CARA CLARISSA,
Silvia Ricci Lempen
Traduit de l’italien par Véronique Volpato
PRÉSENTATION
Après Les rêves d’Anna, voici la traduction en français par Véronique Volpato de Cara Clarissa, qui raconte de nouveau un destin de femme. Giulia est venue en quête de paix, ou peut-être pour se retrouver, dans un chalet isolé des Alpes suisses. Ce n'est pas elle qui se retrouvera, mais son passé qui frappera à la porte, qui ouvrira une lueur dans sa mémoire et qui l'obligera à résumer une vie dont elle n’a pas de quoi se sentir spécialement fière. L'angoisse d'une feuille blanche et d'une lettre qu'elle ne peut pas continuer, devient le moyen d'atteindre une relation plus intime avec elle-même et de creuser, chercher et mettre en lumière des éléments d'un passé resté irrésolu. Une écriture claire, impitoyablement précise, qui exalte le détail et fouille dans la vie de la protagoniste, nous tient en haleine jusqu'à l'épreuve de force finale. Dans une alternance continue entre le présent et le passé, Giulia recompose une histoire personnelle, en proposant un drame féminin entre conventions sociales et plaisir, facilité et épanouissement nous conduisant à une solution inattendue.
AUTRICE
Le parcours littéraire de Silvia Ricci Lempen a commencé par l’écriture et la publication, en français, d’un roman autobiographique consacré à son père, Un Homme tragique (L’Aire, 1991, Prix Michel-Dentan), qui a été par la suite traduit en italien. Ses autres romans en français sont Le Sentier des Éléphants (L’Aire, 1996, Prix Schiller), Avant (L’Aire, 2000, Prix Paul-Budry), Une Croisière sur le lac Nasser (L’Aire, 2012) Ne neige-t-il pas aussi blanc chaque hiver ? (en bas, 2013), I sogni di Anna , Prix suisse de littérature 2021 (Vita Activa, Trieste, 2019) et Les rêves d’Anna (en bas, 2019), Prix Alice Rivaz. Elle a publié un essai sur le féminisme avec Martine Chaponnière Tu vois le genre? Débats féministes contemporains (en bas, 2012).
Pour d’autres informations, critiques de ses livres, chroniques, blog etc. : www.silviariccilempen.ch
TRADUCTRICE
Née à Genève en 1985, Véronique Volpato a étudié les littératures française et italienne et se consacre aujourd'hui à la traduction littéraire et à l'enseignement. Elle a traduit de l'italien 2 livres d'Anna Ruchat, Dans cette vie (en bas, 2014) et Sortir de l'ombre (en bas, 2019)
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Aires de prières
Hélène Ling
96 pages
11 euros
ISBN : 978-2-492628-04-7
à paraître le 6 février 2023
Charles Serjic, conseiller financier en attente de son vol à Roissy, est entraîné par l’enseigne «Aire de prière» dans une longue méditation sur les enjeux existentiels de ses contemporains. La rencontre d‘une femme chinoise, Catherine Lee, l’oblige à remettre en jeu ses certitudes et à résoudre ses contradictions. Avec ce court récit, Hélène Ling explore les dessous d’une époque et ses mutations irréversibles, où le «désenchantement du monde», selon Max Weber, fait place au marché des religions et des identités, désormais le destin de notre temps.
Hélène Ling enseigne le français dans un lycée parisien. Elle a publié trois romans (Lieux dits, Allia, 2006, Repentirs, Gallimard 2011, Ombre chinoise, Rivages, 2018). Elle fait paraître avec Inès Salas à la rentrée prochaine un essai, Le Fétiche et la plume (Rivages), consacré à la littérature contemporaine à l’ère du capitalisme tardif.
éditions JOU / 60 rue Édouard Vaillant, 94140 Alfortville – France mail : contact@editionsjou.net http://www.editionsjou.net
Format: 11.1 X 18 4 cm
Pages: 528 p.
