LITTERATURE
AVRIL
L’AUTEUR
Anton Beraber approche la quarantaine. De ses excursions par le monde il hérite d’une vision littéraire sensible et grandiose, entre tradition et modernité. Il a, entre autres, publié en 2018 un premier roman, La Grande Idée aux éditions Gallimard, pour lequel il a reçu le prix Valérie Larbaud et le prix Transfuge du Meilleur Premier Roman. Il vit actuellement en Lettonie.
CELLES D’HÉBERT Anton Beraber
« Parce qu’évidemment il y en a que je sors du lot : celles de la Poste, par exemple, qui ont bien du mérite. Celles qui dorment sous le pont de fer. Les folles. Les vendeuses de muguet mais tout dépend du prix. Les ouvreuses du Salon agricole et, malgré tout ce qu’on pourrait croire, malgré les yeux qu’elle a toujours un peu fixes, madame Mitterrand. » « Celles », ce sont toutes ces femmes qui ont croisé le chemin tortueux d’Hébert. Croisé au hasard d’un emménagement contraint, le narrateur rencontre ce personnage un peu rance dans une ville qu’on croirait oubliée. Il lui confiera alors ses frasques, terriblement humaines, dont la morale s’écarte au profit d’une loi qui n’aurait été écrite que pour lui. Porté par une langue sans pareil, ce texte donne ses lettres de noblesse à un homme qui en manque certainement, mais il aura le mérite de nous interroger sur ces réalités qu’on préfèrerait n’entrevoir qu’au travers de la presse. Entre rire et effroi, à chacun et chacune de s’y confronter, et de se faire son idée sur ce personnage hors-norme aux contours indéfinis et au verbe fort.
Parution : 05/04/2022 Prix TTC : 16 euros Nombre de pages : 120 Format : 13 x 18 cm Poids : 450 gr. ISBN : 9782956166030
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INFOS
LE LIVRE
Roman
LE MOT DE L’AUTEUR « Les curieux qui se proposent d’élucider la mystérieuse direction d’une époque doivent accorder la même importance à ses esprits de pointe, ses leaders et ses virtuoses, qu’aux quelques obstinés qui y fraient à rebours du mouvement général. C’est une pareille rencontre que raconte Celles d’Hébert. Pas un roman : une suite d’images télescopées que le souvenir et, aussi, le sentiment d’une certaine complicité recomposent assez librement. Il reste peu de choses d’Hébert, quelques exploits secondaires, des mots à lui ou, parfois, simplement un geste qu’il avait, une façon de se taire, moins encore. Qu’importe : personne pour justifier sa mystérieuse autorité sur la vie mais personne, non plus, pour la remettre en question. Le bon sens ni la meilleure littérature ne parvinrent à nous guérir de notre fascination à son endroit. Pas seulement pour les femmes. Il fut un de ceux qu’on se défend d’écouter, qu’on écoute pourtant ; une sorte de Socrate dont un ancien élève s’essaie ici, grossièrement parce que trop tard, à restituer le sermon et à fixer les traits. Le narrateur, quatre ans durant, partagea avec lui une petite maison dans un faubourg de sous-préfecture. J’ai voulu malgré cela que le livre fût court : autour d’Hébert s’appliquent systématiquement les contractions du rêve. Je n’ai pas souhaité qu’il répondît à toutes les questions qu’il posait. Comme le rêve encore, j’ai perdu de vue le trait qu’entre le bien et le mal les hommes de notre temps savent si nettement tracer. » A.B.
Je fus appelé une nuit par la gendarmerie d’un de ces bourgs du plateau Sud dont je devais confondre jusqu’à la fin les noms et les accents. Hébert s’était fait passer à tabac. C’était, semble-t-il, un règlement de compte, l’épilogue d’un de ses amarrages ratés au destin d’une veuve pensionnée dont les héritiers repartirent aussitôt sur Paris avec leurs nerfs-de-bœuf. On l’avait ramassé dans un fossé au bord de la route, délirant sur les filles d’Eve et déjà à demi mort de froid. Il avait écrit mon numéro dans la paume de sa main. Les militaires le descendirent aux urgences sur la banquette de la Kangoo. Quatre jours à peine qu’il avait disparu: c’était trop peu pour s’alarmer. L’officier de service, au téléphone, s’interrogeait sur les raisons qui avaient amené le vieil homme, handicapé de surcroît, à randonner dans la 65
nuit parfaite de la Bordure avec sa cravate de golfeur et ses mocassins à glands; et je me demandai, moi, de quel handicap on parlait tant la demi-cécité d’Hébert lui promettait de supériorités compensatoires mais la stupeur du sommeil, les chouettes frôlant le volet, l’écho de ma propre voix déformée dans la ligne me paralysaient l’intelligence. A trois heures du matin mon interlocuteur cachait mal sa curiosité à l’égard de ce singulier naufragé de la passion dans le dos duquel, déjà, les femmes de ménage se signaient. Il n’avait aucun papier sur lui, donnait un autre prénom que le sien, l’adresse qu’il avait renseignée – un appartement dans la ville d’à côté dont tout cela dépend – m’était pareillement inconnue. Je ne pus répondre sur son médecin traitant ni si lui-même avait été marié. Ceux qui contactaient le standard pour prendre de ses nouvelles raccrochaient sans se présenter. Quand je lui rendis visite, le lendemain, Hébert avait parfaitement recouvré ses esprits. « Elle me disait Toi t’as le truc spécial et moi je lui répondais des gentillesses du genre que son mari il devait pas lui dire souvent. C’était un qui faisaient des seaux à champagne; une emboutisseuse, des feuilles de fer, le motif tu le graves ou bien tu le décalques, beau aussi quand bien fait. Les voisins 66
Gil Ben Aych
Éditions du Canoë
2022
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Avril
Genre : récit Format : 12 x 18,5 cm Pages : 320 Prix : 18 € ISBN : 978-2-490251-60-5 Né en 1948 à Tlemcen en Algérie, Gil Ben Aych arrive en France à l’âge de sept ans. Après quelques années passées à Paris, il s’installe en banlieue parisienne, à Champigny. Devenu professeur de philosophie, on lui doit notamment Le Chant des êtres (Gallimard), Le Livre d’Étoile (Seuil), Le Voyage de Mémé (École des Loisirs). Son œuvre, largement autobiographique, poursuit le pari ambitieux et admirablement tenu de transformer en littérature la culture essentiellement orale du pays dont il est issu. Il a publié en avril 2021 le premier volume de La Découverte de l’amour et du passé simple : Simon, aux Éditions du Canoë.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com
Dans ce deuxième volume, le héros, Simon, a 13 ans. Il observe la famille au sens large, cousins, cousines proches ou éloignées, leurs parents, avec humour et tendresse. C’est la découverte des filles, des différences sociales. Petit-bourgeois de banlieue p opulaire, il observe, déchiffre les prises de position des uns et des autres, compare, mesure, s’initie à la politique, au théâtre, découvre le s ionisme dans un camp de vacances à Hyères, le travail dans un grand magasin au rayon tissus, et après dans une usine où l’on fabrique des boulons au cours d’un voyage en Allemagne pour des vacances avec son frère Abram. C’est le temps de l’apprentissage, de la rencontre avec Bärble, des lectures, des timidités de l’amour naissant, des gaucheries, de toutes les inquiétudes, des doutes qui caractérisent l’âge incertain de l’adolescence.
Téléphone : 06 60 40 19 16
Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip
Éditions du Canoë
2021
9 avril
Gil Ben Aych
Genre : récit Format : 12 x 18,5 cm Pages : 320 Prix : 18 € ISBN : 978-2-490251-3-91 Né en 1948 à Tlemcen en Algérie, Gil Ben Aych arrive en France avec sa famille à l’âge de 7 ans. Après quelques années passées à Paris, ils s’installent en banlieue parisienne à Champigny. Toute son œuvre, abondante et très populaire, (Voyage de Mémé, L’Essuie-main des pieds, Le livre d’Étoile, Le Chant des Êtres, Au jour le jour) raconte à travers son expérience et celle de ses proches, l’histoire d’une famille juive en France dans les quartiers tenus à l’époque par le parti communiste. Devenu professeur de philosophie, il poursuit dans le dernier volume de La Découverte de l’amour et du passé simple, intitulé Soixante-huit, le pari ambitieux et admirablement tenu de transformer en littérature, la culture essentiellement orale du pays dont il est issu.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
La Découverte de l’amour et du passé simple est une saga en 4 volumes de l’histoire de l’émigration en 1956 d’une famille juive algérienne en France et de sa vie jusqu’à la fin des années soixante – Soixantehuit étant le sujet du dernier volume, à paraître en 2022. Le héros porte le nom de Simon. Il a, comme l’auteur, 7 ans lorsqu’il quitte Tlemcen pour habiter Paris, puis Champigny, la banlieue rouge, dans ces années-là, tenue par le parti communiste. Dans la culture orale dont Simon vient, l’écrit est réservé à Dieu. Dans son appropriation progressive de la culture française, il s’éloigne à mesure de son passé, de ses couleurs, de ses accents. Le premier livre, Simon, paru en 2002 aux Éditions Exils, dévoile un appartement de Champigny, son collège avec ses profs, les commerçants, la nourriture, le porc, la banlieue, ses parents exilés et la conscience encore embryonnaire qu’il pénètre dans un monde autre qu’il faudra faire sien s’il veut transgresser l’interdit implicite de sa culture : écrire. Dans les volumes prochains Simon et Bärble et Simon et Peggy, le lecteur retrouvera la famille au sens large. La série s’achève sur Soixante-huit à paraître ultérieurement qui clôt cette véritable fresque des années soixante qui nous plonge dans un monde disparu dont l’évocation à la fois drôle et tendre arrache souvent des larmes.
Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
ÉDITIONS DES GRANDS CHAMPS
DOMINIQUE CHARNAY
Queneau et ses vies de chien « Faut être un bon animalier »
En librairie le 5 avril 2022 112 pages, 12 euros L 120 mm x H 160 mm, illustrations couleurs ISBN : 978-2-9574223-2-6 • familier de son œuvre multiforme, Dominique Charnay livre un portrait de l’écrivain intime et méconnu à travers ses relations, réelles et fictionnelles, avec la gent canine • une chronique espiègle et délicate, illustrée de documents inédits provenant des archives privées de l’auteur du Chiendent
Présentation Romancier, poète, peintre, traducteur, critique, mathématicien, s cénariste, parolier, académicien, pataphysicien, oulipien, directeur chez Gallimard du Comité de lecture et de l’Encyclopédie de la Pléiade… ces visages de Raymond Queneau (1903-1976) sont bien connus. Pourtant, à la faveur de ces pages à la fois drôles et émouvantes, Dominique Charnay le révèle sous un jour inattendu : dans l’intimité de sa relation avec les trois chiens qui accompagnèrent, l’un après l’autre, les vingt dernières années de sa vie. Au fil d’un texte instruit et avisé, apparaît le rôle sensible que chacun d’eux aura joué auprès de ce maître de la syntaxe devenu bilingue canin pour comprendre leur langage sans mots. Ses observations, ses perplexités, les lettres et billets pleins d’humour et de tendresse échangés à leur propos avec sa femme éclairent la personnalité attachante de Queneau, d’ordinaire si discret dans l’expression de ses sentiments. Mais les vivants portraits de Lucky, Loulou de Poméranie, d’Aïda, Cocker anglais, et de Taï-Taï, Shih tzu du Tibet, ne se limitent pas aux seules données biographiques ; leurs équivalents de fictions sous la plume de Queneau sont aussi convoqués. Depuis son recueil autobiographique Chêne et chien (1937), le canidé, en effet, par les voies de l’étymologie normande (quesne : chien), s’est imposé comme emblème patronymique chez l’écrivain. Dominique Charnay explore au passage la place souvent cocasse de la sphère animale dans l’œuvre de Queneau, lequel ne cessa jamais de manifester une attention curieuse, sensible et protectrice à l’égard des bêtes.
Raymond Queneau et Aïda en promenade dans les bois.
L’auteur Journaliste, photographe, critique de cinéma, collectionneur et bibliophile, Dominique Charnay s’est surtout attaché à des aspects peu connus de l’œuvre et de la vie du père de Zazie. Après Queneau et la peinture (Buchet-Chastel, 2003), Cher Monsieur Queneau – Dans l’antichambre des recalés de l’écriture, préfacé par Pierre Bergounioux (Denoël, 2011) fut salué par la critique. En charge de l’édition du Journal inédit de Queneau et d’un choix de lettres à sa femme (à paraître chez Gallimard), Dominique Charnay a également publié Queneau dans le jardin de Buñuel – « Je me suis bien emmerdé » (La Part commune, 2018).
editionsgrandschamps@gmail.com • editionsgrandschamps.fr • tél. Julia Curiel 06 87 07 22 45 / Stéfani de Loppinot 06 68 18 86 35
Monsieur Lucky
Paris, lundi 12 mars 1951. Tandis que débute le troisième gouvernement Queuille et que sont fixées les conditions d’attribution des allocations chômage, Lucky, un modeste loulou de Poméranie, est à la fête. Parfaitement inconnu jusque-là, il pose pour la presse entre un éminent écrivain et sa femme. Comme le fera quelques jours plus tard Albert Einstein à la une de France Soir, il tire la langue aux photographes. Mais à la différence du physicien malicieux qui aurait pu sortir d’un dessin de Maurice Henry, lui ne joue pas les cabots. Truffe brillante, babines expressives, il garde son naturel. On dirait même qu’il sourit. Sur les photos prises au domicile du couple, rue Casimir-Pinel, à Neuilly, Raymond et Janine Queneau, ont aussi la mine réjouie. Il y a de quoi. Avec six voix contre trois, l’auteur de Pierrot mon ami vient d’être élu à l’Académie Goncourt, au couvert de feu Léo Larguier. Responsable du Comité de lecture des éditions Gallimard, il va pouvoir soutenir plus encore les livres auxquels il croit. À commencer, 13
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EXTRAITS
queneau et ses chiens
dès l’automne, par Le Rivage des Syrtes de Julien Gracq. De son côté, la vénérable Académie s’honorera, dans son rapport moral annuel, de compter à sa table un auteur « dont la vaste culture, la libre imagination se sont brillamment exercées dans le roman, la critique et la poésie. » Plusieurs clichés montrent le nouvel académicien seul, assis en cravate et veste de tweed à l’angle d’un rayonnage. Il tient de la main droite un exemplaire ouvert de Moby Dick, de l’autre Lucky, qui paraît pour le coup assez indifférent à son geste littéraire. Au livre de Melville succède, dans une pose identique, la biographie de Mirabeau. Y voir un message révolutionnaire ne serait évidemment pas raisonnable. On peut remarquer au passage que l’opus en question ne produit guère plus d’effet sur le loulou. Lequel se présente cette fois de profil, impatient manifestement de remettre pattes à terre. Lucky était entré sur le tard dans la vie de Queneau, qui était entré sur le tard dans la sienne. Sept ou huit ans pour l’un, quarante-cinq pour l’autre. Des âges déjà avancés lorsqu’il s’agit de s’adopter au premier regard. Rien du reste n’avait été programmé en ce sens. Sauf que le hasard, soucieux pour l’occasion de la cause animale, avait ses plans. Dans son jeu : un lycéen de quatorze ans, Jean-Marie Queneau. Il rend visite à sa grand-mère maternelle près de l’Étoile. Elle vient de recueillir un chien abandonné par une de ses connaissances. Chance pour Lucky, Jean-Marie le « récupère » (dixit) et rentre avec lui chez ses parents. 14
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—HEAD Publishing Domaine Etudes genre, poésie contemporaine ISBN 978-2-940510-64-1
Sortie prévue Avril 2022 Publié en français
04 80 pages (approx) Format: 105 x 170 mm Poids: 200 g Impression en bichromie Reliure cousue-collée Prix: 10€ / CHF 17
Collection Manifestes
Carla Demierre MRIOIR, MIOIRR MRIOIR, MIOIRR de Carla Demierre est un récit, celui d’une histoire d’amour naissante entre deux jeunes personnes, Sam et Maggie, de leurs échanges de petits mots, de textos, de rendez-vous, d’attentions, de nourriture. Ce livre est aussi un manifeste politique en faveur d’une langue inclusive. L’autrice y combine une large palette de propositions portées par diverses communautés de locuteur-trice-s. Ces signes sont visibles pour certains, comme l’usage de pronoms neutres tels que iel ou ael, d’autres sont plus discrets, tels les mots épicènes ou l'accord de proximité. Les interventions sont d’ordre syntaxiques ou grammaticales, mais également parfois graphiques, avec l’emploi pour certains passages de lettrages inclusifs – où les marques de genre se superposent en une seule lettre – créés par le jeune graphiste Tristan Bartolini. Cet ouvrage est enfin un tour de force poétique et formel, où la langue, mais aussi la linéarité de la narration sont retournées comme un gant, par l’intermédiaire d’ajouts de fragments (dessins, commentaires de blog météo, sms et mots doux échangés) ou la structure narrative en miroir, le récit porté successivement par Maggie puis Sam. Toutes ces opérations laissent deviner que Carla Demierre envisage l’inclusivité, et la plasticité qu’elle implique, au-delà de la question du genre, comme un processus de création en soi à même d’interroger et de renverser une série de systèmes hiérarchiques. La transgressivité du projet tient à sa dimension ludique même; le plaisir que prend l'autrice à démanteler les règles de composition unitaires ou binaires d’un texte est communicatif: il donne envie d'en faire de même. Une postface dans laquelle Carla Demierre explique comment elle a rédigé son texte accompagne le récit.
Exemples de doubles-pages
L’autrice Carla Demierre Carla Demierre a étudié les arts visuels à Genève et la création littéraire à Montréal où elle a mené une recherche autour de la question du montage en littérature. Ses textes mélangent poésie et narration, expérimentation formelle et cut-up documentaire. Attentive aux écritures de tous les jours et puisant ses matériaux dans des sources hétéroclites, elle cherche à comprendre quels jeux s’installent, par l’entremise du document (brut, traité ou remixé), entre la vie matérielle et la fiction littéraire. Elle a publié notamment, Ma mère est humoriste (LaureLi/Léo Scheer, 2011), La collection Un manifeste est une déclaration écrite publique par laquelle une personne ou un groupe expose un programme d’action ou une
Autoradio (Héros-Limite, 2019) et Qui est là ? (Art&fiction, 2020). En parallèle, elle explore diverses formes de publication hors du livre comme la lecture publique, le podcast, l’envoi postal ou le fanzine. Elle enseigne les pratiques d’écriture à la HEAD – Genève.
position. La collection Manifestes de la nouvelle structure HEAD– Publishing met en valeur des partis pris, réflexions et actions développés par des acteurs de l’art et du design pour faire face aux enjeux contemporains.
Extrait
Éditions le Sabot contact.lesabot@gmail.com
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Collection du seum 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul
+33 676249059
PLEIN SOLEIL Lancée sur les traces d'un auteur à succès avec qui elle a des comptes à régler, Léa croise la route du Lacis, une organisation nébuleuse qui mène une guerre souterraine contre le pouvoir à coup d'attaques cybernétiques. Pendant ce temps, la rumeur chuchote à travers l’Europe le nom d’une entité énigmatique, née à Istanbul. Avec son intrigue digne d'un film d'action, plein soleil se laisse avant tout guider par la perception sensorielle des corps. L’intime devient ici politique et les sens prennent le pouvoir. Si la violence – vécue et infligée – constitue sans doute le nœud du roman, cette violence se dénoue au fil des pages grâce à une polyphonie qui se révèle vitale. plein soleil est une épopée collective à pas feutrés, un opéra chuchoté à l'oreille.
Ambitieux par le dispositif de son scénario, libre par le déploiement de son style, riche par les sensibilités de ses personnages, c'est surtout un roman généreux qui renvoie chacun à sa faculté de rendre réelle la possibilité d'être ce que le désir lui souffle, et de se relier, ce faisant, intimement au collectif. Natol Bisq a grandi en plusieurs langues. Il vit à Bruxelles, travaille ailleurs et cherche encore. plein soleil est son premier roman.
À paraître en avril 2022 120 x185 mm / 608 pages / 17 € Thèmes : premier roman, roman polyphonique, hacking, transe, parasites. Isbn : 978-2-492352-07-2
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PLEIN SOLEIL [ prélude ]
On appelle dépouille la peau qui, au moment de la mue, se détache du corps de certains animaux. Il arrive qu’entre les pierres ou les branches, on trouve l’une de ces enveloppes caduques, vague réminiscence de l’être vivant qu’elle abritait. On tente alors de se figurer l’aspect de la bête, en se demandant peut-être pourquoi là, à un moment donné, cette peau a dû céder à une autre. Il est midi, il fait très chaud. Un dimanche, je crois. Mon regard parcourt la surface étincelante du lac : personne. Personne ne serait assez fou pour s’exposer de plein gré au soleil par cette canicule. Je ne peux pourtant m’empêcher d’imaginer que quelqu’un, là-bas, un quelconque tiers nous observe. Un vieillard du village, par exemple, venu pêcher sur le lac comme tous les dimanches, malgré la chaleur barbare de l’été. Depuis sa petite barque, paisible au milieu de l’eau, cet amateur de pêche à la ligne aurait sans doute déjà aperçu quelque chose. Dressé sur son canot, il plisserait les yeux afin de mieux distinguer la rive. Non sans surprise, il constaterait qu’à une centaine de mètres de lui, pas loin de la maison en ruine, une foule s’est réunie au bord de l’eau. Ce ne serait certes pas la première fois que les environs du lac hébergent un évènement dont l’envergure dépasse les occasionnelles parties de pêche, baignades et les piqueniques improvisés. En une décennie, le bassin a bien servi de décor à trois fêtes de mariage, deux rencontres nationales d’ornithologie et un festival de musique empêché par le maire. Mais ce furent là de grandes occasions, annoncées des mois à l’avance dans chacun des villages du coin. Personne ne se doutait qu’aujourd’hui aurait lieu le moindre évènement. 4
Et voilà qu’une flopée de silhouettes se dessine sur le rivage. Pas des gens d’ici, ça se voit tout de suite. De Palerme – peut-être même plus loin. De quoi susciter la curiosité du pêcheur, car rarement les gens d’ailleurs ne s’aventurent jusqu’ici, recoin oublié en plein cœur de la Sicile, mal connecté aux villes et bien trop éloigné de la fraîcheur des côtes. D’ailleurs, de manière générale, il ne se passe jamais rien par ici. L’extraordinaire fait rarement halte dans cette région dépeuplée de l’île que l’Italie balance sur la pointe de sa botte. C’est donc par un élan de curiosité que l’amateur de pêche se rapprocherait de la rive, mais prudemment, comme s’il s’agissait d’un attroupement d’oiseaux migrateurs que le moindre mouvement suffirait à effrayer. Tout en s’approchant, le vieillard serait pris d’une pointe d’inquiétude, car l’ambiance sur la rive n’a rien de drôle. Et lorsqu’en Sicile l’ambiance n’a rien de drôle, il est judicieux de passer son chemin en examinant ses pieds avec application. Appâté par l’inhabituel de la scène, l’homme mènerait néanmoins sa barque en direction du rivage. Ainsi, il ne tarderait pas à se trouver assez proche pour constater l’étrange inactivité des visiteurs, comme s’ils attendaient quelque chose. Il n’y a pourtant rien à voir, ici. Rien qu’une maison en ruine au bord d’un lac et – désormais – des grappes de gens sur la rive, retranchés tant bien que mal dans les rares lambeaux d’ombre. Une bonne centaine en tout. Si on y parle, c’est à voix basse : torpeur collective. Personne, pourtant, ne fait mine de vouloir se baigner. Troublé, le vieillard se demanderait quelle mouche a piqué ce troupeau de se donner rendez-vous à midi sous une chaleur écrasante. Ce que c’est qui vaille la peine d’attendre comme ça, debout et sans relâche. Ce n’est qu’en s’approchant un peu plus, en longeant la rive avec lenteur, qu’il commencerait à distinguer, les postures d’abord. Maladroites, quelque part, comme si personne ne s’était attendu à trouver tant de monde réuni là. Comme si chacun avait cru que sans doute il valait mieux ne pas trop répandre la nouvelle. Une méfiance amicale, oui vraiment, je ne pourrais 5
décrire cette ambiance autrement. Une méfiance à l’égard de l’amitié, peut-être. Des individus en retrait qui pourtant se connaissent, si pas très bien, du moins assez pour ne pas se priver de quelque marque de sympathie. Alors pourquoi se tiennent-ils tous sur leurs gardes – une mauvaise blague, ce rassemblement ? Non, ce serait trop facile, il y a autre chose. Le silence crachote de l’amertume, c’est le moral qui parle. Très bas. Tellement, peut-être, que même si le pêcheur savait qu’il s’agit en réalité d’un enterrement, il ne pourrait s’empêcher de soupçonner autre chose que juste la mort d’une connaissance, juste la mort d’un parent. Petit à petit il approche encore, il voit des sourires menus, des épaules trop raides ou trop voûtées, il entend des bribes de conversations et il se demande Il se demande combien de morts vraiment on porte en terre en ce jour d’été ingrat. Moi je sais, oui : aucun. Il n’y a pas de corps. Il n’y aura pas de cercueil, pas d’oraison. Des gens seulement. Un tas de personnes convoquées au bord d’un lac sans bien savoir pourquoi. Il est midi, il fait très chaud. Un premier août, je crois, quelque part entre futur et passé. Je me trouve à l’écart en compagnie de mon ami Pablito, celui qu’on appelle parfois le Pirate. Nous observons une silhouette qui avance vers nous. L’éclat du soleil nous fend le regard. Ce n’est pas un vieux pêcheur, c’est une femme. Elle a dû nous voir dès son arrivée. Elle a dû apercevoir l’homme à mes côtés, surtout. De loin, car il est énorme. Et comme nous, mais sans doute pour d’autres raisons, elle n’a pas voulu se mêler au monde. Elle a fait un signe de la tête en s’approchant, sans desserrer les mâchoires. J’ai failli le dire tout haut : Tina la Tahitienne, te voilà. Je sais qu’elle a grandi loin de là, je le sais. Née en Alsace de parents siciliens, elle est partie s’installer sur l’île de ses 6
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Collection du seum 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul
PLEIN SOLEIL ancêtres à l’âge de vingt ans. Il n’y a rien à expliquer, elle est Sicilienne et quelque peu androgyne, mais pour moi, et sans doute pour moi seule, c’est une fille de Tahiti. Je l’imagine sortie tout droit d’un tableau de Gauguin. Mais d’une toile qu’il n’a jamais pu peindre, car Tina n’est pas l’une de ses petites Tahitiennes. Pas la jolie petite du père Paul. Plutôt celle que toujours Paul a lorgnée sans jamais parvenir à mettre la main dessus. Celle qui lui mordait les doigts et lui griffait le visage quand il virait audacieux. Celle-là : belle, robuste, taillée d’acajou. Et fière, surtout, très fière. D’un regard circonspect, elle scrute les alentours, les mains dans les poches comme pour y cacher son qui-vive. L’étoffe de son foulard ne couvre pas ses épaules. Elle a la peau polie et basanée. — Qui manque ? demande-t-elle en épiant la foule éparse au bord du lac. Ni moi, ni Pablito ne répondons dans l’immédiat. Nous savons très bien qui manque. Le corps du défunt, en premier lieu. Puis une bonne partie de ses amis : l’un en détention préventive, l’autre décédé, et quelques autres encore sans excuses aussi valables. Le baryton du Pirate finit par opiner qu’il est peut-être trop tôt encore, pour tirer des conclusions. Un petit ricanement s’échappe de la gorge de Tina lorsqu’elle lève le menton vers le ciel, yeux clos. Immobile pendant quelques secondes, l’ébauche d’un sourire autour des lèvres. En examinant son visage hâlé, ainsi livré à la lumière, je me demande ce qui peut bien lui traverser l’esprit – ce qu’une autre personne que moi, dans les présentes conditions, pourrait bien ressentir face à tout ceci. Soudain, elle rouvre les yeux , les pupilles rivées sur le soleil. Elle cligne à peine, fixe l’astre comme pour finir aveugle et d’une voix âpre et saline, elle dit : Ça, c’est lui jusqu’au bout... Canicule le jour de son enterrement. La blague. C’est comme si elle ne s’adressait pas à nous, mais à cette chose dans le ciel qui lui brûle les yeux. Le foulard posé sur 7
pas exclu que je lui aie menti sur toute la ligne. Que pour des raisons obscures, j’aie gardé pour moi quelque bribe d’information concernant la disparition de l’homme qui fut mon amant, le sien, et celui de je ne sais qui d’autre encore. Puis d’un coup, sa méfiance se dissipe et ses traits se plient en un grand sourire. Une large grimace que je qualifierais de diabolique si je ne me doutais pas que dans les îles c’est le vent, et nul autre, qui taille les sourires. Sans transition aucune, Tina ôte son pardessus. Sous sa blouse, elle ne porte pas de soutien-gorge. Je lui souris à mon tour et passe un bras autour de sa taille. Son dos est moite mais ça ne fait rien. Nous considérons la foule ensemble et en silence. Bientôt le Pirate se place derrière nous, sa main se pose sur mon épaule et j’incline la tête. Je repose ma joue sur sa grosse main velue et je pleure. Larmes ni sanglots, mais je pleure. De tout mon corps je pleure. J’aimerais tant voir celui de mon amant, le voir reposé. Ne serait-ce que le savoir étendu entre quatre stupides planches cloutées. J’en ai besoin, de le savoir mort pour de vrai, j’ai tant besoin de précisions. Mais non, pas de corps, pas de cercueil, juste une date, un lieu, un rapport. Le deuil par écrit. Et cette infime croyance imbécile que qui sait, peut-être il y a eu erreur. La garde côtière a trouvé ses vêtements, son portefeuille, le long du littoral – voilà pour toute dépouille. D’un mouvement lent, je relève la tête. — Tu l’as vu, toi, récemment ? Tina se racle la gorge avant de répondre à ma question. Sa voix n’en demeure pas moins rauque. — Non, dit-elle. Mais la rumeur… la rumeur dit qu’il se trouvait en Sicile depuis des semaines. — C’est qui, la rumeur ? Ma voix s’est parée d’une froideur, je ne voulais pas. Mais c’était ça ou les sanglots. La chaleur du contact de nos flancs est sur le point de devenir insupportable, mais je garde mon bras où il est, autour de sa taille. Tina hésite, une poignée de 9
ses cheveux s’agite dans la brise. Il lui tapote l’épaule nue, comme pour dire : arrête. Arrête de défier le soleil ainsi, il te brûlera jusqu’aux os. Le Pirate ne réagit pas. Un silence campe dans le triangle formé par nos corps, lui elle moi. Les gouttes de sueur perlent sur nos fronts. Lui, le regard au loin ; elle, dans l’incandescence et moi ne trouvant rien à dire, sauf : arrête. Arrête de fixer le soleil comme ça. Tout ceci est absurde. Tina finit par détacher ses yeux du ciel. Son visage se tourne à nouveau vers la foule. Elle chancèle. Je doute qu’elle puisse distinguer grand-chose, hormis des taches sur sa rétine. Ses yeux bordés de larmes clignent et sa voix s’adresse, rauque, à moi. Elle demande si vraiment, je ne sais pas ce qui s’est passé. Je ne perçois aucune hostilité dans le timbre de sa voix. Plutôt de l’indifférence à peine trop marquée. Mais la question posée là, entre deux corps en deuil, n’en est pas vraiment une. Un autre jour, j’aurais ri. — Tina, je t’en prie, je t’ai dit tout ce que je savais. La femme quitte le paysage des yeux pour me toiser. Méticuleusement. Son visage demeure illisible durant une poignée de secondes. Sans me lâcher des yeux un seul instant, elle esquisse un mouvement vers l’homme à ma droite. Pablito ne dit rien mais laisse filer un soupir. Il a dû comprendre qu’ici, elle et moi, nous nous faisons face en tant qu’amantes. Amantes du même homme disparu. Et que c’est parfaitement ridicule. Que d’ailleurs, elle ne couchait plus avec lui depuis longtemps. Je soutiens néanmoins son regard toujours indéchiffrable pendant quelques secondes de plus. Un filet de tension marbre le silence. Il fait chaud et les perles sur nos fronts se font lourdes. Je les vois reluire, ces gouttes, et je me demande laquelle cèdera la première pour se muer en larme. Pendant ce qui semble être une éternité, la Tahitienne me dévisage comme s’il n’était 8
secondes. Les gouttes s’égrènent. — Jules, je crois… elle est la dernière à l’avoir vu. Jules. Surprise. — Elle est là ? — Oui. J’observe le profil de Tina, fixant toujours la foule devant. Les gouttes lui tracent une ornière sur la tempe, son dos est trempé. Mon bras se détache, je soupire. L’air brûle
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MAI
Désertiques
un livre de Benoît Meunier
Genre / Récit littéraire Comment s’échapper des pièges du quotidien – même insignifiants en apparence, comment trouver la sortie ?
