Face-à-Face

FACE-À-FACE À Nicosie, l’ancienne emprise de la frontière comme terrain d’action pour la réunification

Paul Tan Hoang Baptiste Chatenet ENSA Paris La Villette P922 - Milieux habités Didier Rebois et Thibaut barbier

1PFE 2017

AVANT PROPOS Le 9 janvier 2017, les deux gouvernements grec et turc de l’île de Chypre se sont réunis à Genève sous l’égide des Nations Unies en vue d’abolir une partition qui dure depuis 42 ans. L’enjeu consiste à abattre la dernière frontière divisant encore une capitale européenne, Nicosie, ainsi que toute l’île. L’espoir suscité par ces pourparlers et ces négociations marque le point de départ de notre projet. Nous souhaitons questionner le renouveau et la reconquête d’un territoire longuement divisé et fragmenté par un conflit politique. Travailler sur ce territoire spécifique illustre notre volonté de porter une réflexion sur les modalités de l’urbanisme contemporain et ses enjeux actuels dans son entrelacement avec une situation politique, économique et sociale particulière.

Nous avons considéré la ville de Nicosie comme territoire de projet compte tenu de ses spécificités correspondantes à nos interrogations.

La mise en place d’un cadre fictif d’une réunification entre les deux pays permet de soulever de multiples enjeux concernant le nouveau statut de la ville en tant qu’entité unie. Il s’agit d’une vision optimiste de la résolution du conflit. De plus, la réunification suggère l’ouverture du pays et de la ville au monde,

P922 - Milieux Habités - 2017 Didier Rebois, Thibault Barbier Baptiste Chatenet / Paul Tan Hoang 2

ce qui impactera son développement économique et urbain. La zone interstitielle en question est une zone vierge où la stratégie doit non seulement permettre le retissage des tissus urbains existants mais également évoquer les nouvelles perspectives dans les manières de penser la ville. En effet, les valeurs historiques et symboliques, les traces et les mémoires, sont à prendre en compte tout en proposant des usages adaptables et adaptés, malléables et temporels dans une optique de recyclage urbain. Il s’agira aussi de conserver les vestiges historiques de ces lieux tout en organisant les potentialités de ré-appropriations des habitants.

La note de notre projet de fin d’études propose deux lectures de Nicosie constitutives de notre réflexion en amont du projet. En ce sens, elle portera en premier lieu sur la dimension historique du conflit existant et son impact social et urbain, tout en enveloppant la supposition d’une réunification potentielle. Ensuite, notre pensée ciblera Nicosie en tant que capitale européenne, en tant que métropole marquée par des problématiques et des enjeux urbains contemporains. Ces recherches nous permettront alors d’aborder notre stratégie urbaine.

INDEX Avant propos

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1. La division

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Chypre, une île fracturée

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Nicosie, une ville divisée

06-07

Nicosie, des pratiques contrastées

08-09

Une potentielle réunification ?

10-11

2. Espaces publics

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Une métropole aux développements contrastés

13-15

Le primat de la voiture

16-17

Enclave, icône, centralité

18-19

Espace commun, espace communautaire

20-23

3. Réunification

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Potentialités latentes

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Traces

28-31

Réunifier par le vide

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Reportage photographique

40-41

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L’île de Chypre est séparée en deux parties distinctes depuis presque 50 ans. La frontière a été construite suite à de violents conflits communautaires, notamment entre les communautés grecque et turcque.

La ville de Nicosie est la capitale de Chypre.

Scène principale des conflits, elle est également caractérisée par son passé riche et son présent incertain.

Porter une réflexion urbaine sur cette ville nous mène à avoir une lecture de l’épaisseur historique de la ville, de sa formation à travers les différentes périodes de l’histoire mais également les impacts de la scission sur son évolution.

Nous nous intéressons ainsi en premier lieu aux conséquences de la division sur le développement urbain de Nicosie.

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Division 4

/ Division

FIG. 1

L’AMORCE D’UNE PARTITION Des conflits communautaires se sont produits à partir des années 1960, divisant les Chypriotes. Des enclaves turcques se sont accentués pour aboutir à des déplacements majeurs de la population. En 1974, la frontière fut constituée sous le nom de la Ligne Verte.

CHYPRE, UNE ÎLE FRACTURÉE Peuplée depuis 9000 ans, l’ïle a été le théâtre d’un brassage culturel important, regroupant des civilisations diverses, allant d’une domination gréco-romaine à celle de l’empire Ottoman en passant par de brèves périodes mêlant assyriens, egyptiens, vénitiens et lusignans. L’aspect important à relever à travers ces grandes lignes de l’histoire de Chypre se situe dans la cohabitation préexistante entre les communautés. Reconnaissance culturelle et tolérance religieuse caractérisent son passé.

Pourtant, à partir de la colonisation britannique jusqu’à l’indépendance du pays en 1960, les conflits politiques et les différends internes ont dégradé les relations entre les communautés.

Peu avant la séparation définitive de l’île en deux parties distinctes, des enclaves turques se sont constituées sur l’ensemble de l’île. La fracture entre les communautés emblématiques se détériore et entraîne des violences meurtrières.

En 1974, le pouvoir en Grèce tente un coup d’état pour forcer l’enosis et renverser le leader politique des chypriotes grecs, Makarios, figure principale de l’indépendance de Chypre. La Turquie, pour défendre les chypriotes turcs, est alors intervenu

militairement. Cette invasion éclair de l’armée turque aggrave la situation conflictuelle déjà présente, forçant des migrations massives de la population pour fuir la guerre. Face à cette attaque militaire, l’ONU intervient pour séparer le pays en deux parties distinctes afin de maintenir la paix.

Toutefois, elle ne reconnaît pas officiellement la république Chypriote de Turquie, considérant la partie nord comme occupée illégalement par ce tiers-état. Le territoire Nord, non reconnu internationalement et sous la tutelle de la Turquie, est ainsi occupé par les Chypriotes turcs tandis qu’au sud se trouvent les Chypriotes grecs. Un entre-deux frontalier sépare ces deux entités et est contrôlé par les Nations Unies. Cette partition traverse la totalité de l’île et divisant par sa démarcation plusieurs villes, notamment Nicosie, la capitale de Chypre.

