UTT PHOTO BEZIERS : LOUPIAN et l'Abbaye St FELIX de MONCEAU

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LOUPIAN

Ils sont fous ces romains !

1 LA VILLA La villa romaine de Loupian a été construite au 1er siècle avant J.C. sur les bords de la voie Domitienne, entre St Thibéry (oppidum de Cessero) et Montbazin (Forum Domitii) Au début simple ferme, son installation est liée au mouvement de colonisation rurale de la Narbonnaise par les Romains. Au 1er siècle l’établissement se développe et les bâtiments se multiplient ; avec une installation portuaire sur les bords de l’étang de Thau. La vocation de la villa étant la viticulture on y cultivait la vigne sur plus de 50 hectares ; et la production de vin atteignait 900 hectolitres stockés dans d’immenses jarres en terre cuite (dolium). Le vin était commercialisé et exporté par voie terrestre et maritime dans des amphores fabriquées sur place. La réussite commerciale dans la deuxième partie du 1er siècle entraine une nouvelle conception de la villa qui devient la résidence des propriétaires. La villa romaine est donc un petit village agricole avec l’habitat somptueux des propriétaires. Ceux-ci voulant avoir le confort des citadins font construire des bains d’eau chaude et froide, un gymnase, des salles de réunion, un élégant péristyle ouvert sur un jardin d’agréments. Le sol est recouvert de mosaïques. La villa est au moment de son apogée (deuxième siècle après J.C.) un palais qui est à la tête d’une puissante organisation agricole avec des établissements secondaires à la périphérie. La villa romaine gère toute l’économie d’un territoire. Puis comme toujours dans l’histoire vient la période du déclin avec morcellement des terres, réduction du commerce sur fond de guerre et de pillage. Au sixième siècle la villa cesse d’exister .


2 LES MOSAÏQUES Actuellement ce qui fait l’intérêt de la villa ce sont les mosaïques très bien conservées. La construction d’un sol mosaïqué représente un travail considérable. La dalle de support généralement très épaisse (40 cm) comprenait plusieurs couches : Un hérisson de pierres Une chape de béton grossier Une chape plus fine soigneusement lissée et parfaitement horizontale. Sur cette dernière un ouvrier spécialisé traçait les grandes lignes du décor afin que les poseurs de tesselles travaillent selon un canevas précis. Les plus adroits exécutaient les figures les autre étaient chargés des ombres et du fond. La dernière étape du travail consistait à poncer le sol pour le rendre parfaitement lisse. Il fallait un an à une équipe de quatre tessélarius pour réaliser 50 m2 de mosaïque. Il semble que ces ouvriers spécialisés ne jouissaient pas d’une grande considération car ils ne signaient pas leur travail et on sait par des textes anciens qu’ils n’étaient pas mieux payés qu’un aide boulanger !! Et pourtant ils étaient des artistes. Les mosaïques de Loupian forment un ensemble complet et cohérant. Toute la surface de pavement est décorée par des compositions géométriques et des représentations végétales. Il y a peu de place aux représentations figurées . Le blanc, le noir, le gris, le rose, le rouge, sont des marbres pyrénéens. Différents tons de jaune sont fournis par des pierres venant d’Afrique du Nord. La pâte de verre était utilisée pour donner des verts et des bleus. La dimension des tesselles varie selon la difficulté du décor à réaliser mais elle est le plus souvent de 1 cm2. La variété de conception des mosaïques montre qu’il y a eu plusieurs équipes. Certaines influencées par les écoles d’Aquitaine (motifs végétaux et figures géométriques) et d’autres influencées par le proche Orient (école de Syrie avec des éléments figuratifs). La plus part des motifs évoqués appartiennent à la symbolique paléochrétienne (vignes, colombes, thème des quatre saisons) et sont spécifiques à la vocation de chaque pièce de l’habitat.


On est admiratif devant la réussite économique et artistique de la villa qui démontre le génie de l’organisation de la société romaine qui a su assurer la paix et le progrès. Mais il ne faut pas oublier que ces richesses sont dues aussi à une multitude d’esclaves dont le destin était terrifiant. Les archéologues mettent à jour le souvenir et la trace des puissants mais que reste-t-il de la foule des esclaves ? Certes l’histoire a fait évoluer bien des choses et a amélioré grandement le sort des individus. Mais que diront les archéologues du futur qui dans quelques millénaires découvriront les richesses du palais de l’Elysée en les comparant à l’habitat du 93 !!! François Delour




































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