Catalogue : littérature - poésie - sh : septembre - novembre 2024

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est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me

Le Jukebox des trobairitz

Ce livre en forme de dictionnaire est un hommage au texte de Monique Wittig et Sande Zeig publié en 1976 : Brouillonpour un dictionnaire des amantes

L’œuvre originale propose des entrées par ordre alphabétique mêlant des femmes aux personnalités historiquement remarquables, des personnages imaginaires, de l’argot lesbien mixé à la poésie mythologique et pinçante des deux autrices.

Le Jukebox des trobairitz est écrit à trois, trois amies de longue date qui ont écumé ce dictionnaire originel au cours de performances, de lectures publiques ou filmées pour des films, enregistrées pour la radio. Elles s’en sont emparée avec joie ravies de cette ouvrage déployant tant de

possibles, tant de figures auxquelles s’identifier, tant d’atmosphère drôle et ludiques dans lesquelles se projeter.

Trobairitz est le féminin de troubadour dans sa forme occitane, région de grande tradiction orale. Le Brouillonpourun dictionnaire des amantes fait parler les porteuses de fables, les autrices ont décidé de mettre la figure de la trobairitz à l’honneur. Comme dans un jukebox, les lecteurices choisissent les définitions qu’iels veulent lire, naviguent au hasard, piochent des bribes, peuvent tout lire d’un trait.

Esmé, Clara et Helena ont imaginé 101 nouvelles définitions à ajouter à l’imaginaire déployé par le Brouillonpourun dictionnaire des amantes

mot-clés : porteuses de fables, lesbienne, Monique Wittig, mythologie alternative, poésie alphabétique, amazones, trobairitz

préface :

« Clara, Esmé et Helena se connaissent depuis des lustres de cristal, depuis les nuits des temps, depuis des années-lumières.

Peut-être se sont-elles rencontrées non loin de Tagada Beach, sur le chemin du littoral, près du snack de Rose Rivage.

Ou alors elles se sont croisées un matin d’automne au sortir de la brume, non loin du château, vêtues de longues robes et ont englouti un énorme petit-déjeuner.

Ou bien c’était en partageant un thé bleu nuit dans des backstages rose fluo, en

Le Jukebox des trobairitz

de Esmé Planchon, Clara Pacotte, Helena de Laurens est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me

patins à roulettes. Ou encore se sont-elles connues par cartes postales interposées, lors d’une correspondance en langage codé.

Ou peut-être était-ce plutôt en salopettes, perchées sur des escabeaux, cachant des indices pour une chasse au trésor, et chantant la vie, les fleurs, les rires et les pleurs.

Quoi qu’il en soit, depuis ce jour ou cette nuit, toutes trois forment des duelles et trielles.

Et elles fabriquent des trucs. Des trucs qui peuvent prendre des formes multiples. Des trucs ductiles, comme on dit.

Des conférences sous-marines en boîte de nuit, des trains fantômes en caddie, des fanzines des saisons à l’envers, des cabarets d’hôtesses de l’air, des enquêtes dont vous êtes l’héroïne, des calendriers de l’avent épistolaires et ferroviaires, des chasses au trésor et des lectures de sextes.

En lisant le Brouillonpourundictionnairedesamantes , elles ont eu envie d’abord d’y jouer, de le jouer et puis de jouer avec.

Alors elles l’ont fait.

Elles s’y sont mises à trois pour fabriquer cet objet que vous avez entre vos mains (ou entre vos pieds).

Après avoir commandé quelques litres de café crème, chacune a pris son stylo préféré.

Elles ont dégainé leurs idoles, (romancières cosmiques, poétesses surréalistes, actrices expressionnistes), listé les mots qui croustillent et fondent, cartographié leurs paysages idéaux (granit rose, prés salés, forêt pourpre) et convoqué leurs aimées passées, présentes, et futures, malaxé leurs tristesses et leurs joies, leurs désirs et leurs angoisses.

Elles sont devenues porteuses de fables, trobairitz, historiennes, amantes, archi-archiveuses, amazones, polycopieuses.

Et elles ont fabriqué ce livre, ce jukebox. Surtout n’hésitez pas à le jouer, à y jouer, et à jouer avec. »

Clara Pacotte est autrice, chercheuse et vidéaste dans les domaines des science-fictions féministes.

Esmé Planchon est autrice jeunesse, conteuse et comédienne pour tous les âges.

Helena de Laurens est interprète et chorégraphe pour le théâtre et le cinéma.

Impression de la couverture sur papier texturé.

124 pages 10x14 cm

ISBN 978-2-9575104-1-2

13 €

Premier tirage : 500 exemplaires

Parution : avril 2023

Le Jukebox des trobairitz

de Esmé Planchon, Clara Pacotte, Helena de Laurens est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com /

extraits :

AALEXANDRINE

Pour les alexandrines tout doit se faire par douze. Elles ne parlent qu’en douze syllabes, dorment douze heures par nuit, font douze repas par jour. Ainsi quand elles tombent amoureuses, cela peut durer douze heures, douze jours ou douze ans.

AMIANTE

Déjà une amie, pas encore une amante. Ou l’inverse.

ANTICHAMBRE

liquides qui les feront fondre.

Les anti-chambres, c’est pour toutes celles qui détestent les chambres. La grande

Des amantes lentes et patientes laissent à celles qui ne sont pas encore prêtes des cartes de visite différée. Elles contiennent une graine à planter. Celle qui la reçoit plante la graine. Quand la graine deviendra plante, peut-être sera-t-elle prête pour la visite.

Il existe aussi des cartes de visite sur un papier si fin qu’il s’envolerait presque : ce sont des promesses de visites légères et sans attaches. Et l’on peut aussi déposer des cartes de visite rouges pour proposer des visites menstruelles mensuelles.

CHAMADE

On a souvent raconté que la chamade était dans le corps en premier. Mais c’est l’inverse.

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Longtemps, quand elles n’étaient pas encore amantes, elles ont battu la Chamade. Au-delà de la forêt, il y avait une grande plaine d’herbes hautes qu’il fallait traverser chaque fois que l’on partait au combat. L’adrénaline et la sérotonine ont vu des amantes nouvelles sauter de leurs chevales au galop pour se rouler dans l’herbe de la Chamade à couvert. Avant le champ de bataille. Le mythe du passage par la Chamade a grandi, transmis de bouche à bouche ou de bouche à oreille chez les jeunes amantes. Dans l’appréhension du jour de leur première traversée, elles sentaient leurs cœurs s’emballer. De quelle chevale tomberait leur prochaine aimée ? C’est ainsi que l’on employa peu à peu l’expression « battre la chamade » pour ce que l’on connaît.

On préfère de nos jours « battre la campagne » pour le reste.

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RREPASSER

est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com /

SUAVE

Quand la sueur et la bave ne peuvent plus se distinguer.

SUBTERFUGE

Certaines amantes usent de subterfuges. Les subterfuges sont une pâte que l’on étale sur une partie du corps : épaule, mollet, nuque. La subterfuge épouse alors la forme de la peau. Elle peut avoir la texture du sable mouillé, de la peau d’un kiwi, de l’accoudoir d’un canapé de velours, de l’écorce d’un chêne vert, d’un pétale de campanule, d’un verre en cristal, de l’arrière de l’oreille d’un chat ou d’une page d’un vieux livre oublié au grenier. Cette deuxième peau rend possible mille et mille nouvelles caresses. Par extension, on appelle amante-subterfuge celle dont on ne reconnaît jamais les savoir-faire.

Certaines amantes ne font que passer. On les appelle les sans-miettes car elles ne restent jamais petit-déjeuner au lit : elles sont toujours déjà parties. Leurs arrivées sont presque des départs et les plis de la couette se confondent avec ceux de leur grand manteau de voyage. Elles sont de passage. Pourtant, certains matins, pour une ligne de hanche ou pour un grain de beauté, il arrive que l’une d’entre elles laisse au creux du lit une bague de fer. C’est ce qu’on appelle : une fer à repasser. Quand on la trouve du bout de ses doigts de pied, on sait que celle qui est passée, repassera.

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Le Jukebox des trobairitz

de

Esmé Planchon, Clara Pacotte, Helena

de Laurens

JJAMBES

Elle prend souvent ses jambes à son cou après avoir pendu ses jambes à son con.

JUKEBOX

Jeu dont il reste des traces dans les chansons transmises de génération en génération au sein des peuples d’amantes. Elle s’agit de trouver des suites de mots suggérant leurs jeux humides sans employer rien de sexuellement évident. Le jeu s’arrête quand le rire le surpasse.

« Se faire dégonder le portillon, Changer la chambre à air, Plugger la bouilloire, Ramasser les bourgeons,

J

Paner la croquette, Lisser les mèches basses, Frémir le bulot, Beurrer la tourelle, Déglacer le mâchicoulis, Cacheter le timbre, Formater le disque dur, Brumiser la tige » (Chansondemai , première apparition an 178 de l’âge des crèmes de glace.)

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BRUNO PELLEGRINO

Les bouches

Rome, une artiste, des fontaines.

Dans ce récit lumineux, Bruno Pellegrino relate une année hors du temps et célèbre avec grâce l’amitié et la création.

Bruno rencontre Lou à l’Institut suisse de Rome. Il est écrivain, elle est sculptrice. Très vite se noue entre eux une complicité malicieuse, une amitié légère et profonde qui s’épanouira dans la chaleur estivale, les discussions à l’heure dorée et les déambulations dans la ville éternelle. Captivé par le regard que la plasticienne porte sur le monde, l’auteur consigne avec émerveillement le relief qu’elle donne à ce qui les entoure. Elle partage avec lui son affection pour la pierre antique, ses considérations sur l’urbanisme fasciste, sa tendresse pour les bébés goélands. Témoin privilégié d’une œuvre en devenir, il retrace pour nous sa recherche artistique qui suit la piste de l’eau et du marbre des fontaines publiques romaines dans les méandres de l’histoire et du pouvoir. Ce récit lumineux, qui prend la forme d’un carnet de bord intime et délicat, relate une année hors du temps et célèbre avec grâce l’amitié et la création.

collection Portraits format 13,5 x 20 cm, 96 p., broché isbn 978-2-88964-081-2 prix CHF 18.50 / € 14.50

L’écrivain suisse Bruno

Pellegrino est encore jeune, mais il construit de livre en livre une œuvre d’une beauté singulière, faussement discrète et parfaitement contemporaine, à sa façon.

FABRICE GABRIEL, AOC

Bruno Pellegrino est né en 1988. Actif de 2012 à 2021 au sein du collectif AJAR, il participe à l’écriture du roman Vivre près des tilleuls. Ses ouvrages Là-bas, août est un mois d’automne (2018) et Dans la ville provisoire (2020) remportent de nombreux prix littéraires. Après avoir collaboré durant quatre ans à l’édition critique des Œuvres complètes du poète Gustave Roud, il a passé l’année 2021-2022 en résidence d’écriture à l’Institut suisse de Rome, où il a terminé son dernier livre, Tortues. Depuis septembre 2022, il est éditeur aux éditions Zoé, à Genève.

Principaux titres de l’auteur : Vivre près des tilleuls, avec le collectif AJAR, Paris, Flammarion, 2016 Là-bas, août est un mois d’automne, Genève, Zoé, 2018

Les mystères de la peur, roman jeunesse, Genève, La Joie de lire, 2019

Dans la ville provisoire, Genève, Zoé, 2021 Tortues, Genève, Zoé, 2023

Mot-clés Rome, architecture, fontaines romaines, Antiquité romaine et fascisme, amitiés artistiques Arguments libraires/représentants Pour celles et

ceux qui aiment Nagori, la nostalgie de la saison qui s’en va de Ryoko Sekiguchi, La Dolce Vita de Federico Fellini, La grande bellezza de Paolo Sorrentino

parution
rayon littérature genre portrait littéraire
3 septembre 2024
art&fiction
Portrait

J’ai entendu parler d’elle pour la première fois au printemps, plusieurs mois avant de la rencontrer. Son nom et le mien avaient été sélectionnés pour une résidence à l’Istituto Svizzero de Rome. J’y allais pour écrire un roman, elle était artiste. Les quelques lignes de descriptif ne donnaient qu’une idée vague de son travail, et son visage, sur sa photographie officielle, n’a pas davantage retenu mon attention que celui de la dizaine d’autres personnes avec qui j’allais passer cette année en Italie. Mais si je l’avais croisée dans la rue ce printemps-là ou au cours de l’été, qui sait, je l’aurais peut-être reconnue, comme on reconnaît les stars ou les gens vus en rêve.

Lou Masduraud, née en 1990 à Montpellier, vit et travaille à Genève depuis une dizaine d’années. Elle a étudié à l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon et à la HEAD. Elle s’intéresse aux espaces et aux pratiques de la vie collective ainsi qu’aux systèmes qui les rendent possibles. Dans ses installations, souvent réalisées de manière contextuelle, elle travaille les réseaux formels et informels des activités humaines. Les machineries, plus ou moins visibles (réseaux électriques, éclairage public, égouts, souterrains), qui pompent et évacuent en permanence les flux nécessaires à la vie de la cité. Lampadaires, bouches d’aération, soupiraux, boîtes aux lettres deviennent alors des lucarnes vers l’intérieur du corps de la ville, laissant entrevoir les lieux négatifs qu’habitent les infrastructures, les architectures et les institutions dont nous dépendons pour vivre. Dans ces lieux interstitiels, Lou Masduraud propose des formes de renversements fantasmagoriques et d’alternatives aux réalités dominantes.

Portrait art&fiction
Lou Masduraud

Fin juin, soirée de clôture à l’Istituto. Des centaines de personnes flânent dans les studios et les jardins, regardent les œuvres d’art réalisées au cours de l’année, assistent à une lecture. Il y a un bar, plus tard un DJ set.

Lou et Ilyas parcourent la foule le sourire aux lèvres. De temps en temps, elle ou lui s’approche de quelqu’un pour lui tendre un petit paquet, et quand c’est mon tour je sais ce qu’il y a dedans mais je le reçois quand même comme s’il s’agissait d’une surprise.

Le papier d’emballage représente un collage de textes et d’images : une photographie de Mussolini, quelques lignes sur Pietro Lombardi, une citation de Frontin – « certaines eaux sont mortelles » –, et comme un tag noir, en lettres dégoulinantes, les mots public plugs for fascist fountains. Sur une seconde feuille, les neuf fontaines de Lombardi, et leur emplacement sur la carte de Rome, carte au trésor empoisonné.

Au creux du papier froissé, un petit objet blanc, ferme mais flexible, du silicone. À l’une des extrémités, une langue sort d’une bouche. L’autre moitié est conique : un plug anal comme on en trouve dans tous les sex-shops. Les jours suivants, Ilyas et Lou reçoivent des vidéos de

LES BOUCHES

gens qui enfoncent leur plug dans les tuyaux des fontaines fascistes. La force du jet rend l’opération plus ou moins difficile, il faut parfois s’y mettre à plusieurs, l’eau éclabousse tout et les bouches de Lou sourient à la ville.

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Bruno Pellegrino

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parution remise en vente

MATTHIEU MÉGEVAND

Horizons

Comment trouver sa place ?

Comment habiter sa vie ? C’est à partir de ces questions que Matthieu Mégevand brosse le portrait d’un peintre.

On est jeté au monde sans l’avoir choisi, et la question, la seule question au fond qui vaille dès lors c’est : comment vais-je bien pouvoir habiter la vie ? de quoi vais-je remplir cet immense vide, ce gouffre béant qui constitue l’existence ? On ne fait pas vraiment de choix. On tente, on tâtonne, on trouve soudain dans la nuit une prise, on s’y accroche ; enfant, Philippe Fretz a joué avec des plots dans la lumière finissante d’un jour d’été. Il a senti qu’il y avait là un sens, quelque chose qui pouvait le remplir. Il s’y est accroché. Donner du sens : bricoler, créer des structures, habiller le blanc de formes et de couleurs. Se trouver des compagnons - Joyce, Nerval, Jésus, Balthus, Dante. Philippe Fretz devient peintre, et c’est un acte de foi.

collection Portraits, 2022

format 13,5 x 20 cm, 96 p., broché isbn 978-2-88964-036-2 prix CHF 18.50 / € 14.50

« Il

parle encore de l’horizon et l’on croirait presque voir les vagues moutonner au loin, les mouettes virevolter dans le ciel, les voiliers s’éloigner dans le soleil. Il parle et sourit : il est exactement là où il devrait être. »

Matthieu Mégevand, né en 1983, est écrivain. Il a piloté à Genève les éditions Labor et Fides de 2015 à 2022. En 2011 paraît à L’Âge d’Homme son premier roman Les deux aveugles de Jéricho, qui reçoit le Prix de la Société littéraire de Genève. En 2018 est publié chez Flammarion La bonne vie, roman inspiré de la vie du poète Roger Gilbert-Lecomte. L’ouvrage est lauréat du Prix Pittard de l’Andelyn et du Roman des Romands. En 2019, son Lautrec, Prix Grands Destins Le Parisien, constitue le deuxième volet d’une trilogie romanesque consacrée à trois artistes disparus prématurément (un écrivain, un peintre, un musicien) et qui s’achève en 2021 par Tout ce qui est beau, un portrait émouvant de Mozart.

Principaux titres de l’auteur : Ce qu’il reste des mots, Fayard, 2013

Les lueurs, L’Âge d’homme, 2016 La bonne vie, Flammarion, 2018 Comme après, Actes Sud, mars 2024

Portrait art&fiction

rayon littérature genre portrait littéraire parution remise en vente

NOËLLE REVAZ

Autoportrait avec artiste

C’est une enquête, une autofiction, un flot constant de subjectivité, une métamorphose de l’art au service du texte.

Un collage d’impressions, de messages échangés, de moments partagés, de phrases saisies au vol, en vrac, de descriptions, de reconstitutions. De préjugés que j’ai sur Valentin Carron. De choses surprenantes, d’étonnements, de projections, de découvertes, de déceptions, de sympathies ou d’incompréhensions. Mettre en scène nos échanges, écrits, oraux, nos téléphones, ses paroles, ses gestes, nos rendez-vous, dans une enquête sur qui il est. Une enquête donc, une étude, un texte qui part à la recherche : mais qui est cet artiste ? Mais qu’est-ce qu’il crée ? Mais qu’est-ce qui le relie à ses œuvres ? Mais pourquoi est-il ce qu’il est ?

Une autofiction, un texte où mon JE est toujours présent dans le champ et où nos deux égos luttent pour être au centre. Faire de Valentin Carron un personnage, autour duquel je tourne, que je fantasme, que j’extrapole, que je déforme, que j’utilise et que je manipule pour servir mon texte. Me centrer sur ce personnage et laisser ses œuvres exister en arrière-fond, en décor, en support à ce portrait.

collection Portraits. 2023

format 13,5 x 20 cm, 96 p., broché isbn 978-2-88964-061-4 prix CHF 18.50 / € 14.50

Le duo évoque le Carré noir de Malevitch, premier choc visuel pour Valentin Carron, à quinze ans (pour Noëlle Revaz, c’était Gargantua, à treize ans) ; le gel capillaire l’Oréal (utilisé par les deux) ; l’œuvre vendue à Roger Federer (et pourquoi c’est important) ; ou une BMW sombre à gros capot (et la vielle Ford de l’écrivaine)

SCHELLENBERG, LE COURRIER

Noëlle Revaz est née à Sion en 1968. Elle grandit à Vernayaz, en Valais. Puis part étudier à Lausanne, et choisit de s’installer à Bienne, ville bilingue. Après ses études de Lettres, elle signe en 1995 et 1996 des chroniques radiophoniques sous le pseudonyme de Maurice Salanfe. En 2002 elle envoie son premier roman à Gallimard, Rapport aux bêtes, monologue d’un paysan au parler fruste, immédiatement remarqué pour son invention littéraire. Ce texte

puissant est lauréat de nombreux prix. Il sera adapté au théâtre et au cinéma. Elle est aussi l’auteure de Efina, un roman semi-épistolaire, et de L’infini livre (Prix suisse de littérature), satire ironique du monde du livre. Noëlle Revaz écrit encore pour la radio et le théâtre et travaille avec les étudiants de l’Institut littéraire suisse de Bienne. Elle fait partie du duo Nomi Nomi qui donne à entendre des performances sonores et poétiques en plusieurs langues.

Portrait art&fiction
SAMUEL

LA FOLLE AVOINE

Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles

Entre engagement politique et poétique pour plus d’égalité, La folle Avoine déploie dans ce livre un réseau de récits autour de la ville et de son occupation.

Le cri du geai interroge la notion de territoire : à qui appartient l’espace public ? Qui l’occupe ? L’autrice met en lumière la place de figures dominantes (la statue de David de Pury à Neuchâtel), tout en cherchant à offrir un refuge symbolique au cœur de la ville pour les mis au banc de la société (les pigeons). Sa lutte se déploie en douceur, en tentant de nouer des relations avec ses interlocuteur·trices.

Sa volonté de créer des ponts vers l’autre se manifeste dans l’architecture du manuscrit, un collage qui forge de scène en scène un véritable réseau de sens. Sur papier, c’est une tentative de raccommoder les pièces rapportées de nos vies éclatées : des faits réels, des pensées, de la fiction, de la poésie, des formes de communication, des images, du vide. On s’immerge par bribes dans la pratique de La folle Avoine et, si l’on accepte de l'accompagner, l’amitié devient possible et le voyage peut commencer.

collection Pacific//Terrain format 15 x 21 cm, 124 p., broché isbn 978-2-88964-071-3 prix CHF 24 / € 19

« Tout

avait commencé avec un sentiment de révolte. Celui qui pousse à arracher les pavés du sol pour les jeter à travers les vitrines des grandes firmes et contre les affiches publicitaires. Un dépit, et la colère. Qui lui fait renoncer à

écrire un mot de plus. »

LA FOLLE AVOINE

DANS LA MÊME COLLECTION

La folle Avoine est une entité artistique et sensible, métamorphe et organique. Parfois, elle n’est qu’un nom à fin d’un e-mail, une vague idée ou un semblant de blague pseudo-artistique. D’autres fois, Avoine s’incarne, le plus souvent sous l’apparence d’une femme blanche occidentale qui raconte des histoires de toutes sortes qui ne sont jamais totalement inventées, qui font peur, qui font rêver. Presque sans limite, elle se multiplie pour devenir collective, trouver des matérialités plurielles afin de se répandre dans les imaginaires et faire vibrer les sens.

Mot-clés territoire, espace urbain, écologie, éthologie, activisme, poésie, documentation artistique, photographie. Arguments libraires/représentants Pour celles

si vous vous intéresser à l’écologie, au féminisme, aux questions de territoire, au spécisme, aux rôles de l’art, à l’urbanisme

et ceux qui aiment Habiter en oiseau de Vinciane Despret, et plus généralement la coll. Mondes sauvages chez Acte Sud

rayon éco-féminisme genre récit-enquête parution 3 septembre 2024
© Chris Morgan
art&fiction
Portrait

Les pigeons ont parlé entre eux. Le bruit a couru d’abord dans toute la ville, puis, relayé par les petits mammifères, il est arrivé aux portes de la forêt.

Les pigeons ont parlé entre eux. Le bruit a couru toute la ville, puis, relayé par les petits mammifères, il arrivé aux de la forêt.

Il fallait s’organiser.

Il fallait s’organiser.

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La Folle
| Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles Extraits La Folle Avoine | Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles Extraits
Avoine
sensibles Extraits La
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La Folle Avoine | Le cri du geai. Espace sous occupations Folle Avoine | Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles

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Dear Dog,

I a 5-year-old weasel from a family the golden woods.

One could I got all dreamed according to the paradigms of society.

I am a 5-year-old weasel from a middle-class family in the golden woods. One could say I got all the dreamed privileges according to the paradigms of our society.

To fill the gap between my position in the forest and the losers of the global gambling, I engaged myself politically in different ways to support the silent voices, such as the ones of Mole, Carp or Worm.

fill the gap my position in the forest and the losers of the global gambling, I myself different ways to the silent voices, the of Mole, Worm.

As you might know, a cement quarry replaced a wild hill last year and evicted all the living beings from that place. I’m not actually from that bush, but some of my mute friends are. Therefore I decided to go there and resist against the armed forces which were pushing everyone out of their homes.

you might know, a cement quarry replaced a wild hill last year and all the living beings from I’m actually from that bush, but some of my are. Therefore I decided go there and resist against the forces which were everyone out of homes.

What I want to share with you here is the disproportion between my gesture and the response from the eviction brigade. When finally my comrades and I realised we had no chance, we decided to escape the hill to find a refuge somewhere else. That’s when they started to chase us for obeying. The hunt lasted 7 hours. Hunt during which we were followed by a helicopter and caught in a police car. We managed to escape and to hide in an empty farm. We waited all afternoon until it went dark. We could hear the motor of the helicopter above our heads and through a hole in the wall, we could see the cars and the motorcycles of the police driving around, searching for us.

I to share you here the disproportion my gesture and the response from the eviction brigade. When finally my comrades I realised we had no chance, to escape hill to find a refuge somewhere That’s when they started chase us for The hunt lasted 7 hours. Hunt during which were followed by a helicopter and caught in a police car. to escape to hide in empty We waited all afternoon until went dark. could hear the motor the helicopter above our and a hole in wall, could the and the motorcycles of the police driving searching for us.

At 8 o’clock in the evening, we finally decided to knock on the neighbouring door of our hiding place; to ask for help and call for Doe to come for us.

Dear friend, I know you get your biscuits from the ones who destroyed the hill and I understand that you didn’t come to resist with us on that day. I know you’ve learned how to live in a city, even better than Sparrow, Rat or Pigeon. Haha. I know that the rumble of a helicopter doesn’t disturb your ears that

8 o’clock in the evening, we finally to on the neighbouring door of our hiding place; to for help and for to come for friend, I know you get biscuits from the ones destroyed hill and I understand that you didn’t come to resist with on that day. I know you’ve learned how to live a city, even better than Sparrow, or Pigeon. Haha. I the rumble a helicopter doesn’t your ears that

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pigeons rue des moulins 35 cri du geai 34 Dog,
La Folle Avoine | Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles Extraits La Folle Avoine | Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles Extraits

Tissages

Tissages

Les cartes des cités s’étalaient sur la table. On avait l’or, la pierre, l’argile et le vin. Nous étions prêtes.

Les cartes cités s’étalaient la table. On l’argile et vin. Nous étions prêtes.

Alors, le voyageur a sorti son dûdûk et nous avons chanté, d’une même voix, nos utopies et nos révoltes.

La pierre est restée sur la montagne et nous n’avons même pas fait la guerre.

Alors, le voyageur a sorti son et nous avons d’une même voix, nos utopies et révoltes. pierre est restée sur la montagne nous n’avons même pas fait la guerre. de mais l’ébauche d’une société.

Pas de nouvelle cité, mais l’ébauche d’une société.

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La Folle Avoine | Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles Extraits La Folle Avoine | Le cri du geai. Espace sous occupations sensibles Extraits

Marisa Cornejo

L’empreinte. Une archive dʼartiste soustraite au terrorisme dʼÉtat

Chili, 1973 Genève, 2023. Des photographies retrouvées pour raconter les répercussions du coup d’état militaire de Pinochet sur une famille d’artistes et d’enseignants sur les routes de l’exil. Le récit intime d’une fille dédié à la mémoire de son père.

En 2006, une caisse de 3 mètres cubes est déposée devant une coquette villa d’un lotissement construit deux décennies plus tôt dans les environs Genève pour les fonctionnaires internationaux. Elle arrive du Mexique et renferme quelques meubles, des objets d’art, des peintures, dessins, gravures et des milliers de photographies. C’est l’essentiel de l’archive d’Eugenio Cornejo, né à Santiago du Chili en 1940 et mort à Puebla au Mexique en 2002, artiste engagé, enseignant, victime d’emprisonnement politique et de torture sous la dictature de Pinochet, réfugié non reconnu comme tel et mort en exil d’alcoolisme, sans avoir obtenu aucune réparation ou compensation de l’État chilien.

L’artiste Marisa Cornejo, sa fille, a organisé le sauvetage, et poursuit dès lors la fouille et le tamisage de l’archive de son père. Elle est engagée depuis quelques années dans ce processus lorsqu’elle décide de numériser le contenu de 15 boîtes remplies de 1500 diapositives qui lui révèlent le versant solaire de l’exil qui a mené la famille du Chili au Mexique en passant par l’Argentine, la Bulgarie et la Belgique dans un monde en pleine guerre froide. Sites archéologiques, splendeurs de la nature, scènes familiales, réunions amicales et excursions, les images ainsi révélées comblent les trous de mémoire de la petite fille qui a vécu ce périple entre sa 2e et sa 9e année et lui permettent de construire un récit à partir de ce qui n’avait été jusque-là qu’une confusion traumatique indicible.

La collection Pacific//Terrain Débutée en 2022, Pacific//Terrain regroupe des narrations documentaires, en textes et en images, ayant l’intention de cultiver l’hétérogénéité des connaissances, bousculer les genres et décentrer les points de vue.

genre biographie, narration documentaire rayon histoire, actualité thèmes récit intime, féminisme, exil, traumatisme, guerres sales d’Amérique latine, archive, mémoire livre connexe Hilaria. Récits intimes pour un féminisme révolutionnaire de Irene (Divergences, 2022)

collection Pacific//Terrain format 15 x 21 cm, 272 pages, dont cahier couleur de 20pp., broché isbn 978-2-88964-031-7 prix CHF 27 / € 24

PARUTION : 6 JANVIER 2023
BIOGRAPHIE NOU-
art&fiction
VELLE COLLECTION

Née à Santiago de Chile en 1971, Marisa Cornejo est une artiste basée en Suisse et en France. Elle obtient son bachelor en arts visuels à l’UNAM de Mexico et son master en arts visuels CCC à la HEAD à Genève. Après le Coup d’État en décembre 1973, elle part, avec sa famille, vivre en exil en Argentine de 1973 à 1976, en Bulgarie de 1977 à 78, en Belgique de 1978 à 1980, puis à Mexico de 1980 à 98 où elle étudie la danse contemporaine, les arts visuels et collabore dans le collectif d’artistes La Panadería. En 1998, elle émigre en Angleterre où elle devient mère de deux filles. En 2002, elle déménage à Bruxelles où elle a un fils. Depuis 2005, elle est installée près de Genève où elle travaille la thématique de la mémoire et l’identité marquée par la migration forcée, à travers le dessin de ses rêves en tant qu’artiste chercheuse. Le travail de Marisa Cornejo, constitue une archive des rêves où elle recueille ce que la terre-mère transmet comme message sur les problématiques de la femme migrante et les solutions à connaître sur le territoire qu’elle habite. Elle a publié chez art&fiction General (2011), I am (2013), Comme une Neptune (2018).

L’autrice en 6 dates 1971 naissance à Santiago de Chile 1973 exil en Argentine, puis en Europe 1996 commence à dessiner ses rêves 2011 parution de son premier livre 2013-2015 performances La Huella 2023 exposition Chili-Genève 1973-2023 Le Commun, Genève

Ces images me rendent malade, elles sont toutes plus floues les unes que les autres, comme si les adultes en état de choc étaient soudain incapables de se servir correctement d’un appareil photo. Un intense bleu brumeux s’étend à l’infini, hors de la mise au point. Quand prendra-t-elle fin, cette ouverture vers l’infini, se terminera-t-elle un jour ?

© Philippe Weissbrodt
M ARI s A C ORNEJO | L’ EMPREINTE BIOGRAPHIE
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l empreinte diaporama
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S’arrêter en chemin l’empreinte diaporama
M ARI s A C ORNEJO | L’ EMPREINTE BIOGRAPHIE
Figer des instants

Florence Vuilleumier & Pierre-Philippe Freymond

Entredeux

En 2010, un couple d’artistes établi à Genève, Florence Vuilleumier et Pierre-Philippe Freymond, partent étudier le chinois en Chine. En toute logique, c’est dans la capitale où ils ont déjà séjourné, qu’ils se préparent à partir avec leur fille de deux ans. Mais peu avant le départ, le gouvernement chinois leur assigne une toute autre destination, à Wuhan. Ce qui était déjà une aventure devient un vrai saut dans l’inconnu, le point de départ d’une exploration autant physique qu’intérieure, dont les tours de bétons de la mégapole constitueront le décor.

Le récit de Florence Vuilleumier, d’origine vietnamienne par sa mère, intègre intimement cette expérience à son histoire personnelle. L’écriture, resserrée à l’essentiel, dialogue avec des images liées à son travail artistique et à ses études en sinologie. Elle restitue de manière claire et parfois fulgurante les émotions ressenties pendant cette traversée.

Dans une forme plus proche de l’essai, les chapitres qui composent la partie de Pierre-Philippe Freymond mettent en perspective une exploration différente, celle d’un Occidental, qui est à la fois un scientifique et un artiste. Son intérêt pour de mystérieuses pierres chinoises, dont le statut oscille entre la sculpture et l’informe, va offrir l’occasion d’un passage vers l’Orient et d’une réflexion sur l’imaginaire du corps dans l’histoire de l’art.

Ces deux textes pourtant très différents, se font écho dans une même intensité, une même expérience poétique, permettant au lecteur de multiplier les approches. Ces écrits constituent des témoignages directs du fossé culturel qui nous sépare de la Chine, mais en même temps, ils construisent des ponts, des passerelles sensibles, qui permettent de comprendre l’énergie phénoménale d’un peuple brusquement sorti de la ruralité pour entrer dans le XXIe siècle globalisé, qui est aussi le nôtre.

— EN LIBRAIRIE EN FRANCE/BELGIQUE LE 4 OCTOBRE 2022 — COLLECTION PACIFIC
ÉCRITS D'ARTISTES ART&FICTION

Guillaume Viry

Genre : roman

Format : 12 x 18,5 cm

Pages : 128

Prix : 16 €

ISBN : 978-2-490251-98-8

Guillaume Viry passe son enfance au milieu des champs en Bourgogne. D’abord comédien au théâtre ainsi que dans une cinquantaine de films et séries, il joue notamment chez Philippe Genty et Alain Guiraudie. Il réalise ensuite plusieurs films à la lisière de la fiction et du documentaire. Lauréat de la Fondation Jan Michalski, il écrit L’Appelé, son premier roman, dans une cabane face au lac Léman.

Attachée de presse : Sabine Norroy : snorroy@hotmail.com

Contact : colette.lambrichs@gmail.com

6 septembre

Jean est appelé en Algérie en 1962. De retour en France, c’est à l’âge de trente ans qu’il meurt lors d’un dernier séjour à l’asile. Soixante ans plus tard, il suffit de presque rien, d’une confusion de prénom, pour que le passé surgisse comme une déflagration.

Guillaume Viry narre le temps fracassé, et la folle histoire de la guerre d’Algérie et ses échos contemporains. Dans ce premier roman, l’auteur bouleverse et cristallise l’ampleur d’une tragédie. Tout de blancs, de non-dits et de silences, L’Appelé révèle un écrivain.

Téléphone : 06 35 54 05 85

Téléphone : 06 60 40 19 16

et distribution : Paon diffusion.Serendip Relation libraires : jean-luc.remaud@wanadoo.fr

Téléphone : 06 62 68 55 13

Éditions Du Canoë : 9, place Gustave Sudre Local parisien : 2, rue du Regard

33710 Bourg-sur-Gironde 75006 Paris c/o Galerie Exils

Éditions du Canoë 2024
Diffusion

En librairie septembre 2024

Format : 14 x 21 cm

Pages : 80 p.

Reliure : broché, collé

rayon : Littérature

Prix : 14 € / 18 CHF

ISBN : 978-2-8290-0691-3

L’Architecte

PRÉSENTATION

Nous vivons sous le règne du kitsch et nous avons perdu jusqu’à la faculté de saisir cela, comme les fous qui se croient sains d’esprit. C’est le drame de notre vieillesse, de toute vieillesse : au moment même où il faudrait posséder la plus grande force morale, les forces font défaut, et l’on se met à bavoter en dodelinant.

Sous couvert d’une enquête judiciaire, l’Architecte est une réflexion sur la place de l’art dans une société régie par l’économie. Selon Grisel, les œuvres de pacotille sont portées aux nues par les médias, les vrais créateurs tournés en ridicule ou ignorés.

C’est aussi une méditation sur la difficulté que l’on éprouve lorsqu’on tente de cerner la complexité d’un être humain. Les trois témoins (son ex-femme, son ami, sa jeune maîtresse) dressent de lui des images contrastées, souvent contradictoires. Comment découvrir le « vrai » Grisel ? Existe-t-il seulement ? Lui-même se livre dans ses lettres mais cela ne fait qu’ajouter à la complexité du personnage.

DIFFUSION ET DISTRIBUTION SUISSE

Éditions d’en bas

Rue des Côtes-de-Montbenon 30

1003 Lausanne

021 323 39 18

contact@enbas.ch / www.enbas.net

AUTEUR

Charles-Édouard Racine est l’auteur de romans, de récits ainsi que d’études critiques sur des textes de Ramuz, Monique Saint-Hélier et Jacques Chessex. Né en 1951, il vit à L’Abergement, au pied du Jura.

DIFFUSION ET DISTRIBUTION FRANCE

Paon diffusion/SERENDIP livres

Paon diffusion – 44 rue Auguste Poullain – 93200 SAINT-DENIS

SERENDIP livres – 21 bis rue Arnold Géraux 93450 L'Île-St-Denis +33 140.38.18.14

contact@serendip-livres.fr

Du Ciel plein les dents

Frédéric Arnoux

160 pages

13 euros

ISBN : 978-2-492628-06-1

Diffusion-Distribution SERENDIP-LIVRES à paraître le 3 septembre 2024

Huit ans, c’est encore un âge où la vie doit couler douce, vous figer de beaux souvenirs, vous gaver de rire, vous laisser dans l’insouciance… il faut emmagasiner de la belle vie pour les mauvais jours, pour plus tard mais c’est pas vraiment de ça que Le Nain se tapisse le cerveau. Il le remplit de vins chauds et de prières. Les vins chauds, il les descend avec La Moman qui lui répète chut, c’est notre secret. Et les prières, il zappe d’un dieu à l’autre mais toujours dans le même but, faire déguerpir Le Daron qui crie fort et parfois dégaine une gifle qui claque sur la joue de La Moman. Mais il n’a encore jamais réussi à trouver une belle rime à ce bruit sec. Alors il prie, genoux aux sol, paumes des mains en l’air implorant qui veut bien l’entendre, il prie, Du ciel plein les dents.

Frédéric Arnoux

Né en 1970. Il est actuellement intermittent dans l’audiovisuel. Avant cela, il a été créatif dans la pub, encore avant, femme de ménage dans une maison de retraite, emballeur de palettes, vendeur de plaquettes publicitaires en porte-à-porte, guetteur d’alarmes dans une usine de pétrochimie, videur de semi-remorque à main nue, plante verte la nuit dans un hôtel… Et pour commencer, il a grandi en bordure de Besançon, entre des vaches et des barres HLM. Il habite aujourd’hui à Paris, à Belleville. Ses deux livres précédents, Merdeille et Du Bétail sont parus aux éditions Jou.

éditions JOU / 60 rue Édouard Vaillant, 94140 Alfortville – France mail : contact@editionsjou.net http://www.editionsjou.net

éditions JOU

Extraits :

[…] Jamais le Nain ne se serait mis aux rimes sans les engueulades des parents derrière la cloison. Aucune fièvre poétique ou grâce divine qui lui seraient tombées dessus en dégringolant d’on ne sait où, nan, juste le besoin d’adoucir. À pov’ connasse, un ananas susurré du bout des lèvres et la violence se bariole d’exotisme à fleurs avec volées de sucre jetées comme des confettis. À sombre con, un Plutonlâché d’un soufe et le voilà en orbite à des années lumières. Ou s’il a envie de faire le malin devant le Grand couché sur le lit du bas, il piaille choufe les roustons ou poilauxnichons en forçant sur les aigus avec sa voix de gamin. Il a bien essayé des rimes plus longues, plus sophistiquées mais ça ne fait pas rire son grand frère. Un houlahop après espèce de salope et les deux garçons peuvent se mettre à rire. Mais rien à voir avec de la joie. Que des fous rires nerveux. Quand ça va plus loin et qu’il entend le plat de la main du Daron claquer sur la joue de la Moman, il n’a encore jamais réussi à trouver une rime à ce bruit sec. […]

[…] Le Nain tangue, plaque une main contre la gazinière pour se caler et de l’autre, agrippe le coton gris du jogging de la Moman. ça tourne. Ils ont déjà avalé deux grands bols. Il entend sa voix fatiguée ressasser les soucis d’argent, les problèmes avec le Daron, les boulots précaires… mais ça le traverse sans s’y arrêter. Lui, fixe les flammes bleues sous la casserole, ne les voit pas, trop concentré sur ses pieds à les coller bien à plat sur le carrelage, deux ventouses taille trente-deux apparemment trop petites pour empêcher son corps, une tige d’à peine un mètre trente, de basculer en avant, en arrière, des fois ça part sur le côté, comme ça sans raison. Il s’agrippe fermement à la Moman, enroule un bras autour de sa cuisse qui flotte dans le jogging. Ça tourne. Entre deux boufées de cigarettes, le flot monocorde de lamentations en flux tendu, c’est à cause du Grand que j’ai dû arrêter la danse sinon j’aurais eu une autre vie… si je me suicide pas c’est à cause de toi sinon qui s’occupera de toi…. il est incapable de relier les mots entre eux pour leur donner du sens, ça tourne trop, mais les gargouillis provenant de la casserole de vin chaud, il les reconnaît, ce sont les bulles qui se grimpent les unes sur les autres en faisant les folles, tellement excitées de venir péter et crachouiller à la surface. Il sourit. Il attendait ça depuis une éternité ou juste le temps de… il ne sait plus, ça tourne. En tout cas, la suite, il adore. La Moman va approcher le briquet jaune au-dessus de la casserole, ils vont se regarder, elle va faire claquer sa langue au moment de l’étincelle du Bic et pfouuu, une grande flamme va ébranler l’instant, réduire en cendres pour un fragment de seconde le poids des soucis qui ne sont pas les siens mais qu’il porte quand même. Un fragment de seconde, c’est déjà ça. La Moman lui a déjà dit cent fois mais ce soir encore, elle lui a répété à chaque bol qu’ils ont descendu, je brûle l’alcool, on peut en boire toute la nuit et pis c’est la fête des mères non ?! Elle a fait en crachant sa fumée en l’air, les yeux brillants et plus trop en face des trous. C’est notre secret hein, même le Grand ne doit pas savoir, allez crapaud, file au Nuage, demain y‘a école, faut que tu dormes, on n’a qu’une vie, il faut en prendre soin. Et cette voix saturée de soufrances avec ses syllabes basse intensité ne s’évanouit pas dans le silence de la cuisine, les mots s’infiltrent, se faufilent au plus profond du Nain, y déposent leurs messages qui une fois nichés, entrent en résonnance les uns avec les autres, revigorant la noirceur qui peut continuer à exécuter tranquillement son travail de sape. En bonne éponge, le Nain absorbe tout et l’emmène au lit dans l’espoir que le sommeil charrie

tout ça dans les tréfonds d’une décharge imaginaire. Mais jour après jour, ça s’accumule, laissant de moins en moins d’espace, étoufant toujours plus les poussières de lumière. Bisou mon crapaud d’amour. […]

éditions JOU

MERDEILLE

Frédéric Arnoux

Littérature

160 pages - isbn : 978-2-9561782-6-2 - 13 euros

Paru le 28 août 2020

Distribution Serendip livres

Un monde irréel mais tout près du réel. Le quotidien des moins que rien rejetés loin, très loin derrière la virgule. Pas celle qui ponctue les phrases, celle qui taille dans le vif ces nombres plein de zéros qui circule d’un fond d’investissement à une place financière, d’une multinationale à un hedge fund. Là-bas quand ils ouvrent le frigo, il n’y a plus que la lumière dedans. Pour tuer le temps, ils pourraient se baigner dans le lac artificiel tout près mais quand les poissons n’y flottent pas le ventre à l’air, ils sautent sur la berge par instinct de survie. Alors ils regardent les arbres sur lesquels poussent des éponges avec le côté qui gratte ou observent au loin le feu d’artifice du centre commercial qui annonce les promos du jour et ils rêvent de balles de ping-pong à moitié prix, de chaussons à prix coûtant… Parfois, ils font la fête sur le terrain de foot défoncé qui sert de ring, de salle des fêtes et de cimetière à l’occasion. Et qui dit fête là-bas, dit alcool à 90°. Et les cocktails à l’alcool à 90°, ça fait drôlement rigoler.

éditions JOU

60 rue Édouard Vaillant, 94140 Alfortville – France

mail : contact@editionsjou.net http://www.editionsjou.net

QUELLE EST

LA COULEUR DU CIEL

AUJOURD’HUI

Autrice : Marilou

NOUVELLE

à partir de 12-13 ans

format : 105 X 200 mm

nombre de pages : 32

prix : 7.00 €

SEPTEMBRE 2024 / ISBN : 979-10-92353-90-7 FAMILLE / AMOUR / VIOLENCES CONJUGALES

Aujourd’hui, Dominique rit, danse, t’aime. Aujourd’hui le ciel est bleu.

Bleu comme l’aquarelle au bout de ton pinceau, bleu comme l’orange de Paul Eluard, bleu comme ces taches sur tes poignets, souvenir d’un matin plus gris.

POINTS FORTS

Une nouvelle qui ne genre ses personnages que dans les dernières phrases, afin de surprendre pour mieux questionner

 PRIX DU JEUNE ECRIVAIN SUISSE 2021

Marilou Rytz a terminé un Bachelor en Création Littéraire en juin 2018 et un Bachelor en Travail Social en juin 2022. Elle navigue entre accompagnements de nuit comme de jour dans des institutions sociales, spectacles (à la plume, sur scène ou dans l’ombre), nettoyage de salles d’accouchements, lecture, relectures et mentorat, animation d’atelier d’écriture pour des publics de tous âges et en tous lieux (en chapelle comme en prison).

Elle fait partie de l’équipage Particules, un collectif littéraire suisse-romand et multiplie les projets interdisciplinaires. En 2023, elle est résidente à la Fondation Michalski.

Elle a publié plusieurs nouvelles et a notamment remporté le Prix du Jeune Écrivain 2021, avec une première version de Quelle est la couleur du ciel aujourd’hui. Son premier roman Quand papa est tombé malade, est paru en février 2024 aux Éditions de l’Hèbe.

NOTE D’INTENTION DE L’AUTRICE

Pourquoi ce texte ?

De quelle couleur est le ciel aujourd’hui ? Un titre comme une question, celle que se pose toute victime de violence conjugale. Nous n’avons aucune prise sur la couleur du ciel, on la subit…

Ce texte est né dans le cadre de mes études en travail social, lors d’un cours présentant la spirale de la violence conjugale. Au moment d’évoquer la prévention contre ces violences, plusieurs affiches nous sont montrées. Je suis frappée par l’invariabilité du scénario : la femme, victime ; l’homme, bourreau. On ne peut nier que ces situations sont largement majoritaires. Néanmoins, mes études m’ont appris à réfléchir le poids des préjugés et des représentations, leur rôle dans la construction du réel.

Dès lors, je m’intéresse à ceux qui semblent ne pas exister : les hommes victimes de violences conjugales.

C’est ce phénomène d’invisibilisation que je souhaite mettre en lumière, en exploitant nos représentations pour mieux les déconstruire. Je me lance donc le défi d’écrire un texte qui ne genre ses personnages que dans les dernières phrases, afin de surprendre pour mieux questionner.

De quelle couleur seront nos ciels demain ?

Marilou Rytz

Tu prépares le repas, c’est ton tour aujourd’hui. Tu mets l’eau à bouillir. Tu fais des pâtes fraîches, tu les accompagnes d’un pesto maison, ail, basilic et tomates séchées.

Il est 18h30 et Dominique va arriver.

Dominique aime les pâtes au pesto et toi, tu aimes Dominique. Tu veux lui montrer que tu l’aimes, lui montrer combien tu l’aimes, lui dire que ce n’est pas grave. Que rien n’est grave, que tu comprends. Que tu l’aimes toujours autant.

Tu as écouté, tu as compris : ce n’est pas sa faute. Son travail est éreintant, ses collègues irritants, ton sourire agaçant, le métro toujours bondé, le ciel gris. Tu as compris même si toi, le ciel gris ne te dérange pas. Tu inventes que le soleil a disparu, qu’il a été volé par un éteigneur de réverbères qui en avait assez de devoir se lever

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avec l’apparition des premiers rayons, surtout en été. Tu peins à l’aquarelle son sac immense, bien plus grand que lui, et une redingote rapiécée. Tu peins ses boutons dorés. Tu peins dans ta tête et tu racontes à Dominique.

Tu aimes raconter à Dominique les images que tu peins dans ta tête.

Parfois, souvent même, Dominique rit. « Tu vois, c’est pour ça que je t’aime ». Et te voilà dans ses bras, vous virevoltez, ses yeux pétillent, vous êtes des allumeurs de réverbères, les porteurs de lumière, vous êtes libres et tu l’aimes tant.

Parfois Dominique ne rit pas. Monologue sur son boulot, celui qui ne rime qu’avec métro et dodo. Les délais, les chiffres, ce qui se vend et ce qui ne se vend pas. Dominique travaille dans une grande maison d’édition, pas la tienne, une autre, une qui imprime des ouvrages documentaires.

Dominique s’occupe de la section jardinage.

Dominique dit que ce n’est pas juste, que tu confonds profession et passion, que tu ne fais que dessiner et que dessiner, ce n’est pas travailler.

Parfois Dominique ajoute que tu as de la chance, de la chance d’avoir des gens qui t’aiment malgré tes dessins plein la tête.

Dominique dit que c’est compliqué de t’aimer.

Et toi, tu vois ton ciel se liquéfier.

Parfois Dominique te secoue. Et serre tes bras si fort qu’ils restent colorés des jours entiers.

Alors Dominique devient pâle. « Ce n’est pas moi, je ne comprends pas, pardon. Pardon mon amour, pardon, je m’en veux tellement. »

Toi tu dis que ce n’est pas grave, que rien n’est grave, que tu comprends. Tu dis que ces taches sur tes bras, ce sont des coups de lune, attrapés à trop rêvasser. Ou de l’aquarelle, délicatement déposée. Et Dominique sourit à travers ses larmes.

« Tu vois, c’est pour ça que je t’aime. »

Tu penses que son sourire est l’arc-en-ciel sur lequel vous dansez.

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En librairie octobre 2024

Format : 11,5 x 16,5 cm

Pages : 180 p.

Reliure : broché

Collection : en bas poche n°37

Rayon : Poche, Littérature de voyage

Prix : 12 € / 14 CHF

ISBN 978-2-8290-0689-0

DIFFUSION ET DISTRIBUTION SUISSE

Éditions d’en bas

Rue des Côtes-de-Montbenon 30 1003 Lausanne 021 323 39 18 contact@enbas.ch / www.enbas.net

DIFFUSION ET DISTRIBUTION FRANCE

Paon diffusion/SERENDIP livres

Piécettes pour un paradis baroque

PRÉSENTATION

Piécettes pour un paradis baroque, paru à l’Âge d’Homme en 1975, a connu un vif succès à parution. Livre de voyage, inclassable et sombre comme son auteur. Ces piécettes ont été écrites en Tunisie et en Algérie entre 1962 et 1964, du temps où Pestelli s’était mis à composer des dictées pour ses élèves. Nées d’abord comme des improvisations, ces « piécettes » ou textes en prose poétique s’ordonnent peu à peu en une écriture plus construite qui aboutira plus tard aux deux volumes de Le Long été. Ami de Nicolas Bouvier, « les voies de Lorenzo Pestelli sont pourtant plus tortueuses, et plus complexes les voix du récit », comme l’écrivait en 2000 la journaliste du journal « Le Temps » Isabelle Rüf, avant de conclure que « si, pour Pestelli, l'écriture est un suicide, sa douloureuse Odyssée déborde d'une force de vie qui s'exprime dans un jaillissement de formes ». Dont celles-ci.

AUTEUR

Né d'un père florentin, Enzo, diplomate et d'une mère belge, Gabrielle van den Haute, Lorenzo Pestelli passe sa jeunesse à Florence où il fait ses études. Il poursuit des études de philosophie à Louvain puis une maîtrise ès lettres à Montréal et à la Sorbonne à Paris. Il se marie avec Michène Caussignac en 1956. Il enseigne au Maghreb de 1962 à 1964 puis en Chine de 1964 à 1965. Mais il aime voyager et il part avec sa famille jusqu'au bout de l'Orient, le Japon (où il rencontrera Nicolas Bouvier) en passant par le Népal, la Thaïlande, la Malaisie, l'Indochine et l'Inde. En 1967, il décide de s'installer à Genève où Nicolas Bouvier l'aidera à publier son premier livre aux Cahiers de la Renaissance vaudoise dirigés par Bertil Galland, Le Long été. Il est mort accidentellement au cours d'un voyage au Maroc.

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La lune n'a1endait que minuit pour se défaire de sa ceinture d'infusoires indolents et se pencher sur les flaques que l'Arno avait laissées dans tous les coins pour la consoler de sa solitude. Elle se voyait ainsi reproduite à travers tous ces miroirs, à toutes les échelles. Son regard inflexible m'exaltait et j'étais à tel point rempli de sa pudeur que je ne songeais plus à faire tort à sa modesCe.

Les eaux claires et fraîches étaient saCnées par l'a1ente ; elles semblaient au courant d'une volupté jamais connue par les hommes, elles se montraient capables d'un orgasme prolongé, véritable parallélogramme de forces lubriques qui devait remplir tout le golfe d'oliviers limité par les épaules d'Arcetri et les grasses protubérances de l'Apennin toscan.

Mais je n'étais pas le seul spectateur de cet accouplement du ciel et de la terre. Je voyais autour de moi des chats, des chiens et des fontaines. Ces gardiens de la nuit faisaient parCe du jeu à Ctre de complices habituels. Les lucioles et les grillons manifestaient une certaine excitaCon à l'idée d'être présents au mariage.

Je me cachai, je m'enfouis dans les roseaux; je me voulais caillou, ombre, simple pétale de la plus humble des rosacées. J'avais des idées sur la lune dans mon lit et sur ce qui s'ensuivrait. J'étais déjà constructeur d'infini, arCste et démiurge, alors que je ne savais pas faire de pain ni sarcler une vigne !

Armé de mes quelque seize ans, remplis de jeux et de poussière, il me fallait élever un édifice musclé, culCver un mythe dans lequel m'enfermer, le dorer, l'asCquer pour me prouver la nécessité de mon existence. L'adolescence me prêtait les ouCls de la mysCficaCon.

Après ces plongées dans le paysage nocturne de ma ville bien-aimée, je crus que j'étais le seul à la comprendre. J'aurais voulu bâCr un dieu à parCr du néant ou d'un jeune garçon qui faisait ses classes et pas toujours très brillamment.

C'était un colosse aux pieds mouvants, gigantesque comme la nuit, qui enjambait les vallées de la Toscane, qui transformait les champs en cahiers où s'exerçait son droit à l'évasion.

J'étais seul au monde et constructeur d'une coquille qui allait me défendre jusqu'au jour où je découvrirais autrui. Il fallait jusCfier ces nuits dépensées dans l'insomnie, ces heures de vagabondage qui me voyaient séduire les arbustes accrochés à la garrigue et errer d'une fontaine à l'autre à la recherche de l'ambroisie.

Je voulais connaître les pierres et les eaux de mon royaume. Tel un monarque illuminé et affable envers ses sujets, je m'efforçais de les voir vivre et j'étais prêt à les secourir en cas de besoin. L'énergie que je dépensais en me consacrant à ce1e tâche me semblait devoir mériter le respect et le dévouement de tous ces êtres

Chaque coin de prairie, les oliviers dans leur déclin, les amandiers à l'heure de leur mise à mort, les porphyres du Val d'Ema me voyaient à tout instant courir vers eux, me jeter à leurs pieds, dans l'espoir de saisir quelque chose de leur douleur. En vain, je n'obtenais jamais le bonheur de me transmuer en leur substance. J'étais toujours difforme dans mon manteau d'adolescent accablé par le brouillard, je restais toujours celui qui agite ses quatre membres pour effrayer les corneilles picoreuses.

ÉTOUFFE DANS LA COQUE MONDAINE ...

Accablé de rosée, je piaffais en vain. Le dieu tardait à prendre corps. J'a1endais le miracle. J'errais parfois dans les ciels gris d'amertume, je rencontrais des ensorceleuses, mimères, mi-déesses, qui ne comprenaient rien à ma quête.

Ce temps-là n'était pas celui des fla1eries vaines de nos contemporains ; on ne scandalisait pas encore dans les châteaux-bordels et les cerises servaient à être mangées et non à l'usage qu'on en fait aujourd'hui. Quelques filles aimaient plutôt la pâte de jujube et la racine de la mandragore, mais la plupart s'a1ardaient en écoutant une étude de Chopin ou en lisant les Promessi Sposi. J'oscillais entre les mangeuses de malvacée et les étudiantes sages qui a1endaient l'époux unique – je passais et repassais l'Arno, hésitant entre les châteaux de Vincigliata et les bicoques de la Piazza del Carmine. Les ponts étaient ronds et bossus et il fallait un vilain effort pour changer de prairie. Je m'enfilais au gré du vent dans les jupes des unes et des autres, mais jamais je n'oubliais les maîtresses de ma solitude, les pierres de ma ramure, les flûtes et les gobelets de mes collines. À quoi bon me perdre avec des créatures éphémères, aussi fardées que les lèvres du sommeil, alors que le paysage me garanCssait une nuit sans rupture, une pluie de baisers constants et répétés ? Je ne me laissai jamais entraîner trop loin dans ces pèlerinages. J'aurais voulu simplement découvrir une sœur qui fût à la hauteur de ma croyance, une voyageuse, une créature douée d'un ressort à cheminements incessants.

L'une était trop cristalline pour se séparer de son hydromel de naissance. L'autre se pavanait dans son embryon de vanité, il lui fallait des hommages inscrits sur son calepin et tous les sables de Versilie n'auraient pas suffi à décompter les graines de sa convoiCse.

D'autres encore se promenaient sur les Lungarni, le menton bombé comme celui de Béatrice, elles avaient en tête quelque prince qui leur assurerait, leur vie durant, un fauteuil au Comunale pour la première de la Tosca. Les plus belles harpistes restaient froides quand je les invitais et leurs doigts avaient beau dégager les sons éoliens de l'Embarquement pour Cythère, elles restaient incrustées à leurs emplois municipaux.

Enfermé dans mon ellipse, je ne savais comment me délivrer. J'avais des chevelures sans soleil, des mains délunées, brûlées par le sevrage. J'avais de la peine à me débarrasser de l'image ridicule qui me recouvrait. On avait beau me défendre. J'étais flaque qui ne séchait jamais, même sous la canicule. Mes hurlements franchissaient la muraille des maisons environnantes dans un paysage où foisonnaient les appels.

Nous éCons Juillet – terroir tout enCer dédié à la gestaCon des animaux lanifères; chaque branche se couvrait d'oiseaux porteurs de lanternes, l'olivier s'engraissait de parasites qui avaient élu domicile entre ses racines. Nous avancions dans le passé féodal de Florence et les châteaux de Vincigliata et du Poggio paraissaient éclore par miracle pour assurer notre bonheur.

Je marchais avec ces sœurs de Lisistrata comme un mage au milieu de ses disciples. Je m'étais promis de les engrosser pour accomplir la promesse, mais les ombres du soir tombèrent sur ma richesse et je m'endormis sans rien cueillir.

3.

Guillaume BRUYERE

La résistance de l'herbe

Collection : Littérature Traversées

Traversées, accueille des gestes d’écriture envisagés comme actes politiques de notre temps, où travaillent les langues des « entre-mondes ».