La séparation persiste encore à ce jour malgré plusieurs tentatives de réunification qui ont à chaque fois échoué. Cependant, des améliorations sont à noter depuis 2003 avec l’ouverture de la frontière. Huit check-points ont été créés sur l’ensemble de l’ïle, dont trois à Nicosie.

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NICOSIE (Lefkosia, Lefkoça) Population totale 350 000 habitants Lefkoça (Nord) 90 000 habitants Lefkosia (Sud) 260 000 habitants Zone militarisée (Buffer Zone) 14% de la superficie totale

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/ Division FIG. 2

EVOLUTION HISTORIQUE ET MODERNE L’histoire de la naissance de Nicosie remonte à l’âge de Bronze. Au travers des dominations de différents Empires, la ville s’est agrandie et affirmée en tant que capitale administrative de Chypre.

Deux fortications ont participé à struturer la croissance de la cité.

Le conflit influe significativement sur la croissance exponentielle de la ville. A partir de la partition, les deux parties se sont developpées indé pendamment, à deux vitesses différentss.

NICOSIE, UNE VILLE DIVISÉE Anciennement appelée Ledra, la capitale actuelle de Chypre trouve ses origines à l’âge de Bronze, où elle n’était qu’un petit village d’agriculteurs profitant de la fertilité de la plaine de Mesoeria. Suite à des pillages récurrents et des guerres incessantes entre les empires environnants pour le contrôle stratégique des villes de la côte, une grande partie de la population s’est repliée à l’intérieur des terres.

Cette période de l’histoire de l’île a eu un impact considérable sur le développement de la ville de Nicosie. Devenue aux alentours du Xème siècle la capitale de l’île, la ville s’est vue dotée progressivement de fortifications. Ces dernières ont été améliorées et transformées à de nombreuses reprises jusqu’à la domination vénitienne au XVIème siècle.

Le début du conflit a engendré un ralentissement du développement de Nicosie. A partir de 1974, la partition a été confirmée et la démarcation marquée physiquement par une épaisseur traversant la totalité de la ville. Contrôlée par les Casques Bleus des Nations Unies, ce territoire reste innaccessible pour les deux communautés malgré l’ouverture de check-points. A partir des années 70, les deux villes se sont développées indépendamment. La ville du sud a connu une croissance économique considérable depuis l’intégration de Chypre dans l’Union Européenne en 2004 alors que la ville du nord n’a été reconnue officiellement que par Ankara, et dépend encore à ce jour de l’économie turque, ce qui limite son développement.

La ville était contenue à l’intérieur de ses murs jusqu’à la fin du XIXème siècle. L’apparition de villas prestigieuses le long des axes rayonnants a marqué le début de l’expansion de la ville à l’extérieur de ses fortifications. Les villages environnants se sont alors développés avant d’être absorbés par l’étalement de la capitale.

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/ Division

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VERS UNE POTENTIELLE REUNIFICATION ?

La situation actuelle connaît un rebondissement à travers des pourparlers et des réunions entre les différents acteurs concernés par cette frontière. La Grèce, l’Angleterre et la Turquie sont dans une phase de négociation afin de définir les conditions d’une réunification potentielle. Nous prenons comme point de départ ces pourparlers pour démarrer nos recherches.

La réconciliation des deux pays soulève de nombreux enjeux quant à l’organisation politique et économique du futur Etat. Nous pouvons supposer la dissolution de l’Etat turc et l’intégration des chypriotes turcs dans la République de Chypre, mais cette première supposition semble trop spontanée et manque de réalisme.

Le principe d’une confédération qui regrouperait deux grandes provinces nous paraît plus adapté au contexte actuel. Cette union pourrait par de divers traités, déléguer l’exercice de certaines compétences à des organes communs, destinés à coordonner une politique dans un certain nombre de domaines, notamment celui de l’aménagement de la ville et du territoire.

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Cette réflexion entre en résonance avec l’activité bi-communale déjà présente dans la ville malgré la scission. L’organisation Nicosia Master Plan, une équipe multidisciplinaire oeuvrant à l’élaboration d’une stratégie urbaine commune en est le parfait exemple.

Nous partons du principe que la réunification de Nicosie est imminente. Dans ce contexte, l’emprise de la frontière, marquée par 50 ans de délaissement, serait restituée à la ville.

/ Division FIG. 3

DEUX POSITIONS CONTRADICTOIRES Les gouvernements des Chypriotes Turcs et des Chypriotes Grecs ont des positions différentes vis à vis du conflit. Nous pouvons constater cette divergence à travers les bâtiments abritant la police de frontière. Chez l’un, une architecture massive en béton et des ostentations prononcées, symbolisant une attitude de persistance. Chez l’autre, une architecture légère, reflétant une position sur la durée éphémère du conflit.

FIG. 4

L’ACCESSIBILITE POUR TOUS ?

Le contrôle d’identité est obligatoire pour chacun. Toutefois, la situation est bien plus compliquée pour les Chypriotes Turcs dont un des parents sont d’origine Turcs. Cette partie de la population sont considérée comme résidant d’un territoire illégal, compromettant leurs traversées.

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La compréhension des modalités politiques, économiques et sociales de la scission est cruciale pour amorcer l’étude de la ville de Nicosie en tant que métropole contemporaine et capitale européenne. L’éclaircissement des relations intrinsèques entre le conflit et l’évolution urbaine de Nicosie permet d’aborder également les modes de vie de la population locale, notamment dans leurs rapports à la ville. En effet, nous jugeons nécessaire de porter une réflexion sur le fonctionnement urbain et social de cette capitale, témoin d’un grand brassage culturel et ethnique, marquée par un passé et un présent conflictuels, mais confrontée à des problématiques urbaines actuelles.