Reliure: broché, collé Collection en bas poche
grand format
Rayon: Roman
CLIL: 3444
Prix: 20.- €
Parution: janvier 2023
ISBN: 978-2-8290-0557-2
MARLENE VAN NIEKERK TRIOMF
Traduit de l’afrikaans PAR DONALD MOERDIJK ET BERNADETTE LACROIX
ROMAN
Marlène Van Niekerk retrace la vie d’une famille blanche pauvre, les Benade, au cours des deux mois qui ont précédé les premières élections libres en Afrique du Sud, en novembre 1994. La famille Benade vit dans des conditions misérables depuis plusieurs générations. Chez les Benade, l’inceste est érigé au rang de tradition. Humiliés et désespérés, ils réussissent cependant à obtenir un logement dans le nouveau quartier blanc, Triomf, érigé sur les ruines de Sophiatown, ancienne township de Johannesburg rasé par le pouvoir de l’apartheid. C’est l’histoire d’un double traumatisme, celui de la pauvreté et celui d’un régime qui s’effondre en emportant dans son naufrage les quelques rares points de repère qui permettaient encore à cette famille du sous-prolétariat afrikaner de survivre. La famille se referme alors sur sa honte et ses secrets dans son carré encombré de gravats et d’ordures. La langue des Benade se réduit à un état brut, sa syntaxe est des plus frustes. Le plongeon final aura lieu le 24 novembre 1994, jour des élections.
« Secrets de famille », rugit Lambert, fouillant dans les paperasses d’un tiroir autrefois fermé à clef. Tout est dans la famille : de Mol, Pop, Treppi et Lambert ; sans oublier chiens, carcasses de voiture et frigos, éléments intrinsèques de cette famille Benade complètement paumée. Et pourtant le rire n’est jamais loin des larmes, alors que scènes loufoques et paroles profondes se croisent sans cesse sous les yeux ébahis du lecteur captivé tant par l’histoire (les histoires) que par l’écriture de Marlene van Niekerk, faite de cynisme et de tendresse, de cruauté et de compassion.
AUTEUR
Marlene van Niekerk est une écrivaine sud-africaine de langue afrikaans. Elle est née le 10 novembre 1954 près de Caledon, dans la province du Cap. Elle étudie les langues et la philosophie à l’université de Stellenbosch, où elle écrit ses premières pièces de théâtre. Marlene van Niekerk est actuellement professeure d’afrikaans et de néerlandais à l’université de Stellenbosch. Agaat est paru aux Éditions Gallimard, Collection Du monde entier, dans une traduction de l’afrikaans de Pierre-Marie Finkelstein en 2014.
Rue des Côtes-de-Montbenon 30 | 1003 Lausanne Tél : +41.21.323.39.18/ Fax : +41.21.312.32.40 contact@enbas.ch www.enbas.net
MOTS-CLEFS fin apartheid | lumpenproletariat blanc | racisme | bidonville
Ce jour-là, les cafres ont dû déguerpir si vite qu’ils ont même pas eu le temps d’emmener leurs clébards.
Pas mal de leurs affaires y sont restées. Des buffets entiers, remplis de vaisselle. T’entendais les trucs se casser quand les bulldozers sont passés. Des lits, des cuvettes en émail, des bassines en tôle, toutes sortes d’affaires. Tout, ils écrabouillaient tout ce qui se trouvait là devant eux.
Fallait voir ça.
Les cafres, ils hurlaient et couraient partout comme des fous. Ils essayaient de ramasser ce qu’ils pouvaient, pour l’emporter dans les camions quand on viendrait les prendre.
Et les chiens des cafres, ils aboyaient et jappaient, ils se faufilaient pour éviter tous ces trucs qui tombaient et se cassaient la gueule. Y en avait partout.
Mol se rappelle bien ce jour-là. Quand ils avaient emmené le premier lot de cafres. Il pleuvait. C’était en février 1955. Eux, elle et Pop et Treppi, de l’autre côté de la rue Ontdekkers, tout au bout, regardaient. Parce que Treppi avait entendu dire qu’ils avaient un projet au Développement communautaire : construire des maisons bon marché pour des « Blancs économiquement faibles », là où il y avait Sophiatown avant.
Ça allait s’appeler Triomf, le nouveau quartier, à ce qu’ils avaient entendu dire.
Seulement pour Blancs. On allait commencer à construire en 1960.
De Fietas à Triomf ! qu’il a dit, Treppi. Fallait plus qu’ils se plaignent de ne pas avancer dans la vie.
Plus tard, Fietas aussi a été rasée. Juste après qu’ils étaient partis.
Là aussi c’était un beau foutoir, à Vrededorp. Fietas s’appelait Vrededorp, le Village de la Paix : en fait, c’était ça son vrai nom.
