 57 72 66 diffuseur : Paon, Antoine Leprêtre - paon.diffusion@gmail.com - 06 71 31 20 40 distributeur : Serendip livres - contact@serendip-livres.fr
pan 6 comité éditorial : J. Fischer/J.-B. Labrune couverture : S. Couderc « Le visage a des traits. Je m’en fiche. [ …] C’est n’est pas nécessairement aux pommettes ou aux lèvres qu’il a du rouge, mais dans un endroit de lui-même où est son feu. »
LA REVUE Double discours, double perception d’une même présence, double fantasmé ou jeté aux rebuts, double révélé ou nié, aimé ou haï, duplicité d’un motif inlassablement répété, insensiblement travesti… Rien ne venant jamais seul, suivons les chemins toujours doubles qu’ouvre la lecture parallèle des images et du texte. La revue pan devait un jour où l’autre se pencher sur la figure du double : après deux ans sans paraître, la voici enfin, forte des contributions de nombreux nouveaux artistes, pour interroger ce motif crucial, latent, en fait, depuis ses commencements. REVUE LITTERAIRE ET DESSINEE
juin 2021 210 x 140 mm 160 pages – 500 ex. 18 € ISBN : 978-2-9567475-5-0
Prologue, interludes et épilogue / Texte H. Michaux et images M. Rivoal 1. ………../ Images S. Couderc et texte L. Thizy 2. ……../ Images B. Muller et texte V. Blanc 3. …… / Images L. Ribeyron et texte M. Nabias 4. ……… / Images M. Pellet et texte J. Fabro 5. …… / Images J. Fischer et texte E. Delarue 6. ………/ Images C. Vuillier et texte A.-S. Plaisant
ENFANT SAUVAGE (titre provisoire) Elsa Daynac
SI PANS Pf\lA MÏNUTf.S LE BflOlOli N'A fAS ÉTÉ fWIA,16E, Cil\lE li\ TAJLE N'A f'AS ÉTÊ 11E8AMASSE E ET (l\lE Lf.s HUMAilll:!. li.ESTENT (ON�i 11ts IIOP.S �f IJ\ .S C.ÊIIIE, C.' EST Q.ve lfTTE
EJI A
LOLLE URU.
É.TÉ fiJlÉe À LA
.i._ . .., "'-.c
�-
��-
. .· ""-�- ,, -'�
couverture (provisoire)
diffusion France - Belgique - Suisse PAON-DIFFUSION 44 rue Auguste P oullain 93200 SAINT-DENIS [paon.diffusion@gmail.com] 33 (0)1 75 47 07 68 distribution France SERENDIP livres 21bis rue Arnold Géraux 93450 - l'Île-St-Denis 33 (0)1 40 38 18 14 distribution Suisse SERVIDIS S.A. chemin des Chalets, 7 CH -1279 Chavannes-de-Bogis
Le rituel de l'artiste consiste chaque matin à s'installer au bistrot et entamer une double page vierge de son journal intime : tirant un fil narratif qui fait se télescoper rêves de la nuit, humour et humeurs, écrivant, raturant, dessinant, collant, tamponnant, interpellant et question nant à l'aide de gros titres, en-têtes et autres chapeaux, puis de colonnes serrées pour tout faire tenir sur la page. "Enfant sauvage" est le titre du journal d'Elsa Daynac, corpus comprenant plusieurs grands cahiers, entamé depuis quelques années : cette publication donne à voir telles quelles les meilleures pages de ces derniers. l'auteur Elsa Oaynac a fait ses études à l'Ecole des Beaux-Arts de NancY, elle y a travaillé le texte dans toutes ses dimensions - qu'il soit écrit, dit, entendu ou peint. Ensuite, elle a écrit avec les sons à la radio (France Inter, France Musique, Arte Radio, rFi, etc). Aujourd'hui elle est auteure et réalisatrice de podcasts pour les musées (Centre Pompidou, Musée Picas so, Paris Musées, etc). Quand elle ne découpe pas des sons, elle joue avec les mots. Réunis dans ses carnets - sauvages - s'entremêlent des rimes riches ou pauvres, des pensées courbes ou des idées bavardes, des dessins écrits ou des écritures dessi nées. Elle vit et travaille à Paris.
genre : art, dessin, poésie, livre d'artiste, journal intime format 21 x 29,5 cm, 80 pages (environ), couleur hors collection isbn 978-2-919289-60-8 euro 20 (environ) poids parution 07/06/2022, 100 exemplaires impression Adlis, 59174 Templemars - France solo ma non troppo, édition d'artistes - 12 rue de la barrière blanche, 75018 Paris - France www.solomanontroppo.fr/ contact@editions-solo.fr - Geneviève Hergott - 33 (0)6 83 29 12 70
JUILLET
ARGUMENTAIRE
Collection
BEAU-LIVRE
DANS LES FILETS
EN LIBRAIRIE JUILLET 2022
Prises accessoires de la pêche thonière Préface de Guillaume LECOINTRE
Textes de Bernard SÉRET et Pascal BACH Dessins de Jean-François DEJOUANNET
L
e terme « prise accessoire » désigne toute capture faite pendant la pêche et qui ne correspond pas aux espèces et tailles des poissons recherchés. Selon le WWF, ce sont 38 millions de tonnes d’animaux marins qui sont capturées accidentellement chaque année, soit 40 % des prises halieutiques mondiales ! Si certaines de ces espèces sont conservées à bord pour être commercialisées, la majorité sont rejetées — mortes ou vives — car protégées par la législation internationale ou sans intérêts commerciaux. Cet ouvrage présente 104 aquarelles d’espèces dessinées à bord d’un navire thonier dans l’océan Pacifique. Chaque dessin est accompagné d’informations précises pour découvrir ces espèces qui intéresseront tout autant les passionnés de la mer ou de pêche, les amoureux de l’histoire naturelle ou les citoyens désireux d’avoir des données pour nourrir leurs actes de consommation d’une éthique pour l’environnement.
9791092305869 35 ¤ TTC Relié cartonné - 256 pages - 25x19 cm
Un beau-livre relié cartonné à la fabrication soignée, imprimé sur un papier premium integralement recyclé.
LES AUTEURS Jean-François Dejouannet est un dessinateur scientifique de l’IRD, affecté au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris. Bernard Séret est biologiste marin. Spécialiste internationalement reconnu des raies et des requins, il est l’auteur de plus de 200 publications et descripteur de 63 espèces nouvelles.
MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris contact@mkfeditions.com
Pascal Bach est un biologiste marin, halieute, spécialiste des pêches cotières et au large en particulier des pêches thonières. Il est l’auteur de plus de 100 publications et rapports d’expertise sur ces pêches. Guillaume Lecointre est un zoologiste et systématicien. Spécialiste des poissons, il a publié plusieurs ouvrages sur le sujet et a également été chroniqueur pour le journal Charlie Hebdo pour lequel il écrivait des articles de vulgarisation scientifique.
Plus d’informations sur : WWW.MKFEDITIONS.COM
également disponible en version ebook
Distribution/Diffusion : Serendip Livres
ARGUMENTAIRE
Collection
BEAU-LIVRE
DANS LES FILETS APERÇU DE LA MAQUETTE
• Une page contenant les informations de l’espèce. • L’aquarelle de Jean-François Dejouannet mise e n valeur e n pleine page. • Un système d’encadrés de tailles variables qui s’adaptent selon les besoins e t les informations sur chaque poisson.
Dessin zoom pour montrer u ne particularité, un détail.