Afin de consolider nos recherches, un voyage d’étude in-situ a été effectué afin d’observer et d’approfondir notre compréhension de la situation urbaine de Nicosie. Certaines de nos idées préconçues se sont avérées être en rupture avec la réalité. Cette visite a été également l’occasion de nous entretenir avec les habitants et de constater la variété des points de vues concernant le conflit.

Espaces publics 12

/ Espaces publics

UNE MÉTROPOLE AUX DÉVELOPPEMENTS CONTRASTÉS Pour notre analyse, nous souhaitons considérer la ville de Nicosie comme une entité unie. Cependant, nous jugeons qu’il est en premier lieu nécessaire de définir les divergences remarquables dans les développements entre la partie grecque et la partie turque.

La première différence que nous pouvons noter concerne le développement contrasté des deux parties de la vieille ville. Depuis l’intégration de la République de Chypre en 2004 dans l’Union Européenne, la partie Sud du centre historique connaît un réinvestissement important. La frontière, devenue attraction touristique, agit en tant que catalyseur du processus de mondialisation.

Ce phénomène est très marqué, notamment au niveau du Ledra Street menant au check point, où se succèdent des enseignes de marques. Cet réinvestissement est également incarné par les nombreux cafés et boutiques, qui attirent une population jeune et moderne. Le développement économique de la partie Nord de Nicosie ne connaît pas, quant à lui, un tel essor. Seuls quelques cafés et boutiques de souvenirs jouxtent les monuments historiques et le check point, bénéficiant exclusivement de la fréquentation des touristes. Dans le reste du centre historique Nord,

une certaine pauvreté peut être ressentie. En effet, suite à la division, la Turquie a envoyé un nombre important de population pour peupler le territoire sous son contrôle. Pour la plupart issus d’un milieu défavorisé, ces colons turcs sont logés dans les habitations traditionnelles et vacantes de la vieille ville. De plus, certaines parties sont restées à l’état de délabrement, à défaut d’occupants.

Dans la ville nouvelle, l’écart du développement économique est plus frappant, notamment dans les quartiers situés à proximité de la vieille ville. Nous assistons à un véritable essor dans la partie grecque, visible à travers la densification en cours. Cette dernière va de pair avec l’installation d’enseignes de marques sur les boulevards contournant la vieille ville. La croissance est particulièrement marquée dans le quartier dynamique et branché de Leitonia, situé au sud du centre historique et composé de boutiques de luxes, cafés et galeries d’arts. Côté turque, un étendu pavillonnaire enveloppe la partie Nord de la vieille ville. Des émergences verticales éparpillées dans ce tissu expriment certes une croissance notable, mais ces constructions neuves n’accueillent parfois aucun occupant, révélant une prégnance de la spéculation immobilière.

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/ Espaces publics

La vieille ville Le nouveau centre en cours de densification Tissu dense d’immeubles d’habitations Tissu hétérogène mêlant immeubles d’habitations et maisons individuelles Tissu pavillonaire

Epaisseur regroupant les instutions administratives

Rivière Pedios Axes commercantes

FIG. 5

FIG. 6

La carte ci contre montre les différents types de tissus constituant les deux parties de la ville de Nicosie. Elle démontre une plus grande croissance dans la partie grecque, en corrélation avec l’emprise de ses surfaces bâties.

L’écart économique entre les deux parties de Nicosie est fortement ressenti dans la vieille ville. Dans la ville nouvelle, la partie turque présente une prégnance de spéculation immobilière et souffre du manque d’habitants tandis que dans la partie grecque, la densification est en cours

DEUX DÉVELOPPEMENTS CONTRASTÉS

UN ECART ECONOMIQUE ACCENTUÉ

Le nouveau centre de la ville turque se trouve au delà de cette épaisseur. Le tissu urbain est hétérogène, mêlant des immeubles d’habitations et des habitations individuelles. Structurés le long d’axes de circulations majeurs, les commerces, les hôtels et des casinos reflètent une économie reposant sur le tourisme.

Sud de Nicosie. Nous assistons à un phénomène semblable dans la partie Nord de Nicosie.

Toutefois, l’armée turque a délimité une épaisseur réservée uniquement aux militaires, empêchant notamment la ville de s’étendre vers l’Ouest. Cette particularité est marquante si nous comparons l’étalement urbain des deux parties de la ville.

La dernière différence que nous souhaitons souligner est le rapport de la ville avec la frontière.

Dans la partie grecque, les quartiers situés à proximité immédiate avec la buffer zone sont constitués d’habitats individuels. Cette proximité avec la frontière influe fortement sur les prix des terrains. Ces opportunités foncières sont saisies par la classe moyenne de la population, expliquant ainsi la prépondérance de ce tissu dans la partie

Le niveau économique et la proportion de population sont deux facteurs principales régissant les développements des deux parties de la ville. Ces logiques se conjuguent avec la frontière et résultent ainsi dans les divergences explicitées. Notre analyse se poursuit en ciblant les enjeux urbains communs aux deux villes, notamment le primat de la voiture et le statut de l’espace public.

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NICOSIE (Ville poreuse) 30 % de surface bâtie 50 % de surface délaissée 8% de parcs Terres végétalisées Terres agricoles Parkings

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/ Espaces publics

FIG. 7

Usage du sol Nous avons élaboré une cartographie relevant les différents types d’usages du sol au sein de Nicosie.

Afin de synthétiser les informations, nous avons calculé la proportion entre ces deux types d’espaces. Le résultat est marquant : 60% de la surface de la ville, en tenant compte de l’entredeux frontalier, sont des espaces libres de toute construction.

FIG. 8

Stationnements Les espaces délaissés sont très souvent utilisés en tant que stationnements.

LE PRIMAT DE L’AUTOMOBILE Durant le séjour, nous avons été immédiatement frappé par la domination de l’automobile dans cette ville. Un deuxième constat concerne l’importance du nombre d’espaces délaissés présents. Dispersés dans la ville nouvelle et le centre historique, ces espaces sont souvent utilisés comme des parkings.