Parution
mai
2022
isbn : 978-2-911917-81-3 115 x 165 mm 96 pages 12€
Désertiques est un triptyque de trois nouvelles situées chacune dans un espace/temps indéfini, où le protagoniste est en butte à une même souffrance, la solitude et l’absurdité de l’existence, où il se trouve enfermé. Dans ces récits labyrinthiques, ponctués de rebondissements à la lisière du fantastique, un même dénouement libérateur verra le personnage s’échapper. Ce recueil est une réflexion poétique et ironique sur notre quotidien, et peut-être, aussi, un éloge de la fuite et de la révolte. ■
L’auteur Benoît Meunier – Né à Lyon en 1977, il vit à Prague depuis 2004. Il enseigne le français et traduit du tchèque des livres de genres divers (romans, poésie, BD, jeunesse). Il a publié des poèmes et des textes en prose dans plusieurs revues. Il prépare un recueil de poésie, Monodies, à paraître à l’automne 2022 aux éditions du Hanneton.
Résumé du livre Désertiques de Benoît Meunier se présente tel un triptyque. Trois récits, aux intrigues séparées, sont proposés au lecteur : organisés chacun en douze chapitres, ces récits sont respectivement intitulés « La montagne », « La station-service » et « La mine ». Trois lieux, comme hors du monde (le nôtre, du moins) : Trois lieux « désertiques », situés dans un espace-temps indéfini. Chaque récit fait entendre, à la première ou la troisième personne, un personnage, en butte, quoique dans des décors et des situations différents, à la même souffrance : une solitude ronge le coeur de qui ici pense et parle – solitude extrême, insoutenable, accrue par un vif sentiment d’incompréhension et d’inutilité de toute action. Littérature de l’absurde que ces explorations mentales, où l’hallucination règne. Chaque récit expose ainsi, dans une écriture hypnotique, d’une grande exigence, les paroles et les pensées d’un personnage en butte à l’opacité de son existence. Dans ces récits labyrinthiques, ponctués de rebondissements à la lisière du fantastique, un même dénouement « libérateur » verra le personnage s’échapper. Mais cette « libération » sera moins un happy end, que la révélation d’une vérité – que l’auteur formule aussi énigmatiquement que le reste. Désertiques, en trois actes d’une même pièce, entre Lautréamont, Beckett et Kafka, expose âprement, en images vives, aux antipodes d’une chronique réaliste, ce que le métier de vivre suppose d’angles morts, d’espoirs insensés, et d’insolubles mystères…
Mots-clés Absurdité – Construction – Enfermement – Libération – Nouvelle – Opiniâtreté – Résistance – Solitude
Extrait 1
I
l dit :
la tortue, je l’ai rencontrée lors d’une tentative de départ, à quelques heures de marche de la montagne. De loin, je l’ai d’abord prise pour une grosse pierre, mais il se trouvait que mes pas me portaient vers elle, et j’ai remarqué en passant sa forme exceptionnellement arrondie. Elle se dirigeait vers la montagne d’un pas placide. J’étais si fasciné par la lenteur extrême de ses mouvements que je me suis mis en route à ses côtés, marchant à la même allure qu’elle. Je lui expliquai le but de mon périple. Mes paroles aussi ralentissaient. Nous avançâmes ainsi pendant des jours. Pour ne pas devoir m’arrêter et attendre la tortue tous les trois pas, je dus procéder à un vaste réglage de mes mouvements sur les siens : je ne déplaçais les pieds que sur une distance très courte, quelques centimètres, et en plusieurs secondes. Ainsi, nous progressions au même rythme, la tortue et moi, quasi figés. Il n’y avait plus un souffle de vent, et je crois que le soleil lui-même s’était arrêté au milieu de la voûte céleste. Nous étions minéraux. Seuls des sons brisaient l’immuable : je parlais avec la tortue ; j’articulais patiemment des mots étirés, des mots écrasés au rouleau compresseur, dont les consonnes s’aplanissaient et les voyelles tombaient dans les basses. Et la tortue me répondait sur un mode similaire, par de longs souffles rauques et profonds qui me rappelaient tantôt la note ronde qu’émet une bouteille lorsqu’on expire perpendiculairement au goulot, tantôt le chuintement monotone des pluies d’orage. Nous étions tels des statues, unis dans notre immobilisme. Nous parlions du désert, de la montagne, du lac salé, de sa vie de tortue. Nous avons mis trois semaines à rejoindre la montagne. Depuis, elle vaque dans les environs, et fait parfois des escapades de quelques jours. (La montagne)
Extrait 2
L
du scarabée se divise en deux parties bombées. Elle est d’un noir intense, et parcourue de reflets vermillon. La partie avant, qui figure une tête obsessionnelle et aveugle, est presque plus grande que le corps et surmontée d’une corne fière et retroussée ; le tout produit une impression de force et d’élégance rehaussée d’un entêtement inquiétant, vaguement porcin. Je commence à distinguer une régularité dans les crissements que l’insecte produit : certaines phases semblent revenir, quoiqu’à de longs intervalles aléatoires. Je parle souvent au scarabée. Il m’écoute sans vraiment réagir. (La montagne) a carapace
Collection 109, parution mai 2022
Choux et néons Le Capitaine Silver, sorte de pirate urbain fantasque et râleur, s’est trouvé comme il se doit : un brasdroit/sous-fiffre/comptable, deux hommes de main danois, un perroquet, une mère caractérielle qui se désole d’avoir un fils aussi con et surtout des ennemis (le métro de 4h37 et un certain Chmuz). Car il en faut des ennemis, des tas, pour exister. Dans ce roman à mi-chemin entre Hook et Marry Poppins, les adultes ne sont pas vraiment des adultes, les pirates pas vraiment des pirates, et la ville un terrain de jeu presque aussi grand que l’océan.
L’auteur : Jonathan Bay Avocat d’affaires, éditeur (chez Tishina), galeriste, écriveur d’histoires et boxeur (pas aussi bien qu’il voudrait), Jonathan Bay cumule les métiers et les expériences comme des champs croisés d’inspiration – avec la douce excitation de vivre un peu plus de vies que la sienne. Il est par ailleurs un mari heureux et le papa de deux petites filles. Tous ensemble, ils vivent et s’aiment entre la France et la Bulgarie. Choux et néons est son premier roman.
© M. Anguelova
Bouclard éditions
7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye
contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18
www.bouclard-editions.fr
Collection 109, parution mai 2022
Choux et néons — Jonathan Bay Même s’il ne possédait ni bateau à trois mâts, ni gouvernail, ni voiles, ni cordages, ni équipage véritablement qualifié – et, à son âge, il apprenait encore à nager – le Capitaine Silver était un pirate. Mais être pirate consistait surtout à s’agacer de tout et de rien, à grommeler des heures, brailler des gros mots en toute liberté et danser des gigues en claquant les talons. Croire que la Terre est plate. Parler à la Lune. Cacher ses secrets dans un cœur en cuir. Fiche technique
109
Format : 176 pages, 12 x 20 cm
109 pour le youngblood, le sang neuf. 109 pour la Génération Y, la Génération youngblood. Une collection qui défriche une nouvelle génération de jeunes romanciers/cières. Une collection de petits formats accessibles. Sans contrainte de genre et de style. Des textes courts de fiction. Des thématiques générationnelles mais sans prendre des grands airs intellectuels. A lire en train sur un Paris-Nantes.
Tirage : 1000 exemplaires Prix de vente : 15 € Diffusion : Serendip ISBN : 978-2-493311-02-3
Bouclard éditions
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Ed Lacy
Éditions du Canoë
2022
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Mai
Genre : roman policier Format : 12 x 18,5 cm Pages : 192 Traduit de l’américain et préfacé par Roger Martin Prix : 16 € I.S.B.N. : 978-2-490251-61-2 Ed Lacy est un des nombreux noms de plume sous lesquels Leonard Zinberg (1911-1968) se cacha pour publier les romans policiers tirés et lus à des dizaines de milliers d’exemplaires. Auteur sous son patronyme de 4 romans et de plus de 200 nouvelles, il a joué avec le feu. Juif, non croyant, communiste, marié à une Noire et père adoptif d’une petite fille noire, elle aussi, il a eu l’inconscience de faire de ses personnages principaux des militants communistes et de publier des articles dans la presse noire. Victime de la chasse aux sorcières, il reprend son ancien métier de postier qu’il avait exercé entre 1935 et 1940 sans s’arrêter d’écrire des nouvelles qu’il signera Ed Lacy ou Steve April. Abandonnant le roman social et politique, il se lance alors dans le roman noir, genre où se sont illustrés des progressistes comme Dashiell Hammett, Horace McCoy ou Robert Finnegan. Resté fidèle aux valeurs progressistes, il stigmatise dans tous les romans qu’il publie au rythme de 2 par an de 1951 à 1968, le racisme, la misogynie institutionnalisée, le culte de la virilité et des armes, la corruption et la violence pour la violence.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com
Le héros de Traquenoir est un Afro-Américain nommé Toussaint Marcus Moore. Engagé comme détective pour retrouver l’auteur d’un crime oublié dont l’arrestation constitue le clou d’une émission de téléréalité à gros budget, il doit pister un pauvre Blanc, lequel, malgré la filature serrée dont il est l’objet, se fait assassiner. C’est alors lui, Toussaint Marcus Moore, qui devient le premier suspect… et il est noir ! Si on l’arrête, il est bon pour la chaise électrique. Il faut donc absolument qu’il retrouve l’assassin. L’intrigue est très bien menée. Le suspens ne faiblit pas. Le roman se déroule dans une Amérique blanche et raciste des années du maccarthysme. Bien avant les héros de Chester Himes, Ed Cercueil et Fossoyeur-Jones, Toussaint Marcus Moore est l’un des premiers personnages noirs de détective, faisant de Leonard Z inberg alias Ed Lacy un pionnier au talent incontestable.
Téléphone : 06 60 40 19 16
Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip
Extrait Début 1958, les Mystery Writers of America, conscients sans doute que quelque chose vient de se passer, attribuent à Room to Swing l’Edgar (pour Edgar Allan Poe) du « meilleur roman policier de l’année 1957 ». C’est que non seulement l’ouvrage est le premier à mettre en scène un détective privé - si peu - noir, mais qu’il tranche avec la production courante. Toussaint Marcus Moore, dont nom et prénoms indiquent d’emblée la couleur, souligne certes les travers et les injustices de son temps, l’attitude de trop nombreux Blancs, mais aussi celle de Noirs qui ne font que les singer au détriment de leurs propres frères de couleur, le racisme ouvertement manifesté, mais aussi la réaction de sa propre petite amie qui préfèrerait que son teint soit plus clair et qui affiche sa satisfaction de ne pas avoir des cheveux crépus, sans oublier la bienveillante condescendance de Blancs qui se donnent pour progressistes mais sont surtout paternalistes. En outre, chez Lacy, la question raciale n’est jamais loin de la question sociale. Thomas, le petit Blanc raciste du récit, qui a connu la misère et la maison de correction, est à sa façon une victime, comme May, qui gagne sa vie en vendant son corps parce qu’elle ne veut plus jamais être pauvre, ou encore cette madame James que Toussaint est chargée de retrouver parce qu’elle a déménagé en laissant derrière elle des traites non payées. (...) Le récit est d’abord celui d’une traque, celle à laquelle se livre le héros, Toussaint Marcus Moore, puis, très vite, celle dont il devient l’objet. Cible de la police et de l’assassin, de chasseur, il est devenu gibier. Traquenoir s’est alors imposé. Roger Martin
À plus d’un titre 66 chemin de Bande La Curiaz 73360 LA BAUCHE aplusduntitre69@orange.fr www.aplusduntitre.org
Un inconnu nommé Zinberg de Roger Martin Le Roman noir américain est un genre étudié dans le monde entier. Paradoxalement, pendant longtemps il a suscité plus d'intérêt en Europe, et spécialement en France, qu'aux Etats-Unis. Les travaux de critiques, éditeurs et directeurs de collections, à commencer par François Guérif, Claude Mesplède, Philippe Garnier, suivis de l'intérêt de cinéastes comme François Truffaut, Bertrand Tavernier ou JeanClaude Missiaen , ont remis en lumière des auteurs oubliés ou méconnus chez eux, en particulier Jim Thompson et David Goodis. La Série noire et Rivages noir ont beaucoup contribué au succès d'un Chester Himes puis d'un James Ellroy, longtemps plus prisés en France qu'aux Etats-Unis, d'un Edward Bunker ou d'un Jim Nisbet dont nombre de romans restent inédits outre-Atlantique. Étrangement, et bien que 15 de ses romans aient été publiés en France à la Série Noire ou dans la collection Un Mystère des Presses de la Cité, sans compter une trentaine de nouvelles dans Alfred Hitchcock Mystère Magazine, Ellery Queen Mystère Magazine et Le Saint Magazine, un des auteurs de roman noir les plus importants des années 1950 à 1970 reste méconnu. Dans le domaine du roman noir, il est connu sous le nom d'Ed Lacy, un pseudonyme qu'il a été contraint d'utiliser pour échapper aux méfaits du maccarthysme. Avant 1951 et la publication de son premier "policier", Ed Lacy s'appelle Leonard Samuel Zinberg et signe Len Zinberg.
Format : 17 par 22 cm Pages : 380 Reliure : Dos carré collé ISBN : 9782917486795 Prix : € 20 / CHF.- 26 Parution : février 2022 Rayon : Littérature - Biographie - Polar
Né en 1911 à New York, d'une famille juive d'origine russe, il fait partie très vite de ces "juifs sans argent" qu'évoque le roman de Mike Gold, pauvres, non religieux, souvent communistes. En outre, Zinberg manifeste très jeune un soutien qui ne se démentira pas au combat des Noirs pour leurs droits. Il épouse Esther, noire de Brooklyn, ils adopteront plus tard Carla, une petite noire de deux ans. Zinberg travaille par intermittence comme postier, multiplie articles et nouvelles. Dès 1935, on retrouve son nom dans New Masses, la revue du PC américain, à laquelle collaborent des auteurs prestigieux, Hemingway, Dos Passos, Caldwell, et dans plusieurs journaux de la presse noire. Dans le Pittsburgh Courier, il signe à la fois Len Zinberg et Ed Lacy, passant pour Noir sous ce pseudonyme.
En 1940, il publie Walk Hard, Talk Loud, un roman dur dont le héros est un jeune boxeur noir (avant Richard Wright et Budd Schulberg) qui suscite les louanges de Ralph Ellison. Mais Zinberg ne tarde pas à être mobilisé. Il sera, avec Dashiell Hammett, Irving Shaw, William Saroyan et Walter Bernstein, un des correspondants de l'hebdomadaire Yank ("Un journal pour des soldats écrit par des soldats"), écrivant articles et nouvelles pour lui mais aussi pour des journaux noirs et pour la revue Story. Il a débarqué en Italie, où il se lie avec des combattants antifascistes dans la région de Cossato. De retour aux Etats-Unis, il est obligé de redevenir postier mais écrit toujours. Un de ses romans, Hold with the Hares, va susciter l'hostilité de l'American Legion et être dénoncé comme "rouge". Zinberg n'arrive plus à publier sous son nom, à l'exception de rares nouvelles. Il ressuscite sous l'alias Ed Lacy en 1951 avec un premier roman noir. Jusqu’en janvier 1968, il publiera plus de 25 romans et plusieurs centaines de nouvelles, réussissant à vivre de sa plume, mais surtout sans déroger à ses idées. Face à Mickey Spillane, le best-seller du roman noir de l'époque, incarnant la tendance ultra-violente, raciste, machiste du genre, Lacy va continuer à défendre des idées de progrès, créant en 1957 le premier détective privé noir, évoquant dans ses livres la Chasse aux sorcières, la Guerre d'Espagne, la Résistance italienne ou française, donnant une place importante aux Noirs, aux minorités (Portoricains, Indiens, Grecs), aux femmes, raillant le culte de la virilité d'imitateurs d’Hemingway au petit pied. Zinberg-Lacy suscite de nouveau l'intérêt aux États-Unis, mais les recherches des spécialistes en sont encore à leurs balbutiements!
Roger Martin : Auteur d'une trentaine d'ouvrages — enquête, essais et bandes dessinées —, pamis lesquels AmeriKKKa, Voyage dans l'internationale néo fasciste, Main basse sur Orange, l'Empire du mal ? Dictionnaire iconoclaste des États Unis et la série B.D. AmeriKKA.!Il a également publié une dizaine de romans noir dont Jusqu'à ce que mort s'en suive au Cherche Midi et la trilogie L'agence du derniers recours au Seuil. !Les Éditions À plus d'un titre ont réédité son ouvrage Georges Arnaud, vie d'un rebelle : Biographie de l'auteur du Salaire de la peur.
Distribution pour la France : SERENDIP LIVRES : 10, rue Tesson 75010 Paris - contact@serendiplivres.fr Fax : 09 594 934 00 /// tél. : 01 40 38 18 14 - gencod dilicom : 3019000119404 Distribution et diffusion pour la Suisse : Éditions D'en bas - Rue des Côtes-de-Montbenon 30 1003 Lausanne Tél. +41 21 323 39 18 /// Fax. +41 21 312 32 40 - www.enbas.net
Claire Fourier
Éditions du Canoë
2022
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Mai
Genre : récit Format : 12 x 18,5 cm Pages : 160 Prix : 16 € ISBN : 978-2-490251-62-9 Née à Ploudalmézeau, dans le Finistère du Nord, Claire Fourier est l’auteur d’une vingtaine de livres – romans, récits, haïkus, recueils de pensées – qui nouent finement impertinence, tendresse, mélancolie, résistance et fragilité. Tombeau pour Damiens, la journée sera rude (2018) est parmi les premiers livres publiés par le Canoë qui a réédité également, en 2021, Métro Ciel, la nouvelle érotique qui l’a fait connaître auprès d’un large public.
Clarisse, la poétesse, décide de faire le portrait de Robert, son jardinier. C’est un bel homme, solide, de noblesse un peu abrupte, qui semble venu de la nuit des temps, et qui a une passion : les oiseaux exotiques qu’il élève chez lui dans une immense volière. Le manuel et la cérébrale évoluent dans le jardin depuis des années. Ils s’entendent, chacun trouve à l’autre des qualités qui l’émeuvent. Vont-ils finir par se fondre l’un en l’autre, se confondre ? Claire Fourier, qui ne laisse d’être émerveillée par la différence homme-femme, et qui explore de livre en livre la bipolarité et la complémentarité des « sexes opposés », signe avec Le Jardin voluptueux, sous-titré Nous sommes de drôles d’oiseaux, un chant d’amour (un de plus) pour le drôle de genre humain.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com
Téléphone : 06 60 40 19 16
Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip
Extrait Mon histoire est plus riche qu’une histoire de cul. C’est une histoire d’intelligence instinctive de la vie. Car c’est cela qui définit Robert. C’est devenu une qualité rare (ce fut toujours une qualité rare). Les philosophes, divers écrivains alignent des milliers de pages pour prôner l’intelligence de la vie, mais sont tenus en laisse par l’intellect qui bousille tout. Mon jardinier m’instruit par sa manière d’être au monde. Il est de la lignée de Whitman et de Thoreau. Il ne parle pas aussi bien ? Peut-être vit-il mieux. Il leur aurait plu. Il se soucie des lois de son être, sans s’opposer à celles de la société. Sa vie est modeste, effacée, et il fait honneur à sa vie ; en quoi il est un aristocrate. Avec le temps, le visage s’est aminci et le regard encore éclairci. Robert voit tout et me dessille les yeux. « Vous pourriez faire ceci ? — Je vais essayer. » Il ne promet pas beaucoup, il tient beaucoup. Il me grandit, d’autres me diminuent. Jardinier se penche je lorgne des lombes très appétissantes Trop court son tee-shirt et le jean mal ceinturé jardinier s’en fout Derrière le laurier jardinier s’en va pisser averse d’été J’attends son retour mâchouille un brin d’herbe suçant du plaisir Jardinier qui siffle une mouche qui vole bonheur indicible
Éditions du Canoë
2021
7 mai
Claire Fourier
Genre : récit Format : 12 x 18,5 cm Pages : 48 Prix : 8 € ISBN : 978 -2-490251-44-5 Née à Ploudalmézeau, dans la Bretagne du Nord, Claire Fourier est l’auteur d’une vingtaine de livres – romans, récits, haïkus, recueils de pensées – qui nouent finement impertinence, tendresse, mélancolie, résistance et fragilité. Tombeau pour Damiens, la journée sera rude (2018) est parmi les premiers livres publiés par Le Canoë. Son dernier ouvrage, paru en 2020, s’intitule Sémaphore en mer d’Iroise.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
C’est par ce texte incandescent que Claire Fourier s’est fait connaître. Dans le métro, un homme et une femme se regardent et s’attirent irrésistiblement. Rencontre éblouissante, arrachée à la monotonie des jours, nécessairement sans lendemain. Elle est mariée, lui peut-être aussi. Ils s’aiment sans retenue une après-midi entière puis retournent chacun à sa vie d’avant. Moment miraculeux. Grâce. « J’aurais aimé écrire cela », note Régine Deforges, dans le Monde des Livres de 1996. Je la comprends. Ces lignes n’ont pas pris une ride.
Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
MATHILDE GIRARD
La séparation du monde collection Littérature, Traversées, Excès
Bio Mathilde Girard pense avec la philosophie, la psychanalyse, le cinéma et la littérature, alors elle est tout ça philosophe, psychanalyste, écrivaine et cinéaste. « Je » est une tribu qui pense et aime le sublime. Les gestes sont nombreux, il faut aller y voir. Elle est membre du comité de la revue Lignes, et collabore régulièrement aux revues AOC, lundimatin, et Cockpit. Elle est l’auteure de plusieurs ouvrages : Un personnage en quête de sublimations (Gallimard, 2019) ; La Besogne des images, avec Léa Bismuth (Filigranes, 2019) ; Défense d’écrire – entretiens, avec Michel Surya (Encre Marine, 2018) ; L’Art de la faute – selon Georges Bataille (Lignes, 2017) ; Proprement dit,
entretien sur le mythe, avec Jean-Luc Nancy (Lignes, 2015) ; Depuis 2017, elle travaille aussi comme scénariste (avec M. Negro, P. Creton). Elle réalise maintenant ses premiers films : Ça a recommencé l’émerveillement ; Mon personnage (2020, production JHR) Les Épisodes - Printemps 2018 (2020, Acéphale production, FID MARSEILLE 2020, Prix du Film Premier ; New-York Film Festival, 2020 ; FIFIB, Bordeaux, 2020, Sheffield Doc/ Fest, 2020, Viennale, Vienne, 2020) Les images sont de Lorraine Druon, photographe, série les dormeurs. La couverture de Cindy Coutant, artiste
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Pitch : Une pandémie réorganise le monde, notre monde, du plus intime au plus global, ça se sépare : les lieux, les personnes, les mouvements, les ardeurs et les désespérances. Ça se politise un peu aussi, entre haine et lamentations. Certains disent que c’est trop tard. Il y a ceux qui meurent et ceux qui font mourir, ils ne se rencontrent pas, mais ça réorganise les vies et la mort, les vivants et les spectres. Ne sont-lis pas devenus des sortes de spectres ceux qui n’osent plus rien toucher et dont les rêves s’aplatissent ? C’est un texte littéraire, fragmentaire, mais aussi documentaire et clinique - puisque presque tout est vrai des faits qui sont rapportés. Ce texte s’inscrire dans la démarche de notre maison d’édition, dans la recherche d’écritures nouvelles pour exprimer intensément le présent.
Extraits 1 - Le territoire s’étend de bas en haut du bagne au couvent, et de gauche à droite de l’exil à l’internement, de la solitude à la réclusion. Au centre, la servitude, la propriété, la contrainte. Il va de la réclusion volontaire sous toutes ses formes, à la réclusion forcée sous toutes ses formes. Il suppose l’attachement à un lieu.
