LITTERATURE
C O L L E C T I O N S H U S H L A R RY
ART&FICTION
ROMAN
Laurence Boissier
Histoire d’un soulèvement RÉIMPRESSION
Tout a été consigné dans un cahier où l’on trouve l’empreinte de plusieurs histoires, la grande, celle du soulèvement des Alpes, racontée par un guide excentrique, la petite, celle de la vie quotidienne d’un groupe de randonneurs. Neuf jours de marche ponctués par les paysages traversés, l’effort, le poids du sac, la promiscuité dans les cabanes. La petite troupe s’est à la fois bien et mal entendue. Partie sans entraînement, une citadine se disant autrice mélange ses propres
souvenirs, les premiers cours de ski, les appartements de vacances loués en famille, à ceux, immémoriaux, d’un attachant fossile. Le guide réussira-t-il à mettre en évidence le lien entre les convections du noyau terrestre et la présence sur l’alpe de ces marcheurs ? Malheureusement, le cahier finira dans la crevasse d’un glacier et avec lui, ce qui aurait dû être l’histoire vraie de cette randonnée.
D I S P O N I B L E D È S L E 1 O C TO B R E 2 0 21
isbn
LA LIBERTÉ
« DRÔLE DE BESTIAIRE » THIERRY RABOUD
3 ÉDITIONS
2000 EXEMPLAIRES PRIX DES LECTEURS DE LA VILLE DE LAUSANNE
ONTIN « LES PL AQUES C . ULES À DÉRIVER SE S LE S PA T N NE SO
——— Laurence Boissier, née en 1965, vit à Genève. Auteure qui excelle dans la forme brève, elle est également artiste et architecte d’intérieur. Elle intègre Bern ist Überall en 2011, collectif d’écrivains, avec lequel elle monte régulièrement sur scène. PRIX : Prix suisse de littérature, 2017 ; Prix des lecteurs de la Ville de Lausanne, 2018 ; Prix Pittard de l’Andelyn, 2018 PUBLICATIONS : Safari, art&fiction publications / Der Gesunde Menschenversand, 2019 ; Rentrée des classes, art&fiction, 2017 ; Inventaire des lieux, art&fiction, 2015, rééd. 2017 ; Cahier des charges, d’autre part, 2011 ; Noces, Ripopée, 2011 ; Projet de salon pour Madame B, art&fiction, 2010 ———
© Sophie Kandaouroff
11 x 17.5 cm, 248 pages 978-2-940570-90-4 chf 17.80 / euro 14 — genre roman multi-strates sujets abordés histoire des Alpes, récit des origines, fertilité format
: autour s e lp A s le s n a d s r 9 jou is elle a m , e v lè u o s e s t u d'elle, to peine… ENTALES
L AU R E N C E B O I S S I E R | H I S TO I R E D ’ U N S O U L È V E M E N T
PRESSE
L AU R E N C E B O I S S I E R | H I S TO I R E D ’ U N S O U L È V E M E N T
PRESSE
L’AUTEUR
Né dans les années 80 en Haute-Savoie, Antoine Sanchez grandit sur les berges du Léman. À l’origine contrebassiste, il partage son temps entre les ressources humaines, la composition musicale, les concerts et le travail d’écriture. Il vit aujourd’hui à Chalon-sur-Saône. C’est son premier ouvrage publié.
LE PÉGASE Antoine Sanchez
LE LIVRE
Roman
« Au Pégase, il y a ceux qui sont là depuis toujours. Le zinc, la bête et ce verre que l’on brandit en guise de prière, entre soif de joute et d’immobile. » Dans ce court roman, vous découvrirez un bar-tabac hors du temps, hanté par ses habitués, personnages en demi-teintes et véritables icônes du lieu, qui se trouvent avoir plus de relief qu’il n’y paraît. Ce texte émaillé de réflexions métaphysiques est un vrai petit théâtre, fait de ces vies cabossées dont on détourne habituellement le regard.
CONDTIONS COMMERCIALES
Bienvenue au Pégase !
Parution : 26/11/2020 Prix TTC : 15 euros Nombre de pages : 108 Format : 13 x 18 cm Poids : 144 gr. ISBN : 9782956166023
– 35 % de remise aux libraires, facture 30 jours fin de mois, paiement par virement ou chèque, – nos envois se font par courrier (frais à notre charge), Translivre ou Prisme (gencode 3019008160101), – pour les délais, comptez de quelques jours à une semaine (jours ouvrés) après la confirmation de votre commande, – faculté de retour envisageable, et nous fonctionnons également en dépôt.
CONTACT
7 avenue de Blida 57000 Metz / camille@latteinte.com / 06 99 19 69 26
WWW.LATTEINTE.COM
Stéphane Émond, de la librairie Les Saisons, La Rochelle : « Si Le Pégase tient debout c’est grâce à ses piliers de bar, ses trognes — comme des saules pleureurs, rieurs aussi, ses habitués que l’on se prend à aimer car ils sont comme nous tous. Superbe... »
QUELQUES AVIS
Joachim Boitrelle, de la librairie La Procure, Reims : « On a là un grand, beau, foudroyant roman qui vous pétrit l’âme. » Anne-Laure, de la librairie Les Schistes Bleus, Cherbourg : « Grâce à une langue précise et une forme libre, souvent proche de la prose, on s’imbibe au fil des pages de ce bistrot, des solitudes et vacuités qui le hantent autant que de la pudique affection qui relie tout ce petit monde. » Valérie Fages, représentante chez Hachette : « Ce court roman, petit bijou d’humanité, arrive dans un moment où l’envie d’un petit café en terrasse est plus forte que jamais. » Allan, de la librairie des Cordeliers, Romanssur-Isère : « Un roman comme la petite lumière d’un rade ancien encore debout, continuant de jaunir à la manière d’une vieille photographie carte postale, lézardée et un peu racornie. Souvenir du grand temps, d’une bouillie de joies, de balivernes, de cartes et de bérets dans un grand nuage de fumée, avec les ballons alignés devant soi. Souvenir qui s’étiole malgré soi mais qu’on chérit plus que tout sans savoir le dire très franchement... »
Article paru dans Le Matricule des Anges n°221 / Mars 2021
L’AUTEUR
Pierre Barré est né dans les années 60 et habite à Montpellier. Auteur discret mais persévérant, c’est sa première œuvre publiée. Il préfère un relatif anonymat, afin de laisser toute sa place au texte.
UN MONDE
EN FRAGMENTS Pierre Barré
LE LIVRE
Récit
« La plus grande folie est d’imaginer savoir. »
.
Ce court texte nous transporte dans l’esprit d’un homme se retrouvant subitement bloqué dans un lit d’hôpital. Différents tableaux se succéderont alors, comme autant de moments de conscience du narrateur devenu mutique : visions, délires et réminiscences, autant de voix pour celui qui en est privé.
CONDTIONS COMMERCIALES
Servi par une langue pleine de surprises, et conçu comme une expérience littéraire, ce livre aux abords indéfinissables appelle la relecture : en se dévoilant à peine, il laisse au lecteur le soin de ses multiples interprétations.
Parution : 14/04/2018 Prix TTC : 11 euros Nombre de pages : 64 Format : 13 x 18 cm Poids : 70 gr. ISBN : 9782956166009
– 35 % de remise aux libraires, facture 30 jours fin de mois, paiement par virement ou chèque, – nos envois se font par courrier (frais à notre charge), Translivre ou Prisme (gencode 3019008160101), – pour les délais, comptez de quelques jours à une semaine (jours ouvrés) après la confirmation de votre commande, – faculté de retour envisageable, et nous fonctionnons également en dépôt.
CONTACT
7 avenue de Blida 57000 Metz / camille@latteinte.com / 06 99 19 69 26
WWW.LATTEINTE.COM
Avis en page suivante !
Sandrine Giraud, libraire à la Fnac des Halles à Paris, blog L’Instant Livre : « Une prose hypnotique. » Géraldine Frognet, de la librairie OVNI à Arlon (Belgique) : « Un “putain” de bel objet. »
QUELQUES AVIS
Julien Tardif, de la librairie La Fleur qui pousse à l’intérieur, Dijon : « Ce livre est très fort, cette frontière entre réalité et divagation de la conscience et des souvenirs m’a beaucoup touché. » Joachim Boitrelle, de la librairie La Procure, Reims : « Quelle plume INCROYABLE ! » Julien Steiner, de la librairie L’Apostrophe, Épernay : « Ni roman ni poème, un livre pour les explorateurs des Autres Littératures. » Danièle Gay, de la librairie Lignes d’Horizon, Saujon : « J’ai beaucoup aimé ce texte, la langue, les images, la musique. Mais c’est une beauté troublante, je l’ai donc lu une deuxième fois et je pense qu’une troisième lecture n’épuisera toujours pas ce texte... » Andreas Lemaire, de la librairie Myriagone, Angers : « Sacré texte ! Difficile d’ailleurs de trouver les mots pour un livre dont le cœur de l’écriture est si abrupt, si proche du mutisme. Pierre Barré fait émerger de ses mots une forme d’égarement qui parvient pourtant à trouver un chemin, celui qui dit l’horreur sans la nommer, qui touche au sensible tout en provoquant de l’achoppement. Il déploie avec une réelle force une carte intérieure faite de béances, de trous, de cicatrices qui révèlent ce qui ne veut, ce qui ne peut sortir de la bouche. »
Collection « L’Officine », N°1, parution novembre 2020
Les Assises du Temps perdu « J’ai lu Proust comme on fait un rêve et j’ai très vite souhaité en garder une trace, figer ma perception des personnages en les rendant visibles et en leur donnant une place réelle dans l’espace, en leur donnant une assise. Un projet un peu prométhéen peut-être, mais chercher à s’approprier une œuvre aussi magistrale soit-elle, n’estce pas la plus belle façon de la célébrer ? » Anthony Guérrée
Fiche technique Format : 56 pages, 12 × 18,5 cm, reliure suisse Tirage : 500 exemplaires Prix de vente : 13 € Diffusion : pays francophones (présent sur Dilicom). Achat ferme, remise libraire 35 %.
Les Assises du temps perdu ouvre notre nouvelle collection « L’Officine ». Nous y publierons de beaux petits livres à tirage limité, soigneusement imprimés et façonnés, signant notre amour des curiosités littéraires.
ISBN : 978-2-9565635-4-9 Ce livre existe grâce au soutien de l’atelier Jespers, des papiers Fedrigoni et de l’imprimerie Allais.
Bouclard éditions
18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes
contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64
www.bouclard-editions.fr
Collection « L’Officine », N°1, parution novembre 2020
Les Assises du temps perdu Préface de Jérôme Bastianelli, Portraitisation et postace d’Émilie Houssa À l’été 2013, alors qu’il a un peu de temps à perdre, le designer Anthony Guerrée se découvre proustien. Il imagine alors de dessiner et faire fabriquer des chaises inspirées des personnages d’À la recherche du temps perdu. Ce livre restitue cette quête à travers un carnet de recherches mais aussi une réflexion profonde sur les liens entre la littérature et le design.
L’auteur : Anthony Guerrée Formé à l’École Boulle où le design s’envisage au prisme des métiers d’art, Anthony Guerrée s’est inscrit très tôt dans une dynamique réflexive oscillant entre tradition et innovation. Après avoir intègré le Studio Putman en 2010 pour mener des projets avec de grandes maisons, c’est en 2015 qu’il croise le chemin de Christophe Delcourt qu’il accompagne dans le design du mobilier Delcourt Collection mais aussi dans des collaborations avec des firmes internationales. Il développe aujourd’hui sa propre écriture, fruit de ses voyages, rencontres et lectures. Photo : Alexis Leclercq
J’ai lu Proust comme on fait un rêve et j’ai très vite souhaité en garder une trace, figer ma perception des personnages en les rendant visibles et en leur donnant une place réelle dans l’espace, en leur donnant une assise. Un projet un peu prométhéen peut-être, mais chercher à s’approprier une œuvre aussi magistrale soit-elle, n’est-ce pas la plus belle façon de la célébrer ?
Bouclard éditions
18 rue Geoffroy Drouet 44 000 Nantes
contact@bouclard-editions.fr 06 16 09 26 64
www.bouclard-editions.fr
Hors collection, 2e tirage
Carte hydrographique de la littérature Hydrographie : topographie maritime ou lacustre qui a pour objet de lever le plan du fond des mers et des fleuves, et de déterminer les diverses profondeurs de l’eau, la force des courants et des marées, dans le but d’établir des cartes marines. Fiche technique
Le concept
Format : 9,4 x 23,5 cm plié, 47 x 65,8 cm ouvert 6 plis accordéon + 1 pli croisé
Cette carte hydrographique de la littérature présente les différents niveaux de profondeurs des livres exprimés non pas en mètres mais en nombre de pages. Précédemment publiée dans le numéro 3 de la revue Bouclard pour illustrer l’article de Fabrice Chillet : Les marins savent lire eux aussi.
Impression : offset quadri sur papier Fedrigoni Arcoprint Milk 100 gr, fabriqué et façonné en France par l’imprimerie Allais (44) Tirage : 1000 exemplaires Prix de vente : 10 € Diffusion : Serendip Première parution : 2020 ISBN : 978-2-493311-01-6
Bouclard éditions
7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye
contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18
www.bouclard-editions.fr
Hors collection, 2e tirage
Bouclard éditions
7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye
contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18
www.bouclard-editions.fr
LA GRANDE SALLE À MANGER Laure Federiconi Laure Federiconi livre une série de fragments en prose poétique autour du tableau de Pierre Bonard «Grande salle à manger dans le jardin». Entre évocation des souvenirs d’enfance et de récits de voyage, ce recueil explore les ambiances et les errances d’un quotidien qui se compose et se décompose comme une série de tableaux. Ces fragments se suivent, et dirigent l’attention sur d’autres scènes, d’autres anecdotes et détails. Ici nous retournons dans les souvenirs d’un premier amour en Italie, là nous assistons au déménagement d’un parc de biches ou à la contemplation d’autres tableaux. L’art poétique de Laure Federiconi est celui d’une description perçante, sobre et voyageuse. Nous imaginons à sa lecture comment un peintre comme Pierre Bonard aurait pu lui-même saisir des instantanés, ficeler les interactions et les charger d’une intensité en suspension. Laure Federiconi écrit depuis qu’elle est en âge de tenir un crayon. Ses principales sources d’inspiration sont les chansons d’Elli et Jacno, Pierre Bonnard, les papillons et le village de Cursi, dans les Pouilles au Sud de l’Italie. La Grande Salle à manger est son premier recueil en prose poétique.
Hélice Hélas Editeur Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.com www.helicehelas.org > litterature@helicehelas.com Diffusion Suisse : Servidis Chemin des Chalets 7 CH-1279 Chavannes-de-Bogis Tél.: ++41 22 960 95 10 www.servidis.ch > commande@servidis.ch Représentants : Philippe Berger (bande dessinée) > pberger@servidis.ch Pascal Cottin (littératures) > cottin.pascal1@gmail.com
— Collection : Mycélium mi-raisin Genre : Prose poétique Sujets abordés : Fragments, Pierre Bonard, tableaux — Format 11.5x16.5 cm, 64 pages ISBN 978-2-940700-07-3 CHF 12 / EUR 8 Parution 1er octobre 2021, Suisse / 1er Novembre 2021 pour la France, et la Belgique
JANVIER
L’échaudée Le sommaire du n°10 n’est pas encore arrêté, ci-dessous des extraits des numéros précédents
Genre / Revue Contre-culture – Essais socio-politiques – Approche poétique – Images – Utopie
Parution décembre 2021 isbn : 978-2-911917-20-2
170 x 240 mm 100 pages 11€
Parmi
Par ces temps de naufrage prévu, organisé, où mafieux et dépeceurs se frottent les mains, lors même qu’on décapite (comme toujours) à qui mieux mieux les gardiens de phare, l’Échaudée est ce canot où morts et vivants rament de concert, souquent et halètent – pirates de haute moralité bien sûr, révoltés qui ne se résignent pas, ou simples amoureux des vagues hautes et belles, brodant d’écume vivante leur séjour ici-bas. ■
les échaudés… (collaborateurs)
Manuel Anceau, Julien Bal, Christel Bertet, Cornelia Eichhorn, Alfredo Fernandes, Joël Gayraud, Claude Guillon, Alfred Jarry, Alain Joubert, Balthazar Kaplan, Josef Lada, Eve Mairot, LL de Mars, Paul Mattick, Chantal Montellier, Amaredine Mudejar, Américo Nunes, Charles Reeve, Jean-Luc Sahagian, Vardhui Sahagian, Barthélémy Schwartz, Anne van der Linden…
« L’ÉCHauDÉE N’EST PAS UN BROUET, TIÈDE, C’EST UN REVIGORANT ! » ENT’REVUES, LE 3 AVRIL 2020
L’échaudée
L’échaudée
L’échaudée
L’échaudée
C O L L E C T I O N S H U S H L A R RY
ART&FICTION
ÉCRIT D'ARTISTE
Nathalie Perrin
Rimbaud, Rambo, Ramuz L' É T R A N G E D E S T I N D E Q U E LQ U E S M A I S O N S D ' É C R I VA I N S
« La Muette », la maison que Charles Ferdinand Ramuz achète en 1930 et où il décède en mai 1947. La veuve et la fille de l’écrivain, puis son petit-fils, l’occupent successivement jusqu’en 2011. C’est alors l’arrière-petite-fille de l’écrivain qui en hérite. Commence une bataille entre les héritiers, qui ont un projet immobilier de rénovation, et les défenseurs de la conservation intégrale de la maison pour en faire... une maison d’écrivain à disposition du public. Qu’est-ce qui nous incite depuis des siècles à préserver les lieux de la littérature, et même à les sacraliser ? Ils ne sont ni véritablement des musées, ni des bibliothèques, ni des bâtiments historiques, mais demeurent comme chargés de l’idée qu’ils sont un moyen pour amarrer un auteur à un lieu. Sinon pourquoi se bat-on pour
ces écrivains « patrimoniaux », leurs bureaux, leurs plumes et leurs gourmettes de baptême ? Quels motifs entraînent des milliers de visiteurs à s’engouffrer dans ces contresens inouïs : celui qu’est l’exposition de la littérature, étant donné qu’elle a vocation à circuler par la technologie du livre, et celui qu’est la visite d’une maison, qui n’est pas, par nature, construite pour recevoir un public ? Que révèlent les querelles qui naissent autour de la patrimonialisation de ces lieux ? Et plus encore, quelles raisons et quelles attentes poussent le public à défendre l’antre d’un homme disparu, qui écrivait sur du papier avec une plume non rechargeable ? Plus qu’un travail de recherche sur une maison d’écrivain, un vrai regard d’artiste contemporain sur le patrimoine vaudois.
— E N L I B R A I R I E E N F R A N C E / B E LG I Q U E L E 7 J A N V I E R 2 0 2 2 —
11 x 17.5 cm, env. 160 pages 978-2-88964-021-8 chf 14.90 / euro 12 — genre écrit d'artiste, recherche sujets abordés Charles Ferdinand Ramuz, maison La Muette, patrimoine, héritage format isbn
erche h c e r e d il a v a tr n Plus qu’u ain , un iv r c ’é d n o is a m e n sur u porain m te n o c te s ti r ’a d regard audois. v e in o im tr a p le r su Z RDINAND R AMU LA MUET TE DE
——— Nathalie Perrin est née en 1989 à Genève. En 2014, elle obtient un Master en arts visuels à l’ECAL (École cantonale d'art de Lausanne) et un diplôme de muséologie à l’Université de Neuchâtel en 2018, cadre dans lequel elle initie ses recherches sur «La Muette». Son travail artistique s’attache à rendre visuels des cheminements de pensée et des idées. Il s’agit principalement de dessins sur papier, sous la forme de plans textuels, à mi-chemin entre la rêverie littéraire et le goût de l’endurance monastique. Nathalie Perrin dessine de foisonnants schémas qui lui permettent de référencer et de mettre en réseau citations, noms d’artistes, titres de livres et de films, etc. Une tentative à la fois d’ordonner le monde au fil de sa mémoire et de sa pensée, et de traduire la dynamique créatrice entraînée par ce mouvement. ———
CHARLES FE E PERRIN SELON NATHALI
EXTRAITS
N AT H A L I E P E R R I N | L A M U E T T E
PRÉAMBULE Il y a environ trois millions d’années, une vie s’achevait, probablement au fond du lit d’une rivière, dans ce qu’on appelle aujourd’hui la dépression de l’Afar, en Ethiopie. Je partais en Afrique dans le but de voir de mes yeux une étonnante relique : les ossements de Lucy, conservés au musée national d’Addis-Abeba. J’avais vingt-deux ans, je portais une de ces chemises qui sentent encore la lessive du foyer et l’inquiétude des mères. J’arrivais dans la capitale de nuit, avec l’intégrale de Joseph Kessel sous le bras, un dictionnaire d’amharique et la chance des débutants. Je n’avais trouvé personne pour m’accompagner là-bas, et encore moins pour des motifs paléontologiques. Au bout d’un mois, j’avais englouti la moitié nord du pays, de la frontière soudanaise à l’entrée de la plaine des Danakils, en passant par les palais de Gondar et l’ancien royaume d’Aksoum. Je n’avais pas parlé français depuis plusieurs semaines, et lorsque j’ai entendu que la maison de Rimbaud se trouvait dans la région, j’ai eu envie d’y aller. Plus que ça, j’en ai eu besoin. Retrouver sa langue maternelle, comme on a besoin de siffloter pour avoir moins peur de la nuit. Là, il y avait une demi-douzaine d’Européens et puis des hyènes pas froussardes pour un sou, quelques poèmes peints sur les murs et cette étrange fraternité qui lie les voyageurs entre eux lorsqu’ils sont loin du pays natal. Harar c’est une ville avec des centaines de mosquées, des maisons closes et des tonnes de khat. On y sentait le feu, le diesel, le café, le gin bon marché, la rose, le savon et la peinture. Dans plusieurs bars, on avait affiché des images de Sylvester Stallone jouant Rambo. À Harar, Rimbaud avait vécu dans une maison, c’est sûr. Mais pas celle-là, dont la construction était postérieure à la mort du poète. Ce qu’il y avait de très mystérieux et d’incompréhensible, c’est que nous étions plusieurs à avoir traversé un immense territoire, sur des routes de fortune et dans des conditions éreintantes, pour toucher avec une espèce de piété les murs de la fausse maison d’un écrivain que nous n’avions jamais vraiment lu. Et encore, qui était confondu, sur place, avec l’interprète de Rocky Balboa. Quelques années plus tard, j’allais devoir définir le sujet d’un travail académique pour achever mes études universitaires. En effectuant un stage au Musée de Pully, je me retrouvais plongée fortuitement dans une controverse impliquant la maison de Ramuz, qui était collée au musée. Entre les méthodes modernes de conservation des amphores et les pro-
blématiques liées aux maisons d’écrivains, j’avais choisi Ramuz. Parce que c’était aussi une façon de comprendre le mystère de Harar. D’une certaine manière, ce livre doit beaucoup à Lucy et à l’espèce éteinte des Australopithecus afarensis. * PREMIÈRE PARTIE « À l’université, j’étais obsédé par la lecture de la vie de Rimbaud et de Baudelaire. J’étais imprégné de poètes fous.» Iggy Pop TROIS JAPONAIS SOUS LA PLUIE Trois ans me séparaient encore du séjour à Pully, et plusieurs événements galvanisèrent la curiosité éprouvée devant la maison de Harar. C’était une curiosité sérieuse, un étonnement sincère et qui allait grandissant. À la frontière du Pakistan par exemple, on m’avait indiqué la route pour joindre Jalalpur Jattan, ville antique fondée sur la tombe de Bucéphale. Ni un roi, ni un saint, ni un savant… mais un cheval, celui d’Alexandre le Grand. Au Tigré, l’église SainteMarie-de-Sion abritait l’Arche d’alliance de Moïse, qu’on ne peut voir – dit-on – sans risquer de prendre feu instantanément. J’avais vu des voyageurs se presser en chaussettes Rohner sur les tombes du roi Darius et d’Artaxerxès, au sanctuaire de Zoroastre, dans les maisons de Durrell au Caire, de Gibran au Liban ou de Malaparte sur la côte amalfitaine. Nous étions toujours quelques-uns au moins, parfois plusieurs dizaines, avec des petits guides, des petites notes, des petites questions. En arrivant à Pully, en février 2016 précisément, j’ai vu trois Japonais sous la pluie. Ils attendaient immobiles devant la maison de Ramuz, qui était fermée. Et je me questionnais sur les raisons pour lesquelles ces homines sapientes se tenaient debout en pleine averse, à dix mille kilomètres de chez eux, devant la demeure d’un écrivain, comme ils l’auraient fait devant celle d’un roi, ou même d’un cheval, mais pas devant celle d’un vendeur d’automobiles. C’est dans les ouvrages de Georges Poisson, docteur honoris causa de l’université de Sōka — à Tokyo justement — que j’allais trouver certaines explications à ce phénomène. Commandeur de la Légion d’honneur, de celle des Arts et des Lettres et grande médaille d’Histoire de l’art de l’Académie d’architecture de France, Georges Poisson ne prêtait pas le flanc au doute. C’était un homme de lettres passionné et respecté, qui partageait avec Iggy Pop et Patti Smith une fascination inflexible pour les poètes et les châteaux
N AT H A L I E P E R R I N | L A M U E T T E
perdus. Au rythme d’un ouvrage par année depuis 1945, Georges Poisson avait armé le touriste lettré francophone pour un siècle au moins. Il inventoria tout, des reliquaires du Val-de-Grâce au cadastre du jardin de Jeanne d’Arc, des deux maisons de naissance de Descartes aux treize logements de Goethe. On trouvait grâce à ses recensements pratiquement toutes les demeures de saints, d’écrivains ou de personnages célèbres d’Occident. Parmi les anecdotes sur la grotte de Lourdes et l’évêque de Tarbes, je découvris l’adresse de La Muette, maison de Ramuz, à Pully. La présence des Japonais sous la pluie me parut de moins en moins mystérieuse étant donné qu’a priori, une maison d’écrivain pouvait se révéler indissociable de la transmission d’une œuvre littéraire, au sens qu’elle apparaissait, d’après Poisson, comme un « intermédiaire obligé entre inspiration et écriture » . Pour comprendre pourquoi on préservait certaines maisons et pas d’autres, qu’on fondait des villes sur la tombe d’un cheval mais qu’on faisait disparaître les cendres des tyrans, il fut nécessaire de remonter dans le temps, bien avant les écrivains. Évidemment, le résumé de plusieurs siècles pouvait avoir des allures de caricature, même dans ce domaine, et j’ai gardé pour raconter ces chapitres les éléments essentiels qui permettent de voir dans quel ordre et comment certains lieux sont devenus des sanctuaires, ou du moins des endroits devant lesquels on est d’accord d’attendre une heure debout sous une pluie de février. LE PÈLERINAGE SACRÉ Le respect patrimonial et esthétique est une attention moderne. Avant les écrivains il y a avait le clergé, les saints, les châsses pleines de reliques et les bûchers préchauffés. Aucune commission de préservation du patrimoine, aucun historien du bâti ne venait mettre son nez dans les histoires de démolition. Les premiers lieux d’habitation et de vie à avoir été préservés et fréquentés par des pèlerins sont des lieux rattachés à des divinités ou à des saints. En Europe, après des siècles de catholicisme, le principe de la relique était acquis. On avait soi-disant gardé le voile de la Vierge à Chartres, les restes des Rois mages à Cologne, l’escalier de Ponce Pilate à SaintJean-de-Latran, le doigt de saint Thomas à Rome. On convoyait crânes, fémurs et gisants en Europe, pour renflouer les reliquaires des communautés à la foi vacillante. En attribuant d’abord une valeur spirituelle aux restes humains d’un saint (crâne, dents, sang), puis aux objets lui ayant appartenu (tunique, vêtements), voire aux objets l’ayant touché (lance, clous, suaire), il y avait peu à attendre avant que les
EXTRAITS
lieux qu’il avait fréquentés soient considérés avec la même dignité d’intérêt. Un lieu comme le Saint-Sépulcre marque par exemple la genèse des routes empruntées par les pèlerins dès les premiers siècles après J.-C. Et qui sait, si Golgotha avait été en Jordanie ou en Syrie, ç’auraient été les rues d’Amman ou de Damas qui auraient accueilli, pendant deux millénaires, les voyageurs du sacré et les effets de leur passage. On aurait peut-être trouvé là-bas, comme à Jérusalem aujourd’hui, des couronnes d’épines en polystyrène phosphorescent, des tickets pour les processions et les horaires des miracles.
N AT H A L I E P E R R I N | L A M U E T T E
EXTRAITS
N AT H A L I E P E R R I N | L A M U E T T E
EXTRAITS
C O L L E C T I O N S H U S H L A R RY
ART&FICTION
ÉCRIT D'ARTISTE
Robert Ireland
Images amies 2 014 -2 0 21
Convoquer toutes ces images qui peuplent la mémoire, une discipline le plus souvent matinale, mais pas quotidienne, tenir le rythme sur des années. Et miser sur une évocation fluide et sereine, fidèle comme en amitié, pour créer de nouvelles images… « Difficulté de me remettre dans le coup : un peu suspicieux. C’était comme si toutes les petites choses à faire submergeaient toute perception d’une entreprise plus vaste et profonde. Qui est sans cesse reportée au profit, justement, de ces petitesses qui ont pour seul avantage d’être vite réglées et, de ce fait, reléguées dans la catégorie des choses faites. « L’essentiel attendra » semble
me vociférer le réel… Ces états d’âme m’ôtent le goût de mon travail artistique. Me manque le souffle mais aussi l’aiguillon. Chaque petit pas dans le sens de la création semble me coûter. » C’est Wittgenstein, en exergue à l’ouverture du premier tome d’Images amies, qui nous le rappelle : « Pour atteindre à la profondeur, il n’est pas nécessaire de voyager loin ; et même il n’est pas nécessaire de quitter son environnement le plus proche et le plus habituel. »
— E N L I B R A I R I E E N F R A N C E / B E LG I Q U E L E 7 J A N V I E R 2 0 2 2 —
11 x 17.5 cm, env. 180 pages 978-2-88964-022-5 chf 14.90 / euro 12 — genre écrit d'artiste sujets abordés monde de l’art, villes et vécus, paysages, statut de l’artiste, histoire des idées, notes d’atelier, vie de famille, psychologie de l’écriture format isbn
er l’image r u d e ir fa t n e m m Co m e nt m o C ? ir n e v u o s le dans tres, des garder des rencon ut c e to , s e g a y o v s e d u o lectures avail tr u a r e u ib tr n o c qui pourra de l’artiste ? AND, IL EN VA
© Sébastien Kohler
IEN ROBERT IREL IC ST A PL LE R U PO ION OMME DE LA VIS DE L’ÉCRITURE C
——— Robert Ireland, né en 1964, est artiste plasticien. Il vit et travaille à Lausanne. Sa pratique littéraire prolonge celle des images et formes qu’il élabore soit dans son atelier, soit dans l’espace public. Son écriture exploratoire se matérialise par des textes critiques, des essais ou des notes. Il ne fait guère de différence entre ces approches car l’image est tout compte fait l’enjeu ultime. ———
R O B E RT I R E L A N D | I M AG E S A M I E S 2 014 -2 0 21
Serais-je définitivement irritable au point de m’insurger contre la mode du « tout-ménage » culturel ? C’est à voir… Les faits sont que la multiplication de papiers sous forme de fanzine, de mini-dépliants et journaux sont devenus pléthore dans le monde de l’art contemporain et croissent manifestement en proportion inverse de la qualité du contenu. Souvent je me donne la peine de les lire, leur donnant une chance. Mais « lire » est déjà un mot trop fort car je me retrouve à les feuilleter, puis ils finissent par m’échapper, me tombant littéralement des mains. Qu’est-ce à dire ? Ce n’est pas un feuilletage distrait à la manière de celui que l’on ferait (mais pas moi) avec un des tabloïds jonchant le sol des transports publics et squattant tristement l’imaginaire collectif en quête de sensations. Non, c’est que je n’ai rien trouvé : ces feuillets sont lisses et n’accrochent ni les sens ni le sens des choses. Un sentiment d’effroi apparaît alors après avoir été en contact avec eux : rien ne me reste, aucun sentiment profond, aucune trace de pensée, aucun état d’esprit critique, seulement une séquence hétéroclite (car souvent ce sont des travaux « collectifs ») de moments vides. Comment en sommes-nous arrivés là, à cette accélération quelque peu arrogante de refus du sens, de formalisme avant tout, de jouissance d’exister en étant multiplié, tout en tombant dans une situation médiocre d’inimportance superficielle, de dire haut et fort et à tout prix qu’on n’a rien à dire ? Fanzine ; 3 mars 2014
EXTRAITS
Ce n’est qu’avec un grand recul— celui du temps et de l’expérience — que l’évidence de l’encodage de l’art contemporain me frappe. En dépit du fait d’être trop dedans, j’ai réussi à maintenir une distance critique minimale qui me permet de me prononcer. Je dois avant cela me rappeler à moi-même combien les débuts de mes recherches picturales étaient liés à ces questionnements sur les codes, les supports, les habitudes d’un certain art occidental de la fin du second millénaire. J’avais très vite interrogé les signes (flèches, références, schémas, etc.) ainsi que les systèmes « non-artistiques » de représentation dessinée. J’avais aussi longtemps exploré les limites de nomenclature de l’art (est-ce une sculpture, une peinture, une installation… ?). Après être passé par là — avec même une phase iconoclaste — j’ai pu tempérer cette remise en question de la validité matérielle, comme pour mieux me concentrer sur le message et son approfondissement. Je reviens maintenant à ces observations, sur les codes, sans entrer cependant dans les détails. Je m’interroge sur les systèmes incontestés des formats, des séries, des photos encollées sur de l’aluminium, du châssis, des cadres en verre, du mur blanc, du cartel et du carton d’invitation… Ces questionnements ne sont pas nouveaux et j’en fais largement état dans mes réflexions écrites. Ce qui m’interpelle est plutôt la question de la (non) permanence de l’art dès lors qu’il est déplacé, extrait de son contexte autant matériel (galerie, musée), public, qu’économique. Est-ce qu’une œuvre fonctionne encore hors de son contexte ? A-t-elle un sens pour d’autres cultures ? Il est évident que l’artiste a le souhait irrésistible de produire un(e) œuvre universel(le) car justement il a cru échapper aux cadres des disciplines, classifications, champs opératoires prédéfinis, etc. Cependant, l’art lui-même est cet apparatus et les critiques, les revues sont aussi là pour « fabriquer du sens », même là où il en manque : l’art fait partie de son époque. Echapper à cette fatalité ne mène à rien. Mais la question demeure légitime : l’art fait-il sens hors-sol ? Peut-être est-ce l’une des raisons pour lesquelles les interventions artistiques dans l’espace public sont un champ qui m’intéresse dans la mesure où l’art n’est plus dans son contexte culturel et n’est même pas forcément perçu comme étant de l’art. Pour finir ce bref excursus, je pense que l’art autant que la religion, les archétypes de l’interdit, du tabou, etc., fonctionne avec un « fonds commun » appartenant à tous. À nous de savoir, individuellement, qu’en faire. Habitus de l’art ; 1er avril 2014
R O B E RT I R E L A N D | I M AG E S A M I E S 2 014 -2 0 21
Hier, jour de mes 50 ans, je me suis blessé d’une entaille de biseau à bois dans le gras du pouce. Du coup, j’ai été réduit à ne plus pouvoir travailler, la main emballée d’un bandage. Je n’ai jamais bien connu la signification chiromancienne des lignes de la main, mais l’image m’est venue que j’avais moi-même inconsciemment tenté d’en dessiner les changements de vie grâce à cette balafre. Entaille ; 26 mai 2014
Si la bibliothèque révèle la personnalité de son propriétaire, en en traçant comme un portrait, je m’étais pour ma part de longue date résolu à ne pas m’en constituer une. La bibliothèque universitaire et ses extensions me suffisaient amplement. De plus, j’ai toujours apprécié la légère pression du délai : cela m’obligeait à lire de façon soutenue, ce que j’ai toujours fait. Dans tous les cas, je suis membre de cette bibliothèque depuis l’âge de 16 ans. Il n’est pourtant pas aisé de se sentir appartenir à une bibliothèque. Mais plus difficile encore de se l’approprier. Les livres changent, sont absents, etc. Ceux que l’on cherche ne sont parfois même pas acquis (fait tout de même plutôt rare). Cependant, une inversion qui prit une fois place me toucha, cette fois où j’allai reprendre un livre de Maurice Blanchot à la bibliothèque : je l’avais lu il y a 4 ou 5 ans déjà et voulais y puiser quelque élément. Lorsque je revins à la maison et l’ouvris, un signet en tomba. À ma surprise, je reconnus tout de suite ce signet : c’était une carte provenant de notre espace d’art, à l’époque — donc absolument original, tiré à peu d’exemplaires. Il me tomba dans les mains comme une résurgence subite d’un temps plus reculé. Il s’avérait donc soit que personne n’avait emprunté le livre entre-temps, à savoir durant environ 5 ans, soit que personne n’avait osé ni même eu l’idée d’en enlever le signet que j’y avais laissé. Signet ; 17 juin 2014
Lorsque l’on en a urgemment besoin, on s’aperçoit qu’on l’a perdu, qu’il n’est plus accroché à la poche intérieure du veston. Et l’on se rappelle avec irritation du moment où telle personne nous a demandé si l’on avait de quoi écrire et si l’on pouvait le lui prêter un court instant. Pas de quoi en faire toute une histoire : de toute façon, des stylos, il y en a partout. De plus, leur coût (mais du coup aussi leur qualité) est moindre. À ce moment, nous entrons alors dans une phase d’absence de stylo. Nous nous en apercevons et sommes sans cesse à nous mettre à la place même de ceux qui nous irritaient tant : ceux qui nous demandaient de prêter notre stylo « un instant » sans nous le retourner (en général par pure inadvertance). Puis les choses s’inversent, notre cleptomanie momentanée et involontaire nous fait nous retrouver subitement entouré de stylos de toutes sortes et de provenance diverses, indéterminées. Dans la plupart des cas, pris à d’autres… Stylos ; 27 mai 2014
EXTRAITS
IMAGES AMIES Robert Ireland
Images amies est une percée dans les notes de l’artiste sur une durée de plus de dix ans et dont l’intention ultime est de les fixer comme autant d’images qui, révélées, nécessitent encore le processus de fixation pour les faire durer encore un peu, telle la rémanence rétinienne d’un monde aperçu mais encore prégnant lorsque les paupières se sont abaissées. Car il s’agit tout compte fait d’images, au final assez proches de celles qu’il fabrique dans son atelier ou qui attirent son intention dans le monde. Ces « images amies » le constituent tout autant qu’il les restitue. — ShushLarry 17 x 11 cm, 156 pages, 130 gr. environ isbn 978-2-940570-64-5 chf 14.90 / euro 12 — genre essai sur l’art, écrit d’artiste sujets abordés art, vie quotidienne, scène culturelle, paternité — Parution en septembre 2019 — Robert Ireland est également l’auteur de l’ouvrage « Inframémoire », paru dans notre collection Re:Pacific en 2014. collection format l’auteur
Robert Ireland, né en 1964, est artiste plasticien. Il vit et travaille à Lausanne. Sa pratique littéraire prolonge celle des images et formes qu’il élabore soit dans son atelier, soit dans l’espace public. L’écriture est exploratoire et se matérialise par des textes critiques des essais ou des notes. Il ne fait guère de différences entre ces approches car l’image est tout compte fait l’enjeu ultime.
