Le Reporter sablais n°6 - 15 janvier 2019

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PIERRE MAUGER:

JE N'AI JAMAIS VOULU DEVENIR MAIRE DES SABLES D'OLONNE ! Page 12

LE REPORTER SABLAIS

®

TOUTE LA VENDÉE

www.lereportersablais.com

N° 6 - 15 janvier 2019

Pierre mauger

ancien député-maire des sables d'olonne une des dernières figures de la résistance

Les 1er et 15 du mois - 3€

JEUNESSE 17 JUIN 1940 L'ESPRIT DE LA RéSISTANCE en france

LE RESEAU LA RENCONTRE AVEC LE COLONEL RéMY la Confrérie notre-dame

gestapo arrestation torture et déportation à mauthausen

Pierre mauger IL n'a rien révélé face à la gestapo il avoue tout au reporter sablais !

mairie sablaise de gaulle et les couloirs de la politique sablaise

© Le Reporter sablais


Pierre Mauger

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Décorations de Pierre Mauger

Croix du Combattant volontaire, Croix du Combattant volontaire de la Résistance, Médaille des Evadés, Médaille de la France libre, Médaille de la Déportation, George Medal (Grande-Bretagne), Médaille de la Résistance polonaise, Mérite congolais.

Pierre Mauger est Commandeur de la Légion d'Honneur, Grand Officier de l'Ordre national du Mérite, Croix de Guerre, Médaille de la Résistance avec rosette, Croix du Combattant.

L’image

Pierre mauger lors d'une cérémonie au monument des péris en mer

Pierre Mauger en 2018

une figure de la résistance

P

ierre Mauger est une figure de la Résistance. Il fut l’agent de liaison personnel du plus grand agent de renseignement de la Résistance, le Colonel Rémy. Torturé par la Gestapo en 1942, à l’âge de 19 ans, il n’avoue rien et sauve le réseau. Pierre Mauger est né le 15 mai 1923 aux Sables ­d’Olonne. En 1940, alors qu’il habite Nantes, il entend le discours du 17 juin 1940 du Maréchal

Pétain mais refuse la défaite. Après un épisode raté en Espagne pour rejoindre de Gaulle, il croise la route du futur Colonel Rémy. Il sera son agent de liaison personnel au sein de la Confrérie Notre-Dame, un exceptionnel réseau clandestin chargé de recueillir des informations sur les dispositifs et les mouvements allemands. Alors que le filet se resserre avec de nombreuses arrestations, Rémy décide de protéger Pierre Mauger - devenu le lien avec les principaux responsables du réseau - en l’envoyant à

Londres avec un des rares avions clandestins. Mais, il laisse sa place au dernier moment au grand résistant Pierre Brossolette qui veut voir le Général de Gaulle. Mal lui en a pris puisqu’il se fait piéger fin avril à Paris. Il est alors torturé puis déporté au Camp de Mauthausen avant d’être libéré par les Américains. Il fut dans les années 1960 député-maire des Sables d’Olonne. Maire des Sables d’Olonne de 1965 à 1971, et député du 12 mars 1967 au 1er avril 1993.

Témoignages Pierre Mauger avec à gauche un autre grand déporté, Marcel Hordenneau, ce dernier ­poursuivant une oeuvre éducative en allant témoigner dans de nombreux collèges et lycées, afin de ne jamais oublier.


Pierre Mauger

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17 juin 1940: début de l'esprit de la résistance

la route du fer suédois est coupée Pierre Mauger

▌Jeunesse Le Reporter sablais: Vous êtes né le 15 mai 1923 aux Sables d’Olonne. Mais vous avez effectué vos études au Lycée Clemenceau à Nantes. Vous vez finalement peu vécu dans votre jeunesse aux Sables d'Olonne ? Pierre Mauger: J’ai fait toutes mes études à Nantes car mes parents ont quitté Les Sables d’Olonne lorsque j’avais 4 ans. Ils sont allés résider à Nantes car mon oncle, médecin, y vivait. Mes parents, après le décès de ma grand-mère, n’avaient plus de raison de rester là et ils ont préféré allez à Nantes. J’y ai vécu de 1927 à 1940. LRS: Juin 1940. Vous avez 17 ans et vous tentez de rejoindre la France libre via les Pyrénées. Pourquoi partez-vous? Quel a été le déclencheur de cette volonté? PM: Le 17 juin 1940, j’ai entendu l’allocution du Mal Pétain et brusquement j’ai été bouleversé car tout s’est écroulé autour de moi. J’avais été élevé dans l’atmosphère des combattants de 1914, mon père, mes oncles, tout le monde avait fait la guerre de 14. Après cette période, on vivait dans le récit des sacrifices qui avaient été consentis, des souffrances subies. Notre jeunesse avait vécu dans cet état d’esprit où chacun devait son devoir à la France et, s’il en était besoin, le sacrifice pour la France. C’était quelque chose d’acquis, de normal, d'absolument indispensable. Cela peut paraître un peu sot, mais Mourir pour la France,

c’était le sort le plus beau. C’est dans cet esprit que nous avions été élevés. LRS: Ça c’est l’esprit, mais le déclencheur, vous aviez entendu de Gaulle lors de son discours du 18 juin? PM: J'ai entendu l’allocution du Maréchal Pétain disant: « Il faut cesser le combat » etc.. Cessez le combat alors que nous croyions alors que la France était un pays puissant, avec cet Empire immense qui était le nôtre, les ressources dont nous disposions, les ­possibilités énormes qui nous restaient! Un pays invincible, qui ne pouvait pas être battu. Certes il s’était passé un avatar, un incident, un accident, appelons cela comme on veut, les Allemands étaient rentrés en France. Ça ne devait pas avoir d’importance au point de cesser le combat….. Alors d’un seul coup tout s’est écroulé! Il ne faut pas oublier que durant cette période, entre 1939 et 40, nous avions vécu dans un certain climat, pas de propagande mais de soutien moral à la France. J’entends encore le Président du Conseil disant que la route du fer est coupée (voir encadré) et Paul Reynaud, au moment du déclenchement du 10 mai 1940: « Si jamais on me disait qu’il faut un miracle pour la France alors je dirais que je crois aux miracles ». Alors, quand on connaît l'état d'esprit de Paul Reynaud. LRS: C'est un homme qui a fini par démissionner! (voir encadré). PM: Nous refusions la défaite,

nous refusions l’asservissement, nous refusions la soumission. Et par conséquent, pour nous, il fallait continuer le combat ! LRS: Quel était l'état d'esprit autour de vous, vos amis, vos parents? PM: Je m’en ouvre à mes parents, je m’explique. Ils me disent: "Nous sommes bien d’accord avec toi, mais enfin réfléchis. Tu sais, c’est quand même un engagement considérable. Il y avait un esprit de révolte contre une situation que l’on jugeait absolument inacceptable, insoutenable, insupportable et contre laquelle il fallait lutter et donc on se révoltait. Il faut comprendre cette ambiance, quelle était la situation et la motivation des gens. Au début, ce mouvement de révolte est personnel, ­individuel. Les gens se regardent mais évidemment, ils sont prudents. Puis, par affinités, par amitiés, par relations professionnelles, par corporation, ils commencent à se regrouper.

▌L'esprit Résistance

de

la

PM: L'esprit de la Résistance a démarré le 17 juin 1940. C’est à ce moment là que l’esprit de Résistance s’est déterminé! Et le 18 juin 1940, le Gal de Gaulle a lancé son appel et a donné à ce moment là sa légitimité à cet esprit de révolte qu'il a baptisé "la Résistance". De mémoire, Pierre Mauger cite une phrase du discours de de Gaulle: « La flamme de la

Le fer suédois apparait, en ce début de seconde guerre mondiale, d'une importance capitale pour l'industrie de guerre allemande. Le minerai ne pouvant être acheminé durant l'hiver que par le port de Narvik (Norvège), cette ville est au coeur de l'attention des belligérants. Alors que Paul Reynaud, Président du Conseil et Ministre des Affaires Etrangères depuis le 23 mars 1940, ne cesse de répéter que la route du fer suédois est coupée, voulant donner du courage à la population française, les Allemands s'emparent de Narvik le 9 avril 1940. Une semaine plus tard, le 16 avril 1940, Paul Reynaud prononce un discours au Sénat, où il prétend que la route du fer suédois est coupée et que les Alliés tiennent Narvik. Les sénateurs applaudiront vivement son mensonge, Paul Reynaud étant parfaitement au courant de la réalité. Paul Reynaud fut nommé président du Conseil (22 mars au 16 juin 1940) et en même temps ministre des Affaires étrangères puis ministre de la Guerre sous la présidence d'Albert Lebrun. Après la débacle de juin 40, en désaccord avec le reste du Gouvernement et les responsables militaires, et mis en minorité sur la continuation de la Guerre en Afrique du Nord, il démissionne le 16 juin 1940. C’est le Mal Pétain, favorable à un armistice, qui le remplacera et engagera des pourparlers avec l'ennemi. Le 17 juin 1940, le Mal Pétain prononce un discours à la radio française

quelques chiffres

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Pierre Mauger

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tentative avortée pour rejoindre londreS

Résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas» LRS: Alors vous décidez de partir en Espagne? PM: Non, pas encore. Mes parents voient que mon esprit est bien affirmé et ils m’aident, ils m’obtiennent un premier contact avec un pharmacien de Guérande. Je vais donc à Guérande le voir et il m'envoie vers un de ses amis qui va me prendre en charge dans le Finistère, à Pont l’Abbé. Grâce à l'esprit de Résistance, une filière corporative, médicale avait été créée. A Pont l’Abbé, le pharmacien me dit que justement deux autres garçons attendent pour partir en Angleterre. L'opération bateau devait se faire sous 15 jours et vous allez partir avec eux. Il me met en contact avec les autres. Mais les choses se sont compliquées parce que le capitaine de vaisseau d’Estienne d’Orves avait été envoyé par Londres en Bretagne avec son homme radio qui l'a trahi. D’Estienne d’Orves est arrêté. Du jour au lendemain, la sécurité et les mouvements des Allemands se développent de manière considérable sur la zone du Finistère. Les contrôles et la surveillance sont accrus. Le pharmacien de Pont l’Abbé me dit alors de ne pas rester là car je ne suis pas d'ici et on va se demander ce que je fais là! "Retournes chez toi et avant que vous puissiez repartir il va se passer beaucoup de temps. Je ne sais pas nous-mêmes quelle position on va prendre. Je te conseille de partir en zone libre, et tu verras là-bas sur la côte comment tu peux aller en Afrique du Nord" me dit-il alors. LRS: Vous décidez donc de franchir la ligne de démarcation. PM: Je reviens donc à Nantes. Puis je pars et franchit la ligne de démarcation. J'essaye de trouver des liaisons maritimes sur la côte,