La proportion entre la surface libre et la surface bâtie porte à croire que malgré l’homogénéité et l’étalement urbain, la ville recèle d’une quantité importante d’espace libres qui seraient à disposition des habitants. Cependant, en prenant en compte la nature de ces espaces, nous remarquons que l’espace public est négligeable. Outre la rivière Pedios, certains parcs urbains, et les terres agricoles, la plupart de ces espaces sont délaissés et sont utilisés par les habitants comme espaces de stationnement.

Cette pratique est d’autant plus marquante qu’elle s’applique pour certaines parties des douves ainsi que les bastides de la vieille ville.

Cette prépondérance de la voiture a-t-elle un impact sur les formes urbaines et traduit-elle une forme d’individualisme?

Le développement économique en parallèle à l’étalement urbain a augmenté la distance entre le domicile et le travail.. La nécessité grandissante de la voiture en tant que moyen de déplacement est synonyme de sa banalisation. Une conversation avec une étudiante de l’école d’Architecture de Nicosie, Maria, vient confirmer cette analyse. Autour d’elle, tout le monde utilise la voiture comme moyen de locomotion quotidien. Cette dépendance à l’automobile est d’autant plus marquée que chaque ménage dispose en moyenne de trois voitures pour ses déplacements.

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/ Espaces publics FIG. 9

CENTRALITÉS Les centralités où résistent une prégnance collective figurent le long des axes de circulations majeurs ainsi que les anciens coeurs de village absorbés par l’étalement urbain de Nicosie.

FIG. 10 ICONE

La tour d’habitation de luxe réalisée par Jean Nouvel fut construite dans le péricentre de Nicosie : icône de la ville et symbole de sa modernité.

ENCLAVE, ICÔNE, CENTRALITÉ Une observation est à noter quant au fort contraste entre le centre historique et la ville nouvelle. La diversité des espaces publics et leur dimension sociale, présents à l’intérieur des fortifications, ne se retrouve pas à l’extérieur des remparts où l’organisation de la ville autour de la voiture a engendré le repli sur soi des habitants. Le conflit a en quelque sorte écarté toute réflexion qui tienne compte des caractéristiques locales mais qui reflète au contraire un esprit de compétitivité.

Ce développement urbain exacerbé de la ville de Nicosie en dehors des enceintes traduit de nouveaux modes de vie en rupture avec les traditions et les spécificités culturelles, notamment les valeurs méditerranéennes.

L’individualisme est ainsi prononcé dans la ville contemporaine de Nicosie. Il est accentué par le primat de la voiture en parallèle à la lacune d’espaces communs. Un étalement tentaculaire et uniforme qualifie la croissance urbaine de ces dernières décennies. En se référant aux premiers projets de de Rem Koolhaas, The city of the Captive Glove (1972), cette croissance peut être qualifiée d’isotropie métropolitaine. L’habitat, désormais plus dense, est souvent ordonné en immeubles contigus de plusieurs étages, ou organisé en nappe de lotissements à trame parcellaire resserré. La

trame isotrope et homogène à travers laquelle la ville s’étend mène alors la production de deux phénomènes : l’enclave et l’icône.

Dans ce contexte de métropole contemporaine et du point de vue de Rem Koolhaas, cette trame finit par produire une concurrence entre les blocs afin d’exacerber sa différence. C’est le phénomène de l’icône, identifiable notamment dans les quartiers centraux de la ville de Nicosie, à l’instar de la tour d’habitations de luxe récemment construite et conçue par l’architecte Jean Nouvel.

L’appropriation du concept de Rem Koolhaas pour décrire Nicosie nous a permis de poursuivre notre réflexion sur le statut de l’espace public de la ville.

Nous nous sommes ainsi interrogés sur les formes urbaines où subsistent une prégnance collective.

Pour ce faire, nous avons cartographié des lieux qui peuvent être désignés comme des figures de centralité. Les lieux de sociabilité se trouvent être tantôt dispersés le long d’axes importantes de circulation, tantôt inscrits dans des figures urbaines qui se diffèrent de la trame uniforme de la ville, notamment les anciens tissus de villages.

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/ Espaces publics FIG. 11

LES FIGURES URBAINES Les six figures urbaines sont sélectionnées de part et d’autres de la frontière.

1. Yenisehir

4. Leitonia

2. Kumsal Parc

5. Espopoloy

2. Palouriotissa

6. Arloy Dohetios

FIG. 12

ESPACES COMMUNAUTAIRES

Elles se différencient par leurs formes ainsi que leurs tailles, mais ont toutes une prégnance collective.

ESPACE COMMUN, ESPACE COMMUNAUTAIRE A Nicosie, l’espace public ne présente pas le statut de permanence tel qu’il est habituel de le constater dans la ville occidentale. Rappelons que les espaces traditionnels des villes orientales sont marqués par un clivage fondamental entre la sphère privée et la sphère publique. Ces deux entités s’expriment par des formes spatiales spécifiques, d’une part des espaces familiaux tel les quartiers et les maisons, d’autre part le réseau principal de circulation et les marchés, espaces branchés sur les voies qui conduisent à d’autres villes. Ces espaces en réseaux ne sont pas caractérisés par l’ouverture formelle de l’espace, la monumentalité et la mise en scène pour le pouvoir, mais par leur adéquation à des pratiques communautaires et à des comportements des usagers ordinaires. Autrement dit, par leurs

pratiques, les habitants de différentes origines donnent sens aux espaces publics.

Un espace peut certes être public et ouvert à tout le monde, mais il peut également être partagé par un nombre plus restreint de personnes, membres d’une même communauté ou d’un groupe social particulier. Dans cette ville uniforme et enclavée, l’espace communautaire agit en tant que lieu de sociabilité et de rencontres. En effet, malgré leur caractère public, l’appropriation de ces lieux par la population et les communautés locales traduit en quelque sorte leur « privatisation ». La prégnance collective dans l’utilisation de ces espaces urbains proviendrait des pratiques héritées du passé et traditionnelles de la ville.