2 - C’est un choix, ou une obligation. Un choix qui devient une obligation. Une obligation qui devient un choix. 3 – À son réveil, une femme avale dix gouttes d’extrait liquide de spiruline, elle n’essaye pas d’allumer la radio, elle fait le ménage, pour la troisième fois en vingt-quatre heures. Elle lance la troisième machine en vingt-quatre heures. Elle ouvre le frigo : il est plein. Puis, elle fait des exercices dans
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son salon pour ne pas perdre sa souplesse. Elle remarque qu’elle est susceptible de s’adapter parfaitement à la situation. Cela l’inquiète sur son asociabilité d’une part, sa capacité de soumission d’autre part. Elle pense déjà à changer le mot confinement. 4 – Comme dans un lieu, il est possible de rester dans un mot, de s’y enfermer, de s’immobiliser dedans. On peut tomber malade à cause d’un mot. 5 – Le mot amour par exemple.
6 – On s’aperçoit qu’on se touche sans cesse le visage. On se met à observer le mouvement qui va des mains au visage ; le va et vient entre les mains, le visage, et les autres surfaces. On observe où tombe le souffle, jusqu’où il porte. Les mains s’assèchent au bout
d’une semaine à force d’être savonnées, frottées. L’eau coule. Il y a beaucoup d’eau qui coule. Par la fenêtre l’air est étrangement sec. Je m’écarte de l’étranger comme un chien qui aboie. Je suis sale. Chacun se sent sale et le soir se lave abondamment. Les enfants rient et les larmes brûlent. Il y a toujours des hommes, des femmes et des enfants. Il y a toujours des couples et des célibataires. Il y a toujours des clochards. Il y a toujours des chiens. On ne peut pas circonscrire l’amour. Il déconseillé. Il est interdit. Il n’est même pas nommé. Avec qui fais-tu l’amour. Avec qui tu t’embrasses. Tu n’embrasses plus personne. Tu fais les courses au supermarché. Plusieurs fois dans la journée sans plus savoir quoi acheter. Tu achètes n’importe quoi. 7 – Une femme dans une ville de province vient d’avoir un enfant. Le petit a six mois. Le père de l’enfant a un autre enfant, qui a 17 ans. C’est un adolescent. Actuellement il est chez sa mère, mais la mère n’en veut plus. La femme, le père et le bébé n’en veulent pas non plus. On dit de l’adolescent qu’il n’a pas été prudent les derniers temps. Il a touché. Il a embrassé. Il a fait l’amour. Il n’a pas pris de précautions. Ils lui disent : on ne veut pas que tu viennes à la maison. 8 – Un homme pense établir une liste des amis qu’il a rencontrés dernièrement : choisir deux ou
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Faire taire un Romain Anne-Sophie Plaisant
Un péplum punk et burlesque qui explore les engrenages de la vengeance et du pouvoir.
LE LIVRE Lucius, le nouvel empereur de Rome, ivre de vins et de gloire, se déhanche au rythme syncopé des basses, sous les lumières stroboscopiques, avant de planter une bouteille brisée dans le ventre d’un innocent. Des enfants disputent une partie de football avec le crâne de Tamora, la reine vaincue du peuple goth, dont les soldats servent maintenant l’empire. Deux policiers en toge découvrent sur une aire d’autoroute désaffectée le cadavre d’un homme, mort de soif, enseveli jusqu’au cou. Oui, il y a bien quelque chose de pourri dans l’empire romain…
LITTERATURE FRANÇAISE
avril 2022 213 x 142 mm 272 pages 21 € ISBN : 978-2-9567475-3-6
Faire taire un Romain est un péplum à l’anachronisme revendiqué, une suite déjantée de Titus Andronicus où des sénateurs en sandales conduisent des Lamborghini le cigare aux lèvres, où l’on se goinfre de cochon au miel en buvant du whisky, où la télévision diffuse les images de foules en colère brandissant une tête au bout d’une pique et éructant des slogans xénophobes… Un premier roman virtuose sur le cycle infini de la vengeance, empruntant à la fois à la tragédie shakespearienne, à la culture populaire et au thriller américain pour construire une narration en puzzle qui interroge notre fascination pour la violence, les mécanismes de la folie, du pouvoir et de la révolte.
L’AUTRICE Née en 1987, Anne-Sophie Plaisant enseigne la littérature et le français langue étrangère. Elle vit aujourd’hui à Berlin où elle collabore à plusieurs projets théâtraux en tant que comédienne. Elle est l’autrice de la pièce Top Death, créée à Paris en 2018, et participe à la revue littéraire et dessinée pan depuis sa création en 2013. Faire taire un Romain est son premier roman.
POINTS FORTS • Lecture haletante et addictive grâce à une narration en puzzle où les rebondissements se succèdent. • Écriture cinématographique « à la Tarantino » qui joue sur les codes de genre, du péplum au thriller en passant par la tragédie, en multipliant les anachronismes et les clins d’œil à la culture populaire. • Une mise en scène de la violence dans une Rome en carton-pâte qui entre en écho avec notre actualité : luttes de pouvoir et populisme, montée de la xénophobie, attentats…
ACTUALITES • Sortie de Guerres, illustré par Flore Chemin, dans la collection petits pans
ROBERTE LA ROUSSE
W IKIFÉMI A LANGUE, GENRE ET TECHNOLOGIE
_ Genre : Essai _ Souple _ Titre : Wikifémia - Langue, genre et techno_ Type de reliure : broché logie _ Tirage : 650 _ Auteurs : Roberte la Rousse _ Directeurs de la publication : Magali Daniaux & Cédric Pigot Roberte la Rousse est un collectif d’artistes cyberféministes dont le projet radical de démasculinisation de la _ Graphisme : Schulz & Leary langue consiste à traduire « en française », c’est-à-dire en_ Prix : 20 euros tièrement « à la féminine », des textes provenant de diffé_ Parution : Avril 2022 rents horizons. _ EAN 13 : 978-2-9562753-6-7 Avec Wikifémia, Roberte la Rousse se livre à une mise en _ Format fermé : 14 x 22,5 cm récit critique de Wikipédia, laboratoire de production et de _ Nombre de Pages : 250 environ diffusion de la connaissance, miroir grossissant de la so_ N&B ciété.
Roberte la Rousse nous présente tout d'abord des biographies de femmes remarquables : de Nicole-Reine Lepaute, calculatrice et astronome française du XVIIIe siècle à Margaret Hamilton, informaticienne et ingénieure système américaine), leur récit se compose de fragments d’articles commentés sous la forme de notes critiques. L'auteurice propose ensuite une réflexion sur la démasculinisation de la langue et des savoirs au travers de deux textes : Démasculiniser la langue : En française dans la texte, langue, genre, technologie et Démasculiniser les savoirs : Wikifémia, chacun accompagné d'entretiens avec Ketty Steward, romancière, Coraline Cauchi, comédienne et kvardek du, membre des sans pagEs et administratrice de Wikipédia. Dans cet ouvrage, Roberte la Rousse développe sa critique de la langue en se fondant sur les études de genre et une approche féministe des savoirs. Elle s’appuie sur le cyberféminisme (Donna Haraway), la linguistique (du déterminisme linguistique d’Edward Sapir à l’androlecte de Michèle Causse), l’histoire des communs (Silvia Federici), l’histoire des technologies (Isabelle Collet, Félix Tréguer...), l’invention littéraire (Monique Wittig), les œuvres d’artistes comme Suzanne Treister.
Introduction La série de textes Wikifémia met en scène des biographies de femmes remarquables figurante dans la version francophone de l’encyclopédie en ligne Wikipédia. La récit est composée de fragments
d'articles
commentons
sous
de la
Wikipédia forme
que
de
nous
notes
agençons et
de
Roberte
la
qui
la
Rousse. Wikipédia
est
une
encyclopédie
collaborative
a
particularité d'être une texte en perpétuelle évolution. Pour cette livre, nous avons figée les informations aux différentes moments de notre rédaction, entre 2017 et 2021. Nous
avons
constituée
trois
ensembles
: -
Wikifémia – Madeleine Pelletier est consacrée aux actrices de la mouvement
d’émancipation
des
femmes
à
la XIXe
siècle)
;
- Wikifémia – Computer grrrls est dédiée à la place des femmes dans l’histoire
de
l’informatique,
de
la
XVIIIe
siècle
à
jours
nos ;
- Wikifémia – Révisions révise et corrige des biographies de femmes qui
nous
tiennent
à
cœur.
Dans
notre
démarche
de
démasculinisation des savoirs, nous avons faite la choix de ne mentionner aucune nom d'homme dans Wikifémia.
JUIN
UN SACRÉ BOUT DE CHEMIN
«
Je n’ai rien à vous donner que mes chants.
Toute ma vie, j'ai été un troubadour vagabond, me nourrissant surtout de la poésie de l'existence. Et tout ce que je vous offre ici, c’est l'essence poétique de mon expérience.
»
RÉSUMÉ De la Jamaïque à Harlem, de Marseille à Tanger, en passant par Londres, Moscou ou Paris, Claude McKay revient sur les années les plus prolifiques de son parcours d’écrivain (1918-1934). Celles qui ont notamment vu naître Banjo et Romance in Marseille.
À contre-courant des mouvements de son époque, son itinéraire et son expérience — ponctués par des rencontres avec Bernard Shaw, Sylvia Pankhurst, Trotski, Lamine Senghor, Max Eastman Charlie Chaplin ou Isadora Duncan — en font un témoin privilégié de l’histoire politique et culturelle de son temps et façonnent une identité diasporique singulière qui influencera plus tard les poètes de la Négritude.
Œuvre complexe et puissante qui retrace l'errance d’un libre-penseur noir dans un monde blanc, Un sacré bout de chemin surprend par la modernité de son discours, mettant en premier lieu la critique du rejet et du racisme, jamais dupe devant le racisme ordinaire des élites blanches de la gauche européenne ou l'élitisme de l'intelligentsia noire de la Renaissance de Harlem.
L'AUTEUR Né en 1889 en Jamaïque, Claude McKay est l’auteur de recueils de poésie et de romans, parmi lesquels Home to Harlem (1928), Banjo (1929) et Romance in Marseille (publié de manière posthume en 2020). Il est considéré comme l'un des écrivains les plus emblématiques mais aussi les plus marginaux de la Renaissance de Harlem, reconnu pour son intense engagement à exprimer les défis et les problématiques auxquels sont confrontés les Noirs aux Etats-Unis et en Europe. Personnage complexe et fascinant, il publie son autobiographie, A long way from home en 1937. Claude McKay est mort en 1948 à Chicago.
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DE HARLEM À TANGER : LE PELERINAGE MAGIQUE D'UN "VAGABOND AVEC UN BUT" Claude McKay est un électron libre, un personnage complexe et fascinant. Voyageur infatigable, il est l'écrivain vagabond et sans frontières de la Renaissance de Harlem. Se décrivant comme poète, il est journaliste à New York et à Londres et coudoie la presse d'extrême gauche ; à Moscou, il joue au porte-parole révolutionnaire sans jamais totalement adhérer au communisme ; Marseille et Tanger consacrent le romancier, McKay s’y faisant le chroniqueur de la question raciale, abordant la place des populations noires sous un angle social et non communautariste.
Sa trajectoire singulière en fait un
«vagabond
avec but
»
qui interroge la perception des
cultures noires dans la société occidentale et préfigure une deuxième partie de XXe siècle marquée par l’exil, l’immigration des populations noires et la décolonisation.
Photographies de Claude McKay à Mocou (années 1920)
Première édition publiée en 1937 par Lee Furman (illustration d'Aaron Douglas)
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D'INNOMBRABLES ARCHIVES Héliotropismes s'est emparé de la traduction de Michel Fabre, d'abord publiée par André Dimanche et devenue introuvable. Après un travail de révision et de correction, les éditeurs ont fait un remarquable travail d’archive pour accompagner la lecture de nombreuses photos, poèmes, lettres ou articles. En plus de la postface originale du traducteur, une préface de Claudine Raynaud et une note de Richard Bradbury complètent l’appareil critique.
UN SACRÉ BOUT DE CHEMIN / CLAUDE MCKAY Editions Héliotropismes
Traduction : Michel Fabre
Collection : Harlem Shadows n°2
Préface : Claudine Raynaud
Parution : 7/6/2022
Postface : Richard Bradbury & Michel Fabre
ISBN : 979-10-97210-10-6
Dessins et graphisme : Carlos Chirivella Lopez
Format : 148 x 210 mm
Edition : Renaud Boukh & Armando Coxe
Prix : 23
€
TTC
Un sacré bout de chemin , Claude McKay Extrait 1 / Chapitre 25 / Pot-pourri marseillais Je vécus comme un ermite et un ascète à Antibes où je terminai Home to Harlem, durant l’été 1927, puis je filai à Marseille. La colonie des Noirs du Vieux-Port avait bien changé : beaucoup de Noirs étrangers avaient été expulsés, quelques-uns étaient morts de maladie. J’eus alors l’occasion de voir le Vieux-Port sous un autre angle, de l’intérieur. Jules Pascin, le peintre, m’avait envoyé une lettre d’introduction auprès de son ami, le Corse du Vieux-Port. J’avais connu Pascin à Paris avec Aïcha, son modèle noir. Je n’ai que faire de lettres d’introduction quand je visite un endroit pour la première fois parce que j’aime me sentir totalement étranger dans un endroit nouveau pour en goûter toute l’étrangeté jusqu’à ce que je me repère un peu et fasse connaissance. Cette fois, pourtant, comme j’avais déjà abordé Marseille seul, à ma façon, et comme l’endroit stimulait mon imagination d’écrivain, je fus bien content de me servir de la lettre d’introduction de Pascin. Peut-être pourrais-je, par ce moyen, élargir mon champ de réflexion. J’allai voir le Corse et trouvai sa boutique de vins pas très loin de la rue Bouterie, l’une des rues à bordels les plus sordides du monde. Le Corse était un costaud, au corps massif de taureau surmonté d’une tête de porc. Il lut la lettre de Pascin et se montra aussitôt très aimable. Il me déclara que les amis de Pascin étaient ses amis et que je pouvais lui demander tout ce que le Vieux-Port avait à offrir, dans la mesure où c’était en son pouvoir, absolument tout ce que je désirais. Nous bavardâmes un peu. Je lui parlai de ma carrière et de mes voyages en Europe. Il me dit que Pascin lui avait appris que j’étais écrivain et qu’il espérait que je trouverais à Marseille quelque chose sur quoi écrire. Il était l’ami des peintres et des écrivains. Il confia la boutique à un jeune homme et sortit faire un tour avec moi, s’arrêtant dans des bistrots et des mancebías et me présentant des types locaux des deux sexes. Il fut surpris de voir que l’on m’accueillait cordialement dans quelques endroits ; je lui dis que j’avais déjà été à Marseille. Le Corse possédait lui-même une mancebía et m’y conduisit. Il protégeait aussi, avec l’aide de son gang, un certain nombre de prostituées qui avaient leur chambre d’amour dans les ruelles. Après cette tournée sur le Vieux-Port, il m’invita chez lui. Il demeurait tout près de sa boutique, dans un appartement confortablement meublé mais plein de bric-à-brac et où l’on pouvait voir, bien en évidence, des statues bon marché de saints catholiques. La femme du Corse m’accueillit chaleureusement : « Tous les amis de Pascin sont nos amis », dit-elle aussi. Elle était plutôt corpulente, bien que moins imposante que son mari, et portait toutes sortes de bagues à tous les doigts, sauf le pouce.
Le Corse m’offrit encore du vin, puis se mit en devoir de me montrer ce que Pascin représentait pour lui. Nous passâmes au salon. Sur les murs, il y avait beaucoup de beaux tableaux de Pascin : des portraits, des scènes et des groupes de filles au bordel dans des poses diverses. Il y avait, plus particulièrement, un splendide tableau : une grande toile représentant un groupe de filles, habilement saisies dans des attitudes sans grâce, pleines de lassitude et de dégoût. Le seul autre tableau de prostituées qui m’ait autant impressionné était celui d’une fille dans un café, de Picasso, que j’avais vu quelque temps auparavant. Le Corse n’ignorait pas la valeur du tableau. Il me dit : — Ça, c’est un chef-d’œuvre. — Oui, acquiesçai-je. — Ça vaut dans les vingt mille francs à New York, dit le Corse. Pascin est un grand. Quand il m’a invité à visiter Paris, je suis allé chez un marchand pour voir quels prix ses toiles allaient chercher. Alors, j’ai collectionné tous les bouts de papier sur lesquels il a fait un dessin et je les lui ai fait signer. Regardez-moi ça ! Il ouvrit un carton à dessins et en étala tout un lot. Outre ceux de Pascin, il possédait des tableaux et des dessins d’autres artistes qui, tous, les lui avaient dédicacés avec leurs sentiments amicaux. Et des poètes lui avaient également dédicacé leurs vers. Pendant que le Corse exhibait ses trésors artistiques, ses deux filles entrèrent et il me les présenta. Elles quittèrent le salon aussitôt après. Il me dit : — J’interdis à mes filles de mettre de la poudre, de se farder et de fumer. Je les élève comme il faut. Elles vont à l’école chez les sœurs. Mon fils va dans une école de commerce. On mélange pas la vie de famille avec le business. Quand Pascin, sa femme et leurs amis viennent à Marseille, je m’occupe d’eux, continua-t-il. Ce sont des artistes et ils visitent les bordels pour y trouver leur matériau, et je les protège dans leur métier comme je protège mes gars et mes filles dans leur métier. Une fois, Pascin m’a amené un Français et une Russe, et cette dame s’est mise à danser avec l’une des filles du bordel. Moi, j’ai mis le holà. J’ai dit : « Les amis de Pascin sont mes amis, et ils peuvent pas se permettre de s’abaisser. » Ce sont mes invités et je les traite en invités, pas en clients. J’aime pas les gens qui se dégradent. Bien entendu, si des richards veulent s’offrir une fantaisie, je leur procure ce qu’il faut en privé, parce que les riches, eux, ils peuvent se permettre des fantaisies. Mais j’ai rien à foutre des pauvres qui font des fantaisies, à moins qu’ils fassent ça pour gagner de l’argent. Le Corse et moi longions le quai et nous dépassâmes un groupe de Sénégalais. — Ceux-là, c’est des bons à rien, fit-il avec un geste de mépris. — Et pourquoi ? dis-je, moi, je suis comme eux. — Non, vous, vous êtes américain. Pourquoi vous imaginer que vous êtes comme eux parce que vous avez la même couleur de peau ? Les Espagnols et les Portugais qui sont ici ont la même
couleur que moi, mais je suis pas de leur classe ! Les Sénégalais sont sauvages et cons. Ils comprennent rien à notre façon de faire avec les filles. C’est la même chose avec les Arabes. La bataille entre Noirs et Blancs pour le contrôle de la prostitution était vive à Marseille. Les Noirs et les Arabes, qui s’étaient établis en grand nombre en ville depuis l’armistice, avaient créé des problèmes pour les apaches1 européens. Les Africains avaient tendance à retirer les filles du business pour se mettre en ménage avec elles, ce qui, bien sûr, diminuait les revenus des proxénètes. Le Corse me demanda : — Connaissez-vous un artiste du nom d’Ivan Opfer ? — Oui, répondis-je. — C’est aussi un ami de Pascin, dit le Corse. Est-ce que c’est un peintre important ? Je veux dire, est-ce qu’il se vend cher ? Je répondis qu’Opfer avait du succès et avait fait des portraits de gens célèbres, et même de membres de la noblesse, en Amérique et en Europe. La hure du Corse s’assombrit. Il hocha la tête en disant : — Ivan Opfer m’avait offert un grand portrait de moi mais je l’ai refusé. Je ne pouvais pas le prendre, dit-il tristement. — Pourquoi donc ? dis-je, surpris et intéressé. Ça vaut de l’argent. Opfer n’est pas du même niveau que Pascin mais c’est un bon peintre. — J’ai pas pu le prendre, dit le Corse, parce qu’il m’avait donné l’air d’un apache et j’ai pas vraiment cette allure-là. Je pouvais pas le supporter. Pascin et les autres artistes, eux, ils ont fait de beaux tableaux de moi. — Dommage que vous ne l’ayez pas gardé, dis-je, j’aurais bien aimé le voir. Cela fait des années que je n’ai rien vu d’Opfer. — Il est à l’hôtel Nautique, dit le Corse. Je vais vous y conduire et je demanderai au patron d’envoyer un garçon avec vous au grenier pour vous le montrer : vous pourrez voir de vos yeux que c’est un portrait de criminel. Nous allâmes au Nautique et le propriétaire, fort aimablement, envoya un garçon nous accompagner au grenier pour nous montrer le tableau. J’avais rencontré Ivan Opfer à l’époque où j’étais rédacteur au Liberator. L’équipe de la revue était partagée au sujet de son œuvre : certains lui trouvaient un talent saisissant, d’autres le trouvaient trop difficile. La plupart de ses œuvres que je connaissais étaient des portraits, très proches de la caricature. Mais je n’avais jamais rien vu de lui d’aussi fascinant que son grand portrait du Corse. En le voyant, j’eus un mouvement de recul comme si je me trouvais soudain en présence d’un meurtrier en chair et en os. C’était bien le Corse — un portrait parfait. Opfer l’avait peint sans pitié. Pascin et les autres avaient donné de lui des
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Le terme « apache » désignait dans les années trente un mauvais garçon, un truand. (N.d.T.)
études romantiques, faisant de lui un pittoresque marin à la retraite dans les bas-fonds de Marseille. Mais Opfer lui avait fouillé les tripes pour en tirer son âme et la fixer sur la toile. C’était une réussite éclatante, d’un réalisme absolu, d’une totale fidélité. Et j’éprouvai soudain pour le Corse une certaine sympathie, le sentiment d’une lointaine parenté, car je pris conscience du fait qu’il avait peur de son moi véritable. Quand le Corse m’avait invité chez lui pour exhiber les hommages de peintres et d’écrivains — ces bouquets et ces couronnes que peintres et écrivains d’avant-garde avaient déposés à ses pieds de conquérant —, j’avais éprouvé une nausée, un blocage de toutes mes fibres les plus délicates. Car le talent de ces artistes authentiques était indubitable et certains tableaux étaient pleins de génie, et il n’y avait aucun doute non plus sur l’intention de leur hommage au Corse: ils voulaient rendre un hommage sincère à ce héros, dont l’éminence avait sa source dans le tribut payé par les pauvres vampires des quais pour leur liberté d’action. Mais je me sentis mieux, plus porté à espérer lorsque je vis le portrait du Corse par Ivan Opfer, si étrangement abandonné dans un petit hôtel du quai du port, à Marseille. Je pris congé du Corse. — Souvenez-vous, dit-il, si vous avez besoin de quoi que ce soit, si vous avez des ennuis à Marseille, n’hésitez pas à me le faire savoir, car vous êtes l’ami de Pascin. Je remerciai le Corse tout en pensant que, quoi qu’il pût m’arriver à Marseille, je ne pourrais jamais me résoudre à demander l’aide d’un homme comme lui. — J’espère que votre œuvre aura du succès, ajouta-t-il quand je partis. Je répondis que je voulais écrire un bon livre. Et à ce moment précis, je me souvins de Senghor, le Sénégalais qui m’avait supplié de dire la vérité. Je m’assis à ma table de travail et commençai Banjo.
LA COLLECTION : HARLEM SHADOWS «
Mecque noire
»,
lieu providentiel et sacralisé, chargé d’un symbolisme fécond mais équivoque,
le Harlem des années 1920 a cristallisé le rêve d’une ère nouvelle empreinte de liberté, de fierté raciale et de foisonnement culturel. Si le mouvement culturel qui y vit le jour se heurta rapidement à d’infranchissables dilemmes (volonté de respectabilité, d’élitisme et par conséquent méfiance des arts populaires) et finit par s’essouffler, l’ombre de la Renaissance de Harlem, à travers des voix et des talents comme ceux de Langston Hugues, Zora Neale Hurston, Claude McKay, Ann Petry, Aaron Douglas ou Duke Ellington, finira par s’étendre aux mouvements sociaux, politiques et culturels noirs du monde entier. Avec cette collection, qui emprunte son nom au recueil de poésie de Claude McKay, Harlem Shadows, nous souhaitons mettre en lumière les voix singulières, les récits perdus ou périphériques qui ont gravité, gravitent et graviteront autour, en marge ou dans l’orbite du New Negro.
HÉLIOTROPISMES Créée en 2017 à Marseille, Héliotropismes est une maison d’édition qui publie de la littérature des marges et s’intéresse aux mémoires sociales qui gravitent en périphérie. Elle porte une attention particulière aux récits-frontière qui retracent les expériences de l’exil, des marges sociales ou urbaines, sans aucune concession. Qu’ils se situent à l'intersection de plusieurs thématiques sociales, qu’ils soulignent la spécificité de conditions marginales et l’interaction des catégories de différence, les textes que nous défendons ont pour vocation de se situer à la croisée des genres, d’où leur trajectoire éditoriale passée, parfois accidentée. Notre maison d’édition fait le choix, au détriment d’une quelconque
«
identité
»
ou
«
ligne éditoriale
»
de mettre en avant la
porosité, l’hybridité des genres littéraires et des sujets abordés. Notre démarche consiste avant tout à se mettre au service d'auteur.e.s dont nous admirons la seule liberté possible.
UN SACRÉ BOUT DE CHEMIN / CLAUDE MCKAY Editions Héliotropismes Collection : Harlem Shadows n°2 Parution : 7/6/2022 ISBN : 979-10-97210-10-6 Format : 148 x 210 mm Prix : 23
€
TTC
Traduction : Michel Fabre Préface : Claudine Raynaud Postface : Richard Bradbury & Michel Fabre Dessins et graphisme : Carlos Chirivella Lopez Edition : Renaud Boukh & Armando Coxe
C’est ainsi que, malgré son désaccord avec la mer et le bateau, Lafala, maintenant hors de portée des griffes de son avocat véreux, s’en retournait à Marseille, le port des rêves, celui de sa fortune et de son infortune. Et, comme tout être humain vaniteux qui aime revisiter les lieux de ses souffrances et de ses défaites après être parvenu à conquérir le monde, Lafala − même si sa victoire lui avait coûté cher – rêvait, depuis son départ, des gargotes et autres troquets de Marseille, et n’attendait qu’une chose: s’y montrer à nouveau, dans toute sa gloire, et tout particulièrement aux yeux d’Aslima.
RÉSUMÉ C’est le « brusque dégoût de lui-même » qui pousse Lafala, un docker ouestafricain, à abandonner Marseille après avoir été dépouillé de tout son argent et de ses illusions par la belle Aslima. Embarqué clandestinement sur un paquebot et enfermé dans des latrines pendant la traversée de l’Atlantique, il est amputé de ses deux jambes à son arrivée aux Etats-Unis. Remettant son sort à un avocat véreux, Lafala empoche une grosse somme d’argent et retourne dans le « port des Rêves », espace frontière entre la terre et la mer, où il retrouve l’ambiance bouillonnante de la Fosse, les déracinés de la Jetée et ses illusions perdues.
L'AUTEUR Né en Jamaïque en 1889, Claude McKay est considéré comme l'un des écrivains littéraires et politiques les plus emblématiques de la Renaissance de Harlem, reconnu pour son intense engagement à exprimer les défis et les problématiques auxquels sont confrontés les Noirs aux Etats-Unis et en Europe. Personnage complexe et fascinant, il est l’auteur de recueils de poésie et de romans, parmi lesquels Home to Harlem (1928), Banjo (1929) et Banana Bottom (1933). Son autobiographie, Un sacré bout de chemin, a été traduite et publiée par André Dimanche en 2007. Claude McKay est mort en 1948 à Chicago.
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ROMANCE IN MARSEILLE / Claude McKay (jamaïque) Roman / Vingt euros ISBN : 979-10-97210-06-9 Préface d'Armando Coxe Traduit de l'anglais par Françoise Bordarier & Geneviève Knibiehler illustations de Carlos Lopez Chirivella
AUTOUR DU LIVRE: LE MARSEILLE DE CLAUDE MCKAY Trois ans après Banjo, Claude McKay retrouve Marseille et poursuit les questionnements abordés dans son roman précédent en réhabilitant l’histoire du quartier de la Fosse (situé en bordure du Vieux-Port) le décrivant davantage en ses marges qu’en son centre. Tous les personnages du roman, qu’ils abordent la place des Noirs dans les grandes villes européennes ou l’implacable système de domination raciste, émettent des points de vue singuliers que McKay situe au-delà des rapports de force induits par la condition sociale. Comme à Harlem, McKay retrouve à Marseille un cadre portuaire fécond empreint de débats internationalistes et raciaux, créant ainsi d'innombrables intersections entre nations et cultures. Un déracinement dans lequel l'auteur trouve paradoxalement un fort sentiment d'appartenance.