à Marseille, mais rien à faire, tout est bloqué. Je descends à Sète, puis à Port-Vendres. Je suis au bout et toutes mes tentatives ont échoué. Il y avait alors beaucoup de réfugiés en zone libre, venus du Nord de la France en raison de la débâcle. Il y avait des organisations pour les accueillir, des foyers. On nous servait de la soupe, on nous accueillait dans de grands dortoirs. J’y fait la connaissance de deux autres garçons de mon âge. On a le même sentiment, on a essayé de partir mais….. Alors on se dit qu'il n’y a qu’une solution c’est de partir en Espagne et de se faire prendre en charge au Consulat britannique. On part tous les trois à la marche et à Barcelone on entre au Consulat britannique. Le Consul vient nous voir, un peu ahuri de notre présence, et nous demande: "Comment avezvous fait pour venir jusqu’ici ? D’où venez-vous ?" On lui explique. "C’est pas possible! Mais comment vous avez pu pénétrer dans ce consulat qui est surveillé jour et nuit par toutes les polices espagnoles?" On lui explique que personne ne nous a rien demandé en entrant. Il faut dire que l’on avait 17 ou 18 ans, qu'ont été trois gamins, et que peut-être la police cherchait des gens qui ressemblaient à des prisonniers de guerre. Le consul nous indique alors qu'il ne peut pas nous prendre en charge parce que c’est très surveillé et que traverser l’Espagne sans papiers est pour ainsi dire impossible. "Vous feriez mieux de retourner d’où vous venez" ajouta-t-il. "On ira tout seuls" lui dit-on alors. - Très bien, répond le consul, mais je vais vous donner un peu d’argent et je vais vous donner une adresse, mais elle est au Portugal. Si vous arrivez à Valencia de Alcantara*, vous serez sauvés, vous demanderez

Monsieur Untel qui vous prendra en charge sans aucun problème. Là, votre opération sera terminée. (*NDLR: A 1000 km de Barcelone, située à 14 km de la frontière portugaise, Valencia de Alcantara a été un refuge ou lieu de passage obligé pour nombre de Français, comme pour les résistants pendant la seconde guerre mondiale). Mais je ne sais pas si vous avez une chance sur 1000 d’y arriver. Si vous y arrivez, faites le moi savoir car je serais tellement content que vous ayez pu réussir. On prend le train et par chance on échappe aux contrôles pourtant continuells. A Madrid, il fallait changer de gare pour aller au Portugal. On va vers l’autre gare et c’est là que le destin bascule parce que au lieu de rentrer par le départ, on est entré par l’arrivée. On s’est retrouvé devant trois ­ policiers. Immédiatement, ils nous ont arrêtés. On a été incarcérés à la Puerta del Sol puis condamnés à deux mois de prison ferme. Cette condamnation était étonnante pour des personnes entrées en Espagne sans visa et sans papiers. En général, on était envoyé dans des camps de prisonniers comme celui de Miranda.* (*NDLR: le camp de Miranda de Ebro - plein Nord, entre Burgos et San-Sebastian - qui servit à emprisonner les Républicains espagnols de 1937 à 41, enferma aussi de nombreux étrangers et français fuyant les nazis de 1941 à 44, et à partir de 1944 des soldats allemands fuyant l’avancée des troupes alliées et cherchant à fuir par l’Espagne vers l’Amérique latine). LRS: Que se passe-t-il au bout de ces deux mois? PM: A l’époque la situation de l’Espagne était très difficile, c’était la pénurie totale, et si les Espagnols n’avaient pas de quoi

Discours du Mal Pétain du 17 mars 40 Français ! A l’appel de M. le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l’affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes, sûr que par sa magnifique résistance elle a rempli son devoir vis-à-vis de nos alliés, sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur. En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés, qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C’est le coeur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside pendant ces dures épreuves et fassent taire leur angoisse pour n’écouter que leur foi dans le destin de la patrie.

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Pierre Mauger

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la fuite en passant la ligne de démarcation

COLONEL Rémy

Le Colonel Rémy (nom d'origine Gilbert Renault) est né le 6 août 1904 à Vannes et décédé à Guigamp le 29 juillet 1984. Il est parmi les premiers à se rallier à la cause du général de Gaulle. À l'appel du 18 juin (1940), il refuse l'armistice demandé par le Maréchal Pétain, et passe à Londres avec un de ses frères, à bord d'un chalutier parti de Lorient. Il se voit confier par le colonel Passy, alors capitaine et chef du Bureau central de renseignements et d’action, la création d'un réseau de renseignements sur le sol français. Au début le nom de code du Colonel Rémy (utilisé à partir d'août 1941) était Raymond et son vrai nom Gilbert Renault. Trois réseaux avaient été constitués au sein du Bureau central de renseignements et d'action (BCRA) pendant la Seconde Guerre mondiale, le BCRA étant le service de renseignement et d'actions clandestines de la France libre. Le réseau Raymond fut confié au futur Colonel Rémy. Puis les trois réseaux fusionnèrent pour devenir le réseau Brutus avec commandement à partir

de Toulouse. En ­ faisaient partie Gaston Deferre et Jacques-Henri Pigonneau. En août 1940, il crée avec Louis de La Bardonnie le réseau de la Confrérie Notre-Dame CND). L'objectif est d'apporter des renseignements à Londres sur les forces et mouvements allemands de la façade Atlantique. Il couvrira ensuite l'ensemble de la France occupée. ses informations furent précieuses et permirent de cibler des attaques. Après avoir utilisé de nombreux pseudo, Raymond, Jean-Luc, Morin, Watteau, Roulier et Beauce, c'est celui de Colonel Rémy qui lui donnera sa notoriété. Influencé par l'Action française, il est nationaliste et germanophobe en juin 1940 et positionné comme résistant d'extrême droite. Mais pour parvenir à la victoire de la France, il accepte toutes les rencontres et alliances afin de donner l'aura nécessaire au Gal de Gaulle. C'est ainsi qu'il organisera des rencontres à Londres entre de Gaulle et des syndicalistes ou le socialiste Pierre Brossolette.

manger je peux vous dire que les prisonniers n’avaient pas grand chose dans les prisons. Au bout de deux mois, nous sommes donc sortis, très affaiblis, et avons été reflués vers la France par où nous étions rentrés, par Cerbère (dernière commune avant l’Espagne). On nous remis dans les mains de la police française qui nous a dit que nous avions commis un délit: « On va vous renvoyer en prison! ». Mais voyant notre état de faiblesse, notre situation et notre jeunesse, le Commissaire nous donna l’occasion de nous rattraper: « Ou vous vous engagez dans l’armée française ou je vous renvoie en prison! Je vous donne 5 minutes pour réfléchir. » On a donc choisi l’engagement! On tenait à peine sur nos jambes…. On sest retrouvé à la gendarmerie de Cerbère et tout d’un coup tout a changé. Les gendarmes nous mettent dans des cellules mais laissent les portes ouvertes. Leurs épouses leur disent: « Vous n’avez pas honte, ce sont des enfants… » Elles nous apportent à manger, on nous donner un verre de vin... Le lendemain on est parti. On m'a intégré dans un dépôt de stockage à Perpignan où je suis resté quelques semaines le temps de reprendre des forces. On m’a ensuite transféré à Salonde-Provence. Et c’est là que je devais signer mon engagement provisoire dans l’Armée de l’Air. Quand je suis arrivé au camp, un samedi après-midi - moi j’étais un cas un peu particulier, mais il y avait de véritables engagés, 7 à 8 qui étaient venus avec moi depuis Perpignan - le sergent qui nous reçoit nous dit d’aller à la cantine et nous indique que nous aurons après quartier libre pendant les deux jours suivants. Aujourd'hui, samedi après-midi, demain dimanche mais aussi

lundi car le Mal Pétain a visité une base aérienne et, en étant satisfait, a donné repos pour toute l’armée de l’air pour ce lundi. "Mardi matin à 7h, je veux vous voir au pied de votre lit". - Bien Sergent ! LRS: Et vous prenez alors le large... PM: Je suis sorti à Salon-deProvence, il y avait un bus qui partait pour Marseille. J’ai pris le bus pour Marseille. Je suis arrivé à Marseille et je me suis trouvé devant la gare St-Charles; il y avait un train qui partait pour Toulouse. Je suis parti pour Toulouse. Et à la gare de Toulouse, je me suis trouvé devant un train qui partait à Le Blanc*, je suis allé à Le Blanc (*NDLR: à l’est de Poitiers). A Le Blanc, il y avait un car qui partait pour La Roche-Posay. J’ai pris le car pour La Roche-Posay. Et puis là, il n’y avait plus rien car on était à la limite de la ligne de démarcation. J’ai pris la route - à pied - et je me suis dirigé vers ce que je croyais être la ligne de démarcation. Et là sur la route je croise deux ­gamins d’une dizaine d’années qui me demandent ce que je fais là. "J’aimerais passer la ligne de démarcation. Mais je ne sais pas très bien où c’est." - Ah, mais tu n’as qu’à venir avec moi, mon père passe la ligne tous les soirs, il va te la faire passer. Le gosse m’amène chez son père à la ferme. "D’où tu sors?" - Alors j’explique mon périple, mon odyssée. "Je vais t’amener de l’autre côté, il n’y a aucun problème." De l’autre côté de la ligne il me présente à un de ses amis qui avait un bistrot et lui demande de me coucher. Le lendemain matin, j’ai repris le train pour Nantes avec l'idée de retourner à Pont l’Abbé en pensant que c'était désormais calmé. J'arrive à Nantes - le crâne toujours rasé car en prison on est complétement rasé pour éviter les poux - , et je raconte tout mon


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Pierre Mauger Le périple de Pierre Mauger depuis Salon-de-Provence jusqu'à La Roche-Posay

Pierre Mauger

Colonel Rémy

à Pierre Mauger:

"Si vous êtes arrêté, vous serez torturé et ensuite vous serez fusillé"

périple à mes parents. Ma mère: "Tu n’es peut-être pas à une minute près, j’ai une idée!" Maman prend contact avec une de ses amies qui prend contact avec Nicole de Hauteclocque* (*NDLR: épouse de Pierre de Hauteclocque, cousin du Mal Leclerc) qui était résistante dès 1940 dans le réseau du Colonel Rémy (voir encadré).