REQUIN-TAUPE BLEU
Pêche Prise accessoire des pêches thonières (palangrier) 13 200 tonnes en 2014 dont 8 300 tonnes par l’Europe
ISURUS OXYRINCHUS (RAFINESQUE, 1801)
Commercialisé pour sa chair et ses ailerons, ses mächoires et ses dents ! Conservation
396 cm LT
Silhouette de l’espèce avec les informations principales : taille, poids, classification...
Classification
Longevité
Chondrichthyes Elasmobranchii Lamniformes Lamnidae
29-32 ans
IUCN : vulnérable globalement VU en danger critique d’extinction en méditerranée CR CMS: annexe II
max 505 kg Nourriture poisson, calmars, petits cétacés
0
Habitat : océanique Cosmopolite des mers tropicales et tempérées chaudes
Reproduction ovovivipare portée : de 4 à 25 petits Gestation : de 15 à 18 mois Cycles reproductif : 3 ans Age de maturité des mâles : 8 ans Taille maturité des mâles : 203-220 cm LT Age de maturité des femelles : 18 ans Taille maturité des femelles : 275-293 cm LT Taille à la naissance : 60-70 cm LT
Comportement
0,50 m
-600 m
Excellent nageur Grand migrateur Vitesse de pointe 100 km/h
12
Carte : habitat et profondeur SAUMONS DES DIEUX
Pêche
(RAFINESQUE, 1801)
Prise accessoire des pêches thonières (sennes, palangre) 1331 tonnes en 2019 principalement dans le Pacifique.
ISURUS OXYRINCHUS Classification
Commercialisé pour leur chair réputée excellente
Actinoptérygiens Lampriformes Lampridae Nourriture poisson, calmars, méduses
Conservation IUCN : préoccupation mineur LC
max 89 kg
max 200 cm LT 163 cm FL 0
Comportement Solitaires Nagent par battement de ses pectorales Effectuent des mouvements verticaux entre la surface et 500 m de profondeur, notement la nuit.
Reproduction ovovipare
Habitat : océanique Cosmopolite des mers tropicales et tempérées chaudes
Le savez-vous ? L’Opah a le sang chaud ! Il est capable de maintenir la température de son corps de 3 à 6° au-dessus de la température ambiante grâce au battements (activité musculaire) permanents de ses pectorales !
0,20 m -500 m
12
MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris contact@mkfeditions.com
Plus d’informations sur : WWW.MKFEDITIONS.COM
Distribution/Diffusion : Serendip Livres
PHOTOGRAPHIE
www.arpeditions.org Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles
joel@arpeditions.org
QUE LA FORÊT SOIT MON CADRE PASCAL DEMEESTER Que la forêt soit mon cadre
PASCAL DEMEESTER HÉLÈNE FRESNEL
Mindspring / ARP2 Editions
Les photographies proposées aux lecteurs dans le livre intitulé « Que la forêt soit mon cadre » (texte Hélène Fresnel) ont pour origine un déracinement. Déracinement qui a soulèvé plus tard une nécessité de me rapprocher à nouveau de ma culture en général à travers un nouveau projet artistique. Cet appel m’emmènera, à musarder à travers les paysages de France, de Belgique et d’Angleterre. Naitra de ces voyages, la première série d’images photographiques en noir et blanc « Vanishing Point ». Ensuite, improvisant avec les éléments de la nature s’offrant à lui, j’entrepris de construire des abris qui seront traduit par une nouvelle série de photographies « Shelter ». Ce premier livre s’adresse à un large public. Il raconte les débuts de la démarche d’un artiste du début du 21ème siècle qui devant la complexité oppressante des enjeux écologiques, politiques, socio- économique et artistiques de son temps décide dans un premier temps non pas d’éviter mais de se distancier de ces problématiques afin de se refondre, de se reconstruire en toute liberté et de proposer progressivement un regard débarbouillé sur le monde.
112 pages - 220 x 260 mm - 39 euros 500 exemplaires - Texte en français/anglais Essai de Hélène Fresnel 50 photographies en N/B et quadrichromie Couverture cartonnée ISBN 978-2-930115-83-2 © 2022 ARP2 Editions / Pascal Demeester
PAON Diffusion (BE, FR, CH)
HALOGÉNURE REVUE DE PHOTOGRAPHIE ALTERNATIVE & ALÉATOIRE
revue semestrielle 3 cahiers de 56 pages soit 168 pages au total format : 21.8 cm x 25.4 cm première édition tirée à 1000 exemplaires 28€ ISSN 2496-6541 parution : hiver 2021-2022
Pour son neuvième numéro, Halogénure, toujours fidèle à sa formule originale en trois cahiers thématiques, a décidé de répartir celles-ci sur les thèmes de la photographie américaine en couleur, la conversation photographique et musicale, et la photographie sans appareil.
Cahier 09A : de l’Amérique et de ses couleurs Dans l'imaginaire photographique européen, le continent américain occupe depuis le début du XXe siècle une large place. Si la photographie artistique y a été quasiment importée depuis l’Europe par Alfred Stieglietz et Edward Steichen au début des années vingt, l'Amérique nous l'a depuis bien rendu par la découverte de ses paysages et de son mode de vie, notamment à travers son cinéma et la photographie de mode, qui ont pour point commun d'avoir très tôt délaissé le noir et blanc. Dans l'inconscient des européens nés depuis le baby-boom, les paysages et la vie américaine se restituent, et se reconnaissent au premier coup d'oeil, avant tout par leurs couleurs. C'est ce biais à la fois cognitif, historique et artistique, que le premier cahier d'Halogénure se propose d'explorer. A travers une photographie couleur portée par trois générations de photographes, respectivement nés au début, au milieu et à la fin du XXe siècle : Fred Herzog, Pierre Belhassen et Benoit Paillé.
directeur de la publication
Manu Jougla Rédacteur en chef
Jean Fournier Comité de redaction
Jean Fournier + Manu Jougla + Benoît Capponi + Aurélien Hubert + Maxence Torillioux + Simon Vansteenwinckel Graphisme et mise en page
Simon Vansteenwinckel + Maxence Torillioux Conception web
Aurélien Hubert Relecture
Corinne Chosson Avec la participation de
Sabrina Biancuzzi imprimé sur presse HUV Offset papiers Munken Lynx 170g et Munken Lynx 120g
diffusion - distribution
Paon diffusion - Serendip
www.halogenure.coM 6 boulevard du plan d’auvergne 30120 Le Vigan contact@halogenure.com
De la pratique classique d'Herzog, photographe du Canada en Kodachrome (une pellicule aux teintes rouges saturées et caractéristiques), pionnier de la photographie couleur dans les années cinquante, à celle de Benoit Paillé, qui sillonne encore, plus de 70 ans plus tard, le même pays armé d'un compact numérique et de gélatines colorées pour son flash, en passant par Pierre Belhassen et ses photos des USA, ces trois photographes nous donnent à voir une réalité colorée et onirique de la vie outre atlantique. Une photographie d'exploration du quotidien qui nous invite au rêve et au voyage, à la fois dans l'espace et dans le temps, séduit les sens, et nous pousse à parcourir mentalement les grand espaces et y faire des rencontres improbables, comme seul le continent américain peut en offrir.
Cahier 09B : Une conversation photographique et musicale inédite Pour une fois, il ne s'agit pas d'un cahier Belge ! Fidèle en amitié, et toujours friande d'aventures collectives, Halogénure a choisi pour ce second cahier de perpétuer une tradition désormais bien ancrée dans nos pages, celle de la conversation visuelle à quatre mains. Il s'agira cette fois-ci de deux photographes, mais aussi de deux musiciens. Complices et collaborateur dans leur vie professionnelle, tous les deux musiciens et photographes, Gregory Dargent (Hijâz’Car et H) et Frédéric D. Oberland (Foudre ! et Oiseaux Tempête), nous ont proposé un dialogue poétique, visuel et musical qui se déploiera tout au long du cahier-partition qui leur est entièrement dédié. Une photographie noire et blanche, toute en croche, rythmes, et accrocs - en échos aux notes - portée par une bande son originale et inédite en contrepoint au grain du papier, qui sera disponible en écoute exclusive pour nos lecteurs. Expérience synesthésique qui repousse les limites de la publication papier ou plus long libretto visuel jamais publié, il appartiendra à chacun de se faire une idée selon que prime chez lui la sensibilité du regard ou celle de l'oreille. Dans tous les cas, un choc artistique en perspective.