Date de parution : Septembre 2024

Rayons : Essais / Littérature

Thèmes : Colonialisme et résistance tétue

Pitch En 1844, dans l’île Walpole (Ontario), des orateurs des peuples des Grands Lacs, tiennent tête aux jésuites venus évangéliser. C’est la fin du Middle Ground, le terrain d’entente, de la mise en commun entre indigènes et colons, et le début du monde nu, moderne, univoque, où l’autre ne peut que disparaître ou se fondre, à moins d’être mis en réserve. Cette rencontre a été transcrite par l’immigrant missionnaire, qui documente malgré lui l’argumentation abondante du rejet vif, articulé, presque goguenard, de la modernité terrible qui s’annonce. Ce qui a résisté alors peut sortir de sa

réserve. Ce livre veut contribuer, dans une langue historique, anthropologique, politique et poétique, à faire entendre ces voix qui, ayant refusé l’avènement d’un monde, en indiquent peut-être une issue. Il est temps à présent de dissoudre l’homme et sa religion dans le reste de l’univers.

Biographie : Guillaume Bruyère est doctorant en sciences des religions à l’université d’Ottawa ; ses recherches portent sur une approche anthropologique du mythe et du culte de Perséphone en Grèce ancienne. Professeur agrégé de grammaire, il enseigne les lettres classiques au lycée français d’Ottawa et vit au Canada depuis douze ans. C’est son premier livre.

Extrait 1 : Je suis venu sur cette île, la plus grande parmi la vingtaine que forme le delta à l’entrée du lac, déjà dans mon âge mûr. J’ai vécu de ce côté et de l’autre du fleuve, sur les terres qu’occupent maintenant les LongsCouteaux et les Anglais. Mon peuple habite autour des lacs depuis des millénaires, depuis tant de générations qu’il semble que nous ayons toujours été ici, même si nos légendes disent que nous venons de l’est. Nous sommes ceux de la forêt et des lacs, ceux des rapides et des détroits, ceux des bancs de sable et des falaises. Aujourd’hui nous devons nous battre avec les Blancs, par la parole ou par les armes, pour le moindre morceau de terre, fût-il un misérable marécage plein de maringouins.

Cette île, Bkejwanong, où la rivière se divise, est grande et riche, suffisamment pour que nous vivions de chasse, de pêche, de cueillette, comme nous l’avons toujours fait. Des survivants de nombreuses tribus vaincues par les

Longs-Couteaux ou chassées par les colons anglais sont venus se réfugier ici et vivent en harmonie, pour autant que les gens de la prière, a numiani, nous laissent tranquilles.

Dans le delta, au milieu des marais, et le long des canaux nous pêchons la truite, l’esturgeon et le grand corégone, atikamekw. Le soir, on entend le beuglement du ouaouaron, le caquètement des outardes, le hululement du huard. Sur les hautes terres, les mikan, les sentiers, traversent la savane et la prairie, où courent les queues blanches. La vieille forêt est encore intacte, elle fournit le bois pour nous chauffer. Le bouleau sacré nous donne son écorce pour les canots et nos wigwams. Le cèdre cosmique est le bois dont est fait le tambour d’eau midé. L’épinette pleure pour les morts.

Extrait 2 :

La rencontre avec l’autre a eu lieu des milliers de fois, partout sur la planète, et depuis longtemps. Elle prend en général la forme d’un conflit violent, un choc, un accident, comme dit Georges Sioui1 : le contact signifie la destruction, ou l’assimilation ; mais au départ, l’autre

1 Par ex. 1992, p. 66, et 2008, p. 237.

résiste et affirme sa différence, une différence et une résistance qui ne sont jamais exemptes d’influence et doivent prendre l’adversaire en compte. Souvent, et plus qu’on ne croit, il y a fusion, syncrétisme, rarement pleinement conscient, le dominé déteignant sur le dominant, comme les Juifs sur les Grecs et comme les Grecs

sur les Romains, créant dès lors un tout où les deux origines sont à jamais confondues. C’est une fable vieille comme le monde et c’est aussi de la physique élémentaire, de la chimie ou de la géologie : un matériau qui offre une résistance plus souple dure plus longtemps, risque moins de se briser violemment ; un corps dissous ne

disparaît pas complétement et même transforme le solvant, pour devenir un produit qui n’est ni l’un ni l’autre, mais le mélange des deux ; une montagne qui s’érode se change en sédiment riche en fossiles, plaine fertile bientôt couverte de prairies.

EN ÉQUILIBRE SUR UN BRIN D’HERBE

En équilibre sur un brin d’herbe est une fiction écrite à l’appui de faits réels. En apparence l’histoire est assez banale ; autant que peut l’être une démarche administrative et/ou médicale. Ce qui la rend captivante, c’est l’élan dont elle témoigne. Nous sommes rapidement entraînés dans une épopée kafkaïenne à laquelle il semble impossible d’échapper. Mais à mesure que se dévoilent les arrière-plans et le fonctionnement des services de santé publique, s’organise une résistance de tous les instants, « instinctive », « moléculaire », menée au présent et en but à ce qui se rencontre. Tableau après tableau, de petits gestes en petits gestes, se redessine ainsi les contours d’un positionnement qui se fraye des chemins qui puissent permettre d’affirmer des gestes dignes du nom « d’humanité » ; et nous inviter à des perspectives autrement plus heureuses que celles de l’ordre établi.

À propos de l’autrice

Lynda Devanneaux est comédienne. Diplômée du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (CNSAD) elle a notamment travaillé sous la direction de G. Lavaudant, J. Jouanneau, L. Lafargue et A. Meunier. Parallèlement, elle est, depuis 10 ans, chargée de la direction des études théâtrales au Conservatoire à Rayonnement Régional (CRR) de Saint-Étienne.

Format : 12 x 18,3 cm, 75 pages

ISBN : 978-2-493403-14-8

Prix : 8 euros

Rayons : Littérature

Thèmes : Récit

Sortie : Octobre 2024

CONTEXTE

« Ce texte a été écrit à l’occasion du séminaire “Prendre soin / Présence solidaire” organisé en juillet 2020 à Osserain dans les Pyrénées-Atlantiques, à l’invitation de l’association belge Petites Singularités. Quand Hellekin et Natacha m’ont proposé d’y participer, mon premier mouvement fut de préciser que je n’étais pas universitaire, et qu’au mieux, je tenterai de raconter quelque chose à l’appui d’une expérience vécue. Le terme “séminaire” recoupait quelques clichés dans mon esprit et je craignais d’être invitée à une espèce de colloque dans lequel se rencontreraient chercheurs, spécialistes et intellectuels qui auraient préparé conférences et communications, tout ce qu’il y a de plus sérieux, objectif et bien rationnel.

Pour ma part, j’avais au contraire le secret désir d’expérimenter et de vérifier qu’assumant pleinement la parfaite subjectivité d’une expérience réelle, avec tout ce qu’elle contient d’éléments fantasques voire irrationnels, je mettrais, en fait, d’autant mieux en lumière, quels sont les impacts émotionnels que peut produire sur le sensible, la logique d’une gestion comptable et rationalisée du vivant.

Ce n’est qu’au moment de lire ce texte en public, que je devais m’apercevoir que l’assemblée n’était, en réalité, majoritairement, composée que

des principaux acteurs de mon histoire : urgentistes, médecins, psychologues, aides-soignantes, assistante sociale, infirmiers… invités pour l’occasion. Il est peut dire que ce petit récit rencontra dans ce public un écho foudroyant, et qu’entre les éclats de rire et les sanglots, l’émotion qui s’en dégagea fut des plus bouleversante.

J’avais à l’écoute de mon court témoignage ceux dont le quotidien n’est rythmé que par les questions que soulève en permanence le choix cornélien entre une conformité aux attendus et à la norme gestionnaire, et un soutien indéfectible au service et à l’écoute des particularités du vivant. Par ailleurs, je me rendais bien compte que ce récit représentait aussi une manière de rendre hommage à ma grand-mère, en même temps que s’y découvrait ce qu’elle m’a légué de plus précieux : une espèce bien particulière de qualité relationnelle adossée à la joie d’éprouver ce que signifie véritablement “aimer” et “être aimée”. En ce sens, ce texte est aussi, à sa façon, un hymne à cette faculté première – l’amour – et à sa puissance. La plus à même, sans doute, de pouvoir si simplement et avec tant d’évidence accueillir la singularité et l’étrangeté des mondes qui nous constituent. »

LYNDA DEVANNEAUX – EN ÉQUILIBRE SUR UN BRIN D’HERBE

EXPÉRIENCE SENSIBLE

Ce texte inaugure une nouvelle collection chez Riot Éditions, qui a pour objet de mettre en mouvement politiquement les lecteur·ices à partir d’une expérience sensible.

En équilibre sur un brin d’herbe procède, à mesure, par dévoilements. La tension dramatique tient au fait de devoir se positionner à chaque instant concrètement dans une situation de plus en plus ubuesque. Dans chaque « scénette » se questionne le moyen, même microscopique, d’entrevoir un champ de potentialité dans lequel ouvrir une « ligne de fuite » qui puisse coïncider avec « le choix du vivant ». On y trouve un acharnement joyeux à respecter des « modes d’être » singuliers au sein de dispositifs qui n’ont que faire du bien-être et de la dignité humaine.

Cette manière de procéder fait de ce texte un objet intrinsèquement politique, sans qu’il soit nécessaire d’en justifier le propos. La sur-exposition des faits, et la compréhension des effets qu’ils produisent sur le vivant, y suffit. Écrit en toute subjectivité et, tel « un idiot », depuis « la pointe de son ignorance », ce texte se joue, avec humour et sans ambages, de différents registres et « sautille » d’une dimension à l’autre, faisant se côtoyer éthique, poétique, introspections irrévérencieuses, observations cruelles et drôles, et philosophie pratico-pratique. C’est cet étrange entrelacs tragi-comique qui bouleverse notre sphère émotionnelle et produit des renversements d’idées entre le noble et l’ignoble.

L’expérience sensible est ce qui relie ces éléments disparates et nous conduit dans des profondeurs de l’être où peuvent enfin se rencontrer des espaces qui nous sont intimement communs, des lieux où notre humanité et nos états de conscience peuvent se retrouver et se reconnaître.

LYNDA DEVANNEAUX – EN ÉQUILIBRE SUR UN BRIN D’HERBE

EXTRAITS

Les Urgences de la Cité sanitaire de Saint-Nazaire sont en grève. De grandes voiles encerclent l’entrée :

LES POLITIQUES D’AUSTÉRITÉ NUISENT À LA SANTÉ !

Il y a du vent et les banderoles ne sont pas lestées. Tout le personnel porte un badge :

EN GRÈVE !

tout en s’affairant autour des brancards.

Nous parviennent quelques bribes de conversation :

Oui je repars mais je dis juste que je n’ai pas dormi depuis 24 h et que ça devient dangereux !

Tu as eu le temps de manger toi à midi ? parce que y’a des sandwichs au bureau.

De grandes affiches colorent les murs de l’entrée :

VOTRE VIE

EST EN DANGER !

VOUS ÊTES EN

DANGER DE MORT !

Ce ne sont pas des métaphores, mais à ce moment-là, je n’en suis pas encore consciente. p. 6

C’est à ce moment-là que je loupe le coche. C’est très exactement à ce moment-là qu’il eût fallu répondre :

Non merci ! Sans façon ! Je vous dois quelque chose pour le coude au corps ?! Nous allons repartir par où nous sommes arrivées : la petite porte des Urgences ; nous trouverons bien un taxi, même au milieu de la nuit. Faut-il vous signer une décharge ? Au revoir Monsieur, encore merci pour le diagnostic, mes amitiés à Madame !

Ce qu’il eût fallu faire. Maintenant je le saurai.

Camille somnole et pique du nez sur le brancard ; ascenseur pour l’échafaud : direction le 3e étage ; celui du « check-up ». Moi il me faudra encore une bonne semaine avant de comprendre que « check-up » ce n’est pas une prise de sang pour vérifier qu’il n’y aurait pas une carence en vitamine B ou D. Non. Le « check-up » c’est une mise en examen, une épreuve terminale, une enquête spécialement destinée aux récalcitrantes, aux autonomes, aux sorcières des années 20 qui ont la prétention de vivre, même à 90 ans, de façon indépendante, seules, chez elles, en faisant fi du seul dispositif réellement conçu à leur attention.

Comprenons : Dispositif coté en Bourse, levant plus de 3 milliards d’euros chaque année, idéal pour des fonds de placement, avec des dividendes susceptibles de doubler tous les 5 ans, comme chez le leader français K., n° 2 sur le marché européen. J’y reviendrai plus tard. p. 6

Mon interlocuteur est toujours silencieux ; son visage est blême ; il s’est coloré d’une jolie remise en question, visiblement profonde. L’espace s’est peuplé ; sans doute le questionnaire aurait-il dû conserver à cette pièce un aspect lisse, propret et bien aseptisé ; mais maintenant nous sommes nombreux ; autour de nous planent des fantômes, des figures et des ancêtres qui nous regardent en silence ; la plèbe et les sauvages ont envahi les lieux ! — Est-ce qu’il manque une réponse au questionnaire ?! Il grommelle quelque chose que je ne comprends pas en fourrant tous ses papiers dans sa sacoche. Je me lève calmement : — Je vais retourner auprès d’elle. Il acquiesce : — Je vous rejoins d’ici 15 min. Puis, près de la porte, il demande : — Qu’est-ce que vous faites dans la vie ? — Hof ! J’ai peur de répondre « comédienne » à cause de l’équation : « théâtre = comédie = baratin ». Je me suis ressaisie de ma méfiance ; je cherche un truc assez vague mais qui fasse sérieux : — Je travaille pour les Affaires Culturelles, au sein d’une collectivité… p. 13

LYNDA DEVANNEAUX – EN ÉQUILIBRE SUR UN BRIN D’HERBE

Les dialogues avec ma grand-mère sont un peu particuliers du fait, depuis longtemps, d’un puissant désir, ancien et réciproque, de s’apporter mutuellement de la joie. Mais si l’une d’entre nous a l’impression que l’autre y sacrifie quelque chose d’essentiel pour elle-même, c’est de la triche ; c’est comme enfreindre une règle tacite mais majeure, de notre manière de nous aimer.

p. 18

De mon côté, j’ai comme un mauvais pressentiment ; je passe en mode « offensif ».

De même qu’en comparution immédiate, je commence par « les garanties de représentation ». J’appelle tous les membres de la famille, je ratisse large : les proches, les grandes tantes, les cousins, et tous ceux qui n’ont plus visité ma grand-mère depuis des lustres.

— Un petit rien, un petit mot, même une carte postale ! — …bhin justement ce sera l’occasion, ce sera une surprise ! Je t’assure elle en a vraiment besoin ! — Toi qui es fleuriste… — Toi qui vends des chocolats ! — Non, mais juste un petit colis, un livre, un puzzle, un cahier avec des mots-croisés…

Je prépare de mon côté des paquets, des lettres, des cartes, un petit livre sur les nichoirs des oiseaux, je fais des calculs avec l’aide de la postière ; j’étale mes envois dans le temps ; je prévois des Chronopost pour le week-end. Objectif : faire sauter le secrétariat du 3e, secteur 1 ; l’inonder, jusqu’à saturation. Que tout l’étage tous secteurs confondus ne parle que de ça :

Mais c’est pas possible !

Mais si, mais si ! Aujourd’hui c’est le douzième paquet qu’elle reçoit !

Moyen de construire à la hâte l’illusion d’une famille nombreuse, massive, soudée, adoratrice de son ancêtre, et surtout, au cas où, qui ne s’en laissera pas accroire et qui ne lâchera rien.

p. 18

Le SSR Hôpital Inter Communal du Pays de Retz c’est le nom d’un établissement mais qui en regroupe plusieurs.

J’essaie de comprendre : — … comme des filiales ?

Voilà, si vous voulez. Du coup, elle peut être transférée à Paimbœuf comme à Pornic, c’est le même établissement.

Ah d’accord ; c’est comme les 2 étages d’un même hôpital mais les étages ne sont pas dans la même ville…

Voilà, c’est exactement ça !

Ça doit pas être toujours simple pour vous !

Non, c’est vrai, c’est pas simple !

Du coup, concrètement, comment on peut faire pour choisir l’étage-Pornic ? Vous comprenez elle habite Pornic, il y a toutes ses connaissances à Pornic, mais ils sont tous un peu âgés, ils ne pourront pas se déplacer à Paimbœuf ; moi-même quand je viens de Paris c’est en train, je dors chez elle à Pornic, mais après je suis à pieds…

Ah oui, je vois.

Du coup, le choix de l’étage, il se décide comment ?

C’est un seul établissement ; donc on ne décide pas ; nous, en fait, on signale juste qu’une place se libère ; ensuite un patient est transféré, et ce n’est que dans l’ambulance qu’on est bien obligé de leur dire : direction Paimbœuf, ou : direction Pornic.

Ah, oui ok. Je vois. Et ce serait compliqué, par exemple, de se dire : dès qu’une place se libère à l’étagePaimbœuf, au moment de prévenir Saint-Nazaire, de préciser : qui vous voulez mais surtout pas cette dame ?! Et quand ça se libère à l’étage-Pornic, là de leur dire : si possible, transfert de la dame en priorité ?!!

Un silence.

Redonnez-moi ses nom, prénom, et date de naissance, je vais voir ce que je peux faire. Elle est TOP GÉNIALE la « nana » du secrétariat du SSR Hôpital intercommunal du Pays de Retz !! — Madame, je vous aime déjà ! Aimez-vous les fleurs ? J’ai un cousin fleuriste dans l’Oise, et j’aimerais tellement vous offrir un cadeau, pour vous remercier !

p. 20

LYNDA DEVANNEAUX – EN ÉQUILIBRE SUR UN BRIN D’HERBE

JP M. c’est un homme dont les chaussettes tiennent très bien toutes seules. Il peut se satisfaire de lui sans faire aucun effort. Ça s’entend à sa voix. Moi je préfère ceux, moins assurés, dont les chaussettes risquent de retomber sur leurs pieds ; ils sont plus créatifs ; et fiers de leur trouvaille quand s’en trouve une. Leur fierté est plus réelle. Ils ont dû réfléchir ; la vie les y oblige ; puis à nouveau réfléchir, pour ne pas que ça retombe. Ceux-là, je les aime ; véritablement ; je les aime beaucoup. p. 22

Je compte les troupes ; il y a les camarades de Saint-Nazaire ; il y a les camarades de Nantes ; il y a ceux de Paris… Si j’organisais un commando ?! Si je faisais évader « mamie » à la kalachnikov ? ..je la planquerais à Paris le temps que la tête de l’humérus se ressoude..

Soudain surgit une autre rêverie : je rentre dans le bureau de JP M., je lui fais bouffer tous ses papiers administratifs, ses tests, ses normes, ses grilles de lecture et ses décrets, puis ses stylos avec les capuchons, pour bourrer le tout bien au fond de la gorge, ensuite je lui explose la tête sur le bureau, sur un classeur resté ouvert, je referme le classeur et je vais ranger cette tête dans un placard parmi les archives. Puis je tombe dans un trou : la voix sucrée de JP M. a creusé ses galeries, corrodé mon esprit ; le doute s’immisce. Et si je m’illusionnais totalement ? S’il avait raison ? Je cherche, voir, s’il n’existe pas une Maison de Retraite agréable et belle, avec une bibliothèque, quelque part dans une clairière avec des bois et des oiseaux, avant de m’apercevoir que je suis en train de chercher une espèce de ZAD au milieu des bocages, qui serait destinée aux anciens. Je repère quand même une jolie bâtisse, non loin de Paris, aux photos très champêtres, donnant sur un jardin aux allures de guinguettes, depuis lequel on devine des arbres comme à l’orée d’un bois, et où des visages extasiés semblent vivre les plus belles années de leur vie. Je téléphone :

Aucune visite n’est possible que sur rendez-vous pris au moins une semaine à l’avance. Je m’imagine soudain une équipe technique, charrette, obligée de remonter le décor de la guinguette à la va-vite, et le casting des figurants : de beaux vieux, bien portants, à la mine épanouie.

Je me demandais s’il y avait besoin de constituer un dossier médical, ou d’informations particulières ?

Non c’est un dossier financier ; je vais vous envoyer les documents.

Un dossier financier ?

Oui ; le détail de l’ensemble des biens mobiliers et immobiliers — votre grand-mère est propriétaire ?

non

donc toutes les ressources, compris l’ensemble des livrets A et B, assurances vie, comptes d’épargne, compte courant, et l’ensemble des meubles avec leur estimation.

Les meubles ?

Oui, les meubles. — elle a bien des meubles ?

oui, oui ; elle a des meubles. En merisier, je crois ; ou en orme, peut-être, non, je ne sais plus…

Faudrait les faire estimer.

Et il existe des aides pour les revenus modestes ?

Seulement quand toutes les ressources personnelles ont été épuisées ; à la toute fin. p. 25

Avec Camille, depuis longtemps, ce que l’on observe chez les autres, ce sont des manières d’être et de faire ; des manières de se positionner. De là naît notre aversion, ou notre indifférence, ou notre admiration pour autrui. Le reste importe peu ; c’est très secondaire : le statut, le milieu, l’apparence physique, la taille du compte en banque ou la marque des chaussures. Nous sommes peu sensibles à la publicité. Ce n’est qu’ensuite que la mémoire se cristallise sur des fragments ; de menus détails. Comme pour trouver une forme qui condenserait parfaitement nos perceptions. Alors seulement apparaissent : la courbe d’un pied, un geste, le dessin d’une bouche, un parfum, un regard ou un simple chapeau.

p. 35

LYNDA DEVANNEAUX – EN ÉQUILIBRE SUR UN BRIN D’HERBE

Sultana et Voahangy

Lettres métèques

Collection : Voix Publiques

Date de parution : Septembre 2024

Rayons : Arts graphiques / Essais / Littérature Thèmes : L’intime est politique

Date de parution : Septembre 2024

Rayons : Arts graphiques / Essais / Littérature Thèmes : L’intime est politique

Pitch : Deux amies issues de l'immigration en France échangent sur la situation historique, dévoilent leur histoire et s'interrogent sur la bascule contemporaine entre universalisme et racialisation. Quels sont les gains, quelles sont les pertes ? Comment s'y retrouver quand on est métèques et tiraillées entre plusieurs mondes que l'on n'a pas vraiment choisis ? L'une parle plutôt avec des textes, l'autre plutôt avec des images.

Bio auteurs : Sultana et Vohangy sont deux femmes françaises issues de l'immigration. Elles se sont rencontrées à Montréal il y a plus de trente ans. L'une est plasticienne, l'autre chercheure en sciences sociales. Ce livre est le fruit de leur amitié et de leurs interrogations.

Extrait 1

20 novembre 2018, Romainville

Chère Sultana,

D’ici, je réponds à ta lettre à ma façon, trop tardivement, parce que troublée par les

résonances qu’elle évoque en moi.

METISSAGE

Cette incertitude du métissage, c’est moi qui la porte plus que mes enfants. Cette coupure, ce trouble, je les sens dans mon corps. C’est une chose étrange et solitaire qui se balance plus ou moins comme dans ce motif noir inspiré d’une gravure de

William Blake, où le nègre est suspendu par les côtes. Pourtant rien ne dit que je suis celle qui est suspendue et j’aime jouer avec les images dangereuses du moment que je peux les transformer. J’ai appelé celle là « Les Armes miraculeuses » comme le titre du recueil du poème d’Aimé Césaire.

Extrait 2 : À Pâque l’amertume douceamère de l’esclavage doit être ingérée pour faire effet et souvenir. On mélange dans une même bouchée du « mortier » fait de dattes et de pommes, et des « herbes amères » trempées dans du vinaigre. Ma mère demandait à mon père de ne pas insister sur le vinaigre et la feuille de salade n’était pas vraiment amère en fait,

elle offrait un contenant à la petite boule de mortier. Et c’est beaucoup plus tard que j’ai compris vraiment l’amertume douce de l’esclavage en écoutant une émission sur la difficile liberté chez Levinas. De quoi sommes-nous encore esclaves ? Car je n’ai pas le sentiment que nous soyons vraiment libres.

Sultana

Dans mon enfance, il n’y a pas de rituels familiaux religieux. Sans doute parce que mes parents ont rejeté leur tradition catholique. Du côté de mon père, dans un contexte colonial aliénant. C’était différent pour ma mère issue d’une histoire républicaine espagnole. Ils ont cru, un

Extrait 3 :

4 decembre 2020, Romainville,

Chère Sultana, Depuis ton retour de Princeton, avec l’AVC de ta mère nous avions cessé de nous écrire. Je suis vraiment contente que nous nous soyons retrouvées à la sortie du premier confinement à cette manifestation contre les politiques d’austérité à l’hôpital. Elles se sont encore accentuées pendant la

temps court, à la liberté des indépendances africaines, puis ils ont navigué à vue entre le Maroc, Madagascar et la France. J’ose une association hasardeuse sur l’amer : le goût des brèdes mafanes cuisinées pour faire du romazava par ma mère. Mon fils apprécie ses petites fleurs jaunes qui donnent une sensation de piquant à cette « herbe chaude » dont le nom signifie : « Qui fait vibrer le palais. » Anamafana. Ici, le sens est à creuser, le langage à articuler, et je voudrais convoquer le pouvoir de transformation des plantes, goûter l’amer et le piquant pour y avoir accès.

Voahangy

pandémie de la COVID 19. Puis, il y a eu les manifestations contre les violences racistes et policières dont celle, non autorisée, organisée par le collectif « Vérité pour Adama » où j’ai regretté de ne pas être allée, puis encore d’autres. La dernière était contre la loi de sécurité globale… Je n’arrive plus à mobiliser mon corps pour défiler. Ces temps-ci n’en finissent pas d’être hostiles. Pour moi, le temps s’effiloche et se défait souvent chaque jour qui passe. Jamais le temps, pas le bon temps, temps de crise

sanitaire, temps de crise écologique, temps autoritaires, temps de récupération … Ta manière de tracer un temps consistant, éclairé par tes souvenirs marocains, tes questions de transmission et de désir de liberté me rattrapent et me ramènent à moimême pour déplier ma mémoire troublée, ma mémoire trouée que je trafique dans mes albums de portraits de famille de làbas.

Je t’embrasse, Vohangy

Décembre 2020, Paris,

Chère Vohangy, Oui nous sommes abattues par ces confinements successifs. Et aussi de mon côté par cette sensation d’une histoire qui se déroule avec des résistances qui ne produisent plus le rapport de force apte à l’enrayer, la dévier, la faire enfin bifurquer. Moi-même je suis engourdie par une maladie auto-immune qui atteint les articulations, qui me conduit à prendre pas mal de cortisone et je n’ai pas vraiment

l’énergie d’aller manifester avec mes os poreux et une drôle de fatigue.

Certes « tout peut arriver » et « le pire n’est jamais sûr », mais quand même, j’ai la sensation d’une peau de chagrin, malgré la vaillance de ceux qui continuent à se battre.

Car in fine si je regarde bien, je dois reconnaître qu’autour de moi ça ne cesse de se battre…

Ainsi, j’ai des amis qui refusent la fermeture d’une école maternelle dans le 10e arrondissement de Paris et tous ces parents organisés se réclament d’une intelligence collective, d’une reconnaissance de leur point de vue, du mot socialisme, dévoyé par la municipalité. Je suis allée les accompagner aussi pour me donner du courage. L’école qui va être fermée est rue de Paradis, alors la banderole dit : SAUVONS NOS ECOLES, C’EST ICI LE PARADIS.

Ça me rappelle mon enfance, ma sixième où des sujets de rédaction utopiques venaient croiser des pratiques pédagogiques innovantes, méthode Freinet, écriture poétique à la façon de Jean Tardieu, de Jules Supervielle ou de Francis Ponge. « Décrivez le monde où vous voudriez vivre, le monde comme il devrait aller selon vous ». J’adorais ça, c’était en 1975. S’atteler à la tâche, c’était ouvrir une bulle de douceurs que l’on dit paradisiaques. Abondance de fruits, de baignades, de rencontres joyeuses et ça me fait penser à notre quête éperdue d’un monde enfoui, où des racines pourraient enfin nous arrimer d’une manière rassurante. Mais comme toi le racinaire me fait peur et en même temps j’envie ceux qui en disposent.

À l’essai

Préface de Cyril Gay, éditeur

Ignace est embauché comme emballeur (dans un quelque part qui ressemble à Oran) au « Club des convalescents », institution américaine chargée de remettre d’aplomb les soldats « choqués » lors du débarquement et des combats qui suivirent. Il fait remarquablement son métier, au point que l’on dise à son propos que, dès la guerre finie, il deviendra le plus grand emballeur de Los Angeles. Mais tout ne se passera pas comme prévu...

Première parution : éditions Gallimard, 1951

L’auteur : Léon Aréga

« Je suis né le premier décembre 1908 en Pologne russe, dans la ville de Prasnich, [...] que nous avons quittée en 1915. Je ne parle aucune langue slave. J’ai terminé mes études secondaires en Belgique où j’ai également suivi des cours de philosophie à l’université de Bruxelles. [...] Je suis à Paris depuis 1930 où j’ai étudié le Droit et particulièrement l’Economie Politique. [...] J’ai fait la guerre, en qualité d’engagé volontaire, sur le front de la Somme où je fus fait prisonnier le 6 juin 1940. [...] Depuis mon retour d’Allemagne (fin 1941) mes occupations sont d’ordre purement littéraire. »

Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr Collection « Récidive », parution novembre 2024

À l’essai (1951)

« Mais chacun croyait savoir que j’étais capable de m’acquitter d’une tâche supérieure à celle que j’accomplissais quotidiennement, et qu’un quelconque jeune garçon, qui me serait inférieur, pourrait ficeler porte-monnaie, babouches et coquillages, aussi bien. Chacun croyait le savoir, le disait et laissait son imagination composer pour l’emballeur une provenance étrange et une existence passée peu commune. »

Fiche technique

Format : 244 pages, 13 x 21 cm

Tirage : 1000 exemplaires

Prix de vente : 19 €

Diffusion : Serendip

ISBN : 978-2-493311-12-2

Première parution : 1951, éd. Gallimard

Récidive

À l’essai de Léon Aréga est le troisième titre de notre collection de réédition « Récidive ». Il a été précédé en 2021 par La Grande Descente et Les Jardiniers du bitume de Roger Riffard.

Collection « Récidive », parution novembre 2024 Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr

La Grande Descente (1954)

« Je marche entre deux sergents de ville. Mes mains sont liées, mon regard traîne à terre. Cette moite grisaille qui défile sous mes pas, c’est le quai de la gare. Ces balanciers de plomb, que j’aperçois et qui passent alternativement sous moi, ce sont mes jambes. De lourdes jambes et des pieds pesants qui ne m’appartiennent plus. Jambes et pieds sont devenus propriété de la police. »

Fiche technique

Format : 150 pages, 13 x 21 cm

Tirage : 1000 exemplaires

Prix de vente : 17 €

Diffusion : Serendip

ISBN : 978-2-9565635-5-6

Première parution : 1954, éd. Julliard

Récidive

La Grande Descente et Les Jardiniers du bitume ouvrent notre nouvelle collection de réédition « Récidive ».

Collection « Récidive », parution mai 2021 Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr

La Grande Descente

Préface d’Édouard Jacquemoud, éditeur et journaliste.

Roman noir chez les prolétaires du rail : pour Marcel Cossu, ça commence par une descente de police après une altercation aux conséquences fatales. Surviennent ensuite des flashback où notre héros se remémore, pêle-mêle, les moments passés en compagnie du « Vieux », qui l’initie autant au métier de cheminot qu’aux joies du braconnage ; de sa fiancée, avec laquelle il se comporte en voyou et qui lui fait des « pauses » ; ou de sa petite maman chérie qui fait défiler les cousins/amants. À la fin, ça finit mal.

Première parution : éditions Julliard, 1954 (épuisé)

L’auteur : Roger Riffard

Raconter Roger Riffard c’est comme zieuter les trains de marchandises depuis le quai de la gare. Tour à tour cheminot, puis romancier, puis chansonnier dans les cabarets Rive Gauche (aux côtés de Boby Lapointe ou d’Anne Sylvestre) et enfin acteur de cinéma façon « troisième couteau » (chez Claude Zidi ou Bertrand Blier), un Riffard peut en cacher un autre. Il atteint finalement son terminus, le 28 octobre 1981, deux heures à peine avant son vieil ami Georges Brassens. Dans l’indifférence quasi générale.

« Avec sa tête hirsute et ses yeux effarés, son polo gris et sa voix indescriptible, Roger était l’être le plus exquis et le plus attentionné que j’ai rencontré dans mon univers amical. C’était un grand poète. »
Photo : © Collection Gilles Tcherniak
Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr Collection « Récidive », parution mai 2021
Anne Sylvestre

Recensions presse et libraires

LIBRAIRES

Librairie L’Atelier — Paris

« Voix singulière, Roger Riffard avait l’oreille attentive à la vie et aux mots des ouvriers, dont il avait partagé le quotidien. Avec sa langue gouaillarde, son humour éraflé, il restitue avec tendresse les heurts et injustices des travailleurs des rails. »

Librairie Durance — Nantes

« Lire Riffard c’est arpenter le Paris prolo de Doisneau, c’est s’apercevoir que les trente glorieuses ont débuté dans la misère la plus crasse, c’est une noirceur, c’est une gouaille, c’est du Gabin (jeune), c’est du marcel taché de sueur et de poussière, ce sont des poings qu’on brandit, des noms d’oiseau qui pleuvent, c’est une lecture bagarreuse et nécessaire. C’est aussi une pièce posée au milieu d’autres livres, d’autres auteurs, d’autres personnages, des désespérés rageux de l’anonyme La Scierie, des vagabonds magnifiques de Panait Istrati, des jeunes gens en colère de Samedi soir, dimanche matin d’Alan Sillitoe ou des banlieusards rudes et tendres de René Fallet. Tous les damnés du progrès ont soif de vie et de justice, d’amour et de bons copains… Des comme ça, c’est oui tous les jours ! Alors… Merde ! Lisez Roger Riffard ! »

Librairie Les Saisons — La Rochelle

« Riffard pourrait devenir aussi culte qu’Audiard. »

Librairie La Pensée Sauvage — Metz

« Merveille, bijou à porter dans la poche ou autour du cou, à laisser traîner ou à offrir à tour de bras, de la nostalgie au grand cœur, un ton gouailleur, de la belle fraternité… à découvrir absolument !!! »

PRESSE

France Culture (Mauvais Genre)

« Roger Riffard sort de l’oubli avec ces romans noirs épuisés depuis longtemps. Un cadeau que doivent se faire tous les bibliophiles, les polardophiles… C’est assurément à découvrir ou à redécouvrir. »

Le Matricule des Anges

« Pour le ton et le propos, c’est en aimable faubourien qu’écrit Riffard en jonglant un peu avec l’argot et les figures typiques — assez réussies il faut dire. Au dessein universel, Riffard préféra l’anecdote et la scène de genre, produisant deux livres noirs comme des surgeons naturalistes. »

L’Humanité

« L’histoire de Roger Riffard est tellement belle qu’elle mériterait d’être inventée. Mais non, il a bel et bien existé. On retrouvera dans ce roman touchant et amer toute la vie des ouvriers parisiens de l’après-guerre, des temps difficiles qu’on aurait pas eu l’idée d’appeler les Trente Glorieuses. »

Le Figaro Magazine

« On savoure ces histoires du monde d’avant qui, en dépit de la fatalité et de la tragédie, fleuraient ‘le bois et le grand air’. Duvivier ou Grémillon auraient pu filmer les personnages et les atmosphères de Riffard. On se console en lisant cet anar au cœur lourd. »

Le Monde Libertaire

« L’auteur distillera les informations au goutte à goutte. Comme l’eau glacée sur le sucre avant d’aller se marier sur l’absinthe. Un livre noir plein de couleurs, d’odeurs et de goûts. Un livre à succuler. »

Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr Collection « Récidive », parution mai 2021

Les Jardiniers du bitume (1956)

« — Mais on vivrait la vraie vie, et tout de suite, tu comprends ? Avant qu’on soit usé. On serait les patrons. Plus de métro, plus de retard, plus de chef, rien que la liberté, sacré bon Dieu de bon Dieu. Une supposition... J’te dis ! Durand, occupetoi des radis. Et tu me réponds : mon œil ! j’m’occupe des tomates. Et tu t’occupes des tomates. Tu t’occupes de ce que tu veux, moi de ce que j’veux. Tu me dis : mon œil ! et tu t’en vas dans les tomates. C’est la liberté. »

Roger Riffard

Fiche technique

Format : 130 pages, 13 x 21 cm

Tirage : 1000 exemplaires

Prix de vente : 16 €

Diffusion : Serendip

ISBN : 978-2-9565635-6-3

Première parution : 1956, éd. Julliard

La Grande Descente et Les Jardiniers du bitume ouvrent notre nouvelle collection de réédition « Récidive ».

Collection « Récidive », parution mai 2021 Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr Récidive

Les Jardiniers du bitume

Au départ, il y a un ouvrier de la CNTA (Compagnie Nationale des Transports Accélérés) prénommé Alexis. Et puis la vie dans un immeuble de banlieue parisienne : celle des petites gens. Le père Carolus au rez-de-chaussée, le fils du voisin Durand qui a chopé la coqueluche, le café du coin pour le jaja et le sandwich au hareng servis par l’Ugénie, la patronne. Mais cette vie bigarrée ne suffit pas à Alexis, qui ressent très vite une irrépressible envie de fuir sa condition pour aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs...

Première parution : éditions Julliard, 1956 (épuisé)

L’auteur : Roger Riffard

Raconter Roger Riffard c’est comme zieuter les trains de marchandises depuis le quai de la gare. Tour à tour cheminot, puis romancier, puis chansonnier dans les cabarets Rive Gauche (aux côtés de Boby Lapointe ou d’Anne Sylvestre) et enfin acteur de cinéma façon « troisième couteau » (chez Claude Zidi ou Bertrand Blier), un Riffard peut en cacher un autre. Il atteint finalement son terminus, le 28 octobre 1981, deux heures à peine avant son vieil ami Georges Brassens. Dans l’indifférence quasi générale.

« Avec sa tête hirsute et ses yeux effarés, son polo gris et sa voix indescriptible, Roger était l’être le plus exquis et le plus attentionné que j’ai rencontré dans mon univers amical. C’était un grand poète. »

Anne Sylvestre

Photo : © Collection Gilles Tcherniak
Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr Collection « Récidive », parution mai 2021

Recensions presse et libraires

LIBRAIRES

Librairie L’Atelier — Paris

« Voix singulière, Roger Riffard avait l’oreille attentive à la vie et aux mots des ouvriers, dont il avait partagé le quotidien. Avec sa langue gouaillarde, son humour éraflé, il restitue avec tendresse les heurts et injustices des travailleurs des rails. »

Librairie Durance — Nantes

« Lire Riffard c’est arpenter le Paris prolo de Doisneau, c’est s’apercevoir que les trente glorieuses ont débuté dans la misère la plus crasse, c’est une noirceur, c’est une gouaille, c’est du Gabin (jeune), c’est du marcel taché de sueur et de poussière, ce sont des poings qu’on brandit, des noms d’oiseau qui pleuvent, c’est une lecture bagarreuse et nécessaire. C’est aussi une pièce posée au milieu d’autres livres, d’autres auteurs, d’autres personnages, des désespérés rageux de l’anonyme La Scierie, des vagabonds magnifiques de Panait Istrati, des jeunes gens en colère de Samedi soir, dimanche matin d’Alan Sillitoe ou des banlieusards rudes et tendres de René Fallet. Tous les damnés du progrès ont soif de vie et de justice, d’amour et de bons copains… Des comme ça, c’est oui tous les jours ! Alors… Merde ! Lisez Roger Riffard ! »

Librairie Fracas — Lorient

« On découvre avec Les jardiniers du bitume une langue extrêmement colorée, une gouaille riche et pleine de verve au service de la peinture de la vie d’un petit immeuble parisien des années 1950. Roger Riffard fut un météore de la littérature française. Mais quel éclat nous laisse-t-il sur son passage ! »

Librairie La Pensée Sauvage — Metz

« Merveille, bijou à porter dans la poche ou autour du cou, à laisser traîner ou à offrir à tour de bras, de la nostalgie au grand cœur, un ton gouailleur, de la belle fraternité… à découvrir absolument !!! »

PRESSE

France Culture (Mauvais Genre)

« Roger Riffard sort de l’oubli avec ces romans noirs épuisés depuis longtemps. Un cadeau que doivent se faire tous les bibliophiles, les polardophiles… C’est assurément à découvrir ou à redécouvrir. »

Le Matricule des Anges

« Pour le ton et le propos, c’est en aimable faubourien qu’écrit Riffard en jonglant un peu avec l’argot et les figures typiques — assez réussies il faut dire. Au dessein universel, Riffard préféra l’anecdote et la scène de genre, produisant deux livres noirs comme des surgeons naturalistes. »

L’Humanité

« L’histoire de Roger Riffard est tellement belle qu’elle mériterait d’être inventée. Mais non, il a bel et bien existé. On retrouvera dans ce roman touchant et amer toute la vie des ouvriers parisiens de l’après-guerre, des temps difficiles qu’on aurait pas eu l’idée d’appeler les Trente Glorieuses. »

Le Figaro Magazine

« On savoure ces histoires du monde d’avant qui, en dépit de la fatalité et de la tragédie, fleuraient ‘le bois et le grand air’. Duvivier ou Grémillon auraient pu filmer les personnages et les atmosphères de Riffard. On se console en lisant cet anar au cœur lourd. »

Le Monde Libertaire

« L’auteur distillera les informations au goutte à goutte. Comme l’eau glacée sur le sucre avant d’aller se marier sur l’absinthe. Un livre noir plein de couleurs, d’odeurs et de goûts. Un livre à succuler. »

Bouclard éditions 18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64 www.bouclard-editions.fr Collection « Récidive », parution mai 2021

éditions Trente-trois morceaux

Roger Lewinter L’Attrait des choses

Fragments de vie oblique

Suivi de « D’une approche ».

Novembre 2024 ISBN 9791093457161

15 euros

16 x 21 cm - 136 pages

« L’Attrait des choses est l’histoire d’un être qui se laisse aller à ce qui l’attire, à ce qu’il attire – êtres, œuvres, choses –, et qui, sur la lancée des rencontres successives, trouve l’issue du labyrinthe au cœur, là où frappe la foudre. C’est l’histoire d’un laisser-aller à la foudre. » (Roger Lewinter) Dans L’Attrait des choses, il est question de la possibilité de la grâce, au travers de la quête d’anciennes voix enregistrées, du théâtre, du hasard ou de la surdétermination des rencontres et des séparations, de la traduction : tous ces éléments a priori étrangers les uns aux autres formant progressivement les pièces d’une révélation que l’écriture reconstitue. Publié en 1985, ce récit en 6 fragments + 1 est un achèvement en soi et un chemin précieux vers l’œuvre entière de Roger Lewinter.

L’Attrait des choses est suivi dans cette édition d’un texte rare de Roger Lewinter : « D’une approche ». Il s’agit d’un montage réalisé à partir de quatre versions de la phrase-récit à laquelle il se consacra par la suite pendant plus de dix ans.

Éditions Trente-trois morceaux

Faire la carte

Vincent Weber

L’Énéide

Virgile, trad. Pierre Klossowski

Voyage en Grèce

Gastone Novelli

Épiphanies

James Joyce

Street life

Joseph Mitchell

En regardant le sang des bêtes

Muriel Pic

Gus Sauzay

Roger Lewinter est né en 1941 à Montauban. Son œuvre, prenant la forme du récit et de l’essai, par l’établissement d’une nouvelle écriture en prose, la phrase-paragraphe, s’applique à intégrer les multiples strates du vécu – dissipant de fait les oppositions traditionnelles entre réalité et ction.

La traduction (Groddeck, Kraus, Walser, Rilke, Fraenger, Canetti…) poursuivie depuis le milieu des années 1960, est en relation continue avec l’aventure de cette écriture, tout comme l’édition (édition complète de Diderot –puis Champ Libre / Gérard Lebovici / Ivrea) et la mise en scène (Corneille).

Dialogues avec Leuco

Cesare Pavese

Le Gualeguay

Juan L. Ortiz

Homme par-dessus bord – Proses

1931-1947

Kurt Schwitters

Je vais dire quelque chose à quelqu’un

Roger Lewinter Entretiens

éditions Trente-trois morceaux

8 rue Clavel 75019 Paris www.trente-trois-morceaux.com

contact Paul Ruellan +33 (0)7 83 88 30 63 editions@trente-trois-morceaux.com

diffusion paon-diffusion.com distribution serendip-livres.fr

Dans le décor

Vincent Weber

La Crèche

Giorgio Manganelli

Listen to me / Écoutez-moi

Gertrude Stein

Brecht et la Méthode

Fredric Jameson

Nouvelle du menuisier qu’on appelait le Gros

– Vie de Brunelleschi

Antonio Manetti

Poèmes

Yvonne Rainer

15 août – 11 octobre 1980

le G. & T. rouge de Saint-Pétersbourg

Le 15 août 1980, en postant exprès, recommandé, par avion le tome III des Conférences de Groddeck, je souhaitais un signe, pour marquer la fin de ce travail qui avait duré 4 ans : si je trouvais quelque chose de précis, rare, introuvable, Groddeck était satisfait et mon devoir, en tout cas sur ce point, m’était remis ; songeant à un G. & T. – premiers disques gramophones, à l’ange graveur sur l’étiquette, rouge ou noire selon le prestige de l’artiste, enregistrés en Europe entre 1902 et 1907, dont il ne subsiste parfois que quelques exemplaires – ; un G. & T. rouge de Saint-Pétersbourg en l’occurrence : en 20 ans, je n’en avais jamais trouvé aux Puces ; et je pensais aussi à la magie d’appel : il fallait

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un élan du cœur, pour que cela vînt ; sans me rendre compte qu’il y a 2 mois, j’en avais fait l’expérience, à propos de chant : sur la pochette d’un disque de repiquages de Félia Litvinne – née à Saint-Pétersbourg –, j’avais lu une phrase extraite de ses « Souvenirs » qui, me touchant, m’avait enfin ouvert à sa voix dont, encore débutant aux Puces, j’avais trouvé un enregistrement – mon premier G. & T. rouge, de Paris : la « Prière » de Marguerite, de Faust –, que j’avais pris simplement parce que, par la forme, il sortait de l’ordinaire : un 30 cm gravé sur une largeur de 5 cm ; et, voulant à présent lire son livre, de passage à Zurich, j’étais allé chez un libraire spécialisé, mais comme il ignorait jusqu’au nom, je lui marquai sur un billet « Félia Litvinne » : deux semaines plus tard, à Genève, aux Puces, chez Leuba, pour 15 F, en évidence – au point que, n’eût-il pas attiré mon attention, je ne l’aurais pas vu –, il y avait Ma vie et mon art, souvenirs de Félia Litvinne, avec, barrant verticalement la page de garde, à l’encre violette un envoi ; de sorte que maintenant, chez « J-Sonic », qui avait depuis

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peu, sous mon influence en partie, des vieilleries lyriques, j’achetai l’anthologie que Rubini, de Londres, venait de publier des voix de la Russie impériale, à tout hasard m’aiguisant. C’est en mai 1975 que j’avais découvert les 115 Conférences, inédites, et, leur portée m’étant apparue cruciale pour la compréhension de Groddeck, dont j’étais habité depuis qu’en 1963 j’avais lu le Livre du ça, j’étais résolu à m’y consacrer sitôt que j’aurais terminé l’essai où je dégageais, en théorie, la fonction de la mort dans toute création ; m’y lançant au printemps 1976, sans savoir comment faire pour restituer en français un texte qui, à chaque fois improvisé en état de concentration, était un simple procès-verbal ; et, désorienté dans l’immersion, je constituais, par l’exploration des impasses, du moins le labyrinthe où situer l’issue ; dans le même temps relancé par un projet que j’avais eu, il y a 15 ans, alors que, commençant une licence en lettres, j’avais suivi, pour les abandonner après 6 mois, des cours de théâtre : monter Il faut qu’une porte soit ouverte ou fermée ; maintenant attiré par la

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éditions Trente-trois morceaux

Roger Lewinter Je vais dire quelque chose à quelqu’un

Entretiens

Novembre 2024

ISBN : 9791093457178 15 euros 16 x 21 cm - 88 pages

Au cœur de l’œuvre de Roger Lewinter, au croisement de ce travail d’écriture, de traduction, d’édition, de mise en scène, se trouve la forme du « dire ». Comment dire ? Liens de la littérature à la voix, à son actualisation, qui passe par une ré exion radicale sur la langue, la durée, la ponctuation, l’articulation du sens, le vers et la prose. Loin d’une interview serrée, la parole est ici divagation, jeu avec les associations, lente plongée dans la pensée et la mémoire de l’auteur, exercice vivant de cette pensée. D’une série de conversations avec Roger Lewinter, un montage de séquences enregistrées s’essaie à rendre la teneur – au plus proche de la voix.

Éditions Trente-trois morceaux

Faire la carte

Vincent Weber

L’Énéide

Virgile, trad. Pierre

Klossowski

Voyage en Grèce

Gastone Novelli

Épiphanies

James Joyce

Street life

Roger Lewinter est né en 1941 à Montauban.

Son œuvre, prenant la forme du récit et de l’essai, par l’établissement d’une nouvelle écriture en prose, la phrase-paragraphe, s’applique à intégrer les multiples strates du vécu – dissipant de fait les oppositions traditionnelles entre réalité et ction.

La traduction (Groddeck, Kraus, Walser, Rilke, Fraenger, Canetti…) poursuivie depuis le milieu des années 1960, est en relation continue avec l’aventure de cette écriture, tout comme l’édition (édition complète de Diderot –puis Champ Libre / Gérard Lebovici / Ivrea) et la mise en scène (Corneille).

Dialogues avec Leuco

Cesare Pavese

Le Gualeguay

Juan L. Ortiz

Homme par-dessus bord – Proses

1931-1947

Kurt Schwitters

L’Attrait des choses. Fragments de vie oblique

Roger Lewinter

Joseph Mitchell

En regardant le sang des bêtes

Muriel Pic

Gus Sauzay

Dans le décor

Vincent Weber

La Crèche

Giorgio Manganelli

Listen to me /

Écoutez-moi

Gertrude Stein

Brecht et la Méthode

Fredric Jameson

Nouvelle du menuisier qu’on appelait le Gros – Vie de Brunelleschi

Antonio Manetti

30 63 editions@trente-trois-morceaux.com

diffusion paon-diffusion.com distribution serendip-livres.fr

Poèmes

Yvonne Rainer

éditions Trente-trois morceaux 8 rue Clavel 75019 Paris www.trente-trois-morceaux.com
Paul Ruellan +33 (0)7 83 88
contact

comité éditorial : J. Fischer/J. - B. Labrune

couverture : B. Muller

REVUE LITTERAIRE ET DESSINEE

septembre 2024

190 x 140 mm

160 pages – 400 ex. 18 €

ISBN : 978-2-9567475-7-4

« Je suis ce qui recouvre épitaphes, gazole, détritus, voyageurs, rides, neige marine et les mille courants, gyres épidermiques, où tout peut se mêler. »

LA REVUE

Jamais innocent, toujours fertile : le silence – silence obstiné du ciel face à au bruit des hommes, de l’argile inerte devant le sculpteur ; où se tapissent la folie et l’espoir, les regrets, le vertige et l’effroi –, le silence comme origine et horizon, là où naissent, se déploient et s’achèvent les voix tues des traces, image ou texte, qui tissent ensemble, une fois de plus, l’aventure commune des artistes de la revue – dont de nombreux nouveaux contributeurs (Louise Moaty, Loïc Urbaniak, Baptise Filippi…).

1. Les vies silencieuses / Images Anne Vaudrey et texte Mélanie Sadler

2. Histoire véritable des Mercuriales / Texte Victor Blanc et images Eugène Riousse

3. Voix/Mer / Texte Louise Moaty et Images Clara Markman

4. L’insecte / Images Baptiste Filippi et texte Laurine Thizy

5. De glaises et d’autres choses / Images Loïc Urbaniak et texte Joseph Fabro Transitions/ Images Sophie Couderc

pan 7

Un fls athlétique et beau

Qui n’a jamais poussé le moindre cri

Évanoui dans les chairs rouges

Le liquide amniotique

Déversé en marée sans partage

Un poids Du plomb contre le sol

Et un fls en apesanteur dans un monde

Qui attend de naître

Et qui ne naîtra pas.

Le cœur multiplié de ma mère

Deux tambours en écho

Dans une cavité une pleine et ronde

Soudain quartiers d’orange

Aux fbres démembrées

Percussions réduites à L’un

Un battement qui gronde mais un seul

Claudique

L’un ne se suft plus non ne se suft plus

L’un qui cherche dans l’angoisse ce qu’il a tissé

D’aortes et de veines caves

Dans un même organisme.

Le cœur du fls empaillé contracion infnie

Cœur sans plus de résonance qui s’endort.

Un mari, une flle, une béance pour fls ;

Un mari qui part autre cœur en départ

Une veuve une mère d’un fls

Qui jamais n’a eu de flle

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Avant de, laisse-moi te dire que ça fait comme un insece sous le crâne, quelque chose aux pattes en épines qui grouille sous les tempes, ça gratte, ça pique, ça cogne, ça te démange et puis t’oublies parce qu’autrement que faire ? non, c’es faux, l’insece tu l’oublies pas il te boufe au-dedans, c’es le rese qui sombre, la mémoire des choses, de moi, de toi, la mémoire efacée à coup de grifes minuscules et alors tout s’embrouille s’emmêle et toutes vos inventions toute la technologie y peuvent plus rien, tu sais plus si ta tête toujours a ressemblé à ça, la fréquence brouillée l’alphabet sans lettre, ou si c’es plutôt la bête avec ses antennes ses mandibules son appétit qu’en fnit pas de tout saccager, cri-cri cri-cri, les nanomédocs je les prends pourtant je te jure mais ça avance sous l’occiput et puis plus proond cri-cri entre les oreilles et alors je naufrage j’oublie tout sauf mon nom.

Joseph. On m’a appelé Joseph parce que c’es le premier père mais j’étais qu’un môme alors, on peut pas savoir parmi les nourrissons lesquels vraiment atteindront l’âge d’homme et puis quand père je l’ai été, te vexe pas, c’était bien malgré moi tu sais, mais à l’ancienne. Ma mère à moi elle était vieille déjà pour son siècle, croyante encore mais vaguement, fdélité plutôt que foi dans la religion déjà morte, remplacée, ma mère disait Joseph Jo-seph et dans sa bouche la deuxième syllabe sonnait comme le vent qui porte son nom, qui recourbe la cime des sapins autour de la maison de toute ma vie.

Bien sûr je suis parti ailleurs c’était pour aimer des corps autres que le mien c’était Alex et Mo et les autres c’était pour faire comme tout le monde, et la vérité c’es que j’ai aimé ça tu sais, j’ai aimé ça terriblement et maintenant que tout s’efrite que tout s’écorche que l’insece redessine les contours de ce que je sais ignore je peux encore te dire cela : ces corps

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épitaphes promesses

épuisement

où tout peut se mêler

où tout sera mêlé

saveur du sable étoiles

détritus voyageurs

pétrole neige marine absence

containers oubliés

Loin de quoi ?

Il devait être une poterie : porcelaine de Limoges élevée à l’échelle d’un corps, une ossature d’une blancheur vierge, une peau de lait ; des complications infnies : de cuisson, car il me fallait lui donner de la température, il faut suer pour la porcelaine, sans la consumer, sans la briser ; de matière aussi, des sacs — emportés de nuit — pleins d’argiles lourdes et gluantes. Des ratés qu’il faut massacrer au marteau jusqu’à en faire une fne poudre brillante, pour ne pas laisser un bras d’albâtre dans le bac à ordures.

J’avais entrepris ma création en été, parce que l’oisiveté es propice aux idées absurdes, puis à la démesure et à l’inconstance (j’abandonnai mon projet trente-six fois dès le premier jour, dans une suite infnie de renoncements et de reprises chaque fois plus intenses, plus vrais).

J’avais résolu de passer un été dans le Sparsbach, proche de l’Allemagne et de l’ennui, hébergée dans une maison de campagne familiale. On n’y venait plus depuis des années si ce n’es pour y déposer quelques afaires encombrantes qu’on esimait faire partie de la famille. Je circulais ainsi entre du mobilier Empire, quelques lampes de designers années 60 (dont deux Pipisrello amputées d’ampoule), des artefacs africains sans doute acquis par un arrière-grand-oncle colon. (La complexité de mon arbre généalogique participe de ce récit. Il ne faut pas imaginer un de ces grands troncs immémoriaux dont les branches s’élèvent en rameaux sans cesse démultipliés. En fait ma généalogie es celle du jardinier bricoleur, de l’arbre trois mille fois élagué, aux branches guidées par une armée de tuteurs de plus en plus improvisés : un manche de parasol, des baguettes chinoises, un essuie-glace, un godemiché, une gouttière tombée du toit des voisins et maintenue par des ceintures

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Laurence Boissier Histoire d’un soulèvement

RÉIMPRESSION

Tout a été consigné dans un cahier où l’on trouve l’empreinte de plusieurs histoires, la grande, celle du soulèvement des Alpes, racontée par un guide excentrique, la petite, celle de la vie quotidienne d’un groupe de randonneurs. Neuf jours de marche ponctués par les paysages traversés, l’effort, le poids du sac, la promiscuité dans les cabanes. La petite troupe s’est à la fois bien et mal entendue. Partie sans entraînement, une citadine se disant autrice mélange ses propres

souvenirs, les premiers cours de ski, les appartements de vacances loués en famille, à ceux, immémoriaux, d’un attachant fossile. Le guide réussira-t-il à mettre en évidence le lien entre les convections du noyau terrestre et la présence sur l’alpe de ces marcheurs ? Malheureusement, le cahier finira dans la crevasse d’un glacier et avec lui, ce qui aurait dû être l’histoire vraie de cette randonnée.

COLLECTION SHUSHLARRY
ROMAN ART&FICTION DISPONIBLE DÈS LE 1 OCTOBRE 2021

format 11 x 17.5 cm, 248 pages isbn 978-2-940570-90-4

chf 17.80 / euro 14

genre roman multi-strates sujets abordés histoire des Alpes, récit des origines, fertilité

9 jours dans les Alpes : autour d'elle, tout se soulève, mais elle peine…
« LES PLAQUES CONTINENTALES NE SONT PAS LES SEULES À DÉRIVER.

LA LIBERTÉ

« DRÔLE DE BESTIAIRE  THIERRY RABOUD

3 ÉDITIONS

2000 EXEMPLAIRES

PRIX DES LECTEURS DE LA VILLE DE LAUSANNE

——— Laurence Boissier, née en 1965, vit à Genève. Auteure qui excelle dans la forme brève, elle est également artiste et architecte d’intérieur. Elle intègre Bern ist Überall en 2011, collectif d’écrivains, avec lequel elle monte régulièrement sur scène. PRIX : Prix suisse de littérature, 2017 ; Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne, 2018 ; Prix Pittard de l’Andelyn, 2018 PUBLICATIONS : Safari , art&fiction publications / Der Gesunde Menschenversand, 2019 ; Rentrée des classes , art&fiction, 2017 ; Inventaire des lieux , art&fiction, 2015, rééd. 2017 ; Cahier des charges , d’autre part, 2011 ; Noces , Ripopée, 2011 ; Projet de salon pour Madame B , art&fiction, 2010  ———

© Sophie Kandaouroff
LAURENCE BOISSIER | HISTOIRE D’UN SOULÈVEMENT PRESSE
LAURENCE BOISSIER | HISTOIRE D’UN SOULÈVEMENT PRESSE

Se donner les moyens de refaire une Cité. editions-exces.net editions-exces@protonmail.com

Surgeons et autres pousses livre de Maria Kakogianni, Marie Rouzin et l’artiste Amalia Ramanankirahina à paraître en septembre 2022

Excès, collection Voix publiques

14,5x22cm

128 pages

500 ex. 15€

ISNB : 78-2-9581188-3-9

Résumé

Les corps comme nos ordinateurs ont la mémoire du monde, la mémoire des mots échangés à l'ombre d'un arbre en ramassant des fruits, la mémoire des silences des torpeurs du jardin et des enthousiasmes face aux poussées des plantes. Trois femmes s 'emparent de ces mots et des images qu'ils suscitent. Plantes politiques.

