ABBAYE DE FONTCAUDE Située au fond d’un vallon arboré, au centre d’un plateau calcaire de l’arrière-pays du Biterrois l’abbaye de Fontcaude est un lieu propice à la méditation et au recueillement. Elle est le lieu d’une source à température constante qui fume légèrement par temps froid et qui donne le nom au lieu-dit : la fontaine chaude (Fontcaude). Mais malheureusement la sècheresse de 2017 avait tari la fontaine lors de la visite du club photo UTT de Béziers le 13 novembre 2017. Il ne reste de l’abbaye que deux corps de bâtiment 1 -une partie de l’église avec le transept et les trois absides, la nef ayant disparu. 2 -une partie de l’aile des Pères avec la salle de travail qui a été reconstruite et transformée en musée. Pour le club qui s’intéresse à l’art roman la partie centrale du transept voûtée en berceau brisé a été remarquée ainsi que les collatéraux couverts d’une voûte d’arête. Chacun des collatéraux se termine en cul de four et au centre des absides s’ouvre une baie. La voûte du chœur prolonge celle du transept à un niveau un peu inferieur et la perspective déjà remarquable devait être impressionnante lorsque la nef existait quand on sait qu’elle mesurait 44m. A l’extérieur les absides sont d’une perfection et d’une sobriété remarquables. Des lésènes (ou bandes lombardes) font saillie sur le droit des murs pour en renforcer la solidité. Détail étonnant CES BANDES LOMBARDES sont elles-mêmes taillées sur un plan courbe comme l’abside. C’est le point fort de cette église, car le sens donné à ces courbures est la clé du mystère des tailleurs de pierres de cette époque. En effet les contreforts auraient été aussi efficaces s’ils avaient été droits. Le plan courbe des contreforts, l’exactitude du niveau des corniches, la perfection des joints d’assemblage des pierres en grand appareil, donnent aux absides le sens profond d’une prière. Le tailleur de pierre avait probablement conscience qu’il ne construisait pas une maison ordinaire mais la maison de Dieu. Cette application dans le travail est riche de sens. Ce qui intéresse le bâtisseur roman c’est d’essayer d’exprimer la quête de sens et de conduire à l’essentiel celui qui regarde l’édifice .Ainsi il est écrit sur le parvis de la cathédrale Saint Nectaire du Puy de Dôme« joignez vôtre louange à celle que chantent ces pierres »…..à méditer.
Pourrons nous exprimer cet état d’esprit dans nos photos ?cela me parait bien difficile mais !….il faudra certes sortir des clichés standards. Nous allons au cours d’une ou plusieurs années photographier l’art roman. Celui-ci se situe entre le XI et XII siècle avec comme dénominateur commun l’arc en plein cintre emprunté aux basiliques du premier temps chrétien qu’on oppose à l’arc brisé comme caractéristique des constructions gothiques. Cela est une approximation que l’on affinera ultérieurement car il faut comprendre l’art roman dans un processus d’évolution technique, politique, spirituelle. Un peu d’histoire : La construction de l’église de Fontcaude commence en1180 puis est confiée aux Prémontrés de Combelongue en Gascogne. Le premier abbé sera DOM BERNARD célèbre par l’ouvrage qu’il a écrit contre la secte hérétique des Vaudois. Il faudra 22 ans pour terminer la construction de l’église et dix ans supplémentaire pour achever les divers bâtiments de l’abbaye. Celle-ci va connaitre au XIII siècle une période florissante, car elle avait connu dès son origine un appui bienveillant de la part des autorités ecclésiastiques locales (Béziers puis Narbonne) et de la société civile environnante(les vicomtes. de Béziers). La protection du pape Alexandre III favorisa grandement une politique de dons et d’acquisition renforcée par l’apport économique des pèlerins allant à St Jacques de Compostelle. La lecture des archives indique qu’il existait un très riche mobilier intérieur (tapisseries, stèles, statues….) détail amusant il était exposé une pierre précieuse qui avait la propriété de préserver de l’ivresse celui qui la portait même s’il venait à boire avec excès. ! Puis la décadence s’amorce au XIV siècle avec pillages et incendies allant de pair avec une spiritualité très médiocre. La révolution de 1789 sonne la fin de l’abbaye qui est vendue aux enchères en 1791.
En 1969 se crée une association : les Amis de Fontcaude qui s’est donné pour mission de sauver ce chef d’œuvre en péril. Le résultat est remarquable avec la mise en évidence de chapiteaux comme celui de la condamnation de Sainte Catherine et également la découverte d’une fonderie de cloches. L’association essai de faire revivre l’abbaye en organisant des concerts de musique sacrée et de chant grégorien pour renouer avec un passé prestigieux. Ici je voudrais mettre en garde contre l’interprétation abusive de certains commentaires sur l’art roman et de sa symbolique. Les nombreuses modifications apportées aux bâtiments au fil des siècles ne rendent pas les choses faciles. Une abbaye ne prend tout son sens qu’à la lumière du milieu qui l’a vue naître. Elle témoigne aussi des moyens, des ambitions, et de la culture des hommes qui l’on commandée et de ceux qui l’on réalisée. Encore faut-il comprendre le langage des pierres et ne pas leur faire dire ce que nous pensons qu’elle devrait dire en fonction de ce que nous savons du moyen âge. Je suis sensible comme beaucoup aux témoignages que transmettent ces pierres, et je m’en sens l’héritier. Mais je suis aussi le fils de la philosophie du siècle des lumières qui me fait conserver critique et raison. François Delour
Le hameau et les vues extĂŠrieures
Les vues de l’intérieur et du musée
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