▌La rencontre avec le Colonel Rémy Pierre Mauger: C’est extraordinaire car nos destins se sont croisés. Moi je voulais partir en Angleterre, lui était là pour une mission extrêmement importante, et il avait besoin de quelqu’un de confiance pour poursuivre son travail de récolte de renseignements sur la côte Atlantique. Le Colonel Rémy vient donc me voir chez mes parents et me demande de lui expliquer la situation. Et il me demande: "Mais quand vous étiez en prison, vous n’avez pas eu l’idée d’écrire au Consulat de France". - Si, je leur ai écrit! "Et ils vous ont répondu?" - Bien sûr ils m’ont répondu. "Vous avez la lettre? Je peux la voir?" - Oui. Je vais la chercher. Le contenu de la lettre du Consulat disait: « Malheureusement, nous ne pouvons rien faire pour vous, mais nous allons quand même vous aider ». On m’avait envoyé un peu d’argent, 10 pesetas, ce qui avait permis d’acheter des bananes. Rémy examine la lettre et y voit

la signature de Pigeonneau, Consul Général. Or Pigeonneau* était un agent de Rémy! (*NDLR: Jacques-Henri Pigeonneau, Consul Général de France à Madrid). Ce courrier a donc été mon « passeport», c’était la preuve que ce que je disais était vrai et a ainsi mis en confiance le Colonel Rémy. Voyant de plus ma motivation, il s’est dit, c’est le garçon qu’il me faut! Rémy m’a alors dit: « Vous voulez combattre, mais je ne peux pas vous faire partir à Londres tout de suite, j’en aurais l’occasion sans doute dans quelque temps. Mais, entretemps, vous pourriez combattre à mes côtés." - Oui, pourquoi pas. "Mais il faut que je vous dise quelque chose. Si vous acceptez de travailler avec moi ce que je vais vous demander sera certainement extrêmement fatiguant mais surtout très dangereux. Vous risquez d’être arrêté, si vous êtes arrêté vous serez torturé et ensuite vous serez fusillé. Il faut que je vous le dise. Alors, est-ce que vous êtes toujours d’accord pour travailler avec moi?" Très simplement je lui répond - aucun problème, d’accord.! Et tout cela se passe devant maman ! A Nantes, à la maison. Elle écoute tout et elle est d’accord! C’est vous dire la chance que j’avais avec mes parents qui ont été extraordinaire de compréhension dans cette affaire. Papa, n’en avait pas la possibilité, il avait été blessé, il avait une jambe raide, mais tout le monde avait cet esprit de résistance.

LRS: Mais alors, votre engagement dans l’Armée de l’Air à Salon-de-Provence, vous l’avez complétement abandonné? PM: En fait, il s’agissait d’un engagement provisoire que je n’ai jamais concrétisé!.. Désormais, la mission c'était le renseignement. Rémy avait rejoint l’Angleterre en juin 1940. A Londres, il y avait 3000 personnes qui avaient rejoint le Gal de Gaulle et, bien sûr, ce n’est pas ça qui pouvait modifier la force militaire anglaise. Là-bas, lesAnglais lui avait donc dit: « Ce qui nous intéresse au plus haut point, c’est d’avoir des renseignements. Il faudrait que vous puissiez, en envoyant des agents là-bas, connaître ce qui se passe et ce que sont en train de préparer les Allemands. Et en particulier, il y a toute la côte que nous aimerions surveiller parce que nous dépendons considérablement du ravitaillement avec l’Amérique. Or nous n’avons aucune connaissance des opérations allemandes contre nos convois. » Rémy était donc venu en France avec une mission précise: ­installer un cordon de renseignements entre Brest et Hendaye. Il avait commencé à prendre des contacts et avait monté son réseau: il avait un correspondant à Bordeaux, d'autres à La Rochelle, à St-Nazaire, à Lorient et à Brest. Mais il ne pouvait aller partout. Il lui fallait quelqu’un qui le fasse à sa place pour que lui puisse se concentrer sur le développement et l’organisation du réseau. Il fallait tisser une immense toile avec les agents.


Pierre Mauger

7 Christian PINEAU

Quelques livres parmi les très nombreux rédigés par le Colonel Rémy sur la Résistance

LRS: Quelles étaient les mesures de sécurité et que devaient faire les agents? PM: Les agents ne se connaissaient pas les uns les autres. Un agent connaissait un nombre restreint d'autres agents et chacun de ceux-là n'en connaissaient que deux ou trois autres. Par sécurité. Les missions ne consistaient pas à chercher le renseignement mais uniquement à le récolter. Les agents écoutaient, regardaient, notaient ce qu’ils voyaient et entendaient: des passages de train, de camion, des mouvements etc.... Puis le transmettaient. En vrac. Leur travail n’était pas d’analyser. Tout cela était transmis à Londres où était déterminé une vision de

ce que programmait l'ennemi. LRS: Et votre mission personnelle? PM: Moi, ma mission - au départ nous étions que tous les deux, Rémy et moi - était d'être l’Officier traitant de tous les agents de la côte. J’allais à l’un, à l’autre. J’expliquais à Rémy tout ce qui s’était passé. Je codais les messages comme il le ­faisait lui aussi. Quand les télégrammes étaient prêts, je filais vers le radio qui changeait de lieu chaque jour. Je lui donnais les télégrammes et il les transmettait. Quand il recevait des messages, je revenais vers Rémy et les lui transmettait. Et on décodait.

Et Rémy me donnait alors des directives. C’était ça mon rôle. J’étais collé à Rémy, j’étais son émission, son missi dominici (NDLR: littéralement: envoyé du maître). Et personne n’a jamais douté une seconde que ce que je disais n’était pas ce que disait Rémy. Parce qu'évidemment, il n’y avait rien d’écrit. Progressivement, la mission a augmenté et est devenue différente. Il a fallu recueillir des renseignements sur le plan politique notamment liés au regroupement vers de Gaulle. Ainsi, des contacts ont été pris avec les partis communiste et socialiste, avec les syndicats: nous avons ainsi envoyé à Londres pour des

En 2018, Pierre Mauger, la sénatrice Annick Billon, et l'ancien député-maire Louis Guédon

Dirigeant cégétiste, résistant, En 1942, Pierre Brossolette lui propose de se rendre à Londres. Il part le 27 mars avec François Faure. Il rencontre le général Charles de Gaulle et se rallie à la France libre, bien qu'il ait des doutes sur les convictions républicaines du général. Il est à l'origine de la Déclaration du général aux mouvements de Résistance, publiée le 3 juin 1942 par le journal clandestin Libération.

fernand grenier Fernand Grenier, délégué communistre, ancien député de Saint-Denis et évadé du camp de Châteaubriand un an plus tôt, est désigné par Duclos pour aller ­représenter le Parti communiste à Londres auprès de de Gaulle. C'est en compagnie du Colonel Rémy que Fernand Grenier embarque à Saint-Aven sur un bateau de pêche au début du mois de janvier 1943.

pierre brossolette Pierre Brossolette est un journaliste, homme politique socialiste et résistant français. Responsable socialiste, Héros de la résistance française. Il participe à la formation des groupes de résistance dans la zone occupée et devient, après sa rencontre avec le Colonel Rémy, chef de la section presse et propagande de la Confrérie Notre-Dame sous le nom de code Pedro. En avril 1942, Il va à Londres en tant que représentant de la Résistance pour rencontrer Charles de Gaulle. Il travaille dès lors, promu commandant, pour les services secrets de la France libre et le Bureau central de renseignements et d'action (BCRA). Arrêté et torturé par la Gestapo, il choisit de se suicider le 22 mars 1944, sans avoir parlé. Ses cendres ont été transférées au Panthéon, le 27 mai 2015.