Noues sommes le travail féminisé, précaire, non-déclaré Vies jetables, malformées, épuisées, parasites, noues sommes les restes de leurs indices de performance Noues sommes les questions à toutes leurs

réponses. Noues sommes le sol glissant d’une grammaire où la police assassine. Noues sommes les herbes folles dans les pelouses patrimoniales.

Ce qui n’était que pollen devient fruits épineux. Puisse-t-il en être de même de nos créations et de nos pousses.

Qu’elles dansent et dérangent, qu ’elles sèment le trouble et la colère,

Et se dégustent avec attention sans essuyer les pieds avant de passer à table

Surgeons-nous.

Biographie des auteures

Maria Kakogianni est artiste-auteure et enseignante de philosophie. Dans son travail, elle propose des phictions, mélanges et infusions entre philosophie et différentes fictions (politiques, artistiques, scientifiques, intimes, autres) Parmi ces publications on trouve : Ivre décor (Hippocampe éditions, 2020), Printemps précaires des peuples (éditions Divergences, 2017), De la victimisation (L’Harmattan, 2012).

Marie Rouzin est auteure et enseignante. Elle écrit des textes poétiques et des textes pour la scène, dans lesquels elle interroge le collectif, les gestes d’émancipation et la métamorphose des êtres Elle a notamment publié en 2018 un récit, Circulus, chez Serge Safran éditeur. Elle aime aussi, au jardin et dans les bordures, observer les pousses spontanées et cultiver les salades.

IL

AU PARADIS

Nétonon Noël Ndjékéry

Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis est une plongée dans les horreurs de la traite négrière transsaharienne. Des caravanes en partance pour la péninsule arabique, en passant par la colonisation française, l’enrôlement des tirailleurs africains pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à l’essor du mouvement djihadiste Boko Haram, Nétonon Noël Ndjékéry met en récit deux cents ans d’histoire de la privation de liberté et de l’exploitation humaine dans la région de l’actuel Tchad. Le titre est une référence explicite aux différents programmes missionnaires qui promettaient et promettent toujours aux populations d’Afrique noire d’être « blanchies » en accédant à un paradis, soit-il celui des chrétiens ou des musulmans.

En porte-à-faux à ces programmes, l’auteur dresse le portrait d’une Afrique multiple, diversifiée dans ses croyances, ses arts du vivreensemble, mais également dans celui de porter collectivement un projet et un récit de développement et d’émancipation. Sur une île mouvante du lac Tchad, l’auteur invente une société utopique qui pourrait poser les bases d’un projet que nous pourrions qualifier à la suite d’Achille Mbembe « d’afropolitanisme ». Toutefois, le prix de cette utopie est celle d’un isolement et d’une dangereuse ignorance des affres de l’Histoire et du développement des Etat-nations africains actuels.

Hélice Hélas Editeur

Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey

Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.com www.helicehelas.org > litterature@helicehelas.com

Distribution Suisse :

Servidis

Chemin des Chalets 7 CH-1279 Chavannes-de-Bogis

Tél.: ++41 22 960 95 10 www.servidis.ch > commande@servidis.ch

Distribution France - Belgique :

Serendip-Livres

10 Rue Tesson FR - 75010 Paris

Tél.: ++33 14 038 18 14 www.serendip-livres.fr

Nétonon Noël Ndjékéry est né à Moundou au Tchad et débute sa carrière d’auteur avec une première nouvelle publiée par RadioFrance Internationale. Depuis, il habite sur les rives du Léman, en Suisse. A ce jour, il est l’auteur de quatre romans, dont Au petit bonheur la brousse, publié chez Hélice Hélas Editeur en 2019. En 2017, il reçoit le Grand Prix Littéraire National du Tchad pour l’ensemble de son œuvre.

Collection : Mycélium mi-raisin

Genre : roman épique et utopique

Sujets abordés : esclavage subsaharien ; histoire africaine ; Tchad

Format 14.5x18,5 cm, 376 pages

ISBN 978-2-940700-11-0

CHF 28 / EUR 22

Parution 1er mars 2022, Suisse, France et Belgique.

NÉTONON NOËL NDJÉKÉRY IL N’Y A PAS D’ARC-EN-CIEL AU PARADIS

Les Cicatrisés de Saint-Sauvignac

— Histoires de glissades d’eau

Quatre saisons pour quatre adolescents redneck d’une ville fictive québécoise dans la région de l’Outaouais. Une banlieue où on s’emmerde fort jusqu’à l’installation d’un parc aquatique hors normes de l’autre côté de la track de chemin de fer. De quoi casser la routine, découvrir son corps. C’est sans compter sur un clou mal enfoncé dans la Calabrese (une énorme « glissade d’eau »), qui va faire de 118 enfants de Saint-Sauvignac des cicatrisés.

Parfois les rites de passage laissent des marques.

un extrait sonore

Les auteurs : Jean-Philippe Baril Guérard, Mathieu Handfield, Sarah Berthiaume et Simon Boulerice

Ils ont écrit Les Cicatrisés de Saint-Sauvignac à huit mains (un chapitre par tête). Ils sont issus du monde du théâtre et ont comme autre point commun d’être tous les quatre québécois.

Photos (de gauche à droite et de haut en bas) : Jean-Philippe Baril Guérard ©Kevin Mille ; Mathieu Handfield ©Félix Renaud ; Sarah Berthiaume ©Hugo B. Lefort ; Simon Boulerice ©Camille Tellier.
Bouclard éditions 7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18 www.bouclard-editions.fr Collection 109, parution novembre 2021 u Écouter

Les Cicatrisés de Saint-Sauvignac

« Un nouveau complexe aquatique pour Saint-Sauvignac !!! Mammouth est revenu du dîner avec ‘Glissade d’O rocks’ écrit sur le bras et a essayé de nous faire croire que son père l’avait emmené se faire tatouer sur l’heure du midi (même si tout le monde voyait bien qu’il se l’était écrit lui-même avec un gros crayon Sharpie). On a même arrêté le cours de catéchèse pour chanter De l’eau dans mes foufounes comme une chorale d’église, pendant que madame Stéphanie menaçait d’annuler toutes les périodes-récompenses de l’année. »

Fiche technique

Format : 144 pages, 12 x 20 cm

Tirage : 1000 exemplaires

Prix de vente : 15 €

Diffusion : Serendip

ISBN : 978-2-9565635-8-7

Première parution : 2017, Éditions de ta Mère (Canada)

Ce livre reçoit le soutien du CNL.

109

109 pour le youngblood, le sang neuf.

109 pour la Génération Y, la Génération youngblood.

Une collection qui défriche une nouvelle génération de jeunes romanciers/cières.

Une collection de petits formats accessibles.

Sans contrainte de genre et de style.

Des textes courts de fiction.

Des thématiques générationnelles mais sans prendre des grands airs intellectuels.

A lire en train sur un Paris-Nantes.

Collection 109, parution novembre 2021 Bouclard éditions 7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18 www.bouclard-editions.fr

Recensions presse et libraires

LIBRAIRES

Librairie Durance — Nantes

« Les plus beaux seins du village, un clou, un parc aquatique flambant neuf et une tripotée d’ados pas forcément dégrossis sont les ingrédients de cette hilarante comédie québécoise. Et ce français d’outre-Atlantique… Crisse, quelle régalade ! Des barres de rire assurées par ce quatuor d’auteurs, l’accent en plus ! »

Librairie Mollat — Bordeaux

« Plongez sans plus attendre dans ce texte hilarant écrit à huit mains par la crème de la nouvelle génération d’auteurs québécois et savourez l’une des plus belles surprises littéraires de cette année ! »

PRESSE

Libération

« Un roman québécois à 8 mains sur la transition de l’enfance à l’adolescence si intelligemment loufoque (absurde ?) qu’on redemanderait presque de la poutine à la cantine. »

Vleel

« À la fois décalé et drôle, le vocabulaire québécois y est pour beaucoup et permet de s’apercevoir à quel point nos langues sont proches. De nombreuses envolées demeurent jouissives, on s’esclaffe, on sourit, on temporise puis on réfléchit. On se souvient de ces bribes passées qui nous ont forgé ou amoché. Ces instants de vie, ces rites de passage dont on ne se souvient pas mais qui restent gravés par étincelle mémorielle. »

Babelio

« Parodie sur la ségrégation et sur le sentiment de culpabilité sociale, les Cicatrisés nous présentent aussi les petits combats d’une enfance hors norme, dans un monde où les adultes rivalisent de sottises et d’idioties. »

Voir.ca

« Vêtus de leur maillot de bain de gamin, les auteurs racontent chacun de manière oralisante et très comique une saison dans la vie d’attendrissants ti-culs chassés dare-dare de l’enfance sans que leurs autistes de parents n’y puissent quoi que ce soit (les adultes, c’est con). Et si Rock Demers avait produit un Conte pour tous sous l’influence d’une massive dose de barbotine.»

Collection 109, parution novembre 2021

Chroniques d’une caissière en chien

WHORE FOODS

Chroniques d’une caissière en chien

LA Warman traduit avec sa langue parlée, franche, obsessive et poétique, les écueils des petits boulots où les tâches répétitives et l’absence de sens deviennent le terreau de dissociations sexuelles libératrices.

Au cœur du capitalisme «vert» et ses méthodes manageuriales tournées en

ridicule, la narratrice évoque les travers de l’univers dans lequel elle passe une grande partie de ses journées et les humainxs qui le peuplent : des clientxs éreintées qui essaient de grapiller quelques centimes, les employéxs pleines d’espoir d’ascension, les boss abusives qui ont peur des procès,...

Il y règne une solitude de tous ces êtres. Celle de la narratrice, avide de sensations corporelles dans ce monde aseptisé imaginé pour la satisfaction client. Elle décline toutes les interactions sexuelles possibles, elle décrit sans pudeur ses pulsions, imagine des scènes gargantuesques où la nourriture se mêle aux corps et les corps n’ont plus de limites.

Elle est crue, elle est drôle.

Elle est honnête et impure.

Parfois cruelle.

Elle est lesbienne.

Elle fait des rayons les dédales de nos cerveaux truffés de fantasmes inavoués.

Ces chroniques sont des pages manquantes à la littérature lesbienne.

sexe, nourriture, capitalisme tardif, lesbienne, fantasme, ennui, travail, supermarché

Le livre comprend une interview avec l’autrice menée par la traductrice Clara Pacotte. LA Warman y aborde le contexte dans lequel elle a écrit le livre, sa temporalité, sa forme première de newletter destinée à ses lecteurices abonnéxs, la nécessité d’écrire dans l’économie capitaliste et la possibilité de le faire.

WHORE FOODS
LA Warman

est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me

Whore Foods

Chroniques d’une caissière en chien

LA Warman est née en 1989. Elle vit et travaille dans l’État de New-York aux ÉtatsUnis.

Impression de la couverture sur papier texturé effet peau.

140 pages

10x14 cm

ISBN 978-2-9575104-2-9

13 €

Premier tirage : 500 exemplaires

Parution : décembre 2023

extrait 1 :

que quelqu’unx touche ma peau mais Elle est loin et ne sera pas de retour avant deux semaines. Donc, si Elle n’est pas là, qui est-ce que je peux bien baiser ? Je veux baiser quelqu’unx d’une manière non problématique. Je veux baiser quelqu’unx que personne ne m’aurait imaginée baiser. Je veux baiser quelqu’unx qui n’a pas vraiment de visage. Je veux baiser D. Je veux le baiser tout de suite dans les toilettes mais il ne me croit pas parce que sur ma veste en jean il y a un badge qui dit « GOUINE ». Il ne me croit pas parce qu’il lit tous mes poèmes et tous mes tweets et se considère comme un fan de Moi, il m’apprécie parce que je suis imbaisable. Il peut me poser des questions à propos de certaines femmes et jouer avec moi à « Baiserait Baiserait Pas ». Je le laisserai pas me baiser il pourra juste ensuite rêver qu'il me baise car je suis complètement indisponible. Je me demande s’il a une bite. Je me demande ce qui lui fait envie, ce qu’il trouve sexy. Mon amie dit n’importequiavecunvisage J’ai envie de le baiser mais je ne le ferai pas. Je veux qu’il rêve de me baiser.

extrait 2 :

À chaque fois que je reçois un message, mon écran s’allume et L lit le message à tout le monde. Elle m’en demande beaucoup. Elle n’arrête pas de m’écrire au sujet de Ses besoins. Je ne peux pas répondre à Ses besoins, je suis occupée, je ne suis pas au taquet. Je suis dans mes pensées. L rit de Son désespoir.

Je veux changer de sujet.

« L’une d’entre vous a déjà participé à une orgie ? »

Personne ne dit rien, mais tu ne peux pas mentionner une orgie dans un frigo plein de femmes. Si t'en parles, c'est sûr, ça arrivera. Les mots flottent dans la pièce se cognent au plafond mais ne traversent pas les murs.

extrait 3 :

Elle vient à ma caisse et dit

« t’es homophobe » et je dis

« mais je sors avec toi » et Elle dit

« jamais assez. »

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extrait 4 :

R prend un grain de raisin et le fait rouler de haut en bas sur son bras. Elle déboutonne vite sa chemise et l’enlève. Elle renverse un bac de raisin sur le comptoir en métal. Elle frotte son torse sur les raisins avec précaution pour ne pas les écraser complètement. G se met derrière elle et se met à contrôler les mouvements de R en lui tenant les tétons entre les doigts. L me dit de la déshabiller, ses mains sont couvertes d’avocat. Je fais de mon mieux mais un peu d’avocat se glisse quand même ici et là. L frictionne mon ventre avec la chair verte puis ma fesse. Petites touches de tendresse. Je mets un doigt ganté de latex dans son vagin et un autre dans son trou du cul. Je fais tourner mon doigt un tout petit peu. Puis deux doigts, puis trois doigts. La bouche de L s’ouvre un peu plus à chaque doigt que je lui mets.

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Whore Foods

Chroniques d’une caissière en chien

extrait 5 :

Je pulvérise du liquide de nettoyage sur le tapis roulant de la caisse. Je ne sais pas ce qu’il y a dans ce produit parce qu’il sort d’un tuyau dans le mur qui ressemble à une fontaine à soda. Il a une odeur âcre, pas une odeur de propre. Ça sent le non-savon. Tout le magasin a cette même odeur. J'asperge le tapis roulant avec le spray et j’essaie d’atteindre les clientxs avec des gouttes de liquide. Je veux qu’iels emportent un peu de cette odeur en partant. J'asperge le tapis roulant et les gens ne veulent pas mettre leurs légumes sur le tapis mouillé parce qu’ils sont Certifiés Bio. Elle pose sa salade composée. Elle me regarde. Sa salade pèse genre 900 g et coûte 20 $. Elle me donne 30 $ et me dit de garder la monnaie, ce que je fais. Elle va s’asseoir à la Cafétéria et mange sa salade au poulet grillé. Je voudrais rendre toute cette scène érotique mais je n'y arrive pas. Je veux qu’elle me voie comme je suis vraiment, sans ce tablier, mais elle ne le verra jamais. Sa frange grasse est entrouverte. Elle est plus grande que moi. Elle me donne envie d’être invisible. Elle me baise parce qu’elle me voit

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nouvelle bouchée de sa salade, déboutonne son pantalon et le fait glisser à mi-cuisse. Maintenant mon orteil est sur sa culotte contre son clit. Je le bouge au hasardsans prendre en compte son rythme et sans la laisser jouir. Elle a peur de me regarder. Sa bouche est pleine. Elle a du mal à respirer. Elle crache des petits bouts de salade romaine, de poulet et de parmesan sur son haut, ses yeux roulent vers les caméras de surveillance. Je me débarrasse de sa culotte avec le pied gauche et continue de la frotter avec le droit. Je lui donne enfin ce qu’elle veut parce que ce n’est plus très marrant de la voir se consumer de plaisir en crachant du poulet. Elle fait trembler toute la table, les gens se retournent et supposent qu’elle est en train de s’étouffer mais elle leur fait signe que tout va bien. Je remets ma chaussette couverte de foutre dans ma Croc et je m’en vais, resserrant mon tablier plus que jamais pour lui montrer qu’avec un peu d’effort je peux arborer une vraie silhouette en sablier. Je m’en vais et ne lui accorde aucun regard mais je lui prends tout.

tous les jours. Elle me cherche, Elle essaie de me voir, mais je suis toujours si visible, si facile à repérer. Elle a envie de moi juste parce que je suis là, mais elle a envie de moi quand même. Elle est assise à une table un peu cachée. Les tables sont alignées le long d’une baie vitrée côté rue mais trois mètres au-dessus des passantxs. J’éteins ma caisse. Ma barre de caisse Fermé tombe sur le tiroir-caisse, ça fait un bruit perçant. Elle lève les yeux depuis sa table. Le plus gros bruit du magasin c’est quand la barre de caisse tombe sur le sol en ciment. Je n’y connais rien en amitié féminine mais j’en connais un rayon sur ce qui est de baiser ses amixs. Elle mâche son poulet plus lentement tandis que je m’approche. Elle mâche lentement, sa bouche entrouverte laisse échapper un peu de chair qui tombe par terre. Je m’assieds en face d’elle à la table et je fais sauter les Crocs de mes pieds. Elle est toujours en train de mâcher et de l’orteil je touche son mollet à travers ma chaussette, puis son genou, puis sa cuisse, puis je retourne à son pied, puis je remonte à sa cuisse. Elle prend une

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Chaque vibration qu’elle m’a donnée, je l'ai prise, je l'ai gardée.

est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me

Henry Louis Gates Jr.

Genre : récit

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Isabelle Leymarie

Format : 12 x 18,5 cm

Pages : 368

Prix : 24 €

ISBN : 978-2-490251-97-1

Ancien professeur au Département d’études africaines et afro-américaines de Yale, W.E.D. Du Bois Professor of the Humanities et Chairman du Département d’études afro-américaines de Harvard, Henry Louis Gates Jr. est l’auteur de nombreux ouvrages sur l’Afrique et les Amériques noires, et réalisateur de plusieurs séries et émissions de télévision parmi lesquelles Finding Your Roots et The African Americains: Many Rivers to Cross. Il est également co-éditeur, en particulier de Reading Black, Reading Feminist: A Critical Anthology. Il a récemment publié en français Black Church chez Labor et Fides.

6 Septembre

Dans un merveilleux récit initiatique vivant, cru, chargé d’érotisme et de violence sexuelle, pétri d’humanisme, Henry Louis Gates Jr. raconte son enfance dans la petite ville industrielle de Piedmont, en Virginie-Occidentale, dans les années 1950 et 1960. Il nous fait pénétrer dans un monde « de couleur » aujourd’hui disparu de prédicateurs enflammés, de ragots licencieux, de défrisages de cheveux à base de soude caustique et de purée de pomme de terre et de résistance à la fois sournoise et obstinée à l’injustice et aux outrages de la ségrégation raciale. Nous assistons aux enterrements, où les éloges funèbres inspirés de sa mère « transformaient ceux qui étaient mauvais et méchants en anges et en saints », aux services religieux, où Miss Sarah s’entretenait directement avec le Saint Esprit et « poussait les prières avec son ample poitrine » pour les faire monter au ciel. Nous admirons M. Les, saxophoniste virtuose, échappé de peu à la pendaison aux mains de petits Blancs racistes pour être ensuite poursuivi par le diable, voudrions connaître le salon de coiffure où le barbier Nicomedus Carroll enseignait l’éducation sexuelle à l’aide de revues pornographiques. Nous sommes plongés dans une époque et un lieu où voir un visage noir à la télévision était assez rare pour provoquer des cris de : « Q uelqu’un de couleur, quelqu’un de couleur sur la Chaîne Deux ! »

Lauréat du Heartland Award du journal Chicago Tribune et du Prix Lillian Smith, Gens de couleur est un chef-d’œuvre caustique et poignant qui révèle tout un pan méconnu de l’histoire afroaméricaine tout en nous subjuguant par la virtuosité du récit.

Contact presse : Aurélie Serfaty-Bercoff : aserfatybercoff@gmail.com Téléphone : 06 63 79 94 25

Contact : colette.lambrichs@gmail.com

Téléphone : 06 60 40 19 16

Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip Relation libraires : jean-luc.remaud@wanadoo.fr

Téléphone : 06 62 68 55 13

Éditions Du Canoë : 9, place Gustave Sudre Local parisien : 2, rue du Regard

33710 Bourg-sur-Gironde 75006 Paris c/o Galerie Exils

Éditions du Canoë 2024

DEMAIN LES FLAMMES LITTÉRATURE

EAN : 9782492667091

Parution : 3 septembre 2024

Pagination : 240 p.

Format : 11,5 x 17,8 cm

Prix : 14 €

Couverture sérigraphiée

« Les nouvelles de George Tabb sont l’équivalent littéraire des meilleures chansons des Ramones : courtes, rapides, addictives, irrévérencieuses. »

Alex raTcharGe

« George Tabb, t’es un excellent écrivain. »

Henry rollins

« George Tabb écrit comme il respire. »

Spike lee

GeorGe Tabb

Petit joueur

Un juif à Greenwich

Traduit de l’anglais par Stéphane Pena

Préface d’Alex Ratcharge

Au fin fond du Connecticut, c’est dans une banlieue pavillonnaire bien sous tous rapports, que grandissent les frères Tabb. Mal aimés par leur père, détestés par leur belle-mère, haïs par leurs camarades d’école et noyés sous les injures antisémites, leur vie est un enfer. Mais l’été est là et avec lui vient le temps du baseball. George, l’aîné de la fratrie, toujours choisi en dernier et juste bon à chauffer le banc de touche, ne baisse pas les bras : quiconque osera le traiter de petit joueur devra en assumer les conséquences.

Avec un humour cinglant et une autodérision bien à lui, George Tabb rend compte par le menu des petites misères et des grandes vilenies qui sont le lot de l’enfance. Les petites brutes n’ont qu’à bien se tenir : le temps de la revanche a sonné.

GeorGe Tabb est musicien et écrivain. Il est notamment l’auteur de Take My Life, Please (Demain les flammes, 2021).

DEMAIN LES FLAMMES

EAN : 9782492667008

Parution : 2021

Pagination : 176 p.

Format : 11,5 x 17,8 cm

Prix : 10 €

Couverture sérigraphiée

43, rue de Bayard / 31000 Toulouse contact@demainlesflammes.fr / demainlesflammes.fr

PETIT JOUEUR EXTRAITS

Donc, j’étais à l’école primaire, et un matin, à l’arrêt de bus scolaire au croisement de Londonderry Drive et Stanwich Road, ça a commencé.

Il était là, il était prêt. Il m’attendait. Et mes frères après moi.

Il s’appelait Mark.

Mark Healy.

Le prélude aux dix prochaines années de mon existence.

Jamais je n’oublierai les trois premiers mots qu’il m’adressa, sous ses cheveux blonds ondulés et ses yeux d’acier bleu-vert.

«T’es un Juif ! »

Puis vinrent les coups. *

Les frères Tabb ont dû apprendre très tôt à se bagarrer.

Ou à s’enfuir.

Étant né avant Luke et Sam, de mon point de vue, je n’avais pas le choix. Si les petites brutes ne s’en prenaient pas à moi, elles s’en prendraient à eux. J’ai donc appris à me battre.

5 la bataille Du bus

PETIT JOUEUR

Enfin, plutôt à être battu.

Vu ma taille, me tabasser n’était pas exactement un exploit. Mais les merdeux de Greenwich pensaient visiblement le contraire. Comme leurs parents, il faut croire.

Tout particulièrement ceux de Mark Healy.

«T’es rien qu’un sale Juif », me disait Mark chaque matin de la semaine. Le week-end, heureusement, c’était relâche.

« Sale ? » répétais-je, confus.

Je pouvais comprendre la partie « Juif ». À peu près. Mon grand-père m’avait expliqué une fois pourquoi nous devions porter ces petits chapeaux marrants à certaines réunions de famille. Mais la partie « sale » m’échappait complètement. Je prenais beaucoup de douches. Et c’est toujours le cas. La saleté et moi ne faisons pas bon ménage.

« Ouais, ricanait Mark, t’es rien qu’un sale Juif dégoûtant, avec ton nez crochu et tes cheveux crépus. »

Et à chaque fois que j’essayais de lui demander de m’expliquer ce qu’il voulait dire, il était trop tard. Il attrapait ma boîte à déjeuner Batman, avec la Bat-Moto imprimée sur la thermos, et il la flanquait par terre.

«Ta maman t’a fait ton déjeuner, disait-il, et moi je le défais ! »

6
EXTRAITS

PETIT JOUEUR

Puis il sortait mon sandwich au salami avec de la moutarde sur un seul côté, ma pomme, mes trois biscuits Oréo, et jetait le tout aussi loin qu’il pouvait dans les bois.

« Qu’est-ce que tu vas faire, Tabb ? » deman dait- il.

Je restais silencieux. Qu’est-ce que j’aurais pu dire ? Il était en sixième, et moi au CE1. Et il faisait au moins vingt centimètres de plus que moi.

«Tu vas pleurer, espèce de chochotte ? » continuait Healy.

Bien sûr j’essayais de me retenir, mais les larmes finissaient toujours par m’échapper.

Finalement je lui criais d’arrêter, et le pilonnage commençait alors. Il serrait le poing et me frappait de toutes ses forces sur le nez. La cible la plus grande et la plus facile. Lorsque je commençais à saigner, il riait, me frappait à l’estomac, et enchaînait avec un crochet au menton. Je mordais généralement à ce moment-là ma lèvre ou ma langue, et le sang coulait encore plus. Le temps que le bus arrive, je n’avais plus de repas, et plus beaucoup de visage.

À point pour le deuxième round. Ma bellesœur, Diane, restait plantée là, choquée, tandis que Mark répandait partout mon Kool-Aid avant de jeter la thermos et la boîte à déjeuner. Je le regardais faire, les larmes aux yeux.

EXTRAITS 7

demain les flammes littérature

ean : 9782492667008

Parution : 2021

Pagination : 176 p.

format : 11,5 x 17,8 cm

Prix : 10 €

Couverture sérigraphiée

deuxième édition

« George Tabb, t’es un excellent écrivain.»

Henry Rollins

« George Tabb écrit comme il respire.»

Spike lee

GeorGe tAbb

Take My Life, Please

Traduit de l’anglais par Stéphane Péna Préface d’Alex Ratcharge

Le tsunami punk rock

« Les nouvelles de George Tabb sont l’équivalent littéraire des meilleures chansons des Ramones : courtes, rapides, addictives, irrévérencieuses et autoréférentielles, elles nous plongent dans le quotidien de l’Américain moyen qui, à treize ou quatorze ans, se prend le tsunami punk rock en pleine poire. » Alex rAtChArGe, extrait de la préface

Porté par un talent inné pour la narration, George Tabb convoque dans ce recueil de chroniques publiées dans Maximum Rocknroll ses souvenirs de jeunesse et les partage avec fougue et autodérision. Il y est question d’un rat mutant, d’agresseurs qui en ont après son blouson de cuir, d’une sexualité naissante et cahotante, de boulots merdiques, de drogue, de punk, de la Floride et d’autres aventures malchanceuses qu’un punk-rocker en butte au monde affronte une bière à la main.

GeoRGe tabb est musicien et écrivain. Il est notamment l’auteur d’Un Juif à Greenwhich (Demain les flammes, à paraître).

alex RatChaRGe est l’auteur de Raccourci vers nulle part (Tusitala, 2022), Entre un néant et un autre (Les Mondes à faire, 2017), et est l’éditeur du fanzine Ratcharge.

demain les flammes

43, rue de Bayard / 31000 Toulouse contact@demainlesflammes.fr / demainlesflammes.fr

SI LES FORÊTS NOUS

QUITTENT

Lors d’un été de canicule, des jeunes désœuvrés se retrouvent autour de l’arbre ombrageant de la terrasse d’un café. L’angoisse climatique, les extinctions de masse, l’inaction des politiques, les migrations forcées, toutes ces préoccupations minent leurs perspectives d’avenir. Avec l’arrivée mystérieuse de Ginkgo dans le groupe, prophétesse malgré elle d’un sursaut révolutionnaire, celui-ci se resserre et se solidarise autour d’un idéal de communion avec le Vivant, d’amour et de rébellion. Pourtant, juste après une action militante , Ginkgo ne donne plus signe de vie, laissant le groupe désemparé ; sa disparition subite préigurant celle des biotopes, de l’Humanité, ainsi que des idéaux et des espoirs d’alternatives.

Dans ce roman polyphonique, Francesco Micieli donne la parole aux activistes du Climat, à la jeunesse. Sous la forme de dépositions de police, chacun raconte sa version des faits, la formation du groupe, ce qui les a animé, ainsi que leur fascination pour Ginkgo, tout autant que le désarroi qui s’est suivi avec la dissolution du collectif. Rédigé à la suite d’ateliers d’écriture réunissant des jeunes réfugié·es et étudiant·es, Si les forêts nous quittent est une plongée poétique dans l’urgence écologique. Un roman chargé d’une aura et d’une présence, interrogeant avec subtilité tant l’engagement militant que la solastagie (nb. la détresse émotionnelle causée par la destruction des biotopes) dans ses dimensions les plus sous-cutanées, sensibles, voire mystiques.

Hélice Hélas Editeur

Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey

Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.org www.helicehelas.org > litterature@helicehelas.org

Distribution Suisse :

Servidis

Chemin des Chalets 7 CH-1279 Chavannes-deBogis

Tél.: ++41 22 960 95 10 www.servidis.ch > commande@servidis.ch

Distribution FranceBelgique :

Serendip-Livres

21bis, rue Arnold Géraux FR - 93450 L’Île-St-Denis

Tél.: ++33 14 038 18 14 www.serendip-livres.fr

Sur l’auteur

Né en 1956 à Santa Soia d’Epiro (Italie), arrivé en Suisse en 1965, Francesco Micieli a étudié les lettres romanes et allemandes à Berne, Florence et Cosenza, et travaillé comme metteur en scène, acteur et directeur de théâtre. Il poursuit aujourd’hui son œuvre d’écrivain à Berne, après avoir enseigné à la Haute Ecole des Arts de Berne et à l’Ecole d’Arts visuels Berne et Bienne.

Roman traduit de l’allemand (Suisse) par Christian Viredaz

Collection : Mycélium mi-raisin

Genre : Econarration

Sujets abordés : Jeunesse ; Ecologie ; Solastagie ; Action directe

Format 145 x185 mm, 96 pages

ISBN 978-2-940700-60-8

CHF 18 / EUR 14

Parution mi-août 2024

II Saïd

Si tu me demandes de raconter l’histoire, je te dis que je ne la sais plus.

Je sais seulement que nous avons échoué.

Nous étions des chiens errants, nous n’avions pas de conscience, pas de conscience sûre, non, pas sûre.

Ginkgo, nous l’appelions ainsi, avait surgi du néant.

Comme un ange envoyé pour nous réveiller.

Wake up, wake up, if it’s all you do.

Nous sommes tous tombés amoureux d’elle.

Pour elle, nous voulions sauver le monde.

Nous avions déjà tout abandonné — ne voulions pas d’enfants plus tard, car le monde serait détruit — pas de place pour nous.

Les messages que nous sprayions sur les murs étaient des adieux.

Des adieux à notre unique planète.

Cette planète nous avait permis d’être et nous la détruisions.

Nous nous retrouvions chaque jour, buvions, fumions beaucoup.

Nous voulions nous débarrasser de nous-mêmes, boire, fumer jusqu’à disparaître.

Nous avions vendu notre âme, a dit, je crois que c’est Marcel qui l’a dit. Ou bien Esther ?

Nos âmes appartiennent aux géants du Net.

Ils sont les Cyclopes et les Sirènes en même temps.

Bouche-toi les oreilles, enferme-toi.

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III Selina

Si tu me demandes de raconter l’histoire, alors je te dis que tout est allé trop vite, a duré trop peu — si bien que le souvenir n’a tout simplement pas pu mûrir.

Nous sommes allées dans sa chambre.

Elle l’appelait comme ça, mais ce n’était pas sa chambre, je m’en suis rendu compte.

C’était une cellule d’ermite ou bien une chambre d’hôtel de passe pour rencontres interdites.

Elle m’a embrassée.

Tu es comme un paysage, a-t-elle dit.

Je vais vous aimer tous, ici, dans cette chambre.

Mes baisers vous lieront à moi.

Tu es une belle femme, a-t-elle dit, fais quelque chose pour ce monde, le tien.

Bats-toi, passe le message.

Qu’un jour elle disparaîtrait tout simplement, je ne l’aurais jamais pensé.

Peut-être étions-nous trop tristes pour elle.

Trop ploucs.

Je crois que nous l’étions vraiment, nous dans notre petit pays, qui pensait être une exception dans ce monde.

Nous, sous l’arbre protecteur du Café Watter.

Je lui avais tout donné :

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« étendu retour à l’état sauvage d’aimé de part en part ton corps… » (Thomas Kling)

Mes parents prétendaient que nous avions quelque chose de religieux, que nous étions une secte.

« Ô toi, mer profonde où plus je plonge, plus je te trouve, et plus je te trouve, plus je te cherche. » (Catherine de Sienne)

Les gens disaient qu’elle avait été aperçue à la frontière polonaise. Chez cette fille qui demandait aux soldats de l’eau.

Peut-être que le souvenir de cette phrase d’elle est important, elle la disait souvent à voix haute, comme si elle chantait le passage favori d’une chanson : « La présence de la mort ne réclame pas un regard pessimiste, elle ne fait que nous inviter à briser encore plus nos jouets déjà brisés. »

Notre dernier dialogue dans la chambre.

Nous nous demandions pourquoi les milliardaires qui s’envolent dans le cosmos ne restent pas là-haut, au lieu de replonger dans la chair du monde et de continuer à la bouffer.

Le cosmos se moquait bien de leurs jouets et aussi de tout leur fric.

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IV Anina

J’étais tombée dans une spirale d’angoisse, sans vraiment comprendre quand cela avait commencé.

Tout semblait me remplir d’angoisse.

Ce que je faisais vraiment, je ne le savais pas.

J’étais comme quelqu’un de seul, la nuit, dans la forêt.

J’avançais, mais je ne savais pas au juste vers où et pourquoi.

C’est à peine si je pouvais distinguer quelque chose.

Ma seule certitude était l’angoisse. Elle partait dans tous les sens.

Mais la forêt n’était pas une vraie forêt. La forêt, c’était ma petite vie. La routine quotidienne.

Recherche la source de ta peur, m’avait proposé Saïd. Je ne trouvais pas une source unique, il y en avait mille, vers laquelle devais-je partir en pèlerinage ?

Je me rappelle encore parfaitement ce jour-là.

J’étais assise à une table sous le platane, là, au Watter, presque incapable de bouger, car je ne savais pas dans quel but.

C’est alors qu’elle m’est apparue, avec cette démarche rectiligne vraiment unique et, sur son visage rond, cette expression attentive, concentrée. Elle se tenait là, comme si elle était la principale dans une longue suite de subordonnées. Nous avons tous levé les yeux vers elle. Elle était tombée d’un coup dans notre vie.

Foudre, ange, météore.

Quelqu’un a raconté que nous l’avions regardée en extase ; elle nous serait apparue comme une sorte de brume.

SI LES FORÊTS NOUS QUITTENT 23
MAISON D'ÉDITION MARSEILLE www.heliotropismes.com

ANN PETRY L E D É T R O I T

« Vous venez souvent ici ? Sur le quai ? », demanda la fille

« Ouais »

Encore un silence. Puis elle dit : « Sacré brouillard, hein ? »

« Sacré brouillard », dit-il gravement Et maintenant je vais te rendre la monnaie de ta pièce, petite étrangère solitaire, tu vas payer pour t’être intéressée au mallogement et au crime – qu ’est-ce que tu as dit déjà ? – le lien entre mal-logement et criminalité. Grand Dieu. « Ouais, y a du brouillard. C’est une nuit parfaite pour les meurtres, les viols, et autres mauvaises actions nocturnes pour lesquelles on a besoin de se cacher »

Puis il dit poliment : « Vous vivez par ici ? »

« Non. J’habite de l’autre côté de la ville. Je suis descendue ici pour voir la rivière. »

R É S U M É

Monmouth, ville fictive du Connecticut. Abbie Crunch, une veuve préoccupée par les règles de bienséance de la classe moyenne noire, vit dans le quartier du Détroit avec son fils adoptif, Link Williams, un enfant dont elle n ’ a pas su s ’ occuper à la mort de son mari Link est un brillant diplômé de Dartmouth qui, en l'absence de meilleures opportunités, travaille dans un bar, Le «Last Chance» Un samedi soir après minuit, alors qu ’ un épais brouillard s'élève de la rivière Wye, Link porte secours à une personne victime d’une agression À sa grande surprise, il découvre en «Camilo» une jeune et riche femme blanche, qui s ’est aventurée dans le Détroit pour chasser l'ennui de sa vie Réunis par cette rencontre fortuite, Link et Camilo franchissent secrètement le fossé racial qui les sépare, défiant les préjugés sociaux en vigueur. Au fur et à mesure que le récit avance vers son dénouement tragique, Petry jette une lumière crue, mais riche de vérité, sur les dommages psychiques que les critères raciaux et sociétaux infligent aux vies humaines. Roman-fleuve, Le Détroit aborde de grandes questions, comme la nature réelle de la liberté, de la famille et de l’amour, dans une langue limpide et syncopée, qui offre une dimension cosmique à l’infime et annonce notamment la structure polyphonique des œuvres de Toni Morrison.

L ' A U T R I C E

Ann Petry est née en 1908 à Old Saybrook dans une famille de pharmaciens. Romancière et biographe, elle commence sa carrière comme journaliste à New York puis étudie la création littéraire à l'université Columbia. Elle est l’autrice de La Rue (The Street, 1946, premier livre écrit par une femme noire à dépasser un million de ventes aux Etats-Unis), Country Place (1947, non traduit) et Le Détroit (The Narrows, 1953), son ultime roman, considéré comme son chefd’œuvre

Longtemps perçue comme le pendant féminin de Richard Wright au sein du réalisme social de la Renaissance de Harlem, Ann Petry a consacré sa vie à la lutte contre la ségrégation et pour les droits des femmes noires Personnage secret, agacée par la célébrité, elle s ’efface progressivement des milieux littéraires dès les années 1960, jusqu’à son décès, en 1997.

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E D É T R O I T

ANN PETRY

Parution : septembre 2024

ISBN : 979-10-97210-15-1

EAN : 9791097210151

Format : 210 X 148 mm

Prix : 25€ TTC

Nombre de pages : 650

Traduction : Geneviève Knibielher

Préface : Claudine Raynaud

Postface : Jean-Christophe Cloutier

Dessins et graphisme : Carlos Chirivella Lopez

Créée en 2017 à Marseille, Héliotropismes est une maison d’édition qui publie de la littérature des marges et s’intéresse aux mémoires sociales qui gravitent en périphérie Elle porte une attention particulière aux récits-frontière qui retracent les expériences de l’exil, des marges sociales ou urbaines, sans aucune concession Qu’ils se situent à l'intersection de plusieurs thématiques sociales, qu’ils soulignent la spécificité de conditions marginales et l’interaction des catégories de différence, les textes que nous défendons ont pour vocation de se situer à la croisée des genres, d’où leur trajectoire éditoriale passée, parfois accidentée Notre maison d’édition fait le choix, au détriment d’une quelconque « identité » ou « ligne éditoriale » de mettre en avant la porosité, l’hybridité des genres littéraires et des sujets abordés Notre démarche consiste avant tout à se mettre au service d'auteur e s dont nous admirons la seule liberté possible

É L I O T R O P I S M E
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En librairie octobre 2024

Format : 14 x 21 cm

Pages : 176 p.

Reliure : broché, collé

rayon : Littérature traduite

Prix : 22 € / 28 CHF

ISBN : 978-2-8290-0693-7

PRÉSENTATION

Se sauver

Traduit de l’italien par Festa Molliqaj

DIFFUSION ET DISTRIBUTION SUISSE

Éditions d’en bas

Rue des Côtes-de-Montbenon 30

1003 Lausanne

021 323 39 18

contact@enbas.ch / www.enbas.net

DIFFUSION ET DISTRIBUTION FRANCE

Paon diffusion/SERENDIP livres

L’histoire racontée est celle de Giulia, une jeune Tessinoise de 23 ans, étudiante en histoire, des années 1990. Née dans un village de montagne isolé, elle est la seule de sa fratrie à fréquenter le gymnase (le lycée) et elle entame des études universitaires loin de sa famille Lors d’une visite à la maison, peu avant ses examens finaux, Giulia fait une tentative de suicide. Elle est internée dans une clinique psychiatrique Là, elle refuse toute aide au début et essaie plusieurs fois de s’enfuir. À force de patience et de dévouement, la psychiatre à l’esprit ouvert et le personnel de soins parviennent à se rapprocher de Giulia. Elle se confie à eux et commence enfin à se confronter à ses problèmes et à son histoire familiale. Elle est confrontée à la peur de l’hôpital psychiatrique et celle de se retrouver en dehors de celui-ci. Elle résiste à l’enfermement, à l’idée de devoir faire un travail sur elle. Puis, quand elle s’y attelle elle découvre qu’elle peut lâcher des choses et se découvrir et commence à apercevoir des choses de l’ordre du soulagement Le roman se déroule dans un univers sombre et fantasmagorique, mais également très lyrique avec, entre autres, les beautés de la nature.

AUTRICE

L’autrice est née dans le Val Maggia, au Tessin, en 1972. Après une formation d'infirmière, elle a travaillé dans une clinique psychiatrique. Pour son rès une équilibre, elle gardait, en parallèle, des chèvres avec un ami. Ap spécialisation et un séjour de plusieurs années à Genève, elle vit aujourd'hui, avec sa famille, dans la Vallée de Joux, dans le canton de Vaud. Pour son deuxième roman, Fuori per sempre, ici traduit, elle a reçu un Prix suisse de littérature en 2020.

Unefoislecoeurouvert,toutbascule:deprison,l'hôpitaldevientunberceau, etGiuliane voudraitplusrenonceràsachaleureuse protection. Ellenesesentpasprêteàaffrontersaproprefragilité,etlerisquedelavraie vie.

Aumilieudecetterésistance,AlexSandersfaitirruptiondanslasalle,toutfeu ettempête.

Celaapportelecharmedel'évasionirresponsable,etGiulianepeutpasrésister.

Paon diffusion – 44 rue Auguste Poullain – 93200 SAINT-DENIS

SERENDIP livres – 21 bis rue Arnold Géraux 93450 L'Île-St-Denis +33 140.38.18.14

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Elle se réveilla dans le blanc. Il fallait qu’elle sorte de là.

Dans la chambre voisine, quelqu’un était arrivé. Giulia avait entendu parler. Elle lança un « salut » au mur qui les séparait. Une voix masculine lui répondit. « Salut. »

« Eh toi, je suis enfermée ici, tu peux m’ouvrir la porte ? », demanda - t- elle.

« Moi aussi je suis enfermé. »

« Comment on fait pour sortir ? »

« Accepte tout », répondit la voix, « sois sage et dans deux jours tu seras dehors ».

Le lendemain, Giulia dit que l’isolement l’oppressait. Elle obtint trente minutes pour s’asseoir avec les autres au salon et les écouta converser, escortée par Marisa comme un prisonnier.

En se laissant tomber sur le matelas, elle dit à l’infirmière Je vous en prie, faites - moi sortir d’ici. Marisa parla de son bien - être, de protection, lui dit qu’elle sortirait bientôt, qu’elle tienne bon.

Elle revenait de temps en temps, s’asseyait un moment et elles parlaient. Giulia émergeait comme d’un sommeil et, pour se réchauffer de mots qui étaient sang , elle aurait confessé, pleuré et supplié, et elle était prête à jurer obéissance à l’indéterminé de leur vision thérapeutique, elle s’était même barricadée devant la porte pour empêcher l’infirmière de partir, mais rien n’y faisait, et la discussion se terminait toujours par le déclic de la serrure, ponctuel à intervalles réguliers, elle en était sûre, peu importe les révélations ou promesses qu’elle aurait faites.

Giulia était sur le point de sombrer dans une impuissance désespérée lorsque, le mercredi matin, alors qu’elle revenait dans la chambre en traînant ses pantoufles, elle aperçut Esteban juché dans le creux d’un gros hêtre.

Surprise, elle ne pouvait rien faire pour attirer son attention, mais une fois revenue dans la blancheur de la chambre d’isolement, Giulia réagit : il était là, Esteban était là, et elle était prisonnière. Elle frappa sur les parois jusqu’à ce que Daniele lui dise de se calmer, de se rappeler la stratégie, de ne jamais perdre de vue la stratégie, répéta - t- il, tiens le cap et ne t’échauffe pas, alors Giulia commença à réfléchir sérieusement à comment atteindre cette lumière qui brillait entre les branches.

Ce soir - là, dans le couloir, elle chuchota à un patient d’informer le garçon dans l’arbre que Giulia arrivait.

À la doctoresse Sortelli, elle déclara qu’elle comprenait les raisons de son internement, qu’elle devait rester et réfléchir, que les examens n’étaient pas la priorité, elle devait prendre soin d’elle. Elle comprenait tout et se sentait déjà mieux.

La psychiatre dit qu’elle était contente du changement et qu’on pouvait tenter un programme dans le service, mais avec prudence, dit- elle ; si elle s’agitait, elle retournerait en isolement. Elle lui souhaita un bon week - end et lui donna rendez - vous lundi. À l’équipe, elle dit de la tenir à l’œil.

L’après - midi, Giulia retourna au salon. Ils avaient décidé de la laisser en pyjama, qu’est - ce que ça pouvait bien lui foutre ? Elle se déplaçait au ralenti, faisait les cent pas, et s’affaissait partout où elle se posait : stratégie, pensait - elle, stratégie.

Vendredi matin, elle se déplaça presque en chancelant et s’affala dans un fauteuil près de l’entrée, jusqu’à ce que, à onze heures, sans se rendre compte de la menace qui feignait de somnoler enroulée dans sa robe de chambre, Verena ouvre la porte à un couple de parents en visite. Giulia se leva d’un bond et visa la lumière, joua des coudes au milieu des trois autres, s’élança sur les marches devant l’entrée et partit au galop sur la pelouse de l’hôpital, poursuivie par l’infirmière qui finit épuisée et pliée en deux, sans voix et hors d’haleine.

Depuis le creux du hêtre, Esteban vit Giulia filer du Mottino comme une flèche, en rose et en pantoufles, et se diriger vers les bois. Il vit l’infirmière exténuée assister à la fuite d’une patiente suicidaire en se mordant les lèvres et jubila. Il sauta de l’arbre et la rejoignit. Ils échangèrent un sourire tandis qu’ils couraient vers la voiture garée le long de la rivière.

ISBN : 9782493205070

© Perspective cavalière, 2024

Graphisme : Débora Bertol

Illustration : Christophe Merlin

Couverture souple avec rabats

12,9 x 19,8 cm

Randall Kenan

James Baldwin

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Étienne Gomez

Né à Harlem en 1924, mort à Saint-Paul-de-Vence en 1987, James Baldwin ne fut pas seulement l’un des grands essayistes et romanciers américains de son temps : il fut l’une des grandes figures du mouvement des droits civiques, et l’un des premiers Noirs américains à affirmer publiquement son homosexualité.

Randall Kenan retrace ici son itinéraire pas à pas, depuis sa jeunesse new-yorkaise auprès d’une mère divorcée et son ambition de devenir pasteur comme son beau-père jusqu’au succès littéraire international avec The Fire Next Time et Giovanni’s Room, depuis les rencontres avec Malcom X et Martin Luther King jusqu’à la désillusion sur les questions raciales aux États-Unis, ou encore depuis les séjours à Paris jusqu’aux retraites en Turquie puis en Provence.

Cette première biographie de James Baldwin publiée en français est aussi la première traduction française d’un livre de Randall Kenan, l’un de ses fils spirituels.

Date de publication : 4 octobre 2024

Contact presse & librairies : Distribution et diffusion :

Étienne Gomez

06 79 91 82 83

SERENDIP LIVRES

01 40 38 18 14 200 pages, 20 € editionsperspectivecavaliere@gmail.com contact@serendip-livres.fr

Résumé :

Le centenaire de la naissance de James Baldwin est marqué par diverses actions commémoratives comme la publication en mai des derniers textes encore non traduits en français (La Croix de la rédemption, trad. Valentine Leÿs-Legoupil et Romaric Vinet-Kammerer, Stock) et l’ouverture au printemps d’une médiathèque James-Baldwin dans le 19e arrondissement parisien.

Pourtant, il n’existe toujours pas de biographie de James Baldwin disponible en français, alors qu’il en existe trois en anglais : celles de W.J. Weatherby (James Baldwin: Artist on Fire, Dell Publ.) et de Randall Kenan (James Baldwin, Chelsea House Publ.), publiées la même année, en 1994, et celle de David A. Leeming (James Baldwin: A Biography, Arcade Publ.), publiée en 2015.

La biographie de Randall Kenan a la mérite d’être accessible à un large public : en 200 pages, avec près de 50 photos d’archives, l’auteur retrace la vie de James Baldwin d’une manière simple et abordable. Outre son intérêt général, cet ouvrage est ainsi parfaitement adapté pour le public jeunesse, pour les établissements scolaires, et pour les bibliothèques publiques.

Œuvre d’un fils spirituel de James Baldwin – Randall Kenan est lui-même un auteur noir américain homosexuel dont c’est ici la première œuvre traduite en français –, elle a inauguré la série « Lives of Notable Gay Men and Lesbians » lancée par Martin B. Duberman aux éditions Chelsea House.

#états-unis #newyork #harlem #1960 #1970 #égalité #mouvementdesdroitsciviques #malcolmx #martinlutherking #gay #bi #queer #LGBT

extrait n°1 noir, pauvre et homosexuel dans le Harlem des années 1940

le suicide de Worth, le départ à Paris et les premiers romans

Dans son esprit, c’était la société américaine qui dans son essence même contribuait à faire « couler » les Noirs, et il craignait d’être submergé par le genre de haine et de désespoir qui, en 1946, avait poussé Eugene Worth, son « meilleur ami », à se tuer en sautant du pont George-Washington. « Je savais ce qui allait m’arriver, dit Baldwin dans un entretien pour la Paris Review en 1984. Ma chance allait tourner. J’allais finir en prison, j’allais finir par tuer quelqu’un ou par me faire tuer. » Les mêmes forces qui avaient poussé son ami à l’autodestruction agissaient également sur lui : « Chercher un appartement. Chercher du travail. On commence par douter de son jugement, on commence à douter de tout. On devient imprécis. Et c’est là qu’on commence à couler. On est vaincu, et c’était délibéré. La société entière a décidé de faire en sorte qu’on ne soit rien. »

Non seulement le suicide de Worth illustrait à ses yeux ce que le climat social du pays avait de nocif, mais Baldwin éprouva une grande culpabilité à l’idée que son insensibilité, son insécurité et sa confusion quant à son homosexualité, en le conduisant à rejeter son ami, avaient contribué à son suicide autant que la pression sociale. Deux ans avant sa propre mort, Baldwin écrirait qu’ils n’avaient jamais été amants, ce qu’il regrettait, rappelant une discussion au cours de laquelle Worth, pour plaisanter, avait évoqué ses petites amies les unes après les autres et les sentiments qu’il avait eus pour chacune, ajoutant : « Je me demande si je ne suis pas amoureux de toi. »

Baldwin n’avait pas répondu à cette déclaration voilée, mais ce moment avec Worth l’avait marqué. « Je regrette de ne pas l’avoir entendu plus clairement : un aveu indirect est clairement un appel, écrivit-il dans Here Be Dragons. Mais j’allais blesser un tas de monde par mon inaptitude à m’imaginer qu’on puisse être amoureux d’un affreux garçon comme moi. » Sur le papier, Baldwin attribuerait son rejet à son manque d’estime de soi, mais on peut aussi le rapporter à sa confusion quant à son identité sexuelle. Son amitié avec Worth s’était nouée à une époque où, s’il s’en défendait, il cherchait encore à résoudre le problème de sa sexualité non seulement dans des relations avec des femmes, mais dans un espoir ultime de mariage. Weatherby note que Baldwin – geste qui n’avait sans doute rien d’anodin – jeta l’alliance qu’il avait achetée pour Grace [son ex-fiancée] dans l’Hudson « non loin de là » où Worth avait mis fin à ses jours.

Le deuil de Worth laisse aussi des traces dans la fiction de Baldwin. Dans Giovanni’s Room et Another Country, les deux romans qu’il écrivit après Go Tell It on the Mountain, qui était une exploration de son enfance et de son histoire familiale sur le mode fictionnel, il explora le thème des conséquences d’un amour contrarié. Dans les deux romans, l’exigence sociale et individuelle de conformisme sexuel contribue fortement au déroulement tragique des événements. Dans Un autre pays, un jeune homme noir du nom de Rufus Scott se tue en sautant du pont George-Washington ; si les pressions qui le terrassent sont essentiellement raciales, son meilleur ami, Vivaldo Moore, est rongé de culpabilité quant à sa mort, et il y a clairement un certain degré d’attirance sexuelle entre eux, qui, dans le cours du roman, entretiennent des liaisons avec des hommes comme avec des femmes. À un moment donné, Rufus va jusqu’à demander à Vivaldo : « Tu n’as jamais regretté de ne pas être homosexuel ? » Vivaldo lui répond que si, mais qu’il n’est pas homosexuel, une réponse que Rufus s’applique personnellement aussi, quoique peut-être pas en toute sincérité. […]

Dans son roman antérieur Giovanni’s Room, Baldwin liait de manière encore plus explicite le déni de l’homosexualité, le deuil de l’amour, et la mort. Giovanni, un barman italien à Paris, meurt tragiquement suite à l’échec de sa liaison avec David, un expatrié américain blanc. David, qui a passé sa jeunesse à refouler son attirance pour les hommes, vient tout juste de demander une jeune femme en mariage, mais pendant que celle-ci est en voyage et réfléchit, il tombe fou amoureux de Giovanni. Incapable de nier la profondeur et la sincérité de son attachement pour Giovanni (comme de celui de Giovanni pour lui), David est terrifié, non tant par ses sentiments que par le regard des autres, car, tôt dans sa vie, il avait décidé après un rapport sexuel avec son meilleur ami « de ne pas laisser de place dans l’univers à une chose qui me faisait peur et qui me faisait honte ». […] L’amour est ce qu’il est, rare, précieux, effrayant, et le rejeter a des conséquences terribles : David abandonne cruellement Giovanni comme il l’avait fait de son ami d’enfance. Après la mort tragique de Giovanni, David est incapable de réprimer son désir, et sa relation se termine lorsque sa fiancée découvre son secret. À la fin du roman, David, parce qu’il n’a pas eu le courage de reconnaître son homosexualité, est voué à une misère et à une solitude toujours plus profondes. […]

À en juger par les romans qui en sont clairement inspirés, le suicide de Worth a eu sur Baldwin un effet profond. C’est à travers la fiction que les romanciers expriment les inquiétudes les plus essentielles dans leur existence ; les deux premiers romans de Baldwin après le suicide de Worth […] évoquent une mort résultant,

au moins en partie, d’une incapacité à reconnaître la possibilité d’un amour sexuel entre hommes, incapacité dont Baldwin reconnaîtrait plus tard, quoique pour des raisons très différentes de celles de ses personnages, qu’elle avait fait partie de sa relation avec Worth.

On ne saura jamais si l’échec de Baldwin à répondre à l’« appel » de Worth avait lui-même un lien avec sa tentative de surmonter son angoisse quant à sa sexualité par le mariage – notons cependant qu’il écrivit dans The Northern Protestant, qui fut publié pour la première fois en 1960, que l’art est aussi une forme d’« aveu » indirect –, mais il est clair que les questions concernant son identité – en tant qu’auteur, en tant que Noir américain et en tant qu’homme – continuèrent de le troubler au point de lui inspirer une décision difficile : celle de quitter les États-Unis. « J’avais le sentiment de ne plus savoir qui j’étais, dit-il à Weatherby bien des années plus tard, si j’étais vraiment un Noir ou un Blanc, si j’étais vraiment un homme ou une femme, si j’étais vraiment un auteur talentueux ou un imposteur, si j’étais vraiment fort ou seulement obstiné… Pour survivre, il fallait que je reprenne mes esprits, et mon seul espoir pour y parvenir était de quitter l’Amérique. » Lorsque Jordan Elgrably, le reporter de la Paris Review, lui demanda en 1984 ce qui l’avait poussé à quitter les ÉtatsUnis, il évoqua la condition des Noirs et le suicide de Worth.

Avec ce qui lui restait de la subvention de la fondation Rosenwald – il en avait donné la majeure partie à sa mère –, Baldwin acheta ainsi un aller simple pour Paris. Si la capitale française était un lieu de ralliement traditionnel pour les artistes américains expatriés, noirs et blancs, dans l’esprit de Baldwin la destination avait moins d’importance que le départ. « Ce n’était pas tant un choix de vivre en France, dit-il à Elgrably, qu’un choix de quitter l’Amérique. »

Il quitta New York le 11 novembre 1948 avec seulement 40 dollars en poche, sans réel projet pour gagner sa vie.

extrait n°2 les émeutes raciales des années 1960 la crise d’Oxford,

la campagne de Birmingham et l’entrevue avec Robert Kennedy

Baldwin avait beau se proclamer artiste avant tout, il était clairement considéré comme un porte-parole –et comme une célébrité. Lorsqu’il fit une tournée de conférences dans le Sud, notamment à Oxford en soutien moral à James Meredith, un jeune Noir dont la tentative d’inscription à l’université du Mississippi, jusque-là exclusivement blanche, avait provoqué des émeutes à l’automne 1962 au point que le président John F. Kennedy avait dû envoyer 20 000 soldats de l’armée fédérale pour maintenir la paix et assurer sa protection, le magazine Life envoya un reporter pour le suivre dans ses moindres mouvements. « Il est du dernier chic de connaître assez bien James Baldwin pour l’appeler Jimmy », écrivit celui-ci une fois revenu à New York. Nombreux étaient ceux qui revendiquaient ce privilège : l’existence new-yorkaise de Baldwin semblait être un tourbillon ininterrompu de soirées dans les bars et les restaurants avec de larges groupes d’amis qui, immanquablement, poursuivaient la fête jusqu’aux premières lueurs du jour dans son appartement de Greenwich Village. Baldwin était « le roi de la jungle littéraire », notait le reporter.

La crise d’Oxford avait secoué l’administration Kennedy, qui, jusqu’à la flambée de violence sur le campus d’« Ole Miss », n’avait pas mesuré à quel point les notions de supériorité blanche et de ségrégation étaient profondément ancrées dans la culture blanche des États du Sud. Les événements survenus dans le Mississippi poussèrent le président Kennedy à présenter un projet de loi devant le Congrès en février 1963, mais les chefs du mouvement des droits civiques et les Noirs des États-Unis, tout en reconnaissant que l’administration Kennedy avait fait davantage en la matière que toutes celles qui l’avaient précédé, continuaient à penser que le gouvernement fédéral pouvait s’engager avec plus de force en faveur de l’égalité raciale. Leur frustration augmenta, de même que l’étonnement de l’administration Kennedy et de nombreux Blancs favorables au mouvement, lorsque, mi 1963, la police de Birmingham, dans l’Alabama, réprima des enfants noirs qui manifestaient pacifiquement contre la ségrégation en braquant sur eux des lances à incendie et en lâchant les chiens.

Intéressé par le point de vue de Noirs sur cette situation, Robert Kennedy, procureur général des ÉtatsUnis dans l’administration de son frère et représentant du gouvernement chargé des droits civiques, invita Baldwin à venir le rencontrer dans son appartement new-yorkais le 24 mai 1963 avec un ensemble de

personnalités noires américaines pour discuter de questions raciales et plus particulièrement des ghettos dans les États du Nord. Kennedy et Baldwin s’étaient rencontrés l’année précédente à l’occasion d’un dîner à la Maison-Blanche pour des lauréats du prix Nobel auquel l’auteur avait été invité, et ils s’étaient bien entendus ; Kennedy partait du principe qu’avec son enfance à Harlem, Baldwin avait un point de vue sur les problèmes raciaux dans les États du du Nord.

