Planète Robots N° 63 | 12 pages | juin-juillet-aout 2020

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NUMÉRO

www.planeterobots.com

63

Remarcher grâce aux exosquelettes PAGE 36

Industrie : l’IA envahit les usines PAGE 88

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET ROBOTIQUE

nou vel le for mule

JUIN - JUILLET - AOÛT 2020

Robotique et agriculture bio PAGE 96

LES ROBOTS et L’IA

UNE CHANCE POUR LA SANTÉ ?

ROBOTS COMPAGNONS

L 11849 - 63 - F: 8,80 € - RD

Quelle place dans nos foyers ?

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE BRUNO MAISONNIER Son nouveau défi à la tête d’AnotherBrain


ÉDITO

Alain Bensoussan Directeur de la publication

Planète Robots fait peau neuve ! Vous avez entre les mains le premier numéro de la nouvelle formule de Planète Robots. Nouveau format, nouvelle maquette, nouvelle Une, nouvelles rubriques : cette formule rénovée entend traduire les changements importants de forme et de fond souhaités depuis la reprise du titre par Lexing Editions il y a quelques mois.

Elle souhaite également tirer les conséquences de l’évolution du secteur de la robotique, qui outre les robots industriels et compagnons, doit plus que jamais s’ouvrir à de nouveaux enjeux : les algorithmes et l’intelligence artificielle, le vocal et les chatbots, les drones, l’impression 3D, la réalité virtuelle et augmentée, l’Internet des objets, l’hyper connexion et la protection des données personnelles, les nanotechnologies et demain, l’informatique quantique. Dans le cadre d’une maquette et d’un chemin de fer repensés pour offrir une meilleure navigation, davantage de lisibilité et un meilleur confort de lecture, Planète Robots entend donner également davantage la parole à des acteurs du secteur et des leaders d’opinion (interviews, tribunes, bloc-notes). Plus que jamais, notre ambition est d’offrir une réelle valeur ajoutée éditoriale, en liaison avec la rénovation de notre site Internet initiée depuis le 1er janvier 2020. En cette période de crise sanitaire qui touche tous les secteurs – et notamment celui de la presse – et impacte les individus comme les entreprises, nos équipes ont su, en dépit de la pandémie, relever le défi de cette nouvelle formule annoncée dans notre numéro précédent. Nos annonceurs nous ont renouvelé leur confiance. Nous leur en sommes reconnaissants. Les difficultés liées au confinement, à l’arrêt quasi total de l’économie et notamment de la diffusion de la presse, nous ont conduits à repousser la sortie de ce numéro initialement prévue fin avril, pour vous proposer ce numéro double (juin/juillet/août) que vous avez entre les mains. La période hors norme que nous venons de traverser peut être également porteuse d’opportunités. Parmi celles-ci, le virage technologique et la transition numérique sont des enjeux majeurs. Planète Robots entend être au cœur de ceux-ci. Merci de votre fidélité et bonne lecture !

Retrouvez-nous sur www.planeterobots.com

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LE MAGAZINE DES NOUVELLES TECHNOLOGIES, DE L’INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET DE LA ROBOTIQUE 8 14 18 20 24

Actualités Bloc-notes Le droit des robots Interview : Bruno Maisonnier Une start-up innovante

DOSSIER

ROBOTS COMPAGNONS 70 Robots compagnons : les foyers attendent encore... 78 Sociologie : quelle place occuperont les robots dans le foyer ? 82 Avenir des robots dans un foyer ROBOTIQUE ET IA 88 Industrie 4.0 : l’IA envahit les ateliers 94 Oculus Link 96 Agriculture : les robots profitent-ils au bio ? 102 La conscience artificielle est-elle utopique ? Doit-on la craindre ? 108 Banc-d’essai : le robot aspirateur Zaco A9 S

DOSSIER Page 70

FUTUROLOGIE 112 Objectif Mars 118 Destination Titan 124 News spatiales 126 News gadgets 129 News concepts 130 Coup d’oeil dans le rétro

Les robots compagnons font aujourd’hui l’objet d’un véritable engouement. L’offre répond-elle à cette attente ? Quelle place occuperont ces robots à nos côtés ?

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ÉDITO

La crise sanitaire que nous avons traversée ces dernières semaines est historique. Jamais, dans l’histoire de l’humanité, il n’avait été demandé à quasiment l’ensemble de la population de la planète de rester confinée, qui plus est sur une période aussi longue.