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Il laisse sa place dans l'avion à pierre brossolette

contacts avec de Gaulle le syndicaliste Christian Pineau, le délégué communiste Grenier, et le socialiste Pierre Brossolette (voir encadré). LRS: Vous êtes entré dans le réseau en mai 1941. Raconteznous ce qui s'est passé avec ces voyages à Londres et donc ce qui vous a été fatal le 30 mai 1942. PM: Rémy avait été appelé à Londres en février 1942. En mars, alors que de nombreuses arrestations avaient eu lieu, il m’avait dit: Pierre vous ne pouvez pas rester vous partirez par l’avion du 28 avril. Prenez vos dispositions. Le 26 avril je remonte sur Paris pour me rendre sur le terrain d’aviation clandestin en Normandie mais Rémy me dit: "Je suis très embêté parce que Brossolette demande d'aller à Londres pour prêter allégeance au Gal de Gaulle au nom du parti socialiste. C’est très important car sur le plan international, le fait de voir un rassemblement

se faire sur le Gal de Gaulle le conforterait de manière importante. C’est vous qui deviez partir, mais Brossolette voudrait partir aussi….Seriez vous d’accord pour céder votre place?" - Pas de problème lui dis-je. Et Rémy me dit: vous partirez le 5 mai en bateau de plaisance à partir de Lorient pour rejoindre un chalutier anglais. Mais tout d'un coup interdiction est faite par les Allemands aux bateaux de plaisance de sortir. Nouvelle tentative le 20 mai sur un langoustier, où je suis alors inscrit sur le rôle d'équipage. Cette fois-ci le moteur ne démarre pas. Face à ces problèmes, Rémy me dit de remonter à Paris pour prendre le prochain avion prévu le 5 juin 1942. Le 28 mai je remonte à Paris. mais à cause des arrestations, Rémy s'est retrouvé isolé car il changeait de lieu régulièrement et c'est moi qui lui présentait les contacts. Alors que j'allais me protéger à Londres et ne ­faisait donc plus partie du réseau,

Rémy me demande de lui rétablir quelques contacts, notamment avec un jeune de Bordeaux à qui j'avais laissé ma chambre. J'avais laissé mes affaires et j'ai été trahi car en raison de la présence de mes affaires, en penant que je reviendrais une souricière avait été posée. Quand je suis arrivé, je suis tombé sur la Gestapo! Et voilà, c'était terminé! LRS: Vous avez été dénoncé par un des membres du réseau, "Capri". Cette chambre se trouvait où? PM: A Paris, square Alfred Capus, dans le 16ème arrondissement, au-dessus de la Porte d'Auteuil. LRS: C'est la fin de la Confrérie Notre-Dame pour vous... PM: C'est la fin de la Confrérie Notre-Dame pour moi. J'ai finalement été arrêté parce que j'avais laissé ma place à Pierre Brossolette dans l'avion qui aurait dû me ramener à Londres fin avril 1942.

Pierre Mauger

Le grand résistant Pierre Brossolette à qui Pierre Mauger a laissé la place. © Wikipedia.

Marcel Hordenneau et Pierre Mauger portant une gerbe de l'Amicale sablaise des déportés


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15 jours sous la torture: j'ai été protégé par quelque chose...

Commence l’expérience douloureuse de l’arrestation, de la prison et du camp de concentration. Remarquez que j’ai eu beaucoup de chance dans cette affaire. Quand j’ai été arrêté, je ne me faisait aucune illusion. Je pensais: "D’accord c’est fini, le grand jeu est terminé, je n’ai plus qu’à me préparer car dans trois mois je serai fusillé." Et puis finalement, nous n’avons pas été fusillés parce que administrativement les services Allemands ont dissocié la radio du renseignement. Tous les ­radios ayant été arrêtés ont été jugés et fusillés, mais pour ceux du renseignement, ils ont décidé de nous envoyer en camp de concentration quitte à nous rappeler si le chef était pris. Or le chef, Rémy, n’a jamais été arrêté. LRS: Ils ont estimé que c’était moins grave d’être au renseignement que radio? PM: Non, pour les radios, ils avaient arrêté le chef. Ils ont donc pu faire leurs interrogatoires, juger l'ensemble du groupe et tous les fusiller. Mais pour le renseignement, il leur était nécessaire d'avoir le chef afin de pouvoir faire le procès de l'ensemble des membres du réseau. S’ils avaient arrêté Rémy, on aurait été ramené de camp, interrogés et fusillés. LRS: Vous êtes donc arrêté par la Gestapo, square Alfred Capus. En juin, après votre arrestation du 30 mai 1942, j’imagine que ce fut dur, que la Gestapo vous a interrogé pour obtenir des renseignements?

PM: J’ai été arrêté le 30 mai 1942 et je suis transféré le même jour à la Santé. J'ai subi des interrogatoires à la Prison de la Santé où je suis resté 3 ou 4 mois. J’en suis reparti vers la mi-octobre, transféré à Fresnes où je reste jusqu’au 25 mars 1943. On nous a alors transporté vers le camp de concentration de Mauthasen

où on arrive deux jours après. plupart du temps ceux qui ont Là évidemment, c’est un nouvel été torturés ont tous été acquitépisode. tés." LRS: Comment se sont déroulés les interrogatoires? PM: J'ai été interrogé et j’ai essayé de tenir le coup. J'ai subi les ­sévices de l’époque. La chance a voulu que je n’ai pas révélé ce que je connaissais. J'ai réussi à t­ ourner autour du pot. Connaissant l’agent qui avait été à l’origine de mon arrestation, c’est-à-dire le traître qui était passé de l’autre côté (NDLR: le traître portait le pseudo de "Capri") je savais à peu près ce dont il était au courant. Ça me permettait de faire illusion en répondant bien aux premières questions - ils se disaient alors que ça y est je racontais tout - mais le reste du temps je répondais ce que je voulais! Mais j’étais quand même incontrôlable. Mais pouvoir (résister ainsi) c'était un don du ciel, ce n’était pas moi. J’étais protégé par quelque chose! Je défie quelqu’un d’avoir la conscience de pouvoir se contrôler quand vous êtes battu à mort.

(NDLR: "Pierre Mauger s'est vu menacé de voir fusillés devant lui son père, sa mère, son frère et ses soeurs s'il ne révélait pas mon adresse. Il a tenu" déclara le Colonel Rémy.).

Pierre Mauger est soudain pris par l’émotion. J'arrête l'interview. La caméra continue de tourner. Il se reprend assez vite. Que faire? Poursuivre ou arrêter? Son témoignage est si précieux. "Croyez moi, ce ne fut pas de la tarte!" dit-il. Finalement on poursuit sur un autre sujet, l'épisode suivant, le Camp de Mauthausen.

L’expérience de la torture, c’est quelque chose d’affreux, d’inimaginable. Vous ne croyez LRS: Vous vous retrouvez pas ce que c’est, vous ne voyez au camp de Mauthausen pas la souffrance, et puis sur- (Autriche), le 27 mars 1943. tout on tombe dans une espèce PM: On arrive à Mauthausen d’évanouissement. Vous n’avez le 27 mars 1943 après plus le contrôle de vous-mêmes. deux jours de trajet. Vous dites des choses, ou vous Je suis resté au camp central n'en dites pas, vous n’en avez pendant huit jours, et après j’ai même pas le souvenir. Qu’est-ce été transféré au camp de Güsen que j’ai pu dire à l’époque, je qui était le camp disciplinaire. n'en sais rien! Il y a des moment Le 5 mai 1945, on a été libérés où j’ai dis quelque chose, et des par les Américains. Il était grand moments où j’étais compléte- temps… ment dans les vappes. Alors ça s’est bien passé, ça s’est passé LRS: Que faisiez-vous à comme ça, ça été parfaitement Mauthausen et à Güsen? Avezheureux, eh bien tant mieux. vous travaillé pour les fabBravo. Au bout de 15 jours ils rications de pièces des avions m’ont foutu la paix, et je suis Messerchmitt ou sur la sinistre revenu à la Prison de la Santé. Et carrière de pierres de Güsen? Quand je sortais de là, j’étais là je n'en ai plus entendu parler. PM: Tout le monde travaillait à comme un plat de viande. J’étais Mauthausen. Au départ, il y a eu complétement ­inconscient. LRS: Quelles étaient leurs la carrière et que la carrière. Je Balancé dans un coin de cel- méthodes? Ils utilisaient sur- forais des mines. C’était un métier lule, paf, et on me reprenait tout des coups, des coups dur mais "tranquille". La carrière deux jours après et paf ! Et ça pour faire parler, c’est ça? avait 20 à 30 mètres de haut, recommençait. Les Anglais, eux, PM: Oui des coups. Ils on était sur une plate-forme de avaient un principe très clair. vous pendaient par les L’agent qui était arrêté se devait bras, je ne vais pas vous.… © Photo Google: Le square Capus de tenir 48 heures (NDLR: le temps que tous les agents se mettent à l'abri). Passé ce délai, il n'était plus considéré comme responsable de ce qui se passait. "Il est inadmissible d'accuser des braves camarades qui, sous la torture, complétement inconscients, ont raconté des trucs alors qu’ils ne savaient même pas ce qu’ils disaient. iIs s’en sont souvent même jamais souvenus et on les accuse! Mais, ils faudraient que les gens qui critiquent y passent avant d’accuser. D'ailleurs, la


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Pierre Mauger 32 kilogs à l'arrivée des américains: 5 ans pour s'en remettre 2m50 de large et puis tout le long on creusait des trous avec un marteau pneumatique. On était deux par plate-forme et environ 4 à 5 équipes. A midi, les trous devaient être terminés. Le meister arrivait et on bourrait les trous avec de la poudre. Il faisait sauter tout ça, ça s’effondrait. On y retournait, on déblayait, on essayait de dissocier ce qui avait été fait avec le meister. Après c’était le boulot de ceux qui étaient sur place en bas. On allait ensuite à la soupe. On remontait là-haut. Et on recommançait à creuser les trous pour que le lendemain midi, on refasse sauter une autre partie de la carrière. Ensuite j’ai quitté ce commando (de travailleurs) pour celui du bauleitung (construction): on installait des hangars, des petites lignes de chemin de fer de Tycoville etc…parce que les SS Allemands avaient décidé d’utiliser les prisonniers pour l’effort de guerre. Donc on a installé ces hangars,

pour y utiliser des machines fabriquant des fusils et des mitraillettes. Puis je suis rentré à la construction en devenant spécialiste fraiseur ce que j'ai fait jusqu’à la fin. LRS: Vous pesiez combien à l'arrivée des Américains? (lNDLR: les Allemands pratiquaient la famine dans les camps de Mauthausen et Güsen). PM: Quand je suis rentré je pesais 32 kgs. Je tenais à peine debout. J’étais à bout, c’était la fin. Un ou deux mois de plus et je n’aurais pas tenu le coup. LRS: Vous le ressentiez? PM: On ne sentait rien ! Je ne me voyais pas, on ne se voit pas. Mais les nerfs sont là, alors on tient, faut ce qu’il faut. On avait été formés d’une certaine manière. On avait du caractère. LRS: Dans ce camp, vous avez retrouvé des gens que vous connaissiez, par exemple des gens de la Confrérie Notre-Dame? PM: Bien sûr ! Un certain nombre

de la Confrérie étaient là puisqu’on est parti ensemble. Je crois quil y avait 20 ou 25 personnes du renseignement qui sont partis le 25 mars 1943. A peu près 40% sont revenus, ce qui est extraordinaire car les retours de Mauthausen c’était 10%! (NDLR: Entre le 25 mars et le 1er avril 1943, trois convois sont partis pour Mauthausen. Parmi ces 166 hommes figuraient 24 membres du réseau Confrérie Notre-Dame dont Pierre Mauger, et 34 membres du réseau Valmy. C'est dire si les dénonciations de "Capri" avaient été lourdes. Sur ces 166, 57% rentrèrent de déportation et 41% sont décédés ou disparus - Sources: Livre mémorial des déportés). LRS: Quand vous êtes libéré, vous allez à Nantes ou aux Sables d’Olonne? PM: A Nantes où mes parents habitent. J’étais très, très, fatigué (NDLR: il a alors 22 ans et fut pris par une forte fièvre à son arrivée). Je suis venu aussi aux