Baldwin réunit un impressionnant panel d’éminents Noirs américains : Kenneth Clark, éducateur et psychologue ; Edwin Berry, directeur de la Chicago Urban League ; Clarence Jones, un des avocats de Martin Luther King ; Lorraine Hansberry, la dramaturge renommée ; Lena Horne, chanteuse et actrice ; Harry Belafonte, chanteur et acteur ; et Jerome Smith, un jeune activiste noir qui avait été gravement molesté pour avoir pris part aux manifestations pour les droits civiques dans le Sud. De manière significative, si chacun avait soutenu le mouvement des droits civiques jusqu’à un certain point, aucun n’en était réellement une figure dominante. L’entrevue ayant été organisée en très peu de temps, King, invité, n’avait pas pu venir, et avait prié Clark de le représenter. Plusieurs des participants noirs se demandèrent cependant pourquoi Kennedy n’avait pas invité davantage de chefs du mouvement des droits civiques si son intérêt pour les questions raciales était sincère.

Kennedy était pour sa part accompagné de Burke Marshall, l’un de ses principaux bras droits, dans ce que Clark présenta par la suite comme « la réunion la plus intense, la plus traumatique à laquelle j’aie jamais participé… l’échange le plus brut entre adultes, face à face, à mains nues… la plus dramatique des expériences que j’aie jamais eue… » (Le meilleur récit de cette entrevue a été donné par Arthur Schlesinger dans Robert Kennedy and His Times). Kennedy semblait s’être attendu à une discussion mesurée et raisonnée sur des points de stratégie, appuyée sur des analyses statistiques et sur des propositions concrètes, mais Baldwin et une bonne partie de ceux qui l’accompagnaient avaient autre chose en tête : ils voulaient témoigner de la condition des Noirs aux État-Unis à cette époque, et mettre en évidence toute l’ampleur de la frustration et de l’émotion de la communauté noire face à la résistance de l’Amérique blanche vis-à-vis de leurs appels à la justice.

Kennedy n’était pas tout à fait prêt à entendre un tel message. Smith, qui portait encore les marques et les cicatrices de la répression des Freedom Riders dans le Sud, commença par bredouiller que le besoin même d’un tel rendez-vous le rendait malade. Selon lui, les injustices et les inégalités du genre de celles qu’il avait contestées au risque de sa vie n’avaient pas leur place dans la société américaine, et le gouvernement avait déjà beaucoup trop tardé à y mettre fin. Kennedy, interprétant ce discours comme une attaque personnelle, devint encore plus défensif lorsque Smith, pacifiste convaincu, ajouta qu’il en arrivait au point (et il sousentendait que de nombreux Noirs en étaient au même point que lui) où il ne pourrait plus s’engager à la nonviolence : « Quand j’appuierai sur la détente, adieu la vie ! » s’écria-t-il. C’était la prédiction de The Fire Next Time incarnée par un jeune homme qui revenait de la ligne de front, qui avait souffert dans sa chair de son engagement pour la non-violence et qui ne voyait plus de solution pacifique au problème racial américain. Smith acheva de terrifier Kennedy en répondant à une question de Baldwin que « jamais ! jamais ! jamais ! » il ne se battrait pour son pays.

Stupéfait par la véhémence de Smith et par cette manifestation d’un degré d’émotion et d’expérience à ce point étranger au sien, Kennedy réagit comme s’il avait été victime d’une agression. Il reprocha au jeune militant son manque de patriotisme, défendit l’engagement de son administration en faveur des droits civiques, et essaya d’orienter la conversation vers des points de stratégie. Mais Smith le fit taire dans ce que Clark présenta par la suite comme « vraiment l’une des agressions verbales les plus violentes… dont j’aie jamais été témoin, que ce soit avant ou depuis ». Les autres Noirs présents à l’entrevue prirent sa défense. Il essayèrent de faire comprendre à Kennedy que Smith n’avait fait qu’exprimer la réalité du sentiment des Noirs aux ÉtatsUnis, une réalité plus significative et plus vraie que tous les rapports statistiques et toutes les propositions stratégiques, qu’il fallait que les Blancs comprennent pour qu’un vrai changement soit possible. « Ce garçon n’avait fait que dire les choses telles qu’elles étaient, dit Lena Horne. Il avait exprimé la souffrance brute, essentielle, liée au fait d’être noir. » Lorraine Hansberry implora Kennedy de faire l’effort d’entendre ce que disait Smith, invoquant encore une fois The Fire Next Time et affirmant qu’il était illusoire de croire que les Noirs resteraient non-violents : « Écoutez, si même vous, vous ne pouvez pas comprendre ce que dit ce jeune homme, nous n’avons plus aucun espoir, car vous et votre frère, vous représentez ce que l’Amérique a de mieux à offrir ; donc, si même vous, vous êtes insensible à ça, il n’y a pas d’alternative à part les émeutes… le chaos. » Baldwin suggéra que le président Kennedy fasse le geste fort d’escorter dans leurs classes les deux étudiants noirs qui avaient essayé d’intégrer l’université d’Alabama malgré l’opposition du gouverneur George Wallace et d’un large pourcentage de la population blanche de l’État. Kennedy rejeta cette idée, la qualifiant, selon Schlesinger, de « posture théâtrale ».

La discussion se poursuivit ainsi, le groupe de Baldwin devenant toujours plus enflammé tandis que Kennedy, d’abord « pourpre » de rage, se montra selon Clark de plus en plus « silencieux et tendu ». Au bout de trois heures éreintantes, la réunion prit fin et les deux groupes se séparèrent avec un sentiment de désespoir, la crainte générale étant que ce qui venait de se produire avait montré ni plus ni moins que le fossé entre les expériences et conceptions des Noirs et celles des Blancs était trop important pour pouvoir être comblé, même par les mieux intentionnés des alliés potentiels. Selon Baldwin, Kennedy « ne comprenait pas ce que nous essayions de lui dire… ne comprenait pas notre urgence », tandis que le sentiment de Clark était « que toute cette affaire n’avait servi à rien ; qu’il n’y avait aucune chance pour que [Kennedy] ait compris quoi que ce soit à ce qu’on avait dit. [Il] n’avait pas été médiocre. Il n’avait pas minimisé ni ne s’était montré condescendant. Mais il n’avait tout simplement pas donné l’impression de comprendre. » De son côté, Kennedy avait l’impression que la délégation de Baldwin n’avait pas montré d’intérêt pour un dialogue sincère, pour des propositions concrètes. « On aurait dit qu’ils étaient possédés, dit-il à Schlesinger. Ils faisaient bloc. Il était impossible d’établir un contact avec eux. » Mais, selon Clark, sa délégation avait été « choquée que [Kennedy] soit choqué » par l’ardeur de leur propos. Les preuves que leur sentiment était partagé abondaient dans tout le pays : au cours des dix semaines qui suivirent la campagne de Birmingham, période au cours de laquelle eut lieu le rendez-vous, il y eut non moins de 758 manifestations pour les droits civiques dans 158 villes américaines différentes, et 14 733 militants furent arrêtés.

de la mort de Malcolm X à la mort de Martin Luther King

Baldwin apprit l’assassinat de Malcolm alors qu’il était à Londres et, sans surprise, accueillit la nouvelle avec grande émotion. Les assassins faisaient partie de Nation of Islam, qui avait menacé Malcolm depuis sa rupture avec l’organisation, mais, pour Baldwin, l’identité de l’assassin avait moins d’importance que le climat de haine raciale ancien qui avait rendu possible un tel acte. « La main qui a appuyé sur la détente n’est pas celle qui acheté la balle, déclara-t-il à la presse londonienne. Cette balle a été forgée au creuset de l’Occident, cette mort a été dictée par le complot le plus efficace dans l’histoire de l’humanité, et son nom est suprématie blanche. » Il accusa des innocents de l’assassinat de Malcolm, et ses commentaires furent considérés comme un exemple supplémentaire de l’extrémisme croissant qui lui était attribué.

Mais pour les jeunes leaders, de plus en plus militants, du mouvement des droits civiques – ceux qui, comme Stokely Carmichael, le nouveau chef du SNCC [Student Nonviolent Coordinating Committee], prônaient la vertu du « black power », et les Black Panthers en tenue de cuir, les « Sons of Malcolm » qui paradaient avec fusils et bérets –, il était encore trop modéré, de plus en plus décalé, un fossile. S’il soutenait publiquement les Black Panthers, qui voyaient dans le comportement de la société blanche une déclaration de guerre envers les Noirs, qui citaient l’adage de Mao Zedong selon lequel « tout pouvoir politique provient du canon d’un fusil », et qui appelaient les Noirs à prendre les armes contre l’oppression policière, le parti, à commencer par Eldridge Cleaver, « ministre de l’Information », ne lui retournait pas toujours sa considération. Dans un essai intitulé Notes on a Native Son, publié à l’origine dans le magazine Ramparts puis dans son best-seller Soul on Ice en 1968, Cleaver critiqua l’œuvre de Baldwin, contrepartie littéraire à ses yeux des stratégies autodestructrices et des compromis inutiles de King, et présenta son homosexualité comme l’équivalent d’un « suicide racial ». Il lui reprochait une haine de soi et des autres Noirs, le qualifiant de « honteux », de « rampant » et d’« efféminé », et affirmant qu’il tremblait devant les « vrais hommes ». La réponse de Baldwin fut modérée : « Tout ce qu’a fait ce petit soldat, c’est me traiter d’homosexuel », dit-il à Weatherby, tandis que dans No Name in the Street, il exprima une admiration globale pour Soul on Ice, qualifiant Cleaver de penseur « précieux et rare ». La critique était néanmoins amère. Moins de cinq ans après sa consécration en tant que voix littéraire militante de l’Amérique noire, Baldwin était rejeté par la jeune génération.

En plus de ce décalage politique, Baldwin eut l’occasion de constater que son œuvre était moins bien reçue que par le passé. Plus de dix ans après sa rédaction, sa pièce The Amen Corner fut enfin montée à Broadway, mais les critiques furent médiocres et les représentations furent vite abandonnées. En juin 1968, son nouveau roman Tell Me How Long the Train’s Been Gone, achevé tant bien que mal dans le tourbillon de sa vie privée et de ses engagements publics, fut publié par Dial Press. L’histoire de Leo Proudhammer, acteur noir bisexuel issu d’un milieu pauvre, était aux yeux de Baldwin une étude sur la rançon du succès et sur le « jeu de la

n°3
extrait

célébrité » dans lequel il se trouvait lui-même empêtré. Mais, si le livre fut qualifié de « chef-d’œuvre » dans Commentary, les critiques d’une manière générale furent féroces. On reprocha à Baldwin d’avoir écrit un roman autocentré et hors-sujet, polémique et à thèse, avec des personnages unidimensionnels et un style étonnamment lourd.

Baldwin attribua ces critiques à un biais politique – vers la fin du roman, un jeune militant noir appelé Black Christopher s’écrie : « Aux armes ! » – mais il était clair qu’une certaine fougue avait disparu de ses écrits. À la surprise de ses éditeurs, il avait manifesté peu d’intérêt vis-à-vis de leurs suggestions, et il avait fini par leur dire de faire ce qu’ils voulaient de son manuscrit. Au moment de la publication, la réception du livre était passée bien loin à l’arrière-plan de ses préoccupations, car – même si la rage et la frustration de Black Christopher lui paraissaient plus compréhensibles que jamais – il était accablé par l’émotion depuis l’assassinat, deux mois plus tôt, de Martin Luther King. Lorsqu’il apprit la nouvelle de la tragédie, à Palm Springs en Californie où il essayait – vainement – de rédiger un scénario inspiré de la vie de Malcolm X, il tomba aussitôt en larmes, « plus de rage impuissante que de chagrin », dit-il à Weatherby. La mort de King l’anéantit presque entièrement. Si une question « de circonstances, sinon de caractère » les avait empêchés d’entretenir une amitié sincère, il avait eu un grand « respect » et une grande « affection » pour le leader des droits civiques, et l’idée de ce que son assassinat signifiait pour l’Amérique le jeta dans le désespoir. Le pays fut submergé par une vague d’émeutes, les Noirs défoulant leur rage impuissante ; le plus apprécié des partisans de la non-violence avait été tué, et voilà qu’étrangement, la violence se chargeait de sens pour tant d’entre eux qui avaient toujours tendu l’autre joue. Aucun autre événement n’avait à ce point exposé Baldwin à la tentation de l’amertume et du désespoir qu’il avait consacré sa vie à surmonter ; dans No Name in the Street, il irait jusqu’à reformuler le défi qu’il s’était lancé bien des années plus tôt dans les paragraphes de conclusion de Notes of a Native Son, à savoir choisir entre acceptation « de la vie telle qu’elle est, et des hommes tels qu’ils sont » et opposition à l’injustice : « Peut-être encore plus que la mort ellemême, la façon dont il était mort m’avait poussé à un jugement sur la vie humaine et sur les êtres humains que j’avais toujours eu des réticences à faire : incontestablement, hélas, la plupart des gens ne valent pas grandchose ; et pourtant, chaque être humain est un miracle sans précédent. »

« Presque tout ce qu’il avait d’espoir est mort avec King, dit l’acteur Billy Dee Williams, un ami proche, chez qui Baldwin se trouvait lorsqu’il apprit la nouvelle ; d’autres amis, comme Kenneth Clark et Bayard Rustin, eurent des propos similaires sur le changement qui s’opéra en lui après ce drame. L’âge le marqua comme du jour au lendemain, sa consommation d’alcool augmenta encore, et il prenait souvent des tranquillisants pour trouver le sommeil. Son chagrin et son désespoir étaient palpables ; lui qui avait toujours aimé le débat éclairé se montrait souvent polémique et véhément dans la conversation et faisait parfois des remarques intempestives en entretien, comme lorsqu’il affirma que l’Amérique blanche avait engagé un programme d’extermination des Noirs semblable à l’Holocauste. Pendant un certain temps, il fut incapable d’écrire, et l’écriture resterait pour lui extrêmement difficile jusqu’au bout. En deuil et en proie à un profond désarroi, il quitta le pays une nouvelle fois peu après l’enterrement de King. Plus jamais il ne vivrait aux ÉtatsUnis.

« Un aperçu tout en nuances sur une personnalité fascinante… Un portrait vivant et intelligent… » — Kirkus Reviews, 1994

Randall Kenan (Brooklyn, 1963, Hillsborough, 2020) est un auteur américain.

A Visitation of Spirits, Grove Press, 1989

Let the Dead Bury Their Dead, Harcourt, Brace, 1992

A Time Not Here: The Mississippi Delta, Twin Palms Publishers, 1997

Walking on Water: Black American Lives at the Turn of the Twenty-First Century, Alfred A. Knopf, 1999, sélection du Southern Book Award

The Fire This Time, Melville House Publishing, 2007

If I Had Two Wings, W. W. Norton & Company, 2020, sélection du National Book Award

Black Folk Could Fly: Selected Writings, W. W. Norton & Company, 2022

En librairie novembre 2024

Format : 14 x 21 cm

Pages : 146 p.

Reliure : broché, collé

rayon : Littérature traduite

Prix : 20 € / 26 CHF

ISBN : 978-2-8290-0676-0

DIFFUSION ETDISTRIBUTION SUISSE

Éditions d’en bas

Rue des Côtes-de-Montbenon 30

1003 Lausanne

021 323 39 18

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Immédiatement, plus tard, demain

Traduit de l’allemand par Camille Logoz

PRÉSENTATION

Le facteur traverse chaque jour un quartier zurichois. Un quartier avec un lotissement comme on en trouve dans de nombreux endroits à travers le monde. Il conduit ce circuit sous le soleil, la neige ou la pluie. Il essaie d'être un bon facteur jour après jour. Et une bonne personne qui se soucie de ceux qui l'entourent. Dans sa fonction de porteur de bonnes et de mauvaises nouvelles, il devient le gardien des secrets, dont la compassion l'amène à vouloir aider les gens de la colonie. Au début, il veut juste se rapprocher de Lauriane. Il les voit tous les jours lors de ses tournées de livraison, mais malheureusement jamais en dehors de leurs cadres de fenêtres.

Plus le facteur s'intéresse aux préoccupations des gens du quartier, plus elles deviennent les siennes…

Il s'empêtre de plus en plus dans les histoires des résidents individuels, et quand il se rend compte que tout devient trop lourd pour lui, il est déjà trop tard pour qu'il y ait une issue facile pour lui.

AUTEUR

Thomas Pfenninger, né en 1984, a grandi à Zurich et vit aujourd’hui à Berne. À côté de son activité d’auteur et de concepteur-rédacteur indépendant, il exerce en tant que porte-parole ou chargé de communication pour différentes entreprises à Zurich, Berlin et Berne.

DIFFUSION ET DISTRIBUTION FRANCE

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Collection Au Cœur

Au coeur du texte, une illustration originale pour exprimer visuellement son essence pour faire résonner les sensibilités, les idées, les temporalités.

Des formats courts et percutants

Des outils pour aborder la pensée d’une autrice

Des concepts-clés exposés en toutes lettres

Des poèmes à lire, à déclamer, à écrire en lettres capitales

Des discours fondateurs, marqueurs de prises de paroles importantes

Des objets graphiques et illustrés

Des femmes engagées, qui ont mis leur parole en action

Collection Au Cœur

La collection Au Cœur est dédiée à des textes de format court, illustrés au coeur. Nouvelles, poèmes, discours, lettres, articles, etc. : ces textes permettent une plongée inédite dans un univers littéraire, en en révélant un aspect saillant, novateur ou peu connu des écrivaines, poétesses et militantes choisies.

Pour les personnes impatient·es d’aller au vif de la pensée féministe, pour cell·eux à la recherche de clés de compréhension d’un monde en mutation, pour les amateur·ices de beaux livres, pour les curieux·ses de tout bord, désireux·ses d’appréhender des autrices sans avoir jamais osé s’y plonger...

4 titres pour lancer la collection, à paraître entre l’automne 2024 et le printemps 2025.

Au centre du texte :

une illustration à déplier en accordéon ou une affiche à détacher ou un jeu graphique mettant en valeur l’idée centrale du texte....

Une maquette dynamique et percutante, pour faire ressortir le style et les idées phares de chaque texte, signée par une graphiste de la région : Audrey Voydeville.

Véritable objet d’exposition, au travail éditorial soigné et au prix accessible, la particularité de chaque livre se trouvera en son centre, une surprise visuelle, un cadeau graphique à découvrir au cœur du texte.

Collection Au Cœur

11-13 € / 40 p. / 14 x 20 cm tirage: 1000 ex. parution : octobre 2024 978-2-493324-06-1

• une nouvelle de science-fiction inédite

• une pensée féministe pionnière et révolutionnaire

• illustration par irène tardif

• un éclairage historique et personnel par sophie cœuré, historienne

Bientôt, dans 48 ans

une nouvelle inédite de science-fiction par alexandra kollontaï, figure pionnière des révolutions russes.

Surtout connue pour ses écrits politiques (discours, manifestes, etc.), Kollontaï a également écrit quelques fictions qui avaient pour but de populariser ses idées. Le recueil L’Amour Libre (Les Prouesses, 2022) en rassemblait six, sur le thème de l’amour comme sujet politique.

Bientôt, dans 48 ans est écrite en 1922. Cette nouvelle imagine le monde en 1970, une fois le communisme advenu. La jeunesse d’alors est curieuse du passé, mais se prépare surtout à embrasser sa propre révolution : la conquête du ciel.

Un ovni littéraire détonant et incroyablement visionnaire !

Alexandra Kollontai (1872-1952)

Figure des révolutions russes, Alexandra Kollontaï a fait du droit des femmes un enjeu majeur du socialisme et a œuvré pour des réformes pionnières en leur faveur. Elle est également connue pour avoir théorisé « l’amourcamaraderie » : une éthique des relations amoureuses permettant une véritable émancipation des femmes et l’avènement de la révolution socialiste, avec ses hommes et ses femmes « nouveaux·elles ».

couverture provisoire

Collection

Au Cœur

Alexandra Kollontaï, Bientôt, dans 48 ans

Le visuel intérieur

Ci contre : croquis préparatoires à une illustration originale par Irène Tardif, à partir des anciennes affiches de propagande russe (ci-dessous). Imprimée sur papier de création.

Carte détachable, 21 x 29,7 cm.

« De nouveaux défis, grandioses et inimaginables, se posaient tout naturellement aux hommes et femmes nouvelles, car l’esprit humain n’était-il pas fait d’une curiosité avide et intranquille ? »

Collection Au Cœur

Alexandra Kollontaï, Bientôt, dans 48 ans

La Grand-Mère Rouge souhaitait que les jeunes comprennent toute la grandeur de ce passé de lutte sociale : l’ultime et sanglante lutte des classes.

Mais ceux-ci écoutaient les vétérans comme ils avaient un jour écouté les légendes de la Nativité.

Les capitaux, le profit, la propriété privée, et même le Front, même la Tcheka et les Mechotchniki, les « escadrons-barrières » : tout cela appartenait à l’Histoire ancienne, des mots surannés que les enfants apprenaient à l’école au chapitre des « Grandes Années de la Révolution ».

Désormais c’était là-haut, dans l’espace étoilé, vers leurs aspirations, qu’était dirigé le regard de la jeunesse communiste mondiale. Elle ne pouvait comprendre la grandeur des rébellions passées. Elle ne pouvait comprendre les joies et les tremblements suscités par ce qui fut le destin de la Révolution.

— Et toi, Grand-Mère Rouge, tu as déjà tiré sur quelqu’un ? Quelqu’un de vivant ?

Les garçons de la Commune ouvraient des yeux étonnés. On y lisait le reproche, la perplexité… Tirer sur des gens vivants ? Et le caractère sacré de la vie ?

— Mais nous aussi, nous allions droit à la mort ! Nous étions prêts à tout sacrifier pour la Révolution, se justifiait la Grand-Mère Rouge.

— Comme nous pour notre Commune, répondit fièrement d’une seule voix la jeunesse.

La Grand-Mère se tut… comme la vie avait filé ! Les Grandes Années avaient cessé d’être une « histoire vraie ». Elles n’embraseraient plus le cœur des manifestants sur les barricades, durant le « dernier combat décisif » mené à travers le monde. La question socialiste était résolue. L’idée du communisme s’était finalement imposée. L’humanité était libérée de l’esclavage, du salariat. Finie la contrainte de travailler au-delà de ses forces. Brisées les chaînes de la dépendance matérielle. Terminée la lutte pour gagner son pain quotidien.

[...]
Extrait

Collection Au Cœur

11-13 € / 48 p. / 14,8 x 21 cm

tirage : 1000 ex. parution : octobre 2024 isbn : 978-2-493324-078

• un mouvement féministe d’une extrême vitalité

• une poésie vivante, radicale et joyeuse

• surprise visuelle : une afffiche typographique percutante

Comment baise une poétesse et autres manifestes

cinq manifestes d’aujourd’hui, une entrée poétique dans le féminisme péruvien

« Mamita, si tu veux, je te ferai un autre enfant (dans la rue, enceinte de cinq mois).

Tu ne penses pas que je pourrais t’utiliser ?

Vous n’avez pas quelque chose de plus féminin, des poèmes sur l’amour, la famille, la maternité ?

Ce n’est pas comme ça que les femmes marchent...

Feminazi à l’attaque. Sale pute ! »

Comment baise une poétesse est un manifeste né des insultes récoltées dans la rue, au supermarché ou à l’université par des femmes au Pérou. Véritable précis de sexisme ordinaire, mis en scène avec humour et une grande force poétique, ce premier manifeste a ouvert la voix à la rédaction de quatre autres textes, traduits en français et réunis ici pour la première fois !

Le Comando Plath est né de la lassitude. Lassitude d’être stéréotypé•es, lassitude d’être rendu•es invisibles, violé•es et ridiculisé•es. C’est un groupe de femmes écrivain•es, artistes et intellectuel•les, lesbiennes, trans, mères, soumises ou rebelles. Le Commando, c’est nous toutes et tous. Il est né au Pérou en 2017 en l’honneur de Sylvia Plath, de Berta García Faet, de la vérité rétablie et entendue, pour redonner à chacun•e la liberté de s’exprimer.

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Commando
couverture provisoire
Plath

Collection Au Cœur

Commando Plath, Comment baise une poétesse

Le visuel intérieur

Inspirations :

Une affiche typographique reprenant une partie d’un manifeste, inspirée des affiches militantes de la rue.

Imprimée sur papier de création.

Carte détachable, 21 x 29,7 cm.

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Collection Au Cœur

Commando Plath, Comment baise une poétesse

Deuxième manifeste : Le moi lyrique hurlera tant qu’il vivra dans un pays de violeurs

Le moi lyrique veut écrire ce qu’il veut et ne pas s’entendre demander : pourquoi ne parlestu pas du corps, ou pourquoi ne parles-tu que du corps ?

Le moi lyrique rit quand ils pensent l’insulter en criant « féministe » !

Le moi lyrique se souvient qu’il doit acheter du lait alors qu’il lit un poème au Metropolitan.

Le moi lyrique se prélasse dans l’immensité joyeuse de son corps, il n’a pas besoin d’intermédiaires.

Troisième manifeste : Je ne suis pas ta chienne

Je ne suis pas votre sac d’os

Je ne suis pas ta bouffonnerie féministe

Je ne suis pas ton garçon manqué

Je ne suis pas ton œstrogène

Je ne suis pas votre hystérique

Je ne suis pas votre « je suis sûre que vous avez vos règles »

Je ne suis pas votre femme fantôme

Je ne suis pas votre charme

Je ne suis pas votre infirmière

Je ne suis pas votre « sainte mère »

3
[...]
[...]
Extrait

Collection Au Cœur

Commando Plath, Comment baise une poétesse

Extrait

Quatrième manifeste : Moi aussi je suis une commère terroriste

Je ne veux pas non plus que tu m’envoies des photos de ton pénis alors que je ne te l’ai pas demandé.

J’en ai aussi marre que tu me cries dessus quand je t’engueule parce que tu m’as croisé avec ta voiture.

Je ne supporte pas non plus que tu te réfugies derrière notre amitié pour te comporter comme un con.

Moi aussi, j’en ai assez que vous m’expliquiez ce que je dois ressentir face à une agression.

Mesdames, je suis aussi avec les Françaises, oui, « balance ton porc ».

Cinquième manifeste : Pourquoi nous arrêtons-nous ? Pourquoi marchons-nous ? Pourquoi nous levons-nous ?

J’imagine un monde où les femmes ne sont pas sous-estimées parce qu’elles sont des femmes, où les femmes indigènes ne sont pas considérées comme des citoyennes de seconde zone ; un pays, mon pays, où les travaux domestiques et de nettoyage ne sont pas effectués uniquement par des femmes sous des salaires détestables.

J’imagine des femmes qui ouvrent les yeux, brisent les chaînes et sont capables de prouver leur propre force.

J’imagine un monde où les choses sont appelées par leur nom : (violer et tuer des femmes s’appelle

FÉMINICIDE, écoutez ça !)

4
[...]
[...]

demain les flammes patrimoine littéraire

ean : 9782492667060

Parution : mai 2023

Pagination : 160 p.

format : 11,5 x 17,8 cm

Prix : 13 €

Couverture sérigraphiée

Traduction inédite

Postface inédite de l’auteur

Penny rimbAud

Le

dernier

des hippies

Une romance hystérique

Traduit de l’anglais par Manu Gueguen

Un classique de la littérature punk

En 1975 décédait Wally Hope. Ce doux hippie rêveur était un pionnier de l’organisation des festivals libres – notamment celui, mythique, de Stonehenge – qui égayèrent les années 1970 britanniques et effrayèrent jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Suicide pour les uns, assassinat pour les autres, sa mort reste aujourd’hui encore un mystère.

Dans ce texte effréné publié en 1982, Penny Rimbaud, cofondateur du groupe punk Crass, rend hommage à son ami parti trop tôt et pointe du doigt la responsabilité de l’État. Tout à la fois manifeste anarchiste, brûlot de la contre-culture, cri de douleur et appel à l’insurrection non violente, Le Dernier des hippies est un classique de la littérature punk enfin disponible en français.

Penny Rimbaud, né en 1943, est un écrivain, poète et musicien britannique. Il a cofondé le groupe anarcho-punk Crass en 1977, qui s’est autodissout en 1984. Il a publié Le Dernier des hippies pour la première fois dans le disque Christ – The Album de Crass.

demain les flammes

43, rue de Bayard / 31000 Toulouse contact@demainlesflammes.fr / demainlesflammes.fr

prix : 16 € tirage : 1000 ex. parution : 4 novembre 2022 format : 12 x 20,5 cm pagination : 144 pp.

ISBN : 978-2-493324-03-0

Contact

Zoé Monti-Makouvia editions@lesprouesses.fr

06 20 30 32 37 www.lesprouesses.fr

ÉVÉNEMENT ! ALEXANDRA KOLLONTAÏ, FÉMINISTE ET CAMARADE DE ROUTE DE LÉNINE, RACONTE L’AMOUR AU TEMPS DU BOLCHÉVISME...

L’Amour libre

« Ce qui vous étonne le plus, c’est que je fasse l’amour avec des hommes simplement parce qu’ils me plaisent, sans attendre de tomber amoureuse ? Mais voyez-vous, pour ‘‘tomber amoureuse’’, il faut des loisirs ; j’ai lu beaucoup de romans et je sais ce que cela prend de temps et de force que d’être amoureuse. Moi, je n’en ai pas le temps. »

Au lendemain de la révolution d’Octobre, les héroïnes d’Alexandra Kollontaï sont pleinement engagées dans la refonte de la société russe, tout en poursuivant leur propre destin.

Les nouvelles réunies dans ce recueil nous laissent apercevoir les joies et les affres de ces « femmes nouvelles », que l’écrivaine révolutionnaire et féministe a tant appelées de ses vœux.

Kollontaï, dans ses écrits politiques, a affirmé la nécessité de l’émancipation des femmes et de la transformation des rapports amoureux.

Dans ses fictions, elle rappelle avec subtilité et sans dogmatisme que les chemins de la révolution intime ne suivent pas toujours ceux des convictions et des utopies.

À retenir

• Des nouvelles inédites d’Alexandra Kollontaï réunies pour la première fois !

• Une pensée féministe pionnière et révolutionnaire

• Une réflexion sur l’intime et le politique : un sujet d’actualité !

• Préface de Sophie Cœuré, historienne

Figure des révolutions russes, Alexandra Kollontaï (1872-1952) a fait du droit des femmes un enjeu majeur du socialisme. Convaincue que les affaires privées étaient éminemment politiques, elle a théorisé

« l’amour-camaraderie », avec une liberté d’esprit qui fut très controversée à son époque et reste d’une éclatante actualité. Elle a œuvré pour des réformes pionnières : légalisation de l’avortement en Russie (1920), congé maternité de 16 semaines, protection des femmes et des enfants dans le cadre du travail, facilitation du divorce...

Alexandra Kollontaï (1872-1952)

Alexandra Chreiteh

Ali et sa mère russe

Traduit de l’arabe (Liban) par France Meyer

Le 12 juillet 2006, Israël frappe le Liban suite à l’enlèvement de deux soldats israéliens par le Hezbollah à la frontière. Un bus affrété par l’ambassade de Russie à Beyrouth évacue les ressortissants russes vers un aéroport syrien. Pendant le trajet, la jeune narratrice, d’origine russe, retrouve Ali, un ancien camarade de classe d’origine ukrainienne qu’elle avait perdu de vue. Pourquoi Ali fuit-il le pays qu’il s’est toujours dit prêt à défendre ?

Premier roman d’Alexandra Chreiteh traduit en français, Ali et sa mère russe confronte la société libanaise aux tabous qui la divisent.

ISBN : 978-2-493205-01-8

© Perspective cavalière 2021

Graphisme : Débora Bertol

Illustration : Christophe Merlin

Édition originale :

© Alexandra Chreiteh 2009

Couverture souple avec rabats

12,9 x 19,8 cm

96 pages, 14 €

Date de publication : 11 janvier 2022

Contact presse & librairies :

Étienne Gomez

0679918283

epl.gomez@gmail.com

« Si vous manquez ce petit bijou, ce sera tant pis pour vous ! »

Marcia Lynx Qualey, ArabLit

« Ali et sa mère russe est centré autour de deux personnages : Ali, l’homosexuel éponyme, et la narratrice hétérosexuelle, qui ne se considère pas comme homophobe, car – vous savez – elle a des amis gays. On y retrouve l’humour et la perspicacité caractéristiques d’Alexandra Chreiteh, qui s’intéresse particulièrement aux jeunes de Beyrouth. L’homosexuel ukraino-libanais, qui panique également depuis qu’il a découvert que l’une de ses ancêtres était juive, est une merveille de haine de soi et de flamboyance mélangées. »

Marcia Lynx Qualey, ArabLit

Extrait n°1 : On finissait tout juste de déjeuner quand Israël déclara la guerre au Liban (p. 5-6)

Le 12 juillet 2006, on apprit que le Hezbollah avait kidnappé deux soldats israéliens à la frontière. Ce qui ne nous empêcha pas d’aller manger des sushis. On finissait tout juste de déjeuner quand Israël déclara la guerre au Liban. Les employés du resto se dépêchèrent de fermer et nous demandèrent de partir tout de suite. On partit tout de suite, sans payer l’addition.

Coup de bol, on avait choisi un des restos les plus chers du centre de Beyrouth. On avait bien vu ce jour-là que quelque chose clochait, mais on était sortis quand même. Les rues étaient quasi désertes, alors que d’habitude elles grouillaient de monde, quant au resto, qu’on trouvait toujours bondé, il était presque vide à part nous – ma copine Amal, son fiancé Salim et moi – et deux inconnus qui fumaient, assis à la table à côté.

L’un d’eux m’avait observée à plusieurs reprises pendant le repas. J’avais remarqué son manège dès notre arrivée, et j’avais essayé d’éviter ses regards, dont l’insolence m’embarrassait. Mais j’avais eu beau l’ignorer, ça ne l’avait pas démonté, et à peine sortait-on du resto qu’il m’accostait en souriant et m’appelait par mon prénom.

Bizarre, me dis-je. Mais plus bizarre encore, c’est qu’il m’avait parlé en russe – il se trouve que ma mère est russe et que cette langue est ma langue maternelle. Il se présenta – il s’appelait Ali Kamaleddine – et me demanda si je le reconnaissais, mais non, il ne me disait rien, et je ne sus pas quoi répondre. Voyant mon embarras, il précisa qu’une dizaine d’années plus tôt on avait été camarades de classe à Nabatieh, dans le sud, où nos familles habitaient. Il était sûr, ajouta-t-il, que ma mère n’avait pas oublié la sienne, parce qu’elle était ukrainienne ; dès qu’il me dit son nom je me souvins d’elle, puis de lui, et je fus stupéfaite de découvrir qu’il avait tant changé depuis la dernière fois que je l’avais vu – ce que je lui dis.

Julian Semenov

Genre : roman d’espionnage

Traduit du russe par Monique Slodzian

Couverture : Wiaz

Format : 13 x 21 cm

Pages : 816

Prix : 26 €

ISBN : 978-2-490251-99-5

Julian Semenov (1931-1993), écrivain, journaliste, auteur d’une œuvre abondante, célébrée comme majeure dans son pays, voit sa notoriété grandir en France depuis la parution en mai 2019 de La Taupe rouge – Dix-sept instants de printemps qui fut suivi en 2020 par Des diamants pour le prolétariat, en 2021 par Opération Barbarossa et en 2022 par Ordre de survivre. Passée sous silence en raison de la chute de l’Union soviétique en 1991, son œuvre romanesque met en scène les théâtres d’opération où l’URSS déjoue les complots fomentés contre sa puissance et ses intérêts. Alter ego de Georges Simenon, John Le Carré avec lesquels il noue des relations confraternelles, il fait évoluer son héros, Maxime Issaïev, alias Max Von Stierlitz, sur les différents terrains de la guerre froide. Beaucoup de ses livres ont été adaptés à l’écran.

5 mars 1946. Churchill annonce le début de la guerre froide, invitant les peuples de langue anglaise à s’unir contre le communisme. L’OTAN sera créée en 1949. Stierlitz, blessé, très affaibli, a lu le discours dans la minable chambre d’hôtel espagnole où l’a installé ODESSA, organisation des anciens SS dirigés par Müller. Il comprend qu’il ne retournera pas de sitôt en Russie. Il est approché par un Allemand américanisé à Madrid, un certain Franz Kemp, espion sans scrupule, membre d’ITT (International Telegraph and Telephone), société noyautée par les franquistes qui l’embauchent et le surveillent. Il y découvre un réseau contrôlé par les frères Dulles qui couvre toute l’Amérique latine. Par ailleurs l’OSS, créature d’Allen Dulles pendant la guerre, est elle-même soumise à épuration par le sénateur McCarthy et Hoover directeur du FBI. Les éléments antinazis de l’OSS qui avaient sympathisé avec les Allemands émigrés aux USA avant guerre sont désormais suspects. C’est le cas de Paul Roumen chargé de traquer Stierlitz, victime d’une machination des services secrets américains.

4 octobre
Éditions du Canoë 2024 Contact : colette.lambrichs@gmail.com Téléphone : 06 60 40 19 16 Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip Relation libraires : jean-luc.remaud@wanadoo.fr Téléphone : 06 62 68 55 13 Éditions Du Canoë : 9, place Gustave Sudre Local parisien : 2, rue du Regard 33710 Bourg-sur-Gironde 75006 Paris c/o Galerie Exils

LA VÉRITÉ SUR LE MULTIVERS

Compagnies du multivers

La Vérité sur le Multivers est un ouvrage dont le contenu est imaginé et présenté à l’instar d’une revue scientifique, dont les deux missions principales sont de rassembler et vérifier les informations relatives à l’existence du Multivers ainsi que d’accompagner celles et ceux qui s’y confrontent. D’une nature totalement fictionnelle, la publication permet principalement de découvrir le travail d’auteur des Compagnies du Multivers, dont les pièces de théâtres et autres créations sont intiment liées à cet univers créé il y a 3 ans. La plupart du contenu se présente sous forme d’extraits des pièces de théâtre mais également sous forme d’éléments annexes propres au magazine traditionnel (quizz, interviews fictives, promotion événementielle...). Imaginé comme un recueil artistique, cet ouvrage reste néanmoins une occasion de découvrir l’univers dystopique imaginé par les Compagnies du Multivers. Un univers voué à se nourrir des créations futures des auteurs afin de s’étoffer.

L’objet éditorial est conceptualisé de manière à jouer sur deux tableaux. Inspiré de la mise en page traditionnelle du magazine, l’ouvrage propose toutefois une esthétique similaire à celle du livre conventionnel. Inspiré par la démarche des artistes underground des 80’s aux États-Unis, les auteurs se revendiquent d’un théâtre lofi où le travail/le noeud/les questionnements artistiques se situe dans le décalage entre l’idée et le geste artistique.

Un projet mené en collaboration avec la Grange, le dispositif d’art/science de l’Université de Lausanne.

Hélice Hélas Editeur

Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey

Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.org www.helicehelas.org > litterature@helicehelas.org

Distribution Suisse :

Servidis

Chemin des Chalets 7 CH-1279 Chavannes-deBogis

Tél.: ++41 22 960 95 10 www.servidis.ch > commande@servidis.ch

Distribution FranceBelgique :

Serendip-Livres

21bis, rue Arnold Géraux FR - 93450 L’Île-St-Denis

Tél.: ++33 14 038 18 14 www.serendip-livres.fr

Sur les auteurs

Les Compagnies du Multivers oeuvrent depuis 2021 à la création d’un multivers théâtral sur les scènes de Suisse romande. Elles sont animées par Julie Bugnard, Christian Cordonier, Isumi Grichting et Isabela de Moraes Evangelista. Romain Bionda est chercheur en études théâtrales et en littérature comparée à l’Université de Lausanne.

Collection : Bicéphale acaule

Genre : Dystopie multiverselle

Sujets abordés : Univers alternatifs ; Théâtre ; Cabinet de curiosité

Format 160 x225 mm, 96 pages

ISBN 978-2-940700-63-9

CHF 24 / EUR 20

Parution octobre 2024

ENTITÉS

Prix de l’Ailleurs 2024

Qui invoqueriez-vous dans ce monde si l’occasion se présentait ? Un monstre tentaculaire, menaçant, baveux à souhait, enfermé dans des cachots sombres et humides depuis la nuit des temps ? Ou peut-être cette créature minuscule, invisible et bienveillante, qui vous conseille furtivement et que vous avez enfantée la nuit dernière ? Dans un monde où notre pouvoir est extrêmement restreint et où l’avenir semble si bouché, voici enfin quelqu’un (ou quelque chose…) pour tout régler. D’une manière ou d’une autre. Prenez garde néanmoins, une force si grande sera peut-être difficile à contenir dans vos pages ! Ne faudrait-il éviter qu’Elle ne s’échappe ? À moins que ce ne soit justement votre dessein ? La créature se retourne parfois contre son créateur… Après son passage, l’univers ne sera peut-être plus tout à fait comme avant.

Les dix nouvelles de ce recueil se lancent sur les traces des monstres de Lovecraft, des mythes faustiens ou frankensteiniens, des rencontres de tous types, des espoirs de l’homme (sur)augmenté et des IA facétieuse, le Prix de l’Ailleurs vous encourage à dépoussiérer grimoires et sciences modernes pour questionner le thème de l’entité sous des yeux contemporains. Qu’elle appartienne à un monde fantastique ou soit issue de la science-fiction, derrière sa figure se cache les questions du Pouvoir, celui de changer l’Humain et le monde avec lui. Avec toutes les dérives que les fantasmes de puissance peuvent provoquer. Des choix loin d’être anodins qui engagent votre imaginaire, et vous font remonter aux sources de votre propre identité.

Avec une contribution critique de François Bon.

Hélice Hélas Editeur

Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey

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Sur le Prix de l’Ailleurs

Créé en 2017 à l’initiative de la Maison d’Ailleurs et de l’Université de Lausanne, le Prix de l’Ailleurs récompense chaque année des productions qui s’inscrivent dans ce registre de la science-fiction. Chaque édition comporte un thème en lien avec l’actualité, et vise à favoriser la reconnaissance de ce genre et l’émergence de nouveaux talents.

Collection : Cavorite et calabi-yau

Genre : Horreur et fantastique

Sujets abordés : Grands Anciens ; IA ; Forces cosmiques ; etc.

Format 135 x 190 mm, 220 pages

ISBN 978-2-940700-62-2

CHF 22 / EUR 18

Parution octobre 2024 (CHF) / novembre 2024 (FR + BE)

L’Archibras

Un livre de 56 pages au format 13x17 cm.

Charles Fourier L’ARCHIBRAS

typographique et gravures bois en deux tons sur papier publicitaire fluo livré sous une jaquette carton criarde.

Ce bras d’harmonie est une véritable queue d’une immense longueur à 144 vertèbres partant du coccyx. Elle se relève et s’appuie sur l’épaule d’où elle doit porter à la double hauteur du corps, ainsi selon notre hauteur elle aurait environ 16 pieds de longueur dont 3 de perdus pour l’appui sur l’épaule et au moins 12 de développement.

« Dans sa Monographie de la Presse Parisienne, Balzac a jugé la queue fouriériste digne d’être mise au nombre des ridicules qui rapportent dix francs par jour au “Blagueur, deuxième variété de Petit Journaliste”. Il est donc peu surprenant que “la queue” ait été souvent rejetée par

« Dans sa Monographie de la Presse Parisienne Balzac a jugé la queue fouriériste digne d’être mise au nombre des ridicules qui rapportent dix francs par jour au “Blagueur, deuxième variété de Petit Journaliste”. Il est donc peu surprenant que “la queue” ait été souvent rejetée par les admirateurs de Fourier comme une “invention malveillante” de la presse réactionnaire […] et par ceux qui accordent plus d’importance à ses théories économiques qu’à ses écrits “frivoles” sur la cosmogonie, l’amour ou la théorie de l’analogie. » écrit le biographe de Fourier, Jonathan Beecher.

présentation de Jonathan Beecher gravures de Marc Brunier Mestas

Les auteurs

On remplirait cent pages s’il fallait décrire en plein les précieux usages de ce membre sans lequel le corps humain est vraiment un avorton.

Pourtant L’Archibras qui présente les usages fabuleux de ce cinquième membre a bien été rédigé par Charles Fourier dans les années 1820-1830. Ce texte, inédit en livre, est accompagné d’une dizaine de gravures sur bois de Marc Brunier Mestas et d’une présentation de Jonathan Beecher publiée dans la revue La Brèche en 1964. Q

les admirateurs de Fourier comme une “invention malveillante” de la presse réactionnaire. » écrit Jonathan Beecher, le biographe américain de « l’illitéré » Charles Fourier.

Or L’Archibras qui présente les usages fabuleux de ce cinquième membre a bien été rédigé par Charles Fourier dans les années 1820-1830 avant d’être écarté des publications par ses disciples.

Charles Fourier, né en 1772 à Besançon (Doubs) et mort en 1837 à Paris, est un penseur français critique de la philosophie et fondateur de l’École sociétaire. Considéré par Marx et Engels comme une figure du « socialisme utopique », son œuvre est publiée et diffusée par ses disciples (sauf pour les textes écartés par eux notamment ceux ayant trait à la sexualité Le Nouveau monde amoureux publié en 1967 par Simone Debout ou suscitant les moqueries de ses adversaires comme L’Archibras) jusqu’à la fin du XIXe siècle. Publications : La plupart de ses œuvres sont publiés par Les Presses du réel depuis les années 2000.

Parution : juillet 2024

EAN : 9782914363310

Prix public : 25 €

Ce texte, inédit en livre, est ici accompagné d’une dizaine de gravures sur bois originales de Marc Brunier Mestas et de la présentation de Jonathan Beecher publiée, en 1964, dans la revue surréaliste La Brèche.

Marc Brunier Mestas, né en 1968 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) est dessinateur, graveur, sculpteur et réalisateur. Publications : Dehors Jésus (texte de Charles Pennequin), Le Dernier cri, 2020 ; MBM au pays des confinés, La Belle époque, 2020. Film : Cambouis, Biscuit production, 2021.

Jonathan Beecher, né en 1937 à Boston (USA) est un universitaire américain, biographe de Charles Fourier et Victor Considérant.

Publication : Fourier - Le Visionnaire et son monde, Fayard, 1993 ; Victor Considérant - Grandeur et décadence du socialisme romantique, Les Presses du réel, 2012

« Ce bras d’harmonie est une véritable queue d’une immense longueur à 144 vertèbres partant du coccyx. Elle se relève et s’appuie sur l’épaule d’où elle doit porter à la double hauteur du corps, ainsi selon notre hauteur elle aurait environ 16 pieds* de longueur dont 3 de perdus pour l’appui sur l’épaule et au moins 12 de développement. »

* Soit environ 5 m de long (1 pieds = 30 cm).

Charles Fourier • L’ARCHIBRAS • MBM
Quiero
Impression
Détail d’une des dix gravures sur bois réalisées par Marc Brunier Mestas pour L’Archibras…

QuoiQue les hoMMes soient une race identiQue dans tous les Globes, ils ont dans les soleils un avantaGe bien éMinent sur ceux des autres Globes : c ’ est le bras d ’ harMonie ou archibras réunissant diverses facultés réparties entre nos aniMaux, celles de la troMpe de l’éléphant, celles de la Queue prenante du sinGe.

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ce bras d ’ harMonie est une véritable Queue d ’ une iMMense lonGueur à 144 vertèbres partant du coccyx. elle se relève et s ’ appuie sur l’épaule d’où elle doit porter à la double hauteur du corps, ainsi selon notre hauteur elle aurait environ 16 pieds de lonGueur dont 3 de perdus pour l ’ appui sur l’épaule et au Moins 12 de développeMent.

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ce MeMbre est aussi redoutable Qu ’ industrieux, il est arMe naturelle. un habitant du soleil attendrait un lion et un taureau de pied ferMe, et à 6 pas il casserait au lion l’échine d ’ un coup d ’ archibras et renverserait le taureau par les cornes ou les jaMbes sans l ’ approcher, et il couperait d ’ un [*] la tête du serpent.

* un blanc dans le texte Manuscrit.

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N’ajouter rien

« Et si Costa n’avait écrit qu’un seul livre ?

Un chef-d’œuvre méconnu, effacé peu à peu des registres. Un texte devenu secret qu’on s’échange entre compagnons. Un commerce d’admirateurs superstitieux.

Suffisamment fanatiques pour commettre un vol dans un café. Costa avait peut-être réussi à tout dire en une fois. Ou alors, il était mort sans avoir eu le temps d’aller plus loin. Minuit n’indiquait pas de date de décès. »

Fiche technique

Format : 160 pages, 14 x 20 cm

Tirage : 1000 exemplaires

Prix de vente : 19 €

Diffusion : Serendip

ISBN : 978-2-493311-08-5

« Tout est vrai ou presque »

Dans cette collection de longs formats, nous publions une littérature du réel. Seule compte l’histoire, son auteur, son expérience… Dégoter un bon sujet et bien le raconter.

Collection
presque, parution rentrée littéraire septembre
Bouclard éditions 7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18 www.bouclard-editions.fr
Tout est vrai ou
2023

N’ajouter rien

Fabrice Chillet se fait voler un livre dans une brasserie, L’Été, deux fois, publié aux Éditions de Minuit, fin des années 1980. Notre auteur part en quête pour retrouver ce roman qui se révèle aussi évanescent que fascinant. Entre portes closes et chaussetrappes, tout semble un temps se dénouer grâce au mystérieux Daban. Gardien du temple et ultime détenteur d’un roman unique et introuvable dont l’auteur semble sans cesse se dérober. Ainsi naît une fascination littéraire, ainsi naissent les fétiches dans ce jeu de mise en abyme. Mais si le vrai sujet de ce livre était plutôt l’histoire d’une rencontre. Par un jeu de séduction intellectuelle, Fabrice Chillet et Daban construisent doucement les bases d’une amitié élégante et mesurée. Fabrice Chillet nous offre, avec N’ajouter Rien, une coquille romanesque renfermant une perle non fictionnelle.

L’auteur

Fabrice Chillet

Après quelques études universitaires et une thèse lâchement abandonnée sur le sens du Graal dans la vulgate arthurienne, Fabrice Chillet a passé le reste de son temps à hésiter. Tantôt professeur de français, par vocation. Tantôt journaliste, par ambition. Parfois encore rédacteur-fantôme, par nécessité. Et enfin auteur, à dessein. Derniers livres parus : Un feu éteint (2018), Narcisse était jaloux (2021), aux éditions Finitude ; Pyrate chez Bouclard Éditions (2022).

© Alan Aubry
Bouclard éditions 7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18 www.bouclard-editions.fr Collection Tout est vrai ou presque, parution rentrée littéraire septembre
2023
MAISON D'ÉDITION MARSEILLE www.heliotropismes.com

Au début de ce siècle, la ville de Marseille ne comptait qu'une petite douzaine d'Africains. Peu à peu, ils sont devenus plus nombreux. Aimant vivre en communauté, on les voyait en groupes sur la place Victor Gélu, dans ce qui fut le vieux quartier, avec ses rues sordides, cellulaires, en cul de sac. La Deuxième Guerre mondiale vit le vieux Marseille à moitié détruit. Quelques uns partirent pour la Grande-Bretagne. Le reste s'enfonça dans la ville? Et lorsque prirent fin les hostilités, leur nombre augmenta; de tous les côtés affluaient des hommes de couleur, poussés par les vicissitudes de la vie et de la navigation... Unis par un esprit de communauté, de solidarité, ils formèrent ce village... La plupart sont des marins accomplis, chacun ayant au moins deux tours du monde dans son sac.

RÉSUMÉ

Marseille, années 1950. Diaw Falla, docker sénégalais, vit à Belsunce, le « petit Harlem marseillais », et travaille sur le port en compagnie de nombreux ouvriers africains. Menant une existence précaire, il rêve d’écrire et de publier son premier roman, Le Dernier voyage du Négrier Sirius. Son existence bascule le jour où il confie son manuscrit à une amie écrivaine.

Publié en 1956, ce premier roman de Sembène Ousmane est un déchirant cri d’amertume qui fait écho aux romans marseillais de Claude McKay dans sa soif de liberté, sa défense des luttes sociales et son refus d’accepter l’étroitesse des préjugés raciaux. Le Docker noir résonne également avec Native son de Richard Wright et L’Étranger d’Albert Camus, dans sa description d’un personnage moins condamné pour son délit que pour ce qu’il représente aux yeux de la société française de l’après-guerre. Cette édition est enrichie d’archives, d’écrits poétiques inédits et de contes écrits par l’auteur à Marseille

L'AUTEUR

Sembène Ousmane est né en Casamance en 1923. Tour à tour mécanicien, maçon et tirailleur dans l’armée coloniale, il débarque clandestinement à Marseille où il devient docker. Son séjour dans la ville (1946-1960) est une étape décisive d’intense activité militante et intellectuelle. Il y écrit ses trois premiers romans et participe activement aux activités de la CGT, du parti communiste, de la FEANF ou du MRAP.

Son retour en Afrique marque le début d’une riche carrière cinématographique et littéraire. Sembène Ousmane est décédé en 2007, laissant derrière lui une œuvre insoumise, au service d’une Afrique libre. .

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S E M B È N E L E M A R S E I L L A I S

En 1946, vingt ans après le passage de Claude mcKay et deux ans avant la mort de ce dernier, Sembène Ousmane débarque clandestinement à Marseille pour n ’ en repartir qu ’ en 1960. Durant ces quatorze années, Sembène travaille comme docker,

découvre le syndicalisme aux côtés de personnalités marseillaises comme Victor Gagnaire et fait son entrée dans le monde de la littérature, grâce notamment à Henri Deluy et à la revue Action Poétique. Il s ' engage dans les milieux militants décolonialistes, ce qui lui vaudra une surveillance rapprochée de la police. Son surgissement sur la scène littéraire avec la publication du Docker noir en septembre 1956 sera le point de départ de cinquante années de récompenses et de prix en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis Sembène Ousmane écrira deux autres romans à Marseille : Ô pays, mon beau peuple, en 1957 et Les bouts de bois de Dieu, en 1960

Lors de son séjour, Sembène vivait à Belsunce, un «petit Harlem marseillais» réservé aux marins et aux ouvriers défavorisés du monde entier Très près, on trouvait les locaux du journal La Marseillaise, la fédération du parti communiste, la librairie de la Renaissance, l’Université Nouvelle, les Cahiers du Sud, l’Action poétique et le Théâtre Quotidien de Marseille. Le regard de Sembène Ousmane sur ces lieux permet de comprendre le rapport de Marseille avec les «coloniaux», le mouvement ouvrier, la vie et les luttes du port et des dockers noirs de la Joliette. Sembène Ousmane met en scène les différentes communautés de Belsunce et la formation diasporique et multilocale des identités noires et hybrides, mais aussi leurs cultures et humanités constitutives de la modernité

En dehors de Claude McKay et Sembène Ousmane, rares sont les auteurs qui témoignent au quotidien de cette période racontant la vie des travailleurs coloniaux d’après-guerre et des dockers du port. Entre Marseille, Claude McKay, Sembène Ousmane et leurs héros, se tisse la trame d’un dialogue fécond et créatif. Leur histoire, leur regard et leurs romans, encore trop peu connus, racontent la ville, son développement et sa modernité, et mettent en avant une pensée anticoloniale et antiraciste.

Dossier de surveillance de Sembène par la police

Première édition publiée en 1956 par les éditions Debresse

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demain les flammes littérature du réel

ean : 9782492667022

Parution : 2021

Pagination : 176 p.

format : 11,5 x 17,8 cm

Prix : 13 €

avec des illustrations de Carolina Paquita

Aaron Cometbus, l’écrivain inconnu le plus connu d’Amérique

La Solitude de la menora électrique

Traduit de l’anglais par David Mourey

Une histoire secrète de l’underground

Berkeley, 1963. Deux amis ouvrent une librairie. Mais comment des hommes aussi têtus peuvent-ils raisonnablement travailler ensemble ? Ils se déchirent et fondent chacun leur boutique, l’une en face de l’autre. Au détour du récit des échecs, des séparations et des espoirs de libraires acariâtres et autres révolutionnaires au cœur battant, Aaron Cometbus retrace l’histoire sociale de la foule bigarrée qui animait Telegraph Avenue, épicentre du mouvement hippie et futur théâtre de l’explosion du punk. Ainsi, il met au jour ce qui d’ordinaire reste dans l’ombre : l’histoire secrète de l’underground.

Aaron Cometbus, l’écrivain inconnu le plus connu d’Amérique, publie le fanzine Cometbus depuis 1981. Demain les flammes a traduit à ce jour cinq de ses livres.

demain les flammes 43, rue de Bayard / 31000 Toulouse contact@demainlesflammes.fr / demainlesflammes.fr

AAron Cometbus

Boutheyna Bouslama

Livres perdus, nouvelles chaussures

« Donc voilà, j’étais une étudiante de 28 ans, genevoise d’adoption, en pleine rébellion contre ses profs et ses parents. Je pensais avoir un futur tout tracé à Genève, en tant que femme artiste qui réfléchit sur sa société et tout et tout. Dix ans ont passé, la Tunisie a viré son dictateur, j’ai passé les cinq dernières années à travailler sur la disparition forcée en Syrie, et ce, depuis la Turquie. Et je ne suis plus une Genevoise. J’ai eu le plus gros râteau de ma vie, mon expulsion de la Suisse. Enfin, un départ forcé pour non-obtention de permis de séjour. Mon ADN a changé, mais il y a eu aussi pas mal de choses qui ont muté pour une meilleure version. Je trouve qu’à 37 ans, on a plus de moyens financiers et plus de couilles que jamais avant, et ça, c’est cool… »

Et si il fallait des pompes de princesse pour aller au combat ? Pour tracer sa voie à travers un certain héritage familial, s’imposer en tant que femme, artiste, un pied en Occident et l’autre au Proche-Orient ?

Livres perdus, nouvelles chaussures rassemble dixhuit lettres adressées par Boutheyna Bouslama tantôt à ses parents, tantôt à son éditeur, et, plus largement, à un certain establishment culturel. Dans un style frontal, citant Beyoncé, Fellini, Carrie Bradshaw ou Nizar Qabbani, elle revendique ses choix autant qu’elle s’interroge sur les différentes conceptions du féminisme, constatant avec désarroi l’état de ce combat sous certaines latitudes.

Quelques-unes de ces lettres ont été écrites en 2010, d'autres en 2019. Something old, something new, something borrowed, something blue...

COLLECTIO N SHUSHLARRY
ÉCRIT D'ARTISTE ART&FICTION — EN LIBRAIRIE EN FRANCE/BELGIQUE LE 3 JUIN 2021 —

format 11 x 17.5 cm, 168 pages isbn 978-2-88964-011-9

chf 14.90 / euro 12

genre écrit d’artiste, recueil épistolaire sujets abordés famille, exil, statut de l’artiste, féminisme, a bit of fashion

postface de Hervé Laurent

Et s ’il fallait des pompes de princesse pour aller au combat ?
OU COMMENT AVOIR UN PIED EN OCCIDENT, ET L’AUTRE AU PROCHE-ORIENT...

——— Née à Paris de parents tunisiens en 1982, Boutheyna Bouslama est cinéaste et plasticienne. Après un premier diplôme aux Beaux-Arts de Monaco, elle s’installe à Genève et obtient un Master en arts visuels et en cinéma à la HEAD Genève (2010). Son travail s’intéresse en particulier aux histoires et archives personnelles. À partir de cette matière première, elle met en place des dispositifs, notamment par le biais de l’écriture et de la micro-édition, qui lui permettent de toucher à une forme de mémoire collective. Depuis 2009, elle réalise également des courts-métrages et documentaires qui lient étroitement l’intime et le politique. C’est depuis Istanbul qu’elle a réalisé son film À la recherche de l’homme à la caméra , qui a reçu le Sesterce d’or à Visions du réel en 2019 et le Prix de Soleure en 2020. ———

de Elisa Sartori L’art de ne pas lire

tous publics

ISBN 978-2-930941-67-7

format : 10,5 x 15,5 cm coll. Baladeur, des livres qui aiment à se déplacer sans but précis couverture souple à rabats ; dos carré cousu-collé

52 pages • [14,50 €]

• livre relié • Un livre est-il le meilleur des cadeaux ? Qu’en faire lorsqu’il est cause de souffrance et de malentendus ?