D’ordinaire, les patients préfèrent le contact direct avec les médecins, faciFrédéric Boisdron litant le transfert d’information et un Rédacteur en chef besoin important d’humanisation de la médecine. Or, face au Covid-19, il a fallu les éloigner au maximum du personnel soignant afin d’éviter la contamination dans les établissements et pallier un manque de médecins en bonne santé. De plus, face à la pandémie grandissante, de nombreux outils et accessoires vitaux sont venus à manquer comme des respirateurs artificiels ou des visières de protection. La coïncidence temporelle de cette pandémie avec nos dernières avancées technologiques ont permis de mettre en exergue les avantages de la robotique, de l’impression 3D et des intelligences artificielles. Les IA ont diagnostiqué et étudié l’évolution de la pandémie. Les robots, pilotés par le corps médical, sont venus diagnostiquer, soigner, nourrir et même divertir. Les imprimantes 3D ont fabriqué des masques de protection, des valves ou des maisonnettes pour la mise en quarantaine. Et des drones sont venus rappeler à la population leur obligation de confinement. Le dossier spécial consacré à la robotique de santé, qui figure dans le numéro que vous avez entre les mains, était prévu de longue date lorsqu’est survenue la pandémie. Son acuité prend évidemment une toute autre dimension suite à la crise sanitaire sans précédent que nous venons de traverser. Ces nouvelles technologies, qui vous intéressent, chers lecteurs, ont montré leur utilité dans des situations d’urgence. Espérons qu’elles ne seront pas oubliées au moment du bilan. Frédéric Boisdron

INTELLIGENCE ARTIFICIELLE ET ROBOTIQUE

Planète Robots Lexing Editions 58, boulevard Gouvion-Saint-Cyr, 75017 Paris. Directeur de la publication : Alain Bensoussan Rédacteur en chef : Frédéric Boisdron frederic-boisdron@planeterobots.com

Rédacteurs : Me Alain Bensoussan, Éric Bonnet, Christelle Boudet, Alain Clapaud, Nicolas Denis, Josèphe Ghenzer, Darine Habchi et Dominique Padirac. Photos : Istock – Couverture : Zohair Bijaoui. Secrétaire de rédaction : Louise Santonnax Directrice artistique : Sophie De Vrée Publicité : Laure Saillant laure-saillant@planeterobots.com

La reproduction, même partielle, de tout matériel publié dans ce magazine est interdite. Une remarque, une idée : courrier@planeterobots.com Vous êtes une société, une association, un particulier, vous désirez nous soumettre un communiqué ou nous proposer un article de votre cru ? Nous sommes à l’écoute de vos propositions et de vos candidatures pour intégrer notre équipe : contact@planeterobots.com

© 2020 Lexing Editions - Dépôt légal à parution. Diffusion MLP. ISSN : 2106-3133. N° de commission paritaire : 0423 K 90181. Imprimé en Italie. La rédaction n’est pas responsable de la perte ou la détérioration des textes, fichiers ou photos qui lui sont adressés pour appréciation.

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Bloc-notes

Serge Tisseron Psychiatre et psychologue (*)

LA VOIX

de la voix des robots posera des problèmes éthiques, notamment la question d’un droit à la parole tout aussi sensible que le droit à l’image.

normal. Assez vite il sera possible de créer des robots conversationnels capables de tenir une conversation simple, ce dont Siri n’est pas encore capable aujourd’hui. L’enjeu sera de donner une personnalité à ces assistants vocaux, et de créer un attachement durable à eux afin de les transformer en donneurs de conseils. La plupart ont une voix et un prénom féminin qui « rassurent », paraît-il, les utilisateurs, tout en renforçant bien entendu les stéréotypes. Mais très vite les utilisateurs auront envie de choisir la voix de leur machine parlante. Ce sera une manière de se l’approprier. On s’approprie beaucoup mieux un objet technologique quand on peut le personnaliser, et le choix de la voix sera une forme de customisation. Chacun pourra la modifier à son goût, exactement comme une photographie aujourd’hui. Google a d’ailleurs déposé un brevet pour que les utilisateurs puissent donner à leur assistant conversationnel la voix d’une personnalité ou de leurs défunts. Cette personnalisation de la voix des robots posera évidemment des problèmes éthiques, notamment la question d’un droit à la parole tout aussi sensible que le droit à l’image, ou celle d’utiliser une voix enfantine sur une machine alors que le travail des enfants est interdit. Mais inévitablement les utilisateurs voudront avoir la maîtrise de la voix de leur robot.