Un regard porté sur soi-même durant 10 ans... Images, écriture, souvenirs, bribes. Diffusion Suisse art&fiction diffusion av. du Léman 12, 1005 Lausanne Représentant : Pascal Cottin T: + 41 (0) 78 897 35 80 Distribution : Servidis S.A. commande@servidis.ch / www.servidis.ch Diffusion France Paon-diffusion, 85 rue Gabriel Péri F-93200 Saint-Denis — art&fiction, éditions d’artistes avenue de France 16, 1004 Lausanne 3 rue de la Poterie, 1202 Genève info@artfiction.ch / www.artfiction.ch Contact: Marie Pittet marie.pittet@artfiction.ch +41 (0)21 625 50 20 | +41(0)79 651 24 44 — Imprimé et relié en Suisse par notre imprimeur et partenaire : TBS, La Buona Stampa
« Dans la gare de La Spezia, je fus soudain immobilisé face à ces images rencontrées : tout d’abord intrigué par leur emplacement, à l’extérieur, sur le quai et les murs du bâtiment du chef de gare. C’étaient de très grands tirages photographiques — sans doute des années 60, avec un cartouche les légendant: « Golfo della Spezia », « Porto Venere dall’isola Palmaria », etc. Le reflet du verre qui protégeait ces photos empêchait toute approche immédiate de l’image, provoquant un rejet perceptif au premier contact pour, ensuite, aiguiser la curiosité. Je me demandai ce que j’y voyais au-delà de l’information du titre. Il y avait comme deux couches de réel, qui s’étrangeaient l’une de l’autre ou se décollaient, pour ainsi dire. Il en ressortait une incompatibilité pelliculaire. En effet, la tonalité de ces images de la gare de La Spezia en noir et blanc avait viré par endroits en de larges estuaires couleur sépia. L’effet de corruption appelé « les anneaux de Newton » avait aussi opéré aux malencontreuses zones de contact entre verre et papier baryté. J’étais réellement face à une série de cinq images en cours de dégradation, exposées à la lumière, à l’humidité, aux contrastes thermiques et à la pollution plombée de la gare. Et pourtant elles résistaient, telles des héroïnes du Paléolithique. Le verre fendu, les coulures d’eau infiltrées, les reflets semblaient être les gardiens du temple qui empêchaient toute confusion et évitaient de nous faire prendre ces images pour de simples photographies ou empreintes de réel.
À ce titre, le passé paraissait être comme en noir et blanc. Car la séparation et l’oubli sont les premiers doutes plombant notre relation existentielle au monde. Diffusion Suisse art&fiction diffusion av. du Léman 12, 1005 Lausanne Représentant : Pascal Cottin T: + 41 (0) 78 897 35 80 Distribution : Servidis S.A. commande@servidis.ch / www.servidis.ch Diffusion France Paon-diffusion, 85 rue Gabriel Péri F-93200 Saint-Denis — art&fiction, éditions d’artistes avenue de France 16, 1004 Lausanne 3 rue de la Poterie, 1202 Genève info@artfiction.ch / www.artfiction.ch Contact: Marie Pittet marie.pittet@artfiction.ch +41 (0)21 625 50 20 | +41(0)79 651 24 44 — Imprimé et relié en Suisse par notre imprimeur et partenaire : TBS, La Buona Stampa
La première fois que j’avais vu ces photographies à la gare de La Spezia remontait à plusieurs années. Je les avais toujours gardées dans un recoin de ma pensée. C’est en repassant avec des amis dans cette ville cinq ou six ans plus tard en voiture que je leur demandai de m’accorder un petit répit afin de les revoir. Je les photographiai, presque à la volée, tel un malfrat.
Sans me rendre vraiment compte de la mise en abyme que je produisais en photographiant des photographies.»
éditions JOU
ARCHÉOLOGIES FERROVIAIRES Bruno Lecat
Littérature Format 11 x 17 cm 96 pages - isbn : 978-2-492628-01-6 10 euros
Sortie le 7 janvier 2022 Distribution-Di usion Serendip livres
Archéologies ferroviaires est tissé de dérives, de déambulations entre ville et campagne. Le narrateur injecte du sens dans une voie de chemin de fer désa ectée, quelque part entre deux villages de l’Hérault, et cueille ce qui en surgit. Il fait ligne à la manière d’un braconneur, confronte les regards que permet la technique en multipliant les interventions poétiques et iconiques. Il s’invente une chronotopie particulière en s’égarant ailleurs et à d’autres époques, accueillant les dépôts laissés dans l’espace géographique et mémoriel de la voie ferrée. À la désa ection d’une voie ferrée répond son réenchantement : les restes d’un réseau vivent leur vie propre, une vie musicale et hantée, au gré des aiguillages de la mémoire. Cette traversée des signes et des espaces touche en chacun de nous ce qui, en n dégagé de l’utilité, s’abandonne à la beauté du reste. Archéologie poétique pour retrouver ce que l’on a oublié, ce que l’on a égaré. Bruno Lecat Né en 1966 à Valenciennes. Enseigne la littérature française, traduit l’espagnol, peint, joue de la musique et photographie. A vécu sur les cinq continents. Participe à Pavé, auteur de douze textes Prendre, chez Tiers-Livre Editeur.
https://brunolecatfr.wordpress.com éditions JOU 60 rue Édouard Vaillant, 94140 Alfortville – France mail : contact@editionsjou.net http://www.editionsjou.net
Extraits :
Route Laurine Thizy Jérémie Fischer
Un chant féminin et féministe, d’une inquiétante actualité. LE LIVRE Elle suit la route – une route droite, aride, qui s’étend jusqu’à l’horizon. Elle ignore ce qu'elle poursuit, ce qu'elle fuit. Pas à pas, cependant, à mesure que le paysage se distord autour d’elle, la mémoire lui revient par bribes, douloureuse.
Paru pour la première fois en 2017 dans la revue pan, ce monologue puissant sur les violences faites aux femmes ressort aujourd'hui dans un nouveau format faisant la part belle aux images hallucinées de Jérémie Fischer.
L’AUTEUR PETITS PANS
janvier 2022 190 x 140 mm 16 pages – 600 ex. 9€ ISBN : 9782956747529
Née en 1991, Laurine Thizy est agrégée de Sciences économiques et sociales et ancienne élève de l’École normale supérieure. Chercheuse en sociologie, elle travaille notamment sur les questions liées à l’IVG et aux normes de maternité. Les Maisons vides, son premier roman, sort en janvier 2022 aux éditions de l’Olivier.
POINTS FORTS • Thématique forte et actuelle : fable poignante et pudique sur les violences conjugales ; • Bel objet mettant en avant la collaboration de deux jeunes artistes en plein essor : valeur littéraire et plastique ; • petit prix, petit format : idéal comme livre de comptoir.
ACTUALITES • Sortie des Maisons vides, premier roman de Laurine Thizy, aux éditions de l’Olivier à la rentrée littéraire d’hiver 2022.
Éditions le Sabot
contact.lesabot@gmail.com
le-sabot.fr
Collection du zbeul 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul
+33 676249059
LE SABOT REVUE LITTÉRAIRE DE SABOTAGE (anthologie 2)
Le principe de base du Sabot est le constat d'un sabotage constant de nos langages (textuels et visuels) à travers la publicité, la rhétorique politicienne, les chausse-trappes quotidiens. La revue assume l'idée que la littérature, l'art et l’humour viennent pallier à cette perte de sens et manipulations linguistiques tout en proposant de nouvelles formes. L'acte créatif décrit, analyse et embrasse le monde dans lequel nous vivons pour faire apparaître les imaginaires, les inquiétudes et les désirs qui nous composent: intervenir sur nos manières de penser et agir sur le monde, nous donner les possibilités de le dire, sans passivité. Après une première publication compilant les 5 premiers numéros imprimés entre 2017 et 2018 (Le Sabot 1-5, paru en 2020), Le Sabot 6-10 assemble le travail collectif réalisé depuis. Les thèmes de la terre (écologie), la soif (désirs et addictions), la honte (et comment la saboter), la ville (et comment la saboter) et le piège (idem), composent 5
nouveaux chapitres et sont enrichis de nombreux inédits : poésies et tutos de sabotage illustrés. Un ouvrage collectif : l’amicale du Sabot est ouverte et invite à tout type de collaborations. On y découvre des constellations sans ancrage géographique, pratiquant au hasard le vers libre, le dessin numérique ou non, le collage, la sciencefiction, la parodie, la gravure ou la nouvelle. Une cinquantaine de personnes ont participé à l’élaboration du Sabot 6-10, et nous sommes plus d’une centaine à être intervenu•es sur la revue à travers différentes disciplines. Quelques noms récurrents : le graphiste Zypan ; les auteur•rices Amélie Durand, Paul Gourdon, Phoebe Hadjimarkos Clarke, Jobard, Chloé Landriot, Marcel Moreau, Jean-Pierre Siméon, Jean-Baptiste Vidalou… ; les illustrateur•rices Anouk Buron, Rachel Gueston, Victor Ianni, Hugo Pablo Moreno, Mélody Da Fonseca, Noémax Pierre, Roland Topor…
LE SABOT REVUE LITTÉRAIRE DE SABOTAGE
En librairie à partir du 13/12/2021 160 pages / 30x21cm / 20€ Amicale Le Sabot Thèmes: sabotage, littérature, poésie, Illustrations n&b ISBN: 978-2-492352-06-5
TRAVAIL EN COURS
1
Éditions le Sabot
contact.lesabot@gmail.com
le-sabot.fr
Collection du zbeul 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul
LE SABOT REVUE LITTÉRAIRE DE SABOTAGE
ÉMILIE FENAUGHTY
FAUX MEUDON
J’ai empoigné la cisaille et je me suis lentement approchée de lui. C’était la première fois que j’y touchais, et l’objet était plus lourd qu’il n’y paraissait. Sur le bord de la lame, il y avait un peu rouille rouge, sûrement liée À la nécrose infâme où de l’esprit vaque à terre, au Au faitcloaque qu’il laissait toujours cisaille dehors, dans le jarexécré dont jela suis locataire din. On avait mieux investiau dans J’aimerais loin tout de lacet vieéquipement vacataire, jardinier il yÀal’ombre exactement quinzedéposer ans, peuloque après qu’on a acheté d’un fumier à terre. la maison et le terrain. On venait tout juste de s’ins taller ensemble à l’époque, et les choses allaient plutôt J’aimerais mieux filer et m’enfuir et me taire, bien. j’allais encore plutôt Sur un coup MeEnfin, terrer moi, bien profond comme taupebien. s’enterre. de J’aimerais tête, une après -midi, on s’était rendus désolé en triste roi sans terre au Castorama et M’envieillir on avait pris tout leen nécessaire pour se construite un humilié l’oubli salutaire. bonheur bucolique à deux. On avait même embarqué une petite faux, rigolant que ça pourrait aussi serMoi l’Adam décoré toutdudufait froc libertaire, virDe à Halloween. l’amour idiot : j’ai mauvais caractère. Onm’en était irai dans le jardin donc, on était fin août et il faiOù crever pauvre célibataire, saitSiencore et chaud. soleil allait se coucher pommehumide j’ai croquée, c’est Le la pomme de terre. d’ici une heure ou deux et les moustiques continuaient de nous picorer les membres. Je lui avais bien dit que c’était une mauvaise idée de déménager au bord d’un lac, qu’en plein été on en boufferait des moustiques — ou plutôt, que ce serait eux qui nous boufferaient. J’avais compté. Une année, je m’étais retrouvée avec pas moins de deux cents treize piqûres de moustiques réparties sur tout le corps. Je passais mes nuits à gratter frénétiquement chaque centimètre d’épiderme qui recouvrait mes os, ç’avait même taché les draps de petites traces de sang, un peu partout, sur mon côté du matelas. Lui, il s’en foutait, ça ne le dérangeait pas de s’asperger de pesticides pour repousser ces vampires de malheur. Moi, je préférais encore les moustiques au cancer. La cousine de la conche marine, Il fumait sabourbeuse clope, admirant le paysage. Il me tournait En moins tapageuse aux rochersde qu’elle domine le dos et je pouvais voir chacune ses inspirations, au Maisrythme enfouieque çà etlelàmouvement sous l’épine de desson pinsbras : même qui porde jusqu’à terre. sa bouche. Je n’avais jamais rêvé taitL’huître sa main Plus charnue d’un lait beige et gras d’épouser un fumeur. À l’odeur fatiguée de suint ; L’odeur de tabac froid, ça m’avait toujours rebutée. Âpre, grosse et presque carrée Mais j’étais quand même tombée amoureuse de lui. Ça Que le soc ramène à la surface. ne se contrôle pas ces choses -là, paraît qu’on choisit On la trouve dans les champs, pas. L’odeur du tabac parvenait jusqu’à mes narines. On la cherche en forêt, Dans les arbres, les cigales jouaient de leur vacarme haOn a plus que ça à manger Et c’est plutôt dégueulasse.
LE FRUIT DE TERRE
8 24
NOTRE MONDE EST PRESQUE MORT bituel, et tout ça dans ma tête se mélangeait au son de basse qui venait de la centrale électrique qui se trouvait à deux miles de chez nous. J’avais chaud et je transpirais. Depuis que nous avions déménagé ici, j’avais pris de l’embonpoint, c’était arrivé assez rapidement. La faute aux heures passées dans la voiture, et à la bouffe qu’on trouve dans le coin. De la viandasse bourrée d’eau, de sel et d’hormones qui vous laisse boursoufflé comme un de leurs popcorns après qu’il soit passé au micro -onde. Lorsque j’étais plus jeune, j’aurais pu être modèle. Mais j’avais laissé ça aux autres narcissiques et aux anorexiques. Mon truc, c’était les bouquins et la rhétorique de toute façon. Et puis, pour être modèle, il valait mieux vivre dans les grandes villes. Lui n’aimait que la campagne. Alors que je me rapprochais de lui, son dos toujours face à moi, il a sorti une de ces phrases dont j’avais l’habitude, une de ces phrases prévisibles et plates que je ne supportais plus après autant de temps de vie commune : « On n’est pas bien là quand même, minette ? » Il ne se retournait toujours pas, toujours absorbé par la vue de son paysage au sublime médiocre, alors je n’ai pas répondu. Ses phrases n’appelaient pas de réponses de toute façon, ça faisait longtemps que je l’avais compris. M’avançant, j’ai posé le pied sur la petite faux, cachée dans l’herbe qui n’avait pas été tondue depuis trois semaines. Je l’ai ramassée et je l’ai coincée entre ma hanche et l’élastique de mon pantalon. Alors que j’arrivais à sa hauteur, il s’est enfin retourné, un grand sourire aux lèvres. J’étais désormais assez près pour pouvoir sentir ses relents de tabac. J’ai pris la cisaille des deux mains, une sur chaque poignée, et, ne le quittant pas des yeux, j’ai commencé à enfoncer doucement les lames dans son bas -ventre. Puis j’ai commencé à refermer la lame. Il n’a pas eu l’air de comprendre tout de suite ce qui lui arrivait. Son sourire a mis du temps à s’effacer, puis j’ai vu dans son regard l’incompréhension et la tris-tesse. Il s’est vite évanoui et moi jusqu’à ce qu’il soit par terre je n’ai pas arrêté une seconde de tenir son regard. Je voulais qu’il y voie la colère et tout le mal qu’il m’avait fait. Il s’est écroulé, inconscient. J’étais toujours debout, et
Je ne peux plus dormir Je ne peux plus fermer les yeux j’ai décoché la petite faux que je portais à ma taille. Je me Je ne peux que longer l’abîme suis agenouillée et j’ai posé la faucille dans l’herbe à côté Et dire de moi. J’ai défait sa ceinture, cachée sous la chemise en sang, j’aique baissé son pantalon en même temps que Je nepuis peux veiller son caleçon. J’appelle J’ai rempoigné le manche de la petite faux, et,Je d’un geste vif ettous bref,àj’ai attrapévos sesmains couilles et sa bite et vous appelle regarder placé la fauxde juste niveau du périnée. Puis j’ai appliqué Les mains vosau enfants unEtpeu devisages pression et j’ai coupé le membre, le détachant leurs du reste de son corps. C’était aussi mou que de couper dans du salami. J’ai attendu quelques minutes, posée Regardez vos mains
là, à voir s’il allait se réveiller. Il respirait encore mais il saignait beaucoup, une flaque se formait au - dessous de lui, lentement absorbée par l’herbe verte du jardin. Au - dessus du lac, les nuages commençaient à rougir et le soleil perçait encore un peu, flamboyant, à travers les pins. Quinze ans que je n’avais rien vu d’aussi beau.
CHLOÉ LANDRIOT
BENJAMIN GUÉRIN
(anthologie 2)
Faites pour donner Regardez vos enfants Faits pour vivre Où donc est votre terre Et que font donc vos mains Aux champs de la misère et de la joie, Aux champs de vie, au grand secret des prés humides Que faites-vous de vos deux mains Où sont les vieux jardins laissés en héritage Comment partagez - vous le pain Comment faites-vous de l’étranger l’ami Afin que vos enfants vivent en paix Demain ? Mains coupées de la terre Et de la main de l’autre Parce que vos mains sont coupées Vous les croyez Innocentes Mais c’est tout le contraire Mains inutiles Mais pas inoffensives Nos mains ont disparu et n’ont jamais tant nui Je ne vous fais pas la morale Je dis Seulement Ce que l’on voit les yeux ouverts Et ce qu’on sait les yeux fermés Que notre monde est presque mort Que nos enfants ne vivront pas Et que nos mains moisies leur ouvrent le tombeau.
Alice HUGUENY
Rachel GUESTON
Aimée PÉDEZERT
LE SABOT REVUE LITTÉRAIRE DE SABOTAGE
ABONNEMENT Commandez vos prochains numéros ( avril 2019, août 2019... ) sur contact.lesabot@gmail.com, objet : abonnement. 16 € les 4 prochains numéros livrés chez vous ! ( frais de port compris pour la France Métropolitaine )
RECOMMANDATION RÉGIME Vous vous sentez lourds ? L’impression d’une surcharge qui pèse sur vos épaules ? Nous avons la solution ! C’est très probablement la charge de votre portefeuille ou compte en banque qui vous encombre ! Rien de plus gênant en effet qu’un bourrelet d’euros traînant maladroitement à portée de main. Or, fort heureusement, il se trouve que Le Sabot est à la recherche de toute personne souhaitant s’alléger d’un tel poids. Débarrassez-vous de vos sous superflus en nous les envoyant au 53 rue Stéphenson, 75018 PARIS. Nos recommandations fonctionnement aussi bien pour tout excès de spiritueux dans vos caves ou conserves dans vos placards. Vous verrez, les effets sont garantis et vous procureront un sentiment de bien-être sans pareil !
N°8 3,5€
SABOTER LA HONTE
+33 676249059
Éditions le Sabot
contact.lesabot@gmail.com
le-sabot.fr
Collection du zbeul 11 rue Gabriel Péri 59370 Mons-en-Baroeul
LE SABOT REVUE LITTÉRAIRE DE SABOTAGE (anthologie 2)
FAUX
je somme toutes les 5 minutes que m’apporte mon réveil et je doute qu’un homme puisse se lever si par erreur son réveil sonnait toutes les 5 minutes une mort déguisée en café soluble.
ÉMILIE FENAUGHTY
PAUL GOURDON
ASTUCE J’ai empoigné la cisaille et je me suis lentement ap- bituel, et tout ça dans ma tête se mélangeait au son de prochée de lui. C’était la première fois que j’y touchais, et basse qui venait de la centrale électrique qui se trouvait l’objet était plusNe lourd qu’il n’y tremble plusparaissait. le matin Sur le bord de à deux miles de chez nous. J’avais chaud et je transpirais. la lame, il y avaitc’est un peu de rouille rouge, sûrement liée quelueurs nous on avions à peine ce siècle qui nous étouffe auxDepuis premières s’en déménagé ici, j’avais pris de au fait qu’il laissait toujours cisaille dehors, dans le jar- l’embonpoint, c’était arrivé assez rapidement. La faute occupe très la bien nous-mêmes din. On avait investi dans tout cet équipement jardinier aux heures passées dans la voiture, et à la bouffe qu’on c'est là il y a exactement ans, peu après qu’on a acheté la quinze véritable enquête qui nous reste à faire trouve dans le coin. De la viandasse bourrée d’eau, de la maison et le pourquoi terrain. On venait tout juste de s’ins - sel et d’hormones qui vous laisse boursoufflé comme un taller ensemble est-ce à l’époque, et les choses allaient plutôt de leurs popcorns après qu’il soit passé au micro -onde. le matin bien. Enfin, moi,qu'on j’allais encore plutôt bien. Sur un coup Lorsque j’étais plus jeune, j’aurais pu être modèle. Mais s’effondre si facilement de tête, une après -midi, on s’était rendus au Castorama j’avais laissé ça aux autres narcissiques et aux anoreet on avait pris tout le nécessaire pour se un oùxiques. Mon truc, Des arbres vides griffent lesconstruite immeubles sont tapis plein dec’était gens les bouquins et la rhétorique bonheur bucolique à deux. et Onseuls avait même embarqué de toute façon. Et puis, pour être modèle, il valait mieux malheureux une petite faux, Devant rigolantla dujournée fait quequi ça vient pourrait aussi ser- vivre dans les grandes villes. Lui n’aimait que la camvir à Halloween.à nos fenêtres ce matin pagne. On était danson le décèle jardin donc, on était fin août et il faiAlors que je me rapprochais de lui, son dos toujours deux corbeaux sait encore humide chaud. Le soleil allait se coucher face à moi, il a sorti une de ces phrases dont j’avais l’ha(sur et une rambarde) d’ici une heure ou deux et les moustiques continuaient bitude, une de ces phrases prévisibles et plates que je ne ils prennent soin l’un de l’autre de nous picorer les membres. Je lui avais bien dit que supportais plus après autant de temps de vie commune : c’était une mauvaise Ça ne idée suffitde pasdéménager au bord d’un « On n’est pas bien là quand même, minette ? » Il ne se relac, qu’en plein été on en boufferait des moustiques — tournait toujours pas, toujours absorbé par la vue de son ou plutôt, que ceQui serait quilenous boufferaient. J’avais paysage au sublime médiocre, alors je n’ai pas réponva eux écrire journal de la révolution compté. Une année, je m’étais retrouvée avec pas moins du. Ses phrases n’appelaient pas de réponses de toute Qui fera une série sur la matraque et la manif de deux cents treize piqûres de sur façon, ça faisait longtemps que je l’avais compris. Et comment s’ymoustiques prendra-t-il réparties s’y prendra-t-elle tout le corps. Je passais mes nuits à gratter frénétiqueM’avançant, j’ai posé le pied sur la petite faux, cachée ment chaque centimètre d’épiderme qui recouvrait mes dans l’herbe qui n’avait pas été tondue depuis trois seNe tremble plus le matin os, ç’avait même taché les draps de petites traces de maines. Je l’ai ramassée et je l’ai coincée entre ma Point d’interrogation sang, un peu partout, mon côté dupour matelas. Il y aurasur bien quelqu’un dire Lui, il hanche et l’élastique de mon pantalon. Alors que j’arris’en foutait, ça ne le dérangeait pas de s’asperger de pes- vais à sa hauteur, il s’est enfin retourné, un grand souriTout ça ticides pour repousser ces vampires de malheur. Moi, je des re aux lèvres. J’étais désormais assez près pour pouvoir Pour reprendre les slogans pour exploser abribus préférais encore les moustiques au cancer. sentir ses relents de tabac. J’ai pris la cisaille des deux dans le texte Il fumait sa clope, admirant le paysage. Il me tournait mains, une sur chaque poignée, et, ne le quittant pas des faire des vers entiers avec les matricules des brutes le dos et je pouvais voir chacune de ses inspirations, au yeux, j’ai commencé à enfoncer doucement les lames se féliciter du pouvoir des mots même rythme que le mouvement de son bras qui por- dans son bas -ventre. Puis j’ai commencé à refermer la de l’excitation d’un journal qui tousse qui crache tait sa main jusqu’à sa bouche. Je n’avais jamais rêvé lame. Il n’a pas eu l’air de comprendre tout de suite ce qui qui pleure d’épouser un fumeur. lui arrivait. Son sourire a mis du temps à s’effacer, puis Ou alors L’odeur de tabac froid, ça m’avait toujours rebutée. j’ai vu dans son regard l’incompréhension et la tris-tesse. uniquement en argot en mots simples et vulgaires Mais j’étais quand même tombée amoureuse de lui. Ça Il s’est vite évanoui et moi jusqu’à ce qu’il soit par terre je Un texte en doigt d’honneur ne se contrôle pas ces choses -là, paraît qu’on choisit n’ai pas arrêté une seconde de tenir son regard. Je vouUn cri la putain de sa race pas. L’odeur du tabac parvenait jusqu’à mes narines. lais qu’il y voie la colère et tout le mal qu’il m’avait fait. arrrh Dans les arbres, les cigales jouaient de leur vacarme ha- Il s’est écroulé, inconscient. J’étais toujours debout, et « Ne courez pas ! » cri fracassé de perdants debout fiers déboussolés à qui on fera payer le soleil au guichet d’une banque malade
Ou alors tout doux il y aura bien quelqu’un dans une ville qui nous expliquera que la révolution est intérieure que je c’est nous qu’il y a du sens à se lier à la terre aux autres aux amis Doctement quelqu’un dira qu’il faut se lier à ici À demain à maintenant au monde à redessiner j’ai On décoché la petite faux que je portais à ma taille. Je me en aura des mystiques suis agenouillée et j’ai posé la faucille dans l’herbe à côté de moi. J’ai sans défaitdoute sa ceinture, cachée sous la chemise en Il y aura quelqu’un sang, j’ai baissé son pantalon en même temps que un puis mystique ou une violente son caleçon. J’ai rempoigné le manche de la petite faux, et, d’un geste vif et bref, j’ai attrapé ses couilles et sa bite et Pour dire tout ça placé la faux au niveau du périnée. Puis j’ai appliqué Pour dire juste j’en suis un peu de pression et j’ai coupé membre, lepas détachant Un bataillon de virgules, nouslene sommes seuls du reste deleson C’était aussi mou que de couper Et pour direcorps. en retard dans du salami. J’ai attendu quelques minutes, posée Prophète de l’effondrement
là, à voir s’il allait se réveiller. Il respirait encore mais il saignait beaucoup, une flaque se formait au - dessous de lui, lentement absorbée par l’herbe verte du jardin. Au - dessus du lac, les nuages commençaient à rougir et le soleil perçait encore un peu, flamboyant, à travers les pins. Quinze ans que je n’avais rien vu d’aussi beau.
À Ceux qui disent que la poésie est politique À Ceux qui disent qu’elle est bourgeoise À Ceux qui disent qu’elle est la solution À Ceux qui disent qu’elle ne sert à rien Je demande votre secret contre l’angoisse des premières lueurs du petit feu en barricade dans nos mains qui s’épuisent Je prends ma douche dehors avec du froid du rien du tout j’attends vos paroles alors et j’espère que l’un d’entre vous dépassera le plus beau vers de toute la poésie du monde
Noémax PIERRE
Pour information Issa vit le monde ne perdit jamais le rire et conclut sa vie de misère : « Oui, sans doute et pourtant »
PROBLÈME 30 Nous les illuminés nous la fatigue des mirages Nous les bègues nous les confus les vagues les fracassés Ceux qui repoussent encore ceux qui attendent toujours au pied de l’ombre Nous on joue, on joue plus fort et on joue à perte, ainsi de suite
24 6
Aimée PÉDEZERT
7
ÉMILIE FENAUGHTY
FAUX
J’ai empoigné la cisaille et je me suis lentement approchée de lui. C’était la première fois que j’y touchais, et l’objet était plus lourd qu’il n’y paraissait. Sur le bord de la lame, il y avait un peu de rouille rouge, sûrement liée au fait qu’il laissait toujours la cisaille dehors, dans le jardin. On avait investi dans tout cet équipement jardinier il y a exactement quinze ans, peu après qu’on a acheté la maison et le terrain. On venait tout juste de s’ins taller ensemble à l’époque, et les choses allaient plutôt bien. Enfin, moi, j’allais encore plutôt bien. Sur un coup de tête, une après -midi, on s’était rendus au Castorama et on avait pris tout le nécessaire pour se construite un bonheur bucolique à deux. On avait même embarqué une petite faux, rigolant du fait que ça pourrait aussi servir à Halloween. On était dans le jardin donc, on était fin août et il faisait encore humide et chaud. Le soleil allait se coucher d’ici une heure ou deux et les moustiques continuaient de nous picorer les membres. Je lui avais bien dit que c’était une mauvaise idée de déménager au bord d’un lac, qu’en plein été on en boufferait des moustiques — ou plutôt, que ce serait eux qui nous boufferaient. J’avais compté. Une année, je m’étais retrouvée avec pas moins de deux cents treize piqûres de moustiques réparties sur tout le corps. Je passais mes nuits à gratter frénétiquement chaque centimètre d’épiderme qui recouvrait mes os, ç’avait même taché les draps de petites traces de sang, un peu partout, sur mon côté du matelas. Lui, il s’en foutait, ça ne le dérangeait pas de s’asperger de pesticides pour repousser ces vampires de malheur. Moi, je préférais encore les moustiques au cancer. Il fumait sa clope, admirant le paysage. Il me tournait le dos et je pouvais voir chacune de ses inspirations, au même rythme que le mouvement de son bras qui portait sa main jusqu’à sa bouche. Je n’avais jamais rêvé d’épouser un fumeur. L’odeur de tabac froid, ça m’avait toujours rebutée. Mais j’étais quand même tombée amoureuse de lui. Ça ne se contrôle pas ces choses -là, paraît qu’on choisit pas. L’odeur du tabac parvenait jusqu’à mes narines. Dans les arbres, les cigales jouaient de leur vacarme ha-
24
bituel, et tout ça dans ma tête se mélangeait au son de basse qui venait de la centrale électrique qui se trouvait à deux miles de chez nous. J’avais chaud et je transpirais. Depuis que nous avions déménagé ici, j’avais pris de l’embonpoint, c’était arrivé assez rapidement. La faute aux heures passées dans la voiture, et à la bouffe qu’on trouve dans le coin. De la viandasse bourrée d’eau, de sel et d’hormones qui vous laisse boursoufflé comme un de leurs popcorns après qu’il soit passé au micro -onde. Lorsque j’étais plus jeune, j’aurais pu être modèle. Mais j’avais laissé ça aux autres narcissiques et aux anorexiques. Mon truc, c’était les bouquins et la rhétorique de toute façon. Et puis, pour être modèle, il valait mieux vivre dans les grandes villes. Lui n’aimait que la campagne. Alors que je me rapprochais de lui, son dos toujours face à moi, il a sorti une de ces phrases dont j’avais l’habitude, une de ces phrases prévisibles et plates que je ne supportais plus après autant de temps de vie commune : « On n’est pas bien là quand même, minette ? » Il ne se retournait toujours pas, toujours absorbé par la vue de son paysage au sublime médiocre, alors je n’ai pas répondu. Ses phrases n’appelaient pas de réponses de toute façon, ça faisait longtemps que je l’avais compris. M’avançant, j’ai posé le pied sur la petite faux, cachée dans l’herbe qui n’avait pas été tondue depuis trois semaines. Je l’ai ramassée et je l’ai coincée entre ma hanche et l’élastique de mon pantalon. Alors que j’arrivais à sa hauteur, il s’est enfin retourné, un grand sourire aux lèvres. J’étais désormais assez près pour pouvoir sentir ses relents de tabac. J’ai pris la cisaille des deux mains, une sur chaque poignée, et, ne le quittant pas des yeux, j’ai commencé à enfoncer doucement les lames dans son bas -ventre. Puis j’ai commencé à refermer la lame. Il n’a pas eu l’air de comprendre tout de suite ce qui lui arrivait. Son sourire a mis du temps à s’effacer, puis j’ai vu dans son regard l’incompréhension et la tris-tesse. Il s’est vite évanoui et moi jusqu’à ce qu’il soit par terre je n’ai pas arrêté une seconde de tenir son regard. Je voulais qu’il y voie la colère et tout le mal qu’il m’avait fait. Il s’est écroulé, inconscient. J’étais toujours debout, et
j’ai décoché la petite faux que je portais à ma taille. Je me suis agenouillée et j’ai posé la faucille dans l’herbe à côté de moi. J’ai défait sa ceinture, cachée sous la chemise en sang, puis j’ai baissé son pantalon en même temps que son caleçon. J’ai rempoigné le manche de la petite faux, et, d’un geste vif et bref, j’ai attrapé ses couilles et sa bite et placé la faux juste au niveau du périnée. Puis j’ai appliqué un peu de pression et j’ai coupé le membre, le détachant du reste de son corps. C’était aussi mou que de couper dans du salami. J’ai attendu quelques minutes, posée
là, à voir s’il allait se réveiller. Il respirait encore mais il saignait beaucoup, une flaque se formait au - dessous de lui, lentement absorbée par l’herbe verte du jardin. Au - dessus du lac, les nuages commençaient à rougir et le soleil perçait encore un peu, flamboyant, à travers les pins. Quinze ans que je n’avais rien vu d’aussi beau.
Aimée PÉDEZERT
+33 676249059
FEVRIER
À plus d’un titre 66 chemin de Bande La Curiaz 73360 LA BAUCHE aplusduntitre69@orange.fr www.aplusduntitre.org
Un inconnu nommé Zinberg de Roger Martin
Couverture provisoire
Le Roman noir américain est un genre étudié dans le monde entier. Paradoxalement, pendant longtemps il a suscité plus d'intérêt en Europe, et spécialement en France, qu'aux Etats-Unis. Les travaux de critiques, éditeurs et directeurs de collections, à commencer par François Guérif, Claude Mesplède, Philippe Garnier, suivis de l'intérêt de cinéastes comme François Truffaut, Bertrand Tavernier ou JeanClaude Missiaen , ont remis en lumière des auteurs oubliés ou méconnus chez eux, en particulier Jim Thompson et David Goodis. La Série noire et Rivages noir ont beaucoup contribué au succès d'un Chester Himes puis d'un James Ellroy, longtemps plus prisés en France qu'aux Etats-Unis, d'un Edward Bunker ou d'un Jim Nisbet dont nombre de romans restent inédits outre-Atlantique. Étrangement, et bien que 15 de ses romans aient été publiés en France à la Série Noire ou dans la collection Un Mystère des Presses de la Cité, sans compter une trentaine de nouvelles dans Alfred Hitchcock Mystère Magazine, Ellery Queen Mystère Magazine et Le Saint Magazine, un des auteurs de roman noir les plus importants des années 1950 à 1970 reste méconnu. Dans le domaine du roman noir, il est connu sous le nom d'Ed Lacy, un pseudonyme qu'il a été contraint d'utiliser pour échapper aux méfaits du maccarthysme. Avant 1951 et la publication de son premier "policier", Ed Lacy s'appelle Leonard Samuel Zinberg et signe Len Zinberg.
Format : 17 par 22 cm Pages : 380 Reliure : Dos carré collé ISBN : 9782917486795 Prix : € 20 / CHF.- 26 Parution : février 2022 Rayon : Littérature - Biographie - Polar
Né en 1911 à New York, d'une famille juive d'origine russe, il fait partie très vite de ces "juifs sans argent" qu'évoque le roman de Mike Gold, pauvres, non religieux, souvent communistes. En outre, Zinberg manifeste très jeune un soutien qui ne se démentira pas au combat des Noirs pour leurs droits. Il épouse Esther, noire de Brooklyn, ils adopteront plus tard Carla, une petite noire de deux ans. Zinberg travaille par intermittence comme postier, multiplie articles et nouvelles. Dès 1935, on retrouve son nom dans New Masses, la revue du PC américain, à laquelle collaborent des auteurs prestigieux, Hemingway, Dos Passos, Caldwell, et dans plusieurs journaux de la presse noire. Dans le Pittsburgh Courier, il signe à la fois Len Zinberg et Ed Lacy, passant pour Noir sous ce pseudonyme.
En 1940, il publie Walk Hard, Talk Loud, un roman dur dont le héros est un jeune boxeur noir (avant Richard Wright et Budd Schulberg) qui suscite les louanges de Ralph Ellison. Mais Zinberg ne tarde pas à être mobilisé. Il sera, avec Dashiell Hammett, Irving Shaw, William Saroyan et Walter Bernstein, un des correspondants de l'hebdomadaire Yank ("Un journal pour des soldats écrit par des soldats"), écrivant articles et nouvelles pour lui mais aussi pour des journaux noirs et pour la revue Story. Il a débarqué en Italie, où il se lie avec des combattants antifascistes dans la région de Cossato. De retour aux Etats-Unis, il est obligé de redevenir postier mais écrit toujours. Un de ses romans, Hold with the Hares, va susciter l'hostilité de l'American Legion et être dénoncé comme "rouge". Zinberg n'arrive plus à publier sous son nom, à l'exception de rares nouvelles. Il ressuscite sous l'alias Ed Lacy en 1951 avec un premier roman noir. Jusqu’en janvier 1968, il publiera plus de 25 romans et plusieurs centaines de nouvelles, réussissant à vivre de sa plume, mais surtout sans déroger à ses idées. Face à Mickey Spillane, le best-seller du roman noir de l'époque, incarnant la tendance ultra-violente, raciste, machiste du genre, Lacy va continuer à défendre des idées de progrès, créant en 1957 le premier détective privé noir, évoquant dans ses livres la Chasse aux sorcières, la Guerre d'Espagne, la Résistance italienne ou française, donnant une place importante aux Noirs, aux minorités (Portoricains, Indiens, Grecs), aux femmes, raillant le culte de la virilité d'imitateurs d’Hemingway au petit pied. Zinberg-Lacy suscite de nouveau l'intérêt aux États-Unis, mais les recherches des spécialistes en sont encore à leurs balbutiements!
Roger Martin : Auteur d'une trentaine d'ouvrages — enquête, essais et bandes dessinées —, pamis lesquels AmeriKKKa, Voyage dans l'internationale néo fasciste, Main basse sur Orange, l'Empire du mal ? Dictionnaire iconoclaste des États Unis et la série B.D. AmeriKKA.!Il a également publié une dizaine de romans noir dont Jusqu'à ce que mort s'en suive au Cherche Midi et la trilogie L'agence du derniers recours au Seuil. !Les Éditions À plus d'un titre ont réédité son ouvrage Georges Arnaud, vie d'un rebelle : Biographie de l'auteur du Salaire de la peur.
Distribution pour la France : SERENDIP LIVRES : 10, rue Tesson 75010 Paris - contact@serendiplivres.fr Fax : 09 594 934 00 /// tél. : 01 40 38 18 14 - gencod dilicom : 3019000119404 Distribution et diffusion pour la Suisse : Éditions D'en bas - Rue des Côtes-de-Montbenon 30 1003 Lausanne Tél. +41 21 323 39 18 /// Fax. +41 21 312 32 40 - www.enbas.net
À plus d’un titre 66 chemin de Bande La Curiaz 73360 LA BAUCHE aplusduntitre69@orange.fr www.aplusduntitre.org
19,5 € ISBN : 9-7829-17486-139 Éditions À plus d’un titre www.aplusduntitre.com
Vie d’un rebelle
Roger Martin
Georges
ARNAUD
Georges ARNAUD
Vie d’un rebelle
Roger Martin
Conception graphique Yael Antoon pour ARTGRAPHISME photographie © Louis Monier
Sa vie est un roman. Homme de lettres prolixe, aventurier, anarchiste, Henri Girard, alias Georges Arnaud, connut une destinée singulière. À vingt-quatre ans, il est accusé du meurtre de son père, archiviste au Quaid’Orsay, de sa tante et de leur domestique, le 24 octobre 1941, dans le château familial d’Escoire, en Gironde. Jeté en prison, il n’en sort qu’un an et demi plus tard, au terme d’un des procès les plus retentissants de l’Occupation. Désabusé, il s’exile en Amérique du Sud où, tour à tour chercheur d’or, géologue, marin, barman, et camionneur, il mène une vie de bourlingueur. Revenu en France à bord d’un cargo en passager clandestin, il publie en 1950 son premier roman, Le Salaire de la peur, vendu à deux millions d’exemplaires et porté à l’écran par Henri Georges Clouzot dans un film célèbre interprété par Yves Montand et Charles Vanel. Il pourrait alors vivre paisiblement de sa plume, mais il n’a de cesse de se battre, mettant son talent littéraire au service des causes les plus dangereuses : arracher à son sort la condamnée à mort Djamila Bouhired, soutenir le combat pour l’Algérie indépendante – ce qui lui vaudra à nouveau de passer deux mois sous les verrous –, dénoncer les erreurs judiciaires… En 1962, il participe auprès de Ben Bella à la naissance de la République algérienne. Il mourra d’une crise cardiaque à Barcelone en 1987. Retracer l’existence de ce personnage picaresque, c’est faire revivre un passé proche, mais déjà flou dans nos mémoires : celui de l’effervescence intellectuelle des années d’après-guerre, celui de la guerre d’Algérie et de l’engagement des gens de lettres.