Cahier 09C : LA photographie sans appareil Cela devait bien arriver. Après le sténopé, le négatif-papier, l'afghan-box, le tirage lith et bien d'autres bizarreries analogiques artisanales, Halogénure en arrive à la photographie sans appareil ! Comment et pourquoi ? C'est tout le sujet de ce troisième cahier, pour lequel nous sommes allés à la rencontre d'artistes pratiquant le médium photographique sans passer par l'utilisation d'un appareil de prise de vue. Qu'ils soient dans la lignée des maitres de la photographie surréaliste comme Patrick Bailly-Maitre-Grand, photographe internationalement reconnu qui a accepté de nous accorder un long entretien et revenir pour nous sur ses quarante années de carrière, se situent plutôt dans l'héritage de la photographie expérimentale et colorée des chimigrammes comme Charlotte Greenwood, ou qu'ils aient été des artistes clandestins et inconscients d'eux-même comme Pétroline Dufayard dont l'oeuvre très mystérieusement exhumée - nous est présentée par sa non moins mystérieuse arrière petite fille, les photographes de ce cahiers partagent tous une passion pour l'alchimie et le double sens, voire même, peut-être pour l'un d'entre eux, de l'imposture artistique. En tout état de cause, c'est in fine sur le papier que se règlera la question ; car, de par sa nature même, la photographie sans appareil est un procédé qui s'apparente à la fois à la performance et à la pratique de l'acrobatie sans filet. Il s'agit du seul processus photographique qui ne peut se faire sans l'existence directe d'un tirage, puisqu'il ignore toutes les possibilités d'étapes intermédiaires habituelles du médium.
PRÉSENTATION DE LA REVUE Halogénure est une revue photographique principalement dédiée aux pratiques analogiques et aux procédés pré-industriels, explorant la vitalité d'une zone périphérique et très active de la photographie contemporaine. A travers la publication d'une revue semestrielle, qui a la particularité d'être constituée de trois cahiers thématiques par numéro, Halogénure entend donner à voir des images et des artistes qu'elle trouve insuffisamment présentés ou diffusés dans les circuits traditionnels de l'image. L'équipe Halogénure s'est donnée pour programme de proposer à la visibilité du public – qu'il soit spécialisé ou non - un ensemble de photographes et de travaux issus de ces univers marginaux mais extrêmement actif que sont les procédés photographiques dits « alternatifs », vaste ensemble qui englobe des courants esthétiques et techniques aussi divers que les pratiques photographiques pauvres (photographie faite avec des appareils artisanaux ou des appareils-jouets), la photographie lente (sténopé et négatifs papiers), les procédés de tirages alternatifs ou pré-industriels (cyanotype, tirage lith, papier salé, procédé au platine-palladium, gomme bichromatée, etc...), ainsi que toutes les formes d'expérimentations permises par l'altération, le recyclage, le détournement du matériel existant ou les techniques d'hybridations rendues possibles par le croisement des chaines de productions analogiques et numériques, qu'elle pense promise au développement d'un nouvel age d’or. Ces explorations techniques et esthétiques se doublent d'une préoccupation de recueillir et de compiler directement la parole des praticiens et des artistes par la publication d'entretiens réalisés en direct des ateliers lors de nos rencontres avec eux. Halogénure exerce en outre une fonction curatoriale en organisant ou en participant à plusieurs expositions, salons, festivals et rencontres éditoriales par an ; afin de créer et d'entretenir un lien entre praticiens et regardeurs, qui correspond à notre vision de la photographie contemporaine comme une pratique qui soit ancrée dans la vie, productrice d'objets matériels et de sens, et surtout génératrice de rencontres et d'échanges.
L’équipe L’équipe Le comité de rédaction d'Halogénure est composé de six personnes – photographes, graphistes et historiens de l'art - qui se sont rencontrées autour de leur passion pour les pratiques photographiques analogiques pauvres et expérimentales, et qui ont choisi de se rassembler et de tenter l'aventure commune d'une revue destinée à mettre en valeur une photographie qu’ils aiment, insuffisamment publiée et diffusée dans les circuits classiques alors qu'elle exerce depuis de nombreuses années une influence importante sur les pratiques artistiques et esthétiques contemporaines. Halogénure peut en outre compter sur plusieurs intervenants réguliers qui animent des rubriques récurrentes dans leurs domaines de spécialité respectifs.
PRINTEMPS BIRMAN မြ န် မာ့ နွေ ဦး
MYANMAR SPRING
Ouvrage collectif Vas-y mon ami, pars ! Nous devons rester encore Pour soigner autant que nous pouvons Des blessures de ce monde Où les étoiles sont déchues Les unes après les autres.
POÈMES ET PHOTOGRAPHIES TEMOINS DU COUP D'ÉTAT Printemps Birman présente 13 poètes et 6 photographes birmans et rohingyas, exilés, emprisonnés, assassinés par les militaires depuis le coup d'État en février 2021. D’autres sont forcés de cacher leur identité. Leurs oeuvres sont des témoignages où se mêlent sidération, colère et détermination.
Préfacé par Wendy Law-Yone et dirigé par Mayco Naing et Isabelle Ha Eav, cet ouvrage entend donner voix aux poètes et photographes qui participent ou ont participé au mouvement de résistance civile connu comme
«Myanmar
Spring
»,
sévèrement réprimé par la Junte au pouvoir.
Un an de répression n’a pas réussi à mettre à bas les espoirs de liberté en Birmanie. Les manifestations en réaction au coup d’État du 1er février 2021, et auxquelles les militaires ont répondu par la violence, se sont changées en guérilla aux quatre coins du pays. Un an qui a vu fleurir des voix de résistance, leurs auteurs parfois aussitôt fauchés par le régime.
1
Série Freedom from fear / © Mayco Naing
LE CONTEXTE : LE COUP D'ÉTAT DE FÉVRIER 2021 1er février 2021 : un coup d'État au Myanmar renverse le régime de Aung San Suu Kyi. L'armée prend le pouvoir et un mouvement de résistance civile déploie rapidement des actions. La junte réagit par la violence.
Selon une ONG locale, début novembre 2021, plus de 1250 civils ont été tués et près de 7300 personnes sont en détention. Des tueries de masse, de nombreux cas de torture, des viols, des exécutions extrajudiciaires ont été rapportés, alors que l’armée de la Junte birmane continue de commettre des atrocités à grande échelle.
UNE PUBLICATION URGENTE lls nous tirent des balles dans la tête, mais ils ne savent pas que la révolution est dans le cœur
Ces vers ont été écrits le poète Khet Thi, arrêté et assassiné le 9 mai 2021.
Malgré tous les appels de la communauté internationale, la situation reste très critique. Printemps birman répond cette urgence. Afin de donner la voix la plus large possible aux voix de la résistance, Printemps birman /
မြန်မာ့နွေဦး
/ Myanmar Spring présentera des
poèmes en version birmane, française et anglaise.
En plus des oeuvres anonymes, cet ouvrage contient des poèmes de K Za Win, Nga Ba, Maung Day, Tun Lin Soe, Min Ko Naing, Khet Thi, Khayanpya Htet Lu, Min San Wai, Lynn Nway Ein et Thida Shania, ainsi que des photographies de Mayco Naing et de Yadanar Jewel.