Les assistants de type Siri, Alexa, ne sont encore que des brouillons. Ces assistants sont régulièrement moqués sur Internet et c’est bien

(*) Membre de l’Académie des technologies, Serge Tisseron est l’auteur de plusieurs essais sur les technologies, le numérique et la robotique dont le dernier Plus jamais seul – L’emprise insidieuse des machines parlantes, est paru en mars 2020 aux Éditions LLL.

EST LE FACTEUR

NUMÉRO UN

POUR CRÉER

UNE RELATION

AVEC UNE MACHINE

Selon les concepteurs de bots, la voix va simplifier les interactions avec les machines. Certes, mais cela ne risque-t-il pas aussi de compliquer nos relations avec les humains ? Le statut de la machine change avec la voix. Entendre parler renvoie en effet l’homme aux questions : « Y a-t-il quelqu’un ? » et « Qui est là ? » Bref, la voix crée l’illusion d’avoir affaire à un humain. Ces machines seront d’abord des enceintes connectées, puis des robots conversationnels, des compagnons digitaux et enfin des robots physiques dotés de la capacité de parole. Notre relation aux machines deviendra plus intime. La parole est en effet un facteur bien plus important que l’apparence physique, par exemple, pour créer avec une machine une relation qui soit semblable à celle d’un humain. En plus, ces machines parlantes vont en-

trer dans notre intimité, dans nos salons, nos salles de bain, nos chambres à coucher, là où nous nous sentons en confiance. Enfin, la synthèse de la voix est une technique bien maîtrisée : on peut créer des intonations qui simulent des émotions et une intentionnalité, générer une voix câline, autoritaire, sérieuse, etc.

“ La personnalisation

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INTERVIEW

Bruno Maisonnier Son nouveau défi à la tête d’AnotherBrain

Nodesign.net

Concevoir une intelligence artificielle « organique » réellement intelligente : c’est objectif du créateur des robots NAO et Pepper à la tête d’AnotherBrain, qui entend accélérer son développement È T E2020. R O B O T S N ° 6 3 J U I N  /  J U I L L E T  /  A O Û T 2 0 2 0 20 P L A Nen


U N E S TA RT-U P I N N OVA NT E

Ganymed veut révolutionner la chirurgie robotique Créée en juin 2018, Ganymed Robotics ambitionne de révolutionner les standards chirurgicaux en orthopédie. Rencontre avec sa fondatrice et CEO Sophie Cahen (*).

Pourriez vous présenter votre start-up et son activité ? Ganymed Robotics vise à révolutionner la chirurgie orthopédique. Grâce à nos technologies brevetées, nous construisons un robot capable de percevoir et décrypter la scène chirurgicale pour guider le geste du chirurgien. Le tout dans un dispositif compact et abordable, car si la robotique chirurgicale est un domaine en pleine expansion, elle reste aujourd’hui dominée par des dispositifs massifs, invasifs et très onéreux. Nous sommes une jeune société, fondée il y a deux ans et qui compte aujourd’hui une quinzaine d’ingénieurs, et docteurs en sciences qui travaillent d’arrache-pied pour avancer notre robot vers le marché – et les patients ! Nous sommes entourés, conseillés, et financés, par des chirurgiens de rang mondial, ainsi que des entrepreneurs visionnaires dans le monde de la robotique (comme Bruno Maisonnier) et de la chirurgie guidée par l’image. Conseillers et opérationnels confondus, l’équipe qui constitue aujourd’hui Ganymed a à son actif des dizaines de brevets, des centaines de publications scientifiques et cliniques, et plus de 5 produits médicaux, robotiques ou logiciels qui ont été des premières mondiales et des succès commerciaux majeurs. Quelle est votre ambition à terme (industrielle, sociétale, etc.) ? À titre personnel, j’ai deux objectifs d’égale importance : construire une organisation humaine saine, respectueuse des individualités, dans laquelle chacun peut montrer de quoi il ou elle est capable, et bénéficier

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de la confiance collective pour le faire. Quelque part, c’est déjà une ambition sociétale : montrer qu’une entreprise peut être bienveillante et… diaboliquement innovante, performante et rapide ! Le second objectif, c’est de faire de notre robot un standard chirurgical dans tous les blocs orthopédiques du monde. Des millions de personnes chaque année se font poser une prothèse de genou pour soulager leur arthrose, et leur nombre augmente continuellement. Mais l’opération est complexe et délicate, et le résultat