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1. Yenisehir

4. Leitonia

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2. Kumsal Parc

3. Palouriotissa

5. Espopoloy

6. Arloy Dohetios

/ Espaces publics FIG. 13 CELEBRER LA REUNIFICATION L’identité de chaque lieu est accentué en intégrant les nombreux délaissés dans l’aménagement de l’espace communautaire.

Cet exercice nous a permis de mettre au clair les subtilités entre un espace public et un espace communautaire.

De quelles manières ces pratiques traditionnelles ont-elles été adaptées à l’évolution urbaine de Nicosie ?

Afin de comprendre la persistance de la dimension communautaire dans les pratiques urbaines, nous avons sélectionné à partir de notre cartographie des centralités, six figures urbaines. Nous avons déterminé en premier lieu les qualités propres à chaque figure. Elles peuvent être affiliés à la présence d’un édifice religieux et son parvis, comme le quartier d’Arloy Dohetios, ou encore à un traitement paysager tel le jardin linéaire du quartier de Kumsal. Les formes particulières des figures urbaines participent également à caractériser ces lieux, à l’instar de la sinuosité du chemin pédestre du quartier de Palouriotissa, ou le tracé radial des rues du quartier de Yenisehir.

Pour la suite de notre travail, nous avons adopté un point de vue optimiste suggérant que la réunification peut être célébrée par la réconciliation des habitants avec leur ville. Ainsi, nous avons défini les usages structurants de chaque quartier,

afin de cibler les activités susceptibles de rassembler les différentes populations. Les nombreux espaces délaissés présents dans chacun de ces lieux peuvent être réaménagés afin d’intensifier ces usages, offrant par ce biais des nouveaux lieux de sociabilité et d’échange. Le chemin pédestre du quartier de Palouriotissa deviendrait une promenade reliant différentes galeries d’artistes, dont certaines sont déjà présentes.

La réconciliation des habitants avec leur ville pourrait s’opérer de cette manière, mais nous pensons que ces interventions profiteraient la plupart du temps à la population du quartier. Le rayonnement de ces dernières à l’échelle de la ville serait négligeable. Autrement dit, les usagers de ces espaces se limitent souvent aux habitués et aux habitants du quartier. Le caractère de ces lieux, certes public, se revêt d’une dimension communautaire. S’opère alors une certaine «privatisation» du lieu par la population locale.

Ainsi, la réconciliation des communautés entre elles ne pourrait s’opérer à l’échelle de ces quartiers.

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Nos recherchers sur l’impact du conflit sur la ville et sa population et celles sur l’appropriation des différents espaces publics par les habitants nous ont permis de saisir le fonctionnement à la fois urbain et social de Nicoie. De plus, la distinction entre un espace commun et un espace communautaire nous a conforté dans le choix de notre site de projet.

Le site doit contenir les potentialités de friction et de frottement entre les habitants d’origines différentes. Ces potentialités se définissent d’une part par la situation géographique du site, localisé sur les traces de l’ancienne frontière, d’autre part par le symbolisme et l’épaisseur historique du lieu : le check point historique de Ledra Palace.

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Réunification

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/ Réunification

FIG. 14

LE SITE DU PROJET Notre réfléxion se situe sur le check point historique du Ledra Palace. Ouverte en 2003, elle comporte l’Hôtel de Ledra, ancien hôtel de luxe reconverti en quartier général des Casques Bleues, ainsi que des institutions portées sur des activités bi-communales.

Ce lieu se distingue par l’hétérogenéité des tissus urbains environnants et l’importante épaisseur de la frontière pour un milieu urbain ; une partie des douves de la vieille ville est comprise dans la zone démilitarisée.

FIG. 15

LE DEVENIR PROBABLE DU SITE Avec la réunification, nous avons voulu illustrer d’une façon critique la manière dont la ville reprendrait son droit sur les nouvelles surfaces disponibles.

La voracité immobilière souvent caractéristique de la ville pourrait porter de conséquences néfastes vis à vis du caractère symbolique et les qualités intrinsèques au lieu.

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FIG. 16

DJARIT HSARI Une partie des douves est comprise dans l’épaisseur de la frontière. C’est un lieu à la fois historique et symbolique, de confrontation et d’espoir.

A gauche se trouve la partie Turque de Nicosie et à droite la partie Grecque.

LES POTENTIALITES LATENTES Pour notre projet, nous voyons par le biais de la réunification des deux pays, celle des différentes communautés. Nos recherches ont montré la nécessité d’investir sur la création d’espaces publics majeurs pour cette ville. Se pose alors la question suivante : la cohabitation des populations d’origine éthiques et sociales différentes peutelle avoir lieu dans l’espace public?

En considérant que l’espace privilégié pour l’appropriation et l’expression des différentes communautés est l’espace public, la réunification doit s’exprimer en premier lieu entre les habitants et leur ville. Nous pensons que la réunification sociale ne serait possible qu’à travers la reconnaissance et l’acceptation des différences. Notre projet prend ainsi appui sur l’expression de cette diversité culturelle au sein de l’espace public en tant que vecteur d’unité.

Le lieu du projet est le premier check-point historique de Ledra. Sa proximité immédiate avec la vieille ville et l’importante épaisseur de l’espace délaissé présent suscitent de nombreux enjeux concernant son devenir. La longue durée pendant laquelle Nicosie a été divisée et l’existence de la buffer zone a engendré un statu quo du lieu. De plus, l’impact de la frontière a fortement influé sur les logiques territoriales et urbaines du site. Le tissu urbain est déstructuré, mêlant des quartiers d’habitations de faible densité et des

grandes institutions publiques en contraste avec la contiguïté du centre historique. L’éclatement de la frontière suggère la proposition d’une stratégie urbaine adaptée à ce territoire hétéroclite et marqué par le conflit : sur quels éléments s’appuyer pour structurer le projet?