Le laisser prendre la poussière ou lui trouver une utilisation ? La narratrice propose plusieurs pistes pour le moins inattendues…

Illustration : photographie + tablette graphique

Thèmes : livre • livre-objet • lire/lecture • dyslexie

Argumentaire :

• les jeunes et la lecture : difficultés et souffrances, malentendus ;

• thèmes plus larges autour du livre et du corps, du livre-objet, de la place de la lecture/du livre dans la société de consommation actuelle (livre devenu objet déco chez les influenceurs)

CotCotCot Éditions sortie le 5 jan. 2024

Née à Crémone, Elisa Sartori commence ses études à l’Académie des beaux-arts de Venise pour ensuite les poursuivre à l’Académie royale des beaux-arts de Bruxelles, au sein de l’atelier d’illustration d’Anne Quévy. Son livre accordéon Je connais peu de mots (CotCotCot, 2021) lui a valu le Prix de la première œuvre en littérature jeunesse 2021, décerné par la Fédération Wallonie-Bruxelles. Également paru aux éditions Thierry Magnier : Les Polis Topilins, album illustré par Nina Neuray.

Titres publiés chez CotCotCot

[leporello]

Je connais peu de mots

– ► Prix de la première œuvre

– jeunesse 2021, Fédération

– Wallonie-Bruxelles

Sortie : février 2021

[Carnet 02]

À hauteur d’enfant de Lisette Lombé & 10ème ARTE (collectif de street art composé d’Almudena Pano et Elisa Sartori)

Sortie : septembre 2023

[Baladeur 01] à paraître en janvier 2024

CotCotCot éditions | contact presse : Gabriel Lucas | gabriel.lucas@labernique.com Tél. : +33 6 15 82 58 56 | visuels : labernique.com/ressources CotCotCot
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VIVRE LIVRE

Collectif : Nina FERRER - Julia BILLET -

Thomas SCOTTO - Cathy YTAK -

Ricardo MONTSERRAT - Gilles ABIERFrançois DAVID

Illustratrice : Hélène HUMBERT

ALBUM CARTONNE

à partir de 8/9 ans

format : 145/240 mm

nombre de pages : 60

prix : 13€

Juillet 2016 / ISBN : 979-10-92353-23-5

MOTS

CLES : LIVRE / LECTURE / EDUCATION POPULAIRE

Vous pensez tenir un livre dans vos mains ? Et bien détrompez-vous : vous en tenez huit. Vous ne me croyez pas ? Il vous suffit de tourner mes pages, de suivre le personnage qui court de texte en texte et vous verrez que je ne vous mens pas.

POINTS FORTS

- 7 auteurs, 8 récits où le livre est le héros, 8 fenêtres sur la médiation autour du livre, 8 façons de prendre le livre à bras le corps.

- Des illustrations très contemporaines qui font le lien entre les récits et qui mettent en avant la place du livre dans l’Education Populaire.

- Un espace à la fin du livre pour écrire.

Julia Billet a écrit mais aussi assuré la coordination artistique de cet ouvrage écrit par un collectif regroupant une jeune auteure Nina Ferrer et 5 autres auteurs bien connus dans le milieu et qui se sont engagés sur le projet : Thomas Scotto, Cathy Ytak, Gilles Abier, François David et Ricardo Montserrat

Diplômée de l’Ecole Supérieure d’Art d’Epinal, l’illustratrice Hélène Humbert a imaginé une 9ème histoire mais sans texte. Son univers graphique original a séduit l’équipe des Éditions du Pourquoi Pas qui lui a confié également le graphisme de l’ouvrage.

LA MORALE DE LA XEROX

· Format A5

· Nombre de pages 20

· Prix (€) 5

· ISBN

· Parution dec 2023

· Graphisme Collectif

· Tirage 600

ÉDITIONS BURN~AOÛT /// LA MORALE DE LA XEROX \\\ DEC. 2023

La Morale de la Xerox est un fanzine de Clara Balaguer et Florian Cramer dans lequel iels ont décidé d’aborder un thème commun : celui de l’appropriation culturelle. Clara est Philippine, et Florian, Néerlandais. L’un est né en Occident, l’autre non. Ce sont deux rapports à la question et deux passifs distincts en contraste. L’autrice s’attarde sur les problématiques d’accès à la connaissance aux Philippines, où les bibliothèques et les librairies sont quasi inexistantes, et où il est nécessaire de « pirater » des livres et de les imprimer clandestinement pour les lire. Sur l’autre face du livre, Florian retrace succinctement l’histoire de l’appropriation dans l’art puis raconte un épisode particulier du début de sa carrière, alors qu’une grande institution artistique lui avait volé ses textes afin de les éditer sans son consentement, et évidemment, sans lui reverser quelconques droits d’auteur.

Clara Balaguer est une travailleuse culturelle, chercheuse, enseignante et éditrice philippine basée à Rotterdam Elle a déjà été publiée chez Burn~Août dans le recueil de textes Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent-iels résoudre ?, traduit par Yann Trividic en 2022 En 2013, elle a cofondé Hardworking Goodlooking, une maison d’édition artisanale qui s’intéresse au vernaculaire matériel, à la collectivisation de la paternité et à la valeur de l’erreur Actuellement, elle est enseignante-chercheuse à BAK, à la Willem de Kooning Academy et au Piet Zwart Institute

Florian Cramer est enseignant-chercheur à la Willem de Kooning Academy et au Piet Zwart Institute à Rotterdam, aux Pays-Bas Il y étudie la transformation des disciplines artistiques et les « pratiques autonomes » au XXIe siècle, où les notions et catégories traditionnelles d’ « art » et de « design », héritées de l’Occident des XIXe et XXe siècles, sont contestées Cette contestation se manifeste par de nouvelles pratiques culturelles, de nouvelles formes de culture visuelle et éditoriale mondialisées et la crise des concepts traditionnels de propriété (intellectuelle ) et de paternité

Mots clés : appropriation, appropriation culturelle, plagiat, édition, copie, accès à la connaissance, postcolonialisme, intervention, droit d’auteur, piratage

Couverture provisoire

À propos de la collection Position d’éditeurices : Positions d’éditeurices est une collection dont l’objectif est de réunir un ensemble de paroles et d’attitudes diverses d’éditeurices indépendant es vis-à-vis de l’édition Chaque publication est une prise de position, un outil théorique et critique tant sur la production et la circulation des formes imprimées que sur l’appréhension des communautés dont elle est issue Par cela, nous cherchons à dresser le paysage idéologique des pratiques qui nous environnent et de nous y insérer par la mise en pratique de ce qu’elles proposent

Déjà publiés dans la collection : #1 Vers un modèle rentable pour unemaison d’édition autonome Marc Fischer (septembre 2021) #2 L’histoire de Semiotext (e), Sylvère Lotringer raconte ses rèves à Chris Kraus — Chris Kraus & Sylvère Lotringer (mai 2022) #3 filouteries — romain pereira (septembre 2022) #4 Felipe Ehrenberg : équilibrer la balance, la pédagogie de la coopération — Nicolás Pradilla (novembre 2022) #5 Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent-iels résoudre ? PrintRoom et Temporary Services ( novembre 2022)

DES MÉDIAS

46, avenue du président Wilson 93230 Romainville éditions Burn~Août 07 50 33 63 55 dernière modification 5 juillet 2023 page 1/3 ÉTUDE
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ÉDITIONS BURN~AOÛT /// LA MORALE DE LA XEROX \\\ DEC. 2023

Originellement publié en anglais sous le titre de The Morale of the Xerox, la traduction de ce texte a posé plusieurs enjeux : en plus de cette thématique principale de l’appropriation culturelle, le texte aborde des notions qu’il est nécessaire de penser aujourd’hui collectivement Très chargé politiquement, ce texte invite à la discussion, et nous avons souhaité, pour l’occasion de sa traduction, organiser des ateliers de traduction collective Ainsi, la traduction, ainsi que toutes les étapes éditoriales qui ont mené à la publication de ce fanzine, s’est faite de manière totalement collaborative Une dizaine d’ateliers se sont ainsi tenus, d’abord à la Galerie municipale Jean-Collet de Vitrysur-Seine, puis dans d’autres lieux parisiens� Ces moments ont rassemblé professionel·les et amateurices autour des questions que La Morale soulevait Toutes les formes d’appropriation sont-elles à bannir ? Peut-on distinguer différents types d’appropriation, différents degrés ? Les ateliers ont alors constitué des moments de dialogue où différents points de vue pouvaient coexister et s’alimenter les uns les autres� Chaque décision éditoriale, de traduction, de maquette, était décidée collégialement� Chaque participant·e avait de fait l’opportunité d’apporter des propositions, aussi structurantes soient-elles Dans ce même esprit, l’impression, le façonnage et le graphisme ont été pensés avec l’Association Presse Offset avec qui nous collaborons sur ce projet�

DES MÉDIAS

Le fanzine est ainsi structuré en quatre flux : le livre comporte deux premières de couverture et ainsi deux sens de lecture Lea lecteurice se doit de choisir un côté pour entrer dans le livret, et lire uniquement les pages de droite (les pages de gauche étant composées à l’envers)� Dans un sens, on retrouve un premier flux constitué du texte de Clara ; dans les marges sont nichés des extraits de ses messages échangés avec Florian pour concevoir le fanzine� L’autre sens de lecture consiste en un reflet de l’autre moitié du fanzine : le texte est cette fois-ci de Florian, et les marges contiennent ses messages à lui. Ces quatre flux représentent autant de registres de parole, de jeux typographiques et discursifs�

Pour ces ateliers, au vu de l’ambition collaborative et de la structure si particulière de la mise en page, il nous a semblé nécessaire de repenser la manière dont nous éditons et traduisons habituellement des textes. Cette réflexion passe par l’invention de nouveaux outils Et ces moments étaient aussi là pour tester le programme que Yann Trividic développe sur-mesure pour l’occasion Le logiciel consiste en une alternative opensource et lowtech aux logiciels de PAO traditionnelle Tout est accessible en ligne depuis le navigateur, sur téléphone comme sur ordinateur, du contenu à la forme Chacun·e peut ainsi contribuer simultanément sur le projet, que la contribution soit de l’ordre de la mise en page, de la correction, de l’édition ou de la traduction

Il serait ardu de mettre en avant seulement un·e graphiste ou un·e traducteurice Ce travail est l’œuvre d’une réflexion collective : les ateliers ont été facilités par les Éditions Burn~Août par l’intermédiaire de Yann Trividic Les participant·es, représentant un groupe d’une vingtaine de personnes différentes, ont participé pour la plupart à la majorité des ateliers La plupart étaient des amateur·ices, et ont contribué à part égale dans le travail de la traduction La maquette a été pensée par ce même groupe, tout comme chaque décision éditoriale Le graphisme a été réalisé par Roman Seban de l’Association Presse Offset avec qui nous collaborons Cette association nous a aussi aidé dans le travail de fabrication, d’impression et de façonnage

URL permettant d’accéder au logiciel : https://yanntrividic.fr/morale.

Traduction collective en cours... Une dizaine d’ateliers réunissant à chaque fois entre 5 et 12 personnes à la Galerie municipale Jean-Collet ont été nécéssaires pour la traduction. Yann Trividic est un artiste français né en 1996. Il vit à Montreuil et travaille là où l’on veut bien de lui. Ses activités sont variées. Elles oscillent entre l’édition de livres, l’écriture, la progrmmation informatique et la performance. En 2022, il signe sa première traduction avec notre collectif. Elle est intitulée Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent-iels résoudre ? — une question qui, par ailleurs, le taraude depuis plusieurs années.

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Extrait de la traduction collective� Travail en cours susceptible d’encore évoluer

ÉDITIONS BURN~AOÛT /// LA MORALE DE LA XEROX \\\ DEC. 2023

EXTRAIT 1

On parle généralement d’appropriation culturelle d’une culture à l’autre, ou d’une race à l’autre En tant que femme biraciale (eurasienne) pratiquant la micro-édition comme un objet artistique et de recherche, j’ai rencontré de nombreux exemples étrangers à cette polarisation� L’appropriation culturelle n’est pas moins problématique quand elle survient au sein d’une même culture, dans un environnement racial globalement « homogène » Ici, le colorisme, la gênance culturelle, les politiques indigènes (la culture de nombreuses tribus précoloniales philippines est souvent revendiquée par des populations non tribales en quête d’une fierté nationale décolonisée), et le privilège de classe sont des sujets importants à prendre en compte Ils sont cependant traités avec mépris dans la production culturelle philippine�

EXTRAIT 2

Une anecdote personnelle pourrait illustrer ce qui peut se produire lorsque des institutions commencent à pratiquer une appropriation « subversive »� En 2005, le Lentos, un important musée d’art contemporain à Linz en Autriche, a organisé une exposition Just Do It — The Subversion of signs from Marcel Duchamp to Prada Meinhof Plutôt qu’un catalogue conventionnel, l’exposition était accompagnée d’un livre dont le contenu est issu d’appropriations de prélèvements et de plagiats à diverses sources — livres, essais, articles� Aucun·e des auteurices ou des sources originales n’étaient crédité·es Le colophon cependant mentionnait toujours le musée et les trois commissaires comme auteur·ices, et la publication était disponible au prix de 22 euros� Il se trouve que j’ai été l’un des auteurs à voir son travail se faire approprier� Le manuscrit de la conférence en Open Source, Copyleft et Open Content que j’ai donné à une bibliothèque publique, publié à l’origine sur la page d’accueil de la bibliothèque s’est ensuite retrouvé incorporé dans plus de 20 pages du livret du Lentos Museum� À cette époque, j’étais au chômage, je vivais grâce à la sécurité sociale allemande et j’avais à peine assez d’argent pour acheter ce livre

EXTRAIT 3

Comment être bon·ne éditeurice/designer/contributeurice malgré la précarité ? Vous ne pourrez peut-être pas payer les gens, citer toutes vos références graphiques, envoyer autant d’exemplaires gratuits que vous le souhaiteriez aux personnes qui ont contribué au projet, mais le plus important reste de ne pas être un·e trou du cul Petite boîte à outils : livres sans auteurices, créditer là où il faut — ne pas juste mentionner, mais documenter largement vos influences et publier vos recherches, surtout quand rien n’a été produit à leur sujet —, multiplier les occasions d’être visibles, expérimenter avec la répartition des bénéfices. À suivre.

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46, avenue du président Wilson 93230 Romainville éditions Burn~Août 07 50 33 63 55 dernière modification 5 juillet 2023 page 3/3 ÉTUDE

En cas d’impression soi-même, relier au niveau de cette zone

Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent résoudre ?

Nous avons invité dix-sept artistes éditeurices à répondre à la question suivante : « En réfléchissant aux échelles locale, régionale, nationale et internationale, quels sont les problèmes sociétaux, politiques, économiques et écologiques que les artistes éditeur·ices sont équipé·es à aborder et à résoudre en utilisant leurs connaissances, leurs compétences et leurs ressources ? »

Temporary Services / PrintRoom (traduction par Yann Trividic)

Avec les textes de : Josh MacPhee (Brooklyn, NY) justseeds. org/artist/joshmacphee — Eric Von Baynes (Chicago, IL) instagram.corn/flatlands_press — Tim Devin (Somerville, MA) timdevin.com — Journal oi Aesthetics and Protest (Leipzig) joaap.org — Booklyn (Brooklyn, NY) booklyn. org — Press Press (Baltimore, MD) presspress. info — Llano del Rio Collective (Los Angeles, CA) ldrg. wordpress.com — Thick Press (Washington D.C. / Los Angeles, CA) thickpress.com — Alex Arzt (Oakland, CA) alexarzt.com AND Publishing (London) andpublishing.org — Jan Steinbach: Edition Taube, MATERIAL (Zurich/ Munich) edcat. net editiontaube.de — antoine lefebvre editions (Paris) antoinelefebvre.net — Simon Worthington (Berlin) hpg.io metamute. org — Onomatopee (Eindhoven)onomatopee. net — Hardworking Goodlooking (Rotterdam/ Manilla) officeocd.com — Nina Prader / Lady Liberty Press (Berlin/ Vienna) lady libertypress.org Eleanor Vonne Brown (London) bokship.org el-x.org

Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent résoudre ?

Quels problèmes les artistes éditeurices peuvent résoudre ? est la traduction d’un livret de 52 de pages publié chez Half Letter Press, une maison d’édition indépendante fondée par Marc Fischer et Brett Bloom et est le fruit d’une collaboration entre Temporary Services et PrintRoom.

Dans cette publication, 17 artistes/éditeurices internationaux·ales sont invité·es à répondre à la question suivante : « En pensant localement, régionalement, nationalement et internationalement : quels sont les problèmes sociaux, politiques, économiques et écologiques que les artistes/ éditeurices sont en mesure d’aborder ou de résoudre grâce à leurs connaissances, leurs compétences et leurs ressources ? ». La publication se construit autour de ces 17 réponses, qui sont autant de témoignages de ces pratiques éditoriales singulières.

Chacun de ces textes est comme un outil pour repenser la production et la circulation des formes imprimées. Les traduire de l’anglais vers le français, c’est permettre la diffusion de ces outils dans la scène locale et partager des pratiques éditoriales qui se posent la question de leurs avenirs.

Nombre de pages : 52

Dimensions : 14,8*21

Prix de vente : + ou - 5 euros Graphisme : Théo Pall d’après la maquette de Marc Fischer

CollectionPositionsd’éditeurices Éditions
page 4 sur 6 Dernières modifications le 24 août 2022 9:58 — PDF sur http://editionsburnaout.fr/
Burn~Août, 46 avenue du Président Wilson, 93230, Romainville

SABRINA FERNÁNDEZ CASAS ET PATRICIO GIL FLOOD (ÉDS)

Macaco Press Book.

Imprimer, activer, transformer / Imprimir, activar, transformar

Quelques notes pratiques pour décoloniser l’édition.

Le MACACO PRESS BOOK est né du désir de célébrer les pratiques artistiques hybrides et de partager l’histoire d’un collectif artistique qui explore la relation entre l’autoédition et la performance. Cette publication est un support de recherche et de lutte à destination d’artistes, de collectifs, de micro-éditeur·ices précaires et de chercheur·euses. MACACO Press est en constante mutation et transformation. Chaque réseau affectif déclenche des possibilités d’actions. Par exemple : recycler des textes et des images existantes ; copier le graphisme des livres qu’on aime ; distordre la typographie Helvetica à volonté ; consacrer une partie du budget de production des expositions à publier de nouveaux livres ; s’infiltrer ! même dans les foires où on n’est pas invité·e·x·s ; négocier sa présence pour quelques heures ; parler à tout le monde, l’échange plutôt que la vente ; investir tous les lieux : des marchés de fruits et légumes jusqu’aux galeries d’art contemporain.

Contributions de Jorge Raka, Dora García, Adriana Domínguez, Almacén Editorial, Lucas Fiorucci (Conquista Editora), Tali Serruya, Sara McLaren et Begoña Cuquejo, Estampa Feminista, Louise / Luigi Bonpaix, Mohamed Abdelkarim, Federica Martini, Jony Valado, Barbara Fedier, Christina Jonsson, Magdalena Testoni, Colin Raynal.

collection CAT. Recherche

langues fr./esp.

format 14,8 x 21 cm, 200 p., broché isbn 978-2-88964-085-0 prix CHF 20 / € 14

parfois MACACO ce sont des étranger·ères

parfois MACACO ce sont des actions éphémères

parfois MACACO est un matériel imprimé

parfois MACACO est un animal

parfois MACACO est un·e

autre artiste

parfois MACACO est une expérimentation

parfois MACACO est un drapeau

parfois MACACO est un échange

parfois MACACO est une infiltration

Son travail porte sur des questions d’identité et ce qui la compose, notamment la figure de l’autre, la mémoire et sa manipulation. En mars 2015, elle fonde avec Patricio Gil Flood, un artiste argentin vivant à Genève, Macaco Press, Publishing Performance. Ce projet collectif envisage l’édition contemporaine comme un outil d’action, et la publication imprimée comme une pratique sociale.

Mot-clés auto-édition, piratage, fanzine, imprimé d’artistes, performance, militantisme Arguments libraires/représentants Comment

décoloniser l’édition ? Voici des notes pratiques issues d’une expérience singulière et des essais à destination d’autres artistes, de collectifs, microéditeur·ices précaires et chercheur·euses.

rayon
critique genre manifeste parution
novembre 2024
théorie
6
Sabrina Fernández Casas est née en 1988. Elle vit et travaille à Genève (Suisse).
art&fiction
Portrait

Lawrence Lessig, cette diffusion de connaissances est l’attribut même de l’ère numérique et doit être encouragée au nom de la créativité). »

IMAGE VIRALE ET HISTOIRE

«Un singe vole un appareil pour se prendre en photo» (The Telegraph), «un appareil photo sur un trépied» déclenché par des singes (The Guardian), et un singe s’empare d’un appareil photo «fasciné par son reflet dans l’objectif ». (Daily Mail).

Slater a donné une description plus détaillée de la scène sur son site web et dans d’autres médias : il raconte qu’accompagner d’un guide ils ont suivi les singes pendant trois jours, et ont gagné leur confiance au deuxième jour. En essayant de photographier les singes, il a découvert qu’ils étaient fascinés par l’appareil photo et le matériel technique et qu’ils n’arrêtaient pas de jouer avec, et avaient même essayé de s’enfuir avec l’appareil.

QUI EST L’AUTEUR OU COMMENT ESSAYER DE COMPRENDRE L’INSTRUMENTALISATION

Que se passe-t-il lorsqu’un matériel culturel bascule dans le domaine public ? Et si le selfie du singe représentait lui-même une performance ?

Le photographe est-il l’auteur de cette performance pour avoir tenté de démontrer et d’induire le comportement de l’animal ?

Est-ce le singe l’auteur de la performance puisque c’est lui qui induit ce comportement chez le photographe (sans avoir besoin ni possibilité d’expliquer quoique ce soit) ? Jusqu’où les artistes peuvent-ils être auteu����ces des comportements des autres ? Quelle est la limite de l’autonomie et de l’affirmation de sa propre identité lorsque d’autres personnes ou animaux nous influencent sur nos comportements ?

Qui sont les auteu����ces de nos histoires, nous ou les autres ?

Le selfie du singe représente-il une forme de syncrétisme ?

Ces questions et bien d’autres peuvent surgir à partir d’une image graphique, d’une photographie, d’un texte, en relation à une action, à qui la produit et dans quel contexte. Certaines choses restent encore inexplicables.

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Sabrina Fernández Casas et Patricio Gil Flood (éds) | Macaco Press Book. Extraits Sabrina Fernández Casas et Patricio Gil Flood (éds) | Macaco Press Book. Extraits

Klingental, Basel, Hit, BIG, La Cápsula. Des espaces institutionnels et des actions informelles au sein de l’espace public. Mais aussi des pratiques pédagogiques et de recherche, alors que nous avons été invités à la HEAD (Haute école d’art et de design de Genève) et à l’EDHEA (École supérieure de design et d’art du Valais), où nous avons trouvé de nombreux alliés.

TOP MANTA

L’une des premières actions publiques a été de faire du top manta (de la vente ambulante). Nous avons développé le projet collectif MACACO Press en Suisse, en étant des étranger·ère·s. Si nous recherchons des racines culturelles, sociales, politiques et des affinités artistiques, nous trouverons probablement de nombreuses références artistiques et non artistiques en Espagne ou en Argentine, telles que : la vente de rue, les marchés non officiels, l’autogestion, les métissages et le piratage en tant que modèle de survie et d’accessibilité, les projets collectifs hybrides, les projets pédagogiques expérimentaux, l’action directe, et bien d’autres qui vont au-delà des pratiques artistiques.

Au départ, afin de faire circuler et diffuser nos publications, nous nous sommes «infiltré·e·s » dans différentes foires d’art imprimé. Sous forme d’action spontanée, nous avons déployé un drap au sol dehors, à l’entrée des lieux, ou encore aux coins des rues. Plus tard, avec la participation de Jorge Raka, nous nous sommes glissé·e·s à l’intérieur et nous nous sommes installé·e·s par terre ou sur des tables vides prévues pour ce type d’évènements.

Alors que nous étions à la recherche d’espaces de dialogue dans un contexte artistique nouveau, dès les débuts du collectif MACACO, nous avons voulu participer de cette manière à certains salons d’éditions comme : Offprint à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris, Offprint au Tate Museum de Londres, On Print au Musée de l’Elysée à Lausanne, I Never Read à la Kaserne de Bâle, Manchester Art Fair (performance réalisée par le collectif Legroom), Libros Mutantes à La Casa Encendida de Madrid, Feria Migra à Buenos Aires, Volumes à la Kunsthalle de Zurich. A la suite de cela, nous avons été invités à d’autres foires telles que la Foire du livre anarchiste à Berne, Impresionante au Museo de

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Sabrina Fernández Casas et Patricio Gil Flood (éds)
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Macaco Press Book. Extraits Sabrina Fernández Casas et Patricio Gil Flood (éds)
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Macaco Press Book. Extraits

En 2022, alors que l’équipe de MACACO est à Bahia pour écrire ce livre, le Brésil est en pleine pression électorale à la veille du résultat des élections présidentielles. Après quatre ans de Bolsonarisme, le pays est divisé et appauvri. Comme cela s’est tant vu en Amérique Latine avec les politiques de droite. En d’autres termes, le Brésil ne peut pas se projeter dans l’avenir tant que ne seront pas rétablis les besoins essentiels à une vie digne.

Admiratif·ive·s de l’engagement de l’atelier d’impression Parquinho Grafico au sein de la Casa do Povo à Sao Paulo, nous les avons contactés pour leur proposer une collaboration graphique qui pourrait s’inscrire dans la production de ce livre. À ce moment-là aussi, le contexte local et l’urgence politique ont fait jaillir notre propre pratique artistique.

Foreigners after Superflex, Standard/Deluxe, Lausanne, 2015

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Todes Macaques, LOKAL-INT, Bienne, 2019 Sabrina Fernández Casas et Patricio Gil Flood (éds) | Macaco Press Book. Extraits Sabrina Fernández Casas et Patricio Gil Flood (éds) | Macaco Press Book. Extraits

La normalité était le problème

ALMACEN EDITORIAL

Almacén Editorial est un projet d’édition indépendant situé dans la ville de Concepción, au Chili. Almacén conçoit la pratique éditoriale comme un champ en constante expansion et reformulation, dans lequel ont lieu des échanges et des expérimentations qui vont au-delà de l’objectualité des livres. En complément de la production de ses éditions, Almacén organise depuis 2021 le projet de résidence «Expanded Editoriality», invitant des artistes de différentes disciplines à s’impliquer dans des processus de dialogue et de coédition collective. Site web http://www.almaceneditorial.cl/

Les murs sont l’imprimerie du peuple

Rodolfo Walsh

La révolte populaire d’octobre 2019, également connue sous le nom d’explosion chilienne, a engendré une énorme quantité de mots, d’images, de représentations graphiques, d’interventions performatives et musicales, comme s’il s’agissait d’un mouvement tellurique qui ébranlait l’état de normalité auquel nous étions habitués. Au cours de ces semaines, une créativité collective jamais vue auparavant a émergé, qui, par le biais de multiples actions dans l’espace public, a confronté les symboles du pouvoir et incarné la volonté d’une société plus juste et plus digne. Sans programme ni manifeste idéologique pour organiser son discours, la révolte a été une éruption spontanée de colère et de frustration accumulées pendant de très nombreuses années. Le peuple, «cet être fait de mots» comme dirait Jacques Rancière, s’est enflammé et a embrassé la rue pour laisser sa voix sur les murs de la ville : «Plus jamais sans nous», «Jusqu’à ce que la vie soit digne d’être vécue», «Une autre fin du monde est possible», «Ça n’a jamais été une oasis», «Je donne mon âme au vide», «Ils ont fait disparaître notre peur»... et ainsi de suite, d’innombrables phrases et slogans qui ont tapissé la scène de l’insurrection. Certains sont plus poétiques, d’autres plus colériques, beaucoup font appel à l’humour et à l’ironie, mais toutes ces expressions témoignent d’une sensibilité et d’un langage commun à travers lesquels se sont exprimés la rage et le désir de transformer une réalité oppressante.

Il n’existe pas beaucoup d’études portant sur la révolte en tant que phénomène spécifique, probablement en raison de sa nature imprécise, non planifiée et intempestive, et donc difficile à définir. Elle est aussi souvent confondue avec l’idée - plus étudiée et documentée - de révolution, mais cette dernière relève d’une autre logique et, surtout, d’une autre temporalité. Dans ce scénario, c’est l’historien et essayiste italien Furio Jesi qui s’y est intéressé.

Dans son livre Spartakus : Symbologie de la révolte, Jesi développe une réflexion profonde et inédite sur le sujet, en prenant comme exemple historique la révolte spartaciste de 1919 en Allemagne. Ce qui nous intéresse ici, c’est de reprendre ce qu’il dit de la manière dont la ville

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19 x 27 cm

40 pages

14 €

À partir de 3 ans

ISBN 979-10-94908-45-7

Sortie prévue : novembre 2024

Qu’est-ce qu’un livre ?

Cela peut être un fleuve qui t’emporte toujours vers un lieu différent ; ou un rugissement que tu n’avais jamais entendu. C’est parfois un refuge pour fuir les moments difficiles. Ou encore une réponse à des questions que tu ne t’étais jamais posées.

Avec poésie et simplicité, cet album évoque la relation entre un livre et son lecteur. Il invite les enfants à explorer le potentiel ludique d’un livre. C’est un voyage dans les univers créatifs que les livres sont capables d’offrir.

Cet album poétique est aussi un cherche-et-trouve, sur chaque illustration foisonnante de détails s’est glissé un petit lecteur - tantôt fantôme ou aventurier - que l’on peut s’amuser à retrouver.

Thèmes : livre, littérature, évasion, aventure, chercheet-trouve

le diplodocus

14 rue du Dr Rocheblave

30260 Quissac

www.le-diplodocus.fr floriane@le-diplodocus.fr

06 88 30 62 02

Azul López (anciennement Andrés López) autrice illustratrice mexicaine

Panthère noire, Thierry Magnier 2023

Volver a mirar, International Award of Illustration BCBF- Fundación SM 2022

Diffusion & Distribution Serendip-livres

21 bis rue Arnold Géraux 93450 L’île St Denis 01 40 38 18 14 gencod dilicom : 3019000119404

Nouveauté novembre 2024
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Azul López
Nouveauté novembre 2024 Nouveauté novembre 2024

Malédiction de Lou-Maria Le Brusq

Malédiction

mots de l’autrice :

Souvenirs proches ou lointains, déclarations d’amour, rêves d’enfants, récits d’aventures, Malédiction raconte les amitiés de la matière, le mariage indésirable entre les choses sales de la terre et la morsure de l’eau salée. Malédiction c’est maudire, c’est mal-dire. C’est une condamnation. Mal nommer une chose, c’est lui assigner un nouveau destin. L’acte de nomination, comme la formule magique, possède une puissance active sur la fatalité. Ce titre peut sonner comme un avertissement, mais, comme toute chose, la malédiction porte en elle son contraire, et c’est en fait une tentative toute personnelle de me ressaisir, en écrivant, de nos puissances agissantes.

mot-clés : poésie, vent, terre humide, embruns, souvenirs, moisissure, pain

mots de l’éditrice :

Ce recueil transforme la sensibilité de peintre de Lou-Maria en mots. Au fil de poèmes courts en forme d’images, elle nous invite avec précision à suivre les méandres de la mémoire. Celle qui associe des textures végétales à des corps qu’on refuse d’oublier, des odeurs à des lieux qui vivront toujours en nous comme une collection de miniatures de réalités.

Lou-Maria fait naître des sensations, aux lecteurices d’y associer les émotions qui en découlent. Lou-Maria propose des mondes qui se répondent, nous invitant à plonger dedans avec l’incertitude de ce qu’ils vont révéler en nous. Et c’est bien la l’inattendu capable de surgir de la mémoire de chacunx qui est mise en œuvre à la lecture de Malédiction : la surprenante mélancolie, une excitation lointaine réactivée, la confiance née d’associations nouvelles.

Malédiction comprend une interview de l’autrice réalisée en février 2024 où elle ecplique notamment comment elle a construit ses poèmes et le contexte (socio-économique) dans lequel l’écriture a été possible ou non.

Impression de la couverture sur papier argenté texturé.

76 pages

10x14 cm

ISBN 978-2-9575104-3-6

13 €

Premier tirage : 500 exemplaires

Parution : mai 2024

est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com
sent embruns. Malédiction
Lou-Maria Le Brusq

Malédiction de Lou-Maria Le Brusq

extraits :

printemps

Ce qu’ils ont vu, ce matin, ce n’est qu’un rayon de lumière. Il a banni l’alouette de l’hiver et le printemps s’est installé.

Les fleurs sont toutes tombées et la charrue est recouverte de pollen. Les pivoines hochent la tête et s’inclinent avec la voiture et nous entamons la route plus tôt que prévu.

Nos mains pourront bientôt peigner l’herbe crue, engourdies par le froid, et nos bouches embrasserons le foin vert. Nous apprendrons les secrets de l’oseille et du rouan, du châtaignier et du hongre gris.

l’œuf

l’œuf

Je suis faite de corne, de clous et d’épines, je suis debout les pieds creusés dans le sol. Toi, tu es la cloche dans mon oreille mon grand rugissement blanc.

Je suis faite de corne, de clous et d’épines, je suis debout les pieds creusés dans le sol. Toi, tu es la cloche dans mon oreille mon grand rugissement blanc.

Je voudrais que tu me transforme en arbre, que tu lies mes bourgeons que tu remplisses mes oreilles de miel que tu m’arrose d’ajonc et de sel.

Je voudrais que tu me transforme en arbre, que tu lies mes bourgeons que tu remplisses mes oreilles de miel que tu m’arrose d’ajonc et de sel.

Au Jardin je te couperais les cheveux laissant aux noirs oiseaux tout le loisir de confectionner un Nid entre mes doigts et qu’elles fassent un œuf de nos amours.

Au Jardin je te couperais les cheveux laissant aux noirs oiseaux tout le loisir de confectionner un Nid entre mes doigts et qu’elles fassent un œuf de nos amours.

Mes yeux seront sauvages quand je viendrais m’écraser sur les chevrons de ta porte.

Mes yeux seront sauvages quand je viendrais m’écraser sur les chevrons de ta porte.

En chaque amitié, il y a des liens qui sont barbelés et tordus.

Le soleil qui verse le vin, n’apprécie pas la moelle du seigneur, Et les os des bouleaux, ploient sous la hache du frileux.

Amadoue, braie ou goudron, sirop. La route est encore longue et la charrette tangue. À chaque arrêt nous chantons un nouvel ami, à chaque arrêt nous pleurons une ombre.

7

8

J’ai le courage d’une robe de fourrure dans un duvet de cygne. Et toi tu as l’étoffe d’un fourreau façonné pour un glaive d’argent.

J’ai le courage d’une robe de fourrure dans un duvet de cygne. Et toi tu as l’étoffe d’un fourreau façonné pour un glaive d’argent.

Dans l’écorce, une première incision. Tu m’as fendue en plein Cœur cousu de lierre un nouvel air à mon visage et rempli mon ventre de sciure.

Dans l’écorce, une première incision. Tu m’as fendue en plein Cœur cousu de lierre un nouvel air à mon visage et rempli mon ventre de sciure.

Il est connu qu’un battant fait des courants d'air et que le verre est plus dur que l'or

Il est connu qu’un battant fait des courants d'air et que le verre est plus dur que l'or

est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me
18 19
18 19

Malédiction de Lou-Maria Le Brusq

Qui compte encore les grains et les bêtes

C’est ce visage humain

Dans le règne des mammifères

Les lignes s’estompent dans son royaume

Il a oublié la façon de les tisser

Mais il faut bien manger quelque chose,

Et rester dans les frontières de la Terre,

Que l’homme à ceinturé

scorpionnes

scorpionnes

Scorpionne caduque et velue

Scorpionne caduque et velue

Des nénuphars dans tes cheveux, Torsades vilaines et nèfles pourris.

Des nénuphars dans tes cheveux,

Torsades vilaines et nèfles pourris.

Autour de tes doigts les vignes malades. Des gerbes de myosotis, Des marécages.

Autour de tes doigts les vignes malades.

Des gerbes de myosotis,

Des marécages.

Scorpionne feu-follet

Scorpionne feu-follet

Un jour tu deviendras herbe, Calicules, tiges et pédicelles, Creusés d’un silence squelettique Cavernes, sombres orbites

Un jour tu deviendras herbe, Calicules, tiges et pédicelles, Creusés d’un silence squelettique

Cavernes, sombres orbites

Ceps écaillés.

Ceps écaillés.

variat : un conte

La ferme dit :

— Il vous faut rester près de la porte

Et de la main qui vous a nourri ;

Demeurer tout autour de la mangeoire

La truie :

— Nous ne voulons des frontières de la Terre

Que les hommes ont pour nous ceinturées ;

À double boulons et poing fermé

Mais jamais nous ne saurons À quoi rêvent les animaux

Alors nous construisons un bestiaire argentique

Aux formes presque toujours dures

Imprégnées de couleurs sales et diaboliques

Scorpionne, une couvée d’aspics, Ourdisseuse de rayons froids, Fleurit dans ton ventre en gestation.

Racines griffues et vertes, Comme les formes mortes du vivant.

Scorpionne, une couvée d’aspics, Ourdisseuse de rayons froids, Fleurit dans ton ventre en gestation. Racines griffues et vertes, Comme les formes mortes du vivant.

Venimeuse.

Venimeuse.

Scorpionne, hôte invertébrée

Scorpionne, hôte invertébrée

Les vieilles routines autour, Et les sortilèges s’affirment avec une espèce de vengeance.

Tes premiers mots : Un sac de cailloux.

Les vieilles routines autour, Et les sortilèges s’affirment avec une espèce de vengeance. Tes premiers mots : Un sac de cailloux.

est basée à Rennes / editions.rag@gmail.com / rageditions.hotglue.me
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Malédiction de Lou-Maria Le Brusq

extrait de l’interview :

« Ma pratique me procure un apaisement que je cherche aussi à retranscrire dans mon travail, une sensation pleine. Cependant je ne souhaite pas du tout parler de moi, de mon passé, de tel souvenir ou de tel lieu. Je les utilise plutôt comme des motifs.

L’écriture impose une distance avec le souvenir, il le tord. Aussi, les souvenirs que je convoque ne dépendent plus de bornes temporelles et se trouvent transformés par leur cohabitation dans les textes. Ainsi mêlés ils créent une fiction nouvelle et acquièrent un caractère immuable. [...]

J’adore la fiction et j’adore jouer. J’aime les mythes, les récits, les contes, le surnaturel, la magie, les rumeurs. J’aime l’imaginaire en général, et c’est pour ça que j’aime écrire et peindre. Je pense que c’est le lien opérant entre l’imagination, avec son étrangeté et son émerveillement, et l’expression. Pour moi peut-être que l’imaginaire est un moyen de nous rendre sensibles à la part invisible du monde et à nos relations. On apprend beaucoup grâce à la fiction, et elle offre recouvrement, rétablissement, évasion et consolation. Elle a aussi quelque chose à voir avec la qualité du désir (plutôt qu’avec la possibilité). Car selon l’angle sous lequel on l’aborde, la fiction peut aussi être terrible, le mensonge, la spéculation financière, la manipulation...»

editions.rag@gmail.com
rageditions.hotglue.me
est basée à Rennes /
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ADVERSE

I LOOKED AROUND MY APPARTMENT AND SIGHTED / J’AI FAIT LE TOUR DE L’APPARTEMENT ET SOUPIRÉ TIM NG TVEDT (AKA SNAKKEBOB)

Récit hallucinatoire d’un réveil contrarié sans cesse rejoué, J’ai fait le tour de l’appartement... procède selon la logique d’un poème spatialisé en prose, qui n’évacuerait pas définitivement la représentation, tout en restant sur la brèche de l’abstraction. Dessin et texte s’entremêlent jusqu’à parfois se confondre ou se parasiter, et le jeu de répétitions / variations / accumulations ne cesse d’interroger nos régimes perceptifs selon une logique réflexive, le protagoniste étant soumis à des questions similaires (cherchant à découvrir ce qui l’anime ou par qui il est animé, inlassablement, lors des premiers gestes incessamment réengagés du quotidien).

Auteur norvégien, Tim Ng Tvedt (alia Snakkebob) évolue à mi-chemin de la bande dessinée expérimentale, de la poésie visuelle et du livre d’artiste. Après plusieurs publications dans sa langue d’origine, son travail se déploie depuis peu à l’international (Footbooks, Lagon revue, Adverse). Les amateurs se réjouiront encore d’apprendre qu’ils trouveront en ligne une somme conséquente de strips dessinés quotidiennement depuis plus de trois ans, tous visibles sur le site personnel de l’artiste (snakkebob.no).

Étant donné les spécificités plastico-littéraires de ce travail, les planches originales en anglais ont été conservés à l’identique pour cette première édition française, la traduction étant reportée en conservant les effets de spacialisation sur la page en vis-à-vis.

20 pages n&b (édition bilingue français/anglais, couverture imprimée en sérigraphie) 14,5 x 21 cm, 8 € 979-10-95922-62-9 — septembre 2024 Vente ferme

un matin je me suis réveillé

un matin je me suis réveillé, ma voix m’avait quitté

matin

plusieurs voix m’ont dit quoi dire les voix m’ont dit quoi faire

la voix a ordonné et alors la voix m’a dit

LÈVE-TOI ce que j’ai fait perplexe je suis sorti du lit

HABILLE-TOI et j’ai fait ce qu’on me disait je me suis habillé

et alors la voix m’a dit elle a dit

METS TES

LUNETTES et je l’ai fait j’ai mis mes lunettes et alors j’ai pu y voir clair j’ai fait le tour de l’appartement et j’ai soupiré

un

Parution : octobre 2024

ISBN : 978-2-911917-88-2

14,8 cm

21 cm

280 pages

20€

Couverture

Dessin d’Edward Lear

Un livre de nonsens

Un livre d’Edward Lear

Traduit et introduit par

Gérald Auclin

Récits littéraires

Classique de la littérature absurde anglo-saxonne ayant inspiré Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, Un Livre de nonsense d’Edward Lear (18121888) dépeint en « limericks » de cinq vers et en un dessin des scénettes dans lesquelles des personnages grotesques défient le bon sens en apprenant à marcher aux poissons, ou en cuisinant leur conjoint (mais toujours dans la bonne humeur).

La présente traduction est la première à rendre en français non seulement

l’humour absurde et jouissif d’Edward Lear, mais aussi la forme et le rythme ternaire des limericks originaux

L’auteur

Edward Lear est un écrivain, un illustrateur et un ornithologue britannique connu pour sa poésie, né le 12 mai 1812 à Holloway (au nord de Londres), et mort le 29 janvier 1888 à Sanremo en Italie.

À 19 ans, il commence à gagner sa vie en tant qu'illustrateur pour un ouvrage intitulé Illustrations of the Family of Psittacidae, or Parrots (1830). La qualité de ses illustrations fait si grande impression qu'on le compare à Audubon. Il continuera à dessiner et peindre toute sa vie.

De santé fragile, il souffre d’épilepsie, de bronchite chronique et d’asthme, non étrangères à de nombreux voyages dans les pays méditerranéens, en Inde et en Italie.

En 1846, il publie A Book of Nonsense, un recueil de poèmes humoristiques qui connaît dix-neuf éditions de son vivant, qu’il complètera par deux autres titres.

Lear contribue à populariser ce genre poétique, le limerick, déjà fortement ancré dans la tradition populaire britannique, proche du couplet à bouts rimés se terminant par une petite morale absurde et dont le style emprunte également aux nursery rhymes, entre la berceuse et la comptine pour enfant.

En 1865 paraît The History of the Seven Families of the Lake PipplePopple et en 1867, son plus célèbre recueil de « nonsense poetry », The Owl and the Pussycat, qu'il a écrit pour les enfants de son patron Edward Smith-Stanley, 13e comte de Derby.

Edward Lear et ses Limerick figure en bonne place, aux côté de Lichtenberg et de Lewis Caroll dans l’Anthologie de l’humour noir du surréaliste André Breton.

Extraits

Extraits

Extraits

PIPI CHAMPAGNE

par Maxime Vignaud (préface par Marie Navaro)

▶ Collection 39°5

▶ Format (mm) ������������������������� 140*205

▶ Nombre de pages ���������������� 141

▶ Prix (€) 14

▶ ISBN 978-2-493-53405-7

▶ Parution ��������������������������������������� octobre 2024

À travers ses trajets quotidiens dans les transports parisiens, Maxime décrit ses aventures homosexuelles réelles et fantasmées. On découvre dans ses poèmes ses désirs de vengeance contre la bourgeoisie, la famille, ses explorations diurnes en manif et nocturnes dans les clubs. Maxime écrit un journal en poèmes de ses déambulations urbaines dans lesquelles il explore les recoins de ses désirs. Ses projections romantiques et ses rêves politiques à la périphérie des villes, des normes nous font imaginer une révolution jouissive.

L’ouvrage couple deux recueils de Maxime Vignaud, placés tête bêche dans le livre, comme deux revers d’une même pièce, ou comme deux corps qui dorment en cuillère

D’un côté, vous trouverez Les boys et la politrik Écrit en 2021, le recueil nous plonge dans le flux de pensée de l’auteur alors à peine âgé de 21 ans� Maxime Vignaud nous raconte ses récits de manifs, le sexe avec les hommes qui croisent son chemin, la fête, la ville� Sa poésie est ici un acte ambiguë, il faut tenter de dire tout, avec le moins de mots possible, tenter d’épuiser, non pas un sujet, mais l’acte même de l’écriture

De l’autre côté, vous plongerez dans Pipi champagne� Un ensemble de poèmes écrits entre 2022 et 2024� Ici, on est en prise directe avec la violence du monde et ses effets sur les corps, pourtant rien ne semble pouvoir attaquer le romantisme obstiné de l’auteur� Dans les villes, toujours, se côtoient bourgeoisie ostentatoire et corps pds prolétaires Comment ne pas écrire alors le désir insatiable de vengeance ? Comment ne pas continuer à croire en l’amour, en ce qui nous rassemble dans un monde qui nous disloque ?

Bourgeoisie anale

Maxime Vignaud met en son ses textes sur de la musique noise� Dans Pipi champagne, nous avons choisi de rassembler les paroles de ses chansons : Toi je te veux, 10 milliards, Power bottom entre autres

Le nom de son projet musical est Bourgeoisie anale (https://bourgeoisieanale.bandcamp.com/track/ club-kid-cool-kid-demo)

Thèmes abordés : homophobie, identités queer, amitié, solidarités, amour, deuil, drogue, dépression, famille, luttes politiques et sociales, rapports d’oppression de classe, survie économique

Ouvrages associés :

▶ Dans ma chambre, Guillaume Dustan, POL, 1996

▶ Los putos, Ioshua, Terasses, 2021

▶ Néons, Denis Belloc, Les éditions du chemin de fer, 2017

▶ Anthologie Douteuse, Élodie Petit et Marguerin Le Louvier, Rotolux Press, 2021

À propos de l’auteur : Maxime Vignaud vit et travaille à Paris Il a étudié à l’ENSAPC et a écrit son premier recueil auto-édité de poèmes en 2021, Les boys et la politrik, dans lequel il expose son rapport au sexe, à la politique et à la langue Il travaille la photographie et joue de la musique noise en live (Satiné Satan avec Céleste Gatier pour Cmptrmthmtcs)�

Dernière modification 29 mars 2024 https://gitlab.com/editionsburnaout burnaout@riseup.net http://editionsburnaout.fr/ page 1/5 Éditions Burn~Août Diffusion/distribution : Paon-Serendip
PIPI CHAMPAGNE ( Maxime Vignaud) REF : PIPI
POÉSIE, IDENTITÉE
Crédit photographique : Emile
Zeizig
QUEER

Maxime Vignaud a grandi à Versailles, mais sans moulures à son plafond Être issu d’une famille de gauche dans une des villes les plus à droite a certainement forgé sa conscience des rapports de classe et de domination

Après avoir lu G Dustan, K Acker, regardé les films de Warhol et écouté les scènes noise française et allemande, il se met à écrire des poèmes au croisement de toutes ces influences.

Écrits à la première personne, ses poèmes traduisent une parole située en prise avec les thèmes que nous défendons dans notre collection 39°5 : des identités queers, anticapitalistes, qui s’autodéterminent en inventant leur propre langue

Le livre de Maxime — avec d’autres parus ces dernières années — participe au renouvellement de la tradition du cruising littéraire Il s’inscrit dans l’histoire d’une littérature qui écrit le sexe pd, le sexe public et queer, comme un assaut des espaces de subjectivation, un assaut des imaginaires politiques

Parfois à la manière d’un journal, on embarque dans ses déambulations� La dispersion est son mode opératoire : de partout, tout le temps, tout attire son attention et son excitation Sa voix essoufflée qui nous scande ce qu’elle peut de cette course.

Sa langue est simplifiée par le besoin d’écrire vite, de saisir ce qui l’habite, le pénètre au moment où il est habité, pénétré, comme la recherche utopique d’un réalisme des affects : comment se rapprocher par l’écriture au plus près de ce qu’on vit ?

Hot wings and tenders

Marl Brun, 2023

On peut associer ses méthodes à l’écriture automatique, ou à la prise de note

D’ailleurs, Maxime écrit sur son téléphone, un outil toujours dans sa poche� Donc écrire, c’est écrire en marchant, c’est écrire sous l’emprise de la drogue, de l’alcool, c’est écrire en s’endormant dans un bus, en se perdant dans les points lumineux qui défilent derrière la fenêtre trempée. C’est s’amuser, c’est faire des blagues avec les mots, faire de l’auto-dérision, se moquer avec cynisme des vieux bourges et de leurs monde�

Écrire, c’est éprouver le sentiment amoureux, se raccrocher à ce qui nous donne de l’espoir C’est dire son corps désirant à la périphérie des villes, des normes, son corps bandant pour un monde meilleur�

ROSE2RAGE

Théophyle DCX, 2023

Dans Hot wings and tenders, Marl Brun nous rappelle que chaque infime partie de nos rapports est politique et contient en elle un potentiel de résistance Son obsession presque coupable pour le chicken frit, son amour inconditionnel des chiens ou même son cul, deviennent les supports poétiques d’une réflexion sur la survie, l’émancipation et la résilience� Elle écrit en anglais à la première personne, puis invite des amixs à traduire oralement ses poèmes en français Son écriture, d’abord solitaire et introspective, se déploie en une intimité collective au fil de ce premier recueil.

Présentation de la collection 39°5 39°5 est une température, celle d’une fièvre qui monte ou d’une journée caniculaire, c’est aussi le nom de notre collection Dans la collection 39°5, nous choisissons de partager des textes écrits à la première personne qui mêlent l’intime au politique dans une perspective fondamentalement queer et féministe La collection accompagne des auteurices qui n’ont encore jamais été publiéxes et dont le travail questionne, déplace, ébranle nos rapports aux normes sociales et littéraires � Les textes de 39°5 sont brûlants, humides de sueur, ils portent des voix ardentes Ils tentent d’inscrire dans le paysage littéraire d’autres références, proches de nos réalités et des affects qui les habitent�

Dans ROSE2RAGE, l’écriture de Théophylle Dcx, rythmée, découpée, évoque un besoin urgent de retracer les affects qui le parcourent De ses danses de survie sur ses tubes d’adolescence jusqu’à l’écoute collective de leurs remix version nightcore des années plus tard, Théophylle Dcx nous fait le récit de son histoire Il écrit ce que peut être la vie d’une jeune personne queer séropo aujourd’hui : les violences qui la traversent, tout comme les moments de jouissance qui la rendent flamboyante. Son texte est un puissant hommage à Alexandre, son camarade de vie et de danse, décédé un an plus tôt�

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PIPI CHAMPAGNE ( Maxime Vignaud) REF : PIPI Crédit photographique : Emile Zeizig POÉSIE,
IDENTITÉE QUEER

1

Beau gosse

Je vis dans le meilleur des mondes avec le mec le plus beau gosse vous pouvez être jaloux

Le but c’est devenir riche organiser des orgies décadentes comme Jacque de Bascher

On fait un braquage de la bourgeoisie culturelle on prend l’hégémonie

Après on fait fructifier le capital on l’utilise contre eux et on prend les moyens de production

Biensur on partage je garde juste un jacuzzi et du champagne

EXTRAIT 2

J’ai appris à voler

J’ai appris à voler aujourd’hui avec un ami

On a volé et il a sorti sa bite de sa poche et il l’a touché et j’étais content

J’ai appris à voler aujourd’hui avec un oiseau

On a volé et il a sorti ses ailes de sa poche et j’étais content

J’ai appris à voler aujourd’hui avec une pince

J’ai volé et j’ai sorti la pince de ma poche et j’ai cassé l’antivol et j’étais content

EXTRAIT 3 — CHANSON

Power Bottom

Tout le pouvoir aux bottoms

On se tape tout le boulot

Power bottom power bottom

On est fièr·es de se faire enculer

Ceci est un manifeste

Pour tous les bottoms opprimé·es du monde

Révoltez vous

EXTRAIT 5

Optimisme

Le mec bande. Le mec bande sa grosse bite turgescente et fait des moulins avec. Le mec parle avec sa grosse voix et dit des trucs que je comprends pas. Le mec bande dans le train bondé. Je regarde son gros paquet en attendant de rentrer chez moi. Je pense à écrire un livre sur la vie de couple, le mariage, ma liste de course chez Ikea. Je pense à tout ça et je regarde sa bite. Optimisme c’est je sais que le RER s’arrêtera toujours à ma station, même avec la bite du mec dans ma main, même avec les gosses qui pleurent dans le wagon et le mec qui se pisse dessus dans son pantalon de costard trop serré. Le mec avec sa bite descends du RER, trop la classe il prend pas la porte mais la fenêtre, je savais pas qu’on pouvait passer par là c’est trop petit mais bon c’est un superhéros. Ça me gratte à l’entrejambe, ça doit être l’optimisme.

EXTRAIT

4

Les mots sortent de la bouche

Les mots sortent de la bouche le trou avec les lèvres roses serrées et un peu de poils autour un pétale de rose et y rentrent c’est humide c’est chaud comme la maison

Il faut regarder dedans et dehors mais derrière surtout et regarder dans le trou faire de la divination

Le vieux parle et il meurt en parlant et moi je l’écoute et il explose et je m’engouffre dans le trou

j’explore les murs de la prison et je casse des cailloux et je ressors

Fait chier merde il dit et je sors la merde et je sors les enfants et je sors les jouets et je prépare un café

Dernière modification 29 mars 2024 https://gitlab.com/editionsburnaout burnaout@riseup.net http://editionsburnaout.fr/ page 3/5 Éditions Burn~Août Diffusion/distribution : Paon-Serendip
EXTRAIT

éditions Hourra

genre poésie

thèmes cinéma, femmes

fiche technique

72 pages offset noir

Colorplan sorbet yellow & Arena Natural brochures cousues

format 11x18 cm prix 16 €

parution le 02/10/2024 contact

diffusion Paon diffusion paon.diffusion@gmail.com

distribution Serendip-livres contact@serendip-livres.fr

édition

Hourra contact@editions-hourra.net

La gaieté me sidère

isbn 978-2-491297-08-4 poésie

Le recueil de poèmes La gaieté me sidère est une approche sensible de l’expérience de spectatrice du film Jeanne Dielman de Chantal Akerman. Ce livre, qui agit comme une suspension poétique du temps, interroge le statut de l’action au cinéma comme dans la vie.

éditions Hourra

La gaieté me sidère

isbn 978-2-491297-08-4 poésie

Poème dont est issu le titre du livre. ↑

Clarisse Michaux

éditions

Hourra

La gaieté me sidère

isbn 978-2-491297-08-4 poésie le livre

La gaieté me sidère est composé d’une cinquantaine de poèmes autour du film de Chantal Akerman, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles. Il adopte le point de vue d’une spectatrice de cinéma qui exprime ce qui la traverse.

Le livre est un pèlerinage construit autour du film. Le lecteur, pris dans une enquête documentaire qui le mène sur les traces de Jeanne Dielman, découvre la géographie poétique de Clarisse Michaux. On arpente alors les rues pavées de Bruxelles et la boîte du 23, quai du commerce qui porte un autre nom. Puis l’on bascule dans le film, dans la fiction, en entrant dans l’univers de Jeanne Dielman : ses meubles, ses fournitures.

Rassemblés en ce recueil, les poèmes visent à construire, à propos des habitudes de Jeanne Dielman, une sorte de musée de gestes Ils décrivent un agencement du monde, celui d’une ménagère des années 1970. Puisque le cosmos de Jeanne Dielman est extrêmement réduit (de sa chambre à la salle de bain, il y a peu de mètres), le registre langagier du recueil tire parti d’une économie de vocabulaire.

Le texte se veut une expérience de la durée et de la claustrophobie – comme de leur dépassement. Il est pensé comme une narration, qui prend appui sur le film ainsi que sur l’expérience esthétique de ladite spectatrice. La majeure partie du recueil rend compte de l’univers routinier de Jeanne Dielman qui est la cause de son enfermement.

Clarisse Michaux établit une complicité entre Jeanne Dielman et la spectatrice qui la regarde 40 ans plus tard. Elle actualise l’enfermement de Jeanne Dielman et, dans une perspective féministe, interroge le statut de l’action au cinéma comme dans la vie. En fin de recueil, un prologue qui est comme une ouverture, et qui vient dire qu’il existe une expérience non-claustrophobique de l’ennui, qui n’est pas l’action, ni le suspens, qui est la vie et ses actes simples.

éditions Hourra

La gaieté me sidère

isbn 978-2-491297-08-4 poésie

↑Clarisse Michaux, dans ce recueil, déploie une retranscription si singulière de l’univers de Jeanne Dielman qu’il n’importe pas de connaitre le film. Le texte porte un récit de l’attente et de l’enfermement qui nous concerne bien au delà de l’expérience du film.

éditions Hourra

clarisse michaux - autrice

Clarisse Michaux est née en 1995 à Bruxelles. Elle est doctorante en philosophie de l’art et esthétique à l’Université de Liège. Elle est, depuis décembre 2023, titulaire d’une bourse FRESH du FNRS (Fonds National de la recherche scientifique) – en Belgique.

La gaieté me sidère

Clarisse Michaux

isbn 978-2-491297-08-4 poésie

éditions Hourra

la maison d’édition

— Honneur à celles par qui le scandale arrive !

Hourra : cri de joie, cri de guerre

Les éditions Hourra publient de la poésie et des écrits sur l’art. Créée en 2019 sur la montagne limousine, la maison naît de l’envie de défendre des pratiques d’écritures marginales où se rencontrent le poétique et le politique. Fruit d’amitiés et d’intuitions communes, elle réunit des artistes et des autrices pour qui la révolte fait corps avec la beauté.

La gaieté me sidère

isbn 978-2-491297-08-4 poésie

éditions hourra

36, avenue Porte de la Corrèze 19170 Lacelle

www.editions-hourra.net

Clarisse Michaux

ÉDITIONS LURLURE

PARUTION OCTOBRE 2024

L’ENDROIT AIGU

Pauline de Vergnette

Genre : Poésie

Collection : Poésie

Prix : 17 euros

Format : 14 x 21 cm

Nombre de pages : 96

ISBN : 979-10-95997-61-0

> Une nouvelle voix qui fait parfois penser aux univers de Jacques Prévert ou de Boby Lapointe

> Une poésie entre conte, comptine et chanson pour raconter des histoires – un peu – terrifiantes

> LE LIVRE

« L’endroit aigu » est un endroit qui s’anime dans certains moments inconfortables. C’est le lieu d’irritation au creux du ventre lors d’une poussée de stress, mais aussi la cachette où s’agitent la peur de la mort et les terreurs nocturnes : l’endroit aigu est une zone d’ombre un peu monstrueuse.