“ Sans la capacité à comprendre, à injecter du sens dans des données brutes, le robot n’est que machine. ” pas toujours au rendez-vous : 20% des patients environ en sont insatisfaits, certains souffrent trop et doivent être réopérés. L’enjeu, humain et financier est donc majeur. Mais notre vision va au-delà, car les robots qui exploitent des données en génèrent aussi, qui une fois traitées, analysées, décryptées par des IA performantes nous aideront un jour à relever des défis encore plus complexes, et prévenir par exemple les erreurs médicales, ou proposer pour chaque patient le geste optimal.


Robotique et médecine

© Vectorpouch.

Quand la technologie rencontre la science

Aide à la chirurgie, protection contre les expositions radioactives, manipulateurs d’échantillons : la robotique se démocratise dans le milieu hospitalier ainsi que les centres médicaux spécialisés. Tour d’horizon des dernières technologies utilisées dans le domaine de la santé.

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Bien que de nos jours les robots médicaux soient encore peu utilisés, ils s’avèrent pourtant fort utiles pour diverses applications. À l’heure actuelle, il existe plusieurs types de robots. Tout d’abord, ceux destinés aux interventions chirurgicales mini-invasives dans l’abdomen ainsi que la cage thoracique. Dans ce secteur, le robot Da Vinci est celui qui est le plus utilisé, notamment aux États-Unis et en Europe. Des robots d’assistance chirurgicale ont également vu le jour, tels que le VIKY ou l’EndoAssist. Il s’agit de robots porteendoscopes. D’autres machines ont été développées afin d’aider dans la pratique d’autres actes comme ceux


Médecine

© Macrovector.

Quel avenir ont les nanorobots ?

Chirurgie, odontologie, oncologie, administration de médicaments… Si la nanorobotique a connu un bond ces dernières années, l’écart entre le développement en laboratoire et la commercialisation à l’échelle humaine reste immense, à telle enseigne que des applications concrètes ne pourraient voir le jour que dans plusieurs années.

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INTERVIEW

Michel Lefranc La chirurgie en compagnie des robots

En juin 2019, grâce à une technique inédite en Europe, il réussissait, accompagné du robot Rosa, à faire disparaître les tremblements chez une patiente atteinte de la maladie de Parkinson. Rencontre avec Michel Lefranc, neurochirurgien au CHU d’Amiens-Picardie.

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Sociologie

© SoftBank Robotics.

Quelle place occuperont les robots dans le foyer ?

Le projet Romeo de SoftBank Robotics est une plateforme de recherche destinée à explorer et approfondir les solutions sur l’assistance aux personnes âgées ou en perte d’autonomie, notamment à la maison.

Ils sont à notre écoute, toujours obéissants, toujours disponibles. Les assistants numériques et bientôt les robots domestiques vont s’imposer dans les familles. Mais resteront-ils longtemps de simples objets à notre service ?

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Quelle sera notre relation avec les robots lorsque, dans quelques années, ceux-ci seront pleinement présents dans notre quotidien ? Les robots actuellement vendus, qu’il s’agisse des robots aspirateurs, robots nettoyeurs de piscine ou tondeuses à gazon robotisées sont très limités fonctionnellement et n’incitent guère à l’empathie. Et pourtant la relation entre ces machines et leurs utilisateurs peut aller au-delà d’une simple


Industrie 4.0

© Microsoft.

L’intelligence artificielle envahit les ateliers

La réalité augmentée est souvent proposée comme un moyen de soumettre aux opérateurs présents sur la chaîne de production les données issues des algorithmes.

De la vision par ordinateur à la maintenance prédictive, en passant par l’optimisation des processus de fabrication ou encore le contrôle qualité, les usages des algorithmes d’intelligence artificielle se multiplient dans l’industrie. Une chose est sûre : l’’IA s’est imposée comme une technologie clé de l’industrie 4.0.

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Une fois n’est pas coutume, l’industrie européenne est en pointe dans le monde, et c’est dans le domaine de l’intelligence artificielle. Une récente étude menée par Capgemini Research(1) auprès de 300 industriels majeurs a montré que 51% des industriels européens mettent en œuvre des algorithmes d’intelligence artificielle. C’est mieux que les industriels japonais qui (1) Scaling AI in Manufacturing Operations : A Practitioner’s Perspective, Capgemini Research Institute, 2019


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