Pierre Mauger, à gauche, avec les élus devant le Monument aux Morts des Sables d'Olonne


Pierre Mauger

Sables d’Olonne car ils y avaient une petite maison où on venait l’été, mais c’était pendant les vacances de 1945. Et je dois dire que j’étais complétement désorienté car je rentrais de nouveau dans un univers qui m’était, j’allais dire inconnu, car j’avais fini par commencer à m’adapter à un autre univers en vase clos. Celui du camp: c’était ça la vie et il n'y avait rien d’autre. Et d’un seul coup, je sors de cette bulle. Je vois les uns et les autres, chacun vit « normalement ». Moi, je ne suis pas normal, je suis complétement désaxé, je suis devenu fou. Parce qu'on était tous dingues à Mauthausen. Faut voir ce que c’était, la vie, la trépidation, on vivait sous les coups, sous la mort, on ne savait pas si à la minute suivante on serait vivant ou pas ! Ca tombait de tous les côtés ! C’était l’arbitraire le plus absolu. Il n’y avait aucune logique, tout était fait pour déstabiliser, pour détruire l’individu. C’était ça Mauthausen, et ça c’est très difficile à faire comprendre ! C’est très difficile à admettre par quelqu’un de sensé, quelqu’un de raisonnable, qui est normal, qui vit d’une manière

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juste et tranquille. Comment une chose pareille peut-elle être envisagée ? Il ne peut pas se l’imaginer ! Et nous, nous n’avons pas de mots pour expliquer, cette situation, cette ambiance, cette atmosphère, cette terreur qui existait tout le temps ! A laquelle on ne faisait plus attention ! La mort pour nous n’existait pas puisqu’elle était présente tout le temps ! Ça tombait! Il y en avait toujours autour de nous, des morts: à midi, le soir, le matin, et même pendant la nuit, car ils couchaient à côté de nous. Le lendemain matin, on voyait qu'ils ne s’étaient pas réveillés. On couchait à trois dans un lit, on était tassés les uns contre les autres. Et s'il y en avait un qui ne se réveillait pas le matin, eh ben il était mort… On n’avait pas le temps de s’en occuper car il fallait courir tout de suite; on était mené à la schlag (NDLR: les coups) ­c­ontinuellement! On n'avait jamais un moment de tranquillité ! Interview recueillie par: Philippe Brossard-Lotz Le Reporter sablais

Travail des prisonniers à Güsen © Photo: Wikipedia


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contraint et forcé de devenir maire des sables d'olonne !

PIERRE MAUGER élu maire des sables d'olonne en 1965

Pierre Mauger durant l'interview

Le 14 avril 1947, le Gal de Gaulle lance le « Rassemblement du Peuple Français » - RPF - pour « promouvoir et faire triompher, par-dessus nos divisions, l’union de notre peuple dans l’effort de rénovation et la réforme de l’État ». Dix jours après, Le 24 avril 1947, salle de la maison de la Résistance au 53 de la rue François-Ier, à Paris, le Général de Gaulle expose les raisons qui l’ont amené à créer le R.P.F.

LRS: Vous êtes élu Maire des Sables d’Olonne en 1965. Que s’est-il passé entre 1945 et 1965? PM: Ah ! Je reçois un coup de téléphone de Rémy qui me dit: "Pierre, j’aimerais vous voir, c’est urgent, voulez-vous passer à l’Hôtel La Pérouse à midi." Et là, il me dit: "Le Gal de Gaulle va lancer dans quelques semaines un grand mouvement national et j’ai pensé à vous pour que vous puissiez nous aider à mettre en place dès le départ ce mouvement." Rémy ajoute: "Vous pourriez être chargé de mission sur cinq départements (dont la Vendée) et puis vous feriez la mise en place des premiers comités provisoires chargés des permanences, des cotisations et travailler à l’organisation." Le 2 avril 1947 (NDLR: en fait le 14) le Gal de Gaulle lance le RPF et me voici parmi les 12 chargés de mission chargés de mettre en place l’organisation du mouvement. J’y suis resté deux ans comme permanent, et au bout de deux ans, la politique ayant changée, l’opération n’ayant pas réussie, le RPF a réduit ses objectifs, et par conséquent son personnel. J’ai donc quitté le mouvement. Mais entre-temps j’avais fait la connaissance de beaucoup de gens dans l’entourage du Gal de Gaulle, ceux du premier cercle! En tant que chargé de mission, je voyais le Général toutes les semaines lors des briefings durant lesquels on lui expliquait

tout ce qui se passait. Je suis alors allé travailler, ­toujours à Paris, avec un ­négociateur de brevets. C’est avec lui que j’ai appris ce que j'ai fais par la suite, c’est à dire dirigeant d’entreprise. Au bout de deux ans j’ai eu l’opportunité de partir en Afrique, en juillet 1951, ce qui était mon grand rêve. Accueilli là-bas par des amis, à Brazzavile (Congo), je suis rentré dans une entreprise et j’ai fait mon chemin à travers ce groupe. L’Afrique, c’est très particulier, on y faisait beaucoup de choses, il fallait faire face mais j’étais parfaitement apte à faire ce ­métier-là. Finalement, au bout de 5 ans, j’ai pris la tête de ce petit groupe, au fur et à mesure du départ de mes prédécesseurs rentrés en France, souvent à cause de la scolarité des enfants. En 1963, il y eu la révolution au Congo et à partir de ce moment là les choses ont changé. Le gouvernement a nationalisé l'affaire que je dirigeais, ce qui fait que je n’avais plus de raison de rester là-bas. Je suis donc revenu en France au mois de juillet 1964 (NDLR: donc 13 ans après), aux Sables d’Olonne où mes parents m’avaient acheté un petit appartement vers 1956-57. Durant mon séjour au Congo, j’y avais passé mes vacances tous les deux ans, puis tous les ans. Etant donné l’’atmosphère au Congo il n'était pas question d'y

retourner. Pour trouver quelque chose, direction Paris où se trouvaient tous mes copains: le Gouvernement du Gal de Gaulle était composé de toute une partie d’amis que j’avais connu dans la Résistance ou dans l’après-Résistance. L'accueil fut chaleureux. Je suis tombé sur Gaston Palewski, président du Conseil constitutionnel (voir encadré) qui m'a invité à déjeuner et qui me dit: "Pierre, ne cherchez plus, je sais ce que vous allez faire. Je vais téléphoner demain matin à Guillaumat qui vient d’être chargé par le Gal de Gaulle de créer la société Elf (voir encadré). Il n’y a pas de problème, il va vous prendre avec lui. Ne cherchez plus ailleurs. Effectivement, trois jours après on me convoque et on m’intègre à la société, dans l'attente de me trouver un poste… (NDLR: on est alors entre juillet 1964 et mars 1965).

Et puis, deux jours après, je tombe sur Roger Frey (voir encadré) qui était ministre de l’Intérieur. Et Roger Frey avait un énorme problème. Les rapports que lui faisait le Préfet de Vendée sur les prochaines élections municipales (14 au 21 mars 1965) aux Sables d’Olonne montraient que l’actuelle municipalité (le maire élu - de justesse - en mars 1959 est Charles Rousseau. Mais, un conflit avec sa majorité sur le budget de la Ville le pousse à la démission en février 1960. C’est


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elections municipales de 1965: le risque d'un maire anti-gaulliste! Roger Frey me dit: "Tu vas être maire des Sables d'Olonne!"

Michel Laurent, avocat maritime qui l'a remplacé jusqu’en mars 1965 qui risquait de se faire battre par un anti-gaulliste) allait être rejetée et battue par une nouvelle équipe ayant plutôt des tendances anti de Gaulle et Algérie française. LRS: C'était qui? Et pourquoi Roger Frey avait un énorme problème? PM: C'était une nouvelle équipe menée par Abel Thomas. Le Gal de Gaulle avait décidé de venir faire un grand discours aux Sables d’Olonne le 19 mai 1965! Et Roger Frey se demandait comment il allait faire si la nouvelle municipalité était antigaulliste. "Je ne peux pas demander au Gal de changer son parcours, il faut que je trouve une autre solution!" Entretemps, le Préfet lui avait fait un nouveau rapport et lui avait parlé de mon arrivée aux Sables d'Olonne. J'ai déjeuner avec Roger Frey qui a dû penser: "Voila ma proie, c’est lui qui va me faire mon opération!" car il va alors me dire: « Tu vas être maire des Sables d’Olonne » ! Mais moi, je ne voulais pas être Maire des Sables d’Olonne!