Anonymous photographer 2
2
Peintures de drone fkurs dt lune. oi.ttw• dit: lwlt. luna de flwrs. luuus ll)Oft• � duines. du:ng,emenu.. 2.mour. n2ln4-, rouges. blancs. noil"I. wru. j;udln dt., vbicâ innoœmcs cach«s d.ms les rou.Jœs du feu counnL M.acien. moncgol�m. \+Won. enthousia.�.n)ts. « U' suettS. à�c;t � d'éc:h« en khee S:l.t'IS pudte !IQn tnthoust11unt. • winsron churc:hiL quettloru. IJ\"IU. rtpu. IU:1$$lnc:tS, ptdlme. 'l«UK, ,eunc,se. l;1. vit m r:nco� bdle: t& le rnxl.n pli b lffll-ett qui l'IWne J�'1u Jadln widopn.L l'h�unanitt rfWlt, dtooe u.u1,pon•r1t d'2udifflt>qu<s p<>Sllb0iib-<n1-ibUl cisd'U!'lfltrsdt via fntdUg,enus d:a:ns k ftotdts c;lngulultb 1XMdqu<s. pttnumps! Poàt :a.nonymt
,,
association loi 1901 saturne éditions lieu-dit: la salle 30440 // Le Vigan www.saturneditions.fr saturneeditions@gmail.com
FUGEES
Adrien Tache .Livre .80 pages + couverture .Format: 16.5x24 cm (vertical) .Couverture cartonné .Tirage: 500 exemplaires .Rayon: BEAUX ARTS .Thème: PHOTO .Prix de vente: 25 euros .ISBN: 978-2-931133-08-8 .Parution: Janvier 2022 .photographe: Adrien Tache .graphisme: saturne éditions Nous sommes tous des réfugiés. Ce sont les mots que Jeff, un Américain bloqué à Lagos me lâcha, un jour ou il me partageait son histoire. Cela faisait deux ans qu’il se battait sans relâche avec la justice Nigériane pour obtenir la garde de sa fille. Pour lui, que l’on soit réfugié politique ou réfugié dans nos propres doutes et certitudes, nous avions tous le même statut. Et j’étais là, voyageant depuis un moment avec mon « Afghan Box » - cette mystérieuse boîte en bois me servant à la fois d’appareil photo et de labo de développement - à me demander quel lien implicite reliait toutes ces personnes photographiées rencontrées sur mon chemin. J’avais parcouru, aussi lentement que je photographiais, la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie, l’Australie, mais aussi le Portugal, le Maroc, le Mali, le Nigéria... Et si Jeff avait raison ?
Tout réfugié a une histoire a raconter. Avec ses mots, son cœur, son corps, et toutes ces émotions qu’il renvoie. Etait-ce celà que je voulais capturer et figer sur le papier baryté à l’aide des sels d’argent ? Et par la même occasion comprendre mon rapport au monde, trouver ma propre place et l’affirmer ? Ce procédé artisanal en noir et blanc me positionne à contre-courant, face au flot d’image incessant déversé par le numérique. Il est pourtant bon de ralentir le rythme, de se reconnecter avec l’autre et la matière. Abandonner les pixels et la couleur pour retrouver le bois, les odeurs des chimies et la texture du papier.
Adrien a commencé à se former en autodidacte à la photographie dès l’âge de 16 ans, durant un échange d’un an en Malaisie avec AFS en 2006/07. En 2012, il décide de rejoindre durant deux ans un collectif de photographes en France voyageant en camion sur les routes d’Afrique de l’Ouest. De 2013 à 2016, il a réalisé le projet [Photografrika] dans plusieurs pays (Mauritanie, Senegal, Guinée Conakry, Côte d’Ivoire, Nigeria, Burkina Faso & Mali), en allant à la rencontre des photographes Ouest Africain. Depuis 2013, il voyage avec une «Afghan Box», un appareil fait maison avec laboratoire intégré lui permettant de photographier, puis de développer en moins de 3 minutes une photo unique en noir et blanc sur papier baryté. Fugees est un second projet au long terme, réalisé avec cette boîte dans différentes communautés à travers le monde: pêcheurs dans le sud du Maroc, tribu Karen en Birmanie, les marginaux de Brisbane (Australie),les ravers du Boom Festival (Portugal), des villageois au Mali, des Malaisiens, des Lagosiens (Nigéria)...et qui aujourd’hui, prend la forme de ce livre.
© Martin Parr
02
TROPICAL STOEMP, QU’EST CE QUE C’EST ? Un magazine de photographie. Pas de texte. Uniquement des images.
POURQUOI TROPICAL ? Parce que ça va être chaud, exotique, et que cela va faire le tour du monde.
POURQUOI STOEMP ? (Se prononce stoump. Plat bruxellois populaire, paysan, et simple. Il est composé d’une purée de pommes de terre mélangée avec un ou plusieurs légumes.)
Parce que c’est belge, quand même, et que cela prendra la forme d’un savoureux mélange.
C’EST QUOI LE THÈME ?
ET ÇÀ SORTIRA QUAND ?
Il n’y en a pas mais Le Mulet va essayer de raconter une histoire et aime les images qui vibrent, tremblent, et transpercent l’âme. Néanmoins, une citation ouvrira chaque numéro. Pour ce second numéro, nous avons choisi ce titre de chanson de Gilbert Montagné : « Les Sunlights des Tropiques. »
Début 2022
À QUOI CELA VA RESSEMBLER ? Un magazine papier de 22 cm x 28 cm sur papier Munken. Avec un beau poster recto-verso de 42 cm x 54 cm. Impression Offset HUV. Couverture souple avec rabats. Mis en page par Studio Dirk. Parution semestrielle. 80 pages. Tirage entre 500 et 1000 exemplaires. Prix de vente = entre 15 et 18 €.
TU AS D’AUTRES QUESTIONS ? info@lemulet.com
© Anne-Lise Boudet
AVEC DES PHOTOGRAPHIES DE :
© Bijoux de Famille
Martin Parr Anne-Lise Boudet Arno Brignon Jean-Marc Chapa Christopher De Bethune Fabio Miguel Roque Frederic D’Oberland Gael Bonnefon Layla Saad Mathieu Van Assche Simon Vansteenwinckel Ronin DeGoede ...
© Gael Bonnefon
© Anne-Sophie Landou
© Martin Parr
© LFrederic D’Oberland
© Renaud Masson
avril 2022
Lisières
de Vincent Chevillon
Pétrole éditions
Lisières
Vincent Chevillon
L’histoire du livre
Lisières Vincent Chevillon VC
Textes d’Anne Bertrand & Gregory Quenet
0 2 2 2
C
Lisières
Pétrole éditions 26, rue de la Broque, Strasbourg
Image préparées par Philipe Guilevard
B
Lisières
À notre vieille branche, ami des oiseaux, à ma pierre aux yeux brûlés de songes.