Heureusement, l’endroit aigu fait moins peur quand on va l’explorer, et écouter de plus près ce qu’il dit vraiment. Ce recueil essaie, avec humour, de donner voix aux refrains qui résonnent quand on s’aventure là-bas, mais aussi aux comptines qui protègent, et qu’on se répète en rengaines.

L’endroit aigu est donc le lieu des pensées intrusives et des chansons qui grincent : on entre dans ses rythmes pour tenter de l’apprivoiser.

> L’AUTRICE

Pauline de Vergnette est née en 1998 en région parisienne. Elle écrit des histoires et des poèmes. Son roman Si la rose vient à faner est paru en 2023 aux éditions Blast. L’endroit aigu est son premier recueil de poésie.

DIFFUSION-DISTRIBUTION : SERENDIP LIVRES / PAON DIFFUSION 1 / 4

la gisante a bougé elle n’est pas morte tout à fait trop vite enterrée elle a des drôles d’yeux rouges elle envoie du laser boum boum et il fait chaud

dormir au chaud c’est beau car pas chaud c’est pas beau elle a quelque croisade à régler près de là quelque conte mystique pour reposer roide quand les affaires seront réglées et son âme reposée abâtira l’envers – du décor est soulevé et rien n’est plus comme avant ni les mots ni les vies ni les regards des gens c’était un accident s’écrie-t-elle à la ronde et les bouts d’horizon brisés une étincelle une erreur je te dis un simple coup dans le vide sauf que c’était rempli pas de bol bécasse eh la gisante qui n’est pas morte elle a l’air un peu dosée elle ne comprend pas bien elle demande ohé ohé si personne ne répond ce n’est pas mon problème que je rentre au bercail et les ombres apaisées laisseront souffler le vent tantôt de face tantôt de biais tantôt coulant tantôt coulé jamais jamais arrêté.

J’ai doudouché mes creux perdus mes bons dadas au coin d’une rue c’était noël et les enfants étaient comme moi des combattants c’est pas du jeu a dit tata c’est pas d’la tarte ni d’la samba c’est quand t’y cours que le bât blesse et nos doudouteux sont pas très frais –tu pleures bébé qui veut manger bée l’abeille tourne à côté la Mère tend patriotique un biberond – mon Tantale il n’y a pas de pardon.

Goutte à goutte alors

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DIFFUSION-DISTRIBUTION : SERENDIP LIVRES / PAON DIFFUSION

le lait percute dans ses auberges des becs froids d’oisillons crus qui piaillent grincent dans l’aube nue percluses leurs nuits sont des sommets et les montagnes déjà coulées oh sous-marin rends moi l’enfance crie le noyé / rame en cadence rends-moi mes aurores pleurées mes doudoubles riant bolé –car nous avions alors crois-tu des routes vibrantes et vœux veux lait –meh mon mensonge n’est pas vertu.

pour contrôler l’endroit aigu dans ma poitrine je glisse un peu et tire plus bas et tente (sans succès) de m’efflorer à l’arme blanche qu’est après tout mon dernier souffle. je me rattrape par des promesses à hue et dia me criant (sans succès) que si l’amour n’a pas de visage c’est qu’il n’est qu’une brise fraîche et passée. je force l’ouverture dans mon ventre et fourrage sans pitié étant donné que je n’ai plus goutte de paix ou souvenir de printemps. dans mes délices je tends haute l’oreille et attend la réponse de la chouette ou du loup et m’emportent au bout du bout de ces bras revigorants que racontent les histoires. ainsi je tente d’éviter la pluie elle qui à pleurer a fini par évider mon cœur et sans succès je délivre

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DIFFUSION-DISTRIBUTION : SERENDIP LIVRES / PAON DIFFUSION

des arguments contraires sans force et sans reflet.

(histoire d’amour) je préfère mon chat aux humains mon chat je peux le prendre dans le creux de la main il est vraiment gentil et doux c’est un tout mignon petit bout quand il réclame des croquettes il miaule et miaule, il fait la tête si je l’oublie dans le noir un soir muré – mon désespoir mon chat est gentil quand il danse face terre, dessous lune, et puis panse mes plaies, il lèche et désinfecte tout à l’heure je suis tombée, et des pieds à la tête j’ai figure rougie blême heureusement, j’ai mon chat qui m’aime ici la musique est forte elle fait frissonner les mortes qui comme moi emportèrent dans la tombe le petit chat elles le cajolent pour l’éternité parfois il miaule c’est vrai petit chat veut s’en aller mais jamais je le laisserai partir lui et moi c’est du meilleur au pire et pour l’enfer et pour toujours quel bonheur que notre chamour

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DIFFUSION-DISTRIBUTION : SERENDIP LIVRES / PAON DIFFUSION

15 x 20 cm

56 pages

978-2-493242-13-6

12 €

2 octobre 2024

Elsa Boyer est l’autrice d’une oeuvre littéraire remarquable. Elle a publié, aux éditions P.O.L et aux éditions MF, des récits, des essais, des traductions salués par la critique autant pour leurs inventions formelles que pour la pertinence de leurs sujets. Laminaire est son premier livre de poésie. Comme les autres titres de sa bibliographie, c’est un ouvrage fortement imprégné d’une fréquentation du numérique, des images qui circulent sur les réseaux et de leurs formats.

Laminaire est composé de dix-sept longs poèmes dans lesquels sont tressés vers et fragments de prose. On y rencontre, entre autres choses, un sénateur américain, des contrats de propriété et de location, les dessins de corps féminins et d’organes dans les traités d’anatomie, les vidéos Tiktok d’un président, la vidéo de présentation du robot Optimus de Tesla par Elon Musk, le texte du Schéma national du maintien de l’ordre, ou encore des projets et propositions de loi.

Laminaire est un livre de poésie sur la représentation, c’est-à-dire sur les manières contemporaines de montrer et de percevoir. Le pouvoir, qu’il émane de l’Etat ou bien des grandes entreprises de la Tech, se diffuse sur internet sous la forme de contenus préformatés, et ce dans un environnement médiatique où la production d’images (et notamment de mèmes) est presque infinie. C’est à partir de ce constat que la poétique d’Elsa Boyer, avec beaucoup de virtuosité et d’humour, se déploie. Par leur richesse lexicale, leur capacité à rapprocher des éléments pourtant hétéroclites et le baroque de certaines images, ces poèmes offrent au lectorat un horizon critique renouvelé. *

Elsa Boyer est écrivaine, théoricienne et traductrice. Elle a fait paraître huit récits aux éditions P.O.L et MF qui interrogent, chacun à leur manière, notre environnement médiatique et numérique contemporain, la façon dont il façonne nos perceptions et affects. En 2023, Elsa Boyer a publié un essai sur Alan Turing, l’intelligence artificielle et les questions de genre dans le numérique aux éditions Pérégrines, ainsi qu’un récit, Grip, sur la formule 1, aux éditions MF.

+

c'est un poème sur Sam Altman un des co-fondateurs de l'entreprise OpenAi et son actuel directeur général

sur les comptes twitter d'autres co-fondateurs de la firme s'affichent des suites de mots engoncées dans des formes restreintes de technologie, par exemple

j'aime entraîner de grands réseaux de neurones profonds émoji cerveau rose émoji robot bleu émoji explosion rouge orange –Andrej Karparthy

ou bien un tweet d'Ilya Sutskever qui suggère de condenser just ask chatgpt en une forme verbale autonome chask it

j'aimerais écrire un cycle 1 dans le genre d'une fan fiction transposée aux entreprises du numérique. La guerre des tech où elon sam et mark chevauchent des montures organiques à travers le comté de Napa tandis que leurs investissements et puces nichées au creux des omoplates augmentent de dix ans leurs vies selon des baux renouvelables

tous ont des biceps

une famille de plusieurs individues dont ils sont les pères si déjà l'âge d'une souris s'avère susceptible de rétrograder si nous adressons à des outils de productivité des requêtes concernant des conversations personnelles et émotionnelles qu'ils nous délivrent en mode voix

alors habiterons-nous un squelette plus vaste à l'intérieur

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quel mot ou groupe de mots probables suivra ce père décédé d'avoir ramé sur Creve Coeur Lake dont sam a ponctionné des cendres

500 grammes chauffés à 1500 degrés pour produire un diamant, une alternative post crématoire mobile, que sa sœur lui interdit d'envoyer dans sa boîte aux lettres

les atomes tendent vers le bas sans immobilité mais la couleur de tes sourcils disparaît très vite et ton visage sans faille se comporte en stèles. À leur maximum tes yeux bleu

Stanford évoquent une série télévisée des années 2000 regardée en streaming, où on s'attend à te voir ouvrir la porte de ta chambre dans un appartement partagé avec des colocataires et là, depuis l'embrasure, une fois la main portée jusqu'aux cheveux, soulevant ton sweat et le t-shirt en-dessous sans que dépasse la peau de ton ventre, tu racontes une anecdote pas complètement affective parmi tes pratiques managériales ne figure peut-être pas encore celle consistant à hurler domination pour clore une réunion sur la note psychologique qui convient

une moiteur passe pour fraîche contre la profusion des crampes à tes joues. Annonçant que ton entreprise devra monétiser ce qui vous coûte

les yeux de la tête le calcul jusqu'à rompre et revendre sur tes avant-bras os et muscles coexistent au même niveau de saillance

c'est un poème autour du communiqué de presse du Sénat sur le projet de loi Immigration repris par la Commission Paritaire, et la proposition de loi visant à protéger la langue française des dérives de l'écriture dite inclusive

épopée hors langue hors sol et sang nulle arme gainer la zone molle au fond des intestins moelle abattue dans la nuque jusqu'à annuler sous un monceau de cheap fake ce qui sort des cavités buccales ces espaces vectoriels où peu de distance sépare quitter un pays de diminuer l'attractivité migratoire, de caution désincitative cette langue devenue une loi parmi d'autres, par exemple sur le leasing social des voitures électriques, mesure concrète et pragmatique contre le réchauffement climatique le ministre de l'intérieur avale ses mots. Entre ses lèvres en coin les parlementaires mutent en mentaires. Est-ce assez pour invalider tout projet de loi passé par sa bouche

entre les joues se dégrade la langue réduite à des fonctions canines que soussigne un ovaire si apparemment

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la langue française peut être dénaturée par des innovations d'ordre grammaticales, oopsie, qu'on ne confondra pas avec une évolution – celle inévitable de néologismes résultant de l'avancée des sciences et des technologies en chuintant les papilles rédigent un bail, une volonté nationale, un titre de séjour en pliant les rotules la syntaxe, la grammaire, les termes assurent une totale intelligibilité de la propriété

le segment buccal préalablement humidifié s'applique sur tout sol artificialisé sur une cartographie de l'amer qu'il lèche jusqu'à érosion puis vapeur un claquement de langue et je créerai ceci une circulaire

>> Lanceme d la maiso <<

>> Nove�e co�ecio <<

maison trouble

maison trouble publie des écrits d'artistes dont la pratique s'engage en relation avec l'écrit. Elle pense le livre comme un espace d’expérimentation et de création pour la danse et la performance. Elle soutient l’exploration d'autres incarnations, une littérature bougée par les corps.

Fantômes

La collection s’occupe des traces laissées par les processus artistiques et des récits venus des scènes contemporaines en danse et performance.

POÉSIE DANSE

PERFORMANCE

Parution 05/11/2024

Édition bilingue FR/ENG

ISBN 9782959154300

120 pages

Format 120 X 170mm

Dos carré cousu prix 12 €

MOURN BABY MOURN

Mourn Baby Mourn explore la question du deuil et de la lamentation, tant intime que collective, à travers les états qu’ils génèrent. En trois actes pulsatoires, l’autrice pose les mots, massifs comme des parpaings ou les expulse, ofensifs et spontanés tels des projectiles. Ce monologue parcourt les désordres émotionnels caractéristiques des temps contemporains, marqués par la nostalgie de futurs perdus. Dans ce texte-vortex hantée par les imaginaires et les visions discordantes d’un devenir collectif, l’écriture de soi est une existence agissante, et une résistance.

* Le texte est issu de la pièce chorégraphique éponyme de Katerina Andreou créée en 2022 aux SUBS - Lyon.

KATERINA ANDREOU

Danseuse et chorégraphe grecque basée à Lyon. Diplômée de l’École Nationale de Danse d’Athènes et du cndc d’Angers, elle a notamment collaboré avec DD Dorvillier, Anne Lise Le Gac, Lenio Kaklea, Bryan Campbell et Emmanuelle Huynh. Dans son travail, elle développe une pratique physique en tension entre des tâches, fctions ou univers contrastés voire contradictoires.

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KATERINA ANDREOU

>> Lanceme d la maiso <<

>> Nove�e co�ecio <<

maison trouble

Fantômes

La collection s’occupe des traces laissées par les processus artistiques et des récits venus des scènes contemporaines en danse et performance.

JANITOR OF LUNACY : A FILIBUSTER

AUTOFICTION

LITTÉRATURE DANSE

PERFORMANCE

Parution 05/11/2024

Édition bilingue FR/ENG

ISBN 9782959154317

300 pages (indicatif)

Format 120 X 170mm

Dos carré cousu prix 14 €

Reprenant la tradition rhétorique d’obstruction législative des parlementaires américain·es de l'opposition, ce texte est d’abord une performance de Bryan Campbell : parler sans discontinuer durant 8h ou plus devant une assemblée.

Depuis le terrain d’interrelations entre corps et politique et par de joyeuses digressions, il fait l’exercice de la mise en récit de son intimité, où il est question de pratiques BDSM, de santé mentale, de consentement et de performance de genre. En jouant sur des rapports d’échelle et avec indiscipline, il abonde la pluralité et la fuidité de nos êtres.

Le texte est issu de la pièce chorégraphique éponyme de Bryan Campbell créée en 2021. maison trouble publie des écrits d'artistes dont la pratique s'engage en relation avec l'écrit. Elle pense le livre comme un espace d’expérimentation et de création pour la danse et la performance. Elle soutient l’exploration d'autres incarnations, une littérature bougée par les corps.

BRYAN CAMPBELL

est un artiste américain qui travaille et vit à Paris. Depuis 2008, il élabore un travail multi-disciplinaire mêlant l’image, le graphisme, le texte et la chorégraphie, interrogeant souvent la relation complexe de l’individu au pouvoir.

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(Maquette provisoire)

ÉRIC PESTY ÉDITEUR

K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. n°27

« 25 douzaines d’A. / 7 douzaines de B. / 75 C, 70 D, 100 douzaines d’E. / 57 F, 40 G, 35 H, 200 I, 20 J, 5 K. / 97 L, 100 M, 99 N, 120 O. / 80 P, 20 Q, 63 R, 70 S, 40 T. / 10 douzaines d’U, 50 V, 3 W, 13 Y, 20 Z. / Allez, voici toute la matière première. / Fabriquez votre marchandise. Poésie lyrique. / Cantate, épithalame. » (Georges Ribemont-Dessaignes, L’Empereur de Chine.)

Au sommaire de K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. 27 :

- Larry Eigner : Deux poèmes (trad. Martin Richet).

- Claude Royet -Journoud : La pensée n’opère que sur des surfaces.

- Robert Creeley : Mabel : un récit (trad. par Martin Richet).

- Anne-Marie Albiach : « les animaux du feu » (texte établi par Serge Linarès).

- Jean-Pierre Bertrand : Dessin.

- Jean Daive : Trappist.

Présentation : K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. 27 est le dernier numéro d’une aventure poétique et éditoriale unique en son genre, qui se décida et trouva son lieu dans l’atelier typographique d’Éric Pesty.

Entre son numéro 1, daté du 31 décembre 2012, et son numéro 27, qui sera achevé d’imprimer en novembre 2024, K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. aura formulé, tout au long de ses pages, un manifeste pour la littéralité – lequel s’annonçait dès l’invention du titre de la revue par Jean Daive, épelant les lettres du nom indien Winnebago d’un lac dans le Wisconsin auprès duquel vécut Lorine Niedecker : immense poète objectiviste américaine (1903-1970). Et de même que les lettres du mot K.O.S.H.K.O.N.O.N.G. étaient séparées par des points, de même chaque texte est séparé de son voisin par ce même point, après la signature de l’autrice ou de l’auteur publié. Manière d’inviter le lecteur à relier mentalement les interventions présentes dans les numéros, à l’image du titre de la revue. Par cette revue, Jean Daive – son directeur de publication –aura exprimé un art du montage et une autobiographie en pointillé : commençant par biffer les premières propositions du Tractatus logico-philosophicus de Wittgenstein (pour ne laisser subsister que les mots « états de choses ») jusqu’au poème intitulé Trappist qui conclut K.O.S.H.K.O.N.O.N.G., situé dans une sorte d’apesanteur ou de suspens cosmique.

(COUVERTURE PROVISOIRE)

Parution : novembre 2024

Prix : 11 €

Pages : 28

Format : 15,5 x 24 cm

EAN : 9782917786949

Rayon : poésie contemporaine

CONTACT PRESSE ET LIBRAIRE

Éric Pesty : contact@ericpestyediteur.com

Poésie

Margaret Atwood

15 € / 72 p. / 14 x 16,5 cm tirage : 1000 ex. parution : novembre 2024 isbn : 978-2-493324-08-5

• un éclairage cru sur les rapports de pouvoir dans un couple hétérosexuel

• un recueil inédit en france, par l’une des grandes écrivaines d’aujourd’hui

• un manifeste poétique et féministe, illustré par diglee.

Jeux de Pouvoir

une élégie pétulante sur le couple et ses subtils jeux de pouvoir. un recueil paru la première fois en 1971 : une oeuvre poétique dont les thèmes préfigurent les romans de atwood.

If I love you, is that a fact or a weapon ? / Si je t’aime, est-ce un fait ou une arme ?

Margaret Atwood passe au crible la relation amoureuse, ses rapports de pouvoir et ses affrontements, entraperçus dans les gestes du quotidien et les œillades en coin. Elle est douce-amère, acidulée, pétulante, surréaliste et manie avec simplicité une plume tantôt sensuelle, tantôt hallucinée.

Margaret

Atwood (1939-)

Née à Ottawa en 1939, Margaret Atwood est une autrice prolifique – fiction, poésie, essai critique –internationallement reconnue pour La Servante écarlate, publié en 1985 puis adapté en film et en série. Traduite dans une cinquante de langue, elle est l’une des grandes écrivaines de notre époque.

À l’image de son œuvre romanesque, sa poésie est résolument féministe et politique.

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couverture provisoire

Ils sortent au restaurant

Au restaurant, nous nous disputons pour décider qui paiera tes funérailles

mais au fond il s’agit de savoir si je te rendrai immortel ou non.

Pour l’instant je suis la seule à pouvoir le faire donc

je lève la fourchette magique au-dessus du plat de riz frit au bœuf et la plonge dans ton cœur. Quelque chose cède, grésille et par ton crâne fendu tu t’élèves, lumineux :

le plafond s’ouvre une voix chante Love Is a Many

Splendored Thing tu es suspendu au-dessus de la ville

en cape rouge et collants bleus, tes yeux clignotent à l’unisson.

Les autres clients t’observent, certains avec stupeur, d’autres avec ennui :

Parce que tu n’es jamais ici mais toujours là, j’oublie non pas toi mais ton apparence

Tu flânes dans la rue sous la pluie, ton visage se dissout, change de forme, les couleurs se mélangent

Mes murs t’absorbent, puis t’exhalent, tu retrouves ton aspect habituel, je ne te reconnais pas

Tu es couché sur le lit tu me regardes te regarder, nous ne nous connaîtrons jamais mieux que nous nous connaissons maintenant

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Extrait

Tu me prends la main et soudain je suis dans un mauvais film qui dure et qui dure et pourquoi suis-je fascinée

Nous valsons au ralenti dans l’air vicié d’aphorismes nous nous retrouvons près des palmiers en pot tu grimpes aux mauvaises fenêtres

Des gens s’en vont mais moi je reste toujours jusqu’à la fin j’ai payé mon billet, je veux savoir ce qui va se passer.

Dans des baignoires de hasard je dois te décoller de moi comme une membrane de fumée et de celluloïd fondu

Je dois me l’avouer, c’est devenu une addiction, l’odeur du pop-corn et du velours usé persiste pendant des semaines

Impérialiste, laisse les arbres tranquilles, ai-je dit.

Inutile : tu marches à reculons, admirant tes propres traces

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Extrait

Il réapparaît

Tu as émergé d’un banc de neige avec trois têtes, et toutes tes mains dans tes poches

J’ai dit : je ne t’aurais pas déjà vu quelque part

Tu faisais semblant d’avoir faim je t’ai offert des sandwichs et du ginger ale mais tu n’en as pas voulu

Tes six yeux flamboyaient, tu tremblais adroitement

J’ai dit : est-ce qu’on ne pourrait pas être des amis ; tu n’as rien répondu

Elle songe à l’esquiver

Je peux me changer moimême plus facilement que je peux te changer, toi

Je pourrais me couvrir d’écorce et devenir un arbuste

ou remonter le temps jusqu’au fétiche de femme laissé dans les gravats d’une caverne, son ventre engorgé, bombé de fertilité, son visage une bille minuscule, une bosse, la reine des termites

ou (mieux) m’accélérer, me fondre dans les jointures et les voiles de veines mauves des vieilles avoir de l’arthrite et de la distinction

ou aller juste un peu plus loin : m’effondrer sur ton lit en m’étreignant le cœur et tirer un drap de nostalgie sur mon dernier sourire cireux

ce qui serait fort peu pratique mais définitif.

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Extrait

En librairie avril 2024

Format : 15 x 22,5 cm

Pages: 576 p.

Reliure : broché

rayon : essai

Prix: 29 €

ISBN 978-2-8290-0695-1

PRÉSENTATION

Mémoire éclatée

De la décolonisation au déclin de l’Occident

Nils Andersson

Mémoireéclatée,deladécolonisationaudéclindel'Occidentconstitue un témoignage exceptionnel sur plus de soixante ans du parcours de Nils Andersson né en 1933 à Lausanne d'un père suédois et d'une mère française. L’auteur évoque la Lausanne culturelle et politique des années cinquante, sa rencontre, en 1956, avec Jérôme Lindon (Éditions de Minuit), Jean-Jacques Pauvert,et Robert Voisin (Éditions de l'Arche) et la fondation de La Cité Diffusion puis de La Cité-Éditeur. Dès 1961, il diffuse les Éditions Maspero et publie, entre autres, Mao Zedong, Liègme, Debluë, Weideli et Jotterand. La publication d'ouvrages liés à la cause algérienne et censurés ou interdits en France dont La Question d'Henri Alleg (Minuit) ainsi que ses rapports avec les réseaux Jeanson et Curiel, lui ferment les portes de la France pendant de nombreuses années. En 1966, son engagement dans l'édition militante amène son expulsion de Suisse par le Conseil fédéral. Pendant cinq ans il va travailler dans l'Albanie d'Enver Hoxha à Radio Tirana, puis devient diffuseur du livre français dans la Suède d'Olof Palme. Dans les années 1990, il s'installe à Paris et milite notamment chez Attac, Sortir du colonialisme, etc.

Nils Andersson collabore, entre autres, au Monde diplomatique, Politis, EHumanité, Recherches Internationales, La Pensée, Les Temps Modernes, Savoir/ Agir.

Ni ancien combattant, ni témoin amer, c'est avec beaucoup de tenue et de cohérence que Nils Andersson rend compte de ce passé dont il n'ignore ni les incertitudes ni les ambiguïtés. Gérard Chaliand

AUTEURS

Nils Andersson est né en 1933 à Lausanne d’un père suédois et d’une mère vaudoise. Il vit à Paris. Son activisme politique lui interdira tout espoir d’obtenir la nationalité suisse. Son engagement dans l’édition militante et notamment la publication d’ouvrages censurés en France, lui fermeront les portes de la France et de la Suisse pendant de nombreuses années.

DIFFUSION ET DISTRIBUTION SUISSE

Éditions d’en bas

Rue des Côtes-de-Montbenon 30 1003 Lausanne

021 323 39 18

contact@enbas.ch / www.enbas.net

DIFFUSION ET DISTRIBUTION FRANCE

Paon diffusion/SERENDIP livres

Paon diffusion – 44 rue Auguste Poullain – 93200 SAINT-DENIS

SERENDIP livres – 21 bis rue Arnold Géraux 93450 L'Île-St-Denis +33 140.38.18.14

contact@serendip-livres.fr

gencod dilicom3019000119404

La Mousse Éditions

Magali Brueder lamousseeditions.fr

44, rue Bouret

75019 Paris

SOLIDAIRES!!!

Un

livre sur le graphisme de l’Union syndicale Solidaires

PAR ANAÏS ENJALBERT ET LES MIILITANT.E.S DU SYNDICAT

Depuis 2016, Anaïs Enjalbert travaille en tant que graphiste pour l’Union syndicale Solidaires. On a beaucoup vu son travail circuler dernièrement en France lors des manifestations contre la réforme des retraites. Surtout des stickers et des affiches, placardés dans la ville, ou sur les manifestant·e·s. L’esthétique forte aux couleurs vives et à la typographie bricolée se dégage du reste.

Cet ouvrage réunit une sélection de plus de 70 visuels créés par Anaïs Enjalbert et des militant·e·s de Solidaires. Des affiches, pancartes, stickers sont rassemblés et permettent une première archive d’un travail riche et foisonnant. Le livre permet également de présenter Anaïs, son processus de création, ainsi que l’Union syndicale, son rôle et leur point de vue sur la collaboration avec la graphiste. Une première partie présente donc ces visuels sur des fonds de couleurs, et une seconde des photographies de manifestations ou rassemblements où l’on voit ce travail in-situ, sur des pancartes, textiles, autocollants, etc. Le livre s’ouvre sur une interview d’Anaïs, et se termine par un texte de Simon Duteil, co-délégué général de l’Union syndicale.

FORMAT : 14 X 19,5 CM, 96 PAGES

IMPRESSION: QUADRI + FLUO

ISBN : 978-2-9573095-4-2

PRIX : 20 EUROS

RAYONS : ART GRAPHIQUE / POLITIQUE

THÈMES : DESIGN GRAPHIQUE / SYNDICALISME / IMAGE POLITIQUE

SORTIE : MARS 2023

SOLIDAIRES - ANAÏS ENJALBERT ET L’UNION SYNDICALE SOLIDAIRES LA MOUSSE ÉDITIONS
SOLIDAIRES - ANAÏS ENJALBERT ET L’UNION SYNDICALE SOLIDAIRES LA MOUSSE ÉDITIONS SOMMAIRE: 1 : COUV 2-4: INTERVIEW ANAÏS ENJALBERT 5-63: DOUBLES PAGES AVEC LES VISUELS 63-96: PHOTOGRAPHIES MANIFESTATIONS ET RASSEMBLEMENTS 98: TEXTE DE SIMON DUTEIL 99: OURS 100: 4E COUV

ENTRETIEN AVEC ANAÏS ENJALBERT

DÉCEMBRE 2023

Comment en es-tu venue à travailler pour l’Union syndicale Solidaires ?

En 2011 j’ai rencontré Eric Beynel (à l’époque co-délégué et secrétaire national de Solidaires) lors d’un débat après la projection du documentaire La mise à mort du travail de Jean-Robert Viallet. Je ne connaissais pas vraiment Solidaires, mais l’intervention d’Eric m’avait paru très intéressante et très combative. Je n’étais pas « dans » le mouvement social, mais je m’intéressais énormément à la question du travail – c’est par le travail que je me suis politisée. À l’époque, je gagnais ma vie comme graphiste indépendante, plutôt dans le web et je lui ai proposé mon aide pour un site de Solidaires. Le secrétariat national (composé d’Eric donc, et d’une petite dizaine de personnes mandatées par leurs syndicats respectifs) a voulu me rémunérer pour le travail fourni sur le site, et m’a par la suite proposé de faire le matériel (affiches et autocollants) pour des campagnes d’élections professionnelles. C’était très réjouissant car j’y trouvais beaucoup de sens et j’étais vraiment en accord avec le fond des projets sur lesquels je travaillais. Assez ponctuel au début, ce travail est devenu de plus en plus régulier, jusqu’à ce que le secrétariat évoque fin 2015 la possibilité de me salarier – sous réserve que cette proposition soit validée par les instances nationales de Solidaires, ce qui fut le cas. J’ai accepté avec joie ! – à temps partiel, car il était important pour moi de préserver du temps pour d’autres projets/recherches.

Comment s’organisent tes journées de travail à Solidaires ?

Je travaille en lien direct avec les personnes du secrétariat national, qui animent et suivent chacune une ou plusieurs commissions (femmes, internationale, antiraciste, conditions de travail, écologie, etc.).

Entre 2016 et 2018, je dirais qu’on a tâtonné car il était nouveau pour Solidaires d’avoir une graphiste « à domicile ». C’était nouveau aussi pour moi d’avoir en charge la continuation mais aussi l’enrichissement de l’identité visuelle d’une organisation. Quand je suis arrivée, il y avait plusieurs éléments graphiquement forts : le logo Solidaires créé par Susanna Shannon (le logo Sud quant à lui est de François Leroy), l’assemblage de toutes les couleurs des logos/drapeaux des différents syndicats, initié par les militant·e·s, mais aussi le journal trimestriel papier de Solidaires, conçu et mis en page par Gérard Paris-Clavel (ancien membre du collectif Grapus). Le reste des campagnes et communications régulières était plutôt fait par les militant·e·s, sans réel guide ou accompagnement graphique clair de la part de l’Union.

J’ai rencontré à ce moment, via des militant·e·s de Solidaires, le graphiste Sébastien Marchal. N’ayant pas de collègue graphiste en interne à Solidaires, cela m’a beaucoup apporté de pouvoir discuter des choses que je produisais, c’était très enrichissant car je me considérais (et me considère toujours) en formation – je viens plutôt du champ des Beaux-Arts, je n’ai pas eu de formation en design graphique.

Un tournant dans le travail à Solidaires a eu lieu avec l’arrivée de Simon Duteil au secrétariat national. À son initiative, nous avons créé un « groupe communication », composé actuellement de plusieurs secrétaires nationaux (dont un·e qui coordonne la communication de l’Union : Simon Duteil initialement, et maintenant Julie Ferrua) et une camarade réalisatrice et cinéaste, Adeline Gonin, qui travaille sur une grande partie des films de Solidaires, mais qui est aussi très présente pour les réflexions qui concernent la communication.

De manière générale, le travail est assez varié. Il y a des moments un peu « phares », où on réfléchit à des grosses campagnes, type mouvement social contre une réforme des retraites, ou une grosse campagne d’élections professionnelles. L’autre pan du travail, plus ou moins important selon les périodes (et visible dans ce livre), est

la création de visuels pour les réseaux sociaux. Pendant certains mouvements sociaux, on en a fait des tonnes et des tonnes. Il y a bien sûr des choses plus simples et exécutives, comme la mise en page de tracts, de 4 pages, ou de bulletins. Je fais aussi parfois de l’illustration/animation pour des vidéos du syndicat. Ces moments de travail sont de vrais « tunnels », pendant plusieurs jours. C’est un travail plus laborieux, et assez expérimental à chaque fois.

Une autre chose importante est le journal papier Expressions Solidaires, toujours maquetté par Gérard Paris-Clavel, accompagné depuis quelques années par Clément Valette. J’apprends énormément à leur contact, notamment à varier le vocabulaire des formes, à sortir du « tout vectoriel » (c’est-à-dire des formes dessinées uniquement à l’ordinateur) et à utiliser des références plus variées, introduire de la peinture, des croquis, des choses plus « sensibles ». Enfin, il y a aussi le matériel pour les manifs, le travail avec le tissu pour les banderoles. Gros sujet, véritable coup de foudre pour moi, la partie que je préfère.

Peux-tu nous parler de la place de la typographie dans la communication ?

Avant 2018, je ne m’occupais pas trop de la question visuelle des cortèges de Solidaires. La chose était rodée, et d’ailleurs assez efficace avec les drapeaux de toutes les couleurs. Je ne me rappelle pas exactement comment et pourquoi c’est arrivé, mais on a commencé à faire des pancartes pour les manifs. Pour un projet sur lequel je travaillais à côté de Solidaires, on avait utilisé du scotch de couleur pour délimiter des zones sur les cimaises d’une exposition. C’est grâce à cela je crois que l’idée d’écrire sur des pancartes avec du scotch a émergé. Et là, c’était vraiment génial ! On avait soudain une unité dans la forme, facile à mettre en partage, un nouvel identifiant fort. Les revendications étaient mises en avant tout en appréciant et valorisant les variations propres à « l’écriture scotch » de chacun·e ; et surtout, tout le monde pouvait le faire, toutes les pancartes étaient belles, aussi bien séparément qu’ensemble. La continuité avec l’univers plein de couleurs de Solidaires s’est faite avec ce travail de création de pancartes, qu’on fabriquait collectivement avant les manifs. Logiquement, la signalétique des nouveaux locaux du syndicat a aussi été réalisée en scotch.

Puis est arrivée la problématique du numérique : les premières affiches « scotch » ont été faites à la main puis scannées, mais assez vite s’est posée la question d’une typographie. J’ai travaillé une première typo, appelée Scotchlidaires, créée de toutes pièces numériquement. En discutant avec Sébastien Marchal, qui a une formation en typographie, on s’est dit qu’il serait plus intéressant de partir des lettres des pancartes faites par les militant·e·s, plus vivantes, plus brutes, plus spontanées. J’ai donc redessiné en vectoriel les caractères des pancartes déjà créées, et Sébastien a sélectionné, regroupé, ajusté et complété ces lettres de manière à former 4 variantes d’une famille typographique qu’il a nommé « Solidaire » : Manif, Action, Cortège et Boum. Plus tard, Adrien Troy, étudiant en typographie à Estienne en stage de graphisme à Solidaires, s’est joint au travail et a complété les typos du syndicat en créant une Solidaires à pieds, typo Serif scotch à partir de la Rockwell (utilisée pour le logo Solidaires) ainsi que la version Sans Serif : Solidaires sans les mains

Ce qui est assez drôle, c’est que la première typo Scotchlidaires que je n’utilise plus reste très utilisée par les militant·e·s, elle a même une autre vie sur Twitter, faite de polémiques, mèmes, punchlines de folie ; il y a même des sortes de comités de soutien à Scotchlidaires, ou bien des gens qui la haïssent vraiment.

Ça me fait beaucoup rire !

Quel est ton rapport au syndicalisme ou plus généralement à l’engagement politique ou militant ?

Je suis syndiquée à Solidaires ASSO (syndicat pour les salarié·e·s du secteur associatif – et syndicats et partis politiques), mais je n’y fais pas vraiment de travail syndical, je donne surtout des coups de

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main sur le graphisme et la logistique. L’expression « les cordonniers sont toujours les plus mal chaussés » ne s’applique pas dans mon cas car mes conditions de travail sont très bonnes. Je pourrais aussi faire

un travail syndical pour ASSO, comme tenir des permanences syndicales par exemple, mais par manque de temps, de formation, de sentiment de légitimité, je ne le fais pas pour l’instant. Je me sens plus à l’aise pour militer dans « l’interpro », c’est-à-dire sur des questions plus globales (par exemple contre la réforme des retraites), et avec tous les syndicats. Depuis 3 ans j’habite dans la Loire, je milite avec les camarades de Solidaires Loire sur tout ce qui est interprofessionnel. Les jours de grève et grosse manif, je suis en grève aussi.

Ton travail est visible un peu partout en France, sais-tu comment il est reçu ?

C’est vrai que pendant les gros mouvements sociaux, on envoie des paquets d’affiches et d’autocollants dans les unions départementales de toute la France (107 points de livraison), c’est un peu fou. Des retours que j’ai, il semble que les camarades de Solidaires sont content·e·s de coller les autocollants, et aussi de les voir un peu partout. Lors des instances nationales de Solidaires, où les unions départementales et les syndicats des différentes branches se réunissent, on a eu sur les campagnes des dernières années des retours bien enthousiastes.

Les autocollants ou les affiches disent des choses intéressantes des lieux où ils sont collés : parfois en 24h c’est décollé rageusement, parfois recouvert très vite, parfois ils restent des mois voire des années, jusqu’à être complètement décolorés. Parfois, les Solidaires locaux qui collent un peu « sauvagement » reçoivent des amendes de la mairie (en général ce sont les mairies de droite). J’aime beaucoup chez Solidaires le fait que coller veuille aussi dire regarder ce qui est collé avant : il y a le respect pour les collages des camarades des organisations qui partagent nos valeurs, mais aussi la volonté ferme de décoller tout ce qui vient de l’extrême droite. Fun fact : par ces collages, Solidaires est tout de même assez visible dans l’espace urbain pour un nombre d’adhérent·e·s assez modeste comparée à la CGT (Solidaires : 110 000 adhérent·e·s tous secteurs confondus ; CGT : 600 000…) et j’ai cru comprendre que ça créait une petite compète avec les camarades de la CGT que je trouve rigolote.

Que penses-tu de la communication visuelle dans les mouvements de lutte ?

Je trouve dommage que certaines organisations, que ce soient des syndicats ou des assos du mouvement social, semblent considérer que la communication ne soit pas une chose déterminante et donnent une image assez vieillotte et rouillée de l’engagement et du militantisme – ce qui n’a pas toujours été le cas ! Pour une banderole par exemple, il y a tant de force et d’intensité dans le geste, la matière, le sensible, que ça me fait mal au cœur de voir des banderoles, souvent tristounettes imprimées, qui me font un peu le même effet que des enseignes d’assurances ou d’agences immobilières… À notre échelle, et dans le champ du mouvement syndical, on essaye de renouveler un peu les formes. D’autres le font aussi bien sûr, et il y a par ailleurs plein de vitalité et d’inventivité dans les mouvements de lutte jeunes, féministes, autonomes, c’est hyper stimulant…

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Alain Amariglio

Genre : essai

Préface de Gilles Clément

Avec 22 dessins de Alain

Cardenas-Castro

Format : 12 x 18,5 cm

Pages : 240

Prix : 18 €

ISBN : 978-2-490251-75-9

Né à Nancy, vivant à Paris et collectionnant les identités, Alain Amariglio a été ingénieur, entrepreneur dans les nouvelles technologies, enseignant, auteur et continue de penser que le métier d ’instituteur est le plus beau du monde. Il est d’autant plus sévère pour les liquidateurs de l’école, grands prédateurs ou petits chefs, et pour l’hypocrisie en général. Il s’intéresse à tout, de l’école à l’économie, de l’histoire aux sciences, le point commun entre ses livres, tous différents, se trouvant peut-être dans les enthousiasmes de l’enfance.

Les très beaux dessins de Alain Cardenas-Castro et la préface éclairée de Gilles Clément rendent ce livre beau, savoureux, intelligent.

Ce livre, ni cours, ni traité, est une promenade botanique engagée, un vade-mecum pour habitant de la Terre confronté à l’urgence écologique. Chaque chapitre est placé sous le parrainage d’une plante, célèbre ou inconnue, commune ou menacée, parfois disparue depuis longtemps, mais toujours notre parente dans le vivant. Le parcours est éclairé par les sciences, les mythes, l’histoire et parfois les fantômes de ceux qui nommèrent ces plantes et ne survivent qu’ainsi dans nos mémoires. Suivre ces fils ne nous fera pas quitter notre commun labyrinthe mais nous permettra de comprendre sa géométrie, d’appréhender sa beauté, de nous y repérer et de conserver le fol espoir d’éviter le Minotaure. Peut-être l’odeur de l’herbe fraîchement coupée, si profondément ancrée dans nos mémoires d’anciens enfants, déclenchera-t-elle un court-circuit, une émotion, un réveil salvateur. Dans le monde végétal, cette odeur est un signal de défense. Tout se tient.

En quittant la nature, Sapiens quitte aussi sa nature, curieuse et coopérative. En plus des indispensables changements politiques, tout espoir de sauvetage réside donc dans une double réconciliation. Son avènement est incertain mais le déclic peut survenir n’importe où, dans un jardin, face à une friche, sur un trottoir. Ou dans un livre.

Mai
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com Téléphone : 06 60 40 19 16 Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip Éditions du Canoë 2023

SILPHIUM

LA PREMIÈRE PLANTE

ÉTEINTE PAR L’HOMME

Sur la piste de plantes insolites à qui le tiers paysage pourrait offrir son hospitalité, j’en ai trouvé une qui ressemble un peu au fenouil ou à l’anis. Je ne l’ai pas découverte dans le jardin, ni dans une friche, mais dans la bibliothèque, qui est son ultime écosystème. La plante a disparu. Son histoire ressemble à un conte oriental inutile, tombé dans l’oubli sans que jamais sa morale eût été utile à quiconque – ou à une nouvelle de Kafka. *

Il était une fois une gracieuse ombellifère qui poussait dans les steppes arides du nord-est de l’actuelle Lybie, juste avant le désert. Cette plante annuelle revenait à chaque printemps. Les feuilles, discrètes, apparaissaient d’abord, puis une forte tige cannelée d’une trentaine de centimètres, enfin une ombelle dont les fleurs jaunes se transformaient en graines ailées que les vents finissaient par emporter, après quoi tige et feuilles se desséchaient, si elles n’avaient pas été entre-temps broutées par les moutons. Ils étaient toujours les premiers à remarquer la plante, dont ils raffolaient, et que leurs bêlements

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signalaient à leurs bergers, ravis eux aussi. D’abord parce que, depuis la nuit des temps, ils utilisaient le végétal comme un remède guérissant à peu près tout. Ensuite parce qu’il donnait un goût exquis à la chair des moutons.

Vers la fin du viie siècle avant Jésus-Christ, les Grecs débarquèrent sur ces côtes, conduits par un certain Aristotélès, incertain descendant de Poséidon. Il nomma la plante silphium, nom inspiré par celui qu’utilisaient les nomades, un mot barbare, donc. Ce terme de barbares était une onomatopée censée imiter les paroles de ceux qui ne parlaient pas grec et s’exprimaient dans des langages aussi incompréhensibles les uns que les autres1. Aristotélès fut plus intéressé par la plante que par les barbares : des barbares, on en trouvait partout, mais les Grecs n’avaient jamais vu de silphium. La plante médicinale ne poussait qu’à cet endroit précis, sur une steppe aride et caillouteuse d’environ troiscent-cinquante kilomètres sur cinquante, et nulle part ailleurs dans l’écoumène2. Les dieux avaient été économes de ce cadeau thérapeutique.

« Monopole » n’est pas un terme barbare. Il est formé des mots grecs mono, seul, et polein, vendre. Vendre seul.

1 C’est une déformation de ce mot qui conduisit à « berbères », encore utilisé pour désigner les plus anciens habitants de l’Afrique du Nord et de la Lybie – lesquels préfèrent naturellement utiliser d’autres termes, comme celui d’Imazighen.

2 Du grec ancien « habité » : monde habité par les Grecs. Le sens de ce mot s’est ensuite élargi à l’ensemble des espaces terrestres habités par l’humanité – barbares inclus.

L’idée dut frapper Aristotélès comme une évidence, à mesure qu’il découvrait les vertus de l’ombellifère que les bons bergers lui avaient offerte en hommage. Tige, feuilles, racine, tout était bon dans le silphium mais son composant le plus précieux était le suc, une résine rouge translucide qui pouvait être utilisée comme médicament, condiment de luxe ou huile essentielle. La racine, gros rhizome recouvert d’une écorce noire, regorgeait de ce suc, fortement aromatique, qui s’écoulait après incision puis se coagulait. On le stabilisait en lui ajoutant de la farine de blé pour obtenir de petites boules sèches, qui pouvaient ensuite être conservées puis, le moment venu, râpées ou dissoutes pour libérer le produit. Ayant observé tout cela, Aristotélès se souvint que l’un de ses ancêtres avait, jadis, conquis la Toison d’or. Il décida que les Libyens lui verseraient désormais un tribut annuel de silphium et fonda la ville de Cyrène, dont il devint roi sous le nom de Battos 1er. Pendant plusieurs siècles, l’expression « le silphium de Battos » serait synonyme de « tout l’or du monde ». *

Seul problème : la plante ne se laissait pas cultiver et ne poussait qu’à l’état sauvage, dans l’aride périmètre qu’elle s’était choisi. C’était ennuyeux mais on verrait ça plus tard. Comme on dirait de nos jours, business first. Il semble d’ailleurs que Battos n’ait rien eu à envier aux managers contemporains. Il commença par trouver un nom commercial à ce nouveau produit : « Suc de Cyrénaïque », voilà qui sonnait bien. Vint ensuite

4 5
*

« À BAS L’ÉTAT, LES FLICS ET

LES FACHOS »

d’après des propos recueillis par Olivier Minot

▶ Format (mm) 130*250

▶ Nombre de pages ���������������� 141

▶ Prix (€)

14

▶ ISBN 978-2-493-53405-7

▶ Graphisme Service local

▶ Parution

octobre 2024

Le Groupe Antifasciste Lyon et Environs (GALE) s’est formé en 2013 suite à la mort de Clément Méric. En 2022, l’État enclenche une procédure de dissolution à l’encontre du groupe. Une dissolution d’abord suspendue en référé par le Conseil d’État, puis finalement validée en novembre 2023. Dans « À bas l’état, les flics et les fachos », Olivier Minot recueille les paroles des militant·es de la GALE et raconte quinze années de luttes antifascistes, anarchistes et autonomes à Lyon.

Loin des constructions policières et des fantasmes médiatiques, loin aussi des manifestes qui font paraître les groupes pour des organisations monolithiques, il s’agit dans ce livre de rendre compte d’une histoire collective à partir des récits intimes qui la traversent et de la frontière poreuse qui parfois sépare ces différents narratifs

Car c’est cela que recherche Olivier Minot dans les entretiens qu’il réalise : trouver, avec les membres de la GALE, une manière de raconter une histoire à la fois située et collective, avec tout ce que cela comporte de mythification.

Ainsi, on peut y suivre le parcours de plusieurs militant·es qui, entre 2010 et 2023, ont croisé le chemin du collectif Iels y racontent leurs désirs de révolte, leurs rêves de révolution, les amitiés et les amours qui sont le ferment des bandes affinitaires et de la volonté de continuer à lutter. Iels se confient sur la naissance de leurs engagements, font le récit de trajectoires hétérogènes : issu·es de quartiers populaires ou de la classe moyenne, de familles politisées ou pas, iels parlent de la volonté de s’organiser de façon concrète en créant un groupe qui participe à de nombreuses actions allant des chasses dans les rues de Lyon aux blocages d’universités� Puis, iels se découvrent en parlant de leurs doutes et de leurs peurs Iels exposent aussi les particularités de la ville de Lyon, de sa tradition religieuse et bourgeoise encore très puissante qui se matérialise dans l’existence de nombreux groupes d’extrême-droite, mais aussi des nombreuses bandes et collectifs qui prônent l’émancipation en ouvrant des squats et en luttant dans la rue�

Œuvres associés :

▶ Une vie de lutte plutôt qu’une minute de silence, Sébastien Bourdon, Seuil, 2023

▶ Et s’ouvre enfin la maison close, Nathan Golshem, Demain les flammes, 2023

▶ Le bref été de l’anarchie, Hans Magnus Enzensberger, Gallimard, 1971

▶ L’affaire des sept antifas (émission radio), Olivier Minot, France Culture, 2021

Thèmes abordés : Antifascisme, autonomie, autodéfense, organisation, répression, intersectionnalité, histoire orale, témoignage

À propos de l’auteur : Olivier Minot a travaillé avec de nombreuses radios associatives mais aussi sur les ondes du privé, comme du service public Il est notamment le réalisateur de la MegaCombi (Radio Canut), il est reporter pour l’émission Les Pieds sur Terre (France Culture) depuis 2008 et il réalise en parallèle la revue de presse Dépêche ! (ARTE Radio)

Depuis novembre 2023, la dissolution du Groupe Antifasciste Lyon et Environs est effective. Cela signifie entre autre que ses membres n’ont pas le droit de porter une parole publique au nom du groupe ou de revendiquer leur appartenance au groupe en manifestation Pour contrer cette décision inique du conseil d’État et du gouvernement français, la GALE aidée de ses avocats ont déposé un recours devant la Cour Européenne des Droits de l’Homme

« À BAS L’ÉTAT, LES FLICS ET LES FACHOS

Dernière modification 18 avril 2024 https://gitlab.com/editionsburnaout burnaout@riseup.net http://editionsburnaout.fr/ page 1/6 Éditions Burn~Août Diffusion/distribution : Paon-Serendip
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REF : ABLEF
Crédit photographique : GALE Lyon LITTÉRATURE POLITIQUE/RÉCIT POLITIQUE
» (
Olivier Minot)

Moins que le récit d’un groupe en particulier, ce livre a pour ambition de se faire le passeur de l’histoire orale d’une bande de jeunes. Histoire dont le témoignage est d’autant plus précieux que les événements récents montrent à quel point les voix et les gestes révolutionnaires sont toujours plus empéché·es et réprimé·es du fait d’une diffusion des idées d’extrême-droite de plus en plus large dans toutes les strates de la société. En tant qu’éditeurices, nous avons constaté cette dernière année une offensive répressive contre les personnes et les groupes qui ont porté des gestes conséquents dans l’espace politique français : une répréssion qui s’abat contre celleux qui, l’année dernière, ont pris part au mouvement contre la réforme des retraites, celleux qui ont pris la rue à l’annonce de la mort de Nahel et celleux qui luttent au sein du mouvement écologiste les Soulèvements de la Terre� De la même manière, nous prenons acte d’une offensive culturelle toujours plus forte contre tout ce — et toustes celleux — qui se montre critique à l’égard de l’ordre établi� C’est en cela que la diffusion large de ce texte nous semble importante : il déjoue le narratif du pouvoir et proposant une autre histoire

Un financement participatif, pour financer le livre

En tant que maison d’édition autonome, nous avons toujours cherché des chemins alternatifs pour financer notre production et c’est ainsi que pour ce livre nous décidons d’expérimenter le modèle du financement participatif. Alors que d’autres de nos projets ont la possibilité d’exister dans des circuits dit « traditionnels » (subventions publiques ou privées, etc.) ce n’est pas le cas de celui-ci Son sujet — un groupe antifasciste qui se revendique de l’autonomie politique — nous impose une forme de radicalité dans la production�

En effet, ne serait-il pas cynique de demander de l’argent aux institutions que le livre dénonce ? Assurément� Et quand bien même nous serions assez cyniques pour le faire, pourrait-on espérer un instant que ces mêmes institutions daignent subventionner « À bas l’état, les flics et les fachos » ? Bien sûr que non� Partant de ce constat, le chemin du financement participatif se révèle être le meilleur à prendre Pour le moment, en tant que bénévole au sein de la structure éditoriale nous ne nous rémunérons pas� Cependant, nous ne pouvons pas nous permettre, sous prétexte de manque de financement, de demander aux acteurices qui participent à l’élaboration de l’ouvrage de faire de même� Et cela, pour au moins trois raisons :

▶ Nous avons toujours mis un point d’honneur à toustes les rémunérer autant que possible en étant toujours limité·es par notre économie précaire� Ce sont toujours elleux en premier·ères qui voient leurs marges être revues à la baisse ; car l’édition d’imprimés, quoi qu’on en dise, reste une économie de marchandises lestée par ses coûts incompressibles (papier, encre, transports, etc.).

Lien de la campagne

▶ Se soumettre à cette logique-là, c’est aussi accepter un certain ordre des choses du « monde éditorial » ; c’est-à-dire, tout bêtement, une logique du rendement dans laquelle on calcule la possibilité de l’existence d’un livre en faisant des pronostics sur la possibilité de le voir se faire subventionner et sur les retombées économiques que sa vente produira

▶ Les institutions, qu’elles soient privées ou publiques, en plus de permettre matériellement la diffusion d’un texte en le subventionnant produisent un partage entre les livres qui ont le mérite d’exister et ceux qui ne jouissent pas de cette reconnaissance, et occupent de fait le rôle d’instances de légitimation symbolique

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« À BAS L’ÉTAT, LES FLICS ET LES FACHOS » ( Olivier Minot) REF : ABLEF
Crédit photographique : GALE Lyon LITTÉRATURE POLITIQUE/RÉCIT POLITIQUE

EXTRAIT 1, CÔME

En 2014, pendant la coupe du monde au Brésil, pas mal de supporters fêtaient les victoires de l’Algérie, le soir dans le quartier de la Guillotière à Lyon. Vu que c’était des supporters algériens, la police chargeait et balançait du gaz. Et la fête se transformait en émeute.

Au soir du 3ème match, avec un autre mec de la GALE, on a tourné dans le quartier pour filmer les violences policières, c’était la grande époque du site « copwatch »1.Ce soir là, sur la place de la Fosse aux ours, où il y a un petit manège, les flics tiraient les lacrymos d’un côté, les supporters algériens lançaient des bouteilles de verre de l’autre. Et nous, on s’est retrouvé en plein milieu. Là, le pote me montre deux gars en face de nous : il s’agissait de Damien Rieu et Maxime Gaucher, deux leaders identitaires qui venaient filmer pour faire leur propagande sur la fachosphère. On a foncé sur eux, mon pote a mis deux patates à Gaucher qui a fuit vers les flics alors que le 2ème cameraman identitaire avait disparu. Et c’est dans un des recoins du manège fermé, derrière un rideau qu’on a retrouvé le petit Damien, tout pâle, espérant qu’on ne le découvre pas, un peu comme un enfant puni.

Alors je l’ai tiré par le col, il est tombé par terre, je lui ai mis des gros coups de pieds dans le cul, mais vraiment, plein de coups de pieds dans les fesses, le truc humiliant ! Il a fini par partir en courant vers les flics, et une fois protégé par la ligne de la BAC, il nous a pointé du doigt, et nous a gueulé dessus. Moi je boitais parce que je lui ai botter le cul tellement fort, que je me suis fêlé l’os sur le coup de pied. Ça a gonflé, je ne pouvais plus mettre le pied par terre et j’ai eu une semaine d’arrêt. Autant dire que Damien Rieu, il a le cul dur...

C’était notre première rencontre avec lui, et ce petit faf des rues lyonnaises et porte parole de Génération Identitaire2, a depuis monté les échelons : il est passé au Front National, avant de rejoindre le parti de Zemmour3. Aujourd’hui il porte des costards, il est invité chez Hanouna en tant que « lanceur d’alerte » et s’est présenté aux élections en 2022. Désormais, si on s’en prend à lui, on va nous accuser d’attaquer la République.

EXTRAIT 2, AVANT PROPOS (2023)

Je m’appelle Olivier Minot, j’ai 42 ans et je n’ai jamais botté le cul de personne. Je ne suis pas militant, je me revendique « de gauche », ce qui est large et pas très excitant. Mon engagement, c’est plutôt la radio, que je pratique depuis l’âge de 12 ans, c’est elle qui m’a formé et qui est devenue mon instrument pour jouer, passer des paroles, brasser des idées, et donc faire un peu de politique. C’est dans ce cadre que j’ai rencontré certains militants de la GALE4 en 2021 : après avoir assisté au procès de la fameuse « affaire des 7 », je décidai de raconter cet imbroglio judiciaire pour l’émission Les Pieds Sur Terre de France Culture5.

Cette affaire, comme l’anecdote sur le cul dur de Damien Rieu, est symptomatique : les p’tits fafs que je croisais dans ma ville il y a 20 ans semblent maintenant du côté des institutions de la République, tandis que les antifas sont pourchassés. Dans le même temps, l’extrême droite « parlementaire » est montée en puissance au niveau international avec les arrivées au pouvoir de Orban, Trump, Bolsonaro, Salvini et aujourd’hui Melloni, Millei… En France elle est symbolisée entre autre pas les mesures de déchéance de nationalité proposées par le PS ou la politique répressive et raciste du ministre Darmanin, qui qualifiait Marine Le Pen de « trop molle » sur un plateau télé6 ; on pourrait aussi parler de l’arrivée à l’Assemblée Nationale de 88 députés d’un parti fondé par Jean-Marie Le Pen et un ancien Waffen SS, aujourd’hui les bienvenu·es quand il s’agit de manifester contre l’antisémitisme. Et enfin, dans ma ville et mon quartier confrontés au renforcement des groupuscules ouvertement néo-nazis qui semblent avoir pris Lyon pour capitale.

Aujourd’hui, des fafs7 défilent dans les rues de Paris et font des saluts nazis au sein même de l’espace Simone Veil, ils incendient la maison d’un maire qui assume vouloir accueillir des migrants et ils ratonnent un quartier populaire de Romanssur-Isère comme dans les rues du centre de Lyon. Pendant ce temps là, les politiques en place censées dénoncer ces attentats les renvoient sans cesse aux « violences d’extrême gauches ». Comme si fascistes et antifascistes étaient juste deux faces d’une même pièce, ce discours devenu dominant me désespère.

Cependant, il faut reconnaître que parfois, certains de nos amis antifas collent bien à leur caricature : même accoutrement que ceux d’en face, souvent virilistes, bagarreurs, bêtes et parfois méchants.

Le 1er Mai 2022, comme chaque année, ce jour de « fête des travailleureuses », je suis sur une place de mon quartier pour le traditionnel repas de quartier organisé par Radio Canut dont je suis animateur depuis vingt ans. C’est un moment convivial, toute la gauche et tout le quartier se retrouvent autour d’une tarte végétarienne, d’un verre de punch’ offert par la radio, d’une chorale… Il y a des enfants, des voisins, des gens qu’on croise seulement ce jour-là, c’est comme une réunion de famille choisie à multiples ramifications. Cette année là, un groupe a débarqué masqué, menaçant, et une bagarre a éclaté. « C’est les fachos » se sont alarmées certaines voix. Non, c’était un groupe antifa qui venait se battre avec un autre groupe antifa.

1. Réseaux militants qui filment les violences policières pour les dénoncer

2 Groupe d’extrême droite, suprémaciste blanc et islamophobe, dissous en 2021 et reconstitué ultérieurement en groupes locaux

3 En Décembre 2023, Damien Rieu est toujours porte parole du parti Reconquête, dirigé par Eric Zemmour�

4 G A L E Groupe Antifasciste Lyon et Alentours dit la GALE

5. A réécouter ici : https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/l-affaire-des-sept-antifas-a-lyon-3181220

6 Sur France 2, 11 février 2021

7. FAF pour « France aux français » appellation générique des militants d’extrême droite, y compris par eux-mêmes

« À BAS L’ÉTAT, LES FLICS ET LES FACHOS

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Olivier

Et comme après une bagarre dans une cour de récréation, chaque groupe rejete la faute sur l’autre, et remonte à de précédentes anecdotes de baston, de coup de pression, de dérive sexiste, de trahison… Chacun trouve alors une bonne raison politique d’aller tabasser ses meilleurs ennemis. Mais ces justifications importent peu. Les 90 % des gens présents sur la place ne connaissent pas les guéguerres internes à ce milieu et ont juste vu deux groupes de gauche se foutrent sur la gueule. Les fachos, qui des fois rôdent autour de ce repas de quartier ont dû bien rigoler ce jour-là.

Alors quand quelques jours plus tard, une maison d’édition proche des idées de la GALE, un des deux groupes en question, est venu me demander de travailler sur ce bouquin, j’étais partagé entre ne pas mettre mon nez dans ce panier de crabe et essayer de comprendre. Les membres de la GALE ont entendu mes critiques, mes réserves, ils ont accepté que cet ouvrage qui raconte leur histoire ne soit pas à sens unique, qu’il y ait aussi des regards extérieurs qui puissent s’exprimer, à commencer par le mien. Mes doutes sont revenus quand, en cherchant justement les bonnes personnes pour apporter ces observations, j’ai été confronté à des peurs de réprimandes et surtout à une certaine détestation de la GALE : « pas de temps à perdre avec ces gens-là » ou plus ironique « ils sont déjà dans la merde avec leur dissolution, pas envie de les enfoncer ».