Remise en vente :
Éditions À plus d’un titre
Sa vie est un roman. Homme de lettres prolixe, aventurier, anarchiste, Henri Girard, alias Georges Arnaud, connut une destinée singulière. À vingt-quatre ans, il est accusé du meurtre de son père, archiviste au Quai- d’Orsay, de sa tante et de leur domestique, le 24 octobre 1941, dans le château familial d’Escoire, en Gironde. Jeté en prison, il n’en sort qu’un an et demi plus tard, au terme d’un des procès les plus retentissants de l’Occupation. Désabusé, il s’exile en Amérique du Sud où, tour à tour chercheur d’or, géologue, marin, barman, et camionneur, il mène une vie de bourlingueur. Revenu en France à bord d’un cargo en passager clandestin, il publie en 1950 son premier roman, Le Salaire de la peur, vendu à deux millions d’exemplaires et porté à l’écran par Henri Georges Clouzot dans un film célèbre interprété par Yves Montand et Charles Vanel. Il pourrait alors vivre paisiblement de sa plume, mais il n’a de cesse de se battre, mettant son talent littéraire au service des causes les plus dangereuses : arracher à son sort la condamnée à mort Djamila Bouhired, soutenir le combat pour l’Algérie indépendante – ce qui lui vaudra à nouveau de passer deux mois sous les verrous –, dénoncer les erreurs judiciaires... En 1962, il participe auprès de Ben Bella à la naissance de la République algérienne. Il mourra d’une crise cardiaque à Barcelone en 1987. Retracer l’existence de ce personnage picaresque, c’est faire revivre un passé proche, mais déjà flou dans nos mémoires : celui de l’effervescence intellectuelle des années d’après-guerre, celui de la guerre d’Algérie et de l’engagement des gens de lettres. Format 13 par 17 cm - 504 pages Reliure : Dos carré collé cousu Couverture avec rabats ISBN : 978291786139
Cachet du libraire :
Prix : 19,50 € CHF.- 27
Nb d’exemplaires commandés :
Difffusion pour la France : Paon Diffusion 44 rue Auguste Poullain 93200 SAINT-DENIS Distribution: SERENDIP LIVRES : 21 bis, rue Arnold Géraux 93450 L’Île-Saint-Denis - contact@serendip-livres.fr Fax : 09 594 934 00 /// tél. : 01 40 38 18 14 - gencod dilicom : 3019000119404 Distribution et diffusion pour la Suisse : Éditions D'en bas - Rue des Côtes-de-Montbenon 30 1003 Lausanne Tel. +41 21 323 39 18/// Fax. +41 21 312 32 40 - www.enbas.net
Éditions du Canoë
2022
4 février
Laurent Georjin
Genre : roman Format : 12 x 18,5 cm Pages : 176 Prix : 15 € ISBN : 978-2-490251-56-8
Né le 25 août 1968, Laurent Georjin ne se contente pas d’écrire ses fictions il les fait jouer par des comédiennes et des comédiens pour France Culture et surtout pour La Première RTBF dont Il réalise la plupart des fictions qu’elle produit. En 2009, l’une d’elle a été nominée au prix Europa à Berlin tandis qu’il publie son premier roman aux éditions Esperluète, Portraits en forme de nuage qui passe. En 2019, il écrit Sept moments avec Amîn pour Yolande Moreau qui l’enregistre pour La Première. Son écriture faite de « voix » est aussi très visuelle. Elle l’amène très tôt à se tourner vers le cinéma. Il réalise plusieurs courts et moyens métrages et prépare actuellement un premier long métrage, accompagné par Les Films du Tambour de soie.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
Le narrateur s’adresse à une jeune femme qui vient de se donner la mort après avoir été internée dans un hôpital psychiatrique pendant sept ans. Il a lu le journal qu’elle a laissé, ce Portrait d’une fille qui ne se ressemble plus et imagine sa vie après sa lecture : l’univers de l’institution psychiatrique, une infirmière, Nadine, de laquelle elle était proche, des patients qui étaient aussi des amis, Brigitte, Abderhamane, Yves, l’amoureux contrarié qui ressemble au premier amour, un jeune homme blond rencontré de « l’autre côté » sur une plage, avant l’internement… et la mère comme une ombre dans la vie de sa fille.
Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
EXTRAIT :
Alors voilà, ta vérité est là, indéniable et elle te fait face comme un ennemi courageux. Tu ne cherches pas à détourner les yeux, acceptes de la regarder sans la craindre, calmement, non pas comme si elle n’était rien, non, mais comme une évidence qui ne serait pas plus dramatique qu’une autre. Cela te demande un effort considérable qui pourrait te mettre à terre. Tu as envie de pleurer, de crier, de griffer le papier peint qui recouvre les murs du bureau avec tes ongles ou de le déchirer avec tes dents. Tu aurais ressemblé à une folle, une cinglée, une tarée si tu avais pleuré, crié, griffé ou déchiré les murs. Ce n’est pas à une folle que tu ressembles, non, vraiment pas, même si tu es à deux doigts de le paraître à certains moments. Mais personne, ici, ne s’y trompe. Tout le monde sait que tu oscilles sans cesse entre une présence chaleureuse, ouverte à l’autre et une perte de toi-même parfois abyssale - oui, abyssale, le mot, dans le vocabulaire du nouveau psychiatre, n’est pas trop fort. C’est un fait devenu indiscutable, une vérité, la tienne.
Éditions du Canoë
2022
7 janvier
Ladislav Klíma
Genre : roman Texte établi, traduit du tchèque, présenté et annoté par Erika Abrams Format : 12 x 18,5 cm 6 dessins de Vadim Korniloff Pages : 224 Prix : 20 € ISBN : 978-2-490251-41-4
Né en 1878 à Domažlice (Bohême occidentale), mis au ban à 16 ans de tous les établissements d’enseignement de l’Empire autrichien, Ladislav Klíma vit tour à tour comme rentier, conducteur d’une machine à vapeur, gardien d’une usine hors service, fabricant d’un ersatz de tabac, dramaturge et journaliste. Philosophe du vécu, solipsiste convaincu, il pousse la pensée de Schopenhauer et de Nietzsche au-delà de ses plus extrêmes limites, publie trois volumes de fragments théoriques et laisse, en mourant à Prague en 1928, une immense œuvre manuscrite, aussi bien romanesque que philosophique. Les Éditions du Canoë ont publié en 2019 Le Roman tchèque.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
Némésis la glorieuse de Ladislav Klíma est une histoire d’amour, de folie, de fatalité et de fantômes. Publiée pour la première fois en 1932 de manière posthume, elle ne le cède en rien aux Dracula des autres. C’est cependant un roman noir au second degré qui ironise déjà sur les règles du genre en fuyant les Carpates, chères au cœur des maîtres de l’épouvante du xixe siècle, pour situer son action dans l’Engadine nietzschéenne. Qui étend ensuite sa satire impénitente à quelques-unes des institutions les plus respectées de la société moderne – psychiatrie, justice, médias –, bâtissant son suspense sur un enchevêtrement inextricable du trivial et du transcendant avant de sombrer enfin, avec une ivresse dionysiaque, dans la fascination de l’Abîme. Un petit bijou d’horreur qui fait honneur à tous les adjectifs dont l’auteur ‒ culte en Tchéquie, vénéré par Bohumil Hrabal ‒ qualifie l’ensemble de son œuvre romanesque : « réaliste, dégoûtante, fantastique, obscène, perverse, paradoxale et cynique » au superlatif. Cette nouvelle édition, revue d’après les manuscrits, s’accompagne de trois fragments inédits. Georges Dupoy écrivait dans le Quotidien de Paris à la sortie de la première édition en 1988 : Roman de l’amour fou ? Policier métaphysique ? Délire nietzschéen ? Il y a un peu de tout cela dans Némésis la glorieuse de Ladislav Klíma, superbement traduit par Erika Abrams […] Ce texte baroque, où les paroxysmes romantiques sont dynamités par la bouffonnerie, nous éclaire un peu plus sur l’étrange génie de Ladislav Klíma, écrivain tchèque doublement maudit : par l’hypocrite Kakanie de François-Joseph d’abord, par le gouvernement communiste ensuite. Blasphémateur, ivrogne, fornicateur, Klíma est le type même de l’auteur scandaleux que récusent les régimes qui prétendent à la vertu. Voilà pourquoi cet écrivain unique, exact contemporain de Kafka, demeure encore inconnu du grand public. Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
EXTRAIT : Il fit ainsi le tour du globe. Il séjourna dans les hauteurs de l’Altaï et de la Cordillère des Andes, s’enfonça dans les déserts au cœur de l’Australie, traversa toute l’Afrique. Moins pour échapper aux sbires, ce à quoi il réussit parfaitement, que pour fuir son effroyable amour. Il ne put y parvenir.. Comme Errata, il continuait à aimer Oréa dans l’effroi et à aimer son effroi et à s’effrayer de son amour ; et cela le rendait de plus en plus fou. Mais il ne vit plus sa bien-aimée de ses yeux, il n’était pas, comme Errata, sujet aux « hallucinations » ; elle n’en imprégna que plus profondément ses pensées les plus intimes. Elle les accapara, se les assujettit totalement. Vains furent tous les efforts pour déloger cette terrible Souveraine. Vaines les distractions mondaines, vaines les aventures, vaines les chasses au tigre ; vains la soûlerie, l’alcool, l’opium et les autres femmes. Vaines les études, vains les efforts les plus acharnés pour chasser, à l’aide du stoïcisme et d’une divine indifférence, le Fantôme, cette Fatalité de sa vie. Son existence paradoxale n’était qu’un jouet du Destin, dont il n’était pas l’élu. Alors même qu’il remportait une victoire, il se laissait aussitôt aller à un étrange abattement ; il s’endormait chaque fois sur ses lauriers. Le plus terrible des destins, c’est de ne jamais savoir exploiter nos victoires. Chaque chose a son temps ; si on laisse passer le moment, à rien ne sert de vouloir réveiller des cadavres. La force vraie : la force qui vainc suit des années durant — sa vie durant — sa voie victorieuse, — ce n’est qu’ainsi qu’on peut sortir vainqueur de — la Lutte de la Vie. C’est à autre chose qu’était prédestinée la journée de la Vie Éternelle que représentait la vie de Sider ici-bas.
Éditions du Canoë
2019
Novembre
Ladislav Klίma
Genre : Roman Traduit du tchèque, présenté et annoté par Erika Abrams Format : 12 x 18,5 cm 24 dessins de Vadim Korniloff 480 p. 26 € ISBN : 978-2-490251-11-7 Né en 1878 à Domažlice (Bohême occidentale), mis au ban de tous les établissements de l’Empire autrichien, Ladislav Klίma vit tour à tour comme rentier, conducteur d’une machine à vapeur, gardien d’une usine hors service, fabricant d’un ersatz de tabac, dramaturge et journaliste. Philosophe du vécu, solipsiste convaincu, il pousse la pensée de Schopenhauer et de Nietzsche au-delà de ses plus extrêmes limites, publie trois volumes de fragments théoriques et laisse, en mourant à Prague en 1928, une immense œuvre manuscrite, aussi bien romanesque que philosophique.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
Écrit entre 1908 et 1910, Le Roman tchèque reste le dernier grand inédit de l’œuvre de Klίma en France. Le livre s’ordonne autour de la contradiction entre philosophie vécue et vie philosophée, incarnée par les différents membres de la famille d’un député tchèque qui fait campagne pour sa réelection au parlement autrichien dans les premières années du XXe siècle. Le roman s’ouvre sur un meeting politique où le message du député sortant, l’avocat Artur Volný prêchant l’indépendance à atteindre par un mélange de virtus latine et d’immoralisme nietzschéen, se heurte chez les électeurs et camarades du parti à une incompréhension d’un réalisme caricatural, n’étant réellement soutenu que de ses filles, Irène et Olga, chez qui le militantisme se teinte d’un érotisme incestueux. Cette entrée en matière aboutit à un chapitre dit « fatal » qui narre la transformation de Volný en « un embryon de Dios » que Klίma qualifiera de « crachat à la figure de tout ce qu’on a appelé littérature ». Il y a un souffle joycien avant la lettre dans ces pages qui narrent dans une langue crue et inventive les entretiens entre Volný et ses filles sur la cosmologie, le suicide, la vie après la mort et le solipsisme théorique et pratique.
Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
Éditions du Canoë
2022
4 février
René de Ceccatty
Genre : récit Format : 12 x 18,5 cm Pages : 176 Prix : 15 € ISBN : 978-2-490251-55-1
René de Ceccatty est l’auteur d’une trentaine de romans (Personnes et personnages, L’Accompagnement, Aimer, Une fin, L’Hôte invisible, Enfance, dernier chapitre, Mes années japonaises), essais (Noir souci, Un renoncement) et biographies (Pasolini, Violette Leduc, Sibilla Aleramo, Callas, Moravia, Elsa Morante). Éditeur aux éditions du Seuil, il est aussi traducteur de l’italien (Moravia, Pasolini, Bonaviri, Leopardi, Pétrarque, Umberto Saba, Dante) et du japonais en collaboration avec Ryôji Nakamura (Kenzaburô Ôé, Kôbô Abé, Yukio Mishima, Natsumé Sôseki, Junichirô Tanizaki, etc. et des auteurs de littérature classique). Il écrit également pour le théâtre. Né en Tunisie, il a séjourné au Japon, en Italie et en Angleterre. Il collabore aux Lettres françaises.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
Le Soldat indien est le troisième volet d’une quête de la mémoire et du passé commencée avec Enfance, dernier chapitre et Mes années japonaises. Ceccatty remonte cette fois très loin de sa naissance, au xviiième siècle, en pleine guerre des Indes où il découvre à partir d’archives familiales qu’un de ses aïeux, Léopold, joua un rôle de premier plan. Arrivé en Inde en 1757, à l’âge de 33 ans, il apparaît comme témoin à charge dans un procès retentissant, celui de la réhabilitation en 1783 de Thomas Arthur Lally-Tollendal, gouverneur de Pondichéry que Louis XV avait fait exécuter en 1766. Cette exécution contre laquelle Voltaire s’était insurgé dans un pamphlet où il dénonçait l’arbitraire de la justice royale, est intimement liée à la perte des Indes et aujourd’hui complètement tombée dans l’oubli. En essayant d’imaginer à partir de quelques récits militaires et de quelques tableaux ce que furent pour cet ancêtre, Léopold, sa guerre des Indes et son retour en France avec sa famille « indienne », Ceccatty écrit une merveilleuse fiction – ce que certains appellent l’Histoire.
Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
EXTRAIT : L’histoire de Léopold le père et le rapport que j’entretiens avec elle sont des formes d’effacement accepté, mais aussi de lutte contre l’oubli. J’ai voulu, à ma manière, résister à la profanation. Voilà la raison pour laquelle j’ai mis en regard la profanation des tombes du cimetière de Mégrine, aux bors du lac de Tunis, et cette résurrection d’une figure mineure du passé. Cette figure, je n’ai pas voulu, comme on aurait été en droit de s’y attendre de la part d’un écrivain, lui donner une forme biographique ni une forme romanesque. J’ai voulu l’aridité d’un récit qui ne cache ni ses manques ni ses difficultés à faire renaître un homme obscur. Sa carrière militaire l’a conduit à côtoyer des soldats en Autriche, pour cette même guerre de Sept ans dont William Thackeray a fait le récit dans Barry Lindon. Mon ancêtre avait des traits communs avec ce personnage imaginaire et avec de nombreux jeunes gens de ce siècle sinistré, le XVIIIe siècle, où l’Europe, les Indes, l’Amérique étaient à feu et à sang. Les nations européennes se haïssaient, se combattaient, se disputaient non seulement des provinces, mais le reste du monde. Les familles royales, sachant leurs jours comptés, voulaient s’écraser mutuellement, quand elles ne s’alliaient pas, et conquérir d’autres terres, pour le plus grand malheur des siècles à venir. Mon aïeul était un pion dans ce jeu meurtrier.
PARUTION EN FRANCE PRÉVUE POUR FÉVRIER 2022
roches tendres – julien burri imprimé en Suisse / 11,5 x 16,5 cm / 18 € / 120 p. / isbn : 978-2-940518-74-6
Julien Burri est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages qui sont autant de pierres minutieusement taillées, ciselées, construisant une œuvre à la fois singulière et intensément poétique. Comme un filet à papillons, son quatrième roman Roches tendres capture avec délicatesse et sobriété le souvenir d’une maison vouée à disparaître, en restituant quelques bribes de vie d’une famille sur trois générations et l’ardeur d’un amour qui a su résister au temps.
Grès tendre et fin mêlé d’argile et de quartz, la molasse sert à la construction lorsqu’elle a assez de consistance. Formée de sable charrié par les rivières, elle s’est déposée dans les creux. Fruit de l’usure et de l’abandon, elle porte en elle la nostalgie des sommets. Elle est vouée à dépérir. Les gens du plateau sont ses fils ; comme elle, ils se dérobent et rêvent, envieux, du granit et des cimes perdues. Tout est consigné dans la molasse : le tracé des cours d’eau, des mers, les lumières, les nuits, les voix, les forêts, le vent, les bêtes et les hommes, le vol des abeilles.
Je ne me suis pas aperçu tout de suite que Grace n’était plus dans cuisine. J’ai eu une légère absence, j’en ai parfois lorsque je me laisse entraîner par le courant de mes pensées. Mes pensées viennent par vagues, répétitives, de plus en plus fortes – au bout d’un moment je quitte le rivage, je n’ai plus pied, et je m’aperçois que j’ai été emporté au loin. Lorsque je suis revenu à moi, Grace n’était plus dans la cuisine. Elle n’était plus dans l’appartement. À mon grand désespoir, elle avait disparu de ma vie. Elle n’était plus que dans les images, aux murs de notre appartement, sur les photographies dans lesquelles elle apparaissait. Elle semblait me regarder, de l’autre côté des cloisons de verre.
9
Alors je suis parti, j’ai quitté notre appartement et je suis venu l’attendre là où tout avait commencé, là où nous nous étions connus, avec Grace : dans la maison de mon enfance. Depuis, je n’arrive pas à me défaire de l’idée que j’aurais dû faire quelque chose, appeler quelqu’un, urgemment, annoncer que Grace avait disparu. Je n’ai rien fait de tout cela et suis venu l’attendre, l’espérer, dans cette vieille maison. Dans le bureau, j’ouvre la vitre du morbier, tâtonne, trouve la clef sur le rebord et l’introduis dans les serrures, remonte les poids jusqu’à ce que le cliquetis diminue et que la clef ne tourne plus. Je relance le battant. L’horloge sonne la demie. La pièce et la maison résonnent du coup cristallin : tout devient légèrement flou, comme si le temps ralentissait, s’étirait, ne s’écoulait plus.
10
roman
Un chant écarlate
Un chant écarlate
LE ROMAN INÉDIT D’UNE FIGURE EMBLÉMATIQUE DU FÉMINISME AFRICAIN
Mariama Bâ
Une histoire d’amour impossible entre deux étudiants idéalistes, une française et un sénégalais, dans le Dakar des années 1980, où l’apprentissage de l’autre, au-delà des frontières, des cultures et des traditions, s’avère difficile.
visuel non définitif
Ousmane, jeune sénégalais de condition modeste et Mireille, française, fille de diplomate, se rencontrent sur les bancs du lycée, à Dakar. Ils se marient, au grand damn de leurs familles respectives. Mireille coupe les ponts avec les siens et se convertit à l’islam. Ousmane impose sa femme à ses parents, catastrophés. Un fils naît de cet amour, Gorgui. Mais le poids des traditions et la pression sociale et familiale aura raison de leur amour….
• • • • •
Mariama Bâ une écrivaine pionnière et militante
(1929- 1981) le second roman inédit en france d’uine écrivaine majeure
publié à titre posthume, c’est une pépite méconnue un chant écarlate a été traduit en
7 langues
une préface d’axelle jah njiké, journaliste
illustration de couverture d’elke foltz, peintre
Née en 1929, Mariama Bâ est une figure iconique de la littérature sénégalaise. Elle connaît un succès international avec Une si longue lettre, son premier roman. Issue d’une famille traditionnelle et musulmane, elle intègre une école française et devient enseignante en 1943. Femme engagée, Mariama Bâ s’engage pour nombre d’associations féminines militant pour l’éducation et les droits des femmes. Elle devient une voix importante de son pays et prend part aux débats publics. Elle meurt en 1981 d’un cancer, peu de temps avant la sortie de son second roman, Un chant écarlate, aux éditions NEAS au Sénégal.
prix : 22 € tirage : 1000 ex. parution : 04/02/2022 format : 14 x 20,5 cm pagination : 320 p. ISBN : 978-2-493324-00-9
Elles parlent de Mariama Bâ ... « Je crois que [Mariama Bâ] était la première écrivaine africaine à parler avec autant de lumière de la condition des femmes. » Véronique Tadjo « C’est en lisant Mariama Bâ que je deviens africaine. [...] Le roman de Mariama Bâ, considérée à juste titre comme une pionnière de la littérature féminine en Afrique subsaharienne est l’un des premiers à rompre le silence des femmes par le biais de l’écriture » Axelle Jah Njiké, LSD, France culture
« On la soupçonne d’être influencée par les idéologies venues de l’étranger. « Si être féministe signifie révéler les tares d’une société, alors je le suis ! », réplique-t-elle aux critiques. Sa vie privée témoigne du même combat pour une vie libre, en conformité avec ses idées. » Kidi Bebey, Le Monde
« UNE SI LONGUE LETTRE, UN VÉRITABLE LIVRE-MANIFESTE FÉMINISTE » Kidi Bebey, Le Monde • le premier roman best-seller de mariama bâ • ce roman épistolaire a reçu le prix noma en 1981 • traduit en 20 langues, il est considéré comme un classique de la littérature féministe. • publié en france aux éditions du rocher, il a été édité en plusieurs formats (Motifs, poche) • un roman étudié partout dans le monde, et régulièrement cité...
Un livre au cœur d’un écosystème créatif Axelle Jah Njiké, la préfacière Autrice afropéenne, podcastrice et militante féministe, Axelle Jah Njiké est l’autrice de lé série radiophonique «Je suis noire et je n’aime pas Beyoncé», dont le premier épisode est consacré à Mariama Bâ, (cf LSD, France Culture).
Elke Foltz, l’illustratrice (couverture) Elke Foltz est une peintre française, née en 1990. Elle a des origines allemandes et sénégalaises. Elle vit et travaille à Berlin. Pour la couverture, elle a travaillé dans les tons ocres et rouges de la terre au Sénégal.
Alexandra Déglise, la comédienne Comédienne et metteuse en scène basée en Martinique, Alexandra Déglise prête sa voix pour l’enregistrement d’extraits sonores d’Un chant écarlate, disponibles sur le site internet des Prouesses à la sortie du livre.
Extrait d’Un chant écarlate
7
Mai 1968 trouva la famille de La Vallée à Paris. À cette époque, Mireille était confrontée à des états d’âme languissants. Un tourment nourri de désir exacerbé par la solitude la consumait. Dans son être, ses élans se coagulaient. Comme elle aurait aimé se départir de sa réserve, de son attitude polie, de son calme quotidien, et extérioriser les troubles qui l’habitaient. Elle avait acquiescé à toutes les exigences de l’intransigeant Ousmane. Les difficultés de leur entreprise, cruellement projetées à ses yeux, ne la découragèrent pas. Ousmane tonnait : « Je te dissuade de choisir ! » « Ne fais pas de moi ton élu ! » « Il en est temps encore ! » Mais ces exhortations n’empêchaient pas Mireille d’avancer. La religion dont elle avait promis de se dépouiller n’était plus un vêtement à sa taille depuis longtemps. Trop d’interdictions, à mesure qu’elle grandissait, le rendaient de plus en plus étriqué. Elle ripostait :
L’habitat religieux que tu me proposes ne me va pas mieux que celui dont tu exiges l’abandon. Mais je l’endosse... Sans enthousiasme. Ne magnifie pas mon geste. Il est sans grandeur. Il ne recouvre aucun sacrifice. Il n’est pas arrachement. Il n’est que la logique d’un processus déjà déclenché, avant notre rencontre. Elle aussi, elle regimbait. Je suis décidée à rester Moi pour l’essentiel, pour les valeurs auxquelles je crois, pour les vérités qui m’éclairent. Ne voulant pas faire de toi un pantin entre mes mains, j’accepte d’avance tes refus comme des cris de conscience. Je ne peux donc moi aussi t’apporter en guise de dot une liste de renoncements. Je ne serai pas malléable, épousant toutes les formes de l’Afrique. Car l’Afrique n’a pas seulement ici le visage du travailleur immigré qui vit un dur exil pour nourrir sa famille lointaine. Elle dégoûte, sous les lumières crues, accrochée pour survivre à des manteaux de femme. Tant d’histoires me sont contées, vomies dans des hoquets et des rictus hideux. Les victimes de promesses délibérément violées, celles dépouillées de leurs biens par des fiancés nègres volatilisés, me mettent en garde quand je parle de toi. Mais je me dis que les drames passionnels n’ont pas rayé l’Amour du monde. Chaque être est condamné à vivre son expérience propre. Je souhaite la mienne réussie. Je suis Amour et Volonté. Et parce qu’elle se sentait « Amour et Volonté », comme elle aurait souhaité attiser quotidiennement au vent de la révolte estudiantine le feu qui la brûlait ! Mais son père, rigide comme toujours, demeurait l’écluse
Extrait d’Un chant écarlate qui referme ses vannes prudemment, avant tout débordement. — Non, ma petite. Tu ne sortiras plus d’ici. Avec ces émeutes ! Avec ça (son « ça » favori dont il recouvrait tout ce qu’il n’aimait pas), ces coups donnés et reçus, on ne sait jamais. Pour endormir la vigilance paternelle, Mireille se contenta de participer épisodiquement à l’ébranlement. Mais comme elle se sentait aussi passionnément motivée que ses copains, la plupart enfants de bourgeois comme elle, situés à l’aile la plus dure des émeutiers ! La famille traditionnelle les révoltait, comme une institution à démanteler pour en repenser le contenu, restreindre le pouvoir et remodeler les limites. L’école qu’ils pratiquaient les brimait. À leurs yeux, elle se révélait être l’appui de la famille. M. de La Vallée croyait sa fille « en dehors de la fournaise » grâce à son autorité et à sa persuasion. Revenu de son lieu de travail, il relatait les événements, à sa manière, dans les sens de l’optique gouvernementale répercutée par les ondes et la télévision. Mais Mireille s’évadait la nuit et vivait bien la fournaise. La mêlée écoulait sa colère. La violence de la tempête la ressuscitait. Le tonnerre déclenché drainait ses aspirations fougueuses de bouleversements sociaux. La fournaise convenait à son choix de vie et faisait corps avec son inhabituel engagement amoureux. En ces heures troubles de déchaînement sans retenue, Mireille avait deux visages qu’elle troquait l’un contre l’autre, habilement. Celui de la jeune fille sereine de l’appartement tranquille lui convenait moins que le masque décidé de l’étudiante engagée.
Que dirait son père, s’il la voyait, en jean retroussé jusqu’aux cuisses, cheveux au vent, œil brillant, à la bouche tous les gros mots bannis du vocabulaire de l’appartement. Sa mère s’évanouirait encore si elle la savait à la tête des émeutiers, lançant comme eux des armes hétéroclites sur les voitures et les vitrines. Le courrier de Mireille relatait à son ami les événements qui bousculaient la capitale. Le refus de la ségrégation entre filles et garçons, dans la même université où on avait apostrophé le ministre de la Jeunesse n’a été que le prétexte pour l’éclatement d’un conflit latent. Bien sûr, Mireille abondait dans le sens de ceux qui désiraient l’abolition des règles établies, tandis que son père dépassé et écœuré par les événements, grognait : — Cette jeunesse ! Cette jeunesse ! De l’audace, elle en a à revendre (il ne parlait pas de courage, remarqua sa fille). Cette jeunesse, plus on lui cède, plus elle exige. Elle est inconsciente. Parlementer avec elle, c’est la démission. La mater ! L’écraser ! Si j’étais à la place du ministre de l’Intérieur ! Ce sont des cadavres que leurs faibles parents ramasseraient. Je te retiens bien ici (il désignait Mireille du doigt, ignorant ses fugues). Si tous les pères avaient pris leur responsabilité ! Eh bien, il n’y aurait plus de manifestants ! Plus de manifestants, plus de barricades ! Plus d’affrontements. Et M. de La Vallée réajustait ses bretelles remises en service par le dévouement de sa femme qui suivait avec angoisse son
Extrait d’Un chant écarlate amaigrissement. L’exacerbation des nerfs de M. de La Vallée soumettait son épouse à une dure épreuve. Et Mireille informait son ami : Quant à Maman, Ousmane, elle est acceptation devant son époux. Elle répète à nos visiteurs, sans tenir compte de leur opinion sur la « marée » (un mot de papa), ce qu’elle retient des arguments de son mari contre « les fous » (un autre mot de papa). Mireille terminait ainsi : La ligne droite, favorite de mon père, n’existe plus. Tout, en ces lieux, est brisé, tordu. La remise en cause de ses conceptions sur l’honneur, le devoir, l’obéissance déséquilibre mon père. Ses larges gestes, ses fulminations, ses allées et venues inlassables dans l’appartement n’ont pas empêché le sinistre réveil du matin du 11. Les rues des quartiers assiégés par les étudiants étaient jonchées de décombres. Persistait, incommodante, l’aigreur de la fumée des incendies et des grenades lacrymogènes. Ah ! Comme j’ai participé aux émeutes ! Comment te communiquer l’ivresse d’écouler dans le fracas de l’affrontement ma haine des conventions ? Comme j’ai joui d’un coup de pied donné sur le visage d’un défenseur de l’ordre ! J’ai cassé avec plaisir quelques voitures de ces messieurs guindés, qui prônent fraternité, humanisme dans leurs discours et qui ont des cœurs secs. Ah ! Comme j’ai participé, Ousmane ! Le lendemain, une autre lettre :
Des négociations n’ont rien apporté. Les ouvriers ne se reconnaissent pas dans les compromis signés par leurs dirigeants syndicaux. La grève est reine et la ville pue. L’odeur du poisson sec qui malmène tes narines le soir au Grand-Dakar doit être plus agréable que les relents qui nous entourent... Les bourgeois qu’abandonnent leurs enfants, remplacés par des animaux dans leur tendresse, ne savent plus que faire de leur temps : la puanteur de la rue les cloître. Et quand ils sortent, les braves bourgeois, ils ont du mal à trouver le pied d’arbre ou le rebord de mur où leurs chiens se soulagent. À la place des tas dégoûtants de crotte qu’un talon étourdi écrase et éparpille sur les trottoirs, nous avons des monceaux de saletés : boîte en fer, coton, détritus, épluchures. J’entends la prière des bourgeoises : « Dieu ! faites revenir les éboueurs ! Les marchands des quatre saisons ! Les épiciers aussi ! Tout manque ! L’essence ! L’argent ! » L’abondance houspillée a fui. Mes camarades et moi continuons à rechercher « la plage sous les pavés ». Notre cri « Il est interdit d’interdire » reste souverain. À bientôt. Mireille
À propos d’Un chant écarlate « Dans Un Chant écarlate, Mariama Bâ se livre à une critique de la pathologie de la différence ou, pour reprendre les termes de Franz Fanon dans Peau noires, masques blancs, de ce « manichéisme délirant » auquel conduit toute idéologie identitaire excluant dialogue et compromis.» Jeanne-Sarah de Larquier in Pour un humanisme du compromis dans Un chant écarlate de Mariama Bâ, The French Review, vol.77, No.6, Mai 2004
« C’est son âme que Mariama Bâ livre au lecteur. Elle ne reste pas extérieure à ses personnages. On sent son intérêt pour les femmes, quelle que soit la couleur de leur peau. Leur émancipation est sa cause. Sa hauteur de vue, sa noblesse de cœur pour juger les sociétés et les humains font d’elle une internationaliste convaincue. [...] Un chant écarlate est un enseignement pour les femmes. Mariama Bâ leur montre les dangers de tout abandonner au profit d’un homme, de s’investir totalement dans l’amour. L’auteur a compris, comme beaucoup de femmes, que les femmes émancipées vivent une époque dangereuse où elles peuvent croire que les hommes ont accepté l’égalité des femmes. Croyant cela, elles sous-estiment la force des préjugés accumulés depuis des siècles, ancrés profondément dans l’idéologie masculine et qui ressortent chez beaucoup (sans qu’ils en prennent conscience souvent). Les mentalités ne changent pas vite, les révolutionnaires doivent le savoir. » Isabelle Eynard, critique littéraire, in Mariama Bâ ou les allées d’un destin, Mame Coumba Ndiaye, NEAS, 2007
« Ce roman doit-il être interprété à travers la même grille que ses autres écrits qui débordent en général de leur cadre de création. Les idées qu’elle défend ici s’inscrivent plutôt comme un véritable plaidoyer pour l’épanouissement des valeurs universelles et leurs retombées heureuses sur les bonnes volontés. En atteste le soutien apporté à son frère dans le choix de son épouse, une jeune française de pure souche. Des relations épistolaires avaient contribué à leur rapprochement, et une première enfant née du couple, la petite Mariama, devait être le symbole vivant de leur amitié. Elle écrivait dans ce sens : « Il y a l’homme partout, quelles que soient sa couleur et sa langue. Il faut savoir hisser son cœur au rythme de l’univers. Admettre et œuvrer pour l’ère du bannissement des frontières, l’ère des grands ensembles, dans l’âge du grand dialogue. Je souhaite une réception de l’homme de plus en plus axée aux divers pollens fécondants des floraisons qui l’entourent. Certainement se lèvera un jour où tous les jets nobles vaincront réticences et préjugés, nourris des valeurs universelles. Et l’amour, le vrai, jaillira dans sa véritable essence, aux sources même de la vie.» Mame Coumba Ndiaye, in Mariama Bâ où les allées d’un destin, NEAS, 2007
MARS
C O L L E C T I O N S H U S H L A R RY
ART&FICTION
RÉCIT
Aymeric Vergnon-d'Alançon
Disperser la nuit R É C I T S D U S U R G Ü N P H OTO C LU B
« Le camouflage sera parfait. Ils n’y verront que du feu. Personne ne se doutera que derrière la silhouette anodine d’un promeneur, je tenterai bientôt de voler des âmes pour sauver la mienne. » Ainsi s’ouvre Disperser la nuit, tandis que le narrateur commence, avec son seul appareil photo, une bien étrange quête de lui-même et du monde. Au cœur de celle-ci émerge l'ombre discrète et mystérieuse du Surgün Photo Club. Une association, conduite et fréquentée par des immigrés, où l'on explore, au fil d'expériences variées, les pouvoirs de l'image et de l'action photographique.
C'est sous la subtile influence d'Aboukaïev, dont la doctrine secrète a été dévoilée dans Gnose Gnose Gnose (art&fiction, 2016), que cinq destins se déploient alors entre exil et survie, entre roman de formation et quête mystique, au gré desquels, à chaque fois, la photographie vient jouer un rôle singulier. Issu d’un travail plastique, Disperser la nuit chemine à son rythme, avec ses détours et ses bifurcations, vers le roman possible de ces vies entrecroisées, où se révèle la pensée opératoire du Surgün Photo Club et de son mage insaisissable, Aboukaïev.
— E N L I B R A I R I E E N F R A N C E / B E LG I Q U E L E 4 M A R S 2 0 2 2 —
11 x 17.5 cm, env. 380 pages 978-2-88964-024-9 chf 17.80 / euro 14 — genre récit sujets abordés photographie, exil, migration, parcours de vie, Paris format isbn
d’une u o e m m o h n ’u d Le destin utour a r e u jo e s t u e p e femm hie. p a gr to o h p le p im s d’une TE N DOCUMEN ON -D’ALANÇO N G ER V IC ER M AY ÊTE DE Q EXILÉS EN QU IN C E D N IO T C ICI LA FI RICE. L’IMAGE SALVAT
——— Aymeric Vergnon-d’Alançon mène des recherches photographiques et des études de Lettres. Il entre au Fresnoy—Studio national des arts contemporains et oriente alors son travail vers la création cinématographique. Entre films expérimentaux et cinéma d’auteur, il réalise plusieurs courts métrages. Depuis il poursuit ses recherches entre récit et arts visuels. L’écriture, présente dès l’origine, conquiert une place de plus en plus importante. ———
AY M E R I C V E R G N O N - D 'A L A N ÇO N | D I S P E R S E R L A N U I T
[...] Ce n’était ni une fable que je me racontais, ni un roman familial que je composais en secret. Tout cela avait eu lieu. Tout cela s’était tenu, à une certaine heure, en un certain endroit, cela s’était incarné dans le monde véritable, historique, concret, solide (y a-t-il assez de mots pour qualifier le réel? Pour lui donner justement son poids de réel?). Même si le souvenir s’était maintenant dilué, même si les conditions exactes étaient devenues floues, je savais la vérité de ce geste. J’avais oublié le temps, j’avais oublié le lieu, mais j’en avais vu la preuve vivante et incarnée : deux petites photos déchirées puis recollées par un scotch déjà jauni. Je tenais, des années après, cette mémoire entre mes mains. Et ces mains étaient les mêmes (si on peut dire que les choses restent les mêmes alors qu’elles sont accrochées sur le fil toujours secoué du temps) qui avaient tenté de détruire ces images. J’ai eu, enfant, des mains iconoclastes. J’ai déchiré ces images. J’ai voulu détruire les reliques d’un passé lointain. En cachette, avec l’innocence de l’enfance comme excuse, j’ai commis la forfaiture. Et bien plus tard, j’ai voulu réparer. Et pour réparer, j’ai utilisé des images, car j’avais lu que «seule l’épée qui a ouvert la plaie peut guérir la blessure». J’ai donc fait un film qui par la magie du raccord, la collure, pouvait dé-déchirer l’image de mes parents. Le film s’ouvrait par une voix-off qui en expliquait le principe . Cette voix, la mienne, disait que je n’avais jamais vu mes parents ensemble. Enfin, si, forcément, mais je n’en ai aucun souvenir. Ce qui du reste est assez surprenant parce que j’avais environ cinq ans quand ils ont divorcé. Cinq ans c’est quand même suffisant pour avoir des souvenirs constitués. Il faut croire que certains souvenirs ne parviennent pas à devenir des images, un bout d’étoffe qui tient chaud et protège de la pluie. J’ai dû à l’époque écrire dans les dossiers de production que cette image de mes parents ensemble était manquante. Je sais aujourd’hui qu’elles le sont toutes. Les images sont toujours dérobées. Elles se cachent derrière un masque : une photographie, un bout de pellicule, une matière numérique. Elles se drapent et s’enrobent. Ces surfaces se tiennent crânement en avant-poste et derrière, tapie dans l’ombre de sa lumière, l’image se terre toujours comme un hérisson tremblant. La voix-off, bien sûr, ne parlait pas de hérisson, elle racontait en peu de mots les faits : Mon père et ma mère se sont séparés quand j’avais environ cinq ans. J’ai tout oublié de ce tempslà. Et je n’ai jamais vu mes parents ensemble. Euxmêmes depuis vingt-cinq ans refusent de se parler. J’ai donc inventé une rencontre qui n’a pas eu lieu.
EXTRAITS
Et la voix-off prolongeait : Un jour, j’étais toujours enfant, l’un m’a demandé de déchirer les photos où ils apparaissaient ensemble. Je me souviens de ce geste. J’ai souvent regretté cette formule évasive «l’un m’a demandé». La prééminence grammaticale du masculin pouvait désigner, à tort, le père. Et quelquefois ma colère ne voulait épargner personne. Y compris moi-même et cet enfant que je fus. Comment avais-je fait? Est-ce que je m’étais inventé une histoire d’agent secret pour justifier d’être en service commandé? L’avais-je fait la nuit ou en plein jour ? Et pourquoi moi et pas mon frère? Je ne peux répondre. Quoi qu’il en soit, j’avais été dans la bibliothèque chercher les albums de mon père. Je vois très bien leurs couvertures de plastique bleu, alvéolé ou matelassé et à l’intérieur les pages noires légèrement cartonnées. J’ai rapidement trouvé les deux photos en question (il est possible aussi qu’il y en ait eu d’autres qui n’ont pas pu être sauvées). Je les ai déchirées en quatre. Je me souviens, je crois me souvenir, je ne sais plus, il me semble que mon père est arrivé dans la pièce et m’a vu. Il ne m’a pas grondé ou peut-être un peu mais sa gorge devait être serrée, et mes larmes dissuasives. Il ne m’en a jamais voulu. Il a mis du scotch sur ces deux images. On y voyait un jeune couple attablé dans ce qui semble être un restaurant japonais. Dans la photographie que j’ai utilisée pour le film, mon père regarde l’appareil en souriant timidement tandis que ma mère le regarde, lui, avec amour. Le visage de mon père est traversé par l’immense balafre blanche de la déchirure. Il est légèrement désynchronisé à cause d’un petit tremblement lors de la recollure. Le décalage est plus accentué encore sur les épaules de ma mère mais son visage est épargné. Ce visage maternel justement je le reconnais sans le reconnaître. Il a toujours un effet étrange, car à l’époque ma mère avait encore son nez d’origine. Ce nez était une marque familiale que ma grand-mère et ses aïeux avaient léguée à sa descendance et ma mère prit un jour la décision de s’en défaire et de s’offrir à la place un de ces petits nez standardisés et sans caractère. Ainsi, quoiqu’évité par la marque blanche, ce visage est des deux celui qui se tient à distance. L’image se joue des ressemblances. Le film commençait donc par cette photographie. J’avais cadré le centre du rectangle de papier, là où se rejoignaient la déchirure horizontale et la déchirure verticale. À partir de cette croix, un zoom arrière faisait apparaître l’image tandis que ma voix en off récitait sa légende. Mon père et ma mère se sont séparés quand j’avais environ cinq ans. J’ai tout oublié de ce tempslà… Je sais que Leonela Suarez attend. Et j’ai hâte moi aussi de me mettre en route vers elle. Ce détour,
AY M E R I C V E R G N O N - D 'A L A N ÇO N | D I S P E R S E R L A N U I T
ce bivouac d’entrée de jeu, est juste un bagage pour chemin escarpé. J’en fais provision, ce sera peutêtre utile. J’ai comme l’impression qu’il y aurait là quelque chose dont nous aurions pu discuter, Leonela et moi. Enfin c’est rhétorique bien sûr, car on ne discute jamais vraiment des choses profondes. On les effleure tout juste.