Le projet urbain s’établit sur des potentialités latentes du lieu. Ces traces physiques ont la spécificité de dépasser la frontière par ses formes et ses logiques : les douves de la vieille ville, la rivière Pedios, le vide délaissé de l’ancienne démarcation et les voies de circulation interrompues.

Nous voulons en premier lieu décrire ces différentes traces physiques et leurs impacts sur le territoire.

Ensuite, nous détaillerons notre stratégie urbaine qui, à partir de ces potentialités latentes, se propose, à partir de ces système préexistants, de structurer le vide par la création d’un assemblage d’espaces publics.

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LA RIVIERE PEDIOS La première trace physique est la rivière Pedios.

Sa source se situe dans les chaînes de Troodos, au sud de Nicosie. Elle parcourt la ville pour ensuite rejoindre la mer au niveau de la baie de Famagusta, ville située sur la côte Est de Chypre. Traversant le centre historique par son tracé originel, ce dernier a été modifié lors de l’édification des fortifications et pour des raisons défensives.

Aujourd’hui, la rivière est asséchée. Au Sud certaines séquences de la rivière sont aménagées en intégrant la mobilité douce. Au Nord, la rivière est laissée à son compte, favorisant une végétation spontanée et dense. Dans notre site, elle se superpose à la frontière.

Nous considérons cette trace comme un élément potentiel de reliance Nord-Sud porté sur la mobilité douce.

Un tracé originel

La frontière incarnée

Un paysage spontané et dense

Une prémisse de mobilité douce

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De quelles manières réintégrer la rivière Pedios, en tant que reliance à l’échelle du territoire, à travers son insertion dans le site en tant qu’espace commun?

/ Réunification LES DOUVES DE LA VIEILLE VILLE La fonction défensive des douves a été réinterpretée par la ville. Sports, jardins, parcs urbains, délaissés et stationnements sont des usages projetés sur cette deuxième trace physique.

Pour notre projet, nous tenons en compte premièrement de son épaisseur historique. En effet, nous pouvons noter une prégnance de la culture du terrain vague dans le mode de vie des habitants. Cette pratique se caractérise notamment par des manifestations culturelles, des rassemblements politiques, des jeux de chevaux (djarit) ainsi que des évènements nationaux. De plus, malgré le conflit, la partie des douves de notre site accueille le Rally annuel, évènement rassemblant les deux communautés par une ferveur commune.

La fonction défensive

Un lieu de manifestation culturelle

Une culture du terrain vague

Un lieu d’espoir et de ferveur commune

Par la prise en compte de la culture du terrain vague, comment impulser la diversité culturelle en tant que vecteur d’unité?

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LES VOIES L’étanchéité de la frontière au début du conflit a provoqué l’interruption des voies de circulations principales, notamment les rues du péricentre.

Une lecture de l’histoire du quartier nous a révélé le devenir du lieu si le conflit n’avait pas eu lieu : un quartier multiculturel et commercant, rassemblant plusieurs communautés. La rue sur laquelle se situe actuellement le check point de Ledra Palace, se projetait à être un axe majeur et vivant, offrant également de multiples services.

Nous nous appuyons sur ces traces viaires, non seulement pour leurs histoires mais également pour prendre en considération l’enjeu de mobilité du site lors de la réunification.

Un quartier multiculturel en devenir

Un axe de mobilité majeur

Des voies interrompues

La première porosité frontalière

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Comment traiter les enjeux de mobilités tout en injectant des activités en accord avec l’épaisseur historique du quartier?

/ Réunification

LA ZONE DEMILITARISEE La ligne verte, ou encore la Buffer Zone, est exclusivement réservée aux Casques Blues dans sa partie urbaine. Son épaisseur important au niveau de notre site s’explique par la nécessité d’éloigner les militants pour éviter toute violence possible. En effet, le premier check point a également été un lieu témoin de confrontations entre les communautés.

Cette zone démilitarisée connaît un statu quo depuis l’arrivée de la frontière. Les conséquences se désignent par la reprise spontanée de la végétation, la présence de ruines de maisons abandonnées mais également une importante quantité d’espaces délaissés, dénués de sens.

Nous souhaitons s’approprier de cette qualité rare par sa situation centrale dans une ville dense afin de fabriquer des espaces de frictions et de rencontres entre les populations, porteur de nouvelles valeurs communnes.

Les espaces délaissés et dénués de sens

Un lieu non accessible

Un paysage figé du passé

Un lieu de confrontation

De quelles manières l’aménagement du nouveau quartier permet-il l’expression des différences et la cohésion des communautés?

31

Fabriquer un projet urbain grâce au vide et à l’espace public qui le constitue permet de placer la réunification au coeur de notre démarche. La conception d’un tissu urbain fait de bandes d’espaces publics de natures très variées engendre une diversité des usages, mais également une diversité des atmosphères. Nous avons intégré les traces physiques existantes et leurs qualités spécifiques dans notre démarche de projet. Cependant, afin d’aboutir à une proposition urbaine compréhensive et contextualisée, nous nous sommes posés la question suivante: Comment des espaces pluriels, de part de leur conception, peuvent engendrer des interractions également plurielles entre les deux populations?

ACTION

Afin de répondre à cette problématique, nous nous sommes appuyés sur les coutumes et manières locales de pratiquer l’espace urbain. En effet, un peu partout dans la ville de Nicosie, se trouvent des exemples de cohabitation flagrants. Elles révèlent des similitudes chez les deux populations dans la manière de pratiquer la ville mais également dans la manière d’utiliser son temps libre et de s’adonner aux loisirs.

A travers l’élaboration en premier lieu de l’espace vide, nous signifions non seulement notre engagement pour la proposition d’une diversité d’espaces communs, mais nous délimitons également des espaces réservés à la construction immobilière, s’accommodant harmonieusement avec les logiques foncières de la région. Ainsi, de l’éclatement de la frontière et la mise en disponibilité de nouveaux terrains, la stratégie propose à contre-pied d’une pensée urbaine traditionnelle, de réunifier par le vide.