Derrière ces affrontements qui peuvent être violents, se cache une fracture politique loin d’être nouvelle dans « la gauche ». Libertaires contre staliniens, insurrectionnalistes contre démocrates, avant-garde contre mouvement de masse… Déjà en 1970, les autonomes attaquaient le SO de la CGT. Assister encore à ce genre d’affrontement 50 ans plus tard confirme un conflit historique, mais relativise les postures révolutionnaires de militant·es qui qui conservent ces lignes de divisions qui n’ont jamais fait avancer quelconque révolutions. Et puis quand on dénonce le stalinisme et se revendiquer de la diversité des tactiques, mais qu’on est prêt à tabasser des « camarades » parce qu’ils ne sont pas tout à fait sur la même ligne, ça pose question !

Ce sont des réponses que j’ai voulu aller chercher en entamant ce travail. J’ai interviewé sept militant de la GALE, chaque entretien, réalisé en tête-à-tête, a duré plusieurs heures et chacun a pris le temps de se raconter au calme.

Dans ce noyau dur, il y a une diversité de classes, d’origines, d’identités mais aussi de cultures politiques : on ne peut pas leur faire le procès d’être un groupe homogène de chasseur de skins décérébrés, ni de former une avant-garde bourgeoise de sur-diplomés en sciences sociales, contrairement à ce que nous renvoie généralement l’imaginaire des groupes antifas ou autonomes. Tous·tes racontent comment ils et elles sont rentré·es en politique, car pour ces militant·es chevronnés « rentrer en politique » ne signifie pas prendre une carte dans un parti hiérarchisé pour devenir un·e professionnel·le qui très vite mettra de côté

ses idéaux au profit de son ambition. « Rentrer en politique », c’est lutter au quotidien sur le terrain et souvent de manière invisible. Et une fois certaines postures prétentieuses sur le reste de la gauche dépassées, on ne peut que saluer ce travail militant. Il contrecarre un peu les médias de masse, fait vibrer les cœurs restants à gauche comme le mien, nous sort de la résignation, et nous protège encore un peu d’un basculement plus inquiétant. Cet activisme questionne aussi le mouvement social en le forçant à garder un cap, à remettre en question certaines traditions et trajectoires de cortège parfois planplan… Et cet engagement leur est coûteux, harcelé·es par la police dans leur quartier, humilié·es par la presse bourgeoise, poursuivi·es et enfermé·es par l’Etat, et même dissous… alors quoi qu’on pense de leur stratégie et de leur action, ces personnes méritent d’être entendues.

Enfin et surtout, leur histoire dépasse largement le cadre d’un minuscule groupe local antifasciste : à travers ce qu’a fait la GALE (qui n’est évidemment qu’un grain de sable dans la plage qui bouillonne sous les pavés), on revivra 15 ans d’événements communs, de la mort de Clément Méric aux Soulèvements de La Terre en passant par la loi travail, les cortèges de têtes, les gilets jaunes, le confinement, les mesures sécuritaires, les dissolutions autoritaires, la révolution féministe en cours, les violences policières…

Beaucoup de ces lignes ont été écrites pendant le mouvement contre la réforme des retraites de Macron du premier semestre 2023, sacré parallèle que de retranscrire comment se sont créés les cortèges de tête en 2016 alors qu’au même moment à Lyon, ils défilent fournis et déter’ comme jamais ! Bref, voici un fragment des luttes lyonnaises qui n’a pas fini de faire écho…

EXTRAIT 3, LA MORT DE CLÉMENT MÉRIC 1

CÔME — On était dans un parc à Croix-Rousse avec deux ou trois potes du « groupe des 25 », en direct sur nos téléphones avec les amis de Clément qui étaient à l’hôpital, et qui suivaient l’évolution de sa santé. On connaissait Clément et les gens de l’AFA PB2 à cette époque là, on les voyait à des concerts, on s’entendait super bien avec eux, c’était un peu les mêmes que nous.

Et puis à 4 heures du matin, on a appris sa mort. C’était un cauchemar.

On est resté toute la nuit, à discuter, a ressasser les bagarres, les embrouilles, à se projeter aussi. Quelques mois avant, on était au Dikkenek, une

1 Le 5 Juin 2018, à Paris, des antifas sont attaqués par un groupe néo-nazi proche de 3ème voie et du leader Skinhead Serge Ayoub Clément Méric, jeune militant de l’AFA-PB et de Solidaire Étudiant décédera dans la nuit du 5 au 6 Juin� Esteban Morillo et Samuel Dufour seront condamnés à respectivement 8 et 5 ans fermes pour « violences volontaires ayant entraîné la mort sans intention de la donner »

2 AFA-PB Action Antifascsiste (ou AntiFasciste Action pour AFA) Paris Banlieue, groupe antifa autonome parisien né autour du Parc des Princes toujours en activité

« À BAS L’ÉTAT, LES FLICS ET LES FACHOS

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baston hyper violente. Pendant les Manifs Pour Tous, on s’est fait fracasser et on a bien fracassé aussi. Bref, vu les circonstances de la mort de Clément, on a réalisé que ça aurait pu nous arriver dix mille fois.

Dès le lendemain, dans les médias, certains comme le NPA ou le PS ont commencé à se réapproprier la lutte antifasciste. Ceux qui nous crachaient dessus en manif et qui n’avaient eu pas un mot quand on s’est tous retrouvé en gardav’ se réappropriaient le truc, on a trouvé ça dégueulasse. Le CV 69 contre l’extrême droite a appelé à un rassemblement devant l’Hôtel de Ville et on s’est dit que c’était à nous de prendre le truc, c’était nous les antifas, c’était nous les « Clément ». Alors on a attendu que le rassemblement commence, et on a débarqué par le haut de la place en claquant des fumigènes et en chantant, avec une banderole hommage signée « AFA Lyon », parce qu’on voulait faire croire qu’il existait un groupe, et qu’on était ensemble avec l’AFA PB de Clément.Les gens nous ont regardés, accueillis et entourés, on a pris la place comme ça. Il y avait pas mal de médias sur place, le maire de Lyon, Gérard Collomb, qui n’avait jamais rien fait sur ces questions malgré toutes les agressions dans sa ville est sorti de son château pour espérer avoir une petite interview. On a lâché la banderole et on est parti le chasser ! J’étais à deux doigts de le choper mais on s’est fait repousser par la BAC et il a dû être extrait dans une voiture de flics qui s’est barrée à fond. Malgré ça, l’hommage a été beau, il y avait du monde, et on a fait une grosse manif’ sauvage, qui a donné de la force à tout le monde pour la suite !

MATHÉO — La mort de Clément Méric, c’est l’évènement qui cristallise la création de notre organisation. On avait déjà un groupe informel, un peu secret, mais là on s’est dit qu’il fallait assumer nos valeurs, montrer nos visages, avoir une parole publique… et surtout, s’assumer antifa en tant que tel. Parce qu’on entendait déjà « les antifas et l’extrême droite c’est la même chose ». Et c’est insupportable de mettre au même niveau des néo-nazis, qui savatent des personnes pour leur orientation sexuelle, leur couleur de peau, leurs opinion etc. et les mecs qui veulent les empêcher et construire un mouvement basé sur la solidarité et l’égalité.

Donc on est allé frapper aux portes des gens qui étaient motivés, à la première réunion, on était une trentaine autour de la table et on s’est cherché un nom. On ne voulait pas reprendre « Action Anti-Fasciste » parce qu’il y avait déjà pas mal d’AFA et on se disait que si un de ces groupes était dissous, ça pouvait entraîner les autres. Ce qui est assez ironique avec le recul.Alors on a opté pour « Groupe Antifasciste Lyon », mais ça faisait G.A.L. et le GAL1, c’était des fafs barbouzes de l’Etat espagnol qui traquaient et torturaient les militants basques. C’est pour ça qu’on a rajouté le « E » et on s’est dit la GALE, comme une petite inversion de stigmates, puisque les fachos prétendent que les

antifas sont des crasseux, des dégueulasses. Sur les premiers logos, on avait même mis un cafard !

À cette première réunion, la plupart des présent·es étaient des gens qui traînaient à la CroixRousse, aux soirées de la Plume Noire, et d’autre réseaux issus de l’organisation des concerts de punk, du mouvement un peu oï qui survivait, le rap militant, des gens à fond de musique qui voulaient faire du contre culturel. C’était le milieu musique, Croix Rousse, militant de gauche, plutôt anar’ quoi !

CÔME — On a commencé par faire des concerts d’abord, en tenant des tables de presse. Et vu que Lyon était déjà un peu la capitale des fascistes, quand on arrivait dans d’autres villes, les gens venaient nous parler genre « Wow, c’est les antifas lyonnais… mais ça va ? vous voulez pas déménager ? ? ! ». Donc on a été assez vite apprécié. Et puis on a organisé des conférences avec des écrivains ou écrivaines, des projections, des mini concerts de rap ou de punk rock… D’abord à La Plume Noire et après plutôt dans des squats.

ZOE — La première action revendiquée par la GALE, c’était à Oullins2. Il y avait l’installation d’un centre d’accueil pour personnes sans-abris, essentiellement des Roms suite à l’expulsion d’un bidonville. Une grosse campagne xénophobe avait été lancé avec des affichettes collées sur les magasins pour refuser l’arrivée de ces gens-là. Avec un pote, on a fait tous les commerces de la GrandeRue d’Oullins pour les arracher, je me suis même fait frapper par une grand mère !

LUCAS — François-Noël Buffet, le maire UMP d’Oullins a organisé un rassemblement contre ce centre d’accueil : c’était une manif anti-Roms financée par la mairie, avec la présence des identitaires ! On y est allé avec des tracts pour l’accueil des personnes roumaines et contre la xénophobie, on s’est fait insulté et craché dessus par tout le monde, c’était n’importe quoi !

ZOE — On a scandé des slogans puis on s’est fait chassés par la police, les flics ont bousculé une personne âgée qui s’est blessée en tombant par terre, et ils ont essayé de nous mettre ça sur le dos.

LUCAS — À un moment, ma sœur3 m’a dit « cours ! ». Je me suis barré en courant et quand je me suis retourné, je l’ai vue se faire embarquer avec ses potes par les schmitts. C’est en relisant le dossier d’archives sur la GALE que j’ai découvert que c’était la toute première sortie du groupe, et moi, j’y étais !

BAS L’ÉTAT, LES FLICS ET LES FACHOS

1 Grupos Antiterroristas de Liberación, milice post Franquiste active de 1983 à 1987

2 Commune attenante à Lyon, au Sud-Ouest

3 Lucas est le petit frère de Zoé, voir les autoportraits en annexe

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YASMINE — Les parloirs, c’était méga violent, déjà avec toute la paperasse et les autorisations, je n’ai pas pu y aller avant cinq semaines. cinq semaines sans le voir ! Et puis, rentrer dans une prison, passer les grilles, les portes, les verrous, c’était horrible. J’avais toujours pensé que la prison, c’était de la merde, mais tu ne réalises pas la souffrance et comment ça peut détruire tant que tu ne le vis pas ou qu’un proche ne le vit pas. Et puis une fois en face de Côme, c’était chaud, je ne savais pas quoi lui dire, je n’étais pas très optimiste sur le procès qui arrivait et du coup je n’arrivais pas à le rendre positif…

CÔME — Numéro d’écrou, fouilles, mise à nu, paperasse, protocoles Covid, changements de cellule… Les autres détenus ne comprenaient pas comment je pouvais être là pour violences en réunion alors qu’il n’y avait pas de victime, pas de plainte. J’ai fait appel de ma mise en détention, il a été rejeté. On m’a alors proposé de participer à un stage de prévention contre la radicalisation en prison, avec des débats intitulés « Citoyenneté et laïcité » ou « L’influence des engagements politiques ou religieux ». J’ai été inscrit sur cette liste de détenus radicalisés, à cause de mes idées politiques antifascistes !

NABILLA — Chaque fois que je recevais une lettre de Côme depuis la prison, j’étais contente et en même temps, cette criminalisation me rendait triste, et me faisait vraiment peur pour l’avenir. En plus l’exercice d’écrire une lettre à un pote en taule, ce n’était pas facile : j’ai essayé de lui raconter un peu mes journées, de parler des souvenirs communs, genre boire une Chouffe, faire un trek. J’essayais de faire attention à ce que j’écrivais, au cas où les lettres soient lues par l’Administration Pénitentiaire, j’évitais de dire « t’inquiète, on est méga organisé, on a fait un méchant comité de soutien ! ». Même si en vrai, on avait fait un méchant comité de soutien !

ZEDE — Cette affaire nous a mis dans une dynamique différente : on avait un gars en prison, d’autres mecs de la GALE avaient aussi été arrêtés et étaient hors-jeu parce que sous contrôle judiciaire strict. Dans le même temps, trois autres gars, qui étaient là essentiellement pour la bagarre et aller poutrer les fafs, ont quitté le groupe dès qu’il a été question d’organiser du soutien, d’envoyer des lettres, de préparer le procès, de trouver des idées pour médiatiser tout ça… Au final, on s’est retrouvé seules entre meufs, pour assurer tout le soutien qui a donc été un travail féminin. Heureusement qu’il y a eu le comité de soutien, qui a apporté une autre dimension.

YASMINE — Plein de gens sont venus spontanément apporter de l’aide en disant « c’est fort ce que vous subissez, on ne va pas vous laisser seuls ». Il y a eu une solidarité de ouf, des liens de ouf, un

réseau de ouf qui a marché, en France mais aussi à l’international ! Ça a été aussi un travail acharné, d’oganisations de soirées de soutien, de communiqués de presse, de faire signer des tribunes à gens… Et ça a marché1 !

ZEDE — Ça a été un soutien à des antifascistes, portés par des personnes qui ne se revendiquaient pas forcément antifa. Et ça nous a aussi appris à être avec des gens qui n’étaient pas forcément de notre groupe. Moi je suis arrivée à la GALE juste après la grosse affaire qui a brisé tout le milieu autonome. Mais là, on retrouvait du poil de la bête avec une espèce de force qui nous a conduit au procès et nous a rendu plus fort, ça nous a montré qu’on pouvait gagner des combats !

1 Le comité de soutien a organisé rassemblements et manifestations, une tribune a été signé par des personnalités telles que Virginie Despentes, Olivier Besancenot, David Dufresne, Mathilde Larrere, il y a eu des relais médiatique Le tout autour du mot d'ordre « l'Antifascisme n'est pas un crime »

Affiches imprimées en risographie, provenants de la campagne de financement et réalisées par Service local

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L’ÉTAT, LES FLICS ET LES FACHOS

À bas la grammaire

Impression numérique des pages intérieures sur bouffant et couverture en typographie sur papier keaykolour lin.

Ce livre sous titré Pour un apprentissage créatif du langage se présente sous la forme d’un dialogue entre deux « Philippe » qui partagent ici leurs expériences et leurs recherches sur l’apprentisage de la langue. Qui aurait l’idée saugrenue d’enseigner d’entrée de jeu la perspective à de tout jeunes enfants pour les initier au dessin ? C’est pourtant s’agissant du langage, ce que fait l’école en enseignant trop précocement la grammaire. C’est ce constat qui a poussé deux praticiens et chercheurs à persévérer – contre le cours des politiques de l’éducation nationale et de l’enseignement du français – à proposer un apprentissage créatif du langage.

« Depuis plus d’un siècle, les élèves ingurgitent dès le primaire des leçons de grammaire, avec le résultat que l’on sait. »

L’enfant construit son langage et sa langue. L’élève n’est ni une table rase ni une éponge, il construit sa langue dans l’action de langage. Il n’imite pas des discours entendus, il les construit, dans le dialogue avec les autres, en s’instruisant d’une mécanique de création en évolution depuis sa naissance.

Parution : octobre 2024

EAN : 9782914363327

Prix public : 22 €

Conforté par la réception positive de leurs travaux auprès des pédagogues, des orthophonistes, des professionnels de la surdité, ce livre est réédité avec un dialogue introductif dédié à Jean Piaget et Gustave Guillaume.

Les auteurs

Philippe Séro Guillaume est né à Paris en 1946. Interprète en langue des signes dès 1979, formateur d’enseignants, fondateur et directeur du Master d’interprétation en langue des signes française (Sorbonne Nouvelle Paris 3). Il poursuit une recherche sur des bases constructivistes et psychomécaniques de l’activité langagière et de l’interprétation depuis une vingtaine d’années avec Philippe Geneste. Il pratique depuis longtemps la peinture et le dessin et expose régulièrement ses œuvres à la galerie Frémeaux & Associés (Vincennes) ou Bazarts (Dreux). Quelques publications : Nouvelles perspectives, in Studia universitatis philologia babes bolyai, volume 63, p. 59 à 74, Roumanie, 2018. Les Sourds, le français et la langue des signes en collaboration avec Philippe Geneste, éditions CNFEDS – Université de Savoie, 2014. Langue des signes, surdité et accès au langage, Éditions du Papyrus, 2e édition corrigée et augmentée 2012.

Philippe Geneste est né en Dordogne en 1957 et vit à Arès en Gironde. Professeur de collège en retraite et militant syndical, il tente de dessiner les bases d’une critique émancipatrice pour l’éducation. Il publie régulièrement des articles en revues Marginales, Fragments, le chiendent et a publié une dizaine de livres dont une trilogie sous-titrée Le Travail de l’école : contribution à une critique prolétarienne de l’éducation, Scorpion brun, 2018, CNFEDS-université Savoie Mont-Blanc, 2017 et Acratie, 2009. Un livre de 160 pages au format 16x22 cm.

« Le langage est une activité voilà ce que n’a pas compris l’école, voilà ce qu’elle nie. Le langage est donc une construction et non un trésor (de langue, de grammaire) ni une machine à ressorts mise sous scellés dans un cerveau. L’enfant construit des mots, des syntagmes, des phrases, des énoncés.

L’enfant est un producteur de langage parce que le langage est une production de langue, une production de discours.

L’enfant ne répète pas des formes, il les construit, les re-produit, les re-transcrit, des mots que j’écris en deux parties pour bien montrer qu’il y a reprise d’un construit (re-) mais qu’il faut bien produire ou transcrire l’énoncé, avec par conséquent le rôle moteur de l’activité du sujet, de la personne, le rôle moteur de la production. »

Détail d’une linogravure réalisée par une élève, extrait du dialogue entre les deux Philippe… et caviardage illustrant la production d’écrits en atelier.

Pour une pédagogie de l’apprentissage créatif du langage

philippe

Le langage est une activité voilà ce que n’a pas compris l’école, voilà ce qu’elle nie. Le langage est donc une construction et non un trésor (de langue, de grammaire) ni une machine à ressorts mise sous scellés dans un cerveau. L’enfant construit des mots, des syntagmes, des phrases, des énoncés. L’enfant est un producteur de langage parce que le langage est une production de langue, une production de discours.

philippe

L’enfant ne répète pas des formes, il les construit, les re-produit, les re-transcrit, des mots que j’écris en deux parties pour bien montrer qu’il y a reprise d’un construit (re-) mais qu’il faut bien produire ou transcrire l’énoncé, avec par conséquent le rôle moteur de l’activité du sujet, de la personne, le rôle moteur de la production.

2 iii

philippe

Si l’enfant répétait les mots entendus ou vus, alors ses mots seraient les symptômes de son discours, leurs emplois, les apparences laissées par une imitation que l’école aurait à juger à partir de la norme du français national. Dans ce cas de figure tout est figé : la norme pour l’éternité (on appelle les membres de l’Académie Française les Immortels…), les mots à jamais emmagasinés dans les casses du dictionnaire de l’Académie, les discours pour toujours contraints à la répétition du beau langage, du bien parler et bien écrire et que recèleraient les officines de la bonne parole. C’est le principe de la répétition à l’oeuvre à l’école en matière de grammaire.

En revanche, si, comme toutes les observations des enfants en action de langage le prouvent, l’enfant ne répète pas des mots, des phrases, des discours mais s’applique à mettre en œuvre les conditions et opérations, les mécanismes, qui les permettent : c’est le principe de construction.

Avec le principe de répétition, l’enseignement vise à cocher des compétences à la liste établie a priori quels que soient les enfants.

Avec le principe de construction, l’enseignement vise à favoriser la création verbale de chaque enfant.

3

Guillaume BRUYERE

La résistance de l'herbe

Collection : Littérature Traversées

Traversées, accueille des gestes d’écriture envisagés comme actes politiques de notre temps, où travaillent les langues des « entre-mondes ».

Date de parution : Septembre 2024

Rayons : Essais / Littérature

Thèmes : Colonialisme et résistance tétue

Pitch En 1844, dans l’île Walpole (Ontario), des orateurs des peuples des Grands Lacs, tiennent tête aux jésuites venus évangéliser. C’est la fin du Middle Ground, le terrain d’entente, de la mise en commun entre indigènes et colons, et le début du monde nu, moderne, univoque, où l’autre ne peut que disparaître ou se fondre, à moins d’être mis en réserve. Cette rencontre a été transcrite par l’immigrant missionnaire, qui documente malgré lui l’argumentation abondante du rejet vif, articulé, presque goguenard, de la modernité terrible qui s’annonce. Ce qui a résisté alors peut sortir de sa

réserve. Ce livre veut contribuer, dans une langue historique, anthropologique, politique et poétique, à faire entendre ces voix qui, ayant refusé l’avènement d’un monde, en indiquent peut-être une issue. Il est temps à présent de dissoudre l’homme et sa religion dans le reste de l’univers.

Biographie : Guillaume Bruyère est doctorant en sciences des religions à l’université d’Ottawa ; ses recherches portent sur une approche anthropologique du mythe et du culte de Perséphone en Grèce ancienne. Professeur agrégé de grammaire, il enseigne les lettres classiques au lycée français d’Ottawa et vit au Canada depuis douze ans. C’est son premier livre.

Extrait 1 : Je suis venu sur cette île, la plus grande parmi la vingtaine que forme le delta à l’entrée du lac, déjà dans mon âge mûr. J’ai vécu de ce côté et de l’autre du fleuve, sur les terres qu’occupent maintenant les LongsCouteaux et les Anglais. Mon peuple habite autour des lacs depuis des millénaires, depuis tant de générations qu’il semble que nous ayons toujours été ici, même si nos légendes disent que nous venons de l’est. Nous sommes ceux de la forêt et des lacs, ceux des rapides et des détroits, ceux des bancs de sable et des falaises. Aujourd’hui nous devons nous battre avec les Blancs, par la parole ou par les armes, pour le moindre morceau de terre, fût-il un misérable marécage plein de maringouins.

Cette île, Bkejwanong, où la rivière se divise, est grande et riche, suffisamment pour que nous vivions de chasse, de pêche, de cueillette, comme nous l’avons toujours fait. Des survivants de nombreuses tribus vaincues par les

Longs-Couteaux ou chassées par les colons anglais sont venus se réfugier ici et vivent en harmonie, pour autant que les gens de la prière, a numiani, nous laissent tranquilles.

Dans le delta, au milieu des marais, et le long des canaux nous pêchons la truite, l’esturgeon et le grand corégone, atikamekw. Le soir, on entend le beuglement du ouaouaron, le caquètement des outardes, le hululement du huard. Sur les hautes terres, les mikan, les sentiers, traversent la savane et la prairie, où courent les queues blanches. La vieille forêt est encore intacte, elle fournit le bois pour nous chauffer. Le bouleau sacré nous donne son écorce pour les canots et nos wigwams. Le cèdre cosmique est le bois dont est fait le tambour d’eau midé. L’épinette pleure pour les morts.

Extrait 2 :

La rencontre avec l’autre a eu lieu des milliers de fois, partout sur la planète, et depuis longtemps. Elle prend en général la forme d’un conflit violent, un choc, un accident, comme dit Georges Sioui1 : le contact signifie la destruction, ou l’assimilation ; mais au départ, l’autre

1 Par ex. 1992, p. 66, et 2008, p. 237.

résiste et affirme sa différence, une différence et une résistance qui ne sont jamais exemptes d’influence et doivent prendre l’adversaire en compte. Souvent, et plus qu’on ne croit, il y a fusion, syncrétisme, rarement pleinement conscient, le dominé déteignant sur le dominant, comme les Juifs sur les Grecs et comme les Grecs

sur les Romains, créant dès lors un tout où les deux origines sont à jamais confondues. C’est une fable vieille comme le monde et c’est aussi de la physique élémentaire, de la chimie ou de la géologie : un matériau qui offre une résistance plus souple dure plus longtemps, risque moins de se briser violemment ; un corps dissous ne

disparaît pas complétement et même transforme le solvant, pour devenir un produit qui n’est ni l’un ni l’autre, mais le mélange des deux ; une montagne qui s’érode se change en sédiment riche en fossiles, plaine fertile bientôt couverte de prairies.

Sultana et Voahangy

Lettres métèques

Collection : Voix Publiques

Date de parution : Septembre 2024

Rayons : Arts graphiques / Essais / Littérature Thèmes : L’intime est politique

Date de parution : Septembre 2024

Rayons : Arts graphiques / Essais / Littérature Thèmes : L’intime est politique

Pitch : Deux amies issues de l'immigration en France échangent sur la situation historique, dévoilent leur histoire et s'interrogent sur la bascule contemporaine entre universalisme et racialisation. Quels sont les gains, quelles sont les pertes ? Comment s'y retrouver quand on est métèques et tiraillées entre plusieurs mondes que l'on n'a pas vraiment choisis ? L'une parle plutôt avec des textes, l'autre plutôt avec des images.

Bio auteurs : Sultana et Vohangy sont deux femmes françaises issues de l'immigration. Elles se sont rencontrées à Montréal il y a plus de trente ans. L'une est plasticienne, l'autre chercheure en sciences sociales. Ce livre est le fruit de leur amitié et de leurs interrogations.

Extrait 1

20 novembre 2018, Romainville

Chère Sultana,

D’ici, je réponds à ta lettre à ma façon, trop tardivement, parce que troublée par les

résonances qu’elle évoque en moi.

METISSAGE

Cette incertitude du métissage, c’est moi qui la porte plus que mes enfants. Cette coupure, ce trouble, je les sens dans mon corps. C’est une chose étrange et solitaire qui se balance plus ou moins comme dans ce motif noir inspiré d’une gravure de

William Blake, où le nègre est suspendu par les côtes. Pourtant rien ne dit que je suis celle qui est suspendue et j’aime jouer avec les images dangereuses du moment que je peux les transformer. J’ai appelé celle là « Les Armes miraculeuses » comme le titre du recueil du poème d’Aimé Césaire.

Extrait 2 : À Pâque l’amertume douceamère de l’esclavage doit être ingérée pour faire effet et souvenir. On mélange dans une même bouchée du « mortier » fait de dattes et de pommes, et des « herbes amères » trempées dans du vinaigre. Ma mère demandait à mon père de ne pas insister sur le vinaigre et la feuille de salade n’était pas vraiment amère en fait,

elle offrait un contenant à la petite boule de mortier. Et c’est beaucoup plus tard que j’ai compris vraiment l’amertume douce de l’esclavage en écoutant une émission sur la difficile liberté chez Levinas. De quoi sommes-nous encore esclaves ? Car je n’ai pas le sentiment que nous soyons vraiment libres.

Sultana

Dans mon enfance, il n’y a pas de rituels familiaux religieux. Sans doute parce que mes parents ont rejeté leur tradition catholique. Du côté de mon père, dans un contexte colonial aliénant. C’était différent pour ma mère issue d’une histoire républicaine espagnole. Ils ont cru, un

Extrait 3 :

4 decembre 2020, Romainville,

Chère Sultana, Depuis ton retour de Princeton, avec l’AVC de ta mère nous avions cessé de nous écrire. Je suis vraiment contente que nous nous soyons retrouvées à la sortie du premier confinement à cette manifestation contre les politiques d’austérité à l’hôpital. Elles se sont encore accentuées pendant la

temps court, à la liberté des indépendances africaines, puis ils ont navigué à vue entre le Maroc, Madagascar et la France. J’ose une association hasardeuse sur l’amer : le goût des brèdes mafanes cuisinées pour faire du romazava par ma mère. Mon fils apprécie ses petites fleurs jaunes qui donnent une sensation de piquant à cette « herbe chaude » dont le nom signifie : « Qui fait vibrer le palais. » Anamafana. Ici, le sens est à creuser, le langage à articuler, et je voudrais convoquer le pouvoir de transformation des plantes, goûter l’amer et le piquant pour y avoir accès.

Voahangy

pandémie de la COVID 19. Puis, il y a eu les manifestations contre les violences racistes et policières dont celle, non autorisée, organisée par le collectif « Vérité pour Adama » où j’ai regretté de ne pas être allée, puis encore d’autres. La dernière était contre la loi de sécurité globale… Je n’arrive plus à mobiliser mon corps pour défiler. Ces temps-ci n’en finissent pas d’être hostiles. Pour moi, le temps s’effiloche et se défait souvent chaque jour qui passe. Jamais le temps, pas le bon temps, temps de crise

sanitaire, temps de crise écologique, temps autoritaires, temps de récupération … Ta manière de tracer un temps consistant, éclairé par tes souvenirs marocains, tes questions de transmission et de désir de liberté me rattrapent et me ramènent à moimême pour déplier ma mémoire troublée, ma mémoire trouée que je trafique dans mes albums de portraits de famille de làbas.

Je t’embrasse, Vohangy

Décembre 2020, Paris,

Chère Vohangy, Oui nous sommes abattues par ces confinements successifs. Et aussi de mon côté par cette sensation d’une histoire qui se déroule avec des résistances qui ne produisent plus le rapport de force apte à l’enrayer, la dévier, la faire enfin bifurquer. Moi-même je suis engourdie par une maladie auto-immune qui atteint les articulations, qui me conduit à prendre pas mal de cortisone et je n’ai pas vraiment

l’énergie d’aller manifester avec mes os poreux et une drôle de fatigue.

Certes « tout peut arriver » et « le pire n’est jamais sûr », mais quand même, j’ai la sensation d’une peau de chagrin, malgré la vaillance de ceux qui continuent à se battre.

Car in fine si je regarde bien, je dois reconnaître qu’autour de moi ça ne cesse de se battre…

Ainsi, j’ai des amis qui refusent la fermeture d’une école maternelle dans le 10e arrondissement de Paris et tous ces parents organisés se réclament d’une intelligence collective, d’une reconnaissance de leur point de vue, du mot socialisme, dévoyé par la municipalité. Je suis allée les accompagner aussi pour me donner du courage. L’école qui va être fermée est rue de Paradis, alors la banderole dit : SAUVONS NOS ECOLES, C’EST ICI LE PARADIS.

Ça me rappelle mon enfance, ma sixième où des sujets de rédaction utopiques venaient croiser des pratiques pédagogiques innovantes, méthode Freinet, écriture poétique à la façon de Jean Tardieu, de Jules Supervielle ou de Francis Ponge. « Décrivez le monde où vous voudriez vivre, le monde comme il devrait aller selon vous ». J’adorais ça, c’était en 1975. S’atteler à la tâche, c’était ouvrir une bulle de douceurs que l’on dit paradisiaques. Abondance de fruits, de baignades, de rencontres joyeuses et ça me fait penser à notre quête éperdue d’un monde enfoui, où des racines pourraient enfin nous arrimer d’une manière rassurante. Mais comme toi le racinaire me fait peur et en même temps j’envie ceux qui en disposent.

Parution : octobre 2024

ISBN : 978-2-911917-87-5

11,5 cm

16,5 cm

120 pages

14€

Idéologie et spontanéité

Un livre d’Américo Nunes, introduit par Jérôme Debrune

Essais

Idéologie et spontanéité n'est pas un énième essai sur Mai 68, mais la réflexion à chaud d’un acteur des évènements, rédigée au tout début des années 1970, et jamais publié.

Américo Nunes y dénonce le rôle réactionnaire des organisations gauchistes ou syndicales pour contrôler la contestation, universitaire, marginale et ouvrière. De manière plus générale, conforté par l’expérience de Mai, il critique les formes autoritaires d’organisation dont elles sont porteuses. Leurs liens avec la politique, l’idéologie, la politisation.

Il appelle à l’auto-organisation des luttes, à l’action collective spontanée et subversive, qu’il situe dans le temps historique des luttes du XXe siècle. Car c'est bien, le réel de l'utopie qu'Américo Nunes cherche à mettre au jour. D'où sa représentation de Mai 68 comme Grand refus, négation de l'ordre du temps capitaliste, brèche ouverte dans le le monde mortifère, irruption de la parole et de l’identité retrouvée, souveraine, porte ouverte vers l’utopie.

L’auteur

Américo Nunes est né au Mozambique en 1939, de parents originaires du Portugal. Il y a vécu jusqu’en 1960. Il y mena ses premiers combats contre la dictature de Salazar et contre le colonialisme portugais. En 1960, il part pour le Portugal puis s’exile en France pour y poursuivre sa lutte anticoloniale et anticapitaliste.

C’est un homme des marges, loin des formes autoritaires d’organisation que sont les partis, les groupuscules ou les syndicats s’autoproclamant de la révolution.

Très proches des positions de la revue « Socialisme ou Barbarie », connaisseur des thèses situationnistes, son itinéraire est marqué par l’apport des acteurs et théoriciens de l’ultragauche, qui ont dénoncé, dès la révolution allemande des années 1920, les formes autoritaires d’organisation, qu’elles soient étatiques ou révolutionnaires. Il est aussi influencé par l’utopie des trajectoires individuelles et collective portées par le romantisme utopique et son Grand Refus (Rimbaud, Fourier, Dada, le surréalisme, Artaud et Bataille, mais aussi Blanchot).

Enseignant universitaire à partir de 1972, il s’intéresse aux mouvements sociaux propres au socialisme utopique et à l’anarchiecommunisme hérétique, tant en France qu’au Mexique. Il est décédé en 2024.

Publications

- Ricardo Flores Magon, une utopie libertaire dans les révolutions du Mexique, Ab irato, 2019,

- Les révolutions du Mexique [1975], Flammarion ; Réédition : Ab irato, 2009.

Extraits

Historiquement, tous les mouvements sociaux sont nés spontanément. Leurs formes (commune, soviets, conseils d’usine, etc.) furent essentiellement des créations libres de la critique pratique, de l’activité humaine concrète.

Ces formes sociales, prises dans leur mouvement historique d’ensemble, n’eurent jamais pour point de départ les programmes d’un Parti ou d’une Organisation. Par exemple, la commune de Paris ne fut pas une création voulue des proudhoniens, des anarchistes ou de blanquistes, mais une création spontanée de l’ensemble de la classe ouvrière, conditionnée par un ensemble de circonstances historiques et d’un réseau complexe de contradictions économiques, sociales et humaines. Ce qui ne veut pas dire pour autant que proudhoniens, anarchistes ou blanquistes n’aient pas pris part et participé activement.

Mais ils participèrent à la Commune non comme un corps politique séparé de la totalité sociale, mais en s’y intégrant socialement.

Tel ne fut pas par contre l’attitude des bolchéviques.

Dans la mesure où la révolution russe se manifestait comme phénomène social émanent de l’activité pratique de l’ensemble des soviets de soldats, d’ouvriers et de paysans, elle put développer une action libre et spontanée, en dehors de l’activité politique des différents Partis (bolchéviques, menchévicks ou socialistes-révolutionnaires, etc.).

Mais la politique s’agite toujours dans l’ombre des mouvements sociaux spontanés, avec ses prêtres, ses églises, ses sabbats –chacun disposant de la « vérité absolue » et disposé à l’appliquer au moment venu. On peut affirmer que la « politisation » de tout mouvement réel – élaboration libre de la créativité spontanée de l’homme social – est en réalité la main mise, ou la mise au pas de la réalité par l’Idéologie. Ainsi la « politisation » de la révolution russe, entreprise par les bolchéviques au pouvoir, marque le début de son agonie. Lénine, Trotsky et les bolchéviques ont compris que l’organisation sociale des soviets était la moins adaptée aux buts du bolchévisme.

L’ancien mot d’ordre : « Tout le pouvoir aux soviets », qui fit la renommée de Lénine, une fois devenu « parole sacrée », c’est-àdire momifiée, ne servit plus que d’épouvantail idéologique.

(…) (…)

L’être souverain (ou aristocratique au sens nietzschéen du terme) ne subordonne rien de ce qui lui appartient, il ne se soumet à aucun calcul de l’intérêt (politico-économique), ne revendique rien pour soi (c’est à dire les droits accordés par la politique, par le pouvoir d’Etat)rien d’autre que d’être dans sa plénitude « existentielle », d’être social dans son intégralité humaine. Le type d’« action » qu’il envisage diffère radicalement de celui qui est subordonné à un but (politicomilitaire), de l’action subordonnée aux intérêts et aux calculs de l’efficacité. Cette dernière est du ressort du « Parti » ou de l’organisation politique.

Seul l’acte inorganisé, spontané (porteur de négativité créatrice) est souverainement subversif (car pour nous , la souveraineté n’est authentique que si elle est subversive). Dans l’action inorganisée, auto-déterminée par la classe, et jaillissant de l’instant d’une « ivresse divine », du dérèglement bachique, l’action en tant que telle ne s’oppose plus à la souveraineté. L’action devient alors fête, fête de la souveraineté couronnée, « fête qui n’est pas si elle n’est pas souveraine… déchainement par essence » (Georges Bataille).

La révolution devient fête - où vie et mort se confondent dans l’ivresse déchainée, libre, de l’instant d’où calcul de raison, recherche calculée de la durée, calcul de l’intérêt (politico-économique) disparaissent dans le vertige vécu dans l’ivresse.

Sommaire

Dans le feu de l’instant

1. Spontanéité et idéologie

2. Action et spontanéité

3. Spontanéité et politisation

4. Spontanéité et aboutissement

5. Lukács, parti et prolétariat

6. Politique et action spontanée

7. Social et politique

8. Ultra-gauches et conseils ouvriers

9 - Théorie et idéologie

10. Parti

11. Souveraineté et individu

12. Souveraineté et spontanéité

13. Souveraineté ou aliénation

14. Révolutionnaire professionnel

15. Intellectuel révolutionnaire

La différence fondamentale entre la Commune de 1871 et la Révolution d’Octobre de 1917 se trouve dans le fait que : tandis que la Commune de Paris subordonna la politique au social, préparant par là son anéantissement réel, les Bolchéviques mirent la politique au dessus du social et de la société.

Avec le triomphe du parti bolchévique, les organes particuliers et spécifique de la lutte sociale du prolétariat furent détruits dans l’intérêt tactico-stratégique (politico-militaire) du nouvel Etat totalitaire.

La révolution russe cessa d’être sociale, c’est à dire de répondre aux besoins immédiats, économiques, sociaux et humains, de la classe ouvrière réelle, pour être avant tout une révolution politique destinée à servir les buts supérieurs d’un prolétariat international mythique. C’est pour cela que si d’un côté on construit l’Internationale Communiste (dépouillé de l’opportunisme et du révisionnisme qui caractérise la IIème Internationale) pour accélérer le déferlement de la « révolution prolétarienne mondiale », d’un autre côté on réprime sauvagement les grèves ouvrières et toute manifestation sociale des grandes masses exploitées. Le « communisme de guerre » (si cher à Trotsky) fut au fond une terrifiante mise au pas du prolétariat, une destruction totale de l’espace social nécessaire à l’épanouissement de l’être humain.

(…) (…)

SONIC AGENCY

son et émergence de formes de résistance

Brandon LaBelle

192 pages

18 euros

ISBN : 978-2-492628-09-2

Traduction Sophie Couronne

Diffusion-Distribution SERENDIP-LIVRES à paraître le 3 octobre 2024

Dans un monde dominé par le visuel, la résistance contemporaine serait-elle auditive ? Sonic Agency met en lumière les propriétés du son, invisibles, disruptives et émotionnelles, et se demande si la nature invisible du son pourrait étayer une transformation politique.

Traduction : Sophie Couronne avec la collaboration de Valérie Vivancos Publié en anglais en décembre 2020 par Goldsmiths Press, Londres.

Brandon LaBelle

Brandon LaBelle est un artiste américain et théoricien du son dont le travail a influencé le domaine des études sonores. LaBelle est professeur de nouveaux médias à la Faculté des beaux-arts, de musique et de design de l’Université de Bergen depuis 2011. https://brandonlabelle.net

éditions JOU / 60 rue Édouard Vaillant, 94140 Alfortville – France mail : contact@editionsjou.net http://www.editionsjou.net

éditions JOU

Extraits :

[…] Le développement des études sonores en tant que domaine discursif suscite des questions sur ce qui définit le « son », et, par extension, sur la méthodologie employée. Je souhaite aborder ces problématiques en recontextualisant le son et ses débats dans les luttes contemporaines. Je cherche ainsi, non seulement à contribuer à une culture approfondie de la pensée sonore, mais aussi à façonner cette pensée, en la confrontant aux réalités sociales et politiques : les figures et les voix qui s’élèvent, négocient, interfèrent et s’unissent par le biais des outils et de l’imagination sonores. La pensée sonore est-elle susceptible de soutenir les luttes contemporaines ? Quelles positions ou stratégies éthiques et agentives particulières pourrions-nous adopter à partir de nos expériences, celle d’écouter, et d’être entendus ? Les savoirs issus des pratiques sonores pourraient-ils nous aider à aborder les situations de crises, personnelles et politiques ? Ces questions induisent une perspective permettant d’élargir le champ des études sonores jusqu’aux enjeux de la réalité contemporaine. Je pense qu’une telle recherche s’appuie sur l’observation et l’examen de l’action du son, de son comportement et de son fonctionnement, de ce qu’il évoque, et des modalités dont la subjectivité et les formations sociales sont étayées et agitées par le sens auditif.”

L’Archibras

Un livre de 56 pages au format 13x17 cm.

Charles Fourier L’ARCHIBRAS

typographique et gravures bois en deux tons sur papier publicitaire fluo livré sous une jaquette carton criarde.

Ce bras d’harmonie est une véritable queue d’une immense longueur à 144 vertèbres partant du coccyx. Elle se relève et s’appuie sur l’épaule d’où elle doit porter à la double hauteur du corps, ainsi selon notre hauteur elle aurait environ 16 pieds de longueur dont 3 de perdus pour l’appui sur l’épaule et au moins 12 de développement.

« Dans sa Monographie de la Presse Parisienne, Balzac a jugé la queue fouriériste digne d’être mise au nombre des ridicules qui rapportent dix francs par jour au “Blagueur, deuxième variété de Petit Journaliste”. Il est donc peu surprenant que “la queue” ait été souvent rejetée par

« Dans sa Monographie de la Presse Parisienne Balzac a jugé la queue fouriériste digne d’être mise au nombre des ridicules qui rapportent dix francs par jour au “Blagueur, deuxième variété de Petit Journaliste”. Il est donc peu surprenant que “la queue” ait été souvent rejetée par les admirateurs de Fourier comme une “invention malveillante” de la presse réactionnaire […] et par ceux qui accordent plus d’importance à ses théories économiques qu’à ses écrits “frivoles” sur la cosmogonie, l’amour ou la théorie de l’analogie. » écrit le biographe de Fourier, Jonathan Beecher.

présentation de Jonathan Beecher gravures de Marc Brunier Mestas

Les auteurs

On remplirait cent pages s’il fallait décrire en plein les précieux usages de ce membre sans lequel le corps humain est vraiment un avorton.

Pourtant L’Archibras qui présente les usages fabuleux de ce cinquième membre a bien été rédigé par Charles Fourier dans les années 1820-1830. Ce texte, inédit en livre, est accompagné d’une dizaine de gravures sur bois de Marc Brunier Mestas et d’une présentation de Jonathan Beecher publiée dans la revue La Brèche en 1964. Q

les admirateurs de Fourier comme une “invention malveillante” de la presse réactionnaire. » écrit Jonathan Beecher, le biographe américain de « l’illitéré » Charles Fourier.

Or L’Archibras qui présente les usages fabuleux de ce cinquième membre a bien été rédigé par Charles Fourier dans les années 1820-1830 avant d’être écarté des publications par ses disciples.

Charles Fourier, né en 1772 à Besançon (Doubs) et mort en 1837 à Paris, est un penseur français critique de la philosophie et fondateur de l’École sociétaire. Considéré par Marx et Engels comme une figure du « socialisme utopique », son œuvre est publiée et diffusée par ses disciples (sauf pour les textes écartés par eux notamment ceux ayant trait à la sexualité Le Nouveau monde amoureux publié en 1967 par Simone Debout ou suscitant les moqueries de ses adversaires comme L’Archibras) jusqu’à la fin du XIXe siècle. Publications : La plupart de ses œuvres sont publiés par Les Presses du réel depuis les années 2000.

Parution : juillet 2024

EAN : 9782914363310

Prix public : 25 €

Ce texte, inédit en livre, est ici accompagné d’une dizaine de gravures sur bois originales de Marc Brunier Mestas et de la présentation de Jonathan Beecher publiée, en 1964, dans la revue surréaliste La Brèche.

Marc Brunier Mestas, né en 1968 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme) est dessinateur, graveur, sculpteur et réalisateur. Publications : Dehors Jésus (texte de Charles Pennequin), Le Dernier cri, 2020 ; MBM au pays des confinés, La Belle époque, 2020. Film : Cambouis, Biscuit production, 2021.

Jonathan Beecher, né en 1937 à Boston (USA) est un universitaire américain, biographe de Charles Fourier et Victor Considérant.

Publication : Fourier - Le Visionnaire et son monde, Fayard, 1993 ; Victor Considérant - Grandeur et décadence du socialisme romantique, Les Presses du réel, 2012

« Ce bras d’harmonie est une véritable queue d’une immense longueur à 144 vertèbres partant du coccyx. Elle se relève et s’appuie sur l’épaule d’où elle doit porter à la double hauteur du corps, ainsi selon notre hauteur elle aurait environ 16 pieds* de longueur dont 3 de perdus pour l’appui sur l’épaule et au moins 12 de développement. »

* Soit environ 5 m de long (1 pieds = 30 cm).

Charles Fourier • L’ARCHIBRAS • MBM
Quiero
Impression
Détail d’une des dix gravures sur bois réalisées par Marc Brunier Mestas pour L’Archibras…

QuoiQue les hoMMes soient une race identiQue dans tous les Globes, ils ont dans les soleils un avantaGe bien éMinent sur ceux des autres Globes : c ’ est le bras d ’ harMonie ou archibras réunissant diverses facultés réparties entre nos aniMaux, celles de la troMpe de l’éléphant, celles de la Queue prenante du sinGe.

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ce bras d ’ harMonie est une véritable Queue d ’ une iMMense lonGueur à 144 vertèbres partant du coccyx. elle se relève et s ’ appuie sur l’épaule d’où elle doit porter à la double hauteur du corps, ainsi selon notre hauteur elle aurait environ 16 pieds de lonGueur dont 3 de perdus pour l ’ appui sur l’épaule et au Moins 12 de développeMent.

27

ce MeMbre est aussi redoutable Qu ’ industrieux, il est arMe naturelle. un habitant du soleil attendrait un lion et un taureau de pied ferMe, et à 6 pas il casserait au lion l’échine d ’ un coup d ’ archibras et renverserait le taureau par les cornes ou les jaMbes sans l ’ approcher, et il couperait d ’ un [*] la tête du serpent.

* un blanc dans le texte Manuscrit.

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AU-DELÀ DES RESTITUTIONS

978-2-493458-04-9

9 € / 11x15 cm / 82 pages

EN LIBRAIRIE OCTOBRE 2024

L e terme de restitution a fait son apparition depuis plusieurs années dans l’actualité, à l’occasion de retours emblématiques de restes humains ou d’objets, ou de la publication de rapports. De nombreuses tribunes ont été écrites, signées, cosignées. Le plus souvent pour ou contre, et toujours dans le feu de l’actualité.

Muséologue et ancien directeur de musée, Cédric Crémière prolonge la réflexion et souligne la tension entre l’intention des discours officiels et la réalité de terrain des musées.

À travers une critique de la politique de restitution française et une exploration des pratiques internationales, ce texte plaide pour une approche plus éthique et coopérative des restitutions, pour renforcer le dialogue et le respect entre cultures et revenir à l’essence même du musée.

L’AUTEUR

Cédric CRÉMIÈRE est docteur en muséologie et conservateur en chef du patrimoine. Il a dirigé le Muséum d’histoire naturelle du Havre de 2005 à 2019. Consultant international en muséologie et chercheur-associé à l’Institut d’Histoire Moderne et Contemporaine (UMR 8066 CNRS-ENS-PSL), il produit également le podcast MonCabinetDeCuriosités sur la culture, le patrimoine et les musées.

LES POINTS FORTS

•Un texte qui vient utilement nourrir la discussion en appor tant un éclairage neuf et inspirant sur le sujet

•Un style enlevé et incarné

•Des exemples hors de France pour sortir du débat franco-centré

ARGUMENTAIRE Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM
en version ebook Collection [déclarations] Distribution/Diffusion : Serendip Livres MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris
également disponible

EXTRAIT

"Beaucoup d’agitations, de mots et de communications ces dernières années et, paradoxalement, peu d’actions concrètes.

En tant que muséologue et ancien responsable de musée, je ne retrouvais pas dans le traitement de ce sujet, dans les communications professionnelles ou dans la presse, la réalité de ce que nous étions plusieurs à vivre, tissant des partenariats à l’étranger, travaillant avec des collègues étrangers avec lesquels nous parlions, assez librement, de ce sujet des restitutions.

Par ailleurs, ayant fait des recherches sur les collections anatomiques humaines en Europe, je connaissais bien le sujet de la conservation/exposition et restitution des restes humains. C’est ainsi que le gouvernement australien m’invita en 2010 à une semaine de rencontres pendant National Reconciliation Week pour échanger avec des représentants de communautés aborigènes et insulaires du Détroit de Torres et des responsables de musées australiens.

Ce que j’y vis — les débats à l’œuvre, les situations hétérogènes, mais surtout ce qui allait aboutir au Pardon à l’adresse des peuples autochtones d’Australie prononcé le 13 février 2008 par le premier ministre australien Kevin Rudd — m’enseigna beaucoup sur la capacité d’un pays à faire face à sa mémoire et sur le rôle des musées. Sans facilité et avec de fortes tensions.

Ces expériences ont renforcé le décalage que je percevais en France entre une forme de discours officiel, assez mal informé en fait, et la réalité qui était la mienne, forgée par mon quotidien de conservateur et ma réflexion de chercheur.

Le musée est une institution extraordinaire, qui a survécu à bien des contingences et propose une lecture du temps et de l’espace exceptionnelle. Les tensions qui l’habitent signifient que c’est un lieu vivant, un outil à s’approprier. C’est parfois dans des contradictions que sourd la compréhension. Si j’écorne parfois le musée, c’est résolument par amour.

Je m’intéresse ici particulièrement à la position française sur les restitutions, avec des éclairages étrangers, pour tenter d’en comprendre les motivations sous-jacentes ou inconscientes et non pour simplement la justifier ou la critiquer.

Pourquoi débattons-nous aussi peu de ce sujet ? Que se joue-t-il en coulisses ?

Que nous révèle l’histoire des collections, l’histoire des origines, des provenances et des collectes ?

[...]

Ce court essai n’a pas vocation à répondre à toutes les questions. J’en ai identifié certaines que je pense fondamentales et qui puisent dans les racines du musée.

Un premier objectif est de baliser le sujet de quelques repères.

Puis de donner à voir ce que révèlent les contradictions et paradoxes du musée pour tenter de mieux le comprendre.

Enfin, c’est une tentative d’ouverture vers un dialogue critique.

ARGUMENTAIRE Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM Distribution/Diffusion : Serendip Livres MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris
[...]
Collection [déclarations]

En librairie

Avril 2021

Isbn : 979-10-92305-68-5

Prix de vente public : 15 euros ttc 118 pages, broché, 15x21 cm

également disponible en version eBook

Contact éditeur :

Mikaël Ferloni

Tel: 06.84.15.06.78

mikaelferloni@mkfeditions.com

Géopolitique du patrimoine

L’Asie d’Abou Dabi au Japon

Ets’il était possible de comprendre les relations internatiales à travers une nouvelle grammaire ? Le patrimoine s’avère un extraordinaire vivier pour l’élaboration d’une diplomatie nouvelle. Le contexte géopolitique actuel nous incite en effet à repenser le patrimoine non plus sur le mode des représentations postcoloniales (comme celles qui ont cours dans les campagnes de demande de restitution des œuvres africaines vis-à-vis de l’Europe…), mais bien d’après d’autres critères, moins univoques que le rapport idéologiquement stérile qu’entretiennent à ce sujet les pays du Nord et ceux du Sud. Il importe de voir le monde sous l’angle de l’histoire des relations internationales, des sensibilités d’opinion, mais aussi sous celui de l’art et de la culture comme enjeu mémoriel et politique.

À travers 5 cas emblématiques du continent asiatique (Abou Dabi et son environnement régional ; le Monde chinois ; le vandalisme en terres d’Islam ; le Japon et l’ambivalente question patrimoniale ; un patrimoine partagé entre l’Inde et le Pakistan), Emmanuel Lincot, chercheur associé à l’IRIS, aborde la question du Soft power aussi bien que des luttes d’influences internationales sous un angle inédit pour donner un nouvel éclairage à la géopolitique mondiale.

L’auteur :

Emmanuel LINCOT est Professeur des Universités et spécialiste de l'histoire politique et culturelle de la Chine contemporaine. Il enseigne à la Faculté des Lettres de l’Institut Catholique de Paris. Il est par ailleurs Chercheur-associé à l’IRIS. Il y codirige la revue Asia Focus Ses travaux portent sur la diplomatie culturelle et les enjeux des Nouvelles Routes de la Soie. Il est l’auteur chez MkF de Chine, une nouvelle puissance culturelle ?

Points forts :

• Une nouvelle manière de comprendre et d’envisager les relations internationales.

• Une approche accessible et didactique à travers 5 études de cas.

• Un auteur de référence régulièrement invité dans les médias pour son expertise.

Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM

MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris

Distribution/Diffusion : Serendip Livres

Argumentaire
Emmanuel LINCOT

Sommaire

INTRODUCTION

I-PATRIMOINE ET « SOFT POWER » : ABOU DABI ET SON

ENVIRONNEMENT RÉGIONAL.

Abou Dabi : ville monde et potentiel de situation – Avant-garde muséale –Stratégies arabes

L’exemple du Louvre

Le Louvre : musée universel ou « Las Vegas des sables » ? – La multipolarité exposée : diplomatie du « brand » et french touch – Une déterritorialisation contestée

Le Centre de photographie Akkasah Université américaine et collections photographiques arabes – Toute image montre ce qu’elle cache – Mémoires intimes, mémoires blessées

Vers de nouvelles gestions stratégiques muséales

Les périphéries : Sharjah, Qatar - Desert X Al’ula : et la Nabatéenne devint numérique

II-MONDE CHINOIS : IDENTITÉS POLITIQUES, STRATÉGIES

PATRIMONIALES ET CULTURELLES

Vandalisme patrimonial – Original et copie : une singularité de l’Asie sinisée ?

– Bronzes et rouleaux : des objets iconiques

Mythologie patrimoniale lettrée et discours sur l’histoire

Excellence des Song et muséographie européenne – Ce que révèlent la Cité interdite et Tiananmen – Histoire victimaire et propagande – « Chine jaune »

L’enrichissement culturel au service d’un nationalisme « glocal » « Chine bleue » : Shanghai, Shenzhen, Canton – Nationalisme luxe et art « L’opposé coopère » ou les rapports de Taïwan et Hong Kong à l’histoire continentale

Taïwan – Hong Kong – Sinophonie, indigénisme et citoyenneté déterritorialisée

III- LE VANDALISME EN TERRES D’ISLAM : DISCOURS ET PROJET (MÉSOPOTAMIE, AFGHANISTAN, IRAN)

Daech à Mossoul, Hatra et Palmyre – Vandalisme : notion et évolution

L’ennemi : un fondement de l’acte vandaliste

Rhétorique de la destruction et processus révolutionnaire

– Pureté contre idolâtrie

L’idole et son antidote : le choix du vide

Iconostasie – Stratégie de la violence – Talibans : le Bouddha de Bamiyan –

Des fêtes de Persépolis à la théocratie iranienne – La rivalité Iran / Irak

Occidentalisme contre orientalisme

De la déshérence programmée au nationalisme culturel – La haine de l’Occident

Contact éditeur :

Mikaël Ferloni

Tel: 06.84.15.06.78

mikaelferloni@mkfeditions.com

IV- LE JAPON ET L’AMBIVALENTE QUESTION PATRIMONIALE

Transcender la défaite d’hier – Prix internationaux et culture populaire

Une force de propositions dans le domaine patrimonial

Une spécificité japonaise : le « trésor national vivant » - Invention de nouvelles notions patrimoniales : statut de « réfugié » pour les œuvres d’art et « patrimoine immatériel »

Nao-Shima et Te-Shima : laboratoire pour une géopolitique de la sensibilité

Du spirituel dans l’art – Un marché de l’art spécifique

La question des contentieux patrimoniaux entre le Japon et ses voisins

Le musée Miho : un cas d’école – Des acquisitions ambivalentes

V- UN PATRIMOINE PARTAGÉ ENTRE FRÈRES ENNEMIS. LE CAS DE L’INDE ET DU PAKISTAN.

Des Indes britanniques à la Separation – Mythologies communes – Divergences politiques

Un patrimoine dans la guerre

Une géopolitique du ressentiment : Wagha – Diplomatie du cricket – Un orientalisme pakistanais – Patrimoine bouddhiste et soft power indien

Mémoires patrimoniales sélectives et idéologie

L’ethnogenèse indienne : MohenjoDaro et une certaine idée de la démocratie rurale

Peace Building et patrimoine

Un corridor sikh pour la paix – Déterritorialisation des affirmations patrimoniales et communautaires – Les exemples de l’Aga Khan et du Dalaï-lama

CONCLUSION

Argumentaire Géopolitique du patrimoine
MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris Distribution/Diffusion : Serendip Livres

LA FÉCONDITÉ DU VIDE

EN LIBRAIRIE OCTOBRE 2024

Essai sur l’existence, la politique et la création

par Christian RUBY

illustré par H élène PARIS

16,50 € / 15x21 cm / 132 p

L’AUTEUR

La peur du vide paralyse l’esprit et nous fait confondre le vide avec l’abîme et le rien. Et si nous apprenions à prendre des distances avec cette peur ? Et si, au-delà des idées reçues, le vide était au contraire un espace de liberté créatrice ?

En élaborant une conception positive du vide, Christian Ruby propose ici une lecture nouvelle et passionnante de la notion, comme espace fertile permettant la création, le changement et la transformation, mais aussi en façonnant nos interactions sociales et culturelles. Il propose de penser nos limites – fins, seuils, partages, frontières –comme des conditions de tout mouvement et essor.

Illustrée par des dessins d’Hélène Paris, sa philosophie du vide ouvre dès lors de nouvelles perspectives sur les enjeux contemporains de l’existence, de la politique et de la création en échappant au nihilisme. Elle aboutit à un gai savoir encourageant à penser avec le vide et non contre lui ou en dépit de lui, au moins sur trois plans : exister, agir, figurer.

Christian RUBY est philosophe. Il a notamment enseigné à l’Observatoire des politiques culturelles, à l’Antenne parisienne de l’Université de Chicago et à l’École supérieure d’art et de design de Tours. Il collabore avec de nombreuses revues, TK21, Raison présente, NonFiction, ainsi qu’au projet de Publictionnaire de l’Université de Lorraine.

Hélène PARIS est artiste plasticienne et illustratrice. Son trait épuré et précis joue avec les pleins, les vides et dialogue avec le texte de Christian Ruby pour lui donner une nouvelle dimension.

LES POINTS FORTS

•Un panorama passionnant et rafraîchissant d’une notion peu étudiée

•Une investigation sur le rôle du vide en politique et comment il peut inciter à l’initiative et à la réimagination des structures sociales et gouvernementales

•Un texte en résonance avec la création contemporaine et les dessins d’Hélène Paris

également disponible en version ebook

ARGUMENTAIRE Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM
Distribution/Diffusion : Serendip Livres MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris
Collection [déclarations]

LA FÉCONDITÉ DU VIDE

Essai sur l’existence, la politique et la création

SOMMAIRE

INTRODUCTION

Un gai savoir du vide

Exister grâce au vide

Vivace abîme (ou du néant)

L’agencement infini/fini

Une trilogie : abîme, vide, rien

Traits anthropologiques

Deux éducations

La crispation sur le plein

Se défaire de cette tyrannie

Agir sans dépit du vide

Un vide moderne ?