EXTRAITS
Une fois que la photographie déchirée était plein cadre, le film commençait. Au début, un montage rapide alternait de gros plans sur le corps d’un homme et celui d’une femme. On pouvait deviner qu’ils s’habillaient et se préparaient. Ces quelques plans étaient traversés par les éclats rapides d’un travelling autour d’un lac. Quand l’homme et la femme furent prêts, ils s’assirent dans un fauteuil, l’un en face de l’autre. C’était la nuit et une lampe entre eux dissipait les pénombres. Une nouvelle voix off, celle de l’homme puis celle de la femme, disposait la situation: un salon bourgeois, une époque lointaine, la fin du jour. Le dialogue allait commencer. Une langue assez littéraire, un jeu un peu hésitant (ni ma mère, ni mon père ne sont des comédiens et ils étaient plutôt intimidés même si l’équipe était réduite au strict nécessaire d’un tournage en pellicule), mettaient de la distance à cette situation pour moi étrange: créer un dialogue fictif pour permettre à mes parents de se parler, in abstentia, pour la première fois devant moi. Cette fiction littéraire, avec son côté raffiné, compassé même, devait sans doute servir à calfeutrer le secret. Il fallait le bourrer d’étoupe pour amoindrir, en moi, le fracas de la détonation. Bien sûr, un spectateur avisé comprenait que l’homme et la femme n’étaient pas réellement dans le même espace. Le champ avait été tourné chez l’un, le contrechamp ailleurs, chez l’autre. Au moment du tournage, mon père et ma mère parlaient dans le vide. Je ne me souviens plus (c’est le plus comique au fond) si je me suis assis en face de chacun d’eux pour donner l’axe du regard et la réplique… L’histoire évoquait donc un lac italien, un soir d’été. Les protagonistes, maintenant plus âgés, se souvenaient de ce moment où, encore jeunes fiancés, ils avaient aperçu une faille grandissante entre eux. À demi-mot, délicatement, ils s’avouaient l’impossible de leur rencontre. Et ils tournaient autour de l’aveu, lui-même impossible. La fiction réparatrice se voulait apaisante. Le film était une main fraîche sur mes yeux brûlants. Un miroir déformé où mon enfance se maquillait. Car, on veut toujours s’inventer une mythologie. On veut notre part des dieux. Même si c’est un petit morceau d’histoire, un récit minuscule que nos dents viennent arracher à la robe des héros, nous le mâchonnons, nous le rongeons dans un coin jusqu’à en colmater les fibres de notre coeur. À la fin du film, la caméra est placée à l'arrière d'un ferry. Le plan commence dans les entrailles du ponton. Il y fait sombre, l’eau clapote. Puis le bateau s’éloigne et entraîne le plan avec lui. Tandis que la musique s’élève, nous découvrons les quais, le village, le lac, la montagne. Un ami me dit un jour que c’était comme un accouchement. [...]
C O L L E C T I O N R E : PAC I F I C
ART&FICTION
ESSAI
Aymeric Vergnon-d'Alançon
Gnose&Gnose&Gnose D ’A P R È S A B O U K A Ï E V
« Je n’oublie pas ma première intuition: Aboukaïev est d’abord atteint de mélancolie comme certains oiseaux enivrés et dont le coeur ne veut plus s’arrêter de voler, de capituler face à l’horizon. » Le Surgün Photo Club est fondé au début des années 1970 en banlieue parisienne par un groupe d’exilés pour qui la photographie présente des possibilités divinatoires, mystiques ou thérapeutiques. Il s’agissait selon eux de « trouver des images pour traverser l’exil ». Depuis quelques années, Aymeric Vergnon-d’Alançon, plasticien, en défriche les archives et réplique leurs travaux.
Avec Gnose&Gnose&Gnose, il entreprend de mettre à jour un Corpus Hermeticum propre au club – le cœur de la doctrine – et de faire la biographie voilée de son probable animateur principal : un personnage mystérieux du nom d’Aboukaïev. Construit en trois parties, utilisant images, typographie, aphorismes, ce livre contient peut-être une révélation. Il paraît obscur au premier regard, mais on devine qu’il faut en creuser l’énigme pour y trouver, entre poésie occulte et image philosophale, des petits phares lointains pour les soirs de pluie.
— PA R U T I O N E N N OV E M B R E 2 016 —
17 x 23 cm, 200 pages 978-2-940570-17-1 chf 37 / euro 25 — genre essai, aphorisme, photographie, recherche, biographie sujets abordés Surgün Photo Club, poésie, photographie format isbn
ue , iq r o é th n o ti a r lo p x L'e que du graphique et poéti b Surgün Photo Clu DE LA FIGURE
OCATION OU ENCORE L' ÉV K AÏE V CERTAIN ABOU N 'U D E U IQ AT M CHARIS
——— Aymeric Vergnon-d’Alançon mène des recherches photographiques et des études de Lettres. Il entre au Fresnoy—Studio national des arts contemporains et oriente alors son travail vers la création cinématographique. Entre films expérimentaux et cinéma d’auteur, il réalise plusieurs courts métrages. Depuis il poursuit ses recherches entre récit et arts visuels. L’écriture, présente dès l’origine, conquiert une place de plus en plus importante. ———
AY M E R I C V E R G N O N - D 'A L A N Ç O N | G N O S E & G N O S E & G N O S E
17
18
19
20
EXTRAITS
AY M E R I C V E R G N O N - D 'A L A N Ç O N | G N O S E & G N O S E & G N O S E
21
22
23
24
EXTRAITS
Collection Tout est vrai ou presque, parution mars 2022
Pyrate Confessions d’un oiseau carré à queue de requin
« Auprès de Pyrate, sur le même bateau, porté par la même vague, tenant le même cap, je demeurerais aussi étranger à lui que les touristes à quai, pointant du doigt une voile accrochée à l’horizon. Une distance irréductible. Et après tout, tant mieux. Car je n’aspire pas à dévoiler la psychologie de cet homme, à expliquer voire à justifier ses actes. Encore moins à déchiffrer son âme. Quelle intimité puis-je espérer avec ce marin qui évolue depuis tant d’années dans un espace et un temps aux frontières du mythe ? » Fiche technique
« Tout est vrai ou presque »
Format : 144 pages, 14 x 20 cm Tirage : 1000 exemplaires Prix de vente : 17 € Diffusion : Serendip ISBN : 978-2-493311-00-9
Bouclard éditions
7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye
Dans cette collection de longs formats, nous publions une littérature du réel. Seule compte l’histoire, son auteur, son expérience… Dégoter un bon sujet et bien le raconter.
contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18
www.bouclard-editions.fr
Collection Tout est vrai ou presque, parution mars 2022
Pyrate
Fabrice Chillet
Bouclard
Très tôt, dès l’âge de 14 ans, Pyrate a tranché. Son salut viendra de la mer. Il naviguera sur tout ce qui flotte, de la planche à voile au cargo. Plus qu’une promesse, un pacte. Pendant trente ans, Pyrate parcourt donc la mer dans tous ses états. Paisible, agitée, monstrueuse, inhumaine. Il endosse tous les costumes. La combi du régatier, la veste de quart du skipper, le ciré du patron-pêcheur, le pagne du pirate dans le Golfe d’Aden. Une vie d’aventures vécues depuis la rade de Brest jusqu’à l’Océan Indien. Une vie qui résonne comme l’accomplissement d’un destin. À lui seul, Pyrate convoque toutes les figures des héros mythiques de la mer, Nemo, Ulysse, Avery, Kurtz, Gilliat, Chien noir. Face à lui, un écrivain fasciné qui rencontre son personnage de fiction idéal. Une longue route d’écume, de rafales et de fureur.
L’auteur Fabrice Chillet
Après quelques études universitaires et une thèse lâchement abandonnée sur le sens du Graal dans la vulgate arthurienne, il a passé le reste de son temps à hésiter. Tantôt professeur de français, par vocation. Tantôt journaliste, par ambition. Parfois encore rédacteur-fantôme, par nécessité. Et enfin auteur, à dessein. Derniers livres parus : Un feu éteint (2018), Narcisse était jaloux (2021), aux éditions Finitude.
© Jean-Pierre Sageot
Bouclard éditions
7 rue de la Gagnerie 44830 Bouaye
contact@bouclard-editions.fr 07 86 66 76 18
www.bouclard-editions.fr
Éditions du Canoë
2022
4 mars
Lina Lachgar
Genre : essai Format : 12 x 18,5 cm Pages : 144 Prix : 14 € ISBN : 978-2-490251-58-2
Lina Lachgar (1934-2020) est l’auteur d’une quinzaine de recueil de poèmes, de récits et d’essais sur quelques écrivains qu’elle aimait. Les Éditions du Canoë ont publié son dernier ouvrage en 2019, Max Jacob dans tous ses états. Elle avait en littérature deux passions majeures : Max Jacob et Marcel Proust dont elle pouvait réciter par cœur des pages entières de La Recherche. Elle lui avait inspiré deux livres savoureux : Sept rêves avec Marcel Proust en 1997 et Vous, Marcel Proust, journal imaginaire de Céleste Albaret en 2007, parus tous deux à la Différence. Peu de temps avant de mourir, elle avait remis au Canoë le manuscrit Un amour de Proust qui paraît aujourd’hui.
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tel 06 60 40 19 16
Dans Madame Straus, un amour de Proust, Lina Lachgar restitue à Madame Émile Straus la place privilégiée qui lui revient dans l’œuvre de Proust et que lui-même lui a donné ainsi qu’il l’écrit à Paul Souday : « Les gens du monde sont si bêtes qu’il m’est arrivé ceci : agacé de voir Saint-Simon parler toujours du langage si particulier aux Mortemart sans jamais nous dire en quoi il consistait, j’ai voulu tenir le coup et essayer de faire “un esprit de Guermantes”. Or je n’ai pu trouver mon modèle que chez une femme non “née”, Madame Straus, la veuve de Bizet. Non seulement les mots cités sont d’elle (elle n’a pas voulu que je dise son nom dans le livre). Mais j’ai pastiché sa conversation. » Grâce à son intelligence, sa culture, son esprit, sa beauté, son mystère et son charme « ravageur », Geneviève Straus inspira de nombreux artistes et tint le salon le plus en vue durant trois décennies. Ses liens avec Proust seront indéfectibles et elle demeura l’amie aimée, la préférée dans son cœur et dans son œuvre. Trop souvent l’histoire littéraire a fait abstraction de sa présence dominante.
Diffusion-distribution : Paon diffusion.Serendip
EXTRAITS :
Comme dans une phrase musicale où les notes s'enchantent les unes les autres, la sensibilité de Geneviève Straus et celle de Marcel Proust sont en constante harmonie qui enveloppe tous les instants de leur vie. Tous deux sont issus de la grande bourgeoisie libérale et aisée. L'urbanité chez eux était si naturelle qu'on ne la leur remarquait pas. Dans de nombreux domaines ils partagent les mêmes goûts:le monde, le luxe,et l'art de la conversation. L'un et l'autre possèdent de grandes valeurs morales et sociales: la tolérance, le courage, et ils sont profondément athées :"au nom du ciel auquel nous ne croyons ni l'un ni l'autre" écrit Marcel à Geneviève. Leur gentillesse et leur générosité sont légendaires...soucieux de justice ils seront les ardents défenseurs d'Alfred Dreyfus.Ils ont un goût pour la vérité et la beauté, la tolérance et l'honnêteté intellectuelle, l'horreur de l'ennui, le sens de l'humour,la curiosité, un dégoût de la vulgarité et de la pompe, le désir de s'exprimer complètement, le souci d'une éducation libérale, le mépris de l'utilitarisme et du philistinisme.
EXTRAITS :
L'immeuble en rotonde du 134 boulevard Haussmann à l'angle de l'avenue de Messine, vu de l'extérieur ressemble à un vaisseau tenant bien la mer.Il ya dans ce vaisseau une femme prestigieuse qui tient dans ses bras le Tout-Paris. Cette femme dont la conversation est " une oeuvre d'art" est Madame Straus. Madame Straus: elle déroute les femmes. Elle éblouit les hommes. Elle leurverse du rêve...Delaunay et Degas ce sont disputés sa beauté grave. Elle est une tireuse d'élite. Ces réplique sont des feux d'artifice. Elle craint l'ennui et les ennuyeux. C'est dans son entresol où la lumière arrive tamisée par le feuillage des marronniers se jetant aux fenêtres que naîtra le salon le plus en vue de la IIIè République. Tout y est luxueux et tout s'explique comme dans les rêves et peu à peu l'histoire définitive s'écrit. Aux murs des salons aux plafonds bas une collection de Monet voisine avec des Boudin, Pissarro, Seurat, Latour et le portrait qu'Elie Delaunay fit d'elle. Nous voici bien loin de la rue de Douai. Dans cet élégant intérieur, Madame Straus est là " amoureuse d'elle-même" respirant avec une langueur savante.
Éditions du Canoë 21 février
Lina Lachgar
Max Jacob dans tous ses états avec 15 croquis inédits de Max Jacob suivi de « Max Jacob ou les gouaches d’un promeneur solitaire » par Pierre Colle
Genre : Essai Format : 12 x 18,5 Pages : 80 (avec un hors-texte de 12 pages) Prix : 14 € ISBN : 978-2-490251-06-3 Auteur d’une quinzaine de recueils de poèmes, souvent illustrés par de grands artistes, tels Jean Cocteau ou Alicia Penalba, Lina Lachgar a également écrit plusieurs essais et récits.
On ne présente plus Max Jacob mais on ne présente pas davantage Lina Lachgar, poète, auteur de précieux recueils de poèmes publiés régulièrement depuis un demi-siècle, fervente admiratrice de Max Jacob à qui elle a consacré depuis 1981, année de l’album très documenté et imagé paru chez Henry Veyrier, différents hommages historiques ou facétieux (Les Pantoufles de Max Jacob, La Différence, 2001), Arrestation et mort de Max Jacob, La Différence, 2004, rééd. 2012), Max Jacob et Mademoiselle Infrarouge, La Différence, 2012). Cet essai s’inscrit dans la lignée de Max Jacob et Mademoiselle Infrarouge. Elle y interpelle le poète sur sa conversion, ses folies, ses contradictions ses amitiés particulières, ses bouffonneries, ses excentricités dans un dialogue imaginaire. Mademoiselle Infrarouge, c’est elle, Lina Lachgar, qui rend ce 5 mars 2019 cet ultime hommage à l’occasion du 75e anniversaire de la mort de Max Jacob à Drancy.
Contact presse et libraires : colette.lambrichs@gmail.com ; tél. : 06 60 40 19 16
Diffusion-distribution : via EXILS ÉDITEUR CDE SODIS
2019
IL N’Y A PAS D’ARC-EN-CIEL AU PARADIS Nétonon Noël Ndjékéry NÉTONON NOËL NDJÉKÉRY IL N’Y A PAS D’ARC-EN-CIEL AU PARADIS
Il n’y a pas d’arc-en-ciel au paradis est une plongée dans les horreurs de la traite négrière transsaharienne. Des caravanes en partance pour la péninsule arabique, en passant par la colonisation française, l’enrôlement des tirailleurs africains pendant la Première et la Deuxième Guerre mondiale jusqu’à l’essor du mouvement djihadiste Boko Haram, Nétonon Noël Ndjékéry met en récit deux cents ans d’histoire de la privation de liberté et de l’exploitation humaine dans la région de l’actuel Tchad. Le titre est une référence explicite aux différents programmes missionnaires qui promettaient et promettent toujours aux populations d’Afrique noire d’être « blanchies » en accédant à un paradis, soit-il celui des chrétiens ou des musulmans. En porte-à-faux à ces programmes, l’auteur dresse le portrait d’une Afrique multiple, diversifiée dans ses croyances, ses arts du vivreensemble, mais également dans celui de porter collectivement un projet et un récit de développement et d’émancipation. Sur une île mouvante du lac Tchad, l’auteur invente une société utopique qui pourrait poser les bases d’un projet que nous pourrions qualifier à la suite d’Achille Mbembe « d’afropolitanisme ». Toutefois, le prix de cette utopie est celle d’un isolement et d’une dangereuse ignorance des affres de l’Histoire et du développement des Etat-nations africains actuels.
Hélice Hélas Editeur Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.com www.helicehelas.org > litterature@helicehelas.com Distribution Suisse : Servidis Chemin des Chalets 7 CH-1279 Chavannes-de-Bogis Tél.: ++41 22 960 95 10 www.servidis.ch > commande@servidis.ch
Distribution France - Belgique : Serendip-Livres 10 Rue Tesson FR - 75010 Paris Tél.: ++33 14 038 18 14 www.serendip-livres.fr
Nétonon Noël Ndjékéry est né à Moundou au Tchad et débute sa carrière d’auteur avec une première nouvelle publiée par RadioFrance Internationale. Depuis, il habite sur les rives du Léman, en Suisse. A ce jour, il est l’auteur de quatre romans, dont Au petit bonheur la brousse, publié chez Hélice Hélas Editeur en 2019. En 2017, il reçoit le Grand Prix Littéraire National du Tchad pour l’ensemble de son œuvre.
— Collection : Mycélium mi-raisin Genre : roman épique et utopique Sujets abordés : esclavage subsaharien ; histoire africaine ; Tchad — Format 14.5x18,5 cm, 376 pages ISBN 978-2-940700-11-0 CHF 28 / EUR 22 Parution 1er mars 2022, Suisse, France et Belgique.
I L N ’ Y A PA S D ’A R C - E N - C I E L AU PA R A D I S
1. En cette fin du dix-neuvième siècle de l’ère chrétienne, la traite négrière transsaharienne battait son plein. Elle avait commencé bien avant son avatar atlantique qui s’essoufflait désormais. Au cœur de l’Afrique, des royaumes dont les élites s’étaient islamisées de longue date, le Baguirmi, le Bornou, le Kanem et le Ouaddaï prospéraient sur ce négoce nauséabond. Puissamment armés de fusils par leurs coreligionnaires orientaux, ils lançaient des razzias sur les territoires païens dont l’art militaire demeurait encore dominé par la sagaie, le couteau de jet, l’arc et les flèches. Outre l’ivoire, les peaux brutes ou tannées, les plumes d’autruches, la gomme arabique ou le musc, ils y raflaient surtout des captifs et du bétail aussitôt convoyés vers des comptoirs, immenses camps de concentration*, où des négociants arabes venaient se pourvoir en gibier de harems, en main d’œuvre corvéable à volonté et en matières premières pour méchouis. Ainsi des caravanes entières, fortes de butins sur pieds ou sur pattes, prenaient la direction du levant. Comme elles serpentaient entre les dunes, le désert ne se privait pas de prélever sur elles un lourd tribut de sang. Car beaucoup d’esclaves succombaient à la faim, à la soif, aux mauvais traitements ou au désespoir. Avant de laisser les cadavres aux crocs des chacals et des hyènes, les chefs de convoi en tranchaient les oreilles qu’ils enfilaient ensuite en chapelet. Cette collecte macabre leur permettrait de prouver plus tard à leurs commanditaires l’étendue des pertes humaines enregistrées au cours de l’expédition. * Zériba. 12
I L N ’ Y A PA S D ’A R C - E N - C I E L AU PA R A D I S
Arrivées à Khartoum, les caravanes allaient dégorger leur lie de survivants dans des enclos très spécialisés. Là, les malheureux étaient lavés à grandes eaux, puis triés et répartis en trois catégories selon deux âges butoirs fixés à onze et quinze ans*. On prenait quelques semaines pour les engraisser et leur restituer non pas un peu de leur humanité, mais une certaine valeur marchande. Au milieu de cette période de gavage, les garçons destinés à être exploités localement étaient castrés séance tenante. Une fois que tout ce beau monde avait eu ses plaies cicatrisées et ses rondeurs quelque peu retrouvées, mâles et femelles étaient conduits en troupeaux séparés au grand bazar où les esclaves se vendaient à la criée. Les plus prisés n’étaient pas forcément les plus beaux ni les plus athlétiques, mais ceux qui avaient déjà eu la petite vérole parce que cette maladie était souvent mortelle à l’époque. La plupart d’entre eux finissaient dans un sérail, les femmes comme bêtes à donner du plaisir, les hommes comme cerbères de harems.
* Comâci : moins de 11 ans. Cedâci : entre 11 et 15 ans. Balek : plus de 15 ans. 13
ARGUMENTAIRE
Un roman d’initiation A la croisée des idiomes et des accents, entre la Suisse et son idéal de blancheur et d’ordre, et le Tchad marqué par l’arbitraire d’une histoire postcoloniale « mal apprivoisée », Noel Nétonon Ndjékéry narre les aventures de Bendiman, un enfant tchadien ayant grandi à Genève et s’étant nourri des mythologies des bons petits helvétes : Guillaume Tell, la Mère-Patrie, la Croix-Rouge etc. Un soir son père est rappelé au Tchad avec toute la famille. A l’aéroport de N’Djaména, une voiture noire emporte ses parents. Recueilli par un oncle, il mène son enquête pour découvrir que son père et sa mère sont enfermés pour « Raison d’Etat».
TITRE : AUTEUR : PARUTION : PAGES : PRIX :
Au petit bonheur la brousse Nétonon Noël Ndjékéry 01 mai 2021 448 16 EUR
COLLECTION : Mycélium Mi-Raisin (littérature contemporaine) GENRE : Roman de formation
Commence alors pour Bendiman une quête pour faire sortir ses parents de prison dans un pays qu’il ne connaît finalement pas. Un pays en guerre civile, un pays tourneboulé par un afflux massif de pétrodollars, un pays où le droit n’a jamais vraiment quitté les livres pour entrer dans la vie quotidienne des gens. Entretemps, il se retrouve hanté par les chiffres 10, 15 et 6 dont il peine à comprendre le sens, lui qui a toujours su jouer en virtuose avec les nombres. S’agit-il des trois premières composantes de la série gagnante de la loterie nationale ou du tiercé hippique local ? A moins que cette suite numérique ait un quelconque lien avec les déboires juridico-financiers de son père…
Le conte d’une Afrique « helvétisée » Nétonon Noël Ndjékéry livre ici un récit picaresque, plein de saveur entre les helvétismes et l’oralité des griots. A mi-chemin entre le conte et le récit d’initiation, Bendiman est le héros malgré lui d’une chevauchée entre les langues et les imaginaires moraux. Ce récit célèbre la francophonie dans ce qu’elle a de plus féconde et d’étendue, la capacité de se jouer des frontières et de mélanger les mots, les expressions, ainsi que les sensibilités.
Nétonon Noël Ndjékéry, entre les rives du léman et N’Djaména Nétonon Noël Ndjékéry est né à Moundou au Tchad. Son père étant un soldat de l’armée française ayant combattu dans la colonne Leclerc durant la seconde guerre mondiale, il grandit dans un camp militaire et a très tôt été mis au contact de la langue française. Il s’est également nourri à la puissante sève de l’oralité subsaharienne et des griots de passages. Sa carrière d’auteur débute au Tchad avec une première nouvelle publiée par Radio-France Internationale. Depuis, il habite sur les rives du Léman, en Suisse. Dans ses écrits, Nétonon Noël Ndjékéry flirte autant avec la poésie, les nouvelles et le théâtre qu’avec le roman. A ce jour, il a trois romans à son actif : Sang de kola (1999, l’Harmattan), Chroniques tchadiennes (2008, In Folio) et Mosso (2011, In Folio). En 2014, il publie un recueil de nouvelles La minute mongole aux éditions de la Cheminante. En 2017, il reçoit le Grand Prix Littéraire National du Tchad pour l’ensemble de son oeuvre.
Hélice Hélas Editeur Rue des Marronnier 20 1018 Vevey
Tel. +4176307869 litterature@helicehelas.com www.helicehelas.org
REVUE de presse Emissions et dossiers de radio RFI – Radio France Internationale, Catherine Fruchon-Toussaint, 06.07.2019 RTS – Radio Télévision Suisse, Jean-Marie Félix, 08.05.2020
Articles presse Le Monde, Gladys Marivat, 21.06.2019 Le Point, Valérie Marin La Meslée, 08.05.2019 Libération, 10.05.2019 Le Temps, Isabelle Rüf, 02.06.2019 Le Courrier, Amandine Glévarec, 14.04.2019 Le Vif – Trends-Tendances, 25.04.2019
Blogs TITRE : AUTEUR : PARUTION : PAGES : PRIX :
Au petit bonheur la brousse Nétonon Noël Ndjékéry 01 mai 2021 (format poche) 448 16 EUR
COLLECTION : Mycélium Mi-Raisin (littérature contemporaine) GENRE : Roman de formation
La Cause Littéraire, Cathy Garcia, 13.03.2019 Fattorious, Daniel Fattore, 22.04.2019 Chroniques littéraires africaines, Sonia Le Moigne Euzenot, 02.04.2020 AfricainsMag, Françoise Hervé, 26.07.2019 La Cène Littéraire, Ndongo Mbaye 09.08.2020 LeFaso, Alain Joseph Sissao, 19.01.2021
Sélection prix littéraires Prix les Afriques 2020 (pré-sélection) Prix Hors Concours 2020 (pré-sélection) Prix du Public RTS 2020 (sélection) Prix Roman des romands 2020 (sélection)
Nétonon Noël Ndjékéry, entre les rives du Léman et N’Djaména Nétonon Noël Ndjékéry est né à Moundou au Tchad. Son père étant un soldat de l’armée française ayant combattu dans la colonne Leclerc durant la seconde guerre mondiale, il grandit dans un camp militaire et a très tôt été mis au contact de la langue française. Il s’est également nourri à la puissante sève de l’oralité subsaharienne et des griots de passages. Sa carrière d’auteur débute au Tchad avec une première nouvelle publiée par Radio-France Internationale. Depuis, il habite sur les rives du Léman, en Suisse. Dans ses écrits, Nétonon Noël Ndjékéry flirte autant avec la poésie, les nouvelles et le théâtre qu’avec le roman. A ce jour, il a trois romans à son actif : Sang de kola (1999, l’Harmattan), Chroniques tchadiennes (2008, In Folio) et Mosso (2011, In Folio). En 2014, il publie un recueil de nouvelles La minute mongole aux éditions de la Cheminante. En 2017, il reçoit le Grand Prix Littéraire National du Tchad pour l’ensemble de son oeuvre.
Hélice Hélas Editeur Tel. +4176307869 Rue des Marronnier 20 litterature@helicehelas.com 1018 Vevey www.helicehelas.org
POESIE
Ninar Esber
Éditions du Canoë
2022
���������������������������������������������������������������
4 mars
Genre : poèmes Format : 12 x 18,5 cm Pages : 144 Prix : 15 € ISBN : 978-2-40251-57-5 Née à Beyrouth, Ninar Esber doit quitter le Liban en 1986 pour s’installer à Paris. Ce départ est vécu comme un exil particulièrement douloureux. Elle mène une œuvre artistique en même temps qu’une œuvre littéraire. En 2000, elle expose pour la première fois : performances construites sur le silence du geste et la répétition. Un corps sentinelle observateur et en même temps observé à partir d’une réflexion sur la figure de Siméon le Stylite. En 2001, elle publie son premier livre, Leil Al Awal, des histoires courtes en arabe, publiées aux éditions Dar Anahar à Beyrouth. En 2006, elle publie son deuxième livre, Conversations avec Adonis mon père, un face- à-face intime avec le poète Adonis. Cette même année, elle obtient une bourse de la Villa Médicis hors les murs pour un projet de performances à New York, une stylite au féminin debout sur les toits des immeubles de Manhattan, défiant l’architecture érigée comme un signe de domination masculine. Ces performances en hauteur se poursuivent au Caire en 2008 où, face à la ville, elle chante une chanson de Marilyn Monroe (I wanna be loved by you) qu’elle a traduite en arabe, telle une « Muezzine » dans la nuit. C’est un appel à l’égalité, à la sensualité et à la liberté. Elle dénonce la misogynie comme elle l’avait fait dans sa pièce, Les 99 noms du Délicieux, en 2006, ou dans la vidéo Triangles pour femmes désobéissantes, en 2012.
En 2019, Ninar Esber rassemble les poèmes qu’elle écrit depuis les années 1990. « Dans ces lignes se trouve tout ce que je n’arrive pas à dire avec la matière, les formes, les vidéos et les performances. Il s’agit surtout du sentiment d’exil et de l’impossible deuil. Car cela se transforme en pierre qui grossit sans cesse et qui pèse, qui bloque. Avec ces mots je la concasse, pour essayer de retrouver du souffle et de l’espace en moi. » Soudain la guerre se tient devant ma porte Soudain la mort passe devant ma fenêtre Soudain tombe ma dent de lait Ninar Esber n’a pas froid aux yeux. Ses poèmes disent la violence du monde, les inégalités criantes des sociétés patriarcales et placent la femme au centre dans sa fragilité et sa force mêlées. Paysage J’étais sable Aujourd’hui je suis pierre Demain je serai cendres *** Les balles toquaient à ma fenêtre les soirs d’hiver — Bonsoir c’est l’heure de mourir — Non pas aujourd’hui je dois encore m’ennuyer Repassez demain soir Allez siffler ailleurs Retrouver d’autres peaux à trouer D’autres visages à embrasser
Contact et libraires : colette.lambrichs@gmail.com
Téléphone : 06 60 40 19 16
Diffusion et distribution : Paon diffusion.Serendip
EXTRAITS :
Parution 4 mars 2022 ISBN : 979-10-91189-30-9
art | littérature
Manifeste d’action directe Poèmes contre l’ordre qui vient De Victor Martinez
―
Victor Martinez ―
68 pages Format : 13,5 x 21,5 cm Poids : environ xx gr Prix : 15 € Tirage : 300 exemplaires ―
Genre : Poésie contemporaine CLIL : 3638 ―
Mots-clés : Poésie contemporaine
Manifeste d’action directe n’est autre que la poésie en action. La poésie vient ici s’imprégner du vivant, de sa colère, de ses mots jetés dans la rue et tenter, par le langage, et par un travail minutieux de sa construction, d’en faire écho. La brutalité du langage militant vient sauter au visage du lecteur afin d’éveiller sa colère. La colère va le conduire à lire. Il va se rendre compte très vite que ce n’est pas l’auteur qui parle, ce sont des matières et des énonciations différentes qui sont présentées. Ainsi de “Chant de la main arrachée” où, sans solution de continuité, la voix du bourreau se substitue à celle de la victime sans que nous nous en apercevions, et c’est exactement cela qu’il fallait faire, qu’on ne voie pas ce glissement, et l’histoire humaine moderne est l’histoire de ce glissement que personne ne voit et qui nous conduit à la répression et aux pires bascules alors même qu’on se pensait à l’abri. C’est cela, la matière de l’histoire qui est dans ce volume, c’est cela la chronique d’époque, c’est une immersion, c’est une mêlée de voix, on ne sait pas bien qui parle comme dans la vraie vie, comme dans une manif, comme dans un texte de Joyce ou de Dos Passos, on entend des jurons, des insultes, la mêlée, et peu à peu cela s’éclaircit et des vues partielles se dégagent.
―
Collection Voix dans l’orme Voix dans l’orme est la collection de poésie de La clé à molette éditions. ―
www.lacleamolette.fr Contact : Alain Poncet 06 70 31 36 50 lcam@orange.fr ―
Diffusion : Paon diffusion contact@paon.diffusion.com www.paon-diffusion.com ―
Distribution : Serendip livres 21 bis rue Arnold Géraux 93450 L’ILE-SAINT-DENIS Tél. 01 40 38 18 14 Fax 09 594 934 00 gencod dilicom: 3019000119404
1
Victor Martinez continue donc, avec Manifeste d’action directe, d’écrire la chronique d’une époque habitée de violence et lâcheté de la part d’un pouvoir économique, politique, médiatique ou encore intellectuel. Cette poésie est dans la continuité de certaines filiations, d’André du Bouchet à Jacques Dupin ou Guy Viarre. C’est aussi au croisement d’une forme de poésie grammaticale, de poésie directe et de poésie contre-lyrique qu’il faut situer l’ouvrage.
Parution 4 mars 2022 ISBN : 979-10-91189-30-9
art | littérature
Biographie Victor Martinez est né à Perpignan en 1970. Il enseigne la littérature à l’université de Lille. Ses activités de chercheur se portent sur la poésie, notamment André du Bouchet, et sur la traduction (Machado, J. R. Jiménez, Quevedo, Panero, C. Hardi). Il codirige avec Paul Laborde la revue Conséquence, dont le 3e numéro est paru en décembre 2019. Bibliographie Poèmes collapsologiques, L’Ire des marges, 2020 Carnets du muet, Fissile, 2016 Coupe franche, Fissile, 2016 À l’explosif, La lettre volée, 2014 Une accalmie, L’arbre à paroles, 2013 De charge et de froid, L’arbre à paroles, 2011 Poème de l’eau, L’arbre à paroles, 2009 Photogrammes, L’arbre à paroles, 2001 Terre seconde, N&B, 2000
[La collection Voix dans l’orme]
Voix dans l’orme: une nouvelle collection consacrée intégralement à la poésie et aux voix singulières d’aujourd’hui. Voix dans l’orme, nom donné en référence au poème de Sylvia Plath, sera une collection avec une cadence de publication soutenue, ouverte aux textes contemporains qui interrogent notre société jusque dans ses excès.
2
Parution 4 mars 2022 ISBN : 979-10-91189-30-9
art | littérature
Extrait 1 “Jour de grève un poème de plus une main de moins une joie collective de plus un œil de moins une consistance sociale de plus 48 heures de garde à vue et une convocation au tribunal c’est bien d’arracher au vide néolibéral des plus quand ses moins il militarise en multipliant comme des petits pains les droits de l’homme en moins.”
3
Parution 4 mars 2022 ISBN : 979-10-91189-30-9
art | littérature
Extrait 2 “Terreur civique est ce que Baldwin enfant ressentait en voyant les cops ou des blancs en réunion comme disait Sartre aux Usa quand des blancs se rassemblent c’est qu’un nègre va mourir terreur civique est ce qu’on ressent aujourd’hui en voyant des flics ou des militaires dans l’espace public terreur civique est aussi ce qu’on ressent quand on lit les manchettes et titres de la presse de propagande Le Monde Libé & autres consortiums dont le but est de propager non seulement le mensonge mais aussi la terreur idéologique quand aujourd’hui en France des flics se réunissent c’est parce qu’un arabe ou un noir va casquer ou qu’un alter-système un gilet jaune un lycéen une infirmière ou simplement un corps libre va se faire tabasser devant les caméras et alors quoi que font-ils d’autre que ce que les dictatures ont fait de tout temps.”
4
Parution 1er octobre 2021 ISBN : 979-10-91189-28-6
art | littérature
Ubique On était faits de matières changeantes et d’éléments épars diffus propagés ondes et en lumière jusquà faire de nos corps ces montagnes d’atomes en colère Certains jours rien ne nous distinguait du fleuve des feux de forêt à la lisière
―
Frédérique Cosnier
On divaguait savants comme des loutres toujours en retard d’un dire ou en avance
―
82 pages Format : 13,5 x 21,5 cm Poids : environ 120 gr Prix : 15 € ―
Genre : Poésie contemporaine CLIL : 3638 ―
Mots-clés : Poésie contemporaine ―
Collection Voix dans l’orme Voix dans l’orme est la collection de poésie de La clé à molette éditions. ―
www.lacleamolette.fr Contact : Alain Poncet 06 70 31 36 50 lcam@orange.fr ―
Diffusion : Paon diffusion contact@paon.diffusion.com www.paon-diffusion.com ―
Distribution : Serendip livres 21 bis rue Arnold Géraux 93450 L’ILE-SAINT-DENIS Tél. 01 40 38 18 14 Fax 09 934 00 gencod dilicom: 3019000119404
Ubique regroupe trois textes: Je n'est pas des russes,Tachycarde, Ubique Ces trois textes, portés par l’écriture sensible de Frédérique Cosnier, sont portés par une incroyable force qui n'est autre que celle insufflée par la poétesse elle-même : le lecteur est traversé par le rythme fougueux des poèmes, il est porté lui aussi par cette envie de connaître le monde par les sensations, il partage la rage, la passion, le désir, le besoin de dire et d'embrasser de ces “je”, de ces “on” qui forment un tout, dans un profond sentiment de fraternité. Ubique inaugure une nouvelle collection consacrée intégralement à la poésie et aux voix singulières d’aujourd’hui. Voix dans l’orme, nom de donné en référence au poème de Sylvia Plath, sera une collection avec une cadence de publication soutenue et ouverte aux textes contemporains qui interrogent notre société jusque dans ses excès. L’auteur Frédérique Cosnier vit à Besançon où elle enseigne le français langue étrangère et la littérature française au Centre de linguistique appliquée de l’Université de Franche-Comté. Elle écrit depuis longtemps de la poésie et pratique la lecture à voix haute. En 2008, elle publie son premier recueil, PP Poèmes Précis aux Éditions Entre deux M. Collaborant avec des photographes, des musiciens, des plasticiens, elle travaille à la croisée des genres et des arts. « La poésie n’est pas un genre mais un état, que l’on ne possède pas, même si on le travaille au corps », écrit-elle. Ce rapport à la langue, fait de nuances et de subtilités, irrigue ses deux romans. En 2016, elle publie un roman, Suzanne et l’influence, librement inspiré du film de John Cassavetes Une femme sous influence, aux éditions La Clé à Molette, et pour lequel elle reçoit le Prix Marcel Aymé 2017. Son second roman Pacemaker est paru en mars 2020 dans la collection La brune au Rouergue.
Auteur : Robert Louis STEVENSON Titre : EMBLEMES MORAUX et autres poèmes, avec 19 gravures sur bois de l'auteur. Edition bilingue. Traduction inédite. 80 pages, imp. en rouge et noir format : 16 x 22,5 prix : 30€ ISBN : 979-10-95625-15-5
En 1882, Robert Louis Stevenson se rend à Davos pour se soigner. Il est accompagné de son épouse Fanny Osbourne et du fils de celle-ci, Lloyd, alors âgé de 12 ans. Lloyd est passionné d'imprimerie qu'il pratique sur une petite presse à bras. L'enfant publiera et imprimera en connivence avec Stevenson, 5 petits livrets de poèmes et de gravures sur bois de celui-ci. En 1921, devenu un homme, Lloyd Osbourne republiera en un seul volume, ces publications touchantes devenues rarissimes. Il les accompagnera d'une préface relatant cette singulière et émouvante aventure. C'est ce volume que publie Harpo&, enrichi d'une traduction inédite de Benjamin Mouze.
Auteur : NOVALIS Titre : Pollen Traduction inédite de Hugo Hengl. 64 pages. Format : 12,5 x 18 prix : 13€ ISBN : 979-10-95625-14-8 Pollen est le premier texte publié par le poète et penseur Novalis. Avant de le faire paraître dans le premier numéro de l'Athenaeum en 1798 son ami Schlegel y prélève quelques morceaux et les remplace par des aphorismes de sa plume et de celle de F. Schleiermacher. Les fragments ôtés au manuscrit seront à leur tour mêlés à ceux de Schlegel dans le deuxième numéro de la revue. C'est la version que l'on connaissait jusque là de Pollen. Malgré ses nombreuses affinités avec Schlegel, Novalis est loin de s'accorder en tout avec lui. Nous proposons ici la version d'origine de ce texte. L'ordre des aphorismes choisi est loin d'être fortuit. Novalis s'est attaché à donner à l'ensemble de l'ouvrage une structure organique, le dernier texte étant consacré aux rapports entre auteur et lecteur. « L'art d'écrire des livres n'a pas été encore inventé. Il est cependant sur le point de l'être. Les fragments de ce genre sont des semailles poétiques. Sans doute comportent-ils des grains stériles – qu'importe, si l'un ou l'autre peut germer. » (n° 104) Novalis (Friedrich Leopold von Hardenberg, 1772 – 1801), suivit les cours de Schiller à l'université d'Iena. Il y rencontra Fichte, et les frères Schlegel qui dirigeaient l'importante revue Athenaeum. Il y publie Pollen, son premier texte achevé. Peu de textes de Novalis, mort très jeune, furent publiés de son vivant. Nombres d'entre eux étant restés inachevés. Figure centrale du premier romantisme allemand, Novalis prônait dans sa vie et son œuvre « l'imagination du cœur » : c'est notre imagination qui enfante le monde extérieur objectif. Autant œuvre philosophique que poétique Pollen explore à la manière d'une spirale les relations de l'être à lui-même et au monde. Approches de l'universel.