Gaston Palewski - Compagnon de la Libération, député de 1951 à 1955, ambassadeur de France en Italie, il est ministre en 1955 puis de 1962 à 1965 et président du Conseil constitutionnel de 1965 à 1974. C’est un baron du Gaullisme. Elf - La société Elf-Rap a été créée en 1967 par regroupement de trois: régie, société et bureau liés au pétrole. Pierre Guillaumat, l’un des fondateur de la DGSS - services spéciaux et de renseignements -, ancien ministre des Armées

J’étais rentré chez Elf, je ne voulais pas être Maire des Sables d’Olonne! "Qu’est-ce que vous voulez que j’aille foutre comme Maire des Sables d’Olonne!? Hein!" D’ailleurs je n’y connaissais personne aux Sables d’Olonne. Ce n’est parce que j’y étais né, et que j’avais des copains d’enfance, mais les copains d’enfance ça tient sur les dix doigts de la main. Roger Frey me dit: "Non, il faut que tu y ailles, je vais m’occuper de toi!" Finalement, pressé par les uns et les autres….je vous passe beaucoup de choses…!! Croyez moi je ne me suis pas laissé faire, mais je n’ai pas eu le choix! Et le sort a voulu que je sois élu! Je me suis retrouvé maire des Sables d’Olonne. C’est à dire dans une merde complète! (rires). LRS: Pouquoi? PM: Ben oui ! C’était une catastrophe épouvantable pour moi! Alors je suis remonté à Paris et j'ai filé au Ministère de l’Intérieur. Je suis rentré dans le bureau de Frey qui se précipite sur moi: « Ah, mon Pierre! Tu as été merveilleux.» de Gaulle, est nommé par ce dernier à la tête d’Elf. Elf aurait été alors un instrument au service de l’influence française dans les pays pétroliers. Roger Frey - ministre de l’Intérieur de 1961 à 67. Un baron du Gaullisme. C’est alors qu’il est place Beauvau qu’est mise en place la police parallèle de « Barbouzes » pour lutter contre l’OAS, et que se produisent l’affaire des manifestants Algériens jetés dans la Seine et l’affaire Ben Barka.

Je lui réponds: "Je ne suis pas merveilleux, écoute Roger, tu m’as mis dans une merde épouvantable dont je ne sais pas comment me tirer! Et puis, je ne sais pas comment c’est d’être maire, je n’ai jamais fait ce m ­ étier, je n’y connais rien là-dedans ! Et puis ce n’est pas une situation (professionnelle)! LRS: Querls étaient les problématiques pour vous aux Sables d’Olonne? Les opposants, le mandat qui ne vous plaisait pas ? PM: Non, j’avais été élu avec une bonne majorité avec ma liste, non c’est que j’arrivais en terrain inconnu! C’était tout à fait normal que les personnels de la mairie ne me voyaient pas arriver de gaieté de coeur, se disant mais qui est cet abruti qu’on nous a envoyé, qu’est-ce que c’est que ce zigoto! LRS: Vous avez été élu, mais que s'est-il passé pour celui qui était anti-gaulliste et Algréie française et qui devait prendre le pouvoir? PM: Abel Thomas a été pris « à part » là-haut à Paris. On lui a fait comprendre que pour lui, son projet d'élection aux Sables d’Olonne, c'était terminé. "Maintenant aux Sables

de gaulle en vendée

De Gaulle se lance de février 1959 à juin 1965 dans un tour de France pour aller au contact de la population. Le 23ème voyage se déroule dans les Pays de la Loire entre le 19 et le 23 mai 1965 après avoir atterri en Caravelle sur l'aéroport de Château-Bougon. Le 19 mai 1965 il traverse la Vendée: Falleron, Froidfond, Challans, St-Jean-de-Monts et Les Sables d'Olonne. Le Général est accompagné de son épouse et des ministres de l'Intérieur et de l'Agriculture, Roger Frey et Edgard Pisani.

Pierre Mauger entre de Gaulle et les Reines © Photo: Col. Pierre Mauger


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Pierre Mauger derrière Charles de Gaulle, sur le Remblai des Sables - © Photo: Coll. Pierre Mauger

abel thomas

Il était né à Fontenay-le-Comte, fit ses études à Beauvais et entra à Polytechnique. Il exerçait comme ingénieur général du Génie civil maritime. Résistant, il combattra aussi comme officier de char dans la Division Leclerc de 1942 à 44. Il occupera de nombreux postes prestigieux dans les cabinets ministériels dont celui de directeur-adjoint de Bourgès-Maunoury, président du Conseil (1957). En poste dans les cabinets du ministère de la Défense, il jouera un rôle important et controversé dans le domaine des échanges nucléaires. Abel Thomas était appelé à un grand avenir, mais il était taxé d'anti-gaulliste et favorable à l'Algérie française. Le retour de de Gaulle le 1er juin 1958 signe la fin des grands postes politiques. C'est plutôt alors la course au postes de conseiller ou administrateurs dans diverses sociétés. Et effectivement, il sera PDG de 1965 à 72 de la société d'aéroglisseurs Naviplane (Sedam), un des deux projets de la société de l'aérotrain dont il était conseiller technique. En mai 1978, il devient député UDF en remplacement de Jacques Dominati.

d’Olonne, pour la prochaine élection municipale, c’est Pierre Mauger!" lui a-t-on fait comprendre en haut lieu! "Ecoute, c’est pas compliqué Abel. Tu vois là, il y a une belle société, Naviplane. Elle a ­besoin d’un président, alors tu vas être président de Naviplane. C’est beaucoup mieux que d’être Maire des Sables d’Olonne." Abel n’a pas insisté…. Il est parti à Naviplane...Il a dit à son équipe électorale qu'il ne pouvait continuer et celle-ci, en partie sélectionnée, m'a rejoint....

content, croyez-moi, car il s'était demandé où me mettre pour ne pas avoir d’emmerdements par la suite!

Donc, je n’y connaissais rien mais Roger Frey me dit: "Ne t’inquiète pas. D’abord, je vais t’envoyer une équipe qui va faire le point de la situation, qui va préparer le programme pour ton mandat. En ce qui concerne le personnel, si ça ne va pas, on t’en mettra des nouveaux, il n’y a aucun problème ! Dans deux ans, il y a la députation, tu te présentes, et tu seras élu!" - Eh là, oh oh ! Mais je n'avais pas grand chose à dire.... Alors je me suis mis au boulot. Je dois dire une chose, c’est qu’à partir de ce moment là, je faisais ce que je voulais.

LRS: La construction du phare de l’Armandèche, l’élargissement du quai Guiné, les résidences immobilières comme la résidence Franqueville, l’allongement de la piste de l’aérodrome, le futur Port Olona... etc Vous souvenez-vous de tout ça? Le futur Port Olona, c’est bien vous? PM: "Moi je n’ai pas eu le temps de le faire." LRS: Oui mais c’est vous qui l’avez lancé! A l'époque, ça s’appelait le « Port de Yachts ».

LRS: Donc vous avez abandonné Elf? PM: Ah ben, je pouvais pas faire les deux. Je suis retourné à Elf et je leur ai dit que j'étais désolé. Mais le Directeur des ressources humaines était très

PM: En fait d’abord, pour faire le port de plaisance, il a fallu convaincre les pêcheurs et puis les gars de La Chaume, car il fallait faire sauter le pont. Alors je leur ai dit qu'on ferait sauter le pont mais qu'il y aurait une

▌Mairie des Sables d'Olonne LRS: Vous souvenez de vos grandes réalisations de Maire des Sables d’Olonne entre 1965 et 71? PM: Alors là ! LRS: J’en ai relevé quelques unes pour aider votre mémoire (NDLR: Pierre Mauger a 94 ans et c’était il y a 50 ans !).

▌Port Olona

grande rocade qui passerait par derrière. Je pensais que pour eux, entre passer par la rocade en voiture ou passer à pied par les charbons, c’était aussi bien de passer par la rocade en voiture. Et qu'ensuite il y aurait une liaison en bateau entre le quai Guiné et le quai Garnier. LRS: A l’époque le projet était inscrit au 5ème Plan et il faisait partie des 12 ports prioritaires. PM: Bien sûr. Mais étant donné l’esprit des Sablais et l’opposition que j’ai rencontré auprès d’un certain nombre d'entre eux, je n’ai pas pu réaliser Port Olona. Il est donc sorti du 5ème Plan au bout de deux ans et tous les crédits qui m’avaient été accordés ont été supprimés. Donc moi je n’ai pu que faire réaliser l’étude préparatoire avec l’emplacement du port mais je n’ai pas pu le mettre en oeuvre. C’est mon successeur (NDLR: Albert Prouteau) qui a réalisé le Port de plaisance. LRS: Vous aviez face à vous deux camps d'opposants: - ceux qui trouvaient que les emprunts étaient trop élevés car l’Etat n’apportait que 30% du montant du coût de la construction du Port de plaisance. - et les cultivateurs et propriétaires dans les marais qui estimaient que vos expropriations étaient de la spoliation! PM: C’est vrai, c’était de la spoliation! Mais ce n’ était pas


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j'étais rentré chez elf, je ne voulais pas être maire des sables d'olonne

de mon fait. Moi, j’étais d’accord pour payer le prix que désiraient les agriculteurs, mais l’administration des Finances m’a courcircuité et a foutu en l’air mon projet. C’est pourquoi ça n’a pas pu passer. Au départ, j’ai commencé à acheter les terrains au prix mais alors ça a été dénoncé et ça a été abandonné. Je me souviens du prix que demandaient les agriculteurs. C’était 3 francs. Mais l’administration a refusé cela et elle voulait 30 centimes, sous prétexte que c’était des marais ! Trente centimes, ce n’était pas possible. Oui, c’était de la ­spoliation. Alors je n’ai rien racheté. C’est mon successeur qui a travaillé d’une autre façon que moi en prenant un promoteur extérieur qui a réalisé toute l’opération immobilière. Moi j’avais cherché à le faire au nom de la ville des Sables d’Olonne. Moi j’avais une subvention mais pas lui, mais ça n’a pas d’importance. Là j’ai fait une erreur.