Élargir le spectre

Un élément crucial

Confirmation par l’anthropologie

Entre la menace et le salut

Récit et contre-récit

Les devenirs citoyen·ne·s

Figurer le vide

Le vide au commencement

Un cauchemar esthétique

Déconstruire le plein

L’art au bord de l’abîme

Une relève

L’émancipation du « public »

CONCLUSION

Le vide : un chemin vers la liberté

EXTRAIT

Philosopher sur le vide ! Un paradoxe ? Non, le vide n’est pas rien, d’ailleurs rien serait encore quelque chose. Réalité, déclaration, médiation ou ouverture, il correspond à une construction qui vivifie. Par conséquent, philosopher en prenant le vide pour objet revient à écrire de ce qui articule et fortifie un entre-deux. Mais cela revient aussi à critiquer, dans un écrit public, d’autres vides. […]

Le gai savoir du vide proposé dans cet ouvrage a-t-il donné quelque compétence à penser et exister avec le vide et non contre lui ou en dépit de lui ? À épanouir cette formation au vide ou un art de vivre qui contribuerait à permettre aux femmes et aux hommes de se tenir debout en n’importe quelle circonstance ?

Sans avoir provoqué des enthousiasmes à son égard — Lautréamont, Melville, Conrad, Char et bien d’autres en ont soulevés —, escomptons au moins avoir témoigné du fait que le vide équivaut à une fonction d’action et de pensée ou à des possibilités d’invention dont il conviendrait de débattre.

Le vide fait quelque chose aux humains, mais si possible suscite des envies de transformation du monde, de soi et des rapports culturels, des opportunités à saisir et des encouragements à agir ouvrant sur des devenirs. Par l’intermédiaire d’une pensée positive du vide – intérêt aux déplacements, aux créations, aux appels à autre chose encore indéterminé –, il devient judicieux de conclure qu’il n’est pas de destin, de divin auquel imputer le commencement et la fin de toutes choses, de nature ou d’essence des choses, bref d’origine et d’arrière-monde, ces entités qui interdisent les mutations ou exigent la célébration d’une entité fixe à laquelle se référer dogmatiquement.

Concept théorique et pratique, « vide » correspond à l’affirmation selon laquelle les humains ont toujours à discuter de leurs choix, à les légitimer, à les transformer. Rien ne justifierait qu’ils en soient empêchés, et encore moins par l’évocation d’une fondation immuable, d’une nature ou d’un support irréductible.

Convoquer du vide ou affirmer qu’une situation relève du « vide »souligne que les multiples possibilités de poser des règles culturelles, des usages de langues, des mœurs et de la dignité appartiennent à des choix historiques travaillés par des rapports de force faisant triompher certains possibles au détriment d’autres qui se voient laissés en friche (restent inconnus ou ne sont pas réalisés, restent vides et donc potentiels). L’existence humaine sociale n’est pas un théâtre clos sur soi et sur un ordonnateur, même s’il y a du théâtre en elle. Il y a toujours du jeu dans l’existence, pour lequel la pensée ou l’imaginaire du vide restent moteurs.

Un dernier mot. Qu’en est-il donc du vide ? Il est ouverture. Que peut-il ? Devenir un appel à la liberté. Qu’en faire ? Un réservoir de possibilités à partager.

ARGUMENTAIRE Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM Distribution/Diffusion : Serendip Livres MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris
Collection [déclarations]
"

Dessin extrait de la série Or une ligne étant une réalité géométrique continue nous sommes tous portés par la modernité

Encre de chine sur papier

50 x 65 cm

2021

Dessin extrait de la série La vie des Formes

Techniques mixtes sur papier

50 x 65 cm

2020

Dyptique extrait de la série À l’écart du visible

Encre de chine sur papier

2 fois 50 x 65 cm

2015

ARGUMENTAIRE Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM Distribution/Diffusion : Serendip Livres MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris Collection [déclarations]

Que se passe-t-il lorsque les technologies et leurs conséquences involontaires deviennent si omniprésentes qu’il est difficile de définir ce qui est « naturel » ou non ? Que signifie vivre dans un environnement hybride composé de matières organiques et synthétiques ? Quels sont les nouveaux spécimens qui peuplent notre planète en ce début de XXIe siècle ? Inspiré par les traités médiévaux et les observations de notre planète endommagée, le Bestiaire de l’Anthropocène est une compilation illustrée de créatures hybrides de notre époque. Conçu comme un manuel de terrain, il propose d’observer, de naviguer et de s’orienter dans le tissu de plus en plus artificiel du monde. Plastiglomérats, chiens robots de surveillance, fordite, gazon artificiel, arbres antennes, SARS-CoV-2, montagnes décapitées, aigles chasseurs de drones, bananes standardisées... chacun de ces spécimens est symptomatique de l’ère « post-naturelle » dans laquelle nous vivons. Souvent à notre insu, ces créatures se répandent de manière exponentielle et coexistent avec nous. rayon théorie critique

NICOLAS NOVA & DISNOVATION.ORG

Bestiaire de l’Antropocène

L’enchantement du monde par les singularités se retrouve, avec un certain trouble, dans ce bestiaire, où les aigles sont décrits par leur capacité à saisir des drones en vol.

ÉDITIONS ESPAGNOLE, ANGLAISE, ALLEMANDE :

10,000 EXEMPLAIRES

VENDUS DANS LE MONDE !

Contributions de Nicolas Nova, Pierre-Olivier

Dittmar, Matthieu Duperrex, Benjamin H. Bratton, Aliens in Green, Alexandre Monnin, Anna Lowenhaupt Tsing, Michel Lussault, Center for Genomic Gastronomy, Pauline Briand, Geoffrey C. Bowker

Livres récents de Nicolas Nova :

Nicolas Nova est professeur à la HEAD – Genève où il enseigne et mène des recherches anthropologiques sur les cultures contemporaines liées tant aux mutations numériques qu’environnementales. Il est aussi co-fondateur de Near Future Laboratory, une agence de prospective impliquée dans des projets de design fiction. Avec un parcours au croisement des sciences naturelles, de l’anthropologie et des pratiques artistiques, il s’intéresse aux démarches d’enquête entre ethnographie et création.

DISNOVATION.ORG est un collectif de recherche créé à Paris en 2012, dont les membres principaux sont Maria Roszkowska (PL/FR), Nicolas Maigret (FR) et Baruch Gottlieb (CA/DE). Les actions de ce groupe de travail international se situent à l’interface de l’art contemporain, de la recherche et du hacking.

collection CAT. Recherche

format 11,8 x 16,7 cm, 264 p., broché isbn 978-2-88964-080-5 prix CHF 27 / € 19

Mot-clés Anthropocène, post-humanisme, culture numérique, dark ecology Arguments libraires/représentants Un best-seller mondial enfin en français. Un sujet d’actualité

présenté de manière accessible et graphiquement innovante. Une centaine d’illustrations. Des essais amples et engagés.

genre atlas parution
4 novembre 2024
art&fiction Portrait
Nicolas Nova & Disnovation.org | Bestiaire de l’Antropocène Extraits Nicolas Nova & Disnovation.org | Bestiaire de l’Antropocène Extraits
Nicolas Nova & Disnovation.org | Bestiaire de l’Antropocène Extraits Nicolas Nova & Disnovation.org | Bestiaire de l’Antropocène Extraits
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Nicolas Nova
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& Disnovation.org

Petit abécédaire de la désobéissance civile

Que faire lorsqu’une loi nous paraît injuste ou contraire aux droits fondamentaux de la personne humaine ? Comment se comporter lorsque la loi cautionne ou engendre elle-même l’injustice ? Il est des situations où l’homme ne peut abdiquer sa conscience au législateur. L’attitude de refus qui est alors la sienne porte un nom : elle se nomme la désobéissance civile.

Le Petit abécédaire de la désobéissance civile que nous proposons ici aux adolescents s’attache à définir ce concept qui fut forgé par David Henry Thoreau, en 1849, à la suite de son refus de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique.

Luttes contre la discrimination raciale, combats pour l’égalité entre hommes et femmes, luttes pour le droit de disposer de son corps et pour la liberté de l’avortement, résistance aux lois iniques des pays totalitaires, manifestations pacifistes contre l’intervention militaire au Viêtnam, grèves et appels au boycott pour défendre les droits sociaux des paysans et des journaliers, fauchages de champs d’OGM... le Petit abécédaire illustre cette phrase de Martin Luther King : « Notre responsabilité morale nous commande de désobéir aux lois injustes »

Sommaire

11,50 euros

128 pages ; 12x17 cm

Distributeur : SERENDIP

Parution : 5 novembre 2024

ISBN : 979-10-97340-23-0

Longtemps professeur de français puis formateur à l’IUFM, Bruno Doucey est écrivain, poète et éditeur. Il a dirigé les éditions Seghers avant de créer avec Muriel Szac, en 2010, les éditions Bruno Doucey, essentiellement consacrées à la poésie.

En littérature jeunesse, il a déjà publié chez À dos d’âne et chez Actes Sud junior. Après Petit Éloge de la lenteur, voici son deuxième titre publié au Calicot. Bruno Doucey habite à Paris.

– Antigone – Bateaux – Clandestinité – Désobéissants – Écologie – Faucheurs – Graffitis – Cédric Herrou – Injustice – Marius Jacob – Martin Luther King – Lysistrata – Manifestes – Non – Obéir aux ordres – Jacques Prévert – Question – Résistance – Sophie Scholl – David Henry Thoreau – Unir – Vagabondage – Welcome – Xénophile – Y – Zorro

Octobre
2019 alicot
calicot calicot petit éloge de la lenteur Bruno Doucey Dessins de Zaü 8 € Onze variations sur la lenteur. Onze bonnes raisons de ralentir le pas, d’oublier le culte de la vitesse, de prendre le temps de lire et d’écrire, de marcher, de penser, de rêver, d’aimer et d’observer les escargots, en poète ! petit éloge de la lenteur Petit éloge de la lenteur Bruno Doucey Zaü Couverture provisoire
Bruno doucey
A B C D E F G H I J K L M N O P Q R S T U V W X Y Z

petit éloge de la lenteur

Sélection KibooKin 2019

« Il y a de la malice douce dans cet éloge de la lenteur, de l’espièglerie de poète, celui-là même qui lit le monde avec une langue magnifiée par un regard drôle, pertinent, juste et tellement essentiel. Alors, à tous, petits comme grands, entrez dans le temps du poème, venez vous étirer dans la douceur avisée des mots de Bruno Doucey, musardez entre ses lignes et les illustrations de Zaü et délectez vous d’une grande bouffée de sagesse. "Prendre son temps c’est entrer en résistance." »

Croquelinottes

Ancien professeur de français, Bruno Doucey est écrivain, poète et éditeur. En littérature jeunesse, il a déjà publié chez À dos d’âne et chez Actes Sud junior. Zaü a suivi les cours de l’École Estienne et travaillé dans la publicité. Il est illustrateur jeunesse depuis 1967.

Tous deux résident à Paris.

On définit toujours la lenteur par le manque de rapidité. Mais pourquoi ne définit-on jamais la rapidité par le manque de lenteur ?

Quand j’aime je prends mon temps

parce que je sais qu’il faut du temps pour connaître et aimer

Aimer un être un lieu un moment de la journée un livre et même un dessert

Quand j’aime j’essaie toujours de faire durer le plaisir d’aimer

Je n’engloutis pas le gâteau en une bouchée

Je ne vais pas directement à la dernière page de mon roman pour connaître la fin de l’histoire

Je ne regarde pas ma montre en soupirant

Je ne cours pas tous les lieux à la fois

Je ne suis vraiment pas pressé de TE quitter

Quand j’aime c’est pour la vie.

Onze variations sur la lenteur. Onze bonnes raisons de ralentir le pas, d’oublier le culte de la vitesse, de prendre le temps de lire et d’écrire, de marcher, de penser, de rêver et d’observer les escargots. En poète.

8 €

12 x 17 cm

96 pages octobre 2019

calicot calicot
Petit éloge
lenteur Bruno DouceyZaü
de la
979 10 97340 08 7
extraits

*options de couvertures à l'étude.

Comme si la nuit avait dévoré le monde

H. Baraduc et L. Darget, une petite histoire de la photographie des rêves

Phillipe Baudouin et Jean-Baptiste Carobolante préface : Tony Oursler parution novembre 2024 essai/photographie/histoire des médias et des techniques

130 × 185 mm  / 96 pages dont une section iconographie de 24 pages en quadrichromie souple / dos carré collé / impression offset bichromie 1 ton direct cuivre métal + noir sur la couverture

1500 exemplaires   / 18 euros

*résumé.

Quoi de plus intime que nos rêves, sensations indicibles chargées d'impressions lacunaires, défaites, que l'on s’efforce en vain de recoller... Et s'il était possible d'en conserver une trace grâce à la photographie ? Tel fut, au tournant du XIXe siècle, le défi que tentèrent de relever le médecin Hippolyte Baraduc et le commandant Louis Darget. En s'affranchissant des conventions scientifiques, les deux chercheurs explorèrent ainsi la frontière entre visible et invisible, cherchant inlassablement à travers d'innombrables dispositifs à percer les mystères du psychisme humain.

Richement illustré par une sélection de photographies et de documents rares, voire inédits, l'introduction d'Hippolyte Baraduc, qui ouvre le présent ouvrage, s'accompagne de textes critiques de Philippe Baudouin et de Jean-Baptiste Carobolante, le tout préfacé par Tony Oursler.

*les points forts du livre.

• Phillipe Baudouin, philosophe de formation, auteur de nombreuses publications autour des phénomènes occultes et de leur lien à l'objet technique, leur aspect matériel et social.

• Jean-Baptiste Carobolante, future signature de la maison et récemment publié aux éditions Mix avec L'image spectrale – Allégorie du cinéma de spectre.

• Préface par Tony Oursler, artiste américain incontournable, grand collectionneur d'archives du surnaturel.

* les auteurs.

• Une vraie démarche de recherche iconographique autour de la figure d'Hyppolite Baraduc et menée de pair avec les auteurs. Des images rares ou inédites provenant de fonds institutionnels mais aussi de collectionneurs privés.

• Un livre sur un pan largement méconnu de la photographie et pourtant essentiel pour comprendre l'histoire des liens entre arts, médias, sciences et pseudosciences

• Philippe Baudouin vit et travaille à Paris. Maître de conférences associé en Sciences de l'information et de la communication à l’Université Paris-Saclay, il est l’auteur de plusieurs ouvrages sur l’histoire de l’occultisme dont Apparitions : Les Archives de la France hantée (Hoëbeke, 2021).

• Jean-Baptiste Carobolante est historien de l'art, théoricien, commissaire d'exposition et enseignant, il intervient notamment à l’École d’Arts Visuels de Lacambre à Bruxelles. Il co-dirige avec le philosophe Fabien Vallos les éditions MIX.

*éditionsMagiCité. met en scène les rapprochements intimes et essentiels entre mondes magiques et critique sociale. *éditionsMagiCité. piste des textes et des documents risqués, explore la transdisciplinarité des sciences — sociales ou naturelles, toujours sans majuscules — et ouvre celles-ci à des relations hybrides, parfois inavouables.

Comme si la nuit avait dévoré le monde
MC/02 *éditionsMagiCité.
* photographie * rêve * technique * expérience * histoire * fluides * secret * frontière *
MC/02 *éditionsMagiCité. couverture provisoire
MC/02 *éditionsMagiCité. iconographie 1/2
MC/02 *éditionsMagiCité. iconographie 2/2

« Après avoir placé de part et d’autre de son lit deux appareils photographiques, Hasdeu en a soigneusement ouvert les obturateurs. Istrati, quant à lui, s’endort avec la ferme intention de faire apparaître une image de lui-même sur les plaques situées à Bucarest, dans la chambre de son ami. Plus que quelques heures à patienter et les résultats seront enfin connus. »

« Le progrès technique, observé durant la seconde révolution industrielle, ouvre ainsi sur une ère nouvelle, placée sous le signe de la « transparence généralisée ». Les partisans de la photographie psychique abondent en ce sens et donnent forme, à travers leur pratique, au rêve évoqué près d’un siècle plus tôt par le médecin allemand Johann Gottlob Krüge lorsque celui-ci se demandait en 1756 s’il était possible de connaître expérimentalement l’âme de la même manière que l’on pouvait le faire avec des corps : « Pourra-t-on vraiment placer les esprits sous une pompe à vide, s’interrogeait-il, apercevoir leurs silhouettes à travers des verres grossissants et peser leurs forces ? »

« À partir du début de l’année 1896, les expériences en matière de photographie de la pensée se multiplient et la presse rapporte régulièrement dans ses entrefilets les dernières prouesses recensées en ce domaine. »

« Médecin spécialiste des thérapies électromagnétiques à la Salpêtrière et disciple de Charcot, le docteur Baraduc officie dans son propre appartement parisien. Son cabinet est à l’image de ses recherches – labyrinthique et mystérieux. Un sentiment d’effroi s’empare généralement de celui qui s’aventure en ces lieux. À la vue du dédale de couloirs sinueux et des recoins infinis qu’abrite l’appartement de celui que Jules Bois nommait le « Paracelse parisien », le visiteur a parfois l’impression de pénétrer dans l’esprit de son propriétaire. »

« Pour réaliser ces images, Baraduc s’est associé au commandant Louis Darget, un militaire de carrière féru d’occultisme, rencontré en 1894 et dont les « aptitudes fluidiques particulières » l’avaient alors fortement impressionné. En matière de photographie de la pensée, Darget n’en est d’ailleurs pas à son coup d’essai. Il en serait même l’un des précurseurs : « La Lune au front », qu’il a réalisée en 1882, constituerait ainsi, selon ses propres dires, la première image de la pensée de l’histoire. »

« Confortablement installée dans le fauteuil d’une pièce obscure de leur maison, Mme Darget appose à la demande de son mari une plaque sur son front, avant de s’endormir quelques minutes. À son réveil, alors qu’il vient tout juste de placer le support photographique dans le révélateur, Darget sombre à son tour « dans un demi-sommeil » avant d’être brusquement sorti de son état léthargique par le bruit d’éclat produit par le verre. Craignant que l’objet ne se brise davantage, il le plonge alors dans un bain d’hyposulfite, espérant pouvoir être encore en mesure de révéler le cliché tant attendu. À première vue, l’opération s’avère décevante : seules quelques taches insignifiantes sont apparues. Darget décide alors de placer le cliché dans l’eau pour la nuit. Ce n’est que le lendemain matin qu’il découvrira « L’Aigle » sur le support photographique. »

« Nadar raconte qu’en ses commencements, la photographie était assimilée à la sorcellerie du fait de la transposition qu’elle opérait, sur le plan technique, de procédés communément associés aux sciences occultes. L’auteur de Quand j’étais photographe (1900) rapporte dans le premier chapitre de son ouvrage une intéressante Théorie des Spectres qui, selon lui, hantait Balzac. Pour ce dernier, le corps humain n’était qu’une pure enveloppe, exclusivement composée de couches successives, « superposées à l’infini, foliacées en pellicules infinitésimales », et que « chaque opération daguerrienne, chaque photographie, vient surprendre, détache et retient, en se l’appliquant, une des couches du corps objecté. »

« Leur projet dont on entrevoit aisément les dérives idéologiques potentielles, présuppose à la fois l'omniscience et l'omnipotence de la puissance instrumentale qui, grâce à ses multiples ramifications dans la vie quotidienne, parviendrait à atteindre ce qui, jusque-là, relevait de l'inobservable. En prétendant enregistrer sur support sensible les « paysages de l'âme » chers au docteur Baraduc, l'acte « psychophotographique » se definit avant tout comme transgressif. Il entend forcer les portes de l'expérience nocturne. »

MC/02 *éditionsMagiCité. extraits

ONLYFANS, UNE RÉVOLUTION

EN LIBRAIRIE NOVEMBRE 2024

PORNOGRAPHIQUE ?

Entre libération et ubérisation du sexe

Préface de G

978-2-493458-06-3

17 ¤ TTC/ 12 x 20 cm / 144 pages

Enquelques années, OnlyFans s’est imposé comme un géant de la pornographie en ligne. Sous ses airs familiers de réseau social, la plateforme place l’authenticité et l’exclusivité du lien entre fan et créatrice de contenus pornographiques au cœur de son récit. Mais entre les abonnements payants, les pourboires, les outils marketing dernier cri, les photos et vidéos, diffusées et répliquées en masse, comment croire à l’existence d’une réelle relation sociale ?

En mettant en lumière la dualité d’OnlyFans, cachant la marchandisation des corps sous le voile de l’empowerment et de la liberté, Anne Ramahandriarivelo explore la transformation des créatrices de contenu en véritables entrepreneuses du sexe digital.

Un livre essentiel pour comprendre les enjeux de la plateformisation, à l’œuvre dans tous les pans de l’économie, y compris la pornographie.

Anne RAMAHANDRIARIVELO est diplômée du CELSA, avec une expertise particulière sur les études de genre. Elle a notamment travaillé sur l’accès à l’avortement en Argentine et sur les stratégies de communication des associations féministes après le mouvement #Me Too. Onlyfans, une révolution pornographique ? est son premier livre.

LES POINTS FORTS

• Le premier livre d’analyse à paraître sur le géant de l’industrie pornographique

• Une réflexion critique sur la consommation de la pornographie dans notre société et qui questionne la libération sexuelle à l’ère numérique

• Une écriture fluide et accessible

également disponible en version ebook

L’AUTRICE
ARGUMENTAIRE Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM
Collection [LES ESSAIS VISUELS] Distribution/Diffusion : Serendip Livres MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris

ONLYFANS, UNE RÉVOLUTION

PORNOGRAPHIQUE ?

Entre libération et ubérisation du sexe

Préface de G ustavo

SOMMAIRE

INTRODUCTION

OnlyFans : réseau social ou plateforme marchande ?

Genèse d’une plateforme

Des codes du réseau social pour dissimuler la médiation marchande

Vers une supermédiation de la pornographie ?

Le fan, la créatrice et l’illusion d’une relation sociale

La figure du fan : un consommateur pornographique ordinaire

Travailleuse du sexe numérique ou créatrice de contenus ?

L’illusion d’une relation privilégiée entre le fan et la créatrice

Une révolution tiède de la pornographie en ligne

La consolidation d’une économie du sexe en ligne à deux vitesses

Un changement de paradigme : la créatrice de contenus a une valeur intrinsèque

Statu quo des images pornographiques, amélioration des conditions de travail

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

EXTRAIT

"Si OnlyFans a inauguré un nouveau mode de consommation et de production des contenus pornographiques, l’avènement d’une relation pornographique interroge.

OnlyFans est un dispositif numérique qui, sous des apparences de réseau social, dissimule des relations marchandes pornographiques très médiées. Créée pour répondre au besoin des créatrices de contenus pornographiques qui étaient exclues et bannies des réseaux sociaux numériques, la plateforme est largement inspirée de ces derniers. La colorimétrie, les termes utilisés, les différentes rubriques font appel au partage et à la convivialité imaginaires propres aux réseaux sociaux d’internet. Cette dissimulation est pourtant révélée lorsque l’on s’aventure dans l’espace de messagerie d’OnlyFans. Ici il n’y a plus aucun doute : paiement à la vue, pourboire, messagerie de masse, tout est pensé pour pousser à la consommation de contenus. En effet, le modèle de financement d’OnlyFans repose sur une logique de prélèvement sur les revenus des créatrices. Ainsi, plus les fans voient des contenus et plus ils paient pour les voir, plus l’entreprise est rentable. OnlyFans est donc au cœur de son propre modèle de financement, mais tout est fait pour qu’il passe inaperçu. La confusion entre plateformisation et désintermédiation des contenus pousse à penser qu’il n’y a plus d’intermédiaire entre la créatrice de contenus pornographiques et le fan. Or c’est l’effet inverse qui se joue sur les plateformes numériques. Les relations entre la créatrice et le fan n’ont jamais été aussi normées et contraintes que sur OnlyFans.

Définir la médiation qui se joue sur OnlyFans comme une relation pornographique permet de mettre en lumière les contradictions entre le discours euphémisé et la réalité des usages de la plateforme. La déconstruction des mythes qui entourent la plateformisation et une prétendue désintermédiation de la pornographie donnent aussi à voir les impensés circulant sur l’économie du sexe numérique.

Dans un contexte où les réseaux sociaux traditionnels se tournent de plus en plus vers une stratégie de paiement par abonnement, l’intégration du travail du sexe dans ce phénomène laisse place à de nouvelles interrogations : Instagram et Twitter/X rouvriront-ils bientôt leur porte aux créatrices de contenus pornographiques ? Onlyfans résisterait-elle à une potentielle fuite de ses précieuses poules aux œufs d’or ?

ARGUMENTAIRE Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM Collection [LES ESSAIS VISUELS] Distribution/Diffusion : Serendip Livres MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris

PRENDRE DES PHOTOS AU MUSÉE ?

Quand les visiteurs gardent l’œil sur l’objectif par

Sébastien APPIOTTI

979 10 92305 91 3

17 ¤ TTC

184 pages, broché, 12x20 cm

SEN LIBRAIRIE OCTOBRE 2022

i la pratique photographique au musée n’est pas nouvelle, en l’espace de quelques années, les appareils photo compacts numériques puis les smartphones ont considérablement modifié le rapport à l’exposition par la pratique photographique. Certaines institutions en France s’en sont inquiétées, comme le prouve l’interdiction totale appliquée au musée d’Orsay. Dans d’autres lieux, les pratiques photographiques des visiteurs sont au contraire explicitement encouragées.

Historiquement, deux visions s’affrontent autour des pratiques photographiques du public : la première présente positivement la photographie comme un droit légitime. L’autre la dépeint comme une entrave à la relation directe avec l’œuvre et la dévalorise en la présentant comme une pratique narcissique ou récréative.

La complexité des tensions autour de ces questions au musée nécessite de les repenser au regard de l’évolution de la pratique photographique depuis le XIXe siècle. Sébastien Appiotti revient sur les conflits professionnels et de société autour de la photographie amateure au musée, mais aussi sur ces dispositifs qui cherchent à orienter le regard et les pratiques du public au sein des expositions, en particulier en lien avec les réseaux sociaux.

Sébastien Appiotti est maître de conférences en sciences de l’information et de la communication au CELSA – Sorbonne Université (laboratoire GRIPIC). Ses recherches portent sur la connaissance des publics de la culture et de leurs pratiques, la conception et la réception de dispositifs de médiation numérique, ainsi que sur les pratiques et circulations de l’image photographique. Prendre des photos au musée ? est son premier ouvrage.

L’AUTEUR MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris contact@mkfeditions.com

LES POINTS FORTS

• 1re fois qu’un auteur met en discussion les débats autour des pratiques photographiques au musée et soulève des questions de société sur la pratique de la photo telle qu’elle est désormais permise par nos smatphones

• Un des principaux spécialistes sur le sujet en Europe

• Une écriture simple et accessible

également disponible en version ebook

Distribution/Diffusion : Serendip Livres Plus
sur : WWW.MKFEDITIONS.COM
d’informations
Collection [LES ESSAIS VISUELS]
ARGUMENTAIRE

PRENDRE DES PHOTOS AU MUSÉE ?

SOMMAIRE

INTRODUCTION

PHOTOGRAPHIER AU MUSÉE

L’important, c’est de voir

Ce que dit la loi

Encart : On prend des photos au musée quand on trouve que quelque chose est beau Règlementer les pratiques

Encourager les pratiques

Encart : On prend des photos au musée quand on reconnaît quelque chose

VISITEURS ET PHOTOGRAPHES : LE DÉBAT

Des discours de « libération » de la pratique photographique

Encart : On peut être gêné de voir un visiteur prendre des photos

Les figures du visiteur photographe

Du musée-cathédrale au musée-plateforme

DES EXPOSITIONS QUI ENCOURAGENT

LA PRATIQUE PHOTOGRAPHIQUE ?

Encart : On prend des photographies pour les partager

Photographiez, partagez !

Encart : On prend des photos pour devenir soimême créateur

Il est interdit de photographier

Encart : On prend des photos pour documenter sa visite et en garder un souvenir

CONCLUSION :

Pour une reconnaissance des pratiques photographiques au musée

EXTRAIT

Pour réguler les pratiques photographiques du public, le législateur a conçu des règlements et lois s’appliquant spécifiquement à l’espace du musée. Leur examen révèle les relations souvent conflictuelles entre l’institution et les acteurs sociaux de la reproduction (copistes, puis photographes) dès le XIXe siècle. C’est ce que montrent notamment les recherches d’Arnaud Bertinet consacrées aux musées français sous Napoléon III. L’historien relate la difficulté des copistes à faire accepter leur statut au sein de l’espace du musée. À l’époque, les copistes se faisaient de plus en plus nombreux : leur nombre est passé de 200 par jour au musée du Louvre en 1856, à 400 voire 500 dix ans plus tard (Dupuy, 1993 : 44). Les copistes ont rapidement été rejoints par les photographes qui sollicitaient également des autorisations.

C’est sur la base du constat de l’« envahissement » du Louvre par les photographes, l’utilisation d’une chimie toxique pour la conservation des œuvres et des parquets, qu’est promulgué le décret du 17 juillet 1866 retirant l’ensemble des permis photographiques accordés par le musée.

On retrouve la trace d’une levée de cette interdiction dans le règlement intérieur du Louvre en 1904, avec le rétablissement des demandes de permis pour peindre et photographier. Il faudra toutefois attendre la fin de la Première Guerre mondiale pour que la question des pratiques photographiques au musée soit de nouveau débattue, cette fois-ci à l’échelle nationale. La stratégie qui est alors choisie pour discipliner le corps des professionnels et des publics privés est celle de sa taxation. La pratique de reproduction au sens large est désormais autorisée, mais taxée, et permet de dégager de nouvelles ressources fiscales pour l’État (Krebs, 2013 : 57).

La loi de finances du 31 décembre 1919 prévoit en effet de taxer la reproduction d’œuvres des collections nationales, quel que soit son médium : dessin, peinture, photographie et vidéo. Deux options s’offrent alors au public : ajuster sa pratique reproductive d’œuvres aux « grandes » occasions (expositions mémorables par exemple, ou opportunités de lier une visite à un souvenir amical ou familial) ; censurer la pratique en ellemême du fait de son poids financier. Pour les professionnels, la pratique est autorisée, mais strictement réglementée et taxée, ce qui impose un certain contrôle de ce qui est photographié ou filmé.

Collection [LES ESSAIS VISUELS] ARGUMENTAIRE
MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris contact@mkfeditions.com Distribution/Diffusion : Serendip Livres Plus d’informations sur : WWW.MKFEDITIONS.COM "

En librairie

Février 2021

Isbn : 979-10-92305-66-1

Prix de vente public : 16 euros ttc 178 pages, broché, 12x20 cm

également disponible en version eBook

Contact éditeur :

Collection

[LES ESSAIS VISUELS]

Voir le sang des bêtes ?

Des images contre l’industrie de l’élevage et de l’abattage

ouvrage soutenu par Plus d’informations sur : WWW.EDITIONSMKF.COM

Mikaël Ferloni

Tel: 06.84.15.06.78 mikaelferloni@mkfeditions.com

Enfévrier 2016, l’association de lutte contre la maltraitance animale L214 – alors quasi inconnue du grand public – publie sur Internet une courte vidéo de quatre minutes tournée en caméra cachée dans un petit abattoir du sud de la France. On y voit des employés maltraiter les animaux. Les installations ne sont manifestement pas adaptées.

L’impact médiatique de cette vidéo est sans précédent. Le lendemain de sa diffusion, le cabinet du ministre français de l’Agriculture diligente une enquête. On voit se dessiner les contours d’un Internet démocratique où des organisations citoyennes comme L214 peuvent simultanément entrer en communication avec les dirigeants et la population. L214 installe en France un puissant modèle relationnel qui va impacter en profondeur la société.

La question des abattoirs, et mécaniquement celle de l’élevage, s’installe dans le débat public, bientôt suivi par une interrogation d’ordre alimentaire : dans quelles conditions pouvons-nous encore consommer des produits issus de l’exploitation animale ?

Ce livre revient sur cette affaire, en montrant que la question de la régulation de l’élevage et de l’abattage devient une urgence dans une société où les discours contre l’industrie de masse commencent à trouver un ancrage, en particulier autour d’une conscience écologique nouvelle.

Points forts :

• Un sujet et un enjeu de société qui revient régulièrement sur le devant de la scène médiatique.

• Un œil neuf et singulier sur ces questions pour nourrir intelligemment le débat.

• Un livre autour des enjeux écologiques, du bien-être animal, mais aussi du militantisme à l’heure des réseaux sociaux.

Argumentaire
MkF éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris Distribution/Diffusion : Serendip Livres

Sommaire

INTRODUCTION

VERS UN CHANGEMENT DE SOCIÉTÉ

1.D’une pratique artisanale à l’industrialisation de l’élevage et de l’abattage

2.L’émergence d’une critique

3.Un contexte de crise

4.Quand L214 donne l’alerte

5.L’installation d’un modèle contre-hégémonique

6.Faire des compromis pour être entendu

DES VIDÉOS CONTRE L’INDUSTRIE DE L’ÉLEVAGE ET DE L’ABATTAGE

1.Prendre la voie du vidéomilitantisme

2.Collecter des images

3.Mobiliser autour des images

4.Exposer les stigmates

5.Toucher la sensibilité des publics par la violence des images

6.Dévoiler des preuves audiovisuelles

L’ auteur

Michaël Bourgatte est enseignant-chercheur en communication, cinéma et audiovisuel. Il s’intéresse aux dimensions éducatives et politiques des images. Il a notamment travaillé sur la question de l’éducation à l’image, ainsi que l’action militante des salles Art et Essai (Le cinéma Utopia à Avignon. Une histoire de militantisme culturel et politique, Warm, 2018). Il s’intéresse aujourd’hui au vidéomilitantisme et à son impact social. Voir le sang des bêtes ? Des images contre l’industrie de l’élevage et de l’abattage est le fruit d’un travail de longue haleine sur cette question.

Contact éditeur :

Mikaël Ferloni

Tel: 06.84.15.06.78

mikaelferloni@mkfeditions.com

L’INSTALLATION D’UN SUJET DE SOCIÉTÉ

1.La stupéfaction des médias face aux images tournées dans l’abattoir d’Alès

2.Le sommet informatif avec l’affaire du Vigan

3.Un sujet bientôt routinier dans les médias

4.Des débats entre experts

5.Le discours des contradicteurs

6.La naissance du concept de flexitarisme

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE

La collection

Les Essais visuels donnent aux lecteurs les clefs d’un débat sur les enjeux culturels, économiques, politiques et sociologiques liés à la circulation des images dans notre société. Fixes ou animées, les images nous entourent et sont omniprésentes dans notre quotidien : dans les journaux, dans les livres, dans la rue ou sur les écrans que nous consultons chaque jour. Elles nous distraient, nous informent, nous cultivent, façonnent nos représentations et nos idéologies. Il s’avère donc essentiel de s’interroger sur la relation que chaque individu entretient avec les contenus visuels et audiovisuels qui nous entourent.

éditions 1, rue Maison Dieu - 75014 Paris Distribution/Diffusion : Serendip Livres

MkF
Argumentaire
le sang des bêtes
Voir
?

POLITISER L’ENFANCE

Ouvrage collectif (dirigé par Vincent Romagny)

·Format (mm) 165*235

·Nombre de pages 315

·Prix (€) ............................................

·ISBN ....................................................

·Parution

AVRIL 2023

ÉDITIONS BURN~AOÛT

26€ 9782493534033 novembre 2023

Politiserl’enfance est une anthologie de textes inédits, traduits ou réédités, écrits par des artistes, des philosophes, des sociologues, des journalistes, des critiques d’art, etc. Ces textes sont réunis par Vincent Romagny, docteur en esthétique et commissaire d’exposition et John D. Alamer, auteur fictif et collectif des éditions Burn-Août. Ces textes abordent la question des rapports entre enfance et politique non pas depuis un point de vue unique, mais selon différentes perspectives : philosophique, sociologique, historique, poétique, artistique, féministe, queer, etc. et qui éventuellement se croisent.

Politiser l’enfance réunit des contributions sur un sujet qui fait retour et qui prend sens également dans la recherche en sciences humaines et sociales. Elle vise à contribuer à forger des outils théoriques qui aideront la lectrice ou le lecteur à aborder un objet trop souvent réduit à ses caractéristiques supposément « naturelles » ou à des représentations classiques (innocence, nostalgie, naïveté, etc.) trop rarement interrogées : l’enfant. Elle aborde des questions soulevées dans les années 1970 dans les courants anti-autoritaires et féministes. Elle entend également replacer la question de l’enfance dans le champ des interrogations contemporaines sur la question de l’émancipation. Pour reprendre les termes de Tal PiterbrautMerx, « le terme d’émancipation renvoie dans le droit romain avant tout à l’émancipation du mineur de la patria potestas, qui attribuait au père de famille le droit de vendre, de donner et de mettre en gage ses enfants. Le modèle par excellence du geste politique d’émancipation semble donc s’incarner dans l’arrachement du mineur au pouvoir parental, dont il était la propriété. »

Thèmes abordés à propos de l’enfance : (anti)pédagogies, abolition, à l’ère du néolibéralisme, dans le spectacle vivant, domination adulte-enfant, déconstruction, émancipation, États-Unis, féminisme, genre, minorités, mythe et représentation, pensée critique, prise de paroles, pédocriminalité, retour sur les années 70, sport de haut niveau

Auteurices et ouvrages associés :

• La culture de l’inceste, sous la direction d’Iris Brey et Juliet Drouat, Seuil, 2022

• La domination adulte. L’oppression des mineurs, Yves Bonnardel, Myriadis, 2015

• Mémoire de fille, Annie Ernaux, Gallimard, 2016

• S’évader de l’enfance, John Holt, Éditions l’Instant Présent, 2015

• « Il faut éduquer les enfants… », l’idéologie de l’éducation en question, Sophie Audidière et Antoine Janvier (dir.), ENS Éditions, 2022

Vincent Romagny est docteur en esthétique, professeur de théorie de l’art à l’ENSBA de Lyon et commissaire d’exposition indépendant. Ses recherches portent sur l’histoire des aires de jeux et leur perception dans l’art contemporain. Il s'intéresse plus particulièrement à la question de la représentation de l'enfance dans les pratiques artistiques contemporaines. Il a publié de nombreux articles dans des revues spécialisées en art contemporain, co-édité le numéro de la revue Initiales dédié à Maria Montessori à l'ENSBA Lyon (2017), et édité Anthologie Aires de jeux au Japon chez Tombolo Presses (2019) et Anthologie Aires de jeux d’artistes chez Infolio (2010).

1/ Claude Aubart, 5 ans, dessinant la couverture de l'ouvrage.

2/ Anthologie Aires de jeux au Japon, Tombolo Presses, 2019.

46, avenue du président Wilson 93230 Romainville éditions Burn~Août 07 50 33 63 55 dernière modification 18 avril 2023 page 1/5 SCIENCES SOCIALES
/// POLITISER L’ENFANCE \\\

Les textes de 28 auteurices sont répartis en 10 chapitres différents :

▶ Préambule, par John D. Alamer et Vincent Romagny

▶ Note sur les langages inclusifs

1/ CONTRER LES REPRÉSENTATIONS

INCAPACITANTES

▶ Tal Piterbraut-Merx, « Conjurer l’oubli » (texte inédit)

AVRIL 2023

▶ Ghislain Leroy, « Suite d’un dialogue interrompu avec Tal Piterbraut-Merx. “Domination adulte” et rôle éducatif de l’adulte » (texte inédit)

▶ Jenny Kitzinger, « Défendre l’enfance : les idéologies de l’innocence » (traduction)

2/ L’EXPÉRIENCE SENSIBLE DU MONDE SOCIAL

▶ Mégane Brauer, « Cry me a River » (texte inédit)

▶ Ane Hjort Guttu, « Nature / Exposition » (traduction)

▶ Julie Pagis, « L’expérience sensible de la politique chez les enfants. Retour sur la PréZIZIdentielle de 2017 » (réédition)

3/ PRENDRE LA PAROLE

▶ Juliet Drouar, « Pour le droit de vote des mineur.e.s » (réédition)

▶ Des Enfants s’en mêlent, n°16 (novembre 1992) et 23 (décembre 1996) (réédition)

▶ Marie Preston, « Un journal d’opinion » (réédition)

Des enfants s’en mêlent, n°10, novembre 1992

4/ TRANSIDENTITÉ ET ENFANCES QUEER

▶ Adel Tincelin et Charlie Tincelin-Perrier, « L’abomination adulte » (texte inédit)

▶ Arnaud Alessandrin, « Les mouvement antagonistes de politisation de la question des mineurs trans et non-binaires » (texte inédit)

▶ Eve Kosofsky Sedgwick, « Comment élever vos enfants gayment » (traduction)

5/ L’ENFANT DANS L’ŒUVRE D’ART

▶ Agnès Dopff et Belinda Matthieu, « Un “Je” d’enfant sur scène » (texte inédit)

▶ Maialen Berasategui, « “Revolting children” ? Les enfants acteurs de comédies musicales à Paris, Londres et New-York » (texte inédit)

▶ Vincent Romagny, « Pourquoi politiser l’enfance ? » (texte inédit)

6/ RÉFUTER LES APPROCHES PRO-PÉDOPHILES

▶ Kate Millett, entretien avec Mark Blasius (traduction)

▶ Jean-Luc Pinard-Legry et Benoît Lapouge, extraits de L’enfant et le pédéraste (réédition)

7/

RETOUR SUR LES ANNÉES 1970

▶ Shulamith Firestone, « Pour l’abolition de l’enfance » (réédition)

▶ Christiane Rochefort, extraits de Les enfants d’abord (réédition)

▶ Alexander Kluge et Oskar Negt, « L’espace public des enfants » (traduction)

8/ ENFANCES AU XIXE SIÈCLE

▶ Camille Louis, « Déjouer la minorité, retrouver l’enfance » (texte inédit)

▶ Erica Meiners, « L’enfant à problèmes : provocations pour démanteler l’État carcéral » (traduction)

9/ FACE AUX INJONCTIONS LIBÉRALES

▶ Laurent Abecassis, « Kiss and Cry » (texte inédit)

▶ Arnaud Teillet, « L’“enfant-potentiel”, un modèle en crise » (texte inédit)

▶ Irène Pereira, « Pédagogie critique à destination des enfants » (texte inédit)

10/ ÉMANCIPATIONS

▶ Antonia Birnbaum, « L’enfant, l’alphabet, l’abolition » (texte inédit)

▶ Pierre Zaoui , « Réflexions sur la questions enfantine » (réédition)

ISBN de l’ouvrage dessiné par Claude.

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/// POLITISER
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ÉDITIONS BURN~AOÛT
L’ENFANCE

EXTRAIT DU PRÉAMBULE PAR

AVRIL 2023

Loin de défendre une approche univoque, il s’agit d’élargir la façon dont nous pouvons comprendre et appréhender l’enfance. Agencer des textes, c’est être continuellement traversé par un sentiment de doute : c’est se placer sous la tutelle d’un savoir qui se voudrait adulte, reconnu comme faisant autorité, mais dont on ne sait pas à quel point il est légitime. Revendiquer une position enfantine, c’est moins la critique délibérée de savoirs constitués que l’expression d’une relation complexe à un savoir que l’on ne maîtrise pas. La question se pose de savoir comment ne pas définir la catégorie de l’enfance uniquement à partir d’une activité adulte. C’est là tout l’enjeu de ce recueil de textes qui tente de présenter différentes manières de rendre à cette catégorie son autonomie en essayant de ne pas l’instrumentaliser.

Un discours univoque sur l’enfance est intenable, il s’expose à l’erreur et produit des assignations illégitimes, source de violence sur la minorité appelée enfant. Il est forcément multiple, et exposé à l’erreur. Les expériences pour lesquelles on invoque l’idée d’enfance n’épuisent pas la réserve de sens de l’enfance. « And then it’s like a kid; suddenly a toy shop opens up and the toy shop was called culture. Suddenly I thought I didn’t even have to pretend I was interested in this problem about identity anymore, I could just bloody copy straight on [1]. » Il s’agit de créer les conditions d’énonciation et d’autonomie de paroles auparavant inaudibles, de produire des savoirs spécifiques dans la lignée de ce que nous apprend le féminisme radical. Il s’agit de saisir le caractère temporaire des constructions sur l’enfance et, dans ce cas alors, pour aborder cette difficile catégorie sans l’essentialiser ni la naturaliser, de recourir à la métaphore des campements de fortune, repliés aussi vite qu’ils ont été déployés. On espère ainsi contribuer à tisser « des narrations autres [2] ».

ÉDITIONS BURN~AOÛT ///

[1] Kathy Acker, « Devoured by Myths. An interview with Sylvère Lotringer », in Kathy Acker, Hannibal Lecter, My Father, New York, Semiotext(e), 1991, p. 11.

[2] Tal Piterbraut-Merx, « Oreilles cousues et mémoires mutines. L’inceste et les rapports de pouvoir adulte-enfant », in Iris Brey et Juliet Drouar, La Culture de l’inceste, Paris, Seuil, 2022, p. 87.

EXTRAIT DE CONJURER L’OUBLI DE TAL PITERBRAUT-MERX

Que faire alors ? Comment aborder l’enfance en tant qu’adultes, si ce n’est par ces billevesées d’adultes ? Doit-on choisir, pour contrecarrer les glissements de notre imagination, de se livrer, en chaussant des lunettes d’inspecteur·ices, à des enquêtes sur les enfants, sur leurs modes d’existence, leurs pratiques etc. ? Oui, mais ne risquerait-on pas de négliger à nouveau notre position d’adulte, et donc de sur-

plomb ? Celle-ci peut, comme nous le propose certain·es de nos ami·es sociologues, être objectivée. J’emprunterais cependant un autre chemin, qui se détourne de la rêverie autour de l’enfance imaginaire, et qui cherche à se rapprocher des enfants comme sujets politiques et de lutte, sans passer par l’enquête sociologique. Je vous le soumets maintenant.

Examinons pour introduire cette proposition la structure des rapports adulte-enfant. Ceuxci appartiennent à la grande famille des rapports de pouvoir (classe social, genre, race etc.) et doivent analysés en tant que tels. Un point d’importance les distingue pourtant de ces derniers : les rapports adulte-enfant s’organisent autour d’un schéma d’inversion nécessaire, en ce que tout adulte a un jour été enfant. Cela n’est pas le cas des rapports de classe, de genre et de race ; le caractère nécessaire de l’inversion est donc une spécificité du rapport d’âge. Cette caractéristique des rapports adulte-enfant produit un rapprochement phénoménologique inédit entre le pôle des dominant·es (celui des adultes) et celui des dominé·es (celui des enfants). En effet, l’adulte possède une expérience en première personne du statut d’enfant, bien que cela s’effectue sur le mode du souvenir ; la porosité entre les deux groupes s’en trouve considérablement accrue.

Comment, à partir de ce schéma d’inversion, les adultes se rapportent-iels à leur enfance ? Et, question plus difficile, comment des personnes peuvent-elles dominer des sujets qui se situent à la place qu’elles occupaient naguère ? Les enfants sont élevé·es dans l’idée que les comportements des adultes à leur égard sont justifiés par leur éducation, qu’iels agissent dans leur intérêt. Si un inévitable soupçon naît lorsque la maitresse monte la voix, lorsque l’éduc’ frappe, et si ce système de justifications menace finalement sans cesse de se fissurer, la fiction a la peau dure. Mais qu’advient-il de l’autre côté, lorsque l’enfant devenu·e adulte et doté·e d’une autorité nouvelle rencontre des enfants ?

Un alliage étrange et monstrueux se forme : il semble d’un côté que l’adulte ait pour une grande partie et le plus souvent oublié les brimades, les humiliations et les violences vécues, ou les minimisent (le fameux « j’en suis pas mort·e »). L’enfance se trouve alors idéalisée, comme un âge d’insouciance et d’irresponsabilité regretté. Et, en même temps, l’adulte se souvient des promesses qu’on lui a tenu enfant : il faut accepter cet état inconfortable pour pouvoir devenir adulte. Tu auras droit, plus tard, d’utiliser le couteau qui coupe fort, de rester dehors, de décider par toi-même de tes sorties, de tes ami·es ! L’inconfort du statut d’enfant est condition de possibilité de la liberté acquise chez l’adulte. L’oubli de l’adulte vis-à-vis de son enfance est ainsi paradoxal : la mémoire opère son travail de sélection et de tri, et les souvenirs se parent d’un éclat nouveau, qui réhabilite l’exercice du pouvoir.

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POLITISER L’ENFANCE

Pour devenir adulte, il semble qu’il faille oublier la condition réelle et politique de l’enfance. Christiane Rochefort s’élève dans l’essai Les Enfants d’abord contre un tel état de fait :

ils servent « machinalement » les intérêts de la classe dominante, et dès lors, quelque idée qu’ils aient de la chose, parents et enfants sont dans une relation d’antagonisme.

AVRIL 2023

ÉDITIONS BURN~AOÛT /// POLITISER L’ENFANCE

« Mais être « adulte » après tout n’est qu’un choix, par lequel on s’oublie, et se trahit. Nous sommes tous d’anciens enfants. Tout le monde n’est pas forcé de s’oublier. Et dans la situation dangereuse où le jeu adulte aveugle nous a menés, et veut entraîner les plus jeunes, l’urgence aujourd’hui presse un nombre croissant d’anciens enfants qui n’ont pas perdu la mémoire de basculer côté enfants. »

L’urgence est donc de se souvenir, non de l’enfance idéalisée, ou de l’enfance en général, mais de la condition politique des enfants, de ses affres et de ses injustices, pour mieux pouvoir la conjurer, et la transformer.

L’acte de réminiscence que j’envisage est une démarche politique et collective : elle ne renvoie pas au cheminement dual qu’est la thérapie analytique, qui vise souvent à « mettre de l’ordre » dans les souvenirs d’enfance, et de faire entendre à un·e supposé·e enfant intérieur·e que sa place n’est pas celle de l’adulte advenu·e. Il importe cette fois de se rappeler, avec le plus de lucidité possible, de ce que furent nos enfances, de quelles matières elles étaient faites, quels en étaient les rythmes et les conditions.

EXTRAIT DE LES ENFANTS D'ABORD DE CHRISTIANE ROCHEFORT

Les enfants, en tant que groupe discriminé par la Loi, sont, dans leur totalité, traités, modelés, corporellement et mentalement, en vue de l’exploitation.

Les enfants sont une classe opprimée.

Ils sont toujours la classe inférieure dans celle inférieure ou supérieure (d’ordre économique, sexuel, racial-culturel) où ils sont tombés.

Cette oppression spécifique, inhérente au système patriarcal, a été longtemps vécue dans l’isolement. Aujourd’hui, par suite de l’évolution du capitalisme (explosion démographique, expansion scolaire et des médias, accession des jeunes au statut de consommateurs, etc.), cette classe est actualisée. Ce qui est appelé « crise de la jeunesse » selon la technique conjuratoire (« crise », ça ne dure pas).

Mais quelle que soit la manipulation sémantique il y a constitution en classe, et début d’une longue marche.

Les exécutants du traitement réducteur sont tous les adultes ayant avec les enfants une relation institutionnelle. Parmi eux, les parents occupent une position-clé : à moins d’avoir une perception claire de la politique de l’éducation,

« Quoi, quelle horreur, comment peut-on parler en ces termes de la plus pure et naturelle des relations humaines ! » Ce sont les adultes qui s’expriment ainsi, on les aura reconnus. Réponse à ces grands sentimentaux : faire accroire que la relation parents-enfants est tissée chaîne et trame uniquement d’amour mutuel et réciproque, c’est hypocrisie et camouflage. Si la fonction réelle, sociale, de cette relation, est tenue cachée, parler du seul sentiment d’amour est une insulte à l’amour. L’amour ne peut que gagner à être débarrassé d’usurpateurs qui utilisent son nom pour leurs propres fins, qui n’ont rien d’amoureuses. L’amour n’a rien à craindre de l’examen, il sera beaucoup plus beau une fois lavé. Seuls les mystificateurs redoutent l’analyse.

Et justement, l’oppresseur a horreur qu’on rappelle les basses réalités matérielles, luimême plane très haut dans l’idéal, où tout est merveilleux comme c’est. (À part des petits détails si vous y tenez, qui feront l’objet de réformes en temps voulu, quand ce ne sera plus dangereux.)

C’est toujours pareil : il n’y a que l’opprimé qui ressent son oppression. L’oppresseur, lui, est content comme ça, ne souffre aucunement, trouve ça très bien, juste, normal, bon pour l’autre (qu’est-ce qu’il ferait sans nous ?), et « naturel ». « Opprimé » d’ailleurs est un gros mot, qui choque l’oppresseur (autre gros mot) — au fait on le reconnaît à cette réaction, essayez, ça ne loupe jamais.

L’autre (l’opprimé) n’a rien à dire, d’abord parce qu’il n’a pas la parole. Essayer de la prendre pourrait lui coûter chaud, il le sait : en régime de tyrannie, le tyran peut être permissif, il n’en a pas moins le pouvoir absolu, même lorsqu’il octroie la liberté d’expression, il est prudent de ne pas lui dire ce qu’il ne veut pas entendre, voilà pourquoi vos fils-et-filles sont muets.

L’opprimé n’a rien à dire, ensuite, parce qu’il n’a pas de parole, à lui propre.

C’est l’oppresseur qui dispose du langage et des connotations, ainsi que de la symbolique.

Le rapport de classes est toujours formulé premièrement dans les termes de l’oppresseur : bien, juste, normal, bon pour l’autre, NATUREL. Et c’est ainsi qu’il doit être ressenti par tous. Surtout l’opprimé. Sinon on entend les clameurs : c’est l’oppresseur bien sûr qui crie au scandale, au sacrilège, à la vulgarité, au ridicule, au de quoi vous mêlez-vous, au dénaturé, au démodé, au meurtre. Et comme c’est lui qui a la sono, sa voix couvre tout. On l’entend d’ici .

Qui change les termes déclare la guerre .

46, avenue du président Wilson 93230 Romainville éditions Burn~Août 07 50 33 63 55 dernière modification 18 avril 2023 page 4/5 SCIENCES SOCIALES
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Laurent Abécassis a été patineur de haut niveau (champion de France en catégorie avenir et en catégorie minimes) et a suivi un cursus aux Beaux-arts.

Arnaud Alessandrin enseigne la sociologie du genre, du corps et des discriminations à l’université de Bordeaux.

Maialen Berasategui est historienne et journaliste.

Antonia Birnbaum est philosophe et enseigne au sein du département de philosophie de l’université Paris 8 Vincennes — Saint-Denis.

L’ENFANCE \\\ AVRIL 2023

Mégane Brauer est artiste contemporaine.

Belinda Mathieu est journaliste et critique spécialisée dans la scène danse contemporaine.

Agnès Dopff est journaliste et critique théâtrale.

Juliet Drouar est thérapeute activiste, artiste, chercheur, gouine, trans, pédé, blanc, valide, mince, de classe moyenne.

Shulamith Firestone était une théoricienne féministe radicale étasunienne.

Ane Hjort Guttu est une artiste et cinéaste norvégienne vivant à Oslo

Jenny Kitzinger, formée initialement en anthropologie sociale, est professeur de recherche en communication à l’université de Cardiff, directrice de Research Impact et codirectrice du Coma and Disorders of Consciousness Research Center.

Alexander Kluge est écrivain et cinéaste, et Oscar Negt, philosophe, est directeur de l’Institut für Soziologie de l’Université de Hanovre et ancien assistant de Jürgen Habermas.

Eve Kosofsky Sedgwick était une universitaire et théoricienne féministe et queer étasuienne.

Benoît Lapouge et Jean-Luc Pinard Legry, militants homosexuels sont les auteurs d’un ouvrage dénonçant les argumentaires propédophiles en 1980.

ÉDITIONS BURN~AOÛT

Ghislain Leroy est maître de conférences HDR en sciences de l’éducation (université Rennes 2 / laboratoire CREAD).

Camille Louis est philosophe, dramaturge et activiste auprès des personnes en exil.

Erica R. Meiners est écrivaine, éducatrice et activiste.

Kate Millett était une autrice féministe étasunienne.

Julie Pagis est chercheuse en sociologie politique au CNRS, membre de l’Institut interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS, CNRS-EHESS).

Irène Peirera est MCF-HDR en sciences de l’éducation et de la formation à l’Université Paris 8 et ses travaux portent sur les pédagogies critiques.

Tal Piterbraut-Merx (1992-2021) était doctorant en philosophie à l’ENS de Lyon et au CRESPPA, et agrégée de philosophie. Son travail portait sur « Les relations adulte – enfant, un problème pour la philosophie politique ? ».

Marie Preston est artiste, enseignante-chercheuse à l’université Paris 8 VincennesSaint-Denis (Laboratoire TEAMeD / AIAC).

Christiane Rochefort était « écrevisse (parce que vaine…) » féministe.

Vincent Romagny est docteur en esthétique et professeur de théorie de l’art à l’ENSBA de Lyon.

Arnaud Teillet est enseignant à Paris en école élémentaire et chargé de cours en philosophie à l’université Paris Nanterre.

Charlie Tincelin-Perrier est collégienne.

Adel Tincelin est auteurice et traducteurice.

Pierre Zaoui enseigne la philosophie à l’université de Paris .

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BIOS
/// POLITISER
DES AUTEURICES
Couverture de l’ouvrage dessinée par Claude.

écoféminisme

sourcellerie

capitalisme

irrationnel

*les points forts du livre

Failles et fuites — sourcellerie précapitaliste et radiesthésie moderne

un essai de Chloé Pretesacque

115 × 165 mm / 48 pages NB

souple / dos carré collé impression offset 1 ton direct sur la couverture

500 exemplaires parution janvier 2024 10 euros

• Premier titre d'une maison d'édition associative et engagée portée par un trio mixte artiste/ éditeur/graphiste.

• Approche vulgarisante et transversale des thématiques abordées.

• Un sujet populaire mais peu traité.

• Une réflexion d’actualité.

• Destinés au lectorat engagé mais aussi au public arts visuels.

• Un document visuel accompagnera chaque essai. Ici un fac-similé rare.

• Une maquette singulière et une belle matérialité.

• Un principe de collection très identifiable, des objets que l'on aura envie de collectionner.

*résumé.

La radiesthésie, autrefois nommée sourcellerie, est un mode de connaissance et une attention portée à l’élément eau (des corps, des terres, des vents). Son objet est par essence élémentaire car il nous faut de l’eau, absolument – elle nous lie au monde et nous unit les un·e·s aux autres. Alors la sourcellerie s’évertue à en trouver, principalement sous nos pieds, par le biais d’une baguette ou de mains tendues dans une prière renversée vers les puissances souterraines. Regardée à travers nos valeurs positivistes, la sourcellerie semble élusive, invérifiable et devient par conséquent infréquentable. Chloé Pretesacque, en ayant recours à l’anthropologie historique et aux épistémologies queer et féministes, interroge notre esprit avide de certitude. C’est en convoquant le sensuel et le rituel qu’elle introduit un rapport érotique au sujet, transformant celui-ci en source d’émancipation radicale.

populaire

anthropologie

*l’autrice.

Chloé Pretesacque est diplômée en science politique et en philosophie, spécialisée en études de genre et en art. Dans le cadre d’un doctorat à la Sorbonne-Nouvelle, elle s’intéresse aux arts de la résistance pratiqués par des formes de vies habitant les ruines du capitalisme. Tantôt invasives, tantôt éteintes, ces espèces troublent les catégories des sciences modernes et nourrissent la notion polymorphe de « contre-nature ». Ainsi les champignons, les méduses ou les escargots sont pour elle des êtres et des figures - en somme, des guides - pour fonder des stratégies d’émancipations.

*éditionsMagiCité. met en scène les rapprochements intimes et essentiels entre mondes magiques et pensées politiques. *éditionsMagiCité. piste des textes et des documents risqués, explore la transdisciplinarité des sciences — sociales ou naturelles, toujours sans majuscules — et ouvre celles-ci à des relations hybrides, parfois inavouables.

failles et fuites *éditionsMagicité. MC/01:
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