4

Actions

32

33

TYPES DE BANDES

BANDES

34

/ Réunification

FIGURE DU PROJET En reprenant la réflexion théorique de Rem Koolhaas pour son projet à Melun-Sénart (1987), notre principe d’action est d’apporter une structure cohérente au nouveau quartier de Ledra, permettant la prolifération d’espaces publics et de rencontres entre les deux communautés. Cet assemblage d’espaces « réunificateurs » s’organise selon le principe koolhassien de bandes de vides. Ces bandes délimitent une zone à bâtir, l’inter-bande.

FIG. 17

BANDES

35

LE PARC DE LEDRA

LA RIVIÈRE PEDIOS

LE BOULEVARD URBAIN

LES GRANDES INSTITUTIONS

36

LES DOUVES

/ Réunification

LES ESPACES PUBLICS: BANDES Nous proposons de diriger le développement du quartier de Ledra en protégeant et en maintenant les vides existants. Ces vides constituent nos bandes et elles sont au nombre de cinq dans notre projet.

Toutes basées sur l’existant à l’exception de la bande « Boulevard urbain » qui se trouve au coeur de la zone à bâtir, elles s’organisent autour de traces, d’éléments naturels ou historiques très différents les uns des autres. Sont implantés à l’intérieur de ces bandes des programmes qui correspondent aux pratiques historiques, informelles ou culturelles des habitants à cet endroit.

Enfin, nous soutenons la thèse selon laquelle si ce système de bandes est mis en pratique pour le quartier de Ledra, dans cette zone, la ville pourra assurer à ses habitants l’accessibilité, les services et les programmes en lien avec l’architecture ..

Ce principe d’action pourrait s’appliquer à d’autres endroits dans la ville marqués par la frontière.

FIG. 18

TYPES DE BANDES

37

38

/ Réunification

LA ZONE À BÂTIR: INTER-BANDES Dans notre proposition, les vides délimitent un espace résiduel, l’inter-bande. Elle varie selon les confrontations qu’elle a avec les bandes mais notre projet ne fait que suggérer ce qui pourrait réellement se passer.

Notre proposition ne sous-entend pas que le quartier d’habitation devrait être négligé, mais plutôt qu’il devrait être conçu librement pour que ses fonctions et ses échelles puissent être déterminées en fonction des besoins déclarés. Ainsi, il serait possible de se concentrer sur son contexte et sur ses interactions avec les différents types d’activités d’habitation présents dans l’ensemble de la ville.

FIG. 19

INTER-BANDES

39

RÉSEAUX FIG. 20

MOBILITES

LE VIDE COMME ST 40

LIMITES FIG. 19

LIMITES

TÉGIE DE PROJET / DES BANDES PROGRAMMATIQUES 41

N

400m2 - 10

3000m2 - 1

Réactiver les abords

Longer les douves

Culture du terrain vague

LES DOUVES

105 000 m2

Une halte

Parcourir

Conserver

LA RIVIÈRE PEDIOS

Condenser et disperser

Se diriger et s’égarer

Transition par strates

LE PARC DE LEDRA

ENTR

Intensifier

Relier

Epaisseur

LE BOULEVARD URBAIN

1

Alignement en limite de propr

Retrouver la proximité

Fluidifier

Requalifier

SOCIABILIT

LES GRANDES INSTITUTIONS

FIG. 20

PLAN DES BANDES / UN RÉSEAU D’ESPACES PUBLICS PLAN DES BANDES/LE RÉSEAU DES ESPACES ORGANIS N 1: 2 000 CULTURE Musée

9

Médiathèque

10

Musée de l’histoire de Chypre Part1

19

Musée de l’histoire de Chypre Part2

20

Maison des représentants

21

Théâtre municipal

22

Cinéma

14

LOISIR

Accessibilité

1 L’ÉVÈNEMENT COMME 2 PREMIÈRE PIERRE

5

La frontière tombée, les douves deviennent accessible et accueillent des évènements de célébration

Délimiter

Constituer les limites principales de la zone à bâtir par l’implantation de la bande sportive et la création du boulevard urbain

Renouveler

L’hôtel du Ledra Palace est rehabilitée en une médiathèque bi-communale et devient un lieu d’échanges culturels

Bains publics

1

Amphithéâtre

2

Folies - Barbecue et pic-nic 3

42

8

4

9 12

5

Terrain blanc

13

Volière

23

11

6 10

14

SPORT

7 Terrains de football

3

Terrains de tennis

4

Requalifier

SOCIABILITE ET VITALITE / ESPRIT COMMERCIAL

/ Réunification ORGANISATION DE L’INTER-BANDE / UNE ARCHITECTURE MÉDITERRANÉNNE

CULTURE Musée

10

Musée de l’histoire de Chypre Part1

19

Musée de l’histoire de Chypre Part2

20

Maison des représentants

21

Théâtre municipal

22

Cinéma

14

LOISIR Bains publics

1

Amphithéâtre

2

Folies - Barbecue et pic-nic

5

ler

ner

Terrain blanc

13

Volière

23

1 2

5

3

9

8

4

12 11

6

SPORT

10

14

7 Terrains de football

3

Terrains de tennis

4

Skatepark

6

Terrain de football

12

Nicosie tennis club

17

Cercle des nageurs de Nicosie

32

33

13 29

28

TRANSPORT Tramway Ligne 1

16

Terminal de bus fortifications Est

18

Promenade aménagée de Lebso

33

AUTRES Université de Chypre

25

Auberge de jeunesse

27

Tribunal

30

fier

mmerçants accentue ain. L’espace public ons est requalifié

SSIVE

9

Médiathèque

st rehabilitée en ommunale et ges culturels

crit au coeur de la blics marquent une le nouveau parc

LE COEUR D’ÎLOT / ESPACE COMMUN

LES GRANDES INSTITUTIONS

Hotel telegram

31

Marché de la réunification

29

Eglise de Ledra

28

27

26 30

16

25 32

31

24 23

17

20 21 22 19

FIG. 21

ACTIVITÉ DES BANDES / UNE ACTIVITÉS DES BANDES/ UNE COHÉRENCE PROGRAMMATIQUE

18

COHÉRENCE PROGRAMMATIQUE

N 1: 2 000

Le projet urbain s’organise à travers cinq bandes de vide différentes, incarnant chacune des espaces publics de natures variées. Ces bandes puisent leurs conceptions dans le contexte existant mais sont également nouveaux. La stratégie du projet se veut adaptable, favorisant ainsi une mise en oeuvre progressive des interventions, mettant la priorité sur des aménagements légers et qui permettent de constitutuer les limites du nouveau quartier.