▌Projets d'urbanisme LRS: A votre arrivée, vous aviez des projets d'urbanisme. On a pu voir aussi la réalisation de la Tour Franqueville. Quelle était votre stratégie? PM: Quand je suis arrivé, j'ai rencontré le directeur du service des Eaux qui avait eu connaissance de mon projet d'urbanisme. Il m'a dit: "Monsieur le Maire, j'ai appris que vous vouliez mettre en valeur le Remblai, mais je dois vous dire qu'il n’y a pas (de pression) d’eau aux Sables d’Olonne. Actuellement l’eau ne monte pas au 1er étage!» Je lui ai dis que je savais et que c’était embêtant pour quelqu’un qui voulait faire des immeubles de 5 ou 6 étages. je suis allé voir sur place la situation avec les services de l’Equipement et de l’Agriculture et puis là j’ai demandé au subdi-

visionnaire: "Mr l’Ingénieur, vous m’expliquait la situation actuelle mais serait-il possible en aval de faire un nouveau barrage?" - Oui, il y a une très bonne faisabilité pour un barrage en aval, on connaît déjà l’endroit possible. "Et si on faisait ce barrage quelles seraient les conséquences?" - Eh bien Monsieur le Maire, on multiplierait par 5 la réserve d’eau. "Allez, on fait le barrage!" Alors évidemment, ça a surpris un peu au départ le brave ingénieur. Mais je suis monté à Paris et j’ai expliqué la situation. Il n'y a pas eu de problème, le barrage était dans la poche. On a prévenu le Préfet et tout le monde s’est mis au boulot. Et six mois plus tard, on était tous à Paris au ministère de l’Intérieur pour organiser la mise en route de l’organisation du barrage. Ce qui fait que ma première opération, c’est la construction d’un barrage avec une nouvelle canalisation d’eau de 350 au lieu de 100, et la construction d’un château d’eau énorme pour pouvoir permettre à l’eau de monter.

▌Assainissement Ensuite, la deuxième opération, ce fut l’assainissement parce que c'est nécessaire quand vous voulez transformer une ville comme je le désirais pour développer son économie. Il fallait ldensifier toute une partie en résidences secondaires et construire de nouveaux immeubles. Pour cela, il fallait réaliser l’assainissement qui était absent aux Sables d’Olonne. Les effluents allaient d’un côté dans le port et de l’autre dans la mer! J’ai préparé cela avec même son financement, mais un plan d’assainissement, ça se fait sur 15 ans!

Le vrai problème n’est pas d'avoir des projets et de les organiser, le problème c’est de savoir s’il y a le financement ou pas. J’apportais le financement. Pareil pour le barrage, j’ai apporté le financement. Après, c'est le travail des ­ouvriers, constructeurs, ingénieurs etc.. mais c’est lancé! Ce fut donc la deuxième opération importante. Evidemment, ça ne se voit pas beaucoup cela!

viabilités, toutes les transformations, j’ai même fait reculer de 8 mètres les rails de la Sncf (rires), il a fallu qu’ils changent tous leurs aiguillages ! C’était parfait. Ca n’a pas coûté un centime à la ville.

▌La Sncf et Les Salines

▌Autres réalisations

La troisième opération fut celle des Salines. Je suis allé voir la Sncf et je leur ai demandé de pouvoir racheté tous ces terrains qu’ils n’utilisaient pas. LRS: Ce que l’on a appelé à l’époque « L’aménagement de la Gare » PM: Oui. Ils me disent: « Mais on n’a jamais vendu de terrain à la Sncf. » Je leur dis: « Ce n’est pas une raison pour ne pas ­commencer! ». Ils se sont mis à rire. Le Secrétaire-Général de la Sncf, Antonini était un camarade du Réseau de la Résistance. J’avais donc des contacts avec lui tout à fait prioritaires. (NDLR: Jules Antonini fut un résistant de la Confrérie Notre-Dame). Alors, il m’a dit: « Pierre, je vais m’arranger, je vais en parler au Conseil d’administration. Et on va vendre (à la Ville) les terrains. » Ça m’a permis de doubler la largeur de l’avenue du Gal de Gaulle (devenue Georges Pompidou), de doubler l’avenue Nicot, et j’ai fait construire par la Caisse des Dépôts et Consignations l’immeuble des Salines (une tour de 10 étages), j’ai fait faire aussi toutes les

Voilà le travail d’un Maire ! Moi, quand je vois mes collègues maires actuels. « Ah on peut pas y arriver, on n’a pas la dotation, on n’a pas ceci, on n’a pas cela…!! Mais c’est pas possible ce truc-là!

PM: Le champ de courses, c’est moi qui l’ai construit. Les tennis de La Rudelière en face du Casino des Sports, c’est moi qui l’ai fait aussi avec le club-house. C’est moi qui ait lancé l’idée de la Thalassothérapie, qui ai acheté le terrain aux Eaux et Forêts et qui ai prévu l’emplacement où il est à l’heure actuelle. Je n’ai pas eu le temps de le faire mais.. Toute la mise en valeur du « sahara » à La Chaume où il y avait du sable et des blockhaus, c’est moi. C’est moi qui ait fait la Route de la Corniche. C’est moi qui ait fait sauté les blockhaus ce qui a permis de faire des Lotissements. Et le Phare de l’Armandèche. Alors pourquoi ce phare? Parce que l’Equipement un jour vient me voir, et ils me disent: « On a fait une grosse erreur. On a donné des permis et maintenant ces permis occultent...."" LRS:.......le Phare de la Tour d’Arundel ! PM: Oui, le phare de la Tour d’Arundel. « Alors, il faut qu’on résilie les permis. » - Je leur ai dis qu'on ne résiliait pas les permis et qu'on allait


Pierre Mauger

16 © Le Reporter sablais

Pierre Mauger durant l'interview

construire un nouveau phare! Je suis allé voir Les Phares et Balises, on s’est arrangé, je suis allé à Paris et hop, on a ­construit un nouveau phare. Il faut savoir se démener. Il faut pas rester les deux pieds dans le même sabot!

Projet de Pierre Mauger aux

Sables d'Olonne:

"Une opération pilote comme celle de la côte du LanguedocRoussillon"

LRS: J’entends toutes vos réalisations mais malgré tout… PM: ......Mais j’en ai trop fait. LRS: Malgré tout les fameux immeubles des résidences St-Nicolas sur la Corniche de La Chaume sont quand même assez contestés à cause de leur hauteur, de l’environnement. Il y en a deux à droite de la route, et un très haut à gauche de l’autre côté de la route. PM: On avait donné les permis, il fallait bien les réaliser ! Et c’est pourquoi j’ai été obligé de faire construire le phare de l’Armandèche. LRS: Les gens ne trouvent pas que ce soit une belle conception pour la côte chaumoise. PM: Tout ça c’est ridicule. Vous trouverez toujours des gens chagrins. Ce que l’on a fait à l’époque, c’est bien. Vous le revoyez 50 ans plus tard, vous dites oh, c’est triste. C’est comme ça. Les gens changent, les goûts changent, les personnes ne sont plus les mêmes. Eux, ils n’ont pas vu l’état de la situation telle qu’elle était. A l’époque dans ce coin là c’étaient des conserveries. LRS: Oui sur les quais. PM: Alors il a fallu tout changer,

tout transformer! LRS: Il y a eu beaucoup d’immeubles d’un seul coup: là sur la corniche, Le Franqueville sur le port à la place de l'ancienne Poissonnerie, des immeubles sur le Remblai. Des villas qui ont été abattues. C’est constesté maintenant ! PM: Moi je n’ai pas arrêté de construire ! Que les gens contestent quoi que ce soit, c’est leur droit le plus strict, mais à l’époque, qu’est-ce qu’il fallait faire ? Il fallait redonner à cette ville qui était complétement ensommeillée, endormie, qui s’affalait tranquillement dans sa léthargie, il fallait lui redonner du muscle, lui redonner une nouvelle économie. Et à partir du moment où j’ai lancé toutes ces opérations, où j’ai réalisé tous ces travaux, j’ai vu une masse de gens affluer et ainsi à Pâques on faisait autant d’argent qu’au 14 juillet. A la Pentecôte, tout le monde arrivait de la même manière. Et la ville a beaucoup changé. Pour les villas, sur le Remblai, le Palazzo Clementina n’a pas bougé. Les villas à l’angle de la rue Travot, l’Agence Fraud, ça n’a pas été touché. C’est eux qui ont enlevé le calvaire. Non, non, c’est de la blague…

▌Rue piétonne Mais c’est très difficile de faire évoluer les gens. Quand j’ai voulu faire la voie piétonne à

partir de la Mairie..... Je les ai réunis, j’ai parlé avec eux, j’ai expliqué. J’ai pris un arrêté pour ça. Mais 48h après j’ai été obligé de déchirer l’arrêté car c’était la bronca! Ils n’avaient pas compris leur intérêt ! J’y peux rien. Cinq ans ou dix ans plus tard, ils ont compris, et ils ont demandé une rue piétionne et ils s’aperçoivent que c’est beaucoup mieux. J’étais trop en avance !

▌Le littoral LRS: Revenons au littoral. Olivier Guichard, délégué à l’Aménagement du Territoire vient aux Sables d’Olonne. Il déclare: « L’Aménagement du Littoral pose un problème capital pour l’essor touristique de la Vendée. » Vous avez répondu: « J’estime d’autre part qu’il est indispensable que l’on envisage l’aménagement de notre côte telle une opération pilote au même titre que celle de la côte Languedoc-Roussillon. » Quel était donc votre projet au niveau du tourisme et du littoral aux Sables d’Olonne. Quelle était votre vision des choses à l’époque ? PM: Ma vision des choses était de faire une série d’immeubles alors qu’il n’y avait que des villas, c’est à dire faire gagner de l’argent aux propriétaires des villas en les vendant très cher et en mettant des immeubles à


Pierre Mauger

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MOI, je n'ai pas arrêté de construire !

la place pour que des résidents secondaires viennent dépenser de l’argent dès qu’ils auraient un moment de liberté. Ça relançerait l’économie de la ville. En ce qui concerne la zone de la Paracou, nous avions acheté tous les terrains mais je n’ai pas eu le temps de les mettre en valeur. LRS: Oui, vous vouliez mettre en place la ZAD de La Chaume qui finalement ne s’est pas faite. PM: J’ai lancé l’opération, nous avons passé un contrat avec une société d’aménagement. Mais je ne voulais pas densifier la zone, je voulais faire quelque chose de très résidentiel avec des arbres, des équipements sportifs. Là-dessus j’ai été battu aux élections municipales suivantes et la première décision du nouveau maire a été de résilier ce contrat. Ca a coûté de l’argent à la Ville des Sables d’Olonne car il a fallu payer un dédit. Regardez l'aménagement du Remblai que j’ai refait. A La Chaume aussi, j’ai refait toute la Corniche. Je n’ai pas abouti à la Paracou

car j’ai manqué de temps. Par contre, j’ai fait acheté les terrains aux Eaux et Forêts pour réaliser le cimetière à La Rénaie car il n’y avait plus de places.

