CAROUX TOUJOURS
Bernard a invité le club UTT de Béziers à réaliser une randonnée photo dans le Caroux le jeudi 17 avril 2017. Il avait été précisé qu’il fallait avoir des genoux et des chevilles en bon état ; ce qui s’est avéré exact, car nous avons marché sur le plateau de 8h à17h. Mais à travers l’effort que la randonnée impose nous avons pu découvrir un milieu naturel somptueux et les photos que nous avons réalisées ont du mal à traduire l’émotion qui se dégage de ce territoire sauvage protégé à juste titre. Ce n’est pas une randonnée classique que nous a fait réaliser Bernard car il nous a guidé sur les chemins de sa passion et fait partager ce lien si étroit qui existe entre l’homme et la nature. Partis de Béziers à l’aube nous avons vu progressivement se lever la lumière rasante et si douce du matin qui nous a montré le village de Douch encore endormi. Puis nous sommes montés sur le plateau du Caroux pour en faire le tour, sans trop de dénivelé mais en gardant toujours une vue magnifique sur : - Les gorges d’Héric au sud-est(paradis des adeptes de l’escalade) -La vallée de l’Orb et du Jaur au sud ainsi que la plaine littorale. - Plus à l’ouest les gorges de Colombière avec vue sur le Bastion rocher mythique des grimpeurs. Jamais notre vue n’a été arrêtée par le moindre obstacle. Il fallait donc connaitre le Caroux comme sa poche pour y organiser un tel parcours. Le refuge de Font Salesse, la table d’orientation, le point culminant (la Tour 1091m) ont été nos repères. Mais pour Bernard la fréquentation assidue de ces lieux le dispensait de tout système de guidage. Il était désappointé quand il se trompait de quelques mètres sur le repère d’un chemin alors que nous marchions en pleine broussaille !!
Nous n’avons rencontré que peu de randonneurs mais il nous est apparu que le Caroux est habité par ses pierres et ses arbres. J’écris habités car ici la roche de gneiss prend des formes surprenantes qui évoquent des silhouettes animales ou humaines. Et les arbres que nous faisait remarquer Bernard nous parlaient d’un passé long et riche. Sachons respecter le dialogue muet que l’on peut avoir avec la nature, cela peut être très fructueux. Le monde animal lui s’est enrichi de la présence de mouflons devenus l’emblème de ces lieux. Capturés dans la réserve de Bavella en Corse les mouflons ont été introduits entre 1956 et 1960. La similarité des biotopes a permis la réussite de l’opération caractérisée par l’augmentation rapide du cheptel. La combe de Gairau et la traversée de l’Albine nous ont montré que le long des ruisseaux existait une forêt-galerie constituée de hêtres et de quelqueS chênes. Dans le Caroux Espinouse comme dans tous les massifs montagneux il existe un étagement de la couverture végétale -Etage méditerranéen : jusqu’à 250 m avec des chênes verts (yeuse) -Etage subméditerranéen (250 à 800 m) avec le chêne pubescent. -Etage montagnard au-delà de 800m avec le hêtre. Cet étagement est masqué sur le plateau par la plantation de résineux (épicéas, sapins, pins) L’abondance des landes est aussi une caractéristique de ce massif (bruyères ; genêts, fougères, spartiers). Toute cette végétation donne à ce territoire des tons et des couleurs qui font l’admiration des randonneurs. Témoignant d’une pollution minime mousses et lichens multicolores colonisent les roches qui deviennent alors très glissantes ce qui est un danger pour les grimpeurs.
Ce paysage si attachant voit son aspect se modifier par : • Le réchauffement climatique qui contribue à faire reculer le hêtre (l’étage montagnard se réduit) • La plantation de sapins sur les espaces abandonnés par l’homme et les troupeaux a pour effet que la lande est de plus en plus occupée par des résineux. Soyons vigilants car cet espace ouvert exceptionnel où fourmillent des espèces rares pourrait être transformé en espace fermé occupé par des résineux (Bernard y travaille !!). Merci à notre guide d’avoir contribué à nous faire découvrir le Caroux. Nous garderons peut être le souvenir de quelques photos mais ce n’est pas le plus important, l’essentiel étant la communion de l’homme et de la nature si évidente en ces lieux. N’en déplaise au président Trump. Nous nous savons que nous venons de la terre et que nous y retournerons, et c’est pour cela qu’on la respecte. François Delour
UTT PHOTO BEZIERS Sur le plateau du Caroux