43

N 1: 2 000

Musée de l’histoire

Musée de l’histoire d

Maison des

Th

Accessibilité

1 L’ÉVÈNEMENT COMME 2 PREMIÈRE PIERRE

Délimiter

La frontière tombée, les douves deviennent accessible et accueillent des évènements de célébration

5

Constituer les limites principales de la zone à bâtir par l’implantation de la bande sportive et la création du boulevard urbain

Renouveler

L’hôtel du Ledra Palace est rehabilitée en une médiathèque bi-communale et devient un lieu d’échanges culturels

Folies - Barb 3

9

8

4

12 11

6 10

14

7

Terra

Ter 33

13 29

Terr

Mobilité

RENOUER LE QUARTIER AVEC LA VILLE

Dynamiser

28

L’arrivée du tram marque un nouveau lien. De nouvelles voiries sont créées afin de connecter le quartier à la ville

Nico

Se promener

La création d’une auberge de jeunesse et d’une salle d’exposition dynamise la construction du nouveau quartier

Un parcours paysager s’inscrit au coeur de la rivière Pedios. Les bains publics marquent une halte et s’articulent avec le nouveau parc

Cercle des nage

27

Tr 26

Terminal de bus fo

30

16

25 32

31

Promenade amén

24 23

Unive

Auber 17

20

L’ANCIENNE FRONTIÈRE COMME TERRAIN D’ACTIONS

Loisirs

Accorder

21

Un espace naturel et ouvert, ponctué par des folies, vient22 compléter la bande sportive, permettant de multiple loisirs

Les entrées sont aménagées pour relier le nouveau quartier avec l’existant. Un abri et un espace boisé agissent en tant qu’éléments d’ombrage

19

18

Intensifier

L’implantation de bâtis commerçants accentue l’intensité du boulevard urbain. L’espace public de la bande des institutions est requalifié

Marché de

E

FIG. 22

AMÉNAGEMENT DES BANDES / UNE MISE EN OEUVRE PROGRESSIVE

AMÉNAGEMENT DES BANDES / UNE MISE EN OEUVRE PROGRESSIVE

44

r les es

400m2 - 1000m2

500m2 - 1000m2

3000m2 - 18000m2

3500m2 - 10000m2

Culture du terrain vague

UVES

52 500 m2 0,4 < CES < 0,6

105 000 m2

2 < COS < 3

ADAPTABILITÉ ET POLYVALENCE LA POLYKATOIKIA COMME MODÈLE

CAPACITÉ

rir

Conserver

E PEDIOS

E LEDRA

ENTRELACEMENT DES RÉSEAUX

er

ESPACE COMMUNAUTAIRE

Epaisseur

RD URBAIN

1

Alignement en limite de propriété

2

Possibilité de construction d’une stoa en retrait de l’espace public

3

Générosité du trottoir et différenciation de traitement du sol

4 1

L’améngament des cours peut faire l’objet d’une concertation collective des habitants afin d’élaborer un projet de coeur d’îlot

2 3

SOCIABILITE ET VITALITE / ESPRIT COMMERCIAL

LE COEUR D’ÎLOT / ESPACE COMMUN

NSTITUTIONS

FIG. 21

ORGANISATION DE L’INTERBANDE / UNE ARCHITECTURE/ MÉDITERRANNÉENNE ORGANISATION DE L’INTER-BANDE UNE ARCHITECTURE

Le nouveau quartier se désigne par l’inter-bande, dont la construction est réservée à la promotion immobilière privée de Nicosie. A partir de l’étude des modes de vie, le projet instaure quelques règles dans l’aménagement et l’usage des ilôts, favorisant la rencontre.

CULTURE Musée

9

Médiathèque

10

de Chypre Part1

19

de Chypre Part2

20

s représentants

21

héâtre municipal

22

Cinéma

14

45

LOISIR Bains publics

1

Amphithéâtre

2

MÉDITERRANÉNNE

1 2

5

5

46

Frictions

La conception du projet urbain a été élaboré dans l’optique de constituer des lieux d’actions, des espaces urbains capables d’intégrer les différentes appropriations des habitants et des communautés.

Fidèle à notre principe directrice, nous pensons que la réconcialiation des communautés ne peuvent se faire qu’à travers la rencontre, formelle ou informelle, des différentes populations. C’est à travers ce frottement, cette friction, que nous avons voulu développer le projet.

Par le biais de six fragments de notre intervention, nous aspirons à détailler les manières dont la fabrique de l’espace et son interprétation par les habitants peuvent être catalyseur d’évènements quotidiens et exceptionnels, participant au processus de réconcialiation.

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REPORTAGE PHOTOGRAPHIQUE 60

FIG. 21

NOTRE REGARD DU SITE Ce travail de collage a été effectué afin de faire ressortir les éléments marquants du site mais égalament l’hétérogenéité des tissus environnants.

61

FRAGMENT 1 / DOUVES 62

1

2

63

FRAGMENT 2 / LEDRA PALACE 64

1

2

65

FRAGMENT 3 / LE PARC DE LEDRA 66

1

2

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FRAGMENT 4 / LA RIVIÃ&#x2C6;RE PEDIOS 68

1

2

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FRAGMENT 5 / ERMOU STREET 70

1

2

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FACE À FACE Paul Tan Hoang & Baptiste Chatenet

PFE 2017 ENSA Paris La Villette / P922 - Milieux habités Direceur d’études / Didier Rebois

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