La Houle Éditions — Art & Littérature
Le Bruit de l’échantillonneuse – partition de lecture d’Hélène Moreau rassemble des assemblages visuels ainsi que des collages textuels réalisés depuis 2017 à l’occasion de séances de lecture organisées lors du cycle d’expositions Le Bruit de l’échantillonneuse. À travers un subtil montage d’extraits de textes littéraires convoquant la construction, le geste et la matière, l’artiste élabore un dispositif destiné à différents types de lecture : publique ou privée, en groupe ou en solitaire, à voix haute ou silencieuse, tout en offrant un aperçu des sources et des ramifications de sa pratique qui permet de déployer l’imaginaire de ses propositions plastiques. « L’artiste nous invite à un voyage dans la trame même du récit, évoluant aux confins d’une zone de partage délibérément floue entre espaces virtuel et réel, à l’instar des images qu’elle produit. » (Septembre Tiberghien, « Voyage dans la trame », L’Art même, n° 85, 2021) LE BRUIT DE L’ÉCHANTILLONNEUSE – PARTITION DE LECTURE, HÉLÈNE MOREAU Édition La Houle Art contemporain / Livre d’artiste Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles 24 × 32 cm (ou 16 ×22 cm) / 80 pages Impression offset CMJN / reliure élastique Design graphique : Marie Lécrivain ISBN : 978-2-930733-22-7 / CLIL : 3678 350 ex. / 20 € DIFFUSION : janvier 2022 BE : AdyBooks (MDS Benelux) FR : Paon/Serendip (Serendip) CH : Paon/Serendip (Servidis) www.la-houle.com/helene-moreau http://www.helene-moreau.com/
Collection
Hélène Moreau (*1985, Argenteuil) a obtenu un DNSEP à l’ENSBA de Lyon puis un Master de recherche à l’ARBA/ULB de Bruxelles où elle vit et travaille. Au gré de plusieurs résidences en France et en Belgique, elle concentre sa pratique sur le dessin et l’installation. Dans ses dernières pièces, les impressions numériques et les tissages lui permettent de jouer entre le manuel et le digital. Ses installations assument une tournure ludique et narrative. Elles parlent d’architecture, d’objets, d’outils, de grilles, de plans et ouvrent vers des imaginaires poétiques. Elle participe à l’exposition collective Savoir faire (15.10 – 11.12.2021), à L’ISELP Bruxelles avec lecture et lancement du livre le 2.12.2O21.
Material
La Houle Éditions — Art & Littérature
LE BRUIT DE L’ÉCHANTILLONNEUSE – PARTITION DE LECTURE HÉLÈNE MOREAU
Collection
Material
La Houle Éditions — Art & Littérature
LE BRUIT DE L’ÉCHANTILLONNEUSE – PARTITION DE LECTURE HÉLÈNE MOREAU
Collection
Material
ÉDI TI O N S L U R L U R E 7 rue des Courts Carreaux – 14000 Caen tél. 06 78 54 53 82 – contact@lurlure.net – www.lurlure.net
PARUTION MARS 2022
TOUT EST NORMAL Guillaume Condello Genre : POÉSIE Collection : Poésie Prix : 18 euros Format : 140 x 210 mm Nombre de pages : 128 ISBN : 979-10-95997-42-9 LE LIVRE Tout est normal est un livre écrit au «ras du quotidien», où l’auteur cherche à dire ce qui constitue nos existences – leur banalité, leur drame, leur trivialité, leur beauté et leur grandeur aussi, encore ; il mêle les registres pour entrelacer le poème et tout ce qui le nie – l’aspiration à la grandeur aussi bien que les considérations domestiques –, afin de dire notre présent, dans son actualité la plus brûlante, et en même temps s’efforcer d’être inactuel. De multiples sources formelles sont convoquées, comme autant de ressources à faire jouer différemment pour leur faire servir de nouveaux usages. Le livre est donc en quelque sorte une suite d’anecdotes mises en chants, où ce qui a construit notre présent – mots, discours, pratiques – sont mis en question (c’est-à-dire ici en chant) au moyen du poème. Le premier moment raconte une dérive sur la plage de Nice, peu après l’attentat du 14 juillet 2016 ; une série de chants s’intéresse aux lieux périphériques, une autre aux espaces domestiques ; un chant relate une randonnée en solitaire, et ce que peut devenir le sentiment de la nature aujourd’hui ; un enfin autre évoque la question du sexe et de l’amour sous diverses formes.
L’AUTEUR Guillaume Condello est né en 1978. Poète et traducteur, il anime depuis 2017, avec Laurent Albarracin et Pierre Vinclair, la revue Catastrophes. Il a traduit les Odes de Sharon Olds (le corridor bleu, collection S!NG, 2020). Son travail dialogue et se débat avec la tradition, mais aussi avec le plus contemporain, pour tenter de comprendre le présent. Il a publié aux éditions Dernier télégramme (Les travaux et les jours, 2012 ; Alexandre, 2016), et au Corridor bleu (Ascension, 2018). DIFFUSION / DISTRIBUTION SERENDIP LIVRES contact@serendip-livres.fr Tél. 01 40 38 18 14 – www.serendip-livres.fr
1 / 5
EXTRAIT 1
DIFFUSION / DISTRIBUTION SERENDIP LIVRES contact@serendip-livres.fr Tél. 01 40 38 18 14 – www.serendip-livres.fr
2 / 5
DIFFUSION / DISTRIBUTION SERENDIP LIVRES contact@serendip-livres.fr Tél. 01 40 38 18 14 – www.serendip-livres.fr
3 / 5
EXTRAIT 2
DIFFUSION / DISTRIBUTION SERENDIP LIVRES contact@serendip-livres.fr Tél. 01 40 38 18 14 – www.serendip-livres.fr
4 / 5
DIFFUSION / DISTRIBUTION SERENDIP LIVRES contact@serendip-livres.fr Tél. 01 40 38 18 14 – www.serendip-livres.fr
5 / 5
contact@quiresiste.com
Qui ? Résiste diffusion
a
li r dé a g pl or oi j yé
QI ? RÉZIST’ N°14 FASILITASION GÉNÉRAL’ – POÉZI ROMANÈSK PÈRFORMATIV’...
ouvraj inclasabl’ de poézi gramatikal’man langajièr’ é manifèsteman romanèsq a tandans pèrformativ porté sur la linguistiq
Qui ? Résiste n° 14, Fasilitasion général’. D’après la définition qui figure en couverture, c’est “un ouvrage inclassable de poésie grammaticalement langagière et manifestement romanesque à tendance performative portée sur la linguistique”. Le détonateur de ce numéro est l’entrée en vigueur mardi prochain de cette fameuse et très discutable réforme de l’orthographe française dont la radicalité et la souplesse font couler beaucoup d’encre dans l’espace francophone et au-delà. Car le Fasil n’est pas un caractère typographique mais une façon simple d’écrire le français. Après avoir présenté en détail la réforme et ses conséquences, l’auteur-graphiste-éditeur ouvre grand les pages de la publication à plus de vingt contributrices et contributeurs, qui tous ont accepté que leur texte soit « facilité » et y ont participé très activement. Ce qui explose ici, c’est la joie de faire sauter quelques verrous, de rêver tout haut. La langue en sort toute ragaillardie. Avec la participation de Stéphane Mallarmé, Nicolas Boileau, Raymond Devos, Clotilde Mollet, Loo Hui Phang, Laure Limongi, Wajdi Mouawad, Ivana Müller, François Deck, Pierre di Sciullo, Myriam Suchet, Thierry Chancogne, Frédéric Paul, Garance Dor, Luc Soriano, Laurent Colomb, Garance di Sciullo, Cécile Babiole et Anne Laforêt, David Poullard et Guillaume Rannou, Guillaume Pô. 90
Chin’ o Santr’ Sèt brav’ actriss é chanteuz amérikèn’ egzajèr’ ! Èl vagabond’, né o van, s’éforsan de déniché dèz objè rar... Il sanblerè qe s’è dan le Val-de-Loir q’èl a aki a pri d’or un’ tribun’ d’égliz d’in délica roz pal.
Chèr’ Chèr cherr’ ! Chèrch’, ère... Chèr ! Chèr’ chèr chèr’ !
Chère Cher cherre !
Cherche, erre... Cher !
Chaire chair chère !
texte de p. di Sciullo
texte de Guillaume Pô
1
contact@quiresiste.com Qui ? Résiste n° 14, Fasilitasion général’, extrait
36
Robèrt’ La Rous’ An fransèz’ dan la tèxt Déclarasion d’intansion
Roberte La Rousse • En française dans la texte Déclaration d’intention
Robèrt’ la Rous’, don la non fè référans’ o dicsionèr’ Robèr’ é Roberte la Rousse, dont la nom fait référence aux dictionnaires Robert et
Larous’, è un’ colectiv artistiq qi s’intérès’ o tématiq croizé lang’,
Larousse, est une collective artistique qui s’intéresse aux thématiques croisées langue,
janr é tecnoloji.
An répons’ a sèt situasion, nouz avon désidé d’abolir la janr.
37
En réponse à cette situation, nous avons décidée d’abolir la genre.
Dan la lang’ de Robèrt’ la Rouss, èl n’iy a q’un’ seul janr, la féminin’. Dans la langue de Roberte la Rousse, elle n’y a qu’une seule genre, la féminine.
Notr travaye consist’ a tout’ traduir « an fransèz’ », s’èt-a-dir Notre travail consiste à toute traduire « en française », c’est-à-dire
antièreman a la féminin’, grass a dèz algoritm conplété par entièrement à la féminine, grâce à des algorithmes complétées par
dè corècsion manuèl. S’èt insi qe la fransèz’ pèrturb des corrections manuelles. C’est ainsi que la française perturbe
significativeman lè mèsaj orijinal, an créan un’ santiman significativement les messages originales, en créant une sentiment
d’étranjeté proch de la troubl qe jénèr’ l’èxprèsion poétiq.
genre et technologie.
Nou produizon dè pèrformans’, dez instalasion é dè publicasion. Nous produisons des performances, des installations et des publications.
Nouz avon créé An fransèz’ dan la text, un’ projè Nous avons créée En française dans la texte, une projet
de démasculinizasion de la lang’ fransèz’. Èl s’aji de contré la de démasculinisation de la langue française. Elle s’agit de contrer la
sèxism’ inscrit’ a la keur de sa grammèr’ puisq, com nou l’avon sexisme inscrite à la cœur de sa grammaire puisque, comme
tout’ apriz a l’écol, « la masculin’ l’anport’ toujour sur la féminin’ ».
nous l’avons toutes apprise à l’école, « la masculine l’emporte toujours sur la féminine ».
L’istoir’ de la janr linguistiq ne s’è pa fèt’ seulman par l’uzaj dè L’histoire de la genre linguistique ne s’est pas faite seulement par l’usage des
locutriss, èl è surtou la rézulta d’un’ lut’ idéolojiq (incarné par locutrices, elle est surtout la résultat d’une lutte idéologique (incarnée par
l’Akadémi fransèz pui prolonjé de manièr’ inplisit’ par lè GAFA)
d’étrangeté proche de la trouble que génère l’expression poétique.
Sèt litératur an fransèz’ produi osi un’ sèrtèn’ umour an Cette littérature en française produit aussi une certaine humour en
dévoilant’ a l’inprovist’, com un’ lapsuss, l’orijine ou la paranté dévoilante à l’improviste, comme une lapsus, l’origine ou la parenté
de mo ou d’èxprèsion, par egzanpl « La cour de la yèn’ èt influansé de mots ou d’expressions, par exemple « La course de la yen est influencée
par diférant’ factriss » ou bien « Vou n’oré pa la culot’ d’élir par différentes factrices » ou bien « Vous n’aurez pas la culotte d’élire
un’ om a nouvèl ! » …
une homme à nouvelle ! » …
Nouz avon dévelopé no règl é outil de traducsion an fransèz’ qe Nous avons développée nos règles et outils de traduction en française que
nouz apelon « La bon’ uzaj». nous appelons « La bonne usage».
l’Académie française puis prolongée de manière implicite par les GAFA)
pour inpozé la primoté de la masculin’ a la détriman de la féminin’ é pour imposer la primauté de la masculine à la détriment de la féminine et
pour invizibilizé é discriminé lè fam dan l’èspass sosial. pour invisibiliser et discriminer les femmes dans l’espace sociale.
Lè form de sèxism é de discriminasion a l’euvr dan lè relasion Les formes de sexisme et de discriminations à l’œuvre dans les relations
sosial é inscrit’ dan la lang’ son lojiqman prézant’ dan lèz outi sociales et inscrites dans la langue sont logiquement présentes dans les outils
numériq utilizé a la qotidièn’, an particulièr’ sur Intèrnèt : motriss numériques utilisées à la quotidienne, en particulière sur Internet : motrices
de rechèrch, plateform é rézo sosial…
de recherches, plateformes et réseaux sociales…
texte de Cécile Babiole et Anne Laforêt
44
Manifest’ pour in fransè lang’ étranjé (« FLE ») Voila déz ané qe je don’ dé cour de « fransè lang’ étranjèr », osi apelé « fle ». É bien je dékrèt’ qe sa sufi. Dorénavan « fle » se lira « fransé lang’ étranjé ». Pa bezoin de chanjé l’abréviasion puisk tou l’mond l’utiliz on gard’ « fle » mè au lieu ke léz étranjé se soui léz otr, sè la lang’ mèm qi s’avèr’ moin familièr’ ke prévu. Mèm, il s’avèr’ qe « la lang », sa n’ègzist pa : du matin o soir, o li é o boulo, person’ ne parl la mèm lang ! Il sufi d’ouvrir vrèman léz orèye pour antandr q’il n’iy a jamè ke dé manièr’ de dir toujour chanjant’ é, sof lang’ de boi, san cèss renouvelé. Oz antipod de la consepsion normativ de « la lang », qi corespon osi a un’ consepsion politik déz éta-nasion é déz individu, la rechèrch an sociolinguistik montr q’okun’ lang’ nè un’ é indivisibl – sinon an tan q’idé régulatris.
L’idée selon laquelle « la langue » n’existe pas peut sembler pour le moins originale, voir contre-intuitive. Il suffit pourtant de s’observer parler avec le plus de naïveté possible pour s’apercevoir assez vite qu’on ne parle pas exactement la même langue tout au long de la journée. De la même manière, la surface d’un texte peut sembler plane, et chaque ligne se dérouler de façon autonome – mais c’est sans compter avec la foule de textes et de voix qui bruissent par en-dessous, dans des strates qui seront révélées par des notes (ou escamotées). Ici, nous avons opté pour un labyrinthe indiscipliné, dont l’entrée se trouve du côté de la sociolinguistique où l’on trouve par exemple, les travaux de Cécile Canut. Cécile Canut, « Pour une nouvelle approche des pratiques langagières », Cahiers d’études africaines n°163-164, 2001, http://etudesafricaines.revues.org/document101.html, consulté le 24 août 2010 : La notion de « langue » telle qu’elle est posée par les linguistes ne peut être traitée comme une donnée du réel : ainsi posée, elle est une construction idéologique issue en grande partie de l’Occident pour lequel la langue est un élément identitaire. Assimiler la langue à une substance, voire une « essence », empêche toute compréhension des pratiques fluctuantes des locuteurs, déterminées par un ensemble complexe de phénomènes à la fois discursifs et pratiques.
45
Du côté de la philosophie, les conséquences idéologiques et politiques d’une conception normative de « la langue » se trouvent formulées notamment dans les travaux de Marc Crépon. Marc Crépon, « Ce qu’on demande aux langues (autour du Monolinguisme de l’autre) », dans Raisons politiques n°2, mai 2001, p. 32 : Parce qu’on demande aux langues d’être un pôle d’identification, la propriété qui nous permet de dire qui nous sommes, et que cette demande ne peut jamais être pleinement satisfaite, les langues apparaissent comme des propriétés toujours menacées, que leur altérité possible -- les mots oubliés, les mots étrangers, etc. -- menace de rendre impropres à cette identification.
Du côté de la théorie littéraire, on retrouve une idée proche chez Mikhaïl Bakhtine, qui a forgé trois néologismes pour désigner et distinguer « raznojazychie » (hétéroglossie, ou diversité des langues) ; « raznorechie » (hétérologie, ou diversité des styles : sociolectes) et « raznoglosie » (hétérophonie, ou diversité des voix individuelles). Mikhaïl Bakhtine, Esthétique et théorie du roman, traduction Daria Olivier, Paris, Gallimard, 1978, p. 95 : La catégorie du langage est l’expression théorique des processus historiques d’unification et de centralisation linguistique, des forces centripètes du langage. Le principe unique n’est pas « donné », mais, en somme, posé en principe et à tout moment de la vie du langage il s’oppose au plurilinguisme. Mais en même temps, il est réel comme force qui transcende ce plurilinguisme, qui lui oppose certaines barrières, qui garantit un certain maximum de compréhension mutuelle, et se cristallise dans l’unité réelle, encore que relative, du langage prédominant parlé (usuel) et du langage littéraire, « correct ». Un langage commun unique, c’est un système des normes linguistiques.
texte de Myriam Suchet
contact@quiresiste.com Qui ? Résiste n° 14, Fasilitasion général’, extrait
66
67
Vénaïg’ dèz Ourson bleu èl étè pa com lèz otr cha. Vénaïg’ dèz Ourson bleu refuzè de se lavé. Mè réèlman. D’abitud lè cha se q’on an sè, q’il fon leur toilèt’ tou seul é pui q’ilz on in gran sans de la propreté é qe qan il ii a tro de crot’ dan le bac parse q’on a la flèm de lèz anlevé il fon un’ criz nèrveuz é refuz de mètr lè pat’ dedan tan qe s’è pa nétoyé, oui mè Vénaïg’ èl, èl ne se léchè jamè, donc èl fezè dè neu, é s’étèt ignobl sè poil tout anmèlés du janr dè lok mè snob, Vénaïg’ s’étè un’ chat’ rasta qi acrochè la pousièr’ é puiz an pluss forséman èl sentè pa trè bon mè la seriz sur le gâto déja pa trè frè sa a été qan Vénaïg’ è tonbé malad parse qe s’étè un’ sort’ de rum’ dè foin janr alèrjik sof qe pa posibl de savoir a qoi é donc incurabl é lè sinptôm falè qe sa tonb sur èl : écoulman de morv non’-stop é coulur dan lè poil avèc dè lon filè parfoi transparan é dè foi in peu jône alor la sa a été le conbl parse q’èl refuzè toujour de fèr’ sa toilet’ é an fè je croi q’èl étè totalman apatik alor je me sui di q’il falè bien fèr’ qelq choz sof qe qoi je savè pa é s’è qan j’è vu Vénaïg’ couché dan le linj sal an boul dan le tanbour qe j’è eu l’idé. J’étè pa coupabl, é mantir n’è pa traïr se qe répétè papa a maman avan qe maman dégaje papa ou l’invèrss je sè pa é on pourè mêm dir qe s’étè just un’ omision, voila j’è remi in ti-sheurt sur Vénaïg’ pour q’èl è bien cho. Èl avè l’èr bien contant’ d’avoir été recouvèrt’ d’un’ petit’ couvèrtur’ é qan maman m’a demandé si j’avè dè slip qi trainè encor sou le li j’è di qe non, q’èl pouvè fèrmé le tanbour. é èle a fèrmé le tanbour.
sové dèz o tranpé agarde lèz ieu ègzorbité resanblan a in ra tou colé lè poil dégoulinan èl a urlé é pui èl s’è sové an couran mè o moin èl étè propr é j’è ézité a dir qe s’étè moi parse qe lavé Vénaïg’ sa valè bien un’ petit’ réconpans’ du stile tour de manèj ou milk-chèk a la frèz mè je me sui di qe peut-ètr le silanse dan se ka s’étè plu judisieu é sèt-on jamè coman èl orè réaji maman é de tout’ manièr’ lèz adult son toujour parèye é ingratitud dè paran.
Finalman Vénaïg’ n’a eu qe dè contuzion é sa orèt été tro bo mè mieu vo vu qe la culpabilité y a pa pire é èl a just tourné qelqe tour qan maman a antandu de drôl de brui vrèman tou bizare du côté du tanbour é Vénaïg’ dèz Ourson bleu fu
(Dan la movèz’ dirèksion.)
Aprè maman voulè plu d’animo sof qe j’è fè un’ coneri in jour a la fèrm de Gaston qi habitè la canpagn’. Un’ porté de pousin il étè ipèr tro a croqé alor moi j’è just voulu fèr’ un’ petit’ carèss parse qe sa avè l’èr tou duvteu tou dou com un’ peluch é an fèt j’orè pa dû l’touché pars q’il m’a pri pour sa mèr a côze de l’odeur qe j’avè lèsé sur lui é pa posibl de le décolé de moi il me suivè partou é il a bien falu l’anmené sinon il se lèsè mourir san sa maman se q’il nou a di Gaston, mè moi je voulè pa d’enfan mêm si plu tar je voudrè bien ètr maman se qe j’è répondu é me sui pri un’ torgnol du pèr qe sa fezè pa rir a se q’il parè. Donc le poussin on l’a gardé é il étè com in chien avec moi sof qe moin drôl q’in chien é pui il a grandi é il a pèrdu tou son charm s’è la qe je l’è définitivman abandoné, é in jour j’è couru trè vit é il n’a pa r’trouvé l’chemin de la mèzon, il s’apelè Pioupiou é pui il s’è pèrdu. J’è fè le cou du petit pousè, j’è semé dè grèn’.
Garans Dor, éxtrè de Zoorama, rési pour la sèn’ inédi, 2001 Orélien Desez en fu le premié intérprèt Garance Dor, extrait de Zoorama, récits pour la scène inédits, 2001 Aurélien Deseez en fut le premier interprète
texte de Garance Dor
74
75
texte de David Poullard et Guillaume Rannou
Qui ? Résiste Cette publication, irrégulière et imprévisible, est l’espace où l’auteur Pierre di Sciullo confronte ses expériences littéraires et plastiques. La création typographique va progressivement s’en mêler, permettant aux textes d’exister en tant qu’images et aux images de prendre place autrement que pour illustrer. La périodicité est très élastique. Un thème organise chaque numéro, aussi aisé à saisir qu’une savonnette bien mouillée.
Qui ? Résiste, les précédents
4
Les n° 9 et 13 sont disponibles.
n°1. Manuel de la séduction
n° 4. Manuel de zoologie appliquée
n° 7. Des nuages
n° 11. Ricochets
n° 2. Manuel de la vérité
n°3. Manuel de la mort
n° 5. Manuel de la femme
n° 6. Manuel du carré
n° 8. Manuel de lecture
n°10. Donne-moi des conseils
n° 12. N’inportnawak
L’auteur Au fil de la publication de Qui ? Résiste, Pierre di Sciullo est devenu graphiste et typographe, il écrit également certains textes. Mais ses réalisations sortent du cadre de la revue pour s’intégrer à l’environnement urbain et à l’architecture. Il travaille depuis 2017 pour le théâtre national de la Colline. Les éditions Adespote ont publié en 2018 L’Or de la fougue, Les éditions Zeug ont quant à elles, édité en 2019 une monographie bilingue sur ses recherches typographiques sous le titre « L’après-midi d’un phonème ». contact@quiresiste.com
Qui ? Résiste diffusion
éditions Trente-trois morceaux
Juan L. Ortiz
Le Gualeguay Traduction de Guillaume Contré et Vincent Weber Notes et postface de Sergio Delgado
À paraître : mars 2022 ISBN 979 10 93457 14 7 21 euros
16 x 21 cm 192 pages
Écrit au début des années 1960, Le Gualeguay est composé d’un flux ininterrompu de 2639 vers. Unique dans l’oeuvre d’Ortiz, ce long poème cherche à explorer, en les faisant coexister, les différentes catégories du Temps. Ce passage du Temps est observé depuis la perspective du fleuve éponyme, le Gualeguay, situé dans la région d’Entre Rios en Argentine, aussi bien depuis sa formation géologique, ses remous intérieurs, son déploiement à travers tout le réseau hydrographique de la région, que depuis les êtres et les événements voisins qui se reflètent et pour ainsi dire s’abreuvent en lui. Pour cela, Le Gualeguay parvient à combiner dans un même flux une dimension lyrique, discrètement autobiographique, ouverte à une délicatesse d’observation incomparable, et une visée épique de la destinée historique de la région, au travers notamment des premières tribus indiennes ayant vécu là, de l’arrivée des colons, des missions de jésuites et du tournant de l’exploitation intensive du bétail, jusqu’à l’indépendance argentine et aux guerres civiles consécutives à celle-ci. Le fleuve devient ainsi le miroir dans lequel peut se regarder l’Histoire, avec ses contradictions et ses hésitations, en même temps que la quête d’un phrasé, qui puisse chanter la multitude sensible des lieux traversés, et parfois leur tragique destruction.
Parus aux éditions Trente-trois morceaux
Juan Laurentino Ortiz est né en 1896 à Puerto Ruiz, dans la province d’Entre Rios, en Argentine. À l’exception d’un bref séjour à Buenos Aires, il passa l’essentiel de sa vie dans sa province natale, particulièrement dans les villes de Paraná et Gualeguay. À 37 ans, il publia son premier livre, El agua y la noche. Suivront neuf recueils de poèmes, à l’édition desquels il collaborait très étroitement (typographie, format, couverture) pour mener à bien son projet poétique. Traducteur et héritier d’une tradition poétique universelle, sa poésie est pourtant profondément ancrée dans les paysages et la durée propre de sa province natale, objet d’une méditation ininterrompue sur le fleuve-Temps. Malgré la discrétion de cette oeuvre, Juan L. Ortiz est aujourd’hui considéré comme l’un des plus grands poètes hispano-américains du vingtième siècle. Son œuvre est restée jusqu’à présent méconnue et inédite en France.
Zé Gus Sauzay
Une importante postface de Sergio Delgado et un appareil de notes détaillé viendront accompagner le lecteur dans le flux du poème. Des cartes viendront compléter, en appendice, cette ambitieuse édition, visant à rendre accessible au lecteur français un chef d’œuvre de la littérature sud-américaine.
Faire la carte Vincent Weber L’Énéide Virgile, trad. Pierre Klossowski Voyage en Grèce Gastone Novelli Épiphanies James Joyce Street life Joseph Mitchell En regardant le sang des bêtes Muriel Pic
Dans le décor Vincent Weber La Crèche Giorgio Manganelli Listen to me / Écoutez-moi Gertrude Stein Brecht et la Méthode Fredric Jameson Nouvelle du menuisier qu’on appelait le Gros – Vie de Brunelleschi Antonio Manetti Poèmes Yvonne Rainer Dialogues avec Leuco Cesare Pavese
éditions Trente-trois morceaux 68 rue Montesquieu 69007 Lyon www.trente-trois-morceaux.com
contact Paul Ruellan +33 (0)7 83 88 30 63 editions@trente-trois-morceaux.com
diffusion paon-diffusion.com distribution serendip-livres.fr
Carte de la province d’Entre Rios
Extrait 2
245
250
255
260
265
270
275
280
285
Mais les regards du fleuve, sur presque toute sa longueur, diraient les reflets, à son tour, de la première noblesse bipède, en des étonnements d’olive… Étaient-ce là les créatures qu’il attendait, secrètement, pour ouvrir les « lois » du sacrifice ? Oui, elles ne faisaient qu’une avec les feuillages, et les branches, et les herbes, et ce qui palpitait sous les herbes… Une, avec tous les yeux et toutes les palpitations, et les glissements et les vols… Une, encore, malgré tout, avec la terreur même toute de peau ou tombée des cieux, ou respirée, ou, parfois, moins que courant d’air… Une, avec lui, le fleuve, comme d’autres enfants, avec toujours le même cordon dans la même fugue nomade… Une, presque, avec son Éden, enfin, dans son présent de cauchemar : mais ils pouvaient, seulement, à ce qu’il semble, sur l’agonie générale, brandir des arcs et des bolas et des flèches et des arpons et des filets… et des tiges et des cannes, naturellement, sur pieds… Cela seul est certain, cela seul ? Et cette tristesse d’ailleurs et cette paresse d’ailleurs ? Et cette ouïe et cette vue comme en fleur ? Et cette liberté qui ne se plierait pas, déjà, au timon ? Et ce travail indivisé, d’au-delà, sinon pour « la faible » en charge des choses éphémères et des tentes ? Et le « patriarche » et les « chefs » fugaces, mesurés à l’aune des lumières et du héros ? Et cette « fonction du sang » pour la corole de la femme ? Et cette loi qui était simplement coutume ? Et ces armes qui ne pesaient sur personne, réparties dans le groupe, et tenues à l’écart des mains intimes ? Et ce feu trouvé dans l’amour de deux morceaux de bois ? Et cet esprit du miel dans l’eau qui étanche la soif ? Et ces peaux s’affinant jusqu’à « la soie » ? Et la pierre et l’os et l’argile et le bois, également caressés jusqu’aux outils ? Et ce cuir tendrement soumis, dans le « toropí », pour les pudeurs et le froid ? Et cette dureté même, parfois poussée jusqu’à l’éclair dans ce qui était encore l’harmonie des armes ?
Et ces très fines rames aux extrémités de plumes, dans le battement d’aile répété des longs, longs canoés qui remontaient ? Et cette géométrie combinée, sur les poteries du Sud ? 290
295
Oui, oui, aussi, oui… or, ensuite, toujours, c’était la mort, mais cuite, ou devenue bouclier, ou casque, ou pétales d’aile au-dessus des bandeaux… Une offensive moins audacieuse ou plus biaisée, était-ce donc cela la nouveauté de ces honneurs ? Oh, d’un autre côté, le fleuve les aimait, ces honneurs pareils à des notes, déjà gagnées à son rêve d’une autre clé… Et il le touchait, intimement, il le jouait, cet effarement couleur d’olive, à fleur, eût-on dit, de la première nudité à la croisée des blessures…
Il est fou ! Guy Lévis Mano
Un livre de 48 pages au format 24x17 cm. Impression typographique des pages intérieures et de la couverture avec des gravures de David Audibert
tu=cherches==ne=cherche=pas=s’il=y=a=du=vent=qui=souffle=j’offre=ma=poitrine=et=s’il=y =a=un=grand=amour=
Le titre du recueil Il est fou ! est dit-on directement lié à l’accueil réservé au jeune typographe dans les ateliers d’imprimerie qu’il fréquente alors et où ses audaces formelles et son exigence de composition le font surnommer le fou. Comme pour les Trois typographes en avaient marre (Quiero 2011), nous avons respecté la volonté de Guy Lévis Mano de donner à son livre
J O HN B AG U E T TE — AB ÎME S, LE HO R S - T E XT E
Recueil de onze « minutes » imprimé en 1933 à 90 exemplaires sur la petite presse à bras du poète Carlos Rodriguez Pintos par Guy Lévis Mano, il inaugure le catalogue de ce qui allait devenir la maison GLM. Ces textes qui font suite à dix années d’intense activités littéraires, marque le début d’une aventure éditoriale et poétique qui feront de GLM l’éditeur attentif de poète comme Char, Dupin, Jouve… regardait « la grosse femme qui me ers » avait avalé un rêve de trav
m e = m e s = pa u p i è r e s = c h e
Il est fou !
dans=mes=yeux=je=fer velues==tu=cherches=
=ne=cherche=pas=si=du=vent=poussait=dans=le=bon=sens=il=collerait=mon=corps=au=tien
Gravures de David Audibert
quiero
Parution : mars 2022 EAN : 9782914363228 Prix public : 25 €
une forme nouvelle. Les onze gravures sur bois de David Audibert réalisées pour le livre sont calées dans la composition au plomb de Samuel Autexier. Chaque « minute » est ainsi remise en scène avec les images gravées par l’artiste. Gravures de David Audibert, essai de composition du texte
Les auteurs
Guy Lévis Mano (1904-1980), poète, éditeur et typographe, né à Salonique (alors en Turquie), il arrive à 14 ans à Paris où il s’intéresse rapidement à la poésie et aux revues littéraires. Son œuvre poétique protéiforme se veut la plus proche possible de la rue et de la vie ouvrière qu’il fréquente. Elle est marquée dans un second temps par sa longue détention comme prisonnier de guerre entre 1940 et 1945. Sa poésie est portée par la même exigence que les choix éditoriaux qui ont fait de GLM (entre 1935 et 1974) l’éditeur privilégié de quelque uns des artistes les plus importants du XXe siècle (Éluard, Michaux, Breton, Jean Jouve, Jabès, Chédid, Char, Du Bouchet, Dupin, García Lorca, Kafka, Miró, Giacometti, Picasso, Man Ray, Dali, etc.). Son parcours d’éditeur, servi par un talent de typographe salué par tous comme un modèle de clarté et de liberté, lui a permis de donner forme à plus de cinq cents ouvrages. David Audibert, né dans les Alpes, diplômé des beaux arts de Montpellier, il se consacre à la gravure. Installé à Reillanne depuis quelques années, il anime des ateliers et participe à plusieurs associations : L’œil du Largue, Empreinte 04 qui présentent régulièrement ses gravures au public… « J’aime les procédés de la gravure, dans ce qu’ils ont de magique, alchimique, indirect et expérimental, accidentel et parfois archaïque. Parce qu’ils permettent l’apparition des images et des imaginaires. » et composition en cours d’impression sur la presse…
minute 6 ne tirez pas trop sur l’élastique vous pourriez le casser ne regardez pas trop dans son verre vos yeux sont comme des vrilles vous pourriez le fêler oh tirez — tirez sur l’élastique cassez-le brisez le verre que le verre se brise en 251 éclats sans élastique — et sans verre j’irais — qui sait où
Les livres déjà parus… Le Bleu des émeutiers, Jacques Le Scanff Février 2015, 40 pages, 17 x 22,5 cm ean : 9782914363198 • 20 €
Le tirage de tête au format 25 x 32,5 cm, impression typographique sur vélin d’Arches comporte une lithographie originale de deux dessins de Jacques Le Scanff réalisée par Philippe Moreau en juin 2014 (25 ex.) • 120 euros La lithographie seule est disponible auprès du peintre et du lithographe (25 ex.) • 75 euros
Le Bleu des émeutiers est le lieu d’une rencontre avec la poésie incandescente du peintre Jacques Le Scanff. Ce recueil retrace les errances et les découvertes du peintre, ses interrogations face à la montagne noire, aux feux ocres des émeutes où s’éclairent et se réchauffent les traits bleus du nouveau monde. Le peintre et le poète passant ainsi d’une amitié à l’autre comme les fleuves d’encre échoués sur la page du cahier. Inscrivant les visages brouillons des émeutiers sur des pentes vertigineuses d’où ils prennent leur élan vers la source vive de la poésie.
Trois typographes en avaient marre, Guy Lévis Mano Septembre 2011, réédition septembre 2013 40 pages, 17 x 24 cm. ean : 9782914363181 • 25 €
Trois typographes en avaient marre, est un monument typographique et poétique dont l’édition, heureux hasard du calendrier, a précédé deux des plus belles luttes sociales du siècle dernier. Guy Lévis Mano qui en fut l’auteur, l’éditeur et l’ouvrier ne voulait pas d’une réédition à l’identique de son livre. L’occasion pour nous d’une nouvelle mise en forme typographique, histoire de dire avec lui que : « nous n’en avons pas marre d’en avoir marre » ! Merci à l’association GLM (Paris) et au musée de Vercheny (Drôme) qui font vivre la mémoire et l’œuvre du poète.
Les Poupées de Rivesaltes, Serge Pey & Joan Jordà
Août 2011, réédition juin 2012 80 pages, 16 x 22,5 cm, traversé par une douille de 22 long riffle. Le tirage de tête comporte une lithographie originale de Joan Jordà réalisée par Philippe Moreau (50 ex.) • 95 euros ean : 9782914363174 • 22 € Les Poupées de Rivesaltes s’ancre dans l’histoire tragique de l’emprisonnement, au début de la seconde guerre mondiale, de près d’un demi-millions de réfugiés espagnols dans des camps de concentration français. Ces camps sont au centre de la correspondance solaire entre Serge Pey et Joan Jordà qui conjugue les raisons d’un engagement avec la joie grave du désespoir, la poésie et l’art avec l’insurrection. Le livre égraine sur 60 « lames » le traitement que les soldats français ont fait subir aux réfugiés espagnols qui fuyaient la dictature. C’est aussi l’affirmation d’un art poétique qui prône la libération de la liberté.
Sans oublier les numéros de la revue Marginales encore disponibles.
Celui sur Stig Dagerman (n°6), sur Jean Giono et Harry Martinson (n°5) et les derniers exemplaires des Dépossédés (n°3/4) sur le thème des vagabonds.
Editions LansKine
Beyrouth 4 août 2020 à 17 heures Abdo Wazen ` Parution Juin 2021 Genre : POÉSIE Collection : Ailleurs est aujourd’hui - Domaine libanais édition trilingue arabe - français - anglais Prix : 13 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 36 pages ISBN : 978-2-35963-055-8
Le 4 août 2020 à 18 heures, deux explosions retentissent dans le port de Beyrouth provoquant de nombreux morts et d’importants dégats matériels. Abdo Wazen dans des poèmes déchirants raconte. Tel un oiseau, il survole la ville qu’il aime, le port et témoigne Poète et critique libanais, Abdo Wazen est né en 1957 : il appartient de plain pied à ce qu’il est communément appelé ‘la génération de la guerre’, celle qui a vécu la tragédie et en a été le souffre-douleur. A l’actif de Abdo Wazen, de nombreuses traductions de grands poètes français : Baudelaire, René Char, Jean-Pierre Jouve, Rimbaud, Michaux et Prévert, ainsi que des études approfondies consacrées à des mystiques : al-Hallâj, Râbi`a al-`Adawiyya, Saint-Jean de la Croix. A mi chemin entre spiritualité et érotisme, mysticisme et hédonisme, sa poésie se situe dans une zone périlleuse qui s’ouvre volontiers à la philosophie et à la métaphysique. Paru en 1982, son premier recueil, La forêt fermée entame une trajectoire poétique qui s’articule formellement autour du mariage de la poésie et de la prose. Aujourd’hui auteur de six recueils, il se réclame volontiers de l’expérience du texte lyrique ‘ouvert’. Son quatrième recueil, Le jardin des sens (1993), a été
censuré pour luxure et libertinage. Ses deux derniers recueils, Les portes du sommeil (1996) et Cierge de l’envoûtement (2000), viennent consacrer les thèmes lancinants qui hantent résolument son écriture : La nuit, le sommeil, le rêve, le silence, le bleu, le précipice, la douceur, le corps, la consomption, la blancheur de la page… À 17h45 Les quartiers et les trottoirs retrouvaient le calme Du soir Les maisons se préparaient pour le dîner Des cuisines s’exhalaient des odeurs de plats traditionnels Et dans les églises on allumait des cierges Plantés dans des coupelles de sable Achrafieh et Gemmayzé Vivaient au rythme nonchalant du retour au foyer et de sortie pour de courtes balades Les pigeons s’envolaient puis se posaient sur les margousiers Et la voix du muezzin s’élevait de la mosquée Beydoun.
At a quarter to six, as always at sunset, streets and pavements were regaining their calm, houses preparing for evening meals, smells of home cooking wafting from kitchens. In the churches candles were lit, planted in sand, in hollow boxes, Achrafiyeh, Gemmayze and all their streets witnessing the progress of a quiet summer evening, the rhythm of people coming back home, going out for a short stroll, pigeons flying then landing on chinaberry trees and the sound of the evening call to prayer from the Baydun mosque.
La brise de mer se lève sur des lambeaux Cherchant leurs restes Au-dessus de gens perdus sous les pierres Elle traverse chaude les quartiers rasés Au milieu de ce qui fut des maisons et des immeubles. Achrafieh n’a pas dormi ni Gemmayzé Personne n’a dormi ici Tous ont veillé au clair de lune Attendant le lever du soleil d’août Pour vivre leur première journée de malheur Une première journée du calendrier de détresse Au rythme d’une horloge plaquée sur un mur en ruine.