Traduction John Doherty
En parallèle de la revue Talweg éditée depuis 2014, Pétrole éditions se lance aujourd’hui dans la publication d’ouvrages monographiques, avec comme premier projet le livre Lisières, de l’artiste Vincent Chevillon. Lisières est le fruit de nombreuses visites dans les forêts alsaciennes, dans des institutions zoologiques, sur les côtes d’archipels océaniques et sur les planchers de réserves muséales. En effet, le corpus photographique regroupe à la fois des images prises dans des espaces dits naturels (bien que souvent transformés par l’homme) et des images prises dans les réserves d’institutions dédiées à l’observation et à l’étude de la vie, de la « Nature ». Le travail artistique de Vincent Chevillon tisse des liens entre l’anthropologie, la sociologie, la géophysique et l’iconologie. Sa recherche documentaire questionne la notion d’anthropocène, mais aussi la déconstruction de notre héritage colonial (et muséal), et notre relation aux espaces naturels. Le terme de « lisière » vient porter ces réflexions : « se tenir à la lisière » ou « être tenu à lisière », c’est dire la tension, l’exclusion, l’étrangeté qui résident entre ces espaces naturels et ces réserves de musées. Lisières est une collaboration au long cours entre l’artiste Vincent Chevillon et Pétrole éditions. Le choix des images, la relation entre les images et le texte, la forme de l’objet éditorial: tout a été pensé dans le dialogue, afin de porter au mieux la multiplicité de sens du travail de l’artiste. L’ouvrage rassemble 70 photographies de l’artiste, deux textes de l’historienne de l’art et critique Anne Bertrand et un essai de l’historien de l’environnement Grégory Quenet.
13
Lisières
12
Lisières Réserve
Dans la clairière, parmi les fûts minces d’arbres hauts, fiché dans l’herbe maigre, un pieu, droit lui aussi, à la section carrée. Le tiers supérieur est lisse, le reste marqué, de façon irrégulière, la forme asymétrique, creusée de moitié au milieu, inégalement ailleurs. D’une phrase on m’explique ce que je n’aurais pu deviner. Les bois d’un cervidé, ou cornes d’un mouflon, l’un ou l’autre tête baissée, frottent contre ce bois planté par l’homme pour marquer son territoire. Têtue, la bête éprouve ce qui lui résiste. Il n’y a là de violence que contenue, le bruit est d’une lutte sans vainqueur ni vaincu. Je suis émerveillée par cette image de l’animal, le col horizontal, se mêlant à l’obstacle au milieu de rien, le sculptant. AB
La forme du livre Lisières est un grand format de 23,4 cm x 32,4 cm et compte 96 pages. L’ouvrage est formé par deux cahiers distincts, maintenus ensemble par la couverture. Au centre du livre, se matérialise alors un écart, une « lisière », littéralement: c’est autour de cet espace que le livre a été pensé. La série photographique de Vincent Chevillon s’étend sur les deux cahiers, mise en dialogue avec deux textes : de brèves proses signées par Anne Bertrand et un essai théorique de Grégory Quenet. Le livre contient également une traduction en anglais des textes d’Anne Bertrand et de Grégory Quenet.
Initialement formé aux Sciences de la Terre, Vincent Chevillon a grandi en outremer. Il complète sa formation par des études en Art, rejoint en 2010 le post-diplôme des Beaux-arts de Paris, La Seine, puis le programme expérimental SPEAP (Art-Science et Société) de Bruno Latour à Science-Po Paris en 2017-2018. Ces recherches convoquent différents champs d’études comme l’anthropologie, la géophysique ou encore l’iconologie. Il développe des dispositifs généralement évolutifs à partir d’éléments récoltés ou façonnés, des images, des récits qui se formalisent sous forme d’installations, d’éditions, d’œuvres numériques, d’objets. Un premier ensemble de cette recherche a été exposé en 2011 au Palais de Tokyo. En 2013, il entreprend une étude de terrain à bord d’un voilier au travers d’une itinérance de 7 mois en mer de part et d’autre de l’océan Atlantique. Cette enquête intitulée SEMES a reçu le soutien du FNAGP et de la DRAC Alsace et est exposée au printemps 2016 à l’Espace Khiasma. Il développe depuis 2013 une plateforme encyclopédique participative intitulée archipels.org. Les recherches de Vincent Chevillon sont exposées en France et à l’étranger. Il intervient fréquemment au sein d’universités, d’écoles d’art, de centres de création, d’exposition et de musées. Depuis 2014, il enseigne l’espace et le volume à la haute école des arts du https://vincentchevillon.com/ Rhin (HEAR) à Strasbourg.
23
15
Lisières
14 22
Lisières
Lisières
Lisières
Vincent Chevillon
Format : 234 × 324 mm 96 pages Impression quadrichromie + 1 ton direct Piqûre à cheval 500 exemplaires 32 € ISBN 979-10-93041-08-7 Avec le soutien financier de la ville de Strasbourg et la région grand-Est
33
32
Lisières
Lisières Réserve
Un soir je suis descendue dans l’eau noire. C’était étrange. Sur la langue, le goût du sel, comme parfois celui de plantes, en bord de mer. D’ordinaire je nage dans une onde claire, parfois elle est troublée, mêlée d’écume. Il n’y avait pas d’inquiétude, pas le sentiment d’un danger, mais la sensation d’un contact inédit : nager en pleine énigme. Je savais qu’il y avait, au fond, des rochers, certains couverts de mousse, des algues courtes et longues, quelques menus poissons, méduses ou non, des courants. Je n’avais pas besoin de voir, consciente de ce qu’un monde était au-dessus, au-dessous de la surface où j’avançais. Confiance, respect de l’inconnu qui m’accueille. AB
Pétrole éditions Fondée en 2013, Pétrole éditions conçoit, produit, édite, expose et diffuse des publications dits « d’artiste ». L’édition devient un objet total, la forme et le contenu étant intimement liés, au service du sens véhiculé. Défendant une pratique de l’édition expérimentale, libre et collective, Pétrole éditions pense aussi l’architecture du livre sous d’autres formes, hybrides — collaborations au sein d’expositions, de performances, d’événements divers. Leur principale publication est une revue, Talweg, qui compte aujourd’hui six numéros. Pétrole éditions se compose des artistes-chercheuses Audrey Ohlmann et Nina Ferrer-Gleize, et du designer graphique Thomas Leblond.
Légendes
Légendes
75
Lisières
77 87
Lisières Le grammage du monde
1 Tim Ingold, “A Naturalist Abroad in the Museum of Ontology: Philippe Descola’s Beyond Nature and Culture”, Anthropological Forum, 2016, p. 301 – 320 ; Philippe Descola, “Biolatry: A Surrender of Understanding (Response to Ingold’s ‘A Naturalist Abroad in the Museum of Ontology’”, Anthropological Forum, 2016, p. 321 – 328; Tim Ingold, “Rejoinder to Descola’s ‘Biolatry: a surrender of understanding’”, Anthropological Forum, 2016, p. 329 – 332 2 Vincent Chevillon, extrait du site Archipels.org. 3 Le terme personne traduit la façon dont Ingold, et Descola du reste, essayent de ne pas utiliser le mot sujet qui renvoie à une certaine conception occidentale de l’individualité et la conscience, restreignant aux humains les êtres qui méritent cette dénomination. 4 Denis Diderot et Jean Le Rond d’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, Briasson, David l’aîné, Le Breton, Durand, 1754, t. IV, p. 38 – 41 (exemplaire du projet ENCCRE : http://enccre.academie-sciences.fr). 5 Philippe Descola, La nature domestique. Symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar, Paris, Editions de la Maison des sciences de l’homme, 1986, p. 35 – 39. 6 Ibid., p. 78, 270, 274. 7 Id., Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005, p. 69 – 70. 8 Ibid., p. 415. 9 Greg Dening, Islands and Beaches. Discourse on a Silent Land Marquesas 1774 – 1880, Honolulu, The University Press of Hawaii, 1980.