LE CONTEXTE: LA RENAISSANCE DE HARLEM Avec Harlem pour capitale, le mouvement New Negro reste aujourd'hui connu comme l'une des grandes avant-gardes du vingtième siècle. Souvent identifié à l'émergence du jazz, cette "renaissance" de la culture afro-américaine s'étend également à d'autres disciplines comme la photographie, la peinture ou la littérature et consacre notamment les talents du pianiste Duke Ellington, du dessinateur Aaron Douglas, des écrivain.e.s Zora Neale Hurston, Langston Hugues. Reconnu comme un auteur phare de la Renaissance de Harlem, Claude McKay s'est pourtant progressivement éloigné du mouvement, coupable à ses yeux de proposer un éloge naïf de la race noire en vue de son "blanchissement". De par son identité diasporique, l'exploration des non-dits autour des distinctions raciales et sexuelles dans la culture occidentale, l'oeuvre de Claude McKay préfigure celle de James Baldwin.
Première édition de Banjo publiée en 1929 par Harper & Brother (illustration d'Aaron Douglas)
pan 6 comité éditorial : J. Fischer/J.-B. Labrune couverture : S. Couderc « Le visage a des traits. Je m’en fiche. [ …] C’est n’est pas nécessairement aux pommettes ou aux lèvres qu’il a du rouge, mais dans un endroit de lui-même où est son feu. »
LA REVUE Double discours, double perception d’une même présence, double fantasmé ou jeté aux rebuts, double révélé ou nié, aimé ou haï, duplicité d’un motif inlassablement répété, insensiblement travesti… Rien ne venant jamais seul, suivons les chemins toujours doubles qu’ouvre la lecture parallèle des images et du texte. La revue pan devait un jour où l’autre se pencher sur la figure du double : après deux ans sans paraître, la voici enfin, forte des contributions de nombreux nouveaux artistes, pour interroger ce motif crucial, latent, en fait, depuis ses commencements. REVUE LITTERAIRE ET DESSINEE
juin 2021 210 x 140 mm 160 pages – 500 ex. 18 € ISBN : 978-2-9567475-5-0
Prologue, interludes et épilogue / Texte H. Michaux et images M. Rivoal 1. ………../ Images S. Couderc et texte L. Thizy 2. ……../ Images B. Muller et texte V. Blanc 3. …… / Images L. Ribeyron et texte M. Nabias 4. ……… / Images M. Pellet et texte J. Fabro 5. …… / Images J. Fischer et texte E. Delarue 6. ………/ Images C. Vuillier et texte A.-S. Plaisant
roman
La Mémoire amputée UN « CHANT-ROMAN » SUR UNE LIGNÉE DE FEMMES BASSA, AU CAMEROUN UNE HISTOIRE ÂPRE ET FASCINANTE, CÉLÉBRANT LA PUISSANCE CRÉATRICE DES FEMMES Ce « chant-roman », terme inventé par Werewere Liking, est l’histoire de l’autrice : une histoire âpre, violente, fascinante, célébrant la puissance créatrice des femmes.
visuel non définitif
C’est un récit initiatique poignant, l’histoire d’Halla Njoké, chanteuse-artiste camerounaise, et à travers elle, l’histoire de ses mères et de ses tantes : une féminité plurielle aux contours vastes comme l’Afrique, détentrice d’une mémoire « amputée ». Le livre commence alors qu’Halla est déjà vieille. Elle a pour projet d’écrire la vie de Tante Roz, femme admirable et généreuse : résistante au moment des guerres d’indépendance, ayant eu mille enfants dont aucun n’est pourtant sorti de son ventre. Tante Roz se refuse cependant à lui livrer ses souvenirs. Ainsi commence l’incursion d’Halla dans sa propre mémoire, afin de livrer, en miroir de sa vie chaotique, celles de toutes les femmes de sa lignée...
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Werewere Liking le roman inédit en france d’une écrivaine pluridisciplinaire
« chant-roman » poignant récompensé par le Prix Noma en 2005 préface de la romancière Hemley Boum illustration de couverture de Magali Attiogbé un
une écrivaine et une artiste multidimensionnelle
(1950 -)
Née en 1950 à Bondè, au Cameroun, Werewere Liking est une écrivaine prolixe en plus d’être une artiste pluridisciplinaire : peintre, chanteuse, chorégraphe et dramaturge. Installée en Côte d’Ivoire, elle fonde le village Ki-Yi M’bock en 1985, un centre dont la vocation est de former des jeunes aux métiers artistiques. Elle réside encore actuellement à Abidjan. Son œuvre tout entière s’inscrit dans un mouvement en faveur de la renaissance des arts en Afrique et d’une reconnaissance des cultures du monde noir.
prix : 24 € tirage : 1000 ex. parution : 04/06/2022 format : 14 x 20,5 cm pagination : 420 p. ISBN : 978-2-493324-01-6
Au sujet de La Mémoire amputée...
« Finalement, le seul résumé de ce texte pour moi est dans son titre. Ce sont des miettes d’une « mémoire amputée », des bouts recollés à l’envers et à l’endroit dans la pure logique de « l’Absurde » que vit l’Afrique dans son histoire tronquée, muselée. La mémoire d’une fillette devenue femme sans savoir quand, pourquoi ni comment. L’histoire d’une femme devenue un symbole, par la force du destin, au-delà des choix. L’histoire d’une Afrique à qui l’on a volé la virginité et la maturité. » Michelle Mielly, préfacière de l’édition originale « La Mémoire amputée est « un chant pour toutes les femmes qui se sont tues », un chant qui entend arracher au passé « quelques bribes de notre Histoire sans archive » comme le dit [l’une des protagonistes]. « Nous avions dû choisir l’oubli comme un système de survie, un secret de vie, un art de vivre, ajoute-t-elle, mais le temps du silence est révolu. Le moment est venu de rendre à l’Afrique son Histoire et d’y inscrire la contribution des Mères Naja et des Tantes Roz dont la mémoire du continent a été amputée. Hélas, poursuit la narratrice, j’entends un requiem lourd et traînant sur les pas des hommes déshumanisés, qui s’entredéchirent... et je crains un plus grand écrasement des femmes, mes filles, si toutes les Tantes Roz venaient complètement à disparaître, avec nos mémoires amputées, trouées. » Un grand livre vivement recommandé. » Jean-Marie Volet, universitaire
WEREWERE LIKING, « ARTISTE ET ÉVEILLEUSE D’ÉTOILES » Le Point, 25/06/2010 « Dramaturge, chorégraphe, la flamboyante Werewere Liking se veut d’abord « éveilleuse d’étoiles » : fondatrice il y a 25 ans du village Ki-Yi, à Abidjan, l’artiste aux airs de grande prêtresse voue sa vie à découvrir et guider de jeunes talents. Avec ses parures faites de cauris et de perles, ses longs dreadlocks et son éternelle canne sculptée, Werewere Liking ne passe pas inaperçue. En 25 ans, le Ki-Yi - « ultime savoir » dans sa langue natale bassa - a formé gratuitement plus de 500 jeunes démunis à la scène, danse, théâtre ou encore musique. »
Un livre au cœur d’un écosystème créatif Hemley Boum, la préfacière Romancière née en 1973 à Douala, Hemley Boum a publié de nombreux romans : Le clan des femmes (L’Harmattan, 2010), Si d’aimer... (La Cheminante, 2012), Les Maquisards (La Cheminante, 2015) et Les jours viennent et passent (Gallimard, 2019), récompensé du prix Ahmadou-Kourouma en 2020.
Magali Attiogbé, l’illustratrice (couverture) Magali Attiogbé est née au Togo et a grandi en France, « les fesses entre deux chaises » comme elle aime le dire. Elle est diplômée de l’école Estienne. Ses assemblages noir et blanc / couleur et de récupérations variées forment une sorte de motif africain à l’européenne. En incrustant motifs dans motifs, elle fait apparaître plusieurs plans de lecture.
Adjaratou Yerima, la comédienne Adjaratou Yerima est une comédienne et metteuse en scène togolaise. Elle dirige « Fiôhomé », un centre culturel basé à Lomé qu’elle a fondé avec sa sœur, l’artiste Yasmine Yerima et Michaël G. Todego, régisseur technique. Le centre accueille des spectacles, des compagnies en résidence et organise des ateliers de théâtre dans des villages aux alentours de la capitale.
Extrait de La Mémoire amputée
Temps 0
Je suis Halla Njokè. Dans la famille, on m’appelle affectueusement Fitini Halla, qui veut dire petite Halla, pour me distinguer de ma grand-mère paternelle dont je suis l’homonyme et que l’on nommait Grande Halla, ou Grand Madja. Je vis sur ma huitième décennie. Je suis définitivement chanteuse, lasse de courir derrière mille métiers. À un moment de ma vie, je suis devenue écrivain et pensais le demeurer, mais je me suis lassée d’écrire vainement des mots ou des signes qu’aucun des miens ne savait lire. C’est décourageant de décrire des émotions qu’on semble seul à ressentir quand on s’entend toujours dire : « Où as-tu encore été chercher ça ? » pour ce qu’on vit au quotidien avec les siens, auprès d’eux. Alors j’ai essayé de voir ailleurs et autrement, de produire des choses plus simples : de la nourriture, des habits, des bijoux, et surtout, des chansons qui rendent plus facilement les gens heureux et les rapprochent d’un minimal état de bonheur continuel dans la vie, face aux épreuves comme dans l’aisance.
Dès lors, les gens autour de moi semblaient plus en harmonie avec moi. Cela faisait donc un bon moment que je n’avais plus écrit. Et voilà que le jour de mon soixante-quinzième anniversaire, le désir m’a repris. C’était en regardant le visage serein de ma Tante Roz, la troisième du nom, une cousine éloignée de mon père que j’avais retrouvée à Laguna, la ville de ma retraite. Pour la distinguer des deux autres, (respectivement, « Tante Roz » et « Tata Roz »), « Tantie » Roz comme tous l’appelaient ici, se reposait sur le lit sénufo qui nous servait de divan sur la terrasse. Elle avait bien une quinzaine d’années de plus que moi et cependant, son regard respirait l’innocence de l’enfance heureuse. Tous les jours entre quatre et cinq heures du matin, elle se réveillait pour aller rendre visite aux prisonniers de la grande maison d’arrêt de Laguna, aussi vaste qu’un quartier. Elle priait pour eux, avec eux, les consolait, faisait des courses pour les mamans enceintes en prison, assistait les enfants de ce milieu carcéral, tout cela, bénévolement. Elle marchait des dizaines de kilomètres pour y aller et revenir. Les après-midi, elle rendait visite aux prisonniers dans les hôpitaux. Et elle trouvait encore le temps de penser aux anniversaires, de préparer les gâteaux d’arachides ou de graines de concombres et de nous porter ses vœux, même à nos âges si avancés ! Tout cela, dans la sérénité. J’ai eu envie de lui rendre un hommage. Tantie Roz est célibataire, sans enfants.
Extrait de La Mémoire amputée Mais à travers le monde, elle a mille enfants. Elle en a tellement que de s’en occuper est devenu plus qu’un métier, une vocation, un sacerdoce... Elle ne vient jamais les mains vides chez l’un et n’en repart que les mains pleines, pour les autres. Ici, elle a apporté du poisson fumé que lui a remis tel frère pasteur. L’argent qu’on lui a donné pour au moins payer son transport – retour, servira à acheter des médicaments pour la fille de telle sœur domestique qui n’a pas le temps de s’en occuper. Les vêtements que telle autre sœur lui a donné en remerciements vont tout droit échoir chez telle prisonnière hospitalisée, ainsi de suite. En Tantie Roz toute seule, c’est toute la chaîne de la solidarité africaine qui s’est réincarnée, reconstruite. Elle prie pour ceux-ci, intercède pour ceux-là, amène avec elle espoir, réconfort et goût de vivre. Et quand elle se retrouve toute seule, le soir, fourbue, son petit poste de télévision ne sert qu’à la relier encore aux autres enfants dont elle n’a pas pu s’occuper de la journée. Les discours politiciens à la langue de bois lui rappellent les prisonniers politiques qui subissent l’arbitraire et les populations transformées en bêtes de somme. Les films pervers et violents lui font penser à ceux qui en subissent les méfaits, et dans ses prières nocturnes, elle dit un mot à Dieu sur cette perversion, cette violence et ses nombreuses victimes prostituées et délinquants, ses autres enfants largués dans la rue, et pour qui son cœur saigne de compassion... Même le sommeil tardif et furtif ne réussit jamais à couper Tantie Roz de ses milliers d’enfants : en rêve, elle se bat contre des policiers véreux raquettant à tous les coins de rue ses
pauvres petits chauffeurs de transports en commun et vendeurs à la sauvette, au vu et au su de tout le monde, impunément ! Elle se bat et se bat encore, entourée d’anges aux épées de lumière, foudroyant les méchants et libérant les bons, guérissant ceuxci et nourrissant ceux-là, jusqu’au réveil, toujours en sursaut. Et au saut du lit, la première prière est un nouvel élan au service de ses milliers d’enfants. Tantie Roz imagine pour eux, un monde meilleur fait de petits équilibres, un monde juste vivable pour chacun d’eux, en attendant le paradis bien trop long à venir et impossible à attendre dans la droiture, au cœur d’un monde pire que l’enfer, pour n’avoir pas au moins la justesse d’en porter le nom. Pour chaque nouvelle journée qui se lève, Tantie Roz invente de nouveaux conseils pour chacun de ses fils et filles. Elle conseille la révolte à celle qui s’est trop tue : — Demande à Dieu, avec plus d’insistance, proteste fort de tout ton cœur, et il t’entendra. Parfois, il est distrait Dieu, si accaparé par le nombre incalculable de ses créatures en difficulté sur terre, au fond des eaux, dans les airs, et il faut quelquefois insister pour attirer son attention, ne pas se laisser faire, demander aussi aux hommes, aux femmes et plus encore à soi-même, en attendant que Dieu se bouge. À celui qui s’impatiente trop, elle dit : — Eh, crois-tu que ton problème soit le plus important du monde ? C’est parce que tu manques d’imagination et de créativité, et tu es trop paresseux et trop égoïste. Et si c’est toi qui étais dans les inondations, sous les laves de volcans ou dans
Extrait de La Mémoire amputée l’œil des cyclones ? Ne peux-tu pas trouver d’autres solutions de rechange en attendant l’intervention divine ? À Dieu comme aux humains, elle demande tour à tour, clémence et vengeance, générosité et parcimonie, véhémence et patience. Il n’est pas de situation à laquelle elle croit qu’on ne puisse pas s’adapter harmonieusement, si l’on s’unit à son Dieu. Bref, Tantie Roz est au service de Dieu et de ses enfants, pendant tous les instants de sa vie. Quand ma décision d’écrire sur elle et de lui rendre hommage fut bien mûrie, je l’en informai et tentai de l’amener à me raconter sa vie... — Comment es-tu parvenue à une vie aussi fascinante ? — À cause de tout ce qui m’est arrivé, ou du moins, de ce dont je me souviens, me répondit-elle avec un sourire. Et au lieu de me la raconter, sa mystérieuse vie, elle me renvoya à moi-même... — Regarde-toi par exemple : que t’est-il arrivé à toi pour te transformer en ce que tu es devenue ? Essaie de remonter dans ta mémoire, et ce que tu en tireras te permettra de bien me connaître pour mieux parler de moi et tu comprendras pourquoi je suis ce que tu vois. — Mais je ne vois pas de rapport entre toi et moi Tantie Roz, nous n’avons pas eu la même vie... — Qu’en sais-tu ? Parfois, on ne sait pas vraiment ce qui nous arrive. Notre seule vérité, c’est ce dont la mémoire se souvient. Or souvent, nous percevons ce qui nous arrive complètement à l’opposé de ce que c’est. Une importante leçon
peut devenir une torture ou une plaisanterie. Une porte de sortie devient barreaux de prison, impasse ou socle de réussite. Les choses nous marquent selon ce qui restera gravé dans la mémoire. Essaie donc de te souvenir... — Je suis d’accord avec toi sur ces confusions de la mémoire, Tantie Roz ; mais je ne comprends toujours pas où tu veux en venir. Réponds-moi tout simplement : oui ou non, m’autorisestu à témoigner de ta vie ? — Oui, ma petite Halla. Mais si tu veux vraiment me rendre hommage, traque d’abord ta mémoire à toi. Traquelà dans ses transformations et ses métamorphoses, dans son double jeu d’émergence et de replis. Arrache-lui quelques bribes de notre Histoire sans archives. Tu sais que nous avons vécu dans un contexte où nous avions dû choisir l’oubli comme un système de survie, un secret de vie, un art de vivre. Et tu n’ignores pas le gag immense, ce vaudeville qu’est l’histoire de l’Afrique, surtout, quand on essaie de se référer aux « écrits ». Les actes d’état civil ne révèlent pas qui est qui, qui est né où et quand, qui sont frères et sœurs ou maris et femmes, qui est mort, qui est vivant, qui est le fils ou la fille de qui, etc. Plus de quatre-vingt pour cent des données sont truquées, dans une confusion exubérante et coquine à souhait. — Oui, mais à quoi ou à qui en attribuer la faute, ma tante ? Elle argua que nos systèmes d’identifications n’avaient pas pu résister à l’assaut global des civilisations dominantes contre la spiritualité et les cultures africaines. Qu’il ne s’agissait plus vraiment d’identifier quoi ni qui que ce soit, mais de
POESIE
AVRIL
À plus d’un titre 66 chemin de Bande 73360 LA BAUCHE aplusduntitre69@orange.fr www.aplusduntitre.org
La Passion selon Ravensbrück suivie de La vie normale de Micheline Maurel avec des dessins inédits de l’autrice Mon Dieu, je voudrais dire un mot et pardonnez-moi s'il est dur car c'était dur ce que je vais vous raconter. In La Passion selon Ravensbrück Format : 17 par 22 cm Reliure : dos carré collé Nombre de page : 280 Un cahiers quadri : dessins inédits de l’autrice ISBN : 9782917486801 Prix : 20,00 € /CHF.-26 Rayon : Littérature
En 1940, Micheline Maurel est à Lyon où elle prépare l’agrégation de Lettres. Peu après la signature de l’Armistice avec l’Allemagne nazie, elle entre dans la Résistance. Arrêtée par la Gestapo en juin 1943, elle est déportée à Ravensbrück le 29 Août 1943 comme Nacht und Nebel, appellation donnée aux prisonniers et prisonnières politiques destiné.es à disparaître sans laisser de trace dans la nuit et le brouillard. Après avoir été placée en quarantaine, elle est envoyée à Neubrandenburg, un des camps annexes de Ravensbrück où elle travaille, dans des conditions inhumaines, pour l’usine Siemens. « On me donnait un peu là-bas le rôle d’un écrivain public. Cela devait répondre à un besoin.» écrit-elle dans Un camp très ordinaire paru aux éditions de Minuit (Prix des Critiques, 1957). L’art, au milieu de barbarie, a été d’un secours immense pour les déporté.es. Micheline Maurel écrit des poèmes et réalise des dessins, dont certains ont pu sortir du camp avec elle. En 1958, elle fait paraître, toujours aux éditions de Minuit, La vie normale, roman du difficile retour à la vie dite normale dans lequel son héroïne, Laurence, va faire l’apprentissage de son automonie et découvrir qu’une femme existe hors du mariage. Le roman sera adapté au cinéma par André Charpak. En 1965, elle publie, à nouveau aux éditions de Minuit, La passion selon Ravensbrück, recueil de poèmes écrits à Ravensbrück et à son retour. Le long poème qui donne son titre au recueil a fait scandale parce que l’autrice y dit que la Passion des femmes de Ravensbrück a duré plus longtemps que celle du Christ et parce qu’elle parle des viols commis par l’armée soviétique sur les déportées. Nous réunissons ces deux textes dans un même volume accompagnés de dessins présentés pour la première fois au public. L’écriture cristalline de Micheline ne recule devant rien, elle doit être redécouverte et nous l’espérons aujourd’hui pleinement entendue. À voir sur site musée de la résistance et de la déportation CHRD : https://www.chrd.lyon.fr/musee/conference/une-heure-avec-micheline-maurel
Distribution pour la France : SERENDIP LIVRES : 10, rue Tesson 75010 Paris - contact@serendip- livres.fr Fax : 09 594 934 00 /// tél. : 01 40 38 18 14 - gencod dilicom : 3019000119404 Distribution et diffusion pour la Suisse : Éditions D'en bas - Rue des Côtes-de-Montbenon 30 1003 Lausanne Tél. +41 21 323 39 18 /// Fax. +41 21 312 32 40 - www.enbas.net
Extrait De mon lit de prison qui geint quand on s'y pose Si petit et si bas que l'on n'y peut s'asseoir, Vers le ciel du levant et les pins au tronc rose Je me tourne, le soir. Là-bas est le pays du grand ami que j'aime Et si je ne sais plus sous quels cieux il combat Je sais que son regard, des antipodes même, Se tourne vers là-bas. Lui pour la liberté fait au loin sa besogne, Moi, le sort a brisé mon travail et mes voeux, Mais son coeur et le mien s'envolent en Pologne Se rejoindre tous les deux (Ravensbrück, septembre 1943.)
PRINTEMPS BIRMAN မြ န် မာ့ နွေ ဦး
MYANMAR SPRING
Ouvrage collectif Vas-y mon ami, pars ! Nous devons rester encore Pour soigner autant que nous pouvons Des blessures de ce monde Où les étoiles sont déchues Les unes après les autres.
POÈMES ET PHOTOGRAPHIES TEMOINS DU COUP D'ÉTAT Printemps Birman présente 13 poètes et 6 photographes birmans et rohingyas, exilés, emprisonnés, assassinés par les militaires depuis le coup d'État en février 2021. D’autres sont forcés de cacher leur identité. Leurs oeuvres sont des témoignages où se mêlent sidération, colère et détermination.
Préfacé par Wendy Law-Yone et dirigé par Mayco Naing et Isabelle Ha Eav, cet ouvrage entend donner voix aux poètes et photographes qui participent ou ont participé au mouvement de résistance civile connu comme
«Myanmar
Spring
»,
sévèrement réprimé par la Junte au pouvoir.
Un an de répression n’a pas réussi à mettre à bas les espoirs de liberté en Birmanie. Les manifestations en réaction au coup d’État du 1er février 2021, et auxquelles les militaires ont répondu par la violence, se sont changées en guérilla aux quatre coins du pays. Un an qui a vu fleurir des voix de résistance, leurs auteurs parfois aussitôt fauchés par le régime.
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Série Freedom from fear / © Mayco Naing
LE CONTEXTE : LE COUP D'ÉTAT DE FÉVRIER 2021 1er février 2021 : un coup d'État au Myanmar renverse le régime de Aung San Suu Kyi. L'armée prend le pouvoir et un mouvement de résistance civile déploie rapidement des actions. La junte réagit par la violence.
Selon une ONG locale, début novembre 2021, plus de 1250 civils ont été tués et près de 7300 personnes sont en détention. Des tueries de masse, de nombreux cas de torture, des viols, des exécutions extrajudiciaires ont été rapportés, alors que l’armée de la Junte birmane continue de commettre des atrocités à grande échelle.
UNE PUBLICATION URGENTE lls nous tirent des balles dans la tête, mais ils ne savent pas que la révolution est dans le cœur
Ces vers ont été écrits le poète Khet Thi, arrêté et assassiné le 9 mai 2021.
Malgré tous les appels de la communauté internationale, la situation reste très critique. Printemps birman répond cette urgence. Afin de donner la voix la plus large possible aux voix de la résistance, Printemps birman /
မြန်မာ့နွေဦး
/ Myanmar Spring présentera des
poèmes en version birmane, française et anglaise.
En plus des oeuvres anonymes, cet ouvrage contient des poèmes de K Za Win, Nga Ba, Maung Day, Tun Lin Soe, Min Ko Naing, Khet Thi, Khayanpya Htet Lu, Min San Wai, Lynn Nway Ein et Thida Shania, ainsi que des photographies de Mayco Naing et de Yadanar Jewel.
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LA COLLECTION : BONES WILL CROW «Bones
will crow
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(les os chanteront), titre de l’anthologie de poésie birmane éditée par
Ko Ko Thett & James Byrne, donne le ton à cette collection littéraire et photographique qui, sans souci de frontières, met en lumière des productions qui émergent dans l’urgence d’un contexte politique répressif. Cette collection sera dirigée par Isabelle Ha Eav and Mayco Naing.
HÉLIOTROPISMES Créée en 2017 à Marseille, Héliotropismes est une maison d’édition qui publie de la littérature des marges et s’intéresse aux mémoires sociales qui gravitent en périphérie. Elle porte une attention particulière aux récits-frontière qui retracent les expériences de l’exil, des marges sociales ou urbaines, sans aucune concession. Qu’ils se situent à l'intersection de plusieurs thématiques sociales, qu’ils soulignent la spécificité de conditions marginales et l’interaction des catégories de différence, les textes que nous défendons ont pour vocation de se situer à la croisée des genres, d’où leur trajectoire éditoriale passée, parfois accidentée. Notre maison d’édition fait le choix, au détriment d’une quelconque
«
identité
»
ou
«
ligne éditoriale
»
de mettre en avant la porosité,
l’hybridité des genres littéraires et des sujets abordés. Notre démarche consiste avant tout à se mettre au service d'auteur.e.s dont nous admirons la seule liberté possible.
P R I N T E M P S B I R M A N / မြ န် မာ့ နွေ ဦး / M Y A N M A R S P R I N G Editions Héliotropismes Collection : Bones will crow n°1 Parution : 5/4/2022 ISBN : 979-10-97210-11-3 112 pages
€
Traduction : Baby Shwe-Piguet (birman-français) Ko Ko Thett (birman-anglais) Préface : Wendy Law-Yone Postface : Ito
Format : 16,5 x 22 cm Prix : 20
Ouvrage dirigé par Mayco Naing é Isavbelle Ha Eav
TTC
Graphisme : Isabelle Ha Eav
3
MAI
éditions Hourra
Paroles sans raison, Paul Klee isbn
978-2-491297-03-9
poésie / arts
genre
poésie, arts thèmes
ironie, transgression, Bauhaus
fiche technique 48 pages offset couleur brochures cousues collées format 11x18 cm prix 15 € parution le 03/05/2022 contact diffusion Paon diffusion paon.diffusion@gmail.com distribution Serendip-livres contact@serendip-livres.fr édition Hourra editionshourra@gmail.com Choisis et traduits par Pierre Alferi, Paroles sans raison est un ensemble de poèmes du peintre allemand Paul Klee. Méconnue en France, son œuvre poétique est pourtant prolifique et magnifique. Ce livre, accompagné d’une dizaine de reproductions, est un premier pont vers ce monde verbal trop longtemps resté à l’ombre de la peinture.
éditions Hourra
Paroles sans raison, Paul Klee isbn
978-2-491297-03-9
poésie / arts
le livre Assemblé et traduit par Pierre Alferi, Paroles sans raison est un recueil de poèmes du peintre Paul Klee. Pour l’heure, nous proposons un choix modeste, d’une vingtaine de poèmes, mais dont la rédaction s’étend de 1901 à 1939. Choix arbitraire, au fil des ans, d’un lecteur et traducteur de poésie bientôt persuadé qu’il y avait là plus qu’une œuvre seconde et mineure, tout autre chose qu’un violon d’Ingres : un massif poétique, poussé, certes, dans l’ombre d’une œuvre plastique, mais sans équivalent au vingtième siècle, sinon peut-être dans la grande poésie de Jean/Hans Arp, son cadet de sept ans. — Extrait de la note du traducteur Le livre est construit en plusieurs moments : En ouverture, le recueil Paroles sans raison qui vient rectifier l’absence totale de poèmes de Paul Klee publiés en français. Un graphisme fin et astucieux donne accès sur la même page au texte original sans pour autant gêner l’œil du lecteur. Ensuite, la note de traduction, rédigée par Pierre Alferi, vient replacer habilement ce livre dans l’histoire de la peinture, de l’écriture, de la vie de Paul Klee. En fermeture, un cahier en couleurs donne à voir une dizaine de reproductions, offrant au lecteur un petit rappel de l’évolution de son œuvre peinte.
l’auteur Paul Klee (1879-1940) est un peintre allemand réputé pour son œuvre très expressive. Professeur à l’école du Bauhaus, il est malheureusement figure de proue de l’art qualifié de dégénéré par le régime nazi. Persécuté, il termine ses jours en Suisse. le traducteur Pierre Alferi, né en 1963 à Paris, est un romancier, poète, essayiste français. Professeur d’histoire de la création littéraire aux beauxarts de Paris, il a publié une vingtaine d’ouvrages et fait preuve régulièrement d’un engagement politique public. La sirène de Satan est un recueil paru en 2019 aux éditions Hourra.