The sea breeze blows over limbs seeking their owners, over men and women lost under piled-up stones, spreading its warmth amid suburbs laid bare, buildings and houses whose roofs have flown. Gemmayze has not slept, nor Achrafiyeh, here no one slept, all stayed awake under the light of the moon awaiting the rising of the August sun from a wall-clock dangling on the remnants of a wall to begin a first day of their misery, a first day of the almanac of grief.
Editions LansKine
Juin sur Avril Elke de Rijcke ` Parution octobre 2021 Genre : POÉSIE Prix : 18 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 176 pages ISBN : 978-2-35963-062-6
Juin sur Avril est envisagé comme s’il s’agissait d’une œuvre architecturale. Son point d’ancrage est la sculpture gigantesque et labyrinthique The Flux and the Puddle (2014) de l’artiste canadien David Altmejd. L’objectif de Juin sur Avril n’a pas été de décrire la sculpture, mais d’investir celle-ci comme l’espace d’une quête poétique. Cette quête poétique n’est autre que le voyage de la vie récente de l’auteure. Y sont abordées plusieurs thématiques, comme l’univers en tant que donnée physique, certaines avancées en neurosciences, le savoir astrologique, l’exigence de l’amour, le désir sexuel, Éros comme juge et possibilité du bonheur.
Elke de Rijcke est écrivain et traductrice de poésie. Ses recherches poétiques concernent différents champs et explorent les possibilités du journal poétique. Elle a publié troubles. 120 précisions. expériences (Tarabuste, 2005) ; gouttes ! pieds proliférants sous soleil de poche (2 vol.) (Le Cormier, 2006) ; Västerås. DARK PASSAGE. Journal d’une désémancipation (Le Cormier, 2012) ; Quarantaine (Tarabuste, 2014). En matière de traduction elle a publié récemment Kees Ouwens, Du perdant & de la source lumineuse (trad. du néerlandais, suivie d’une postface, La Lettre volée, 2016). Elle enseigne les arts et la littérature à l’École Supérieure des Arts Saint-Luc et à l’École de Recherche Graphique à Bruxelles. Elle est par ailleurs responsable d’une plateforme pluridisciplinaire Physical Poetics, et fait partie du Brussels Poetry Collective. http://elkederijcke.be/
soirs de chute
Dans le ciel rayonnant dans toutes les directions du 19 avril les branches plient vers le bas tombées plus rapidement que la prise de conscience.
Des miroitements en teintes changeantes seulement visibles en avril des profondeurs sur des étages d’étoiles.
La douceur atmosphérique recouvre mon immense déception.
Ton cœur est troué comme le corail et cela malgré nos fiançailles au milieu de la mer verte.
Tout m’indique de ne plus t’attendre, l’apprentissage au début de ma nuit me dit au plus radial de ne plus attendre
Editions LansKine
Explorizons Florence Jou
` Parution octobre 2021 Genre : POÉSIE Prix : 14 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 72npages ISBN : 978-2-35963-045-9
Explorizons est organisé comme une série de traversées. On rentre dans un lieu réel/fictif, on en sort, on rencontre des individus réels/fictifs, on suit celles et ceux qui construisent des lieux et tentent de les habiter sous différentes formes et modes. Henry Ford à Fordlandia, des jeunes à Morfondé, Grégory V. à Honolulu… Explorizons est composé de courtes fictions poétiques où se confrontent des positions, des corps, des intérêts quant aux pratiques de territoire.
Artiste-auteure, Florence Jou explore la plasticité de l’écriture, les interactions entre artistes (musiciens, artiste sonore, plasticienne, écrivain) et les modes de diffusion artistique (performance, lecture, dispositif scénique). Elle publie des livres (Explorizons, Alvéoles Ouest aux éditions LansKine, Kalces aux éditions Publie.net, C’est à trois jours aux éditions Derrière la salle de bains), des textes en revues (L’étrangère, Irreverent, remue.net, Peah...). Elle développe depuis 2015 le projet Enquête# où elle écrit et met en scène des fictions sur des artistes et des lieux depuis des contextes de création et d’exposition (Musée Réattu, Arles, Le Grand Café, centre d’art contemporain de Saint-Nazaire, Maison de la poésie de Normandie…). www.florejou.fr
Extrait Explorizons « tu ne t’assois pas quand tu travailles, tu es à horaires précis, douze fois par jour les sirènes sifflent, tu n’es pas appelé par ton nom par ton numéro, tu portes un badge Ford, tu es passé de travailler en forêt à travailler en usine, des contrôleurs passent, tu es propre, tu utilises papier-toilette, tu suis cours de jardinage, de poésie et de danses de salon, tu es propre. »
Editions LansKine
Froid aux yeux précédé de Sous le parapluie, le cri et suivi de Tous les chevaux Antonia Vicens ` Parution octobre 2021 Genre : POÉSIE Collection : Ailleurs est aujourd’hui, domaine catalan édition bilingue Prix : 16 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 144 pages ISBN : 978-2-35963-056-5 Après Lovely (LansKine, 2021) sont publiés ici les trois livres de poésie suivants d’Antònia Vicens. Une écriture pour dire la douleur, l’acceptation révoltée de la réalité et de la souffrance, et ne laisser sur la page que ce cri : « Quand j’ai vu que la vie qui m’attendait resterait dans la plus ancienne tradition patriarcale, j’ai pris la plume avec toute ma capacité de révolte. Comme si c’était un scalpel pour connaître les blessures en profondeur. Ou un creux pour remuer de vieilles servitudes. Pour moi, écrire a été, est liberté. « Anthologie des femmes poètes à Majorque ». Palma, Lleonard Muntaner editor, 2014.
Antònia Vicens (Santanyí, Majorque, 1941), après une longue carrière de romancière et nouvelliste, fait son entrée dans la poésie catalane ces dix dernières années, devenant aussitôt un point de référence incontestable pour les nouvelles générations, avec désormais cinq recueils : Lovely (2009) ; Sota el paraigua el crit (2013) / Sous le parapluie du cri ; Fred als ulls (2015) / Froid aux yeux ; Tots els cavalls (2017) / Tous les chevaux (prix Cavall Verd-Josep M. Llompart de poésie 2018 et Prix national de poésie du Ministère de la culture espagnol 2018) et Pare què fem amb la mare morte (2020) / Papa, que fait-on maintenant que maman est morte.
Extraits :
dSE CASSER LA FIGURE Pas de pain pour tout le monde. Pas d’anges non plus. Le pain sous le bras qu’on t’a promis à ta naissance l’ange gardien que tu devais avoir à ta naissance c’est des mensonges. D’un cœur serré tu vois que seuls quelques enfants ont eu la chance de recevoir des ailes. Jusqu’à ce que finalement ils s’écrasent. Et voici que quelqu’un malgré lui piétine un scarabée.
dESMORRAR-SE No hi ha pa per a tots. No hi ha àngels per a tots. El pa sota el braç que et van prometre en néixer l’àngel de la guarda que et tocava en néixer és mentida. Amb el cor prim contemples com només uns pocs són afavorits d’ales. Fins que al final s’estavellen. Llavors algú sense voler trepitja un escarabat.
la première fois tu frissonnes de ramasser avec ta pelle et ton balai un rat mort que tu le veuilles ou non ses yeux minuscules transmettent la solitude d’un désert de glace la deuxième fois au-dessus du rat tu jettes des feuilles mortes et tu oublies le froid
la primera vegada t’escarrufa arreplegar amb la pala i la granera una rata morta vulguis o no els seus ulls diminuts transmeten la soledat d’un desert de gel la segona vegada al damunt de la rata hi llances fullaraca i t’oblides del fred
Editions LansKine
Implosions ` Parution Juin 2021
Anna Gual
Genre : POÉSIE Collection : Ailleurs est aujourd’hui - Domaine Catalan édition bilingue Prix : 15 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 98 pages ISBN : 978-2-35963-054-1
Premier texte ( d’une jeune poète catalane alors âgée de 22 ans, Implosions propose une reflexion sur la nécessité de l’écriture, la difficulté à être, à habiter son corps. Son écriture, en rupture avec les tentations faciles de certaine poésie narrative du quotidien qui a marqué la génération antérieure, renoue avec une poésie exigeante dans le but assumé de poursuivre la découverte des limites du langage, sans abuser des ressources d’une rhétorique qu’elle veut simple, lumineuse, nette, voire tranchante. Elles pose les jalons de sa quête métaphysique dans les pas de ces femmes-poètes qui explorent la vie du corps, le lien à l’autre et tout ce qui fait d’elles un mystérieux maillon dans la chaîne des générations. Ce texte d’une très jeune femme porte l’énergie et les questionnements de cette génération qui cherche à trouver sa place dans la société. L’écriture, exigeante, en appelle au rêve et à la psychanalyse pour essayer de reprendre possession de son corps, de son cœur. Ses textes exposent à la fois une perception délirante du monde et, en même temps, une conscience effrayée de ce que l’auteure traverse. Anna Gual, née à Vilafranca del Penedès (Catalogne) en 1986, est certainement la jeune voix catalane la plus féconde et la plus en vue de sa génération. Plusieurs prix lui ont valu de figurer déjà dans quelques anthologies ainsi que des invitations à différents festivals de poésie dans la Péninsule ibérique ou hors de ses frontières. Certains de ses poèmes ont été traduits notamment à ces occasions, en anglais, français, espagnol, galicien, russe, croate, portugais et italien.
IMPLOSIONS (LaBreu Edicions, Barcelona 2008) Convalescència / Convalescence Teoria del caos / Théorie du chaos L’ESSER SOLAR / L’ÊTRE SOLAIRE (Lleonard Muntaner, Palma 2013), prix Pare Colom. L’evidència / L’évidence Adults / Adultes MOLSA / MOUSSE (AdiA Edicions, Mallorca 2016), prix Bernat Vidal i Tomàs Esborro però m’ho quedo / J’efface mais je le garde EL TUBERCLE / LE TUBERCULE (3i4 Edicions, València 2016), prix Senyoriu Ausiàs March L’hivernar de l’ós / L’hibernation de l’ours Saudade ALTRES SEMIDEUS / AUTRES DEMI-DIEUX (LaBreu Edicions, 2019) qui clôt la trilogie initiée avec Mousse. Conjur / Conjuration AMEBA (à paraître), prix de poésie Rosa Leveroni. Teoria del caos
Théorie du chaos À la surface de ma peau humaine il y a des restes de salive, baisers, caresses, morsures, sperme, suçons, coupures, blessures, coups, plaies, sueur, cicatrices, égratignures, sang, croûtes, bleus, lésions, griffures, gifles, varices, d’ampoules et de brûlures.
A la superfície de la meva pell d’humana hi ha restes de saliva, petons, carícies, mossegades, esperma, xuclets, talls, ferides, cops, llagues, suor, cicatrius, rascades, sang, crostes, blaus, lesions, esgarrapades, bufetades, varius, butllofes i cremades.
Je n’ai besoin ni de piercings ni de tatouages,
No em calen ni perforacions ni tatuatges,
mon corps est une carte.
el meu cos és un mapa.
Editions LansKine
Le Paysage après Wang Wei Michèle Métail ` Parution Juin 2021 Genre : POÉSIE Collection : Poésie Prix : 14 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 224 pages ISBN : 978-2-35963-043-5
Le Paysage après Wang Wei s’est écrit à partir d’un voyage qui commence par l’étude d’un recueil poétique avant de se réaliser « en vrai », confrontation d’un paysage passé et actuel. L’intérêt est bien sûr dans cet écho (reflet ?) entre les vingt vues et les vingt quatrains de Wang Wei (701 - 761). La seconde partie est conçue pour être lue en suivent les images qui sont présentées sur le site de l’université de Chicago. Si les traductions des poèmes de Wang Wei et Pei di existent déjà en français, ici elles diffèrent car elles sont faites en en fonction de la topographie des paysages évoqués, ce qui en change la compréhension. Elles s’accompagnent aussi de commentaires. De même, cette proposition de lire tout en regardant les illustrations ajoutent une dimension visuelle, n’oublions pas que Wang Wei est à la fois poète et peintre. Le livre de Michèle Métail qui sera aussi l’occasion de lectures performées, ce qu’elle nomme pour en montrer toute l’importance, des publications orales, témoigne encore de l’importance accordée à l’écrit, l’oral, le visuel de son travail. Michèle Métail, née le 8 juin 1950 à Paris, est poète et créatrice de « poèmes sonores ». Après des études d’allemand, elle passe un doctorat de chinois portant sur la poésie chinoise ancienne. Boursière du DAAD en résidence à Berlin, elle y a réalisé un travail photographique. Depuis 1973, ses textes au cours de « publications orales ». Diapositives et bande-son accompagnent parfois ses lectures, où elle travaille l’allitération et l’assonance comme un parasitage, un brouillage du sens. Elle est entrée à l’Oulipo en 1975, introduite par François Le Lionnais. Elle a pris ses distances vis-à-vis du groupe, et vit et travaille aujourd’hui en Berry.
En 2019, Michèle Métail reçoit le prix Bernard Heidsieck d’honneur, saluant l’ensemble de son œuvre. Dernières publications : Poète en kit, Matchboox, Voixéditions, Richard Meier, 2010. Anatomie de la littérature en vingt-six planches rehaussées de couleurs & Fichier Casanova. Anatomie du libertinage. VOIXéditions, Richard Meier, 2010. Le vol des oies sauvages. Poèmes chinois à lecture retournée (IIIe siècle - XIXe siècle), Tarabuste, 2011. Writing the Real: A Bilingual Anthology of Contemporary French Poetry (traducteur Susan Wicks), Enitharmon Press, 2016. Donne. Poeti di Francia e Oltre. Dal Romanticismo a Oggi de Valentina Gosetti, Andrea Bedeschi, Adriano Marchetti, Giuliano Ladolfi Editore, 2017. (traducteur Valentina Gosetti) (ISBN 978-88-6644-349-0) Le cours du Danube - en 2888 kilomètres/vers... l’infini, Les Presses du réel, 2018. Portraits-robots, Les Presses du réel, 2019. «Dédale: vous êtes ici. - Dedalo: siete qui.» (traducteur Valentina Gosetti). Anterem. Rivista di ricerca letteraria fondata nel 1976 44.98 (2019) : 62-71. Pierres de rêves avec paysage opposé, LansKine, 2019 Extrait :
15 - LES SOURCES CHAUDES
UN HOMME JEUNE AU VOLANT MERCEDES QUEUE DE POISSON COUPE LA CONTRE-ALLÉE TENTE DE PÉNÉTRER DANS UNE COUR PRIORITAIRE LE CHAUFFEUR DU BUS KLAXONNE PILE PERSONNE NE CÈDE ÉPREUVE DE FORCE LES DEUX VÉHICULES RESTENT BLOQUÉS LES CONDUCTEURS DESCENDENT PLUSIEURS PASSAGERS LES SUIVENT NE VEULENT RIEN PERDRE DE LA CONFRONTATION AUSSITÔT REJOINTS PAR DES PASSANTS L’ATTROUPEMENT ENFLE ÉCHANGE D’INSULTES LES DEUX HOMMES SE RAPPROCHENT SE MENACENT ON PENSE ILS VONT EN VENIR AUX MAINS SE CRIENT À LA FIGURE LES NEZ PRÈS DE SE TOUCHER À CE MOMENT LE CHAUFFEUR LANCE
JE TRAVAILLE MOI SE REJOUE ALORS L’UN DES THÈMES
FAVORIS DE LA LUTTE DES CLASSES TRAVAILLEUR PAUVRE CONTRE HÉRITIER PROFITEUR CANEVAS POTENTIEL D’OPÉRA RÉVOLUTIONNAIRE LE PREMIER REÇOIT LE SOUTIEN DES BADAUDS LE SECOND S’ÉCLIPSE LES PRÉCÉDENTS HISTORIQUES NE MANQUENT PAS YANG GUIFEI PRÉCIEUSE CONCUBINE CONFORTA SON RÔLE AUPRÈS DE L’EMPEREUR FIT BÉNÉFICIER SES PROCHES DE SES LARGESSES PALAIS ARGENT TITRES DE NOBLESSE CINQ FAMILLES DU CLAN YANG PARADAIENT DANS LES RUES SANS RETENUE LEURS CORTÈGES ÉTALAIENT UN LUXE DISPROPORTIONNÉ SEPT-CENTS BRODEUSES TRAVAILLAIENT AUX ROBES DE SOIE DE LA JEUNE BEAUTÉ ÇA JASAIT FORT DANS LE PEUPLE PARFOIS DES CHARS DÉCORÉS PIERRERIES ET JADE SE DIRIGEAIENT VERS LE MONT LI SORTI DE XI’AN LE BUS TRAVERSE PAYSAGE URBAIN INDUSTRIALISÉ
2ème partie traduction et commentaire des poèmes de Wang Wei à lire en suivant sur le site de l’université de Chicago le déroulé du rouleau.
5 – L’ENCLOS DES CERFS
La montagne est vide personne en vue Seules des voix en écho retentissent Les rayons du couchant pénètrent la forêt profonde Jettent de nouveau leur lumière sur les mousses vertes Y’a personne dans la montagne. On ne dirait pas autrement dans la langue moderne. Ici la silhouette humaine s’est déplacée entre premier et deuxième vers, circule dans le poème le plus célèbre de Wang Wei. Le possible sens allégorique ne parle plus au lecteur de bouddhisme, Paradis de l’Ouest côté du couchant. Il reste vingt mots, image universelle, intemporelle, quintessence de tous les paysages, comme une séquence cinématographique avec travelling, effet zoom au dernier vers. Le lecteur se promène, mais quel chemin suit Wang Wei quittant la croupe aux Bambous clairsemés jusqu’à l’enclos. Aller voir plus loin sur le rouleau, avant de découvrir la haute barrière derrière laquelle gambadent cerfs et biches.
Puis revenir sur ses pas suivant le fil du recueil.
Au crépuscule du soir voir la montagne vide Pour le seul plaisir de l’hôte solitaire Ne rien connaître aux affaires de la forêt profonde Pourtant s’y trouvent les traces d’un daguet
Editions LansKine
La Línéa Audrey Regala ` Parution novembre 2021 Genre : POÉSIE Prix : 16 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 96 pages ISBN : 978-2-35963-059-6
En 2016, j’entreprends une marche de 74 jours, seule, pour relier Marseille à Gibraltar. Environ 1700 kilomètres séparent les deux villes. Pour parcourir cette distance, je choisis de longer la côte méditerranéenne, cap vers le sud, à la frontière entre terre et mer. Cette ligne est mon repère, ma carte et mon chemin. L’écriture s’impose. Les mots s’accumulent au rythme des kilomètres. À mon retour, entre relectures et prélèvements, le projet de la Línea se dessine, s’extirpe du territoire, trouve sa forme. La Línéa est son premier livre. Née en 1991, Audrey Regala est une artiste plasticienne récemment diplômée de l’École Supérieure d’Art et de Design Marseille Méditerranée. Son travail d’écriture se développe parallèlement à son travail vidéo. Il questionne le rapport au territoire et
plus particulièrement les espaces de frontière, de lisière. En 2016, à l’issue d’une marche solitaire de trois mois, sa position d’artiste itinérante se renforce. L’édition de « La Línea » confirme cet engagement. Audrey Regala vit et travaille actuellement à Marseille. Elle multiplie les vidéo-projections dans les espaces naturels de la région qu’elle arpente à pied. Le cadre classique de l’écran de cinéma est remplacé par le territoire lui-même. Le court métrage projeté raconte le site depuis ses détails jusqu’au paysage dans son ensemble. En lien étroit avec ce travail, l’écriture d’Audrey Regala accompagne et prolonge ses rencontres avec les espaces. Par prélèvement de fragments dans son journal de bord, elle retrace, relie, nous ramène au site. On peut retrouver son travail sur le site audreyregala.pb.gallery Extrait L’eau la gare monter descendre les reliefs les rails sentier tunnel colline la ville la gare le bâtiment centre-ville la gare la nationale flanc gauche station service bâtiments béton les façades la chaux
Editions LansKine
Le point de voir Olivier Apert
` Parution novembre 2021 Genre : POÉSIE Prix : 15 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 96 pages ISBN : 978-2-35963-060-2
Le point de voir n’est pas le point de vue. Il en est même l’avers intelligent, lucide, ironique, sentimental enfin, tout ce qui compose une fiction vraie ponctuée de souvenirs précis. Un livre qui dresse une cartographie de tous les affects. Le point de voir : une cartographie. On y croise la mémoire d’une 404 break, les toilettes du Meurisse, la traduction d’un menu à Potsdam, une épitaphe, un vieux chameau désossé, un double, un Docteur improbable qui donne des conseils, trois jeunes filles sur la plage du Racou. Et le tout fait un roman. Olivier Apert est poète, essayiste, dramaturge, librettiste et traducteur. Membre du comité de la revue Po&sie. Il a travaillé au théâtre avec le metteur en scène Nicolas Hocquenghem ; en danse avec les chorégraphes Sylvain Groud et Muriel Piqué. Ses lectures sont musicalisées par le compositeur et musicien David Tuil.
Parmi ses derniers livres : En poésie Si et seulement Si, Editions Lanskine, 2018 Upperground, Editions La rivière échappée, 2011 En essai Baudelaire, être un grand homme et un saint pour soi-même, Editions Infolio, 2009 Gauguin, le dandy sauvage, Editions Infolio, 2012 Robert de Montesquiou, Souverain des choses transitoires, Editions Obsidiane, 2016 En traduction Blues sur paroles (une anthologie du Blues), Editions Le temps des cerises, 2019 Mina Loy, Il n’est ni vie ni mort, Poésies complètes, Editions Nous, 2017 Women (une anthologie de la poésie féminine américaine du XXème siècle) Editions Le temps des cerises, 2014 Extrait Veille. 5 au jardin des Tuileries, Lady B. & le Dr D. se saluèrent autour d’une barbe à papa rose et noire : les commodités tendancieusement vulgaires du Meurice* n’étaient qu’à 2 pas : au bar deux vieux requins au swing élimé tentaient de jouer pour personne – enfin. la pucelle dorée n’était qu’à 2 pas – si fière de son socle solitaire et luisant – enfin une bergère qui ne finirait pas dame-pipi ! un jour peut-être elle baptiserait son fils du nom d’Adolf : elle avait cru entendre murmurer que Gilles avait mauvaise réputation : Lady B. et le Dr D. continuèrent à déambuler au rythme lent de l’Histoire – à deux pas de là *Meurice : hôtel
Sommeil (IL Y A bien ce bouledogue nain à la gueule de travers, aux yeux exorbités et qui peu à peu rétrécit jusqu’à mimer une carapace de crapaud allant se nicher au creux d’un pavé taillé en coquille saint jacques. Qui n’a pas envie de l’écraser alors que dans la chambre anxieusement ouverte à tous les passages, des inconnues voilées repoussent à même le sol des têtes de lit en chêne sculpté. Il suffit pourtant d’uriner en silence sur le crapaud-bouledogue aux babines de travers.)
Editions LansKine
Difficile d’en sortir Paul de Brancion Parution janvier 2022 Genre : POÉSIE Prix : 14 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 72 pages ISBN : 978-2-35963-051-0
Difficile d’en sortir est une réflexion sur la manière dont le pouvoir s’exprime notamment à travers l’emploi du vouvoiement dans la sphère privée et publique. Chaque texte s’ouvre sur un extrait détourné et plein de drôlerie d’une fable de la Fontaine. La deuxième partie, Maître Corbarek XXI est une fable de circonstance sur le Covid. Maître «Corbarek» observe les hommes « malades de la peste » et essaie d’en tirer une leçon « qui vaut bien un fromage sans doute. » Écrivain de romans et de poésie, Paul de Brancion est rédacteur en chef et fondateur de la revue SARRAZINE (www.sarrazine.net). Il s’implique régulièrement dans des projets artistiques transversaux notamment avec des compositeurs de musique contemporaine, organise et anime les Rendez-Vous du Bois Chevalier, rencontres annuelles consacrées à la littérature, aux sciences et à la poésie. Il dirige le café/librairie parisien L’ours et la vieille grille et aux éditions LansKine, la collection Régions froides. Quelques publications de poésie Ma Mor est morte, poésie en prose, éditions Bruno Doucey 2011 Rupture d’équilibre, éditions La passe du vent, 2017 L’ogre du Vaterland, éditions Bruno Doucey, 2017 Tu veux savoir comment je m’appelle ?, éditions LansKine, 2019 Glyphosate for ever, Rougier V. Ed., 2020 ... de romans Le Château des Étoiles, étrange histoire de Tycho Brahé, astronome et grand seigneur, biographie romancée, éditions Phébus 2005. Traduit en danois, brésilien et tchèque L’enfant de Cederfeld, roman, éditions Albin Michel 1991
Extrait 1 Dans le courant d’une onde pure
vous avez cette facilité faculté de décider impérativement de toute chose
nous étions des nains des riens sous les rudiments des frondaisons du monde contraints à tenir compte des lois rédigées par ce vous impérial et distant ce qui conduit à rechercher par quel truchement l’impérieuse nécessité édictée par/pour vous malgré vous s’est traduite en impossibilité de transgresser Extrait 2 Maître Corbarek XXI sur un cabinet de consulting perché tenait dans son blanc-bec un Covid (XIX) alléché mutant phénoménal issu des faveurs inouïes des Ohms ou plutôt des Fhoms qui par égocentrisme et géocentrisme effrontés avaient fait son lit
Editions LansKine
RÉACTEUR 3 [Fukushima] Ludovic Bernhardt ` Parution novembre 2021 Genre : POÉSIE Prix : 13 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 64 pages ISBN : 978-2-35963-048-0
RÉACTEUR 3 [Fukushima]est une exploration des images produites par les robots explorateurs décontaminateurs de la centrale nucléaire de Fukushima, notemment le robot Little Sunfish qui, le premier, a réussi a s’aventurer dans les eaux radioactives du réacteur 3 de la centrale. Ce poème veut enfoncer le langage dans les toxicités visuelles sombres et granuleuses de la catastrophe techno-scientifiques dont Fukushima reste un symbole le plus désastreux. C’est aussi la naissance de zones interdites à l’homme par leur haut degré de contaminations radioactives, raison pour laquelle les robots se substituent à l’être humain pour les explorer. RÉACTEUR 3 [Fukushima] est donc un texte sur la catastrophe, la robotisation du monde contemporain mais aussi sur les images machiniques. RÉACTEUR 3 [Fukushima] est conçu comme un livre/lecture performée/installation Ludovic Bernhardt, écrivain et artiste visuel (diplômé du Fresnoy) aborde l’écriture comme élément rhizomatique intégré à son travail artistique, ses installations et ses lectures performées. Ludovic Bernhardt, écrivain et artiste, diplômé du Fresnoy, manipule des signes idéologiques contemporains, textuels et iconiques. À travers l’installation et la littérature, en passant par le curatoring, il interroge certains symptômes de la globalisation. Il vit et travaille actuellement à Paris après avoir vécu six années à Istanbul Dernière publication : Work Bitch (éditions JOU)
---------------------/ Quand un son de cloche synthétique annonce le bain, le robot Toshiba fixe son objectif à revers des écrans de contrôle [dix écrans et trois contrôleurs en uniforme]. Sa mission sera de démanteler la centrale, supprimer cinq-centsoixante-six barres de combustibles engoncées dans la cuve de refroidissement. En déviant les globes oculaires, ce que l’on voit, c’est un bras retirant le combustible des assemblages de barres. En simulation. À distance. Vision intacte. Propriété.
---------------------/ Les mots ont la vie longue dit-il, écumant son doute sous des rayons de nucléons. Rentré chez lui, l’homme sermonne son double. Crise de panique dans le câble son, audio dévoré par des rotors d’hélicoptère. La lettre équivalente se délite en lui. L’usine se plie, dessous. Si on reprend les sondes robotiques, qu’apprendon ? Que les faces cachées du problème se fissurent.
Editions LansKine
Les corps caverneux Laure Gauthier ` Parution février 2022 Genre : POÉSIE Prix : 15 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 136 pages ISBN : 978-2-35963-057-2 Les corps caverneux (LansKine, septembre 2021) constituent un récit poétique construit en huit séquences. Le titre fait allusion au désir sexuel dont la force insurrectionnelle se manifeste dans le livre notamment à la séquence « désir de nuages « et « les corps cav «. Néanmoins, derrière l’allusion à nos anatomies désirantes, les « corps caverneux « désignent ici, avant tout, les cavernes en nous par analogie avec les cavernes préhistoriques : les corps caverneux sont donc ces espaces vides, ces trous ou ces failles, que nous avons tous en commun et que notre société de consommation tente de combler par tous les moyens : achats, faits divers etc. Il ne s’agit pas de cabanes, de lieux précaires et provisoires à habiter hors de nous, mais d’espaces solides et intimes à défendre avant que d’aller lutter à l’extérieur. Dans chacune des séquences est évoquée une nouvelle attaque contre ces espaces intimes de respiration et de liberté, en réaction à laquelle une musique émerge, une musique de nos cavernes, qui nous permet de nous cabrer et de rester vigilants. Laure Gauthier est née le 10 juin 1972 à Courbevoie. Elle vit et écrit à Paris. Elle obtient en 2003 un doctorat en études germaniques et enseigne depuis 2005 à l’université de Reims-Champagne-Ardenne (URCA). Depuis 2019, elle y enseigne dans un cursus « arts de la scène contemporaine «. Elle est l’auteure de textes de poésie, de prose, d’essais et de textes pour œuvres multimédias. Son travail poétique se poursuit par différentes collaborations avec des artistes contemporains notamment dans le domaine du son : ainsi collabore-t-elle avec différents compositeurs contemporains comme Fabien Lévy, François Paris, Núria Giménez-Comas, Sofia Avramidou, Xu Yi ou encore Pedro Garcia Velasquez : elle travaille à la fois à des pièces musicales et à des installations transmédias.
LIVRES (POESIE)je neige (entre les mots de villon), LansKine, 2018. kaspar de pierre, La lettre volée, 2017. la cité dolente, châtelet-Voltaire, 2015 marie weiss rot / marie blanc rouge, Delatour, 2013. ALBUM (CD-Livre) Eclectiques Cités, un album transpoétique, Acédie58, février 2021. LIVRES TRADUITS La città dolente, bilingue italien / français, traduzione di Gabriella Serrone, Macabor, 2018. kaspar di pietra, bilingue italien / français, traduzione di Gabriella Serrone, Macabor, février 2021. kaspar aus stein, übersetzt durch Andreas Unterweger, Edition Thanhäuser, à paraître avril 2021. Rodez blues (extrait) Il pleut encore sur rodez d’une pluie déjà vue une pluie presque chaude hors-saison Il pleut toujours sur rodez d’une pluie sans printemps des gouttes qui tombent avec rebond comme du blues nécessairement Tu te souviens sans doute des bonds et rebonds de l’eau près du granit rose qui tombent en chantant qui tombent exactement comme des notes bleues regardant
Une Rapsodie pour qui ? (extrait) Après les caisses, tu en as pour ton argent, toutes les viandes et même plus toutes les viandes à perte de vue le veau d’or aux hormones ça te booste la phéromone Fais-toi sauter les bretelles avec le ragoût Le veau est tellement gros qu’il ne tient pas debout pas grave, on le sangle Tu es tellement gros que tu ne tiens pas debout près de la bretelle d’autoroute Roule-toi vers le plein vers le plein Digère le trop-plein du vide
Editions LansKine
Trouée Maud Thiria ` Parution février 2022 Genre : POÉSIE Prix : 14 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 80 pages ISBN : 978-2-35963-058-9
-Texte intime relatant l’expérience vécue d’une forme de maltraitance du corps féminin, Trouée tente de dépasser dans le même temps, qui est un temps infini et indéfini, cette intimité pour en faire une expérience au visage de toutes. Trouée de son moi pour un « tu » d’une humanité sans limites faisant corps face à une violence sans limites. Trouée vers une image d’envol pour respirer dans une dernière vision quand le cou étranglé ne sent qu’un filet d’air. Trouée que seul rend possible le langage poétique, ses rythmes, ses traces et ses signes, pour formuler cet indicible, dans un chant coupé, sur le papier couché comme un corps sur le plancher. Maud Thiria est poète et artiste. Elle a publié deux livres aux éditions Æncrages & Co, Mesure au vide en 2017 et Blockhaus en 2020 qui a reçu le Prix international de poésie Yvan Goll 2021. Ses textes comme les « traces » qu’elle réalise à main nue inscrivent le corps au cœur de son travail autour de la disparition et de la mémoire, de la maladie de l’être humain et de son environnement, de l’empêchement à dire et à être. Elle a obtenu en 2021 une résidence d’écrivain Ile de France au sein de services gériatriques et psychogériatriques de trois hôpitaux parisiens.
vois la mer monter en toi terre ouverte en contrebas du corps chemin osseux terrain vague veines saillantes jus qui coule mer perdue rouge morte
toi l’émiettée arrachée à la nuit parlant au nom de sa langue d’absence sa langue coupée cousue de mots – brave bave bavarde – une langue de croûte humaine partagée connue seule reconnue et qui coule ici à travers
Editions LansKine
Amnésie collective Koleka Putuma ` Parution mars 2022 Genre : POÉSIE collection Régions Froides - Afrique du Sud livre bilingue anglais/français Prix : 16 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 224 pages ISBN : 978-2-35963-063-3 L’Afrique du Sud contemporaine est construite sur une identité nationale qui se caractérise par un traumatisme collectif permanent et son effacement simultané, une «Amnésie collective». Les thèmes qu’aborde Koleka Ptuma sont l’amour, la religion, les identités féminine, noire et queer, l’héritage de l‘apartheid... Elle pointe et dénonce le machisme qui règne jusque dans les milieux les plus «progressistes», la violence homophobe de la société sud-africaine, le manque de visibilité et les discriminations dont sont victimes les lesbiennes, entre autres dans son poème intitulé No Easter Sunday for Queers, (Pas de dimanche de Pâques pour les queers) qu’elle a adapté au théâtre. Ses poèmes, qui demandent avant tout «JUSTICE !», ont inspiré et accompagné de nombreuses manifestations et mouvements féministes et étudiants. son livre pose la question du genre en littérature et traduire Collective Amnesia implique de recourir au langage non genré, ce qui en français suppose des choix - adjectifs, participes passés, pronoms personnels - tout en veillant à ne pas gêner la lecture ce qui a été parfaitement réussi par le traducteur Pierre-Marie Finkelstein. Koleka Putuma, née à Port Elizabeth (Afrique du Sud) le 22 mars 1993), est une poétesse, dramaturge et metteuse en scène de théâtre sud-africaine. Fille de pasteur, elle est titulaire d’une licence (B.A) en études théâtrales et arts du spectacle de l’Université du Cap. Alors qu’elle est encore au lycée, elle écrit un poème remarqué sur le VIH et le sida. En 2014, étudiante, elle remporte le championnat d’Afrique du Sud de slam et met en scène sa première pièce, Uhm, qui traite de l’influence de la langue anglaise dans son pays. Auteure de poèmes, de pièces de théâtre pour jeunes enfants et pour bébés, elle produit et met en scène des spectacles qui remportent un grand succès et lui valent plusieurs prix. Son poème Water paru en 2016, qui figure aujourd’hui au programme des lycées en Afrique du Sud et
jusqu’en Suède, évoque la mémoire de l’eau, des océans - les bateaux chargés d’esclaves, l’arrivée des Européens en Afrique, l’hydrocolonialisme - (thème cher à Ronelda Kamfer, autre poétesse sud-africaine) et rappelle que l’accès à l’eau a aussi une dimension politique et historique. C’est le début d’une renommée qui dépasse vite les frontières de son pays natal. Son premier recueil de poèmes, Collective Amnesia, publié en 2017, est une véritable tempête sur la scène littéraire sud-africaine et lui vaut un succès immédiat ; vendu à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, plus gros succès de librairie de toute l’histoire de l’Afrique du Sud pour un ouvrage de poésie, récompensé par de nombreux prix littéraires, régulièrement réédité, étudié dans les lycées et les universités, il est traduit peu après sa parution en espagnol, en allemand, en danois, en suédois et en néerlandais. D’autres traductions, notamment en italien et en portugais, sont en préparation. Encensée par la critique (la Johannesburg Review of Books la qualifie de «génie»), Koleka Putuma est invitée à des festivals de poésie aux États-Unis et dans plusieurs pays d’Europe (Allemagne, Angleterre, Pays-Bas, Suisse, Suède). Elle a fondé Manyano Media, une société multidisciplinaire qui produit et promeut les oeuvres d’artistes noirs et queer. EAU TSV Le souvenir des promenades sur la plage la veille du nouvel an, je le partage avec mes cousin.e.s et avec la plupart de celles et ceux qui ont grandi dans une famille noire. Les ancien.ne.s nous interdisaient de nous éloigner du bord de piquer des fous rires, de nous éclabousser avec nos collants noirs et nos sacs en plastique du Shoprite noués autour de nos extensions toutes neuves, nous interdisaient de surfer sur les vagues par crainte que nous ne devenions une masse noire que balaie la marée et qui plus jamais ne revient, comme des déchets. Les ancien.ne.s nous l’interdisaient comme si l’océan souffrait d’une intoxication alimentaire. Souvent je me demande pourquoi j’ai l’impression de me noyer à chaque fois que je regarde au fond de l’eau, et pourquoi je me sens si incroyablement petite. Souvent j’entends cette blague sur les Noir.e.s qui ne savent pas nager, sur les Noir.e.s qui ont peur de l’eau. Nous sommes l‘objet de leurs moqueries et nous aussi, nous avons souvent ri de nous-mêmes de la façon dont nous nous essuyons le visage quand nous sortons de l’eau. Regardez-les : on les croirait sorti.e.s tout droit d’Alerte à Malibu, Regardez-nous : rebelles, prenant des poses, les cheveux en bataille. Pourtant, dès que notre peau entre en contact avec l’eau, c’est comme si les roseaux se souvenaient qu’ils furent aussi des chaînes, comme si l’eau qui bouillonne voulait vomir en bloc esclaves et navires sur la grève, tous et toutes au grand complet, comme quand ils et elles ont embarqué, levé l’ancre et sombré.
Editions LansKine
Tache jaune/Monochrome bleu/sorte de blanc ` Parution mars 2022 Genre : POÉSIE Prix : 14 euros Format : 15 x 22 cm Nombre de pages : 88 pages ISBN : 978-2-35963-064-0
Un conte nous est-il prédestiné, reflet de notre histoire, passé, présente et inconsciemment nous faisons notre cette histoire. L’auteur va, lors d’un voyage au Danemark, un peu par hasard dans la maison d’Andersen. Cette visite onirique le conduit à la rencontre de son histoire familiale préfigurée par un conte d’Andersen lu alors qu’il était enfant. Mais voici que les « indications muettes » se mettent à vibrer, à résonner. Comme un appel, un sursaut ! Un jeu d’enfant?Une comptine Jensens, Brohus, Odense… Et tout est relancé ! On accélère. On rentre dans le jeu. Là-bas, au bout de la rue, comme un estuaire sonore, la maison d’un conteur. C’est un refuge pour nos mots affaiblis. Un lieu où toutes les histoires, même effacées des mémoires, reprennent vie. Éric Villeneuve est né le 22 mars 1959, à Lyon. Bien qu’« Eric Villeneuve » ne soit pas un nom de plume, dans le registre biographique on ne trouve à lui associer que des titres de livres : des romans parus depuis 1981, Grouge, Le Morticien, La Lune seule, Aventures dans l’île de Juillet (tous chez P.O.L. Éditions).
Extrait Est-ce donc cela, un conte ? Une histoire que l’on improvise, en état de faiblesse ou de sidération, à la faveur de quelques mots nouveaux ? En tout cas, l’âge que l’on a, aux portes du conte, et l’âge que l’on a, en son sein (tel que l’on s’y projette), ce n’est pas le même. A l’intérieur du conte, on remonte si naturellement vers la source qu’aussitôt on rajeunit. * « Jensens », « Brohus », « Odense », telle est l’histoire, à la source. L’histoire, improvisée, d’un vêtement de pluie – coupe-vent rouge, dans le cas de la jeune fille, et ciré jaune, mettons, pour moi (comme quand j’étais enfant et que le jaune était ma couleur préférée).