86
Lisières Le grammage du monde
71
Lisières
70
See Tim Ingold, “A Naturalist Abroad in the Museum of Ontology: Philippe Descola’s Beyond Nature and Culture”, in Anthropological Forum, 26-3, 2016, 301-320; Philippe Descola, “Biolatry: A Surrender of Understanding (Response to Ingold’s ‘A Naturalist Abroad in the Museum of Ontology’”, in Anthropological Forum, 26-3, 2016, 321-328; Tim Ingold, “Rejoinder to Descola’s ‘Biolatry: A Surrender of Understanding’”, in Anthropological Forum, 26-3, 2016, 329-332. Vincent Chevillon, in archipels.org. Ingold (and, indeed, Descola) uses the term “person” rather than “subject”, which denotes a certain Western conception of individuality and consciousness, which is restricted to humans. Denis Diderot and Jean Le Rond d’Alembert, Encyclopédie ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers, Paris, Briasson, David l’Aîné, Le Breton, Durand, 1754, t. IV, pp. 38-41 (an instance of the ENCCRE project: http://enccre.academie-sciences.fr). La Nature domestique. Symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar, Paris, Editions de la Maison des Sciences de l’Homme, 1986, pp. 35-39. Ibid., pp. 78, 270, 274. See Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005, pp. 69-70. See La Nature domestique. Symbolisme et praxis dans l’écologie des Achuar, p. 415. Greg Dening, Islands and Beaches. Discourse on a Silent Land Marquesas 1774-1880, Honolulu, University of Hawaii Press, 1980.
81
Lisières Lisières
Lisières Lisières
76
45
57
80
tions protégés par l’armée et les missionnaires 5. Le second type de lisières est d’une grande variété, celle des usages d’un milieu géographique appréhendé tel que déjà transformé : les espèces héliophiles colonisent les lisières de la forêt au bord des rivières, les bordures du jardin accueillent les rendez-vous galants, la frontière entre l’économie domestique du jardin et les espaces de chasse de la forêt est omniprésente 6. Cette mosaïque du territoire n’obéit à aucune des grandes oppositions habituelles telles le sauvage et le domestique car la forêt, si elle est un espace de chasse où femmes et enfants ne se déplacent qu’accompagnés par les hommes, est aussi un grand verger pour les femmes et les enfants dans un rayon d’une ou deux heures de marche depuis la lisière de l’essart, tandis que le chasseur a une connaissance intime de cette zone de chasse 7. L’identification des bordures et de leurs usages a été déterminante pour amener Descola à prendre ses distances par rapport au programme de l’écologie culturelle car, loin de l’idée de l’adaptation à un écosystème pauvre, apparait une potentialité d’usages, de circulations et de complémentarités entre espaces. Dans Par-Delà nature et culture, dont les vastes ambitions comparatives portent sur 171 ethnies différentes, les lisières prennent la forme de frontières plus rigides, celles qui séparent les différentes ontologies et leurs rapports de force : c’est le cas de l’analogisme chinois qui, parce qu’il se pense comme une demeure close, relègue sur ses marges et dans des paysages de bordure — les montagnes, l’orée du désert, les rives des fleuves —, barbares, sauvages et marginaux 8. Les lisières font glisser vers une autre anthropologie, qui ni consisterait plus à habiter le monde ou à en révéler les structures, mais à le traverser et à l’explorer. Il faut alors se tourner vers une autre figure, importante mais plus méconnue, celle de l’historien ethnographe australien Greg Dening. Islands and Beaches (1980) est un livre qui a marqué tous ses lecteurs parce qu’il reformule entièrement un problème supposément connu, celui du rapport à l’autre, à partir de la métaphore du rivage et de l’île : avant la rencontre avec l’autre et la fondation d’une nouvelle société, il faut en effet selon lui traverser la plage c’est-à-dire être un voyageur qui apporte de l’existant pour faire quelque chose de neuf 9. Autrement dit, faire monde n’est ni habiter son enveloppe ni organiser sa cosmologie mais tracer des frontières et les traverser, se détacher des conditions ordinaires des vies pour se confronter à la transformation du sens, au risque de la mésinterprétation. Dening fait de cette métaphore la définition de toutes les situations de contacts — physiques, culturels, sociaux —, définissant ainsi les êtres humains comme des voyageurs des îles, apportant un monde avec eux pour en créer un nouveau sur des rivages qui marquent un début et une fin. Même interconnectés les uns aux autres, ces réseaux ne sont pas faits de synapses mais de lisières entre différentes épaisseurs. C’est le grammage du monde.
limite. Ici l’outil photographique, le dessin exhume en quelque sorte des objets, des lieux, des inscriptions oubliés. Cet ensemble vise à explorer les différents accès que permettent les images aux espaces, et de définir mais je devrais dire, d’aménager un territoire par un jeu de piste. Cette itinérance ne vise certainement pas le cœur de ce territoire mais croit plutôt à en esquisser l’essence par sa périphérie, sa lisière 2. » C’est pour cela que ni Ingold ni Descola ne peuvent être plaqués sur les images présentées ici. Le premier voit des organismes personnes en les décrivant non comme des entités délimitées mais au contraire comme des nexus composés de fils noués dont les extrémités détendues se répandent dans toutes les directions en se mêlant à d’autres fils pris dans d’autres nœuds 3. Les champignons sont la figure phare de cette écologie car ils ont des limites indéfinissables, ils coulent, ils suintent, ils emplissent l’air de leurs spores et infiltrent le sol avec leurs sinuosités, leurs fibres ne cessant de se ramifier et de s’étendre. Le monde de Chevillon est tout autre, peuplé d’aiguilles, de rochers, de feuilles, de rivages, c’est-à-dire des entités aux bords tranchants qui assument une mise en monde par la discontinuité entre les existants. Le second étudie des schèmes cognitifs incorporés lors de la socialisation c’est-à-dire des processus collectifs enclenchés par des filtres ontologiques, composant des mondes qui ne sont pas tant des représentations de la réalité existante que des modes d’identification caractérisant des groupes humains. Même s’il assume qu’il n’y a pas de connaissance sans médiation, le propos de Chevillon n’est pas d’isoler différentes manières de figurer qui donneraient à voir l’armature ontologique du réel, mais d’exhumer, de collecter, d’exposer. En somme d’être un explorateur. Revenons au terme de lisière, tel qu’il apparaît non pas dans les dictionnaires contemporains mais dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, c’est-à-dire en amont de la stabilisation du mot sous les espèces de la frontière. LISIÈRE, s. f. (Gramm. & Ourdissage.) c’est le bord d’une étoffe ou en laine ou en soie, qui est toujours d’un tissu plus fort & plus serré, & communément d’une autre couleur que l’étoffe. Voyez les articles Manufacture en laine & en soie. Il se dit aussi de deux cordons larges & plats qu’on attache aux corps des enfans, par derriere, à la hauteur des épaules, à l’aide desquels on les soutient & on leur apprend à marcher. Ce dernier se prend aussi au figuré, & l’on dit d’un homme subjugué par un autre, qu’il en est mené à la lisiere. On dit la lisiere d’une contrée, la lisiere d’une forêt [sic] 4. Lire cet article, c’est se rendre compte que la lisière met en contact des matières, des espaces et des êtres hétérogènes dont l’attachement n’efface pas une certaine asymétrie : un tissu est plus fort et plus serré que l’autre, les cordons soutiennent l’enfant, l’homme en subjugue un autre. Où est donc ce rapport de force à la lisière d’une contrée, la lisière d’une forêt ? Dans le jeu des volumes ? Dans la vitalité ? Dans la puissance d’agencement ? Dans tout cela en même temps ? Un monde avec lisières recoud moins le tissu des relations entre nature et culture qu’il n’assemble des épaisseurs différentes. C’est une invitation à reparcourir l’œuvre de Descola à la recherche des lisières. Car, si celui d’Ingold est fait d’un tissu de fils tramés par l’immersion du corps dans le monde, on ne comprend pas quelle place pourrait être laissée aux lisières. Le terme apparaît en revanche à plusieurs reprises chez Descola dans ses pages plus ethnographiques où il décrit les pratiques et les usages, en décalage avec un système qui reste marqué par l’énigme des contacts entre modes d’identification et la difficulté théorique à penser les transformations d’une ontologie à une autre. Deux sens principaux apparaissent, qui structurent le territoire amazonien des Achuars dans La Nature domestique (1986). La première lisière, c’est celle du contact entre collectifs tel qu’il s’organise dans l’espace autour des Achuars c’est-à-dire avec d’autres animistes, les Jivaro shuar autrefois leurs ennemis, mais aussi avec des naturalistes, les foyers de colonisa-
mation of sense; which entails a risk of misinterpretation. Dening applies this metaphor to every form of contact — physical, cultural, social — between human beings as island voyagers bringing with them a given world out of which a new one can be created on shores that mark a beginning and an end. Even interconnected, these networks are not comprised of synapses, but of “lisières” between different layers. The weight of the world.