éditions Hourra
Paroles sans raison, Paul Klee isbn
978-2-491297-03-9
poésie / arts
la maison d’édition — Honneur à celles par qui le scandale arrive ! Hourra : cri de joie, cri de guerre
978-2-491297-03-9
Les éditions Hourra publient de la poésie et des écrits sur l’art. Créée en 2019 sur la montagne limousine, la maison naît de l’envie de défendre des pratiques d’écritures marginales où se rencontrent le poétique et le politique. Fruit d’amitiés et d’intuitions communes, elle réunit des artistes et des autrices pour qui la révolte fait corps avec la beauté. éditions Hourra |36, avenue Porte de la Corrèze |19170 Lacelle www.editions-hourra.net
EXTRAIT 2
L’AMANT (VII) Même si je ne suis pas aimé, Que sur vous plane un si noir nuage, Mon cœur est à ce point arrimé À vous que pour toujours, à tout âge, Je serai vôtre – raison ou rage, Que m’importe –, ma belle maîtresse. Je récolterai dans ce servage Vie ou mort, allégresse ou détresse. Il ne faut pas qu’Amour soit blâmé D’avoir reçu de moi quelque hommage, Ni moi pris pour fol ou diffamé, Car cela m’est un grand avantage D’embrasser un si doux vasselage, Où de tous biens je trouve l’adresse. Vous me donnez en plus en partage Vie ou mort, allégresse ou détresse. Mais j’espère encore être nommé, Malgré votre attitude sauvage, « Ami », par vous-même proclamé Tel, et sur vos yeux, votre visage Déposer des baisers, belle et sage ; Que Dieu m’en avance la promesse, Car j’éprouve, sous votre bailliage, Vie ou mort, allégresse ou détresse. Princesse, où mon cœur est mis en gage Et qui mène mes actions en laisse, Qu’aurai-je donc en lieu d’héritage, Vie ou mort, allégresse ou détresse ?
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É DIT IONS LURLURE PARUTION MAI 2022
CENT BALLADES D’AMANT ET DE DAME Christine de Pizan Nouvelle traduction de Bertrand Rouziès-Léonardi Préface de Dominique Cochet et Pascal Maillard Édition bilingue Collection : Poésie Prix : 22 euros Format : 14 x 21 cm Nombre de pages : 244 ISBN : 979-10-95997-44-3 Une nouvelle traduction du chef-d‘œuvre de Christine de Pizan, considérée comme l’une des premières féministes de l’Histoire
LE LIVRE Les Cent ballades d’amant et de dame, chef-d’œuvre de la poésie courtoise narrative, en sont peut-être aussi le tombeau passionné. En effet, en ce début de XVe siècle, la fin’amor, devenue archétype littéraire, sort émoussée de l’épreuve des champs de bataille et de la misogynie cléricale. Dans une société aristocratique obsédée de guerre, la femme, en dépit des célestes perfections que l’homme lui prête et de la fidélité absolue qu’il dit lui vouer, est de ces sanctuaires qu’on profane, de ces divinités qu’on trahit, entre deux expéditions militaires. Plus de deux siècles après son émergence en tant que discipline de mœurs et de mots, la courtoisie s’altère en galanterie, ce jeu cruel de collectionneurs plus préoccupés de nobles proies à inscrire à leur tableau de chasse que d’unisson des cœurs et des corps. C’est dans ce cadre que Christine de Pizan “prend en route”, comme on se lance un défi, une relation amoureuse déjà bien entamée, sur fond de harcèlement courtois. La dame qui cède ne le fait pas sans livrer à son tour bataille contre des mots, contre des procédés éventés qu’elle impose à son amant de renflouer en actes, avec ce fol espoir, dans sa résistance comme en ses abandons, de reconstruire une éthique du désir :
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« Je ne sais pas ce qu’est l’amour ; quant à l’apprendre, Je ne le veux pas plus. J’ai l’âme ailleurs fixée. » La présente traduction s’attache à refaire chanter la langue-signature d’une chevalière des lettres, à la fois dépouillée et taillée sur le patron des inflexions du sentiment, la prose affleurant sous le vers, marque d’une modernité où notre époque saisira le reflet et l’écho de ses propres luttes émancipatrices.
L’AUTEURE Christine de Pizan, née en 1364 à Venise et morte vers 1430 au monastère de Poissy, est une philosophe et poétesse italienne. Elle est considérée comme la première femme de lettres de langue française ayant vécu de sa plume et comme l’une des premières féministes de l’Histoire. De fait, alors que 98 % des femmes de son époque étaient analphabètes, elle dut, veuve et démunie, gagner sa vie en écrivant. Elle n’a jamais hésité à se servir de sa plume pour se porter à la défense de son sexe, pointant notamment les préjugés misogynes les plus tenaces, souvent issus de « grands » textes littéraires (le Roman de la Rose) ou basés sur le discours de l’Église. C’est une auteure prolifique, qui compose des traités de politique, de philosophie, et des recueils de poésies. On lui doit, entre autres, Cent ballades d’amant et de dame et La Cité des dames, ouvrage incontournable des études féministes actuelles.
LE TRADUCTEUR Le traducteur, Bertrand Rouziès-Léonardi, est docteur en littérature médiévale et reconstituteur. Il a notamment publié aux éditions Lurlure une nouvelle traduction de Trubert (2019), le plus long fabliau de la littérature française.
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EXTRAIT 1
LA DAME (II) Je ne sais pas ce qu’est l’amour ; quant à l’apprendre, Je ne le veux pas plus. J’ai l’âme ailleurs fixée. Aussi, ce serait vain pour vous que de m’attendre. Je vous le dis : ôtez-le-vous de la pensée ; Je n’en vois l’intérêt. Toute dame rejette un tel amour, au vrai, Si l’honneur la conduit. N’en soyez pas penaud, Car pas plus vous qu’un autre en mon cœur ne prévaut. Et contre un tel amour, j’entends bien me défendre. Je ne courrai pas, Dieu merci, tête baissée Enfiler le collet où d’autres vont se prendre, Comme on le voit souvent. Je m’en suis bien passée – Le bien que cela fait ! –, Et ce depuis longtemps, et je m’en passerai, Qu’on m’en parle par lettre ou dans un petit mot, Car pas plus vous qu’un autre en mon cœur ne prévaut. Cette réponse est tout ce dont je sais me fendre. Plus un mot là-dessus. Vous me voyez lassée De votre bavardage. Allez donc entreprendre Quelqu’un d’autre. Requête à jamais repoussée. Et qui s’enhardirait Ferait grande folie. Aussi bien me déplaît Ce genre d’amour. Nul ne me prendrait d’assaut, Car pas plus vous qu’un autre en mon cœur ne prévaut. N’y pensez plus, je vous l’affirme de nouveau, Car pas plus vous qu’un autre en mon cœur ne prévaut.
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EXTRAIT 2
L’AMANT (VII) Même si je ne suis pas aimé, Que sur vous plane un si noir nuage, Mon cœur est à ce point arrimé À vous que pour toujours, à tout âge, Je serai vôtre – raison ou rage, Que m’importe –, ma belle maîtresse. Je récolterai dans ce servage Vie ou mort, allégresse ou détresse. Il ne faut pas qu’Amour soit blâmé D’avoir reçu de moi quelque hommage, Ni moi pris pour fol ou diffamé, Car cela m’est un grand avantage D’embrasser un si doux vasselage, Où de tous biens je trouve l’adresse. Vous me donnez en plus en partage Vie ou mort, allégresse ou détresse. Mais j’espère encore être nommé, Malgré votre attitude sauvage, « Ami », par vous-même proclamé Tel, et sur vos yeux, votre visage Déposer des baisers, belle et sage ; Que Dieu m’en avance la promesse, Car j’éprouve, sous votre bailliage, Vie ou mort, allégresse ou détresse. Princesse, où mon cœur est mis en gage Et qui mène mes actions en laisse, Qu’aurai-je donc en lieu d’héritage, Vie ou mort, allégresse ou détresse ?
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EXTRAIT 3
LA DAME (XII) Au vrai, si j’étais bien certaine qu’on m’aimât Sans attendre de moi ni penser vilenie, Qu’à l’amant il suffît d’être appelé par moi Simplement « doux ami », ce serait une vie, Ainsi qu’il m’apparaît, Belle à vivre qu’aimer, d’un genre qui devrait Plaire à toutes, si haut que soit leur sentiment, Mais je crains que l’amour ne soit fait autrement. Et ce serait là juste opinion qu’on blâmât La femme qui n’aurait aucunement envie D’un ami bon, loyal, qui « dame » la nommât. Dès lors qu’elle serait soustraite à l’infamie, Dès lors qu’elle saurait Qu’il se montre toujours fidèle, elle serait Folle de refuser qu’il l’aime, clairement, Mais je crains que l’amour ne soit fait autrement. Voilà pourquoi, par peur que l’on me diffamât, Qu’on me couvrît de honte, usant de fourberie, Moi je n’oserais pas, quoi que l’on m’affirmât, Aimer un homme, aussi vivement qu’on m’en prie. Mais s’il se contentait D’être en grâce reçu, j’en connais un, de fait, À qui je m’offrirais sans qu’Honneur fût perdant, Mais je crains que l’amour ne soit fait autrement. Prince, on me dit que j’en aurais soulagement, Mais je crains que l’amour ne soit fait autrement.
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Guerres Anne-Sophie Plaisant Flore Chemin Inquiétante et grotesque, cette fresque-poème fait revivre sous nos yeux des fragments de guerres passées, présentes et à venir.
POINTS FORTS • Poésie dense et puissante à hauteur d’hommes (preuve que la poésie contemporaine n’est pas forcément désincarnée et incompréhensible) ; • Bel objet mettant en avant la collaboration de deux jeunes artistes en plein essor : valeur littéraire et plastique ; • petit prix, petit format : idéal comme livre de comptoir.
LE LIVRE Guerres est une série de textes où les voix de six soldats anonymes se succèdent, chacune faisant écho à la précédente comme si, pour dire la guerre, il n’y avait au fond qu’un seul et même rythme, les mêmes mots absurdes et désespérés : la peur d’y rester, la certitude de n’en pas revenir indemne, le corps qui trahit, les détonations qui couvrent la raison, les êtres chers laissés derrière soi et qu’on voudrait revoir une dernière fois… Flore Chemin a su saisir la violence ambiguë de ces textes et la restituer à sa façon : huit images, portraits ou paysages, où le temps reste suspendu, où la chair et la lumière se distordent, se disloquent sans parvenir à disparaitre – promesse d’une bataille à jamais recommencée.
PETITS PANS
avril 2022 190 x 140 mm 16 pages 7€ ISBN : 978-2-9567475-4-3
LES AUTRICES Née en 1987, Anne-Sophie Plaisant enseigne la littérature et le français langue étrangère. Elle vit aujourd’hui à Berlin où elle collabore à plusieurs projets théâtraux en tant que comédienne. Elle est l’autrice de Faire taire un Romain, roman publié aux éditions pan Diplômée en 2015 de la HEAR de Strasbourg, Flore Chemin dessine, peint, gribouille et est membre de la maison de micro-édition collective éditions Proche. Elle collabore avec la revue pan depuis de nombreuses années.
ACTUALITES • Sortie de Faire taire un Romain, premier roman d’Anne-Sophie Plaisant.
JUIN
Cédric Demangeot
Éditions du Canoë
2022
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Juin
Genre : théâtre Format : 12 x 18,5 cm Pages : 128 Prix : 14 € ISBN : 978-2-490251-63-6 Cédric Demangeot est l’un des grands poètes de ce siècle. Son œuvre débute à la fin des années 90 avec un cycle de trois recueils publié chez Fata Morgana et se poursuit par des volumes d’une force inouïe chez des éditeurs comme Obsidiane, Grèges, La Feugraie et Flammarion. Il est également à l’origine de la revue moriturus (2001-2005) et de la maison d’édition fissile, qu’il anima jusqu’à sa mort, survenue en janvier 2021, alors qu’il avait 46 ans.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com
En 1834, Pouchkine fuit la vie mondaine de Saint-Pétersbourg et son lot de dettes, d’embarras conjugaux, de rivalités en tous genres, pour rejoindre sa « forteresse littéraire » de Boldino, hameau décrépit perdu au milieu de la steppe, où il avait déjà trouvé refuge en 1830, lors du fameux « automne de Boldino » qui marqua l’une des périodes les plus créatrices de sa vie. Mais, cette fois, rien n’y fait, le monde est morne, l’inspiration impossible à trouver, et Pouchkine passe ses journées à chasser des mouches et à réciter des vers déjà anciens à ses poules. Mais son ami Nashokine vient lui rendre visite, le temps d’une beuverie… Dans cette pièce, l’une des dernières de Cédric Demangeot, la figure de Pouchkine, seul personnage à s’exprimer en vers, est l’occasion d’interroger les pouvoirs et « impouvoirs » de la poésie, qui reste toujours la question à affronter, comme une version mutilée de l’interrogation d’Hölderlin : « À quoi bon des poètes en temps de détresse ? »
Téléphone : 06 60 40 19 16
Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip
Extrait POUCHKINE – Faut-il avoir peur de la poésie, je n’en suis pas sûr. Je veux dire, même en me mettant à leur place, je ne suis pas sûr. De quoi ont-ils peur ? On prête à la poésie des pouvoirs immenses qu’elle n’a pas. On ne fête jamais un poète que dans l’espoir qu’il nous renverse un ou deux tyrans mais on oublie qu’à chaque fois c’est exactement l’inverse qui se produit, c’est systématiquement le tyran qui écrase toute une génération de cœurs et d’esprits de son talon. Il fait crisser le gravier de la cour sous son talon. Et quand je dis le tyran, je ne pense à personne en particulier, je pense à toute sa clique de laquais de luxe, à tout un système odieux verrouillé de l’intérieur, une aristocratie d’illettrés et de bandits dont la gendarmerie n’est que le blindage. Tout le pourri se trouve à l’intérieur. Tout le pouvoir.
É DIT IONS LURLURE PARUTION JUILLET 2022
LE CHÂTEAU QUI FLOTTAIT Laurent Albarracin Préface d’Emmanuel Boussuge Collection : Poésie Thèmes : burlesque, épopée, conte
Prix : 9,50 euros Format : 12 x 18,5 cm Nombre de pages : 64 ISBN : 979-10-95997-43-6
LE LIVRE Laurent Albarracin a écrit avec Le Château qui flottait un poème héroï-comique de 1400 vers mesurés et rimés. Cette épopée farfelue raconte les aventures d’une troupe de chevaliers- poètes partant à l’assaut d’un improbable, inaccessible et indécidable château – toute ressemblance avec des noms de la scène poétique actuelle n’étant pas tout à fait fortuite. Volontiers burlesque, allégorique du côté du nonsense, Le Château qui flottait, quelque part entre Kafka, Cervantès et les Monthy Python, est un texte comique qui détonne dans la production de son auteur. Extrait de la préface : « Le Château qui flottait est à la fois une prouesse et une énigme, un tour de force et une savonnette, une curiosité littéraire décalée – voire anachronique – et une intervention déconcertante dans le champ de la poésie contemporaine. C’est un texte assumant de fortes contraintes formelles et un poème à la fantaisie débridée, à la fois l’envers de la veine habituelle de Laurent Albarracin et une de ses expressions emblématiques. »
L’AUTEUR Laurent Albarracin est né en 1970. Poète, éditeur (Le Cadran ligné), il est également l’un des animateurs de la revue Catastrophes. Il a notamment publié : Le Secret secret (Flammarion, 2012), Le Grand Chosier, (Le Corridor bleu, 2015), Res rerum, (Arfuyen, 2018), et un recueil d’essais critiques aux éditions Lurlure, Lectures (2020).
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EXTRAIT 1
“On guettait l’horizon comme on veille le lait Car très probablement nous n’étions pas les seuls À vouloir ce château, de hargneux miquelets, De féroces soldats, des bandits forts en gueule Le convoitaient aussi, préparaient un assaut. C’est peut-être de ça que tremblotait cet air Contraint dans la lande tel du lait dans son seau. Lait laissé sur le feu finit par la colère. Méfie-toi de tout et méfie-toi de la vache Qui peut cacher sabot sous son air étonné, Qui rumine en son ventre pansu un pet lâche, Elle te garde des surprises méthanées. Son air effaré qui comme de soi s’épate, Qui s’étonne en un gros tonneau de pestilences, Elle le mettra bas, cet oh ! entre ses pattes : Cette exclamation pu.ante qu’elle te lance. Défie-toi de l’eau qui dort, du lait qu’est le lait. Du morne horizon peuvent venir les barbares. Vinclair proposa qu’on décampe sans délai, Ce à quoi on consentit, y compris Ch’Vavar. Hop, hop, hop, vite on range, on s’active, on s’attife, D’un geste vif on met nos courroies, se harnache, On est ou pas dans un poème narratif ? Alors prestement de notre poste on s’arrache.”
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EXTRAIT 2
“Et donc le château qu’on attaquait par son flanc Ensoleillé de matière jaune, flottait Gélatineusement un peu comme du flan. Il donnait l’impression vague qu’on le flattait Du plat de nos épées sans y mordre vraiment. Ce que tu ne tues point alors tu le nourris. En fait de coups portés c’étaient des compliments Qu’on adressait au château, au lieu qu’on le prît. À peine le décorions-nous de notre assaut. 910 Et notre farandole, ornement négligeable, Redondance inutile et dérisoire sceau, S’ajoutait pour rien à la chose inexpugnable. Car nos armes de toc et de ferblanterie N’entamaient pas du tout une part du gâteau, N’étaient rien d’autre que de la forfanterie Et queues de cerises à l’aplomb du château. Pourquoi pas creuser dans cette matière molle Plutôt que s’évertuer à y crapahuter Et risquer de se tuer en glissant sur la colle ? Qu’on y mette les dents ! Forons, tant qu’à lutter. Oui mais le paradoxe est que ce mur flageole Quand il s’agit d’y prendre un appui ferme et sûr Et que dès lors qu’on le travaille à la chignole Il se révèle du matériau le plus dur.”
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ÉDI TI O N S L U R L U R E 7 rue des Courts Carreaux – 14000 Caen tél. 06 78 54 53 82 – contact@lurlure.net – www.lurlure.net
PARUTION SEPTEMBRE 2020
L A U R E N T ALBARRACIN
LECTURES (2004-2015) Laurent Albarracin
L E C T U R E S 2004 - 2015
Genre : CRITIQUE LITTÉRAIRE Collection : Critique Prix : 19 euros Format : 15 x 21 cm : 256 pages Nombre de pages ISBN : 979-10-95997-25-2
ÉDITIONS LURLURE
9 791095 997252 >
LE LIVRE
Lectures (2004-2015) est une anthologie des articles critiques de Laurent Albarracin parus notamment sur le site Poezibao. Le lecteur y croisera les livres de poètes aussi différents qu’Olivier Domerg, Philippe Jaffeux, Eugène Savitskaya ou Marie Huot, l’ensemble dessinant un aperçu très personnel du paysage poétique contemporain. Comme le précise Laurent Albarracin dans sa préface, “ces recensions et comptes rendus n’ont pas été rédigés pour guider le lecteur dans ses choix ni même pour servir les livres, mais très égoïstement pour moi, pour ma méditation personnelle, en vue d’en faire mon miel et d’en tirer jouissance, la lecture s’aiguisant mieux lorsqu’on prend la peine de la coucher sur le papier.”
L’AUTEUR
Laurent Albarracin est un poète français, né le 13 août 1970 à Angers. Il a participé à la revue Le Jardin ouvrier autour d’Ivar Ch’Vavar à la fin des années 1990. Aujourd’hui, il collabore au site Poezibao. Il anime également les éditions Le Cadran ligné et, avec Guillaume Condello et Pierre Vinclair, la revue de poésie Catastrophes. Il a notamment publié Le Secret secret, Flammarion, 2012 ; Herbe pour herbe, Dernier Télégramme, 2014 ; Le Grand chosier, Le corridor bleu, 2015.
DIFFUSION/DISTRIBUTION SERENDIP LIVRES 10 rue Tesson – 75010 Paris – contact@serendip-livres.fr Tél. 01 40 38 18 14 – www.serendip-livres.fr
SCIENCES FICTION
Le
cycle de
Gérimont
Projet littéraire épique, baroque et postmoderne, le cycle de Gérimont est une manière de RougonMacquart du XXIème siècle qui pose une Suisse fantasmée en toile de fond et propose une lecture sur de multiples strates, parfois en apparence éclatées et digressives mais les apparences sont trompeuses ; le créateur et ses doubles savent très bien où ils vont. Le cycle de Gérimont comprend dix romans qui s’égrènent mais qui, au terme du voyage, forment véritablement un cycle qui ferme le tout. Sorti en 2013, le premier livre du cycle, sobrement intitulé Gérimont, pose le décor d’une utopie rurale, bien réglée et où rien ne se passe, jusqu’à ce que, pour la première fois, un meurtre y soit commis. Toute une galerie de personnages défilent sur la scène, des digressions dans la forme et le fond sont faites. Il faut voir Gérimont comme les premières couches d’un gigantesque tableau, les esquisses de tous les univers du cycle.
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« J’ai donc écrit le livre que vous tenez entre les mains. Ce n’est pas un roman. Ce n’est pas une fiction. C’est encore moins un roman policier. Je ne suis pas Agatha Christie. »
Stéphane Bovon
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Les deux vies de Louis Moray Gérimont 3
STÉPHANE BOVON
LES DEUX VIES DE LOUIS MORAY
ISBN 978-2-940700-13-4
9 782940 700134
A Vevey avant la Montée des eaux, le jeune Louis Moray, complexé et mal dans sa peau, se laisse entraîner dans le petit monde de la politique locale de la ville de Vevey. Il intègre l’UDC, principal parti politique en Suisse, pour le moins conservateur et patriotique. Sa représentante la plus en vue en ville, Françoise Dispute, ne manque pas de séduire dangereusement Louis, sur le point de commettre un assassinat. Dans la seconde partie du récit, ce sont des évangéliques illuminés qui tentent de rallier le héros. Ce dernier n’est pas conscient de posséder du charisme, encore moins un destin, jusqu’à ce qu’un mystérieux homme en noir l’intercepte et prédise un avenir glorieux pour lui et une catastrophe pour le reste du monde. Louis a une mission : s’emparer d’une peinture dans le musée des Beaux-arts de la ville avant qu’une gigantesque vague la noie. Troisième volume de la décalogique Gérimont, Les deux vies de Louis Moray constitue un flash-back qui met en scène le monde avant la Montée des eaux, lorsque le jeune Louis Moray, appelé à jouer un rôle nodal dans l’avenir, n’en est qu’à ses balbutiements. Roman naturaliste et politique, c’est aussi un récit initiatique émouvant. Avec des illustrations de macbe, Maude Fatbear, Maga et Xavier Löwenthal ____ Collection : Cavorite calabi-yau Genre : roman Sujets abordés : politique, racisme, religion, initiation, fin du monde Format : 13.5x19 cm 300 pages ISBN 978-2-940700-13-4 CHF 28/EUR 22 Parution 1er avril 2022
Gérimont III
Désormais, il n'aspira qu'aux ténèbres générées par l'alcool et le sommeil ivre ; il ne souhaita pas mourir, en un sens, il était déjà mort. Dans l'âme et l'esprit. Il suffisait d'attendre que le corps suive. Et puis un matin, un de ces fichus matins qu'il détestait tant parce qu'il n'avait pas encore bu, il passa péniblement les barreaux du dépôt, fit quelques pas et fut fourdroyé, une douleur insoutenable vers le ventre. Bon dieu, pensait-il, c'est pas possible de crever sans avoir mal ? Il rampa dans le passage, atteignit l'escalier en pierre qui conduisait au jardin, se redressa puis retomba, sur le dos, ahanant. Il faisait beau. Il suait, il voyait le soleil passer dans le ciel bleu, éblouissant, il se dit, Je crois que c'est la fin, finalement, je me sens bien. C'est vrai qu'il était bien, comme il n'avait jamais été bien. A son zénith, le soleil irradiait son corps, Louis riait bêtement, crachait du sang, chantonnait, il ne se lèverait plus jamais. A cet instant, une ombre se faufila entre la mort et lui, une silhouette à contre-jour, noire. Il devina le sourire.
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L'ombre lui tendit la main et lui dit : – C'est l'heure, mon enfant. Il faut me suivre. L'homme en noir le tira. Louis n'avait pas la force de résister.
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LACHAUDE STEPHANE BOVON Quatrième volume de la décalogie gérimontaise, Lachaude nous entraîne sur les pas de Gesim Ruchet dans les rues sordides du Loch et de Lachaude. A la recherche du commissaire Rodal qui sait tout sur le meurtre de son père, Gesim se perd dans le labyrinthe métaphorique et réel de la plus grande ville du monde. Il y croisera un garagiste artiste, un puissant éditeur, la reine de la nuit, une journaliste tenace et des Mennonites enragés.
9 782940 522835
Dans les marges du récit principal, ajoutant une dimension au labyrinthe, un livre dont vous êtes le héros cosmique guide le lecteur dans les recoins les plus insoupçonnés de la psyché du narrateur et révèle, si le héros ne meurt pas, les clefs de sa dystopie. Gérimont est un monde qui a vu le niveau de la mer s’élever de mille mètres. Il est naturel, dès lors, que Lachaude fasse mille pages. Lachaude est accompagné d’une centaine de pages illustrées ou iconographiquement séquencées. Edition unique, 600 exemplaires.
Hélice Hélas Editeur Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.com www.helicehelas.org > litterature@helicehelas.com Diffusion : Paon diffusion 44 rue Auguste Poullain +93200 Saint-Denis www.paon-diffusion.com
Sur l’auteur : Stéphane Bovon est sûrement l’éditeur, écrivain, performeur, comptable, professeur d’anglais, dessinateur de bd, agent double au service de l’Internationale Popomoderne, métathéoricien de l’ellipse, le plus éclectique qui soit. Fondateur des éditions Castagniééé puis de Hélice Hélas, il mène depuis sa naissance un projet alchimique de réunion des grands esprits et de réinvention du monde. Il a lancé le programme d’une saga dystopique en dix volumes (et plus si affinité): Le Cycle de Gérimont. — Collection : Cavorite et calabi-yau Genre : roman polyphonique et dédaléen, livre dont vous êtes le héros, bande dessinée Sujets abordés : univers parallèle, quête initiatique, postmodernité (mort de la) — Format 17x22 cm, 1000 pages ISBN 978-2-940522-83-5 CHF 40/EUR 30 Parution mars 2020
LA LUEUR BLEUE Stéphane Bovon Veuve de Shritar Ruchet, Xixa Ruchet veut savoir qui a tué son époux. Elle interroge Epidam Regamey et apprend qu’elle devra traverser le fjord du Rhône et atteindre les hautes cimes des Dents-du-Midi pour mener son enquête. L’enquête de Xixa devient rapidement une quête ; une quête du pire qui s’inscit en palimpsestes sur Les Aventures d’Arthur Gordon Pym d’Edgar Allan Poe. Xixa est continuellement harcelée par les animaux sauvages de la chaîne de montagne qui fait face à Gérimont ; elle doit survivre à une tribu de sauvages grand guignol avant de surprendre une équipe d’archéologues habités par des recherches mythiques et mystiques sous la conduite de Fatlum Lavanchy, un illuminé celtomane. Les archéologues se sont installés à Chavalon, ruine gigantesque et organique d’une usine antédiluvienne. Dans les sous-sols de l’usine, on a trouvé une porte qui ne s’ouvre pas mais qui laisse filtrer une mystérieuse lueur bleue. Parmi les archéologues, Xixa fait la connaissance du bel Albion et se laisse séduire jusqu’au dénouement initiatique, cruel et érotique. Le cycle de Gérimont Projet littéraire épique, baroque et postmoderne, le Cycle de Gérimont est une manière de Rougon-Macquart au XXIème siècle qui pose une Suisse fantasmée en toile de fond et propose une lecture sur de multiples strates, parfois en apparence éclatées mais les apparences sont trompeuses ; le créateur et ses doubles savent où ils vont. Diffusion France, Belgique, Canada : Paon diffusion Hélice Hélas Editeur Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.com bd@helicehelas.com www.helicehelas.org
Le Cycle de Gérimont comprend dix romans qui s’égrènent mais qui, au terme du voyage, forment véritablement un cycle fermé. Le premier livre du cycle, sobrement intitulé Gérimont, pose le décor d’une utopie rurale, bien réglée et où rien ne se passe, jusqu’à ce que, pour la première fois, un meurtre y soit commis. Toute une galerie de personnages défilent sur la scène, des digressions dans la forme et le fond s’effectuent. Il faut lire Gérimont comme les premières couches d’un gigantesque tableau, les esquisses de tous les univers du cycle. — Collection: Cavorite et Calabi-Yau Genre : science- iction, utopie, récit baroque et postmoderne Sujets abordés : in du monde, multivers — Format 13.5 x 19 x 25 mm, 332 pages ISBN 978-2-940522-66-8 EUR 22.00
GERIMONT (2e édition) Stéphane Bovon (Préface de Pierre Yves Lador) Gérimont vit en paix entre les montagnes et la mer. Tout y est réglé par un système utopique et bienveillant. Le vernis se craquelle lorsque Sybukur Kohli, le typographe des Presses de Gérimont, est retrouvé assassiné.
