Paris Mômes n°135 avril- mai 2022

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© AMuLoP

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ZOOM logement social

Loin des clichés sur la cité Deux visites guidées dans une barre d’Aubervilliers pour s’immerger dans l’évolution sociale des grands ensembles à travers des récits individuels. Une expo qui témoigne d’une histoire digne d’être transmise mais trop souvent déconsidérée, en avant-goût d’un « musée du Logement populaire ».

S

ur la photo encadrée qui trône sur le poste de radio, on la voit, au milieu, avec sa poupée dans les bras. C’est Béatrice, la plus jeune, qui a raconté à l’Amulop (Association pour un musée du logement populaire) l’histoire de sa famille, les Croisille, dont on découvre le parcours en pénétrant dans l’appartement 176, transformé en logement témoin, de la cité Emile-Dubois, connue sous le nom de cité des 800 et toujours habitée. Après avoir passé une tête dans la petite salle de bains à baignoire sabot encore munie de sa planche à laver le linge, on s’installe autour de la table à napperon de la salle à manger et on embarque. « Il est 6 heures du matin, sourit Ouda notre guide, les parents et les enfants dorment encore, on ne va pas les déranger. » Pour un peu, cette visite immersive nous ferait croire aux fantômes… Béatrice, c’est aussi la seule à être née à Emile-Dubois. Les deux autres enfants de Jacques et Jacqueline Croisille sont nés rue Bodin, où la famille occupait une pièce insalubre, sans chauffage, ni gaz, ni sanitaires.

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C’est en 1957 qu’ils pénètrent pour la première fois dans leur tout nouveau logement. « 51 m2 ça vous semble comment ? » interroge la guide. Pour Jacques, ouvrier chez Baccarat, même avec les trois gamins dans une seule chambre, c’était Versailles. Dans la pièce d’à côté, le bleu de travail est pendu à un cintre, prêt à être enfilé. Dans la cuisine, petite mais lumineuse, on repère la gamelle en fer-blanc, les assiettes sur la table en Formica… Au cours de la « Visite 1 », à travers le mobilier et les objets, qui semblent n’avoir pas bougé depuis le départ de leurs propriétaires, on plonge dans l’histoire d’une famille ouvrière des années 1960-1970 à une époque où 40 % de la population d’Aubervilliers travaille à l’usine. On découvre la question du mal-logement, les grands chantiers HLM, on apprend ce que signifie « faire la perruque », l’existence des « bons de la Semeuse » et plein d’autres choses encore... C’est passionnant.


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