SCIENCES HUMAINES
DU MANAGEMENT ET AUTRES CHRONIQUES ALAIN FREUDIGER DU MANAGEMENT ET AUTRES CHRONIQUES
Alain Freudiger Face à un monde qui devient de plus en plus complexe, il est bon d’avoir des éclairages originaux et singuliers. C’est ce que propose Alain Freudiger avec ce recueil de chroniques. Celui-ci accorde une large place à la description critique du management, logique folle qui a envahi toutes les sphères de nos vies. A la manière d’un Roland Barthes avec ses Mythologies, Alain Freudiger décortique les injonctions à l’évaluation et à l’auto-évaluation, au remplissage de fichiers excel, à la définition d’objectifs de performances que l’individu moderne ne peut atteindre qu’au prix de sa propre auto-aliénation. En adepte de l’art du « braconnage » tel que préconisé par Michel de Certeau, l’auteur propose néanmoins quelques pistes afin d’enrayer le « cancer gestionnaire » qui s’empare de plus en plus de chaque pan de nos sociétés et de nos existences contemporaines. Pamphlétaire, ironique et précise, la plume d’Alain Freudiger opère des frappes chirurgicales là où ça fait mal et utilise l’humour comme baume là où c’est nécessaire. Faisant appel à la logique, à l’histoire, à la culture populaire ou à la littérature, ces chroniques sont d’abord parues en revue de façon éparse pour être ici rassemblées pour la première fois et remises en forme dans une composition nouvelle.
Hélice Hélas Editeur Rue des Marronniers 20 CH-1800 Vevey Tél.: ++41 21 922 90 20 litterature@helicehelas.com www.helicehelas.org > litterature@helicehelas.com Distribution Suisse : Servidis Chemin des Chalets 7 CH-1279 Chavannes-de-Bogis Tél.: ++41 22 960 95 10 www.servidis.ch > commande@servidis.ch
Distribution France - Belgique : Serendip-Livres 10 Rue Tesson FR - 75010 Paris Tél.: ++33 14 038 18 14 www.serendip-livres.fr
Alain Freudiger est né en 1977. Il a étudié l’histoire du cinéma et s’est illustré comme critique pour la revue «Décadrages». Il est également auteur de pièces sonores et travaille aux archives de la Radio Télévision Suisse. Son œuvre littéraire est composée de romans (Liquéfaction, Hélice Hélas, 2019), d’un recueil de nouvelles (Espagnes, La Baconnière, 2016) et de pamphlets (Morgarten, Hélice Hélas, 2015).
— Collection : Paon dans ton Q.I ! Genre : Chroniques Sujets abordés : Management ; Capitalisme tardif ; Aliénation — Format 16x22 cm, 184 pages ISBN 978-2-940700-12-7 CHF 22 / EUR 16 Parution 1er mars 2022, Suisse, France et Belgique.
DU MANAGEMENT ET AUTRES CHRONIQUES
L’IMBÉCILLITÉ GESTIONNAIRE Dans l’histoire de la bêtise humaine, il y a eu différents stades, souvent inattendus, toujours consternants. Aujourd’hui, nous en sommes arrivés à celui de l’imbécillité gestionnaire. De la gestion et du management devenus à la fois universels, totalitaires et irrémédiablement stupides. Vous en avez marre de remplir des tableaux rigides, de suivre des procédures abracadabrantes? De voir gonfler les intermédiaires et autres parasites en lieu et place de véritables interlocuteurs ? De passer plus de temps à chiffrer vos activités qu’à les effectuer et à les vivre ? De devoir faire coïncider la réalité avec la planification, et de la faire entrer dans des grilles inappropriées mais seules tenues pour vraies ? Vous n’êtes pas le seul. Tout le monde, à des degrés divers, citoyens, salariés, consommateurs, abonnés, patients, usagers, clients, vacanciers, locataires, internautes, a souffert et pesté contre l’invasion gestionnaire. Mais politiquement, il n’y a curieusement pas de relais. La gauche défenseuse des conditions de travail critique-t-elle l’omniprésence de la gestion ? Non. La droite prompte à dénoncer la bureaucratie critique-t-elle l’omniprésence de la gestion ? Non. Il est pourtant temps de s’attaquer au problème ! Si tout le monde ressent, avec plus ou moins de précision et d’acuité, le mal, encore faut-il le définir et le circonscrire, établir un diagnostic. Car mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde, dit-on. Dès lors, comment nommer cette prolifération de la gestion : Gestionnite ? Imbécillité gestionnaire ? « Empire du management »1 ? Cancer gestionnaire ? D’ailleurs, faut-il préférer le mot de gestion, ou celui de management ?
12
DU MANAGEMENT ET AUTRES CHRONIQUES
Le chantier qui s’ouvre est grand et important. Il va consister en plusieurs étapes. D’abord nous allons dresser le constat et l’état des lieux de la vie sous gestion. Ensuite, nous analyserons certains des effets et certaines facettes du tout-gestionnaire. Pour finir, nous développerons des pistes de court-circuit et de résistance, voire des issues à ce totalitarisme imbécile. Les observations et remarques qui suivent ont été faites aux quatre coins du monde par d’innombrables personnes, mais surtout en Occident. Elles concernent en premier lieu le monde du travail : mais pas seulement, car la gestion s’est imposée partout et envahit toutes les couches de la vie. D’abord, un petit retour en arrière est nécessaire. Si la logique gestionnaire est plus ancienne que cela, c’est pourtant à partir de 1945 qu’elle va se déployer de manière généralisée, avec une accélération dès les années 1970 sous la bannière de ce qu’on a appelé le New Public Management. A cela, plusieurs causes concourent : les désastres de la Seconde guerre mondiale ont, semble-t-il, définitivement invalidé et disqualifié les idées de Progrès et la confiance en la direction par les hommes de la destinée des sociétés. Dès lors, et prenant appui sur l’essor de la cybernétique, une « gouvernance » à la fois scientifique et rationnelle qui fonctionnerait par input vers output, renseignée à chaque fois par la rétro-action d’un thermostat (nous reviendrons sur le thermostat), paraît préférable à l’arbitraire et à l’idéologie, fussent-ils généreux et émancipateurs. Foin de grands idéaux, l’efficacité pratique : c’est le triomphe de la raison utilitaire, qui, après avoir mis à bas les « grands récits » (philosophie postmoderne), n’invoque plus d’autre idéal que la bonne gouvernance et place son salut dans la bonne gestion.
13
Payer le mal à tempérament Un livre de 102 pages au format 16x22 cm. Impression numérique des pages intérieures sur bouffant et couverture en typographie sur papier keaykolour lin.
Dans ce livre qui rassemble deux articles parus en 1981 dans la revue Topique, la philosophe Simone Debout revient sur l’apport décisif de la pensée de Donatien Alphonse François de Sade dans la construction du système imaginé par l’utopiste Charles Fourier : l’Harmonie. La présentation par Emmanuel Loi est un trait — une lance — vers Simone Debout qui a résisté à toutes les défaites du XXe siècle et su garder hautes les exigences
nverseraient re ils , es rt fo ns io ss pa s de « Avec » les maîtres et les préjugés.
d’une vie passionnée. Dans une langue riche et précise, elle montre comment ces deux penseurs Sade et Fourier en faisant la critique des « moralistes » des Lumières et de la Révolution française ont pointé les limites et les dérives d’une civilisation, la nôtre, où le mouvement passionnel est entravé, suborné par le fétichisme de la marchandise et où la réalité
Parution : décembre 2021 EAN : 9782914363242 Prix public : 20 €
du crime a dépassé la fiction Sadienne. Simone Debout insiste sur la découverte extraordinaire de « l’attraction passionnelle » et sur la capacité d’émancipation toujours neuve ouverte par l’usage immodéré des passions…
Un extrait du texte de présentation d’Emmanuel Loi (ci-dessous les pages 1, 3, 4 et 5) est disponible sous la forme d’un diaporama sur le site des
Les auteurs
Simone Debout-Oleszkiewicz (19192020), philosophe proche de Maurice Merleau-Ponty et de Jean-Toussaint Desanti, François Cuzin qui furent ses camarades de classe, elle participe activement à la Résistance à Paris et Grenoble. Elle découvre Charles Fourier après la guerre, fait republier l’ensemble de ses œuvres (dont des manuscrits inédits trouvés à la Bibliothèque de France). Elle est l’auteure de plusieurs livres et de nombreux articles en revues. Citons : Griffe au nez, Anthropos, 1974, réédition Payot, 1999 ; Correspondance avec André Breton, Claire Paulhan, 2019. Un film remarquable : Charles Fourier, l’illusion réelle a été réalisé avec elle en 2008 par Martin Verdet, Nicole Chosson et Annie Trassaert.
Emmanuel Loi est né dans les Vosges en 1950 et vit actuellement dans les Alpes-de-Haute-Provence. Son œuvre de près d’une trentaine d’ouvrages touche des domaines aussi différents que le théâtre, la critique d’art et des essais. Il s’intéresse particulièrement aux auteurs objets d’une malédiction ou d’une méprise. Ses dernières parutions : « Artaud » dans la revue L’Infini, Prendre part, Serre du Doux, Marseille amor et Le Jeu de Loi au Seuil…
Contrairement au divin marquis, Fourier ne concentre pas leur puissance [celle des passions] en une seule direction. Il ne retourne pas le désir sur lui-même. Il multiplie les divers élans les uns par les autres : centrant tout sur le sentiment le plus puissant de tous, l’amour, « pivot de société ». Il se rattache lui aussi à la tradition chrétienne mais au contraire de Sade, il ne cherche pas à détruire les illusions, il veut — déjà — les réaliser, reprendre leur bien à la religion et à la morale, transférer l’amour et l’énigmatique exigence du ciel ou de l’idéal sur la terre. Pas du tout incapable de penser la violence, « l’audace du désespoir », il vise aussi résolument à en sortir que Sade à s’y enfoncer, à l’aggraver.
éditions Quiero… La gravure sur bois reproduite sur la couverture (et ci-dessous) est l’œuvre de Renaud Eymony.
L AU R A P E T E R S E L L KÉVIN CERTENAIS
RÉGIME GÉNÉRAL POUR UNE SÉCURITÉ SOCIALE DE L’ALIMENTATION
L AU R A PETERS ELL KÉVIN C ERTENA IS
LL RSE ETE NAIS E RA P L AU N C E RT L I ERSEL KÉV A PET IS L L AU R RTENA ERSEL E T C E P N I A KÉV NAIS L AU R CERTE KÉVIN
R ÉG I M E GÉNÉRAL ME RÉGI RM L RÉGI ÉI AE RÉMGEIM E É NG R E M I É M G I G É G R É L R A GÉ R NÉ GÉRA L E L GÉNÉ NÉR RAL A É R N É RÉGIME É N AL G É G GÉNÉRAL E M I G É R RÉGIMEL L A R RÉGIME É ÉRA GÉN N É G E IM G É R GÉNÉRAL GÉNÉRAL
L AU R A P E T E R S E L L L K É V I N C EARUTREAN A P IES KÉV IN C TERSEL L ERT ENA IS
L ERSEL A PET NAIS L AU R E T R E C KÉVIN L AU R A P E T E R S E L L KÉVIN CERTENAIS PO
LE
UR UN E SÉ CU RI TÉ SO CI AL E DE L’A LI M EN TATI ON
L C IA É SO ERSEL ELL A PET S S É C U R ITAT IO N ETERS IS NAIE L AU R URA P C E RPTOEU R U N ’A L IM E N T L ALE ENA N I V KÉ IA V I N C E R T C DE L SO É KÉ C U R IT
E SÉ SO C IA LE SO C IA LEPO U R U N LI M EN TAT IO N U R IT É U R IT É L LU R U N E SÉ C D E L’AL A U R A P E T E R S EPO N N E SÉ C TAT IO N EN M LI PO U R U A LI M EN TAT IO A A I S D E L’ D E L’ KÉVIN CERTEN POUR UNE SÉCURITÉ SOCIALE DE L’ALIMENTATION SO C IA LE U R IT É N N E SÉ C PO U R U A LI M EN TAT IO D E L’
SO C IA LE U R IT É N N E SÉ C PO U R U A LI M EN TAT IO D E L’
TÉ SOC IAL E POU R UNE SÉC URI N DE L’AL IME NTATIO
L A U POUR RITÉ SOCIA LE R A P UNE USÉCU EPTO E R RU S EE LSLÉ L’ALIMN K É V I N CDE ENTA C U R IT TION ER T ED E N LA’AILSIM É SOC IA E N TA T IO N
PO UR UN E SÉC UR ITÉ SO CIA LE DE L’A LIM EN TAT ION
Régime Général n’est pas un livre de recettes minceur. Il s’attaque à la question du patriarcat. Régime Général n’est pas un livre sur les bananes. Il parle de l’exploitation des peuples par les multinationales. Régime Général observe notre système alimentaire sous toutes ses coutures et propose de quitter la table pour renverser l’ordre établi. Les réflexions qu’il présente s’inspirent des travaux du sociologue Bernard Friot sur l’une des grandes conquêtes de la classe ouvrière : le régime général de Sécurité sociale.
LE
L’ouvrage repose sur cinq piliers : 1 – Qui travaille et dans quelles conditions ? 2 – Qui possède les terres et les outils de la filière alimentation ? 3 – Qui décide de ce que nous mangeons ? 4 – Qui a le pouvoir sur l’investissement ? 5 – À qui profite le système ? Ces questions sont imbriquées et traversées par des visées féministes et postcoloniales. Elles permettent d’appréhender le système alimentaire (production, transformation, distribution et consommation) dans sa globalité et d’interroger nos pratiques sociales liées à la nourriture. Régime Général ébauche une Sécurité sociale de l’alimentation financée par une nouvelle cotisation. Ses caisses conventionneront des collectifs de travail en copropriété d’usage, verseront un salaire à vie aux travailleuses et aux travailleurs et seront gérées par les habitant·es des territoires concernés et par les salarié·es des entreprises conventionnées. Elles définiront les critères de conventionnement et décideront des investissements à réaliser. Par ailleurs, les caisses de Sécurité sociale de l’alimentation verseront à chaque résident·e une allocation mensuelle utilisable dans les entreprises conventionnées et subventionneront un service public de la restauration collective. En développant ces propositions, Laura Petersell et Kévin Certenais entendent rendre tangible et désirable un système alimentaire postcapitaliste qui contribuera à la lutte contre le patriarcat et le néocolonialisme.
L AU R A P E T E R S E L L KÉVIN CERTENAIS
RÉGIME GÉNÉRAL
Format : 12 x 18,3 cm, xx pages Collection : Travailler le travail ISBN : 978-2-493403-01-8 Prix : 10 euros Rayons : Essais Thèmes : Alimentation / Sciences sociales Sortie : Janvier 2021
POUR UNE SÉCURITÉ SOCIALE DE L’ALIMENTATION
LAURA PETERSELL, KÉVIN CERTENAIS – RÉGIME GÉNÉRAL
À PROPOS DE L’AUTRICE ET DE L’AUTEUR Membres de l’association d’éducation populaire Réseau Salariat, Laura Petersell et Kévin Certenais sont des militant·es engagé·es dans des combats et des initiatives de lutte sociale, chacun·e à sa manière : d’un côté, la ruralité, l’écologie, la lutte hors de l’emploi, un souci de l’action concrète et une culture paysanne. De l’autre, la ville, l’engagement contre la répression sous toutes ses formes, la lutte syndicale au sein de l’emploi, une approche plus conceptuelle et un intérêt pour les mouvements féministes, antiracistes et décoloniaux. Depuis plusieurs années, Laura Petersell et Kévin Certenais militent pour une Sécurité sociale de l’alimentation avec l’objectif de trouver une application concrète aux idées de Réseau Salariat.
SOMMAIRE AVANT-PROPOS CONTEXTE I – LE TRAVAIL Qui travaille ? Dans quelles conditions ?
II – LA PROPRIÉTÉ Qui possède les terres et les outils de travail de la filière alimentation ?
III – LA GOUVERNANCE Qui décide de ce que nous mangeons ? Prenons le pouvoir !
IV – L’INVESTISSEMENT Comment ça marche ? Qui a la main ? Pourquoi est-ce important ?
V – LE BUT À qui profite le système ?
CONCLUSION L’alimentation est politique
LAURA PETERSELL, KÉVIN CERTENAIS – RÉGIME GÉNÉRAL
EXTRAITS
La revendication d’un « prix rémunérateur » incite la classe paysanne à se battre par filière de production plutôt que pour son statut, ce qui conduit à une bataille pour le prix du litre de lait, pour le prix de la tonne de céréales, pour le prix du kilo de légumes, de fruits, etc. La classe paysanne se retrouve divisée pour défendre ses intérêts, il devient alors difficile de mener un combat global en tant que classe. […] Voilà pourquoi nous revendiquons un salaire à vie pour l’ensemble des travailleuses et travailleurs de la filière alimentation. Si l’horizon désirable concerne l’ensemble de la population, embrasser le sujet secteur par secteur permet de penser concrètement sa mise en œuvre et de nous doter de revendications communes et concrètes pouvant ainsi « faire classe ». Chapitre I, p. 14-17
Certaines communes créent des régies publiques maraîchères, pour la restauration de leurs cantines scolaires, parfois leurs crèches municipales. Elles embauchent des maraîchèr·es avec un statut de salarié·e voire un statut de fonctionnaire territorial leur assurant ainsi la garantie d’un salaire mensuel déconnecté de leur production. C’est aussi une manière de détacher le travail de la propriété de la terre puisqu’ici les terres agricoles appartiennent à la commune (chapitre II). […] Toutes ces initiatives sont inspirantes et porteuses d’espoir, néanmoins elles restent marginales et ne sont pas au bénéfice de l’ensemble de la population. C’est pourquoi la Sécurité sociale de l’alimentation s’inscrit dans une dimension systémique : comment penser le changement d’échelle notamment grâce à une cotisation sociale de l’alimentation (chapitre V) et à l’importance accordée aux investissements (chapitre IV). Chapitre II, p. 18
LAURA PETERSELL, KÉVIN CERTENAIS – RÉGIME GÉNÉRAL
Nous luttons pour la mise en place d’une véritable démocratie économique qui donne le pouvoir de décisions au peuple sur l’organisation de notre société en termes de choix de production, d’organisation du travail, d’investissements. Le régime général de Sécurité sociale nous a ouvert la voie sur la perspective d’une société où : – Toute la valeur ajoutée est socialisée et reconnue comme le résultat du travail de toutes et tous ; – Toutes les décisions, relatives à qui peut produire quoi, et comment la valeur ajoutée est distribuée, sont prises collectivement. Chapitre III, p. 38
La mise en place d’une Sécurité sociale de l’alimentation, inspirée du régime général de la Sécurité sociale, permettra de fournir des prestations sociales à l’ensemble de la population. Les prestations sociales peuvent être sous forme monétaire (on parle alors d’allocation), ou en nature. La Sécurité sociale de l’alimentation associera une allocation mensuelle versée à chaque habitant·e permettant d’acheter de la nourriture auprès des entreprises conventionnées et le déploiement d’espaces de restauration collective où les repas seront servis gratuitement. Chapitre V, p. 55
La Sécurité sociale de l’alimentation telle que nous la proposons permettra à des millions de personnes de s’installer en agriculture paysanne via des collectifs de travail autogérés, en ayant la garantie d’un salaire à vie et dans le cadre d’une filière alimentaire débarrassée des objectifs lucratifs qui prédominent pour l’instant. Il sera possible de produire des aliments dans des conditions de travail désirables puisque décidées collectivement et avec un salaire garanti. Cette matière première abondera les marchés, les ateliers de transformation, les magasins alimentaires et les lieux de restauration collective qui seront conventionnés par les caisses de Sécurité sociale de l’alimentation et répondront tous aux mêmes critères de socialisation de la valeur ajoutée produite en secteur marchand et de copropriété d’usage des outils de travail. Conclusion, p. 60
LAURA PETERSELL, KÉVIN CERTENAIS – RÉGIME GÉNÉRAL
ARTICLES & ENTRETIENS « La Sécurité Sociale de l’Alimentation », Le Ministère de l’Éducation populaire, Radio Pikez, 6 août 2020. http://www.pikez.space/album/ministere-de-leducation-populaire/ « Pour une Sécurité sociale au XXIe siècle : un projet de sécurité sociale de l’alimentation », Les Utopiques, n° 13, juin 2020. https://www.syllepse.net/leurs-violences-nos-ripostes-_r_64_i_811.html En version longue sur le site internet de Réseau Salariat. https://www.reseau-salariat.info/articles/pour-une-securite-sociale-au-xxieme-siecle-unprojet-de-securite-sociale-de-l-alimentation/ « L’art de s’alimenter en temps de confinement… et après ! », Club de Mediapart, 4 mai 2020. https://blogs.mediapart.fr/laura-petersell/blog/040520/lart-de-salimenter-en-temps-deconfinement-et-apres-1
INTERVENTIONS & CONFÉRENCES Laura Petersell, « Pour une sécurité sociale de l’alimentation », Transition Days 2020, 18 octobre 2020. https://www.youtube.com/watch?v=8_nbF3gC6oY Kévin Certenais (avec Dominique Paturel), introduction à la soirée « Pour une Sécurité sociale de l’alimentation : vers une solidarité postcapitaliste », sefederer.org, 16 octobre 2020. https://www.sefederer.org/2020/10/16/rencontre-discussion-alimentation-solidarite-postcapitaliste/ Laura Petersell, « Le projet de sécurité sociale de l’alimentation, aspects internationaux / décoloniaux », automnales 2020 de Réseau Salariat, novembre 2020 https://www.reseau-salariat.info/dossiers/automnales_2020/ Kévin Certenais, conférence gesticulée « Jusqu’où les ruraux se soumettront-ils aux urbanistes ? Une autre Histoire du bocage… », août 2018. https://www.youtube.com/watch?v=N9KjQAcZ60o
NOTES Lorsque son écriture sera terminée, Régime Général sera mis en ligne au format PDF et rendu disponible au téléchargement sur le site de Riot Éditions. Tous les exemplaires de ce livre seront imprimés en risographie et façonnés par Riot Éditions à Saint-Étienne.
LAURA PETERSELL, KÉVIN CERTENAIS – RÉGIME GÉNÉRAL
APRÈS LA RÉVOLUTION HORS SÉRIE – JO PARIS 2024. CARNETS DE LUTTES
Après la révolution est un journal d’application de la pensée architecturale à d’autres objets que la production de bâti. Ce premier hors-série traite des luttes organisées et menées à l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Cet ouvrage s’appuie sur le travail de thèse en cours de Marianna Kontos, coordinatrice de ce numéro, membre du journal Après la révolution et militante au sein de deux collectifs d’habitant·e·s mobilisé·e·s, le Comité de vigilance JO Paris 2024 à Saint-Denis et Saccage 2024. Ce travail propose un autre rapport à la recherche, une recherche en lutte, capable de contribuer à une mobilisation qui s’est développée ces quatre dernières années autour des aménagements liés aux JO de Paris 2024 :
le projet polluant de l’échangeur autoroutier sur l’A86 pour le quartier Pleyel et les 700 enfants de l’école Pleyel Anatole France à Saint-Denis ; l’urbanisation de l’aire des vents du Parc départemental Georges Valbon ; la destruction d’un hectare des jardins ouvriers d’Aubervilliers ; l’expulsion et le relogement indigne des résidents du Foyer de travailleurs migrants ADEF de Saint-Ouen ; la programmation urbaine accélérant le processus de gentrification de la Seine-Saint-Denis et contribuant ainsi au projet du Grand Paris… C’est dans cette perspective combative que l’ouvrage s’inscrit, en donnant la parole aux habitant·e·s mobilisé·e·s, mais aussi aux chercheur·euse·s engagé·e·s et aux militant·e·s de différents pays, critiques de l’organisation de tels grands évènements mondialisés au service de la fabrication de la ville néolibérale. Ce hors-série comprend 25 contributions et documents. Il est mis en page, imprimé, relié et façonné à Saint-Étienne par les membres de l’association Après la révolution.
Format : 20,8 x 29,5 cm, 150 pages ISSN : 2678-3991 ISBN : 978-2-493403-00-1 Prix : 20 euros Rayons : Beaux-arts / Essais Thèmes : Architecture / Sciences sociales Sortie : Mars 2022
APRÈS LA RÉVOLUTION – HORS-SÉRIE – JO PARIS 2024. CARNETS DE LUTTES
SOMMAIRE DU NUMÉRO ÉDITO > POUR UNE RECHERCHE EN LUTTE – Manuel Bello Marcano, Marianna Kontos, Xavier Wrona
COMPRENDRE LE CONTEXTE DES JO DE PARIS 2024 > TEMPS, DÉMOCRATIE, JUSTICE SOCIALE ET ENVIRONNEMENTALE DANS LA FABRICATION URBAINE DES JEUX OLYMPIQUES ET PARALYMPIQUES PARIS 2024. CE QUE RÉVÈLE LA MOBILISATION DES HABITANTS DOCUMENTS : PLAN DE SITUATION DES PROJETS JO – SCHÉMA DES ACTEURS – FRISE CHRONOLOGIQUE – Marianna Kontos > EXTRAIT DE PLAINE COMMUNE : ENTRE GENTRIFICATION ET ARTIFICIALISATION DES TERRES – Asso Appuii > PETITE ENCYCLOPÉDIE DE L’HÉRITAGE À VENIR EN SEINE-SAINT-DENIS – Saccage 2024 > LECTURE CRITIQUE DE LA LÉGISLATION OLYMPIQUE : LA FRANCE AU GARDE-À-VOUS DEVANT LE CIO – Frédéric Viale > JO 2024 : L’AGENCE NATIONALE DE LA RECHERCHE PLANIFIE LA TECHNOPOLICE – Halte au Contrôle Numérique
LA MOBILISATION CONTRE LES JO DE PARIS 2024 Le comité de vigilance JO Paris 2024 à Saint-Denis > INFORME : QUELQUES TRACTS DU TOXIC TOUR > INTERPELLE/MOBILISE : LES CAHIERS CITOYENS/LETTRES/TEXTES/TWEETS DU COMITÉ DE VIGILANCE JO PARIS 2024 > DÉNONCE : IMAGES DE LUTTES > PROPOSE : UN PLAN ALTERNATIF > ENTRETIEN DE MARIANNA KONTOS AVEC HAMID OUIDIR Saccage 2024 > INFORME : « TU VOIS LÀ, SOUS MON JARDIN, CE SERA LES QUAIS DU MÉTRO. PAROLES DE JARDINIER·E·S D’AUBERVILLIERS ET DE PANTIN » > DÉNONCE/MOBILISE : IMAGES DE LUTTES YOUTH FOR CLIMATE – BANDEROLES DE MANIF – PHOTOS ET AFFICHE ANTI-PUB – TRACTS > OCCUPE : IMAGE DE LA JAD – TRACTS DE PROGRAMMATION DES ACTIVITÉS À LA JAD > ENTRETIEN DE MARIANNA KONTOS AVEC FLEUVES ET ENTIONE
CONTRE LES JO ET LEUR MONDE > CELEBRATION CAPITALISM AND THE POLITICS OF THE OLYMPIC GAMES – Jules Boykoff > LA POLLUTION, UN MAL COMMUN POUR LUTTER CONTRE LES INJUSTICES ENVIRONNEMENTALES SUR LE TERRITOIRE DES JO EN SEINE-SAINT-DENIS ? – Pauline Biern > HENRI LEFEBVRE AUX JEUX OLYMPIQUES. LE DROIT À LA VILLE DANS LES MOBILISATIONS D’HABITANTS À SAINT-DENIS – Guillaume Jean > DÉFENDRE LE COMMUN AU SEIN DES RÉSIDENCES SOCIALES. LE CAS DU FOYER DE TRAVAILLEURS MIGRANTS DE SAINT-OUEN – Clarisse Jouan et Célia Escribano > L’EFFET JEUX OLYMPIQUES SUR UN FOYER DE TRAVAILLEURS MIGRANTS – Aissatou Mbodj > DES FOYERS AUX RÉSIDENCES SOCIALES : UN RACISME D’ÉTAT – Michael Hoare > YOU CANNOT REFORM THE OLYMPICS – NOlympicsLA > LES JEUX OLYMPIQUE 2016 ET LES LEÇONS DU PASSÉ : L’EXPÉRIENCE PÉDAGOGIQUE DE LA VILA AUTÓDROMO ET DU MUSEU DAS REMOÇÕES – Matheus Viegas Ferrari > OLYMPIAN APPARATUSES – Sabu Kohso > UNE CRITIQUE URBAINE DES JO D’ATHÈNES 2004 – Maria Markou > JO 2024 : DES ACCUSATIONS DE PROPOS RACISTES ET MISOGYNES CRÉENT UNE CRISE INTERNE – Jade Lindgaard et Antton Rouget > EXTRAIT DE LES MÉTROPOLES BARBARES. DÉMONDIALISER LA VILLE, DÉSURBANISER LA TERRE – Guillaume Faburel > EXTRAIT DE LA NATURE EST UN CHAMP DE BATAILLE – Razmig Keucheyan
APRÈS LA RÉVOLUTION – HORS-SÉRIE – JO PARIS 2024. CARNETS DE LUTTES
APRÈS LA RÉVOLUTION – HORS-SÉRIE – JO PARIS 2024. CARNETS DE LUTTES
APRÈS LA RÉVOLUTION – HORS-SÉRIE – JO PARIS 2024. CARNETS DE LUTTES
APRÈS LA RÉVOLUTION – HORS-SÉRIE – JO PARIS 2024. CARNETS DE LUTTES
APRÈS LA RÉVOLUTION NUMÉRO 2 – POLITIQUE
Après la révolution est un journal d’application de la pensée architecturale à d’autres objets que la production de bâti. Ce second numéro thématique annuel traite des infrastructures politiques. Il engage un bilan critique des modalités d’organisation politiques issues de processus insurrectionnels et révolutionnaires dans le monde, d’un point de vue théorique, critique mais aussi en donnant la parole à des acteur·ice·s de ces évènements. Ce travail est accompagné de la republication de documents historiques peu accessibles. Il explore parallèlement d’autres architectures possibles pour les contestations et d’autres ordres du mondes à mettre en œuvre après la révolution.
Comité de rédaction du journal : Manuel Bello Marcano, Lynda Devanneaux, Adrien Durrmeyer, Anaïs Enjalbert, Sara El Alaoui, Émilien Épale, Paul Guillibert, Marianna Kontos, Léo Pougnet, Claire Thouvenot, Amélie Tripoz, Emma Vernet, Xavier Wrona. Ce journal est une des activités de l’association Après la révolution, basée à Saint-Étienne. Ce numéro 2 comprend 54 contributions. Il a été imprimé, relié et façonné à Saint-Étienne par les membres de l’association Après la révolution.
Format : 20,8 x 29,5 cm, 352 pages ISSN : 2678-3991 ISBN : 978-2-9571574-8-8 Prix : 20 euros Rayons : Beaux arts / Essais Thèmes : Architecture / Philosophie / Sciences sociales Sortie : Mai 2021
SOMMAIRE DU NUMÉRO ÉDITO POUR LA FIN DU NI-NI – Le comité de rédaction
DOCUMENTS INTRO – Le comité de rédaction L’ORDRE RÈGNE À BERLIN – Rosa Luxemburg DIXIÈME LETTRE : ÉTAT – Jakob von Uexküll LA (NON) PERTINENCE DU GENRE DANS LA PERSPECTIVE DE LA POST-HUMANITÉ – Brigitte LG Baptiste QU’EST-CE QUE LA SCIENCE DE L’ORGANISATION ? – Alexandre Bogdanov LA VIOLENCE COMME PRAXIS LIBÉRATRICE : DE FRANTZ FANON À L’AUTODÉFENSE – Elsa Dorlin À PROPOS DES FORMES POLITIQUES D’ÉRIC BAUDELAIRE ET LA PLACE DES FORMES DANS LA CONSTRUCTION POLITIQUE DU CORPS SOCIAL – Xavier Wrona PUISSANCES DU FAUX (JOURNAL) – Éric Baudelaire ACCOMMODER LE DÉSORDRE – Éric Baudelaire CONTRE L’INNOCENCE : RACE, GENRE ET POLITIQUE DU SAFE – Jackie Wang WHAT WE WANT NOW! WHAT WE BELIEVE – Black Panther Party L’ARCHITECTURE RÉVOLUTIONNAIRE DU TIERS MONDE – Fernando Salinas
INTERVENTIONS INTRO – Le comité de rédaction GALILÉ, 18 ANS, GILET JAUNE – Galilé BRIGADES DE SOLIDARITÉ POPULAIRES. AUTODÉFENSE POPULAIRE ET SANITAIRE – « Seul le peuple sauve le peuple » À PROPOS DU PEUPLE CUBAIN, DE L’ÉTAT CUBAIN, DU COMMUNISME ET DE LA VIE DANS UN TERRITOIRE APRÈS LA RÉVOLUTION – Ernesto Oroza, une conversation avec Manuel Bello Marcano, Claire Thouvenot et Xavier Wrona JOURNAL DES GILETS NOIRS – Gilets Noirs FORENSIC ARCHITECTURE, UNE QUESTION DE VIE OU DE MORT – Marianna Kontos et Xavier Wrona COCOCKTAILS – Imaginés par les membres de l’association Après la révolution. Cococtés par Jérémie Robert
APRÈS LA RÉVOLUTION – NUMÉRO 2 – POLITIQUE
ENQUÊTE : QUE SE PASSE-T-IL AU VÉNÉZUÉLA ? DISCUSSIONS AUTOUR DE LA CRISE VÉNÉZUELIENNE APRÈS LA RÉVOLUTION – Freddy Bello et Yaneira Wislon. Deux conversations avec Manuel Bello Marcano pour le comité de rédaction APPEL À OCCUPER LES TERRES ET À BLOQUER LES INDUSTRIES QUI LES DÉVORENT – Les Soulèvements de la Terre
ÉPISTÉMOLOGIE VITRUVE ET MARX, INTRODUCTION À LA SECTION « EPISTÉMOLOGIE » – Léo Pougnet pour le comité de rédaction LA POLITIQUE EST-ELLE UNE IDÉE EN ARCHITECTURE ? DIGRESSION À PARTIR D’UN DISCOURS DELEUZIEN – Manuel Bello Marcano LIVRE À PARAÎTRE. ARCHITECTURE ET RÉVOLUTION AU XXIE SIÈCLE. POUR UN LÉNINISME ARCHITECTURAL – Xavier Wrona VERS UNE ARCHITECTURE SOCIALE. ORDRE, ÉQUILIBRE ET CONTREPOIDS CHEZ SIMONE WEIL – Thibault Rioult BASE/SUPERSTRUCTURE, OU QUAND LE SQUELETTE FAIT BLOC AVEC LA PEAU : SUR QUELQUES TERMES DE LA TRADITION MARXISTE – Un entretien de Léo Pougnet et Xavier Wrona avec Claire Thouvenot, pour le comité de rédaction CONTRE LE POUVOIR ARCHAÏQUE. POLITIQUE, ARCHITECTURE ET RÉVOLUTION – Adrien Durrmeyer
PÉDAGOGIE INTRODUCTION – Émilien Épale, Marianna Kontos, Amélie Tripoz et Emma Vernet NOTA – Manuel Bello Marcano et Xavier Wrona DU CHIAPAS AUX NOUVEAUX MONDES. L’INSURRECTION ZAPATISTE COMME MODÈLE POUR UNE EUROPE NON GLOBALISÉE – Florine Billeaud & Daniele La Terra CAPITALISME ET « COMMUNISME ». LE CAS DE LA CHINE – Zakaria Yalaoui & ... QU’EST-CE QUE LA TERRE ? GHANA, NIGERIA, KENYA – Gwen Legrand & Lea Maria Moser QUEL EST LE PROBLÈME AVEC LA DÉMOCRATIE REPRÉSENTATIVE ? LE CAS DE HÉNIN-BEAUMONT – Ine Poelmans & Mathias Brissonnaud PMA GPA TRANSNATIONALE. GUATEMALA, HONDURAS – Laurence Bertin & Melissa Biard LA QUESTION DU DÉCLIN DE L’ÉTAT-NATION. LA RÉVOLUTION AU ROJAVA – Chloé Chazal & ... LES ÉTATS-UNIS COMME PROJET D’UNE AMÉRIQUE POSTCOLONIALE. LE CAS DE LA TRIBU DE STANDING ROCK – Juliette Boucher & Romain Zimmermann RÉINVENTER LA POLITIQUE EN GRÈCE – Marine Boisset & Paul Coquet CYBER-ACTIVISME – Pierrick Guillot & Pierre Piccardi LA SOUVERAINETÉ DES MÉDIAS. LE CAS DU VÉNÉZUÉLA – Arnaud Mewis & VVV ZAD PARTOUT – Jacob Durand & Youngbin Im BIBLIOGRAPHIE
CRITIQUE INTRO – Le comité de rédaction LES RAISONS D’UN ÉCHEC. GOUVERNANCE, SCIENCES SOCIALES ET TRANSITION PRODUCTIVE – Pierre Caye 2015, UNE DYSTOPIE POLITIQUE : CE QUE « L’EXPÉRIENCE GRECQUE » NOUS APPREND DE LA NATURE ET DU FUTUR DE LA POLITIQUE – Alexis Cukier L’AMOUR ET LA VIOLENCE. RETOUR SUR LE CONTRE-SOMMET DU G7 – Elizabeth Hale & Tiphaine Kazi-Tani DES ESPACES AUTOGÉRÉS À ATHÈNES EN RÉPONSE À LA CRISE – Marianna Kontos, Matina Triandafylou & Inès Morales Bernardos CONSTRUIRE LA RÉVOLUTION : GINZBOURG LE SOVIÉTIQUE VERSUS LE CORBUSIER LE RÉPUBLICAIN – Jessica Paci LE SOUTH SIDE DE CHICAGO, UNE HISTOIRE DU DROIT À LA VILLE. LES GANGS DU SOUTH SIDE COMME FORME DE REVENDICATION DU DROIT À LA VILLE – Émilien Épale LE TRAVAIL DU CARE – Pascale Molinier LA POLITIQUE DES LANGUES EN URSS COMME INFRASTRUCTURE POLITIQUE – Pascal Bonnard. Un entretien avec Claire Thouvenot, Léo Pougnet et Xavier Wrona pour le comité de rédaction LE PROBLÈME DU LOGEMENT, UNE DIMENSION CRITIQUE DE LA CRISE GRECQUE – Maria Markou LA CRISE DU CENTRE ET LES NOUVEAUX PROJETS POUR ATHÈNES – Alkisti Prepi À PROPOS DE DURER – Pierre Caye. Un entretien avec Adrien Durrmeyer, Manuel Bello Marcano et Xavier Wrona pour le comité de rédaction
APRÈS LA RÉVOLUTION – NUMÉRO 2 – POLITIQUE
L’ARCHITECTURE RÉVOLUTIONNAIRE DU TIERS MONDE Fernando Salinas Extrait d’un manifeste du même nom publié en 1967. Ce texte est cité dans la discussion avec Ernesto Oroza (cf. section « Interventions », p. 66). Un fantôme parcourt les chemins de l’architecture moderne, la transformant depuis ses racines : le fantôme des besoins du tiersmonde, du monde sous-développé, des trois continents. Selon les calculs des Nations Unies, en l’an 2000, la population mondiale dépassera les 7 milliards d’habitants, c’est-à-dire qu’elle doublera la population actuelle. Au cours des dix dernières années, la population totale a augmenté de 480 millions de personnes ; en trois ans, entre 1960 et 1963, elle a augmenté de 170 millions de personnes, et on s’attend à ce que la population de la planète augmente de 600 millions de personnes au cours des dix prochaines années. En 1950, 80 % de la population mondiale vivait dans des zones rurales. Les grandes villes
1967
connaissent une croissance de 4 % par an. Il y a vingt ans, il n’y avait que 30 villes d’un million d’habitants ou plus, il y a dix ans, elles étaient 60 et aujourd’hui, elles sont 80. En vingt ans, la ville de Caracas a quintuplé sa population. Le Caire, la plus grande ville africaine, qui comptait 2 millions d’habitants en 1947, en compte aujourd’hui 3 518 000. La population de Bogota est passée de 648 000 habitants en 1951 à 1 680 000 en 1964.