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De Lachaude, la grande capitale babylonienne, le commissaire Rodal débarque et mène l’enquête. Il apprend à connaître les principaux acteurs de la société gérimontaise : Borim Estoppey, directeur du quotidien indépendant du pays, et son ennemi juré, le roi de Gérimont Louis Moray. Il y a aussi Shriptar Ruchet, auteur de bande dessinée, Epidam Regamey, le paysan chaman, et Shpuzake, la belle réceptionniste. L’enquête révèle que certains ont des secrets, d’autres se transforment en arbres ou sont vus la nuit, couverts de sang, d’autres encore font des cérémonies inquiétantes au milieu de menhirs. Le commissaire Rodal parvient à résoudre l’affaire et réunit tout le monde pour dire qui sont les coupables. Puis il repart, avec le sentiment du devoir accompli. Entre-temps, Shpuzake disparaît et Shriptar est assassiné.
Diffusion Suisse : Servidis Chemin des Chalets 7 1279 Chavannes-de-Bogis (Suisse) Tél.: ++41 22 960 95 10 commande@servidis.ch www.servidis.ch Représentant : Philippe Berger Diffusion France, Belgique, Canada : R-Diffusion 16 rue Eugène-Delacroix, 67200 Strasbourg (France) Tél.: ++33 965 29 35 98 manu.locatelli @ r-diffusion.org www.r-diffusion.org Hélice Hélas Editeur Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.com bd@helicehelas.com www.helicehelas.org
Sur l’auteur : éditeur, écrivain, performeur, comptable, professeur d’anglais, dessinateur de bd, agent double au service de l’Internationale Popomoderne, métathéoricien de l’ellipse, Stéphane Bovon mène depuis sa naissance un projet alchimique de réunion des grands esprits et de réinvention du monde. En 2013, il a lancé le programme d’une saga dystopique en dix volumes, Le Cycle de Gérimont. — Collection: Cavorite et Calabi-Yau Genre : science-fiction, utopie, récit baroque et postmoderne Sujets abordés : fin du monde, multivers — Format 13.5 x 19 x 25 mm, 300 pages ISBN 978-2-940522-56-9 CHF 28.00 / EUR 22.00 Parution 1er octobre 2017
KARL-REINHARDT ÜBERSAX-MÜLLER VEVEY SOUS LES EAUX
11 ISBN 978-2-940700-14-1
9 782940 700141
Karl-Reinhardt Übersax-Müller
Vevey sous les eaux Gérimont 11 Karl-Reinhardt Übersax-Müller est un citoyen déçu par les cloisons de son éducation urbaine et « civilisée ». Fasciné par les cartes médiévales ésotériques du ciel et convaincu du rapport entre macrocosme et microcosme, il devient archéologue océanographe et part naviguer au large en quête de cités noyées, sous le reflet des mers, où sont des mondes qui n’envient rien au cosmos. Assisté d’un marin barbu, d’un ingénieur taiseux et d’une daguerrotypeuse mysanthrope, il plonge près de l’entrée du fjord du Rhône dans un scaphandre révolutionnaire là où, pense-t-il, une de ces cités existe. Cette cité s’appelle Vevey. Übersax-Müller et son équipe, bravant bien des dangers et surmontant bien des écueuils, en ramène dix plaques fascinantes, publiées pour la première fois dans cet ouvrage. On découvrira de magnifiques hyppocampes sculptés autour desquels les poissons évoluent, les couloirs gigantesques d’un bâtiment de verre baptisé « Nestl » où les murènes se cachent, la coupole dorée d’une église où trône quelque calmar géant. En écho à ces plaques , d’une plume juste et empirique mais pas dénuée de poésie, Übersax-Müller raconte son aventure trois mille lieues sous les mers. Karl-Reihnhardt Übersax-Müller est archéoloque océanographe. Il parcourt les eaux en vue de cartographier les fonds marins. Il travaile en étroite collaboration avec l’ingénieur Etienne Gaudi, le marin Dani Lacène et la daguerrotypeuseVanille Moreno. ____ Collection : Cavorite calabi-yau Genre : récit de voyage illustré Sujets abordés : archéologie, mythologie antédiluvienne, aventure sous-marine Format : 20x20 cm 48 pages ISBN 978-2-940700-14-1 CHF 20/EUR 16 Parution 1er avril 2022
Extrait Ce jour-là a été un de ces jours fondamentaux, comme on en a quand on est jeune et moins quand on vieillit, devient "plus sage"; au hasard, j'ai saisi "Le trésor de Rackham le Rouge" et j'ai plongé dans le monde aquatique et infini. Ils disent que Lachaude est une ville-monde mais ils regardent à l'intérieur, dans son espace clos parce que s'ils tournaient le dos à leurs illusions, ils verraient le mur qui ceint la cité. L'infini ne connaît pas de murs et moi, j'ai vu à travers les murs; j'ai vu l'océan. Mon père, pour des raisons commerciales, devaient souvent passer par le port du Loch, de l'autre côté de la ville noire. Il m'emmenait avec lui et, aussi loin que je me souvienne, j'ai aimé le Loch et l'horizon qu'il offrait, où se perdait mon regard. A l'école, on nous disait que tout se passait à Lachaude. Il y avait une carte à côté du tableau noire, grossière, qui reproduisait le monde. On voyait les terres extérieures, déchirées, beaucoup d'archipels, de minuscules îles qui faisaient rêver mes camarades mais moi, ce qui me faisait rêver, c'était les immensités vides entre les bouts de terre. Vide? Mon imagination peignait plutôt, dans les mers, une faune immense et variée, mille fois plus que sur le plancher des vaches et des hommes, que tous les Ned Land (mon père possédait des Jules Verne qu'il a pris soin de protéger de la folie d'Herbe-Mousse) du monde ne sauraient massacrer. Et autre chose. Il y avait, à l'école, Monsieur Yersin, un très vieux prof, hirsute et un peu fou, ostracisé par l'autorité pédagogique mais aimé des enfants. Avant que Monsieur Yersin partent en retraite, assez subitement, il avait eu le temps, en classe et en catimini, d'évoquer "le monde préalable", comme il disait et il disait, comme un aède, et nous étions hypnotisés, des villes gigantesques et noyées, un monde complexe et gigantesque dont Lachaude, rescapée, n'en était somme toute qu'une misérable métonymie et il ajoutait, subversif: "Vos parents et le système veulent que vous deveniez des financiers, faites plutôt de l'archéologie sous-marine!" C'est peu dire que tous mes camarades n'ont pas mordu à l'hameçon, moi oui. J'épargnerai aux lecteurs le parcours obstiné qui m'a conduit des cours de Monsieur Yersin sur ce bateau, au milieu de la mer, avec mes deux fidèles compagnons, Etienne Gaudi et Dani Lacène.
NOUVEAUTÉ AVRIL 2022 ARTS • CINÉMA • CINÉMA D’ANIMATION BLINK BLANK
Numéro 5 Printemps/été 2022
Entretiens avec Ralph Bakshi, Ugo Bienvenu, Michel Ocelot, Alê Abreu, Tibor Bánóczki & Sarolta Szabó, Joël Vaudreuil… DOSSIER : SCIENCE-FICTION RENCONTRE AVEC RALPH BAKSHI Rencontre avec le « rebelle de l’animation US », réalisateur de Fritz The Cat (1972), Le Seigneur des anneaux (1978)…
19,5x24,7 cm à la française 160 pages illustrées en couleurs couverture souple isbn 978-2-9568325-9-1 parution : 05 avril 2022 prix de vente public 20€TTC imprimé par Jouve-Print (53)
FILMS & SÉRIES Entre articles et entretiens, aperçus de l’actualité de la création. > Critiques d’une douzaine de films courts, longs, VR et séries : All Those Sensations in my Belly de Marko Dieska, The House de Emma de Swaef et Mark James, Princesse Dragon de Jean-Jacques Denis, Les voisins de mes voisins sont mes voisins de Anne-Laure Daffis et Léo Marchand, Robin Robin du studio Aardman… EN CHANTIER Travail de longue haleine, le cinéma d’animation permet qu’on porte un regard attentif sur des œuvres en cours. > Présentation de projets en cours de production (Adam change lentement de Joël Vaudreuil, Perlimps de Alê Abreu, Le Pharaon, le sauvage et la maîtresse des confitures de Michel Ocelot)
Éditions WARM 9 rue d’Aubert 53000 Laval warm-ed.fr Diffusion-distribution Serendip Livres 21 bis rue Arnold Géreaux 93450 L’île Saint-Denis Tél. : 01 40 38 18 14 contact@serendip-livres.fr gencod dilicom : 3019000119404
PASSÉ PRÉSENT Dossier consacré à un sujet historique trouvant une résonance dans l’actualité de la création. > L’exposition «De Popeye à Persepolis, bande dessinée et film d’animation» présentée en 2022 au musée de la CIBDI d’Angoulême. HOMMAGE Otsuka Yasuo LA FABRIQUE DE L’ANIMATION Le cinéma d’animation a des métiers, des questionnements et des écritures spécifiques. > Dans l’atelier avec Gianluigi Toccafondo > Texte inédit de Wendy Tilby et Amanda Forbis > Portfolio Agnès Patron VOIX OFF Des personnalités livrent ici témoignages et réflexions à propos du cinéma d’animation ou de certains films. > Philippe Geluck > Le Congrès de Ari Folman par Michel Chion
BLINK BLANK c’est : Deux fois par an, 160 pages, un dossier thématique, des entretiens inédits, des points de vue critiques sur l’actualité, une incursion dans les coulisses de la création, un éclairage historique sur un artiste ou un studio… La revue donne la parole aux critiques, historiens, chercheurs, observateurs attentifs de la vie des formes animées et aux artistes eux-mêmes.
www.revue-blinkblank.com
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MAI
éditions JOU
RÉEL Éric Arlix
Littérature Format 11 x 17 cm 160 pages - isbn : 978-2-492628-03-0 13 euros
Sortie le 7 mai 2022 Distribution-Diffusion Serendip livres
Réel est un roman composé de trois parties. Le Livre#1 se déroule dans un centre commercial à Shanghai, sur une dizaine d’heures, la veille de Noël, dans un future proche. Une vingtaine de personnages se croise ou entre en interaction au milieu de dizaines de milliers de consommateurs sur-excités. Le Module#2 récapitule l'histoire des machines. Le Mouvement#3 décrit les errements d'un groupe d'homo-sapiens en perdition. Éric Arlix Écrivain, éditeur et chercheur de formes dont les livres et la production hétérogène (concerts, lectures, vidéos, éditions, pédagogie) tirent des fils entre le réel improbable et le futur chaotique. Réel est le douzième livre de l'auteur publié précédemment aux éditions Al Dante, Verticales, Lignes, Philippe Rey, Mac/Val, de L'espérou. - Ces livres les plus commentés par la presse sont « Le Monde Jou », éditions Verticales (2005), « Le Guide du démocrate », éditions Lignes (2010) et « Programme », éditions du MacVal (2010) adapté au théâtre depuis 2108 par le Groupe merci (Avignon 2021) http://www.ericarlix.net
éditions JOU 60 rue Édouard Vaillant, 94140 Alfortville – France mail : contact@editionsjou.net http://www.editionsjou.net
Extraits :
Livre#1 …Niveau 1 / Cindy observe deux jeunes militaires en train de manger, ils semblent affamés et bruyants, elle note cela dans son carnet, elle essaye de remarquer de petits détails dans leurs vêtements, d’observer des gestes particuliers dont elle espère, plus tard, pouvoir les exploiter pour son récit, est-ce la bonne méthode se demande-t-elle en notant que l’un des deux jeunes militaires semble pourvu de mains démesurées ? Les questions affluent, c’est son premier jour, elle n’a pas de méthode, peut être un atout se dit-elle. Ils continuent leur festin, comment peut-on manger autant d’un coup s’interroge Cindy, elle les imagine arrivant tout droit d’une mission de plusieurs mois en montagne, au Tibet ou ailleurs, isolés, fatigués et survoltés par leur retour dans la civilisation clignotante et la magie de Noël. Elle note cela, des transitions violentes, des téléportations aux effets indésirables, la magie de Noël, s’oublier. Elle commence à avoir faim, elle va sortir d’ici, respirer, manger dans le parc, son bento au fond de son sac, succulent… Module#2 …Note, anonyme, circa 2029. / La vie appelle la vie. L’humanoïde face à moi a répété cela plusieurs fois. Je n’ai pas relevé la première fois, il venait me livrer et j’avais aussi plus d’une dizaine de colis à lui remettre, nous étions devant la porte de mon domicile, j’ étais concentré sur les procédures à effectuer. C’était comme une sorte de conversation détachée de la nôtre, une conversation supplémentaire, perpendiculaire, augmentée qu’il menait avec quelqu’un d’autre ou avec lui-même. La vie appelle la vie, au moins cinq fois l’humanoïde a répété cette phrase, la dernière fois en fermant la porte de l’ascenseur et en souriant. La vie appelle la vie. J’y repense sans cesse depuis… Mouvement#3 … La nuit tombe et nous entrons dans un immeuble d’une dizaine d’étages, sans le choisir particulièrement, trop fatigués pour étudier une situation ou chercher plus loin un meilleur endroit. Après une observation sommaire et la découverte de bouteilles d’eau et de barres de céréales survitaminées nous restons dans le hall un bon moment, sans se parler, à observer des distributeurs de boissons et des chaises renversées. Nous entrons dans une grande pièce jouxtant le hall et nous poussons du pied quelques cadavres pour nous écrouler sur des canapés aussi tuméfiés que nous, nous nous endormons immédiatement dans nos cauchemars réels. Au petit matin c’est le ronronnement pourtant presque silencieux d’un hélicoptère qui nous réveille, nous restons immobiles pour ne pas être détectés, nos douleurs se réveillent avec nous, une envie d’hurler que nous contenons pendant quelques minutes. Nous les entendons passer lentement pour scanner précisément la ville, le moindre mouvement est analysé en direct, ici et ailleurs, leurs technologies sont puissantes. Nous sommes des survivants immobiles pour quelques instants encore…
SCIENCES HUMAINES
AVRIL
À plus d’un titre 66 chemin de Bande 73360 LA BAUCHE aplusduntitre69@orange.fr www.aplusduntitre.org
La Passion selon Ravensbrück suivie de La vie normale de Micheline Maurel avec des dessins inédits de l’autrice Mon Dieu, je voudrais dire un mot et pardonnez-moi s'il est dur car c'était dur ce que je vais vous raconter. In La Passion selon Ravensbrück Format : 17 par 22 cm Reliure : dos carré collé Nombre de page : 280 Un cahiers quadri : dessins inédits de l’autrice ISBN : 9782917486801 Prix : 20,00 € /CHF.-26 Rayon : Littérature
En 1940, Micheline Maurel est à Lyon où elle prépare l’agrégation de Lettres. Peu après la signature de l’Armistice avec l’Allemagne nazie, elle entre dans la Résistance. Arrêtée par la Gestapo en juin 1943, elle est déportée à Ravensbrück le 29 Août 1943 comme Nacht und Nebel, appellation donnée aux prisonniers et prisonnières politiques destiné.es à disparaître sans laisser de trace dans la nuit et le brouillard. Après avoir été placée en quarantaine, elle est envoyée à Neubrandenburg, un des camps annexes de Ravensbrück où elle travaille, dans des conditions inhumaines, pour l’usine Siemens. « On me donnait un peu là-bas le rôle d’un écrivain public. Cela devait répondre à un besoin.» écrit-elle dans Un camp très ordinaire paru aux éditions de Minuit (Prix des Critiques, 1957). L’art, au milieu de barbarie, a été d’un secours immense pour les déporté.es. Micheline Maurel écrit des poèmes et réalise des dessins, dont certains ont pu sortir du camp avec elle. En 1958, elle fait paraître, toujours aux éditions de Minuit, La vie normale, roman du difficile retour à la vie dite normale dans lequel son héroïne, Laurence, va faire l’apprentissage de son automonie et découvrir qu’une femme existe hors du mariage. Le roman sera adapté au cinéma par André Charpak. En 1965, elle publie, à nouveau aux éditions de Minuit, La passion selon Ravensbrück, recueil de poèmes écrits à Ravensbrück et à son retour. Le long poème qui donne son titre au recueil a fait scandale parce que l’autrice y dit que la Passion des femmes de Ravensbrück a duré plus longtemps que celle du Christ et parce qu’elle parle des viols commis par l’armée soviétique sur les déportées. Nous réunissons ces deux textes dans un même volume accompagnés de dessins présentés pour la première fois au public. L’écriture cristalline de Micheline ne recule devant rien, elle doit être redécouverte et nous l’espérons aujourd’hui pleinement entendue. À voir sur site musée de la résistance et de la déportation CHRD : https://www.chrd.lyon.fr/musee/conference/une-heure-avec-micheline-maurel
Distribution pour la France : SERENDIP LIVRES : 10, rue Tesson 75010 Paris - contact@serendip- livres.fr Fax : 09 594 934 00 /// tél. : 01 40 38 18 14 - gencod dilicom : 3019000119404 Distribution et diffusion pour la Suisse : Éditions D'en bas - Rue des Côtes-de-Montbenon 30 1003 Lausanne Tél. +41 21 323 39 18 /// Fax. +41 21 312 32 40 - www.enbas.net
Extrait De mon lit de prison qui geint quand on s'y pose Si petit et si bas que l'on n'y peut s'asseoir, Vers le ciel du levant et les pins au tronc rose Je me tourne, le soir. Là-bas est le pays du grand ami que j'aime Et si je ne sais plus sous quels cieux il combat Je sais que son regard, des antipodes même, Se tourne vers là-bas. Lui pour la liberté fait au loin sa besogne, Moi, le sort a brisé mon travail et mes voeux, Mais son coeur et le mien s'envolent en Pologne Se rejoindre tous les deux (Ravensbrück, septembre 1943.)
ADVERSE À partir de n°5 — collectif À PARTIR DE : revue critique de bande dessinée des éditions Adverse, co-dirigée par Alexandre Balcaen et Jérôme LeGlatin.
À PARTIR DE envisage la bande dessinée en son sens le plus large, ouverte, inventive, se défiant des lignes de partage établies depuis des décennies culturelles de compromission artistique et de marchandisation. À PARTIR DE réfute tout ce qui réduit la bande dessinée à être artistiquement des plus pauvres, sensiblement des plus stérilisantes, humainement des plus tristes. À PARTIR DE aborde la bande dessinée comme étant, avant tout, le territoire d’inventions et d’interventions idéal pour penser, ressentir et vivre les tensions relatives aux usages esthétiques, politiques, anthropologiques de la langue et de l’image aux prises avec le rouleau-compresseur culturel contemporain. La bande dessinée pâtit depuis trop longtemps d’un manque de critiques et de théories, d’écritures et de pensées, multiples, hétérogènes, conflictuelles, propres à venir accroître et intensifier les savoirs spécifiques nécessaires à cette pratique. À l’instar de la revue Pré Carré et d’une poignée d’auteurs présents sur du9.org ou au sein de publications universitaires, À PARTIR DE se veut un contrepoint assumé à la pauvreté des propositions analytiques dont souffre la bande dessinée, le plus souvent régies par une sémiotique sclérosante ou des intérêts mercantiles. « À partir de » est à entendre comme programme stratégique : partir de la bande dessinée, pour s’en éloigner autant que nécessaire, et opérer de facto, par les liens ainsi développés, de fructueux et explosifs retours sur cette bande dessinée qui reste le cœur de cible. De fait, À PARTIR DE croise, sans ne jamais rien perdre de sa vive cohérence, les champs littéraires, plastiques, picturaux, cinématographiques, photographiques, musicaux autant que ces champs sont abordés à partir de problématiques relatives à la bande dessinée (agencement, séquence, multi-polarisation, rhizome, rapports texte / image, image /image, texte dessiné, figuration sonore, etc.). Enfin, À PARTIR DE ne veut en rien ignorer l’inscription de la bande dessinée dans le champ culturel, là où l’art croise les forces socio-économiques les plus prédatrices. À PARTIR DE aborde donc le dessin et le métier de dessinateur, l’édition et le métier d’éditeur, l’art et l’industrie, l’art et le marché, l’art et tout ce qui veut la mort de l’art.
Revue semestrielle, À PARTIR DE réunit une équipe de six auteurs réguliers avec le désir de voir coexister une diversité d’écritures et une complémentarité des angles d’approches, pour un premier programme étalé sur trois ans. Chaque intervenant se voit ainsi offrir la possibilité de développer, via une série de textes indépendants ou faisant suite, un projet ambitieux, de pensée, de recherche, de questions et d’inventions, en six étapes. Pour ce faire, l’écriture est l’outil. Non dans le but de replier la bande dessinée sur l’écriture, mais bien plutôt pour découvrir comment la bande dessinée peut influer, contaminer, faire dévier le langage. À PARTIR DE sera donc une revue essentiellement composée de textes, malaxés, hantés, travaillés par la bande dessinée et son rapport à la langue, à l’image, au sens et à l’insensé.
Équipe de rédaction : Alexandra Achard, Alexandre Balcaen, Éric Chauvier, Jérôme LeGlatin, Thomas Gosselin. Maquette : Richard B. / Strip de couverture : François Henninger
184 pages n&b 12,5 x 16,5 cm, 15 € 979-10-95922-50-6 — avril 2022 retours sur invendus acceptés
ÉQUIPE / SOMMAIRE Alexandra Achard Chercheuse en théorie de la médiation, elle prolonge avec ce nouveau texte l’entreprise initiée dans les n°1, 2 et 4 de la revue, et développe sa critique de la critique institutionna-lisée de bande dessinée. Alexandre Balcaen Dont Acte (Journal Adverse, sept 2020 — fév. 2021) Fondateur des éditions Adverse, il développe son journal de bord professionnel avec l’ambition que, par le biais d’une accumulation de témoignages et réflexions suggérés par son activité, s’élabore le portrait constellé d’un monde agi par des enjeux multiples. Imprévu chronologique, cet épisode témoigne notamment de six mois d’une activité bouleversée par “l’état d’urgence sanitaire”. Éric Chauvier Territoires souillés-augmentés (4) Romancier et anthropologue, il s’intéresse cette fois au domicile familial en tant que lieu d’émergence de troubles psycho-affectifs et de récits horrifiques, via une lecture de Big Baby de Charles Burns (éd. Cornélius). Thomas Gosselin Dans la bande dessinée sans la bande dessinée (5/6) Auteur de bande dessinée (Atrabile, etc.), il témoigne de sa profession via un texte polyphonique brassant questions d’écriture, de dessin, de position sociale voire de métaphysique, à partir d’expériences personnelles, de lectures et d’échanges épistolaires avec différents professionnels.
Jérôme LeGlatin Fragments, bande dessinée Auteur de bande dessinée (Bicéphale, The Hoochie Coochie, Adverse) et critique (du9.org, Pré Carré, L’Échaudée) il prolonge Fragments, bande dessinée, un travail théorique au long cours, visant à prouver que toute théorie de la bande dessinée est pratique de bande dessinée. En parallèle, il livre une nouvelle étude consacrée à un récit court de Blutch issu du recueil Mish Mash (éd. Cornélius). INVITÉS : Céline Huyguebaert Doctorante en études et pratiques des arts, c’est d’abord dans le cadre de ses recherches universitaires que Céline Huyguebaert s’est intéressée à la question éditoriale (en lien avec son travail mixte, entre approches plastiques et littéraires), avant de réaliser elle-même fanzines, livres d’artistes et installations. Après la publication du Drap blanc, son ouvrage le plus ambitieux, chez un éditeur installé, d’importantes questions relatives aux écarts sensibles entre les différents territoires de la création auront émergé, ici détaillées sous la forme d’un texte autobiographique pragmatique et analytique. Nicolas Vieillescazes (sous réserve) Éditeur fondateur des Prairies ordinaires, traducteur et essayiste, Nicolas Vieillescazes s’intéresse dans ce numéro à la bibliographie de Daniel Clowes, l’un des auteurs majeurs de la bande dessinée contemporaine.
184 pages n&b 12,5 x 16,5 cm, 15 € 979-10-95922-50-6 — avril 2022 retours sur invendus acceptés
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lili, la rozell et le marimba
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La Criée centre d’art contemporain, Rennes
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La Criée centre d’art contemporain, Rennes
lili, la rozell et le marimba VERNACULAIRE ET CRÉATION CONTEMPORAINE 2019-2022
— 150 pages environ impression pages intérieures noir & blanc couverture couleur français format : 33 × 24 cm prix : 15 € — directrice de la publication : Sophie Kaplan éditeur·rice·s : Lotte Arndt, Baptiste Brun, John Cornu, Jean Roch Bouiller, Katia Kameli, Émilie Renard graphisme : Jocelyn Cottencin, Studio Lieux Communs éditeur : La Criée centre d'art contemporain — diffusion librairies : Paon diffusion distribution : Sérendip
place Honoré Commeurec F – 35000 Rennes www.la-criee.org — La Criée est un équipement culturel de la Ville de Rennes labellisée centre d’art contemporain d’intérêt national. Elle reçoit le soutien du ministère de la Culture - Drac Bretagne, de la région Bretagne et du département Ille-et-Vilaine.
La Criée centre d'art contemporain, Rennes n°4, sortie avril 2022 ISBN 978-2-906890-36-7
Lili, la rozell et le marimba Une Revue en 4 numéros
La revue Lili, la rozell et le marimba (création contemporaine et vernaculaire) accompagne le cycle artistique éponyme qui prend place à La Criée centre d'art contemporain à Rennes de septembre 2019 à août 2022. Ce cycle d'expositions, événements, résidences et recherches interroge les relations entre productions, savoirs locaux et art contemporain. La revue a pour ambition de prolonger et d’élargir les questionnements soulevés par les artistes invité·e·s. La revue rassemble des contributions d’artistes, de penseur·se·s et de chercheur·se·s d’horizons divers. Via des études de cas, des textes théoriques, des interventions artistiques, elle souhaite poser les questions suivantes : - Sous quelles formes la richesse des apports et influences entre arts dits contemporains et arts dits traditionnels (de faire, artisanaux, folkloriques, populaires, bruts, naïfs, etc.), entre modernité et tradition, entre local et global, se décline-t-elle dans la création contemporaine ? - De quelles manières les artistes travaillent-ils aujourd'hui à partir de contextes dit locaux ? - Comment les artistes participent-ils à repenser les liens entre savoir du peuple et savoir savant, entre local et global, entre l’autochtone et l’étranger ? - Comment les récits personnels sont-ils les véhicules de l’Histoire ? Est-on légitime à parler d’une histoire qui n’est pas la sienne ? D’où parle-t-on ? Comment parle‑t-on ?