Gerty se tortille dans les bras de Mol. Mol la pose, et se retourne encore une fois pour regarder le tas. Il va creuser encore combien, Lambert ? Dieu seul le sait. C’est pour de l’essence, dit Lambert. Il veut stocker de l’essence là-dedans. Pour le jour où ça merdera, après les élections, qu’il dit. C’est Treppi qui est toujours après lui, à lui fourrer des conneries comme ça dans la tête.
6
En librairie 01.2023
Format : 11,1 x 18,4 cm
Pages : 108 pages
Reliure : broché, collé
rayon : Nouvelles
Prix : 11 € / 18 CHF
ISBN : 978-2-8290-0663-0
DIFFUSION ET DISTRIBUTION SUISSE
Éditions d’en bas
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Fantômes et autres nouvelles Jérôme
PRÉSENTATION
«Je suis noir de monde…», chantait Alain Bashung.
Meizoz
Les absents continuent à bruisser. Tant de voix et de visages nous hantent, qu’un récit peut faire revivre le temps de la lecture. Salué par la presse et la critique lors de sa parution en 2010, Fantômes est désormais augmenté de huit nouvelles inédites.
« Dans cette plongée en eaux profondes, Fantômes est une belle réussite esthétique et littéraire. » (Virginie Mailles Viard, Le Matricule des anges, Montpellier, 2010)
AUTEUR
Jérôme Meizoz, né en Valais, vit à Lausanne. Lauréat d’un Prix suisse de littérature 2018 pour Faire le garçon (Zoé, 2017), il a notamment publié : Père et passe (En bas, 2008), Séismes (Zoé, 2013), Temps mort, préface d’Annie Ernaux (En bas, 2014), Haut Val des loups (Zoé, 2015), Les Précédents (En bas, 2017) Absolument modernes ! (Zoé, 2019), Malencontre (Zoé, 2022).
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Saut du loup
La vie est ce qui passe pendant qu’on est occupé à faire autre chose.
John Lennon
C’est le frère de la tante Bertha, le cantonnier, qui nous a ramenés en plaine à la tombée du jour. On s’est enfilés dans la voiture et nos questions se cognaient à la vitre. Le retour imprévu nous laissait sans voix, on avait lâché nos jouets. Durant ces trois jours, tout a été si précipité, incompréhensible. Arrivés à la sortie du village, la route formait un tournant au bord d’une pente vertigineuse. Derrière la glissière bombée, on devinait tout en bas une gorge, « où vivait un ermite », ajoutait la tante. On était attirés par cette chute, on aurait voulu savoir l’histoire de ceux qui étaient tombés, ce qui gisait là en bas, mais l’oncle disait simplement, « C’est le saut du loup », comme si ce nom n’appelait aucune explication, comme s’il avait toujours été là, mythologique. Mais on pressait le chauffeur de questions, et en recollant ses courtes phrases l’histoire prenait corps visible, comme avec nos puzzles. Si on prêtait l’oreille, on pouvait encore entendre l’écho du hurlement d’un loup dans la gorge. C’était le dernier de la vallée, il y était tombé autrefois, poursuivi par des chasseurs. «A présent, il n’y a plus de loup ici, et les enfants peuvent jouer tranquilles dans le village», concluait l’oncle tout en manœuvrant le break VW.
Tout en bas, on voyait les villages de plaine, les vignes grises encore malgré l’herbe revenue, et les lampes publiques déjà en veille. C’était comme si l’on survolait toute la vallée dans la grande voiture qui nous emmenait pour la première et dernière fois. Tout était vu d’en haut, dans un silence irréel. L’oncle nous parlait sur un ton doux, comme si on avait droit soudain à des égards.
Depuis quand faisait-il le chauffeur sur demande, après le travail ?
En façade comme en coulisse, la tante Bertha n’avait pas donné d’autres explications à notre départ pour ces trois jours, à peine que «maman avait besoin de repos», et que le temps était «idéal pour passer quelques jours à la montagne».
On ferait du feu, la cousine Annette serait de tous les jeux, on aurait droit à glisser dans les prés sur les matelas oranges, comme l’été précédent. Notre avis n’avait pas été consulté, tout s’était organisé en hâte. Chaque recommandation de la tante tombait avec clarté, comme le soleil à nouveau mordant.