Abbaye de Valmagne. Le club de photo de l’UTT est allé photographier l’abbaye cistercienne Sainte Marie de Valmagne le lundi 4 avril 2016. Au lieu de raconter l’histoire de l’abbaye nous allons essayer de poser quelques questions sur la pensée religieuse qui a été le moteur de la construction de l’église et de son cloître au Moyen-Age. Quel était l’état d’esprit des concepteurs ? L’ambition des photographes sera de traduire cet état d’esprit. I/ L’église Sainte Marie En 1139 l’église est rattachée à Citeaux qui est l’abbaye bénédictine fondatrice de l’ordre des cisterciens. Dans la mystique de cet ordre tout doit conduire à la paix intérieure et au silence. Rien ne doit distraire le moine de Dieu, la vie religieuse est régie selon une règle stricte. L’architecture, le chant, les manuscrits, adoptent un style pur et dépouillé. Aujourd’hui les photos devront essayer de montrer ces recherches. Dans l’église on trouve d’une façon surprenante des foudres de vinification en lieu et place des chapelles latérales. Cela nous interroge de plusieurs façons. Rappelons deux faits : 1°/ la rigueur première des cisterciens s’est peu à peu émoussée devant les succès économiques et la puissance matérielle. Conflits d’intérêts et troubles sociaux ont alors fait péricliter l’abbaye qui a été abandonnée. 2°/ Le rachat des murs en 1791 par un viticulteur pour transformer l’église en chai a permis à l’édifice d’être sauvé de la ruine. Quel cliché fabuleux et étrange qui nous montre que c’est la matérialité des choses qui a fait péricliter l’abbaye et que par ricochet c’est le commerce des vins qui a sauvé l’édifice.
Autre curiosité de l’église : d’énormes traces noirâtres sur les murs. Celles-ci sont inesthétiques et a priori on est peu enclin à les photographier. Mais faut-il les effacer ? Comme cela est préconisé dans une éventuelle réhabilitation de l’édifice. En réalité ces traces noirâtres sur la pierre calcaire ont plusieurs causes : 1°/ moisissures provenant d’un édifice longtemps fermé et sans aération 2°/ trace d’incendie lors des pillages de l’église 3°/ champignons microscopiques consécutifs aux vapeurs alcooliques des foudres. Il faut être génial pour donner sens à ces traces mais qui sait ? De toute façon les effacer me paraît être catastrophique. Pourquoi vouloir supprimer les traces de l’histoire, le propre et le net ne sont pas synonyme du vrai et du beau. II/ Le cloître Il est à l’image de la symbolique cistercienne. Il doit être dépouillé, fonctionnel, silencieux. Il doit permettre l’élévation de l’âme. Ici tout est subtilité dans la conception architecturale. En effet le cloître permet d’être enfermé à l’abri du monde extérieur et d’avoir une vision sur la lumière et le jardin intérieur symboles de l’Eden et du paradis. La luminosité et l’orientation de la lumière doivent être un point important dans les photos du cloître. Le cloître héritier de la fonctionnalité de la villa romaine a un intérêt double : 1°/ permettre une vie monastique autonome et bien organisée 2°/ maîtriser le temps puisqu’en le parcourant il permet de suivre la course du soleil et également l’espace puisqu’il permet d’être à l’extérieur tout en étant à l’intérieur. Qui n’est Dieu celui qui maîtrise l’espace et le temps.
François DELOUR
Sortie Photo-Club UTT BEZIERS le 5 Avril 2016
Abbaye de Valmagne