LE NUMÉRO 4 Pour qui cherche à penser les articulations entre cultures vernaculaires et cultures véhiculaires, entre local et global, entre universalisme et particularisme, entre le je, le nous et les autres, la question de la langue, des langues, revient sans cesse, comme un lieu de croisements et de frictions, comme un lieu source. ll était donc incontournable que de la revue Lili, la rozell et le marimba pratique les langues : les langues maternelles et les langues adoptives, les langues confisquées et les langues dominantes, les langues inventées, les langues chuchotées, les langues mélangées. Ce numéro s'intéresse à leurs circulations, à leurs luttes, à leurs écarts, à leurs écritures, à leurs oralités, à leurs rencontres. Il est composé de conversations (Marianne Mispelaëre avec Sophie Kaplan, Vir Andres Hera avec Minia Biabiani, Jocelyne Dakhlia avec Katia Kameli, Zineb Sedira avec John Cornu et Emma-Charlotte Gobry-Laurencin), de porfolios (Rester. Etranger, Petrit Halilaj, Marianne Mispelaëre, ayoh kre, lettres asilaires) et de promenades à travers langues (Lukian Kergoat, Baptiste Brun).
LE COMITÉ ÉDITORIAL
Lili, la rozell et le marimba / revue n°4
Sophie Kaplan, directice de La Criée centre d'art contemporain et directrice de la publication Lotte Arndt, théoricienne culturelle, auteure et commissaire d'exposition Jean-Roch Bouiller, directeur du musée des beaux-arts de Rennes et ancien responsable de l'art contemporain au Mucem, Marseille Baptiste Brun, historien de l'art et enseignant chercheur à l'université de Rennes 2 John Cornu, artiste et enseignant chercheur à l'université de Rennes 2 Katia Kameli, artiste Émilie Renard, directrice de Bétonsalon - centre d’art et de recherche, Paris
La contribution de la Famille Rester. Étranger Hassan Abdallah, Mohamed Bamba, Nicole Koffi, Barbara Manzetti, Juliette Pollet Sabrina Pennacchietti
Barbara Manzetti : Bonjour et bienvenue dans cette contribution à la revue Lili, la rozell et le marimba. Nous sommes quelques-unes des membres de la Famille Rester. Étranger1 et nous sommes en train d’entrer dans votre langue. Laissez-nous entrer s’il vous plaît. Merci. Nicole Koffi : Goussorgor ha hè songor Aya bi hassègèyi, La famille n’est pas une chose à garder, Zongor ta Ayabicanguè une chose à comprendre, Bi pkanguè nankor à reconstruire. Goussorgor hè songor Aya bi nin lè hèrè. Nous devons vivre dans la famille. Bi san hè Winnin. Minthè torgor bissa n’daon. Nous sommes dans l’œuvre comme un sachet de thé dans l’eau chaude. Gnon san torgor lèn hon yèrèka gnon sè wèkè. La personne qui entre dans l’œuvre devient celle qui l’a écrite. Hèwinnin bi pè bièta biaman ninssi gnon nankor di lè tiè mim hon djagayi. Dans le travail nous sommes toutes les mêmes. Bor bia san hor, pron lè tragone, Homgnow lè ontogone mim mal paki. Nous ne pouvons pas nous asseoir sur une personne considérant cette personne comme une esclave. Boderi lè bonougo kouko. L’ouverture de la porte est le commencement de la maison. Brè tou djilibor ba hou lè fou sacor bila di. Comme un sac de riz qu’on soulève avec la moitié du bras. Tèn lè, driyè lakor, yorgor naga di lè. Gnon ninn han bor placi nin. Rester Étranger déterre et creuse sur deux terres différentes. C’est un pont. La fin de la nuit. Le pied de la maison. Barbara Manzetti : Nicole Koffi entre dans le français métropolitain en compagnie du koulango de Bondoukou qui lui a été transmis par sa mère et du français ivoirien qu’elle a appris sous le joug à l’école de Brayé où son père était instituteur. Brayé est une petite ville de la région de Zanzan au nord-est de la Côte d’Ivoire. Nicole a manuscrit le texte original en koulango sur une bobine de papier pour caisse enregistreuse. Il s’agit de la traduction en deux temps, deux mouvements, d’un passage tortueux de la NOTICE (que vous lirez en tournant les pages). Sabrina Pennacchietti : La NOTICE c’est une cartographie qui permet de nous orienter dans le lexique et les besoins de la famille. Depuis 2017 j’entends Barbara répondre aux mêmes questions, réagir aux mêmes malentendus. La Notice pourrait aider à éclaircir un positionnement. En plus £de participer à la présentation d’une relation à la mémoire qui aspire à concilier l’écriture des sciences sociales et la création littéraire. C’est-à-dire valoriser la relation entre nos recherches géopolitiques, les retentissements des traumatismes, le Droit, la réflexion sur la langue, le témoignage, la narration. Malgré l’impératif dans les tribunaux d’apporter la preuve ou/et de solliciter l’imaginaire des juges, il ne s’agit pas de rendre crédible la parole littéraire mais de valoriser la manière dont des personnes dépossédées de leur vécu, par la parole érudite et scientifique, peuvent se réapproprier leur récit (leur vie) à partir des allées et venues dans les langues maternelles. La Famille Rester. Étranger entretient avec le Droit et la Justice un échange épistolaire dense, constant, humiliant dans un jargon formel et désincarné, à l’inverse des langues vernaculaires qui habitent l’œuvre. Celles-ci nous transmettent un patrimoine qui continue d’absorber les influences de l’urbanisation2 et des migrations mais qu’en même temps filtre et anime la langue de la colonisation. Une diversité des situations langagières3 en danger4, que nos auteur·es nous permettent d’apercevoir et de questionner. Comme à l’instant l’auteur Mohamed Bamba5. 1. « Rester. Étranger naît en 2014 d’une série de rencontres, avec une famille Rom d’abord, puis avec de jeunes demandeurs d’asile soudanais auxquels l’artiste Barbara Manzetti et des artistes de son entourage entreprennent d’apprendre le français. Les relations qui se trament progressivement entre elles et eux débordent rapidement le cadre d’une expérience « artistique » ou « documentaire » jusqu’à former « une espèce de famille » en constante reconfiguration. Barbara Manzetti ouvre son écriture qui devient collective et cette écriture ouvre à son tour le français à d’autres langues (y compris d’autres français) qui s’inventent sur des cahiers partages, des groupes WhatsApp, dans des espaces chorégraphiques ou des centres d’art, puis à la radio. Sans cesse de nouveaux personnages entrent ou sortent, devenant ainsi co-auteurices de Rester. Étranger qui n’est plus un titre mais « le nom de l’auteure(s) ». Quelque chose d’indescriptible advient, qui ne saurait se réduire à la notion de « projet » circonscrit, mesurable, déterminé, comme l’illustre le foisonnement de personnes, d’évènements et de lieux qui l’accueillent » Virginie Bobin, « Une inclination vers l’autre – Conversation avec Barbara Manzetti », mai 2020, Qalqalah ةلقلق- www.qalqalah.org 2. Viola Krebs et Namory Diakhaté, « Langues africaines dans un contexte urbain : la situation du continent et le cas du Sénégal et de la Tanzanie », Les Langues autochtones dans la cité, Droit et cultures [en ligne], no 72, septembre 2016, mis en ligne le 26 septembre 2016, URL : http://journals.openedition.org/droitcultures/3944 3. Cécile Canut, « Langues et filiation en Afrique », Les Temps modernes, vol. 620-621, no 4-5, 2002, p. 410-440. 4. Sylvie Nouguier Voisin, « Afrique, langues en danger et diversité linguistique », dans Histoire Épistémologie Langage, Les Langues en danger : un observatoire pertinent pour les théories linguistiques ?, tome XXXIX, fascicule 1, 2017, p. 37-59. 5. « Notre auteur est cueilleur professionnel à Coredo, dans la région de Trento. Cet emploi est la condition d’obtention d’un visa de travail provisoire, suivant un décret arrêté en mai 2020
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Tout découle de cette situation plus large que sont la colonisation puis l’indépendance, et je ne peux aborder cette partie de la grande Histoire qu’au travers des « petites histoires ». C’est mon « truc », ma marque de fabrique. C’est comme ça que je me suis fait connaître et que je me suis construite en tant qu’artiste. Ce n’est pas de l’activisme, mais simplement une volonté affirmée de raconter, de transmettre des histoires d’abord personnelles. Je pars toujours du biographique. J’ai constaté depuis longtemps que lorsqu’on parle de politique, ceci est mieux compris si l’angle d’approche est personnel. C’est aussi simple que ça, et cette façon de voir les choses n’engage de toute façon que moi. Du coup, lorsque je parle à mon tour de politique, j’éprouve le besoin de passer par un vecteur humain, au travers des récits de mes proches. Et puis pour moi, regarder vers le passé, l’explorer puis le raconter me fait avancer. Il est nécessaire de le dépasser pour progresser.
Zineb Sedira, Retelling Histories, My mother told me…, 2003 Capture vidéo, projection vidéo (couleur et son), sous-titres anglais et français, 10 min © Zineb Sedira / DACS, London Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
I comme Images En tant qu’artiste, je crée des images, j’en collecte ou bien je m’intéresse à des archives d’images. Pour Gardiennes d’images, j’ai par exemple travaillé avec Safia Kouaci, veuve du photographe Mohamed Kouaci qui est malheureusement méconnu en dehors de l’Algérie. Mohamed Kouaci est l’un des seuls photographes algériens ayant photographié l’autre visage de la guerre d’Algérie, celle des maquis, de la résistance. Ses photographies proposent donc nécessairement d’autres angles, d’autres points de vue auxquels seul un Algérien pouvait avoir accès. Je trouvais particulièrement intéressant de mettre en avant cette autre vision, les images connues étant généralement celles réalisées par des reporters étrangers et commanditées par la France. Lorsque j’ai rencontré Safia et qu’elle m’a montré les archives
photographiques de son mari, j’ai tout de suite compris que ce que j’avais sous les yeux était complètement différent de tout ce que j’avais pu voir jusque-là. J’étais stupéfaite de ce que je découvrais, et il m’a semblé que ces archives pouvaient vraiment alimenter les études postcoloniales. J’avais de plus envie de faire un projet qui permettrait à Safia de trouver des fonds pour numériser les photos de Mohamed jusque-là conservées dans les tiroirs de leur appartement. En me focalisant sur elle, je pouvais aussi aborder la question de son rôle dans le travail de son mari, et plus généralement du rôle de ces femmes dans l’histoire de l’art, qui aident leur mari à faire carrière, et qui, une fois le mari décédé, continuent à défendre le travail, à le sauvegarder, sans jamais être reconnues à leur juste valeur. Toutes ces travailleuses de l’ombre… Gardiennes d’images rendait donc hommage au travail de Mohamed Kouaci mais aussi à Safia, et me renvoyait à ma propre condition : « Qui s’occupera de mes œuvres quand je ne serai plus là ? Mes enfants ? Est-ce que mes enfants connaissent assez bien mon travail pour pouvoir le défendre ? Etc. » Il y avait une dimension « féministe » évidente. Safia Kouaci était au centre, totalement fascinante. Elle était l’actrice principale du film, la seule capable de parler et/ou de faire parler les images de son mari. Il était donc primordial pour moi de lui donner enfin la parole. Gardiennes d’images permettait en outre d’aborder la question de la création en temps de guerre, et de l’appareil photo comme arme pour lutter.
connu·es pour leur humour noir. Je ne saisissais pas bien au départ à quel point cet humour corrosif avait pu et pouvait être utilisé pour combattre, pouvait être considéré comme un élément constitutif de la résilience et de la résistance. Je m’attachais juste à collecter les plaisanteries politiques qu’on me racontait dans des bars, chez des ami·es, et à les transcrire dans un petit livre, que j’ai intitulé par la suite lors de sa parution en 2018, A Personal Collection of Jokes, une anthologie personnelle de l’humour noir. Cette publication ainsi que l’installation Laughter in Hell (2014-2018) qui en découle – montrée d’abord à Sharjah, puis chez kamel mennour et enfin au Jeu de Paume – sont très importantes pour moi. Toutes deux m’ont permis de parler de ce que l’on appelle la Décennie noire, une période particulièrement sombre, parfois peu connue hors de l’Algérie, dans laquelle le pays s’enfonce dans une guerre violente interne qui oppose des groupes armés islamistes à l’armée, et cause la mort d’environ 200 000 civils. Elles m’ont permis de comprendre comment les gens pour combattre le terrorisme, commenter les violences quotidiennes et la terreur, mais aussi pour dissimuler l’information, racontaient des histoires caustiques, faisaient des caricatures politiques, tournaient en dérision les nouvelles les plus épouvantables, et ce faisant trouvaient un peu de réconfort. Véritable mémorial en hommage à tous et toutes les journalistes et caricaturistes assassiné·es de par le monde et par extension à toutes les victimes du terrorisme, Laughter in Hell compile ainsi un ensemble d’archives que j’ai accumulées au fil des années : des publications rares consacrées aux caricatures de Slim, Ali Dilem, Gyps, Hic ou encore Maz, des reproductions agrandies de caricatures publiées dans El Watan, El Khabar ou Liberté, des planches originales mais aussi deux interviews vidéo menées avec l’historienne Elizabeth Perego, qui est devenue une grande amie, et le journaliste et écrivain Mustapha Benfodil, survivant de la Décennie noire. Si ce projet doit bien sûr permettre des prises de conscience, mon souhait est aussi qu’il puisse susciter des rires chez le public.
Zineb Sedira, Gardiennes d'images, 2010 Part I : double projection vidéo (noir et blanc, couleur, son), 19 min, format 16/9 Part II : projection vidéo simple (couleur, son), 30 min 50 sec, format 16/9 Production et prix : SAM Art Projects, 2009 Vue de l’exposition « Gardiennes d’images », Palais de Tokyo, Paris, 2010 © Zineb Sedira / DACS, London © Photo : André Morin Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
J comme Jokes* [*blagues en anglais] Tout comme l’appareil photo, l’humour peut aussi être une arme de combat en temps de guerre. J’ai commencé à compiler et à transcrire des blagues orales algériennes dès 2006. Les Algérien·nes sont très
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ABÉCÉDAIRE — Zineb Sedira
Zineb Sedira, Laughter in Hell, 2018 Installation, Dimensions variables Vue de l’exposition « Laughter in Hell », kamel mennour, Paris, 2018-2019 © Zineb Sedira / DACS, London © Photo : archives kamel mennour Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
K comme Kiffer Je pense pouvoir dire que je suis plutôt une personne positive, fidèle dans mes relations avec autrui et bonne vivante. J’essaye de prendre autant que possible la vie du bon côté, de profiter de tout ce qui m’est offert. J’adore par-dessus tout rigoler et aller écouter de la musique avec des potes dans les clubs du quartier Brixton, dans le sud de Londres. J’adore mon métier d’artiste, et je suis chanceuse car j’ai la possibilité de développer, depuis près de vingtcinq ans maintenant, des projets d’envergure avec des gens que j’aime, dans des institutions dans le monde entier.
Zineb Sedira, Walk The Line, 2018 Fil topographique rouge et noms de pays écrits à la main, dimensions variables Vue de l’exposition “Air Affairs and Maritime NonSense”, Sharjah Art Foundation Art Spaces, Sharjah, 2018 © Zineb Sedira / DACS, London © Photo : SAF Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
L comme Luttes Luttes personnelles, luttes sociales, luttes environnementales, luttes anticolonialistes, luttes antiimpérialistes, luttes antiraciales, luttes antisexistes, etc. Lutter fait partie de la vie. Lutter fait partie de ma vie, puisque je suis née en 1963 soit un an seulement après la fin de la guerre d’Algérie. J’ai grandi au sein d’une famille de neuf enfants. J’ai passé mon enfance à me battre pour trouver ma place dans la fratrie, je me suis démenée pour avoir l’attention de mes parents, j’ai milité contre le racisme à l’école. À Gennevilliers, on me disait : « Retourne dans ton pays ! » ; et quand j’étais en Algérie pour les vacances on me disait :
« Retourne en France ! » C’est d’ailleurs peut-être pour cette raison que je suis partie faire mes études en Angleterre... Un autre élément m’a frappée récemment. Nous avions avec ma sœur, qui avait 21 ans à l’époque et moi 16, l’habitude d’écouter de la musique afro-américaine, notamment du blues ou du rhythm and blues : James Brown, Nina Simone, Archie Shepp, etc. D’où nous venait cet attrait pour ces musiques nées de la condition des Afro-Américains ? Pourquoi n’écoutions-nous pas de la variété française ? Eh bien, certainement parce que nous ne nous identifions pas, physiquement, culturellement et socialement avec ces chanteurs français ! Nous nous sentions plus proches des « outsiders » vivant aux États-Unis. Nous nous reconnaissions dans les paroles de leurs chansons, et dans les luttes qu’elles représentaient, même si bien sûr en France, le racisme était différent de celui des États-Unis. M comme Mer Beaucoup de mes œuvres ont pour sujet la mer, et notamment la mer Méditerranée car c’est celle qui relie la France à l’Algérie. La Méditerranée est une passerelle, un pont entre deux continents, tout autant qu’une fermeture, un obstacle pour nombre de ressortissants de pays africains, qui sans visa ne peuvent voyager. Je me suis pas mal focalisée sur les bateaux qui cherchent à partir vers l’Europe et qui échouent en chemin, à cette mer qui symbolise tant d’espoirs, de possibilités de circulation, et qui est aujourd’hui devenue un grand cimetière, une destination fatale, la fin d’un voyage pour ceux tentant de fuir le continent africain. Lorsque j’ai commencé à préparer le projet des Shattered Carcasses en Mauritanie, je trouvais intéressant justement le parallélisme qui existe entre mer et désert. Car le désert, c’est un premier obstacle, une première barrière pour tous ceux qui viennent de l’Afrique subsaharienne. Et cette première barrière débouche ensuite sur cette seconde barrière, tout aussi dangereuse, qu’est la mer. Mes recherches m’ont conduite vers un cimetière marin de bateaux situé près de Nouâdhibou. L’État mauritanien, très corrompu, accepte en échange de pots-de-vin que des bateaux naufragés ou en fin de course soient remorqués au large des côtes, par leurs propriétaires peu scrupuleux, plutôt que d’être démantelés. On peut ainsi voir près de 170 carcasses pourrir sous
le soleil. Une vision éminemment saisissante, responsable d’un drame écologique sans précédent, et qui génère, dans le même temps, une micro-économie à l’échelle locale. Beaucoup de jeunes Mauritanien·nes n’ont en effet pas d’autres solutions pour survivre que de monter illégalement sur ces navires – au péril de leur vie – pour prélever des morceaux de métaux qui sont ensuite revendus en Europe.
Zineb Sedira, The Lovers, 2008 Photographie couleur, 120 x 100 cm © Zineb Sedira / DACS, London Courtesy de l'artiste et kamel mennour, Paris/ London
N comme Nomade J’ai parfois l’impression d’être nomade, puisque toujours entre trois pays. Je suis née dans une famille algérienne, mais en France, puis j’ai décidé de partir faire mes études et vivre ma vie d’adulte, d’élever mes enfants à Londres. Quelque part, je peux dire que je me sens riche de ces trois cultures, que j’ai la chance de parler trois langues, et de pouvoir circuler librement entre ces trois pays en maîtrisant les us et coutumes de chacun. Mais, dans le même temps, je vis parfois ce « nomadisme » comme un handicap parce que je ne me sens nulle part complètement acceptée ou complètement chez moi. Je me retrouve toujours tiraillée, sans attaches véritables.
voyages en cuir ou carton, plus ou moins épaisses, conçues sur mesure pour transporter des bobines de films de 8, 16 ou 35 mm. Cette idée, particulièrement romantique, qui consiste à transporter des histoires dans des valises spécialement conçues à cette intention me plaît beaucoup. P comme parler Parler et faire parler, (se) raconter, mais aussi écouter et (se) faire écouter, entendre et (se) faire entendre. Tout ça participe à cette volonté de transmission qui m’anime. Cet amour que j’ai pour la parole, les histoires, les récits vient sans doute du fait que la langue algérienne est avant tout une langue orale, et aussi du fait que mes parents appartiennent à une génération qui ne sait ni lire, ni écrire. J’ai grandi en les écoutant nous raconter des histoires et j’ai progressivement développé à mon tour ce goût pour le « racontage ». J’ai plein de souvenirs de vacances en Algérie où ma grand-mère et ma mère nous regroupaient, toutes et tous, pour nous conter des histoires… Il y avait une ambiance incroyable, et cela a, je pense, entraîné ma capacité d’écoute, et généré cette envie de transmettre à mon tour. Faire parler les gens est clairement au cœur de mon travail d’artiste. J’adore écouter et je crois d’ailleurs être une bonne auditrice, j’adore me perdre dans les méandres d’une histoire, je suis curieuse de tout. C’est pour cette raison que le format de l’entretien revient très souvent dans mes œuvres, même si je m’efforce à chaque fois de trouver de nouvelles stratégies et d’autres formes possibles de dialogue.
O comme Objet J’ai toujours aimé collecter des histoires, mais aussi des objets dans des brocantes ou sur des videgreniers. En ce moment je concentre mon attention plus particulièrement sur les objets que l’on me donne quand je fais des recherches dans les archives des cinémathèques. Il s’agit souvent de petites mallettes de
Cinémathèque d’Alger, Algérie Archive personnelle de l’artiste © Photo : Zineb Sedira
Q comme Questionnement Je pose plus souvent des questions que j’impose des idées. Je recherche des points de dialogue avec une audience. Je mets donc à disposition des récits et j’attends de voir les réactions, les questionnements ou commentaires que ces derniers suscitent. Lorsque je me prépare à interviewer une personne, je prévois généralement quelques questions. Toutefois, il est bien d’accepter de perdre le fil. Il arrive souvent qu’on se retrouve à parler d’une chose qui n’a rien à voir avec le sujet initial. Mais qu’importe les digressions, j’accepte que les gens sortent du cadre. Je les laisse divaguer. Ils finissent toujours par évoquer des choses auxquelles je n’avais absolument pas pensé, et cela peut parfois donner une direction différente au travail. Il s’agit avant tout que les personnes se sentent à l’aise. Il est toujours possible ensuite de raccrocher les wagons. De plus, c’est au fil des échanges que tu apprends à connaître tes sujets, que tu trouves ton vrai sujet, car il faut se rappeler que la personne qui est en face de toi, ce n’est pas toi. Elle, elle va te parler, moins de ce que tu veux, que de ce qu’il·ou elle a vécu ou vit. Ce rapport à l’humain est donc primordial. Il ne faut pas oublier non plus que la caméra, le micro et toute la partie technique ont une fâcheuse tendance à créer de la gêne et à bloquer la parole, il est donc de mon devoir de tout faire pour que les gens se sentent en confiance. R comme Résidence J’ai fait très peu de résidences d’artistes car j’étais mère de trois enfants et les structures d’accueil proposées ne sont généralement pas équipées pour venir en famille, ou désireuse que l’artiste vienne accompagné·e de sa famille, ce qui est assez frustrant et aussi injuste.
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ʁafida — ɑ̃ fɛt mwa ʒə paʁlə tʁwa lɑ̃ɡ mɛ ʒə le melɑ̃ʒ‿ ɑ̃ mɛm tɑ̃‖ maʁjan — alɔʁ dinu : kɛl sɔ̃ se lɑ̃ɡ ? ʁafida — ʒe ɔ̃t də lə diʁ‖ maʁjan — ba‖‖‖ ia pa də ɔ̃t ! ɑ̃ plys| isi| ia plɛ̃ delɛv ki paʁlə plyzjœʁ lɑ̃ɡ‖ ty vø pa lə diʁ ? kɛl lɑ̃ɡ ty paʁl ? ʁafida — nɔ̃ ʒe pa ɑ̃vi‖
le lɑ̃ɡ sɔ̃ dez‿ ɔbʒɛ miɡʁatœʁ — Marianne Mispelaëre
lə kɔmɔʁjɛ̃ pas paʁ lez‿ emɔsjɔ̃‖ lə fʁɑ̃sɛ| ty lə paʁl‿ avɛk tu lə mɔ̃d‖ umi
RAFIDA — En fait moi je parle trois langues mais je les mélange en même temps. MARIANNE — Alors dis-nous : quelles sont ces langues ? RAFIDA — J’ai honte de le dire. MARIANNE — Bah... Y’a pas de honte ! En plus, ici, y’a plein d’élèves qui parlent plusieurs langues. Tu veux pas le dire ? Quelles langues tu parles ? RAFIDA — Non j’ai pas envie.
Le comorien passe par les émotions. Le français, tu le parles avec tout le monde. OUMMI
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La contribution de la Famille Rester. Étranger — Hassan Abdallah, Mohamed Bamba, Nicole Koffi, Barbara Manzetti, Juliette Pollet Sabrina Pennacchietti
p. 83 « Convention de résidence d’auteur » entre Mohamed Bamba et Barbara Manzetti, Maison Rester. Étranger, 24 octobre 2019 p. 84 à 89 « Mon nom est Bamba Mohamed… », Mohamed Bamba, envoi depuis l’Italie (Milan, Lecco et Coredo) vers la France (Saint-Denis) de récits nouchi à Barbara Manzetti, entre le 3 octobre 2020 et le 28 janvier 2021 p. 90 à 95 « Kirit Oukon Bangué La brebis garde les bergers », texte de Barbara Manzetti et Kassim Koné, dans « Performances et scènes du réel », dir. ESPAD, ELLIADO, PTAC, Presses universitaires de Rennes, 2021 p. 95 bis « Mien mi koro zingré tchiré, Personnellement je préfère merveilleux », les femmes de la famille Rester. Étranger lettre de motivation et notes d’intention, écrites en juin 2020 pour l’appel à projets « La vie bonne », lancé par Cnap/AWARE le 10 mai 2020 p. 96 à 97 « Madame Nicole Koffi… », Barbara Mazetti, Sabrina Pennacchietti, Caroline Sebilleau, Christine Pécheux, lettre officielle notifiant aux responsables du CADA que l’artiste-auteure Nicole Koffi est lauréate du prix Cnap/AWARE « La vie bonne » 2020 p. 98 à 100 « Journal de Caroline Sebilleau », écrit du 26 août au 14 septembre 2020, entre la Maison Rester. Étranger à Saint-Denis et son appartement parisien p. 101 « Brayé », Hugo Hecker, recherches géographiques et stratégiques, été 2020, Maison Rester. Étranger, Saint-Denis
p. 124 « Séjour de Madame et Monsieur Nangoh », lettre d’information autour des activités des auteur·es de la Famille Rester. Étranger aux responsables du CADA, envoyée le 18 juin 2021 p. 125 à 126 « Lettres de soutien à l’auteure-artiste Nicole Koffi » Cnap AWARE Maison de l’Ours Bétonsalon p. 127 « La femme sous la manguier », Olivier Marboeuf, lettre de soutien, Rennes, 15 août 2021 p. 127 bis à 128 « J’ai pensé à Rester. Étranger », Olivier Marboeuf, extrait d’un entretien avec la cinéaste Ana Vaz, e-mail du 3 septembre 2021 p. 128 à 131 « Therapies for reason, or consent to not being a single being », Maison Rester. Étranger, Saint-Denis, le 10 juillet 2021. Participants : Ismail Afghan, Barbara Manzetti, Myriam Mihindou, Nataša Petrešin-Bachelez, Elena Sorokina,Tamara Singh. Dans le cadre de l’exposition Not Fully Human at All, du 20 Mai 2021 au 11 juillet 2021, un projet de trois ans, initié par la galerie KADIST en 2017 sous le commissariat de Nataša Petrešin-Bachelez. Le titre, Not Fully Human, Not Human at All, fait référence à l’essai de Donna Haraway, Ecce Homo, « Ne suis-je pas une femme ?» et autres inapproprié/ es : de l’humain dans un paysage post-humaniste. Un texte qui remet en cause les revendications universelles de l’humanisme des Lumières pour proposer les modalités de ce qu’elle nomme une humanité collective « non générique ».