Lisières The weight of the world
74
Lisières
Lisières
I 56
Lisières
Lisières
78 79 80 81 82 83 88
P. 71 — 88
Étoiles du silence institut de zoologie, Liège, juil. 2019 Tronc et briques réserve du musée zoologique, Strasbourg, nov. 2018 Chaos Cévennes, sept. 2020 Mât de rut ancienne réserve de chasse grand-ducale du Luxembourg, juil. 2016 Bouée en lisière lagune de Bálos, Crète, fév. 2010 Jardin Le Vigan, août 2009 Fantôme de jument réserve du centre d’histoire des sciences et des techniques, Liège, sept. 2018 Nid Grünewald, Luxembourg, juil. 2016 Verger La Palma, oct. 2013 Arbre mort La Palma, nov. 2013 Cyclamens, poison et nid de frelons Le Vigan, sept. 2020 Anémone et papillon institut de zoologie, Liège, sept. 2019 Crâne, chaise et seaux réserve du musée zoologique, Strasbourg, déc. 2018 Buste de Cuvier réserve du musée zoologique, Strasbourg, nov. 2018
Lisières
71 72 73 74 75 76 77
P. 1 — 22
Ruche cévenole – lumière anti-insecte réserve du Mucem, Marseille, sept. 2020 Plantation de pins ancienne réserve de chasse grand-ducale, Luxembourg, juil. 2016 Mandibule de cachalot et chevalets, réserve du musée zoologique, Strasbourg, août 2012 Ossements de cétacés réserve du musée zoologique, Strasbourg, août 2012 Yole végétation et filet pendu, Le Carbet, Martinique, jan. 2014 Gorge Baranco de las Aguas, Tenerife, nov. 2013 Ruine Lissos, Crète, fév. 2009 Pins des Canaries La palma, oct. 2013 Grès, épines forêt de Fontainebleau nov. 2011 Pétroglyphes Cueva de Buracas, La palma, oct. 2013 Chaise et attelle lagune de Bálos, Crète, mars 2010 Hêtre Lingas, Cévennes, août 2020 Refuge Seelbach, forêt domaniale de Ingwiller, août 2013 Avant-poste Diamant, Martinique, janv. 2014 Ravine Baranco de las Aguas, Tenerife, nov. 2013 Aquariums réserve du museum-aquarium, Liège, sept. 2019 Coquilles réserve du museum-aquarium, Liège, sept. 2019
Lisières
44
Lisières
5 5 9 10 11 13 14 15 16 17 19 20 21 22
E
1 2 3
Annexes Vincent Chevillon Initialement formé aux sciences de la Terre, Vincent Chevillon complète sa formation par des études en art puis par le post-diplôme des beaux-arts de Paris et le programme Speap de Sciences Po Paris. En 2013, il entreprend une étude de terrain à bord d’un voilier au travers d’une itinérance de 7 mois en mer de part et d’autres de l’océan Atlantique. Ses recherches convoquent différents champs d’études tels que l’anthropologie, la géophysique ou l’iconologie. Il développe des dispositifs généralement évolutifs à partir d’éléments récoltés ou façonnés, des images, des récits qui se formalisent sous forme d’installations, d’éditions, d’œuvres numériques, d’objets. Les recherches de Vincent Chevillon ont été exposées en France et à l’étranger (Palais de Tokyo, Espace Khiasma). Depuis 2014, il enseigne à la Hear de Strasbourg. www.vincentchevillon.com | www.archipels.org Gregory Quenet Idoluptatque que volorrum eliquid eriaern atiusa volore nulparuntum dignis molore dolum, quos dolupta solupti sitias aut elessit, quiberum ditatur modit aut autem conseque sit que sust laut ipsa simus verum et ommoluptatus dolesti onsenih itibus es venit magnimu sciatur, soluptat etur, illuptae ea ne del im quis et autem sim ducient atas audit explitaquo volut quam deligent volupiet dolorrovid es conseque pa pra suntota con cuptat volorec tibeat animaio. Nequi delis eum eos aut qui nis porepratio. Denditat volenet fuga. Ut acepel et autatiunt quam rate que sam ut que essum es atio tectur sinum nis solloribusda ped magnia que porernam faccus nonsequat unt quamusa piendandebit este quiasped et aut unt laborpos vel min eos dita vel ipid quid et que et utatem abor asped eossitat ma voloratur adis im quame dolupta testrunt. Aperumet veliquibus moluptio. Ecupidelit porem. Itat alit eos ut officiunt. Fersperum dolo quamus. Arum, sintium dit eaquunt et il eaquia peliquam deribea et at.
Diffusion librairies : Paon diffusion 44 rue Auguste Poullain 93200 Saint-Denis
Contact : Pétrole éditions 26, rue de la Broque 67000 Strasbourg
contact@petrole-editions.com www.petrole-editions.com 06 41 02 06 95
J
Lisières
88
Lisières
73
Lisières
72
Lisières
Anne Bertrand Voloribus doluptatus, undessit, idus porem dolupta volorerum labor mintis as mi, solore, ant magnam, sendaerro volorepe verionsequam eum harci dit, sequas sition rehent, sectium eum utatibus natus. Vit, architatur rem quatum la con reruntios poria qui in paribus. De magnati ationsecum sequiaspidi temporem harum restrumenda si quia ne voluptas quibernat perovidis dolor recti doluptas ipsum aut ad quiat quam quae moluptate re necta ima incitati cuptasp edigent officimendae asincid ebitiatem quo cum eosa vitio quiat oditaestio es am quas alit lab ipsunt mini aceptat expel ilit, officiliquid molupturibus alique sum nobis adia aperferspis
CINEMA
NOUVEAUTÉ AVRIL 2022 ARTS • CINÉMA • CINÉMA D’ANIMATION BLINK BLANK
Numéro 5 Printemps/été 2022
Entretiens avec Ralph Bakshi, Ugo Bienvenu, Michel Ocelot, Alê Abreu, Tibor Bánóczki & Sarolta Szabó, Joël Vaudreuil… DOSSIER : SCIENCE-FICTION RENCONTRE AVEC RALPH BAKSHI Rencontre avec le « rebelle de l’animation US », réalisateur de Fritz The Cat (1972), Le Seigneur des anneaux (1978)…
19,5x24,7 cm à la française 160 pages illustrées en couleurs couverture souple isbn 978-2-9568325-9-1 parution : 05 avril 2022 prix de vente public 20€TTC imprimé par Jouve-Print (53)
FILMS & SÉRIES Entre articles et entretiens, aperçus de l’actualité de la création. > Critiques d’une douzaine de films courts, longs, VR et séries : All Those Sensations in my Belly de Marko Dieska, The House de Emma de Swaef et Mark James, Princesse Dragon de Jean-Jacques Denis, Les voisins de mes voisins sont mes voisins de Anne-Laure Daffis et Léo Marchand, Robin Robin du studio Aardman… EN CHANTIER Travail de longue haleine, le cinéma d’animation permet qu’on porte un regard attentif sur des œuvres en cours. > Présentation de projets en cours de production (Adam change lentement de Joël Vaudreuil, Perlimps de Alê Abreu, Le Pharaon, le sauvage et la maîtresse des confitures de Michel Ocelot)
Éditions WARM 9 rue d’Aubert 53000 Laval warm-ed.fr Diffusion-distribution Serendip Livres 21 bis rue Arnold Géreaux 93450 L’île Saint-Denis Tél. : 01 40 38 18 14 contact@serendip-livres.fr gencod dilicom : 3019000119404
PASSÉ PRÉSENT Dossier consacré à un sujet historique trouvant une résonance dans l’actualité de la création. > L’exposition «De Popeye à Persepolis, bande dessinée et film d’animation» présentée en 2022 au musée de la CIBDI d’Angoulême. HOMMAGE Otsuka Yasuo LA FABRIQUE DE L’ANIMATION Le cinéma d’animation a des métiers, des questionnements et des écritures spécifiques. > Dans l’atelier avec Gianluigi Toccafondo > Texte inédit de Wendy Tilby et Amanda Forbis > Portfolio Agnès Patron VOIX OFF Des personnalités livrent ici témoignages et réflexions à propos du cinéma d’animation ou de certains films. > Philippe Geluck > Le Congrès de Ari Folman par Michel Chion
BLINK BLANK c’est : Deux fois par an, 160 pages, un dossier thématique, des entretiens inédits, des points de vue critiques sur l’actualité, une incursion dans les coulisses de la création, un éclairage historique sur un artiste ou un studio… La revue donne la parole aux critiques, historiens, chercheurs, observateurs attentifs de la vie des formes animées et aux artistes eux-mêmes.