LE TIERS-MONDE : LE ROYAUME DU BESOIN. Sur cette population mondiale, 75 % vivent dans des zones dites sous-développées, soit environ 2 341 millions d’habitants, avec un taux de croissance moyen de 22 % par an. Entre les années 1960 et 1962, selon les statistiques, 2/3 de l’humanité, c’est-à-dire le monde sous-développé, a un revenu annuel moyen de 136 dollars, alors qu’en
Amérique du Nord et en Europe, le revenu moyen est respectivement de 2 845 et 1 033 dollars ; dans ces années, le revenu des pays développés a augmenté de 100 dollars, et celui des pays sous-développés de 5 dollars. Toute l’électricité produite en Inde ne suffirait pas à éclairer New York. La moitié de la population mondiale a moins de 25 ans, et parmi eux, 900 millions de jeunes vivent dans les pays du tiers-monde. En Afrique, 103 millions ; en Amérique latine, 89 millions ; en Asie 700 millions ; et en Europe et Amérique du Nord, respectivement 135 et 165 millions. D’ici 1970, la population des pays sous-développés augmentera de 300 millions, dont la moitié en Amérique latine et les trois quarts en Asie vivrons à la campagne. En Amérique latine, 62 villes de plus de 100 000 habitants constituent 40 % de la population totale. En Asie, entre 1970 et 1975, les villes de plus de 20 000 habitants vont augmenter de 500 millions. En Inde, un milliard de dollars
est nécessaire pour loger les nouveaux habitants des villes de plus de 100 000 habitants, et pour leur fournir de l’eau, du gaz, de l’électricité et des transports, il faudrait doubler l’investissement. En Amérique latine, on estime qu’il faudrait 1,4 milliard de dollars par an, investis sur 30 ans, pour faire disparaître le déficit de logements. Selon les estimations de la Direction des affaires sociales des Nations Unies, 150 millions de familles dans les pays les moins avancés ont besoin d’un logement adéquat. Parmi les niveaux de construction fixés comme objectifs par l’ONU, il y a celui de construire 10 maisons pour 1000 habitants dans chaque pays. Dans de nombreux pays, seules deux maisons pour 1000 habitants ont été construites. Voici quelques-unes des réalités terribles et amères du soi-disant tiers-monde, qui constituent le germe de ses transformations révolutionnaires.
CONSTRUCTIONS ET SOUS-DÉVELOPPEMENT. Sur un seul et même continent, l’Amérique latine, les besoins en matière de construction sont énormes. On compte 31 333 000 logements existants en 1951 pour accueillir 158 210 000 habitants, dont 80 % doivent être démolis ou réparés vu leur état de conservation. Pour absorber le déficit de logements, la croissance démographique et le remplacement des logements touchés, il faudra construire – selon l’intéressante étude sur le sujet menée par l’architecte Maria Luisa Lezcano pour le VIIe Congrès de l’U.I.A – 2 993 000 maisons par an pendant trente ans afin d’accueillir une population estimée sur le continent à 456 305 000 habitants, soit 90 355 000 familles de 5,05 membres en moyenne. Si l’on compare ce chiffre à la moyenne annuelle de 310 000 logements produits sur le continent entre 1957 et 1961, on arrive à la conclusion qu’il est nécessaire de doubler la production de logements pendant plus de trente ans pour résoudre le problème du continent latino-américain. Et si nous nous reportons ces chiffres, de manière globale, aux 3,5 milliards d’habitants du tiersmonde en 1990, nous arrivons à la conclusion qu’il sera nécessaire de construire environ 800 millions de maisons à cette date, soit quelque 27 millions de maisons par an pendant trente ans, pour résoudre le seul problème du logement sur les trois continents (l’Amérique latine, l’Asie et l’Afrique). En d’autres termes, il faudra multiplier par dix la construction de logements – et donc la construction en général – pour résoudre les problèmes fondamentaux en trente ans, en atteignant les niveaux de 10 logements pour mille habitants proposés par les Nations Unies. La satisfaction de ces besoins humains concrets constitue le germe de la révolution de l’architecture et de la construction dans le tiersmonde. Dans des conditions optimales d’approvisionnement et d’organisation, en utilisant des systèmes de construction artisanaux traditionnels, on peut calculer qu’un travailleur produit en moyenne une maison par an. En utilisant les techniques les plus avancées de production et d’assemblage de grands panneaux, la productivité peut être portée à 2,5 à 3 maisons par an et par homme. Mais l’utilisation de certaines
techniques avancées est limitée par le volume élevé de production stable qu’elles nécessitent. Ainsi, si l’on tient compte du fait qu’un pourcentage très élevé de villes du tiers-monde comptent moins de 15 000 habitants et que moins de 60 % des maisons seront construites dans des zones rurales isolées, nous pouvons atteindre une productivité moyenne de 1,7 maison par travailleur, en utilisant 20 % de la construction en grands panneaux ou similaire, et en mécanisant et en modernisant au maximum les systèmes traditionnels au cours d’une première étape. Cela nous amène à la conclusion que même si nous révolutionnons profondément la technique, étant donné le volume de main-d’œuvre disponible et les caractéristiques réelles du problème, notre monde ne pourra, pendant longtemps, résoudre dans ce sens que 70 à 75 % de leurs besoins. Comment surmonter, avec l’urgence qu’exige cette situation, l’apparente impossibilité pour le monde sous-développé de résoudre ses besoins ? Seulement par une révolution de son économie, de sa société, de sa technique et de son architecture, et dans le domaine de l’architecture, avec une révolution des concepts, des méthodes et des réalisations qui l’animent.
CARACTÉRISTIQUES DE L’ARCHITECTURE DU TIERS-MONDE. BASES DE SA TRANSFORMATION. L’architecture des pays sous-développés qui n’ont pas entamé leurs profondes transformations économiques et sociales, peut être caractérisée par les aspects suivants : 1) Le contraste entre le luxe des constructions d’une minorité et la pauvreté des constructions de la grande majorité active de la population, notamment en ce qui concerne le niveau de logement, la surface par personne et les services correspondants. 2) L’accumulation progressive du déficit de logement avec l’aggravation du problème du logement qui en résulte. 3) Les différences de niveau de vie et de logement entre la campagne et la ville. 4) La spéculation foncière et la construction à des fins de profit obligent la plupart des gens à résoudre leur problème spontanément, avec des maisons dispersées dans la campagne et des bidon-
villes, et des quartiers insalubres à la périphérie des villes. 5) la participation minime de l’État dans la résolution du problème du logement. 6) L’existence parallèle d’une technique avancée pour résoudre des problèmes isolés et d’une technique artisanale primitive, utilisée dans de nombreux cas spontanément, dans le reste des constructions. 7) La concentration des investissements dans la construction dans les grandes villes, conséquence de la spéculation foncière et de la construction à but lucratif, et la dispersion et l’abandon des constructions dans les campagnes. 8) L’utilisation généralisée de matériaux importés comme conséquence du sous-développement industriel. 9) L’anarchie dans le secteur de la construction, de la multiplicité des dimensions et des types de matériaux de construction jusqu’à la diversité des solutions architecturales à des problèmes similaires, avec le gaspillage de ressources matérielles et humaines qui en résulte. 10) Le fait de consacrer l’effort et le talent des architectes et des techniciens à la solution des problèmes isolés de la classe dominante, avec l’abandon de la tâche posée par les besoins de la modeste majorité de la population. 11) L’existence d’un petit nombre d’architectes et de techniciens en fonction du caractère et des limites du volume de travail et des programmes de construction. 12) La subordination des solutions esthétiques aux limites d’une technique inégale, à certains programmes exclusifs et à la déformation de la culture autochtone due à l’influence de l’idéologie du pouvoir dominant, qui limite la recherche d’une expression propre en architecture. L’architecture d’un pays sous-développé ne peut être transformée sans un changement radical de la structure économique, politique et sociale qui a produit le sous-développement et qui est la base, le fondement et la racine de ses caractéristiques. En plaçant les moyens fondamentaux de la production agricole et industrielle, le système bancaire et les moyens de distribution étrangers et nationaux entre les mains du peuple, ce changement permettra d’utiliser rationnellement toutes les ressources et forces disponibles grâce à un plan de développement guidé par des institutions créées à
cet effet et réalisé avec la participation consciente et active de tout le peuple organisé dans les tâches de préparation et de mise en œuvre à tous les niveaux. Le plan de développement d’un pays est le résultat d’un processus historique généré par son peuple qui, en prenant conscience des racines du sous-développement, élimine les obstacles qui empêchent l’évolution, établit les objectifs d’un plan et crée les conditions et les institutions qui assurent sa réalisation. Par conséquent, le plan de développement est la programmation technico-économique pour la réalisation de ces objectifs en fonction des conditions créées dans chaque pays. La planification est définie comme la prévision et la détermination scientifiques du développement futur de l’économie nationale, mais ce développement planifié agit non seulement dans le temps, mais aussi dans l’espace, donnant lieu à l’activité systématique de planification territoriale. La planification de l’aménagement du territoire doit être fondée sur la planification économique, et doit donc s’appuyer sur des plans ou des directives au niveau national, et sur la base de ceux-ci, établir des plans régionaux et locaux. L’aménagement du territoire doit se fonder sur la structure physique du sous-développement, en la transformant sur la base du contenu économique, politique et social résultant des nouvelles conditions de production. Les plans physiques successifs auront tendance à faire disparaître la déformation de la structure physique, en créant de vastes zones de développement industriel qui dynamiseront les villes existantes ou créeront d’autres zones, et équilibreront la disproportion fondamentale de l’énorme concentration dans les capitales. Le problème du logement, conséquence du sous-développement, est d’une telle ampleur qu’il ne peut être résolu qu’à travers un changement radical de la structure du pays, lui permettant de se développer et de satisfaire ainsi les besoins en logement et en services sociaux de l’ensemble de la population. Le développement économique et technique accéléré fournira les ressources substantielles nécessaires pour répondre à ces besoins. Le logement est un service social qui doit être exempt de tout mercantilisme, et pour lequel l’État a des obligations analogues à celles
52 DOCUMENTS
DOCUMENTS
COCOCKTAILS
LE ZESTE BARRIÈRE
LE TROTSKIR
1 Importe 4 cubes de glasnost, glasnost, 2 verse ensuite 12 cl de jus d’oseille de Guinée 3 ajoute 4 cl de citron pressé 4 enfin, pour transformer ce cococktail en outil de propagande, reproduis le drapeau soviétique en posant deux zestes de citron formant le marteau et la faucille.
1 Verse un peu d’armée rouge composée de crème de fraise dans un verre, 2 fais-la ensuite danser avec un vin blanc pétillant à la dorure de la faucille ou bien avec du prolosecco prolosecco..
53
LE MAOJITO
Pour ce doux mélange entre URSS et méditerranée, 1 importe 3 ou 4 cubes de glasnost, glasnost, 2 mets 2 cl de crème de fraise, 3 1 cl de citron vert pressé, 4 3 cl de martini rouge, 5 et finis le tout avec la deuxième touche soviétique que sont 2 cl de Vodka pour réchauffer les cœurs.
1 Munis-toi de ta faucille pour couper 1/2 citron vert en cubes 2 ajoute une bonne cuillère à café de sucre roux 3 avec ton marteau, pilonne le tout bien fort 4 mets ensuite de la menthe avec 1 ou 2 cl de crème de fraise 5 presse maintenant avec douceur pour ne pas détériorer les feuilles 6 mets de la glace pilée 7 verse 4 cl de liquide cubain 8 remue avec une cuillère 9 verse de l’eau l’eau pétillante jusqu’à surplus 10 et fignole, enfin, en mélangeant avec douceur pour ne pas casser les bulles.
LES RECETTES D’UN BAL MARXÉ RÉUSSI avec nous, vous pouvez nous envoyer vos idées de cococktails à contact@apreslarevolution.org. Nous nous ferons un plaisir de les cococter et de les cocollectiviser.
– le Baby Lait-Nine – le Bloody Marxy – le Hô Chi Minh Tonic – le Toni Negrini – le Cosmo Pôle Emploi – le Che Killa Sunrise
Parmi les différentes tendances de l’ultragauche, c’est la théorie de la communisation qui se démarque en étendant son regard au-delà des relations salariales lorsqu’elle tente de saisir les dynamiques du capitalisme avancé. Maya Andrea Gonzalez écrit au sujet du groupe Théorie communiste (TC) qu’il « se concentre sur la reproduction de la relation capital-travail, plutôt que sur la production de la valeur. Ce changement d’orientation [lui] permet de mettre à [sa] portée l’ensemble des relations qui construisent réellement la vie sociale capitaliste – au-delà des murs de l’usine ou du bureau37 ». Néanmoins, si ce basculement permet d’éclairer les rapports qui
100 INTERVENTIONS
INTERVENTIONS
RÉINVENTER LA POLITIQUE EN GRÈCE Marine Boisset & Paul Coquet
250 PÉDAGOGIE
ÉPISTÉMOLOGIE
caractérisent la vie sociale hors des lieux de travail, il ne permet pas d’éclairer la mort sociale – car les relations définies par la mort sociale ne sauraient être réduites au rapport capital-travail. Au lieu de réduire la race à la classe, le penseur afro-pessimiste Frank Wilderson attire notre attention sur la différence entre le fait d’être exploité sous le capitalisme (en tant que travailleur) et le fait d’être marqué comme sacrifiable ou superflu sous le capitalisme (en tant qu’esclave ou prisonnier). Selon lui, « l’absence de la subjectivité noire au cœur des discours radicaux est le symptôme d’une incapacité à affronter la possibilité que le sujet génératif du capitalisme – le corps noir des XVe et XVIe siècles – et le sujet génératif qui résout les crises de suraccumulation du capitalisme tardif – le corps noir (incarcéré) des XXe et XXIe siècles – ne se laissent pas réduire aux catégories fondamentales qui structurent le conflit au sein de la société civile, c’est-à-dire les catégories du travail et de l’exploitation38 ». Le sociologue de la culture Orlando Patterson insiste également sur la nécessité d’analyser l’esclavage en termes de mort sociale plutôt qu’en termes de travail ou d’exploitation39. Pour ces penseurs, le travail forcé fait indiscutablement partie de l’expérience de l’esclave, mais cela n’est pas suffisant pour définir l’esclavage en tant que rapport [slave relation]40. L’exploitation économique ne suffit pas pour expliquer le caractère racialisé de l’incarcération de masse. Ainsi, les critiques du capitalisme qui ne tiennent pas compte du racisme anti-noir – ou qui ne le considèrent que comme un sous-produit du capitalisme – sont nettement insuffisantes.
depuis le seul angle du sentiment personnel du locuteur. Il est donc compliqué d’y répondre de manière critique (même lorsque cette personne tient, par exemple, des propos racistes) parce que cela pourrait blesser son intégrité personnelle. Qu’un individu se mette à politiser son sentiment personnel d’inconfort dans le langage du safe space peut couper court à toute discussion. L’exemple le plus frappant dont je me souvienne est
chercher à convaincre ces derniers qu’il serait injustifié d’exclure la police. Ses propos ont été rapportés dans les pages du Baltimore City Paper : « je pense, disait-elle, que ces manifestants ont violé l’espace des policiers42 ». L’invocation de la sécurité et de l’intégrité personnelles joue sur un registre purement affectif et émotif43, elle peut donc être manipulée pour tout justifier, du profilage
tisée par les manifestants qui lui criaient dessus lorsqu’elle défendait la police, plusieurs personnes ont cessé de critiquer ses actes et ses propos, bien qu’ils fussent manifestement pro-police, classistes, et stigmatisants pour les sans-abri – elle a par exemple dit : « Il y a trop d’ivrognes et de sans-abri làbas, ils sont vraiment malades de leur dépendance à l’alcool. Mais qu’est-ce que j’en ai à foutre qu’ils soient là ? Je préférerais les voir en
but de se purifier soi-même. Lorsqu’une personne s’identifie à son statut de victime, il est important de se demander si cela ne constitue pas en réalité une manœuvre tactique pour être perçue comme innocente et gagner ainsi du pouvoir dans un espace social donné. Cela n’implique pas de délégitimer les propos tenus par les survivantes, mais plutôt de se débarrasser de l’idéologie de l’innocence afin d’examiner chaque situation dans
LE SAFE SPACE On retrouve aussi la stratégie discursive qui consiste à faire appel à la sécurité [safety] et à l’innocence au niveau micro, lorsque les radicaux blancs manipulent le langage de « l’espace sûr » [safe space] pour conserver leur pouvoir dans les milieux militants. Par exemple, ils réduisent au silence les critiques qui leur sont adressées par des gens de couleur au prétexte que ces critiques les mettraient « mal à l’aise41 » [unsafe]. En utilisant ainsi le langage de l’espace safe, on peut faire passer un inconfort pour un danger imminent. L’expression « je ne me sens pas à l’aise » [I don’t feel safe] est facilement manipulable, puisqu’elle décrit la situation
celui d’une femme d’Occupy Baltimore, qui utilisait un vocabulaire féministe pour défendre les policiers, après qu’un « occupant » les ait appelés pour se débarrasser d’un sans-abri. Quand les policiers sont arrivés sur les lieux, certains activistes leur ont lancé des injures. Cette femme a tenté de calmer la situation en s’interposant entre la police et les activistes pour
racial à la guerre. Une personne qui utilise le langage du safe space pour dénoncer quelqu’un dans un espace militant est nécessairement présumée innocente ; on peut même aller jusqu’à amplifier ou politiser cette innocence présumée. Lorsque la femme d’Occupy Baltimore a déclaré qu’elle était la survivante d’un événement violent, qu’elle avait été trauma-
cure, c’est certain, mais je me fous bien de l’endroit où ils finiront par perdre connaissance44 ».
le détail et de demeurer conscient des multiples luttes de pouvoir à l’œuvre dans les conflits.
Le fait d’avoir survécu à un acte de violence sexuelle n’empêche pas la survivante de perpétuer d’autres formes de violence. De même, les expériences de racisme, de transphobie ou de classisme peuvent être mobilisées dans le
Dans ce débat sur la sécurité, l’autre opposé du spectre est la critique radicale du modèle de l’espace safe formulée par les queers radicaux. Dans un communiqué émis par le Festival queer de Copenhague intitulé « Cette année,
l’espace ne sera pas plus safe ! », les organisateurs annonçaient leur décision de supprimer les lignes directrices du safe space pour en appeler plutôt à « la réflexion et la responsabilité individuelles45 ». À mon avis, ce rejet des formes d’organisation collectives – et ce refus de penser au-delà de l’individu comme unité politique de base – doit être resitué dans un glissement historique plus large chez les queers, avec le passage de l’émancipation queer à la performativité queer, qui coïncide du reste avec l’hégémonie néolibérale et la « politique » du choix centrée sur le « souci de soi46 ». Ceux-ci ont réagi à l’échec des safe spaces par une remise en cause de toute forme de communauté et de toute politique fondée sur le discours articulé/ explicite. En méprisant les efforts visant à contrebalancer les déséquilibres de pouvoir, ils finissent par aplatir ces enjeux et ratent une occasion de poser des questions cruciales sur la distribution du pouvoir, la vulnérabilité et la violence – pourquoi et comment, par exemple, certaines personnes recourent à des langages et des structures afin de répondre à des dynamiques internes oppressives. D’un autre côté, moi qui suis fanonienne, je reconnais que la volonté d’éliminer tous les risques et dangers aboutit à une politique réformiste qui reconduit souvent l’ordre social en vigueur. Les espaces safe peuvent avoir un effet pacifiant sur la combativité. Quand toutes les actions risquées sont bloquées du seul fait qu’elles provoquent de l’inconfort, il devient impossible de penser un programme politique révolutionnaire. Les gens de couleur qui soutiennent que c’est en vertu de leurs privilèges que les Blancs peuvent prendre part à des actions risquées – contrairement aux gens de couleur (qui sont plus souvent ciblés par la police, n’ont pas les ressources nécessaires pour sortir de prison, etc.) – font une évaluation assez juste des différences de pouvoir entre les Blancs et les non-Blancs, mais ils finissent par effacer les gens de couleur de l’histoire des luttes en associant faussement la combativité avec le privilège d’être Blanc. Quand une analyse du privilège se transforme en un programme politique où les plus vulnérables sont tenus à l’abri du risque, la seule politique acceptable devient le réformisme et le repli – une politique menant tout droit à la capitulation devant le statu quo, qui efface l’héritage de groupes comme le Black Panther Party et la Black Libera-
133
tion Army47. Selon Fanon, c’est précisément le risque qui nous pousse à l’action révolutionnaire : l’émancipation exige de risquer sa vie. La combativité n’est pas seulement une nécessité tactique. Son objectif est double : transformer les gens et « modifier fondamentalement » ce qu’ils sont, raffermir leur courage, et les débarrasser du « nœud de désespoir » qui s’est cristallisé dans leur corps48. La politique des safe spaces est centrée sur le bien-être personnel, ce qui peut parfois entraver l’action des groupes fondés sur le consensus. En l’occurrence, lorsque des participants d’Occupy Baltimore se sont confrontés à des agresseurs sexuels, j’ai assisté à une assemblée générale qui était tellement alourdie par les procédures de consensus, que la seule décision à avoir été être prise concernant les agresseurs présents dans l’espace fut d’organiser un atelier de dix minutes sur le concept d’espace safe à la prochaine assemblée. Personne n’a voulu expulser les agresseurs d’Occupy. (Comme le disait Stokely Carmichael, « les libéraux ont peur de se mettre des gens à dos, et sont donc incapables de proposer une alternative réelle49 »). L’insistance sur le bien-être individuel peut paralyser l’énergie et l’élan des corps en mouvement. La politique de l’innocence et la politique de la sécurité et du confort sont liées, en ce que les deux stratégies ont pour effet d’entretenir la passivité. Le bien-être et l’innocence se renforcent mutuellement, comme lorsqu’on réclame du confort sur la base d’une position subjective innocente. Il va sans dire qu’aucune position subjective n’est éthique en soi. Même si je suis une femme de couleur queer, le simple fait que j’habite aux États-Unis fait reposer mon existence sur la violence. En tant que personne non-incarcérée, ma « liberté » ne peut être comprise que par opposition à la captivité d’autres personnes, comme mon frère, qui purge une peine de quarante ans en prison. Lorsqu’on considère la question de la sécurité [safety], on néglige souvent de s’interroger sur la co-constitution de la sécurité et de la violence. Il faut tenir compte du fait que la violence raciale est le revers invisible et nécessaire de la sécurité, particulièrement de celle des Blancs. La sécurité nécessite la suppression ou la relégation de ceux qu’on considère comme une menace. La société civile blanche investit beaucoup d’énergie psychique dans l’effacement et l’abjection des corps sur qui elle projette
44 DOCUMENTS
DOCUMENTS
251
202 PÉDAGOGIE
PÉDAGOGIE
45
CHRONOLOGIE En juillet 2007, la crise financière américaine des « subprimes » ainsi que la crise bancaire de l’automne 2008 inaugurent ce que l’on nomme « la crise financière mondiale ». Le monde se voit « par contagion » selon les économistes européens, tomber dans un déclin économique. Nous questionnant sur la situation économique de la Grèce, nous avons d’abord établi une chronologie des évènements afin de mieux comprendre l’état actuel du pays. La situation économique en Grèce suscite encore aujourd’hui de nombreux débats complexes et parfois controversés. Avant la crise de 2008, la Grèce connut une succession d’événements politiques sans précédent dans l’histoire. Entre 1936 et 1946, la Grèce vit sous la double occupation d’un dictateur nommé Metaxás et les difficultés économiques issues de la Seconde Guerre mondiale. De 1963 à 1967 : George Papandreou, alors Premier ministre, instaure une politique sociale et étatique. C’est une politique où il y a beaucoup de dépenses publiques qui n’amènent que trop peu de renouvellement et d’accroissement du capital de l’économie grecque. En 1981 Karamanlis arrive au pouvoir et instaure avec son gouvernement, la république en Grèce. C’est la fin de la monarchie. À partir de 1981, le gouvernement du socialiste Andréas Papandréou nationalise les entreprises et augmente les aides sociales. En 2001, la Grèce accède à l’euro, mais le pays s’endette à taux très bas. En 2009, La Grèce se voit impactée par la crise économique mondiale et entre dans une période de « dette » envers les créanciers européens. Il s’ensuit en 2010, année où les premières mesures législatives « anti-crise » ont été votées, une succession de négociations et de tensions. La Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international, ce qui est connu comme la « Troïka », ainsi que les pays créanciers européens, entrent dans une logique d’application d’austérité à la Grèce en échange d’une aide financière de leur part. Jusqu’en 2017, année où l’économie grecque renoue avec la croissance, ces négociations et ces aides durent avec l’application de neuf plans d’austérité, trois plans d’aide et une réélection.
Ionnis Metaxas
1936-1946
Georges Papandreous
1963-1969
Konstantinos Karamanlis 1974-1995
Andreas Papandreou
1981-1989
PÉDAGOGIE
lico surgit de nulle part. On récupère enfin un plan et rebroussons chemin direction Ficoba. Entre temps, tous les commerces se sont caparaçonnés derrière des panneaux d’OSB.
Le contre-sommet que nous organisons apportera d’autres réponses. »7 Les salles sont toutes bondées, les places sont chères. Un service de traduction simultané est mis en place. On continue d’errer un peu. On n’est pas les seules, tiraillées entre le « trop de choix tue le choix » et l’incapacité de trouver sa place. Il faut dire que le lieu ne se prête pas réellement à inventer le monde de demain. Les salles, l’organisation, la prise de parole nous font dire qu’on participe à un « autre » sommet, mais qu’on ne dénonce rien. L’enfermement dans des formes institutionnelles ternes et convenues – centre de congrès, conférences plénières qui flirtent avec le show politique (ici JeanGuy Talamoni, là Clémentine Autain), badges autour du cou – menaceraient presque d’avorter déjà
Elizabeth : — Le chemin se fait facilement à pied, mais pour trouver la route on doit suivre une carte et le mouvement. Certaines routes sont barrées. Un groupe de personnes trimarde comme nous avec leurs sacs à dos. En s’approchant de la frontière, nous voyons le Cuerpo Nacional de Policía. Ils ne contrôlent pas les piétons, pour l’instant. Le voisin de train nous lâche pour de nouveaux amis sur le trajet.
État-nation
Tiphaine : — Il nous lâche surtout pour deux filles plutôt mignonnes. Elizabeth : — Sa mallette noire se balance à ses côtés. Flic ? Black bloc ? Touriste ? On le perd de vue. Une affiche nous nargue à l’arrêt de bus. « UN G7 QUI FAIT LA DIFFÉRENCE ? C’EST UN G7 FÉMINISTE ! À l’approche du G7, mobilisez-vous pour les droits des femmes avec #FeministsCount @Women7official »
Confédéralisme démocratique
Fallait oser. Étonnant qu’elle n’est pas déjà été mutilée, même pas un autocollant, ni de réplique au marker.
3. HÉRITAGE (LAME 41) : MANQUE DE LIEN, CE QUI N’EST PAS DANS L’ORDRE DES CHOSES Nous traversons la Bidassoa sur un pont élancé, aux abords dorénavant barbelés et sous surveillance policière ; rien à voir avec le contre-G7 : par ici passe « la nouvelle route des migrants », par laquelle des milliers de personnes en provenance d’Afrique de l’Ouest tentent de rejoindre l’Europe du Nord. Nous finissons par arriver devant le parc des expositions de Gipuzkoa, Ficoba, à Irun, 70 000 m2 de stérilité corporate 2.0. « La conception des installations fait de Ficoba une infrastructure polyvalente. Ses trois pavillons,
232 PÉDAGOGIE
Le communisme ne peut être pensé seul, il est forcément à penser en rapport au capitalisme. Qu’on le veuille ou non, le capitalisme sera automatiquement et absolument rivé contre toute tentative de construction du communisme. Ainsi, nous pensons que la capacité d’une alternative au capitalisme ne tiendra pas tant dans sa cohérence interne, son intelligence ou sa légitimité que dans le rapport qu’elle construira avec le capita-
101
LE CONCEPT DE DÉSYNCHRONISATION Nous travaillons sur la notion des limites. L’Humain peut tendre à créer des compartiments, en inventant des concepts par exemple l’État-nation, les genres, les religions, dans lesquels il prend place et s’identifie. Aujourd’hui, les frontières séparent nos pays, régions, parcelles, mais aussi nos cultures et communautés. Ces limites sont maintenant devenues définitives et peuvent être source de conflits. Les populations du Rojava tentent de retourner à leurs origines autochtones en s’échappant de ces limites, en libérant la question du genre, et en plaçant chacun sur le même niveau d’égalité. Pour grandir la révolution du Rojava et le Confédéralisme démocratique, nous proposons le concept de Désynchronisation des limites, pour décloisonner et décompartimenter. Ce concept est inspiré du modèle du devenir introduit par Gilles Deleuze et Félix Guattari dans le livre « Milles plateaux » en 1980. C’est un modèle en perpétuelle évolution, qui s’oppose ainsi à un régime strict et rigide. Le but n’est pas d’effacer les différences, car au Rojava il y a de nombreuses origines autochtones, religions et langues différentes, mais de rassembler les éléments par leurs points communs, par juxtaposition. En effet, l’humain est un animal politique, il devient parmi les autres, en vivant dans une société gouvernée par des lois et des coutumes. Le fait d’appartenir à un groupe par affinités peut aider à trouver un sentiment d’appartenance et c’est ce besoin d’appartenir à un groupe social qui permet l’identité. L’écologie est très importante dans l’utopie Rojava. Un profond changement dans les relations sociales va également permettre un changement écologique. Alors, ce modèle peut prendre part à la suppression des différentes dominations et hiérarchies, en améliorant les échanges sociaux. Pour cela, nous devons retourner aux moyens de subsistance autochtones pour sortir de la dépendance à l’État-nation.
2/10 Nous devons penser et travailler à l’échelle du monde entier « Ce livre montre que la guerre de 1914-1918 a été de part et d’autre une guerre impérialiste (c’est-à-dire une guerre de conquête, de pillage, de brigandage), une guerre pour le partage du monde, pour la distribution et la redistribution des colonies, des “zones d’influence” du capital financier, etc. […] Pour montrer cette situation objective, il faut prendre non pas des exemples, des données isolées (l’extrême complexité des phénomènes de la vie sociale permet toujours de trouver autant d’exemples ou de données isolées qu’on voudra à l’appui de n’importe quelle thèse), mais tout l’ensemble des données sur les fondements de la vie économique de toutes les puissances belligérantes et du monde entier. » Lénine, L’impérialisme, stade suprême du capitalisme, 1916, p. 5
132 ÉPISTÉMOLOGIE
Selon James, une conception purement générative et disséminée du pouvoir occulte complètement la réalité de la violence policière, la militarisation du système carcéral, la violence institutionnelle de l’État providence et de l’État carcéral, ainsi que la mort sociale et la terreur que vivent les gens à peau noire ou marron. Assurément, les prisons « produisent » de la race ; par conséquent, une théorie du pouvoir comme configuration générative où les rapports de force directs sont minimisés ne peut relever que d’une position subjective blanche.
– la Chaplinacolada – le Rosa Luxembourbon – le Crèmelin – la Griotte Éditions – L’Ananah Arendt – le Vin choviet’
Quand le capitalisme ne marche pas, nous considérons que c’est normal parce que c’est du capitalisme. Par contre, lorsque le communisme ne marche pas, nous considérons que ce n’est pas du communisme et nous disqualifions l’ensemble sans regarder les parties. Quelles leçons pratiques pouvons-nous tirer des tentatives de réalisation du communisme au XXe siècle ?
Un ordre souhaitable du monde est non seulement possible, mais impérativement nécessaire. L’extractivisme généralisé, la destruction de la vie sur terre et l’oppression grandissante des peuples ne cesseront pas tant que le capitalisme existera.
produit en nous poussant à nous produire nous-mêmes, à exprimer notre identité par nos choix de consommation, et à fonder notre politique sur l’affirmation d’identités marginalisées. Dans ses recherches sur l’afro-féminisme, Joy James rejette cette conception du pouvoir en termes de production et d’affirmation de la vie. En réponse à l’idée de Foucault selon laquelle « le réseau carcéral ne rejette pas l’inassimilable dans un enfer confus, il n’a pas de dehors [...] il économise tout, y compris ce qu’il sanctionne35 », James écrit :
Imaginés par les membres de l’association Après la révolution Cococtés par Jérémie Robert Camarades, vous trouverez sur la page suivante les recettes de quatre cococktails. Nous vous diffusons aussi une liste, non exhaustive, de noms d’autres cococktails. Si vous souhaitez jouer
1/10 Nous avons un problème avec les pays socialistes « Il n’y a pas d’utopisme chez Marx, il n’invente pas, il n’imagine pas de toute pièce une société “nouvelle”. Non, il étudie, comme un processus d’histoire naturelle, la naissance de la nouvelle société à partir de l’ancienne, il prend l’expérience concrète du mouvement prolétarien de masse et s’efforce d’en tirer des leçons pratiques. » Lénine, L’État et la révolution, 1917, p. 114
« Il est plus facile, a-t-on dit un jour, d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme : et avec cela, l’idée d’une révolution capable de renverser le capitalisme semble avoir disparue ».
« Et pourtant le système carcéral tue aux États-Unis, et il tue, dans ses prisons, davantage de Noirs que de n’importe quel autre groupe ethnique. Les prisons américaines constituent un “dehors” par rapport à la vie politique du pays. […] Foucault passe sous silence la vulnérabilité des prisonniers face aux passages à tabac, aux viols, aux traitements de choc [et] à la peine de mort. L’incarcération et les exécutions sont les procédures que l’État emploie pour se débarrasser de tout ce qu’il n’arrive pas à assimiler, en le vouant à l’extériorité infernale de la non-existence. Il n’économise donc ni tout, ni tout le monde36. »
LE MARXTINI
I. L’ÉTAT DE L’HYPOTHÈSE COMMUNISTE
nous devons accepter que nous sommes à l’inverse du côté de l’ordre, d’un ordre, peut-être de plusieurs ordres. Mais il nous faut d’emblée adjoindre à un tel énoncé qu’une pensée de ce qu’est l’ordre est absolument nécessaire : penser l’ordre non pas comme une matraque, mais comme un langage, un système, construit sur des règles, une grammaire, qui permet plus qu’elle ne contraint. Aussi, nous devons nous entendre sur le fait qu’un immense travail doit être mené pour libérer la notion d’ordre de l’autoritarisme, du totalitarisme, du virilisme pour pouvoir substituer au capitalisme un ordre du monde souhaitable. Un ordre de l’émancipation est à inventer, mais nous avons un déficit d’intelligence collective de l’ordre. L’architecture qui est un savoir de l’ordre peut être mise à contribution pour cette tâche en dialogue avec d’autres disciplines. Ainsi, il nous faut défendre « le » communisme même s’il est évident à nos yeux que l’ordre du monde communiste ne pourra être composé que d’une pluralité de « communismes ». Il nous faudra probablement un ordre pluriel, un ordre ouvert, des ordres stables, mais autocritiques. Il s’agit cependant tout d’abord d’accepter qu’une bataille est à mener en défense d’un ordre et non contre tout ordre, comme cela semble être le cas au sein des forces progressistes aujourd’hui. Il faudra pour ce faire sortir le capital de nos têtes puisqu’il semble avoir eu raison de nos espoirs et de notre imagination. La glaçante sentence de Jameson sur ce sujet reste indépassable :
PÉDAGOGIE
233
l’auditorium, les salles ou le hall polyvalent peuvent accueillir de multiples typologies d’événements, sous forme de salons, conférences, réunions d’entreprises, expositions, concerts ou spectacles. Un contenu qui change toutes les semaines grâce à une équipe de professionnels spécialisés dans l’organisation d’événements qui sont capables de matérialiser les idées des clients. Événements organisés en 2019 : 24e édition de la Foire de l’Emploi, 40e édition de l’Exposition Internationale Canine, Sevatur 2019 – le Salon des Vacances. Ficoba, l’art de créer des opportunités. »6 Ici, on trouve un peu de mouvement, de monde… Nos énormes sacs de campeur·euse·s sont rapidement inspectés à l’entrée. BIENVENUE au contre-sommet, ONGI ETORRI kontra gailurrerat,
WELCOME to the counter-summit, BIENVENIDOS a la contra cumbre. La clim fait du bien, la chaleur et nos sacs à dos de pèlerins nous écrasent depuis des heures. D’après le programme qu’on ramasse dans l’espace d’accueil, c’est ici que se tient la grosse majorité des conférences et le Village des Alternatives. Sur les trois jours, plus de 70 conférences se déroulent simultanément et à la chaîne, de 10 h à 19 h 30. Une partie du programme se tient au cinéma d’Hendaye. Les ateliers se regroupent à l’École Primaire et à l’Espace Jeunes, tenu par les jeunesses de gauche indépendantiste. Les Rencontres Intergalactiques, délocalisées de Notre-Dame-des-Landes, sont basées au Port de Kaneta, où l’AmbaZADa, construction emblématique de la ZAD initiée par une
« brigade » d’activistes basques, a été transportée et remontée pour l’occasion. Les Gilets jaunes sont restés groupés au campement, à plus de 7 kilomètres de là. Les thématiques centrales de réflexion sont rappelées : capitalisme, environnement, féminisme, peuples, démocratie, impérialisme et migrations. L’objectif est annoncé : déconstruire l’architecture néolibérale et les multiples systèmes de dominations qui détruisent notre monde. « Les 7 pyromanes du G7 vont à nouveau se rencontrer pour perpétuer un système au service des plus riches et des multinationales. Il est temps de stopper les incendiaires de la planète. Face à leurs discours hypocrites sur les inégalités, nous nous mobilisons au Pays Basque pour nous opposer par nos analyses, nos idées, nos alternatives et nos luttes.
310 CRITIQUE
APRÈS LA RÉVOLUTION – NUMÉRO 2 – POLITIQUE
cet autre monde censé pouvoir naître ici, comme le promettait le slogan euskara. Un tour au Village des Alternatives, en fait 8 travées de stands dans un demi-hangar. Du NPA à EHLG (la Chambre d’agriculture basque qui a fait cession de sa tutelle préfectorale il y a quinze ans), diverses organisations et acteurs, locaux ou non, présentent leurs pistes, recherches, luttes ou goodies sur des tables en plastiques pliantes. La fête de l’Huma sans les merguez. Dans l’autre moitié du hangar, un bar et des rangées de tables sur plusieurs mètres linéaires. Après une bière bienvenue, nous prenons la navette officielle pour nous rendre au campement. On cherche l’arrêt ou une indication des lieux et heures de passage. On
ne les trouve pas ou il n’y en a pas. Coup de chance, une navette arrive. Le long du trajet, nous avons l’impression d’être en route pour une colo cheloue. Le car nous dépose à 2 km de l’entrée du camp ; 25 mn de marche dans une montée pleine de cailloux. Sentiment de punition. Néanmoins, le campement est la première forme qui témoigne d’une tentative de (re) construire quelque chose. Nous voici planqués dans un terrain de 13 hectares, dont le propriétaire n’est autre que Nestlé… Ce centre de vacances désaffecté a été succinctement réaménagé afin d’accueillir jusqu’à 10 000 personnes, venues jusqu’ici pour le G7 EZ (« non au G7 » en basque). En stop ou à pied. Par voiture, train. Avec leurs vans, leurs caravanes ou leurs valises à roulettes. Avec des amis, en familles, entre collègues.
203
4. LA TABLE (LAME 40) : L’INCONFORT, LA FRUGALITÉ D’après la carte et nos explorations dans les jours qui ont suivi, il s’avérait qu’il y avait un accès beaucoup plus direct et accessible qui se trouvait au sud du camp, mais que celui-ci était réservé aux vacanciers du Pierre et Vacances qui se trouvait collé au site, aux véhicules et aux CRS. Des volontaires étaient arrivés durant les 10 jours précédents, suite à l’appel de la Plateforme, pour tout mettre en place. Le camp avait été planifié, zoné. Le vaste terrain, étagé par des dénivelés et des plateaux naturels, s’y prêtait. Sur les plateaux, les campings, dans les installations bâties, toutes les activités nécessitant des espaces clos, abrités et viabilisés. À l’arrivée des participants, des couches d’autogestion s’ajoutent naturellement à ce zonage, avec des signalétiques improvisées. Chaque groupe, collectif, association cherche des formes pour se rendre visible et reconnaissable dans le camping. En C1, les Gilets jaunes d’un côté et Extinction Rebellion de l’autre. En C2, les camping cars. En C3, l’espace en non-mixité queer et féministe. En C4, l’espace libertaire de la CNT, avec bureau d’information et de recrutement, etc. Quelque chose cloche. Il y a des signes dans tous les sens, ce qui crée un bazar visuel invraisemblable dans lequel il s’avère difficile de comprendre, de s’orienter, tandis qu’en ville, les sites du contre-sommet sont peu, mal voire pas indiqués. Nos esprits de designers s’offusquent, surchauffent, et puis abdiquent devant une affichette : « si pas de signalétique, aller tout droit ». Ces tensions et ces paradoxes dans l’organisation spatiale du campement parlaient déjà pour les journées qui allaient suivre. L’espace central, un bâtiment sur un étage en forme de demi-cercle, désigné sur la carte comme le « point d’information » accueille le Snack des Gilets jaunes, l’Espace Médiation, Chez Thelma (un espace de soin et de soutien psychologique), le Bureau d’Assistance Juridique, l’infirmerie et les street medics, une quincaillerie-atelier ainsi que les douches. L’esplanade fait office d’agora, accueillant les Assemblées Générales, CRITIQUE
311