▌Les chais des pêcheurs LRS: Les chais des pêcheurs qui étaient le long du chenal, rue Marcel Garnier: les pêcheurs étaient mécontents car on allait déplacer les chais. PM: Je suis allé les voir. C’était des petits machins de rien du tout avec des rats partout. Fallait voir le quartier comment c’était ! Je leur ai dit voilà ce que je vais faire. Je vais supprimer les chais mais je vais construire quelque chose dans lequel vous serez beaucoup mieux. Ils étaient dubitatifs et pensaient que c’était encore une promesse en l’air. Alors j’ai construit les nouveaux chais. Quand ils ont été construits on leur a attribué ceux-ci.

▌Le Colonel Rémy aux Sables d'Olonne LRS: 9 décembre 1966, c’est sous votre mandat: vous sou-

venez-vous que le Colonel Rémy est venu aux Sables d’Olonne pour une Conférence « La guerre secrète en France occupée ». Voius vous souvenez de ces retrouvailles. PM: Si, si, il a même couché à la maison. Je m’en souviens bien maintenant, il avait fait une conférence à La Roche-sur-Yon et une aux Sables d’Olonne. LRS: Ça devait être exceptionnel ces retrouvailles, vous qui aviez été son agent de liaison personnel. Et puis une visite aux Sables d’Olonne, ca devait être très fort. PM: Ah mais je ne l’ai jamais perdu de vue. Entre Rémy et moi il y avait quelque chose de très particulier car, en fait, j’étais plutôt une espèce de fils aîné. Comme si je faisais partie de la famille. Toute la famille Renault m’a considéré comme faisant partie de la famille. La mère de Rémy m’accueillait comme un fils. Les rapports étaient familiaux.

Didier Gallot, Pierre Mauger et Louis Guédon

Interview recueillie par: Philippe Brossard-Lotz Le Reporter sablais

Fin 2018, dans le cadre de la fusion aux Sables d'Olonne le maire Didier Gallot a fait le choix de donner le nom du Colonel Rémy à l'une des rues des Sables d'Olonne. Pierre Mauger et Didier Gallot devant la plaque récemment posée. © Photo: Le Reporter sablais


Histoire

18 février 1968

le gang des 4 cv

Durant treize mois, ils ont accumulé ce butin après avoir attaqué quinze agences bancaires. Finalement, le "Gang des 4 cv" a été démantelé le mardi 13 février 1968 aux Sables d'Olonne grâce à une large collaboration puisqu'elle a réuni la Sureté urbaine des Sables d'Olonne et les SPPJ d'Angers, de Reims, Lille, Limoges, Orléans et Bordeaux. Egalement "sur le coup" la police parisienne et la Brigade nationale de Recherche criminelle!

© Photo: Renault - DR

Février 1968: dix jeunes malfaiteurs viennent d'être arrêtés aux Sables d'Olonne alors qu'ils avaient commis 15 hold-up et volé 500.000 francs.

Le modèle de voiture utilisé par le gang pour ses hold-up contre les banques, une voiture "facile à voler".

Du 30 décembre 1966 au 15 janvier 1968: - agression d'un employé de la Sécurité sociale La Rochelle: 55.000 F; attaque du Crédit Lyonnais à Levallois: 11.000 F; attaque du Crédit industriel de l'Ouest de Nantes: 20.500 F; attaque de la BNP à Hendaye: 70.000 F; attaque de la Banque Brisca à Pau: 37.000 F; attaque de la Banque populaire à Tours: 35.000 F; attaque du Crédit du Nord à Reims: 20.000 F; tentative sur la Société Générale à Marcq-en-Baroeil; attaque du CIO à Tours: 13.375 F; attaque de la Banque Hispano-Française à Anglet: 20.000 F; tentative sur la BNP à Orléans; attaque du Crédit Lyonnais de Ruelle: 25.700 F; attaque de la BNP à Gradignan: 6000 F; attaque de la BNP au Mans: l'opération échoue; attaque du CIO à Nantes: 27.000 F.

guy urien - 25 ans

un sablais à la tête du gang ! A la tête du "Gang des 4 cv" un jeune sablais de 25 ans, du nom de Guy Urien. Grâce à leurs recherches, les policiers ont pu imputer les 15 hold-up au "Gang des 4 cv" et ils savent désormais que le Sablais Guy Urien, originaire de Paris mais r­ésident aux Sables d'Olonne, a participé aux 15 hold-up. Bien que gérant de bar à La Rochelle, Guy Urien était domicilé aux Sables d'Olonne et il montait ses coups en recrutant divers complices selon les lieux de hold-up envisagés. Le repaire de la bande était une boîte de

nuit située sur le quai du port des Sables d'Olonne, du nom de "Dans' Club" (autrefois "La Tannière"), dont le propriétaire originaire d'Alger et âgé de 29 ans s'appelait Daniel Montoro. Lors de l'attaque du 21 décembre 1967 contre la BNP au Mans, le caissier a tiré sur Guy Urien et a réussi à le blesser à un doigt. Ils opéraient toujours avec des 4cv - d'où leur nom de "Gang des 4 cv" - "parce qu'elles étaient faciles à voler et promptes à la fuite."

largesse...

repérés à cause de pourboires royaux ! La liste des malfaiteurs avait alors été fournie par la police et publiée par la Presse. Outre, Guy Urien, 25 ans, domicilié aux Sables d'Olonne au "Richelieu", on trouvait son épouse qui faisait office de barmaid dans son bar à La Rochelle, le tenancier du Dans' Club aux Sables d'Olonne, originaire d'Alger, et son barman originaire lui aussi d'Alger, trois barmen de La Rochelle, originaires de Dijon et Porto-Vecchio, un musicien de La Jarrie en Charente, un jeune

de 22 ans originaire de Bayonne et résident à Anglet, et enfin un plongeur sous-marin de Biarritz. La plupart étant âgés d'une trentaine d'années. Le 15 janvier 1968, lors de leur 15ème méfait à Nantes durant lequel ils récupèrent 27.000 F, le caissier fournit le signalement de Guy Urien et de son complice. Ce qui permit aux policiers des Sables d'Olonne de repérer Guy Urien alors qu'il prenait de l'essence à la station Total, située au

croisement du Cours Dupond et de la rue de Verdun, à quelques mètres du Commissariat ! Il faut dire qu'ils n'étaient pas très discrets. S'ils utilisaient des 4 cv pour leurs hold-up, en parallèle, dans la vie courante, ils roulaient en Jaguar ou en belles AlfaRoméo. Le pompiste raconta que "pour un lavage de 8 F le conducteur lui laissait un pourboire de 10 F en sortant des liasses de billets en vrac de sa poche." Repérés pour leur largesse (les

500.000 F correspondraient aujourd'hui à 600.000 €), ils furent appréhendés aux Sables d'Olonne et à La Rochelle lors d'une opération menée en grand secret par la police. Déférés devant le parquet, ils sont passés aux Assises. Un 11ème membre fut arrêté peu de temps après à Tours. Lui aussi barman. Sources: Les Sables - Vendée Journal du dimanche 18 février 1968


Parutions

Un jeu de cartes consacré aux différentes facettes de la culture vendéenne avec des blagues, des devinettes, des charades, des quizz etc.. Une manière de découvrir le patois vendéen!

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Dans ce nouvel album, Mogette découvre Noirmoutier avec ses amis. Ils partent tous à la rencontre de Trouspinette, la poule qui vit sur l’île pour lui demander des conseils pour élever un poussin. Ed. la Geste - 32 pages - 14 €

Parution n°246 d'Olona - Déc. 2018 - avec un remarquable dossier spécial sur le Docteur Godet et la Villa Godet. A noter aussi un article sur les Origines médiévales des Sables d'Olonne

NOUVEAU Dans ce livre, aux images somptueuses et aux mots choisis, Antoine et Marine Tatin proposent un voyage sans but ni fin, une série d'escales à prolonger pour le plaisir ou à écourter pour naviguer encore le long de la Vendée littorale. Se laisser bercer par la quiétude d'une ruelle ou emporter par le rythme d'une danse, plonger dans la frénésie d'un port ou caboter vers une île, découvrir les vieilles pierres des phares et des villas, s'enthousiasmer pour les grandes compétitions puis savourer les produits de la mer, aller à la rencontre de ses habitants pour qui respirer l'air iodé est vital... Nombreuses sont les occasions sur ces 250 km de côte de goûter au bonheur immaculé auquel étymologiquement la Vendée est associée... les quelques 250km de côte vendéenne vus par deux amoureux de la région, au travers d'un chassé-croisé lumineux et du mouvement des vagues. marine et Antoine Tatin nous montrent la Vendée littorale telle qu'elle se présente: paisible et propice au rêve. Au fil des pages, partez à la découverte de ses ruelles, de ses traditions, de sa gastronomie et de ses paysages maritimes, sous les rayons d'un soleil couchant ou encore bercé par les mots de l'auteur. Ed. La Geste - 240 pages - 29,90 €

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Directeur de la Publication Philippe Brossard Rédacteur Philippe Brossard

Diplômé du Centre de Perfectionnement des Journalistes CPJ - rue du Louvre Paris Design Le Reporter sablais - Photos © Copyrights: Le Reporter sablais (sauf mention contraire) ® Le Reporter sablais est une marque ® déposée à l’INPI

Editeur: Maître-Sport Sarl 49 rue Nationale BP 30138 85104 Les Sables d’Olonne Cedex Siren: 382 390 474 Abonnement: Bimensuel 22 numéros par an / 3€ le numéro - Prix abonnement annuel: 60€

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