www.revue-blinkblank.com
BLINK BLANK
BLINK BLANK
BLINK BLANK
Blink Blank#4
Blink Blank#3
Blink Blank#2
Blink Blank#1
NOUVEAUTÉ JUIN 2022 ARTS • CINÉMA • ACTEURS CULTURELS CINÉMA
les cinémas associatifs un autre paysage des salles françaises
Lola Devant et Mathilde Rolland
Près d’un tiers des cinémas en France sont dirigés par des équipes associatives. Si les informations relatives à l’exploitation cinématographique dans son ensemble sont nombreuses et précises, celles concernant spécifiquement les salles associatives sont plutôt rares et parcellaires. De plus, les données disponibles, souvent uniquement quantitatives, peinent à rendre compte de la singularité des approches, des réalités et des dynamiques territoriales, des engagements artistiques et des expériences de vie partagées dans ces lieux de culture et de citoyenneté. En somme, de leur utilité sociale en milieu rural comme urbain. 14x19 cm à la française ≈ 160 pages illustrations d’Élise Kasztelan isbn 978-2-493524-0-10 parution : 07 juin 2022 prix de vente public 16€TTC imprimé par Jouve-Print (53)
Partant de ce constat, Lola Devant et Mathilde Rolland sont allées à la rencontre d’une centaine de personnes impliquées dans la gestion, la programmation et l’animation de salles associatives en France, du Calvados au Périgord, en passant par Lille, Mantes-la-Jolie ou encore Cucuron. Ce livre propose quelques-uns de ces entretiens, révélateurs d’une certaine manière de considérer le cinéma, à la fois comme art populaire de rencontre avec l’altérité – des regards, des modes de vie, des représentations – et comme lieu de construction individuelle et collective inscrit dans la cité.
Éditions WARM 9 rue d’Aubert 53000 Laval warm-ed.fr Diffusion-distribution Serendip Livres 21 bis rue Arnold Géreaux 93450 L’île Saint-Denis Tél. : 01 40 38 18 14 contact@serendip-livres.fr gencod dilicom : 3019000119404
les cinémas associatifs un autre paysage des salles françaises
CINÉMA
SOMMAIRE _ Cinémas ruraux et de quartier : une cartographie de cinémas de proximité _ Pour une diversité de la programmation _ La conservation d’un patrimoine architectural _ Une affaire de transmission : mise en partage et solidarité _ Des missions d’intérêt général au service public ?
LES AUTRICES Lola Devant et Mathilde Rolland sont de jeunes professionnelles œuvrant dans le champ de la diffusion et de l’action culturelle cinématographique. Après des études d’histoire, de lettres, et de cinéma à l’université de Bordeaux 3, Lola Devant se spécialise dans le travail de transmission et d’éducation à l’image, de la médiation à la programmation en passant par la coordination et la mise en place de politiques publiques (Cinémathèque française, Enfances au cinéma, ADDOC, Festival de la Rochelle). Elle est actuellement chargée de secteur Cinéma au sein du service culturel du Département de Loire-Atlantique. Mathilde Rolland a suivi un parcours technique (CAP opérateur projectionniste et BTS audiovisuel) et universitaire (Master recherche cinéma, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Sous la direction de Vincent Amiel, elle a écrit le mémoire « Pour une reconnaissance des salles associatives dans l’exploitation cinématographique française ». Aujourd’hui diplômée de la Fémis, cursus Exploitation, elle œuvre au sein de l’équipe de Macao 7e art, association territoriale pour la diffusion du cinéma Art et Essai et de recherche, l’animation et la formation des exploitants basée en Normandie.
les cinémas associatifs un autre paysage des salles françaises
CINÉMA
APERÇUS (maquette en cours d’élaboration - images non contractuelles)
illustrations d’Élise Kasztelan
CINÉMA Collection dédiée au… cinéma, à la rencontre de lieux, d’artistes et d’acteurs de la scène cinématographique.
Le cinéma Utopia à Avignon de 1976 à 1994 une histoire de militantisme culturel et politique Michaël Bourgatte France, années 70. Anne-Marie Faucon, Michel Malacarnet et leurs compagnons de route inventent à Avignon un lieu atypique et pionnier, où ils souhaitent partager avec le plus grand nombre leur passion du cinéma et de l’échange. Avec peu de moyens (souvent) et beaucoup d’inventivité (toujours). C’est le début de l’aventure Utopia. Une aventure marquée par de nombreux engagements (contre l’uniformisation de la pensée et de la création, contre les discriminations, pour la prise en compte des questions environnementales, etc.). Par des tentatives plus ou moins heureuses et des méthodes assez peu orthodoxes (Utopia candidat aux élections cantonales de 1992 !). Et surtout, par une vision dynamique de la salle de cinéma, lieu de vie et de partage au coeur de la Cité. Des premiers pas fougueux (et aixois) jusqu’à l’ouverture de La Manutention en 1994, une histoire en mode Do It Yourself riche en rebondissements. Une source d’inspiration.. Michaël Bourgatte est enseignant-chercheur. Il s’est intéressé à l’exploitation cinématographique Art et essai, d’abord comme historien puis comme chercheur en communication. Coauteur du livre Le cinéma à l’heure du numérique. Pratiques et publics (MKF, 2012).
13x19 cm à la française archives reproduites dans un cahier quadri et dessins de Charb en N&B couverture souple dos carré collé 176 pages isbn 978-2-9556739-5-9 parution : 6 avril 2018 prix de vente public 16€TTC
Editeur WARM
9 rue d’Aubert 53000 Laval Tél. : 07 87 13 17 50 infos@warm-ed.fr warm-ed.fr
diffuseur-distributeur Serendip Livres 10, rue Tesson 75010 Paris contact@serendip-livres.fr Tél. : 01 40 38 18 14 Fax : 09 594 934 00 gencod dilicom : 3019000119404