Erim ta giga (reste à l'ombre en tamankik) / Doulé (l'ombre en koulango de Bondoukou) Numérisation de la carte 5 du jeu original, imprimé en sérigraphie par Caroline Sebilleau pour Personnellement je préfère merveilleux / Mien mi koro zingré tchiré, Famille Rester. Étranger, 2021
p. 102 à 103 « Mon cher ami le fantôme », conversation entre la metteure en scène Johanne Gili et Sabrina Pennacchietti, octobre 2016 p. 104 à 108 « Entretien avec Barbara Manzetti à la Maison Rester. Étranger », Tecla Raynaud, dans le cadre du mémoire sur les pratiques de cocréation, master 2 de psychanalyse, philosophie et économie politique du sujet, sous la direction de Françoise Guillemaut et Hourya Bentouhami, Université de Toulouse, le 13 février 2020 p. 109 à 118 « Une inclination vers l’autre », Virginie Bobin, Barbara Manzetti, dans « Conversations », Qalqalah, octobre 2020 p. 119 à 123 « Bi hè yebor goussèguè lè tou tchilibor, Nous sommes les femmes de la famille Rester. Étranger » en résidence à Bétonsalon en compagnie de Juliette Pollet, Daisy Lambert, Olivier Marboeuf du 20 au 25 août 2021 « Texte envoyé pour la communication » « Conversation enregistrée dans la cuisine de Bétonsalon, le 23 août 2021 », transcription en septembre 2021
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CARTILAGES ARCHIPELS — Vir Andres Hera et Minia Biabiany (avec une introduction par Qalqalah )ةلقلق
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Digression 2
est un acte visant à souligner les innombrables connaissances et affections partagées entre autochtones et afrodescendant·es pendant la colonie. Cette perspective suggère des intersectionnalités dans l’histoire, où les enfants de la chingada sont aussi les enfants de Yanga35. Comme l’a observé Ruth Levitas36 : « Les représentations qui semblent rompre radicalement avec le passé ne peuvent pas l’oublier, pour être intelligibles elles déploient des sources inévitablement empruntées à des mémoires collectives partagées37. » Plutôt que d’incarner l’expression d’une politique conservatrice, la nostalgie critique répond à un éventail de désirs et de besoins politiques se trouvant dans le(s) passé(s), tant dans les contextes américains hispanophones que francophones. Les personnages que Minia Biabiany et moi proposons ci-dessous sont donc des ressources adressées aux luttes de tous les groupes subalternes. C’est pourquoi, nous espérons que ce déplacement constitutif et dialogué démultiplie déjà et d’emblée les voix, les géographies, les fils noués et dénoués, les corps reconnus et ceux mis à mort.
NEGRILLAS [Vers Afromexicains]38 Sor Juana Inés de la Cruz Negros, Negrillas, Guineos. Ainsi étaient connus les poèmes et chants interprétés par des noir·es pendant la colonisation espagnole au Mexique. Aujourd’hui, ils comptent parmi les rares documents qui nous retranscrivent ce que certain·es linguistes appellent le créole afromexicain. Celui-ci fut écrit par Sor Juana Inés de la Cruz en 1677. Dans ces vers, le personnage afromexicain déplore le traitement discriminatoire que lui et sa communauté reçoivent des moines espagnols et de la société de l’époque en général, et exige la reconnaissance de son humanité. » La otra noche con mi conga turo sin durmí pensaba, que no quiele gente plieta, como eya so gente branca Sola saca la pañole, pues, Dioso, ¡mila la trampa, que aunque neglo, gente somo, aunque nos dici cabaya! «
[iMG 11]
[iMG 13]
[iMG 12]
[iMG 13] Paw l sé van. 2020. Minia Biabiany. Film HD: Screenshot 09’54”
[iMG 11] Negrillas Kuïloni. 2021. Vir Andres Hera. Film HD: Screenshot 07’55” [iMG 12] Paw l sé van. 2020. Minia Biabiany. Film HD: Screenshot 09’54” 35. Gaspar Yanga, d’origine ouest-africaine (Sénégal) pour certains, ou d’Afrique centrale (Gabon) pour d’autres, a été meneur de la première rébellion noire au Mexique en 1570.Il fonde une communauté d’esclaves fugitifs, de « noir·es marron·nes ». En 1609, eux et elles fondèrent la ville de San Lorenzo de los Negros (Saint Laurent des Noirs). Yanga en était le souverain. 36. R. Levitas, Utopia as Method: The Imaginary Reconstitution of Society, New York, Palgrave Macmillan, 2013. 37. R. Levitas, The Archive of the Feet: Memory, Place and Utopia, 2007 dans M. J. Griffin, T. Moylan (éd.), Exploring the Utopian Impulse: Essays on Utopian Thought and Practice. Berne, Peter Lang, p. 20.
38. S. J. I. de la Cruz, Villancicos qve se cantaron en los maitines del gloriosissimo Padre S. Pedro Nolasco, fundador de la Sagrada Familia de Redemptores del Orden de Nuestra Señora de la Merced, dia 31 de Henero de 1677 años. En México, por la viuda de Bernardo Calderón; dans Obras completas. vol. II, Villancicos y letras sacras, Mexico, Buenos Aires, Fondo de Cultura Económica, 1952.
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Imaginer de folles lettres — Aloïse Corbaz, Gaspard Corpataux, Samuel Daiber, Jules Doudin, Joseph Heuer, Aimable Jayet, Heinrich Anton Müller, Justine Python, Jeanne Tripier
Samuel Daiber, sans titre, 1954 encre sur papier, 29,7 × 21 cm photo : Sarah Baehler, Atelier de numérisation – Ville de Lausanne Collection de l’Art Brut, Lausanne no inv. cab-14805-3
Jules Doudin, Jétait ambuzcasdez aux troiz suisses vizs at vizs vit dut cheveald blanc ..., 1928 mine de plomb sur papier d’emballage, 37 × 25,5 cm photo : Claudine Garcia, Atelier de numérisation – Ville de Lausanne Collection de l’Art Brut, Lausanne no inv. cab-3669
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—HEAD Publishing Domaine Etudes genre, poésie contemporaine ISBN 978-2-940510-64-1
Sortie prévue Avril 2022 Publié en français
04 80 pages (approx) Format: 105 x 170 mm Poids: 200 g Impression en bichromie Reliure cousue-collée Prix: 10€ / CHF 17
Collection Manifestes
Carla Demierre MRIOIR, MIOIRR MRIOIR, MIOIRR de Carla Demierre est un récit, celui d’une histoire d’amour naissante entre deux jeunes personnes, Sam et Maggie, de leurs échanges de petits mots, de textos, de rendez-vous, d’attentions, de nourriture. Ce livre est aussi un manifeste politique en faveur d’une langue inclusive. L’autrice y combine une large palette de propositions portées par diverses communautés de locuteur-trice-s. Ces signes sont visibles pour certains, comme l’usage de pronoms neutres tels que iel ou ael, d’autres sont plus discrets, tels les mots épicènes ou l'accord de proximité. Les interventions sont d’ordre syntaxiques ou grammaticales, mais également parfois graphiques, avec l’emploi pour certains passages de lettrages inclusifs – où les marques de genre se superposent en une seule lettre – créés par le jeune graphiste Tristan Bartolini. Cet ouvrage est enfin un tour de force poétique et formel, où la langue, mais aussi la linéarité de la narration sont retournées comme un gant, par l’intermédiaire d’ajouts de fragments (dessins, commentaires de blog météo, sms et mots doux échangés) ou la structure narrative en miroir, le récit porté successivement par Maggie puis Sam. Toutes ces opérations laissent deviner que Carla Demierre envisage l’inclusivité, et la plasticité qu’elle implique, au-delà de la question du genre, comme un processus de création en soi à même d’interroger et de renverser une série de systèmes hiérarchiques. La transgressivité du projet tient à sa dimension ludique même; le plaisir que prend l'autrice à démanteler les règles de composition unitaires ou binaires d’un texte est communicatif: il donne envie d'en faire de même. Une postface dans laquelle Carla Demierre explique comment elle a rédigé son texte accompagne le récit.
Exemples de doubles-pages
L’autrice Carla Demierre Carla Demierre a étudié les arts visuels à Genève et la création littéraire à Montréal où elle a mené une recherche autour de la question du montage en littérature. Ses textes mélangent poésie et narration, expérimentation formelle et cut-up documentaire. Attentive aux écritures de tous les jours et puisant ses matériaux dans des sources hétéroclites, elle cherche à comprendre quels jeux s’installent, par l’entremise du document (brut, traité ou remixé), entre la vie matérielle et la fiction littéraire. Elle a publié notamment, Ma mère est humoriste (LaureLi/Léo Scheer, 2011), La collection Un manifeste est une déclaration écrite publique par laquelle une personne ou un groupe expose un programme d’action ou une
Autoradio (Héros-Limite, 2019) et Qui est là ? (Art&fiction, 2020). En parallèle, elle explore diverses formes de publication hors du livre comme la lecture publique, le podcast, l’envoi postal ou le fanzine. Elle enseigne les pratiques d’écriture à la HEAD – Genève.
position. La collection Manifestes de la nouvelle structure HEAD– Publishing met en valeur des partis pris, réflexions et actions développés par des acteurs de l’art et du design pour faire face aux enjeux contemporains.
ARGUMENTAIRE
Collection
[LES ESSAIS MÉDIATIQUES]
LA BONNE DISTANCE ?
EN LIBRAIRIE AVRIL 2022
Petite anthropologie d’une crise sanitaire par
Pascal LARDELLIER
D
ans une parabole célèbre, Arthur Schopenhauer décrit des porcs-épics qui par une froide journée d’hiver cherchent la bonne distance pour se tenir chaud sans se blesser. Une manière de s’ajuster patiemment en société pour trouver une bonne distance. Celle-là même qui permet d’éprouver du bien-être sans isoler ni blesser personne, s’unir également dans l’adversité. Mais comment trouver cette juste distance sans être ni solitaire ni envahissant ou même contagieux ? Le mot est lancé. C’est là que l’anthropologie entre en scène pour redonner un sens social à la crise. Cet ouvrage dépasse les vicissitudes du temps présent, pour élever le regard sur les bouleversements que connaissent nos relations sociales aujourd’hui. Sans contact, nouvelles formes de convivialité, sacralisation des corps… L’auteur montre que le virus est le nom d’autre chose, porteur d’un nouveau paradigme relationnel et social dont il faut prendre la pleine mesure.
979 10 92305 78 4 14 ¤ TTC 120 pages, broché, 12x20 cm
« Voir des signes là où beaucoup ne voient que des choses », disait Roland Barthes. Pascal Lardellier s’y attelle dans une chronique sociologique et sémiologique qui donne la part belle aux rites, aux mythes et à nos représentations symboliques remise en causes. À lire d’urgence !
L’AUTEUR
LES POINTS FORTS
Pascal Lardellier est professeur en communication à l’Université de Bourgogne. Depuis 25 ans, il explore les rites, l’univers du sensible et celui des imaginaires. Ses travaux interrogent les nouvelles formes du lien social et de la culture et le statut des relations, notamment amoureuses, dans les réseaux numériques. Il est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages sur ces questions.
MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris contact@mkfeditions.com
• Un ton très accessible • Un angle non polémique différent et essentiel au débat • Un auteur identifié par les médias et invité régulièrement (TF1, France Inter, Libération, France Culture…)
Plus d’informations sur : WWW.MKFEDITIONS.COM
également disponible en version ebook
Distribution/Diffusion : Serendip Livres
Collection
ARGUMENTAIRE
[LES ESSAIS MÉDIATIQUES]
LA BONNE DISTANCE ?
EXTRAIT
Anthropologie d’une crise sanitaire par
Pascal LARDELLIER
SOMMAIRE INTRODUCTION : la distance, nouvelle norme sociale et morale ou Du sacré, à nos corps défendant La société du « sans-contact » Un exil intérieur général La « machinerie distanciatrice » Désordre des interactions La convivialité suppliciée Le confinement, Proust ou Zola Les amoureux contrariés Ecran total Le sens contaminé Risque zéro Lire des récits pandémiques en temps de pandémie Il est né le divin vaccin CONCLUSION : la confiance, au cœur du pacte social
MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris contact@mkfeditions.com
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Se tenir « à la bonne distance » est devenu une règle sociale et morale, un mantra comportemental répété à longueur de journée et auquel il convient de se conformer scrupuleusement. C’est sur cet impératif de distance, sur cette obligation de distanciation que cet ouvrage va se pencher. Distance et distanciation constitueront tout à la fois le fil rouge et le filigrane de ces pages, s’il sera aussi question des imaginaires du virus. Le projet mené ici sera de voir en quoi la distance est devenue une nouvelle valeur cardinale, portée par la nécessité de se protéger et l’obligation de juguler la circulation d’un virus. Car c’est notre logiciel social dans son ensemble qui s’est trouvé reconfiguré. Et ce qui était naturel d’un point de vue relationnel ne l’est plus du tout depuis mars 2020. Alors, comme les porcs-épics, se réadapter, se réajuster, et tenter de trouver, tant bien que mal, la bonne distance. Faire que chacun n’empiète pas trop sur le « territoire du moi » de ses semblables, que c’est devenu difficile ! « L’offense territoriale » (Goffman, 1973), n’est jamais loin. Une main, une joue qui se retirent prestement… On s’effleure, vite !, le gel, pour laver l’imprudence, ou l’impudence. Un pas en avant, deux pas en arrière, ballet maladroit dansé en public. Dans les lieux de promiscuité – trains et métros bondés, ascenseurs - où « l’enfer c’est les autres », les regards se fuient, les visages sont fermés. Quant à une quinte de toux inopportune, elle provoque tout à la fois des justifications laborieuses (« je vous rassure, c’est une trachéite ! »), autant qu’elle élargit prestement le cercle des personnes alentour. Autant de saynètes trahissant ce trouble, cette perte d’une spontanéité qui prévalait auparavant, quand tout était si bien réglé dans nos relations ordinaires. Le naturel était social, et nous l’avions oublié. Le naturel a du mal à revenir au galop. Un nouvel ethos s’est fait jour, façonné par la distanciation et promu par les pouvoirs publics autant que la crainte ambiante. C’est à ce titre qu’il sera beaucoup question des rites d’interaction ici. Car les civilités, loin d’être de bonnes manières vieillottes, constituent le creuset du lien social. Elles sont cette forme symbolique dans lesquelles la société prend naissance et sens, au cœur d’interactions plus ritualisées qu’on pourrait le penser à courte vue.
Plus d’informations sur : WWW.MKFEDITIONS.COM
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MAI
CAMILLLE SVILARICH
Black Bloc, histoire d’une tactique collection Sciences humaines, Excès
Bio : Camille Svilarich, publie ici sa première recherche consacrée au phénomène des black blocs. C’est au contact des manifestations parisiennes de 2015 qu’elle le découvre pour la première fois. Elle a ensuite travaillé du terrain aux archives. Pitch : Depuis maintenant trente années, la présence de la tactique « black blocs » lors de manifestations politiques s’observe aux quatre coins du monde. À la présentation par la presse et les autorités de ce phénomène comme celui de réunions de délinquants
passionnés, ce livre oppose une analyse généalogique qui permet d’éclairer ce qui peut réunir une action contre l’extrême droite à Mackenrode en 1988 en République Fédérale Allemande, une manifestation au Caire en Janvier 2013 contre le président Mohamed Morsi autour de la place Tahrir, ou encore l’intervention de cette tactique lors d’un sauvetage de chiots de laboratoire au Brésil en 2014. Cette circulation de la tactique à l’échelle internationale invite à appréhender le phénomène des black blocs dans sa trajectoire historique, des années 80 à nos jours
Doc 1 « Oui, mais n’oublie pas qu’on pratique la violence sans l’aimer. Nous sommes des prisonniers ; nous ne pouvons agir qu’en prisonniers. Bien sûr que non, le monde dans lequel nous voulons vivre n’est pas un monde de destruction ou de violence. Mais pour l’instant, nous en sommes réduits à ça : à chaque fois que quelque chose est créé, c’est détruit juste après. Regarde les Châteaux communs. Regarde toutes les tentatives d’occupation, de Répu aux Beaux-arts. Regarde nos vies ! En fait, il ne faut vraiment pas oublier que nous sommes de celles et ceux qui utilisent la violence sans l’aimer. Contrairement aux flics, aux multinationales, au gouvernement pour qui la violence est le mode même de fonctionnement, et ce de façon permanente : c’est aussi pour ça que nous les
combattons. Nous ne devons pas nous y vautrer comme eux mais savoir la maîtriser pour la faire disparaître aussitôt qu’elle n’est plus nécessaire. J’espère que nous saurons agir ainsi. Que nous ne nous laisserons pas emporter, que nous ne nous laisserons pas enchaîner, que nous resterons humains ; bref, que nous ne ressemblerons pas à celles et ceux que nous combattons. » Extrait d’un texte anonyme, intitulé La violence sans l’aimer, paru en France, en 2016 au moment de la lutte contre la loi Travail. Il s’agit du moment où historiquement le phénomène des black blocs en France s’est installé dans le paysage militant, après les attentats terroristes, depuis l’expérience de la COP21 fin 2015.
Extrait1 : L’anglicisme “black bloc” se prête en France à un usage commun à partir de la fin de l’année 2015 à l’occasion de la COP21 de Paris. Dès lors évoqué par les médias, le terme
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s’installe dans notre vocabulaire familier avec le mouvement de contestation sociale qui suivit au cours du printemps 2016 contre la loi El-Khomri. A la veille de la COP21, un article de France info paraît sous le titre de “COP 21 : la police craint les Black bloc”1, faisant état d’une note interne de la police nationale quant aux risques d’une menace terroriste et de manifestations “dont certaines de nature revendicative". Terrorisme ou manifestation, le propos semble confus, mais le journaliste, Olivier Boy, s’insurge néanmoins contre ce qu’il trouve être des “termes policés”. C’est précisément autour de cette qualification de “manifestations revendicatives” pour parler des “black bloc” que ce dernier fait état de sa stupeur, comme si ces derniers excédaient la simple contestation politique sans pour autant suggérer qu’il s’agisse d’une menace terroriste. Qu’est ce donc alors que ces mystérieux “black bloc” qui inquiètent tant notre journaliste ? En usant à la fois de l’article pluriel et du nom au singulier, “des black bloc”, O.Boy commet en vérité plus qu’une simple faute d’orthographe, et se prête finalement à sa propre critique quant à la méconnaissance du phénomène. Essayons à présent de comprendre sommairement la nature de cette erreur. De façon générale, l’usage au singulier de “Black bloc” se rapporte à une forme tactique, au même titre que le sit-in ou le barrage filtrant sont des formes tactiques d’action militante. Une majuscule peut signaler sa nature conceptuelle pour plus de clarté. Lorsque le singulier est convoqué dans un contexte précis, avec un article défini, “le black bloc” désigne un groupe réel particulier adoptant une formation en Black bloc. Ainsi, lorsqu’on parle “des black blocs”, en utilisant le pluriel, on regroupe sous cette appellation l’ensemble des formations historiques de groupes qui ont fait usage de cette tactique. Pour exemple, l’expression “les black blocs français en 2016” inclut l’ensemble des apparitions ponctuelles de formations tactiques constituées en Black bloc, sur la période de 2016 sur le territoire français. Ainsi, lire dans l’article de FranceInfo “les Black bloc” n’est pas anodin d’un point de vue sémantique. Et pour cause, Olivier Boy poursuit : “ces militants ultra violents d'extrême gauche”; et ce qu’il désigne sous “les Black bloc”, ce sont en fait des personnes. Bien souvent dans les médias, on retrouve l’expression “d’individu black bloc” pour désigner une personne adoptant individuellement un certain mode d’action. Davantage qu’associé à une tactique, cet individu black bloc se présente sous la figure masculine du “casseur”, qui agit seul de manière impulsive et dont les actes ne sont pas politiques, mais “gratuits”, sans
1 Boy, Olivier, “COP 21 : La police craint les Black Blocs”. Francetvinfo.fr. 16 Septembre 2015. [En ligne] Consulté le 25/12/2018 à https://www.francetvinfo.fr/faits-divers/cop-21-la-police-craint-les-blackblocs_1708529.html
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portée explicative rationnelle. Mais les protagonistes des black blocs ne sont donc pas “des black bloc”, il.es ne s’en revendiquent pas individuellement en ces termes, il.es sont avant tout des participant.es. Les black blocs sont des entités collectives et non individuelles. On retrouve de manière récurrente cette maxime dans les communiqués de ces protagonistes, “Nous ne sommes pas un bloc. Nous faisons bloc”. D’un point de vue logique, une seule personne ne peut faire bloc seule, donc parler “d’individu black bloc” est un oxymore qui constitue un non-sens au regard de cette conception de l’action collective en Black bloc. Pour résumer ces précisions préliminaires : le Black bloc est une tactique, les black blocs sont des formations historiques contingentes, et les personnes qui y participent sont les protagonistes de ces formes d’action. Ainsi l’on peut dire sommairement que le groupe nominal singulier « Black bloc » désigne une forme d’action collective, où des protagonistes forment un ensemble compact, un bloc, dont la couleur noire est prédominante. Il ne s’agit pas d’une organisation structurée durable dans le temps, mais bien d’une formation éphémère, limitée précisément au seul temps de l’action collective. Sa composition est en permanence fluctuante, elle regroupe des personnes diverses et variées qui prennent part spontanément à l’action. L’ensemble de ces protagonistes s’agrègent pour former un bloc, dont la couleur dominante, le noir, permet une uniformité visuelle
qui
rend
chacun.e
de
ces
protagonistes
difficilement identifiable.
Extrait2. Le rapprochement diplomatique entre les Etats-Unis et la République Fédérale de 1980 à 1983 (date de
la finalisation du projet Euromissile) occasionnait la venue
annuelle des diplomates américains à Berlin-Ouest (R.Reagan puis G.W.Bush). Mais à la suite des perturbations de Brême, la question de la gestion policière des manifestations fait l’objet d’une remise en question dans le cadre de la Neue Polizeiphilosophie (nouvelle philosophie de la police) d’après 68. Dans un article intitulé « Police philosophy and protest
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ROBERTE LA ROUSSE
W IKIFÉMI A LANGUE, GENRE ET TECHNOLOGIE
_ Genre : Essai _ Souple _ Titre : Wikifémia - Langue, genre et techno_ Type de reliure : broché logie _ Tirage : 650 _ Auteurs : Roberte la Rousse _ Directeurs de la publication : Magali Daniaux & Cédric Pigot Roberte la Rousse est un collectif d’artistes cyberféministes dont le projet radical de démasculinisation de la _ Graphisme : Schulz & Leary langue consiste à traduire « en française », c’est-à-dire en_ Prix : 20 euros tièrement « à la féminine », des textes provenant de diffé_ Parution : Avril 2022 rents horizons. _ EAN 13 : 978-2-9562753-6-7 Avec Wikifémia, Roberte la Rousse se livre à une mise en _ Format fermé : 14 x 22,5 cm récit critique de Wikipédia, laboratoire de production et de _ Nombre de Pages : 250 environ diffusion de la connaissance, miroir grossissant de la so_ N&B ciété.
Roberte la Rousse nous présente tout d'abord des biographies de femmes remarquables : de Nicole-Reine Lepaute, calculatrice et astronome française du XVIIIe siècle à Margaret Hamilton, informaticienne et ingénieure système américaine), leur récit se compose de fragments d’articles commentés sous la forme de notes critiques. L'auteurice propose ensuite une réflexion sur la démasculinisation de la langue et des savoirs au travers de deux textes : Démasculiniser la langue : En française dans la texte, langue, genre, technologie et Démasculiniser les savoirs : Wikifémia, chacun accompagné d'entretiens avec Ketty Steward, romancière, Coraline Cauchi, comédienne et kvardek du, membre des sans pagEs et administratrice de Wikipédia. Dans cet ouvrage, Roberte la Rousse développe sa critique de la langue en se fondant sur les études de genre et une approche féministe des savoirs. Elle s’appuie sur le cyberféminisme (Donna Haraway), la linguistique (du déterminisme linguistique d’Edward Sapir à l’androlecte de Michèle Causse), l’histoire des communs (Silvia Federici), l’histoire des technologies (Isabelle Collet, Félix Tréguer...), l’invention littéraire (Monique Wittig), les œuvres d’artistes comme Suzanne Treister.
Introduction La série de textes Wikifémia met en scène des biographies de femmes remarquables figurante dans la version francophone de l’encyclopédie en ligne Wikipédia. La récit est composée de fragments
d'articles
commentons
sous
de la
Wikipédia forme
que
de
nous
notes
agençons et
de
Roberte
la
qui
la
Rousse. Wikipédia
est
une
encyclopédie
collaborative
a
particularité d'être une texte en perpétuelle évolution. Pour cette livre, nous avons figée les informations aux différentes moments de notre rédaction, entre 2017 et 2021. Nous
avons
constituée
trois
ensembles
: -
Wikifémia – Madeleine Pelletier est consacrée aux actrices de la mouvement
d’émancipation
des
femmes
à
la XIXe
siècle)
;
- Wikifémia – Computer grrrls est dédiée à la place des femmes dans l’histoire
de
l’informatique,
de
la
XVIIIe
siècle
à
jours
nos ;
- Wikifémia – Révisions révise et corrige des biographies de femmes qui
nous
tiennent
à
cœur.
Dans
notre
démarche
de
démasculinisation des savoirs, nous avons faite la choix de ne mentionner aucune nom d'homme dans Wikifémia.
NOUVEAUTÉ JUIN 2022 ARTS • CINÉMA • ACTEURS CULTURELS CINÉMA
les cinémas associatifs un autre paysage des salles françaises
Lola Devant et Mathilde Rolland
Près d’un tiers des cinémas en France sont dirigés par des équipes associatives. Si les informations relatives à l’exploitation cinématographique dans son ensemble sont nombreuses et précises, celles concernant spécifiquement les salles associatives sont plutôt rares et parcellaires. De plus, les données disponibles, souvent uniquement quantitatives, peinent à rendre compte de la singularité des approches, des réalités et des dynamiques territoriales, des engagements artistiques et des expériences de vie partagées dans ces lieux de culture et de citoyenneté. En somme, de leur utilité sociale en milieu rural comme urbain. 14x19 cm à la française ≈ 160 pages illustrations d’Élise Kasztelan isbn 978-2-493524-0-10 parution : 07 juin 2022 prix de vente public 16€TTC imprimé par Jouve-Print (53)
Partant de ce constat, Lola Devant et Mathilde Rolland sont allées à la rencontre d’une centaine de personnes impliquées dans la gestion, la programmation et l’animation de salles associatives en France, du Calvados au Périgord, en passant par Lille, Mantes-la-Jolie ou encore Cucuron. Ce livre propose quelques-uns de ces entretiens, révélateurs d’une certaine manière de considérer le cinéma, à la fois comme art populaire de rencontre avec l’altérité – des regards, des modes de vie, des représentations – et comme lieu de construction individuelle et collective inscrit dans la cité.
Éditions WARM 9 rue d’Aubert 53000 Laval warm-ed.fr Diffusion-distribution Serendip Livres 21 bis rue Arnold Géreaux 93450 L’île Saint-Denis Tél. : 01 40 38 18 14 contact@serendip-livres.fr gencod dilicom : 3019000119404
les cinémas associatifs un autre paysage des salles françaises
CINÉMA
SOMMAIRE _ Cinémas ruraux et de quartier : une cartographie de cinémas de proximité _ Pour une diversité de la programmation _ La conservation d’un patrimoine architectural _ Une affaire de transmission : mise en partage et solidarité _ Des missions d’intérêt général au service public ?
LES AUTRICES Lola Devant et Mathilde Rolland sont de jeunes professionnelles œuvrant dans le champ de la diffusion et de l’action culturelle cinématographique. Après des études d’histoire, de lettres, et de cinéma à l’université de Bordeaux 3, Lola Devant se spécialise dans le travail de transmission et d’éducation à l’image, de la médiation à la programmation en passant par la coordination et la mise en place de politiques publiques (Cinémathèque française, Enfances au cinéma, ADDOC, Festival de la Rochelle). Elle est actuellement chargée de secteur Cinéma au sein du service culturel du Département de Loire-Atlantique. Mathilde Rolland a suivi un parcours technique (CAP opérateur projectionniste et BTS audiovisuel) et universitaire (Master recherche cinéma, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne). Sous la direction de Vincent Amiel, elle a écrit le mémoire « Pour une reconnaissance des salles associatives dans l’exploitation cinématographique française ». Aujourd’hui diplômée de la Fémis, cursus Exploitation, elle œuvre au sein de l’équipe de Macao 7e art, association territoriale pour la diffusion du cinéma Art et Essai et de recherche, l’animation et la formation des exploitants basée en Normandie.
les cinémas associatifs un autre paysage des salles françaises
CINÉMA
APERÇUS (maquette en cours d’élaboration - images non contractuelles)
illustrations d’Élise Kasztelan