Mon Histoire : De la Radio des Enfants à la Télévision
Babacar Fall, un jeune âgé de 29 ans aujourd’hui partage son histoire avec la radio à travers l’appui de Plan International. Dès l’âge de 10 ans, depuis son village, dans la région de Saint Louis du Sénégal, à 2km du barrage de Diama (Dakar-St Louis 4heures et demi de route), il intégrait le projet media et enfant initié par l’organisation. Ce jeune est présentateur est responsable de la rédaction dans une télévision privée et soutient que les activités et formations dont il a bénéficié de Plan International, on fortement marquées sa jeunesse et ont eu sans aucun doute un grand impact dans la tournure que prend sa vie.
La belle rencontre avec le projet Radio Gune Yi Je me rappelle, enfant, avoir été quelqu’un d’une approche facile. J’aimais créer de l’ambiance dans mon groupe d’amis et reprendre des chansons d’animations dans la cour de l’école et sur le chemin de la maison. Un jour notre instituteur nous apprend que « Radio Gune Yi » allait faire le déplacement dans notre village et allait nous permettre de nous y exprimer. Une des conditions pour y participer était d’avoir une bonne note au devoir à venir en plus de pouvoir bien s’exprimer devant un micro. Au fond de moi, j’étais déjà sûr de faire partie des élèves qui seront choisis. Ce qui fut le cas ! Quand l’équipe est arrivée sur place, je me suis senti un peu intimidé au tout début. Au village c’était rare de voir du matériel de sonorisation. L’équipe avait un matériel qui nous impressionnait, un matériel qui en réalité j’ai pu apprivoiser après cinq jours de formation. Les animateurs nous ont mis en confiance dès le premier contact. Nous étions les « rois » du groupe. Nous décidions de ce que nous voulions parler et de comment nous allions le faire. Nous choisissions aussi les musiques qui devaient accompagner notre émission. Après donc quelques jours de formation nous voilà devant tous les habitants de notre village et de villages voisins habillés de nos tee-shirts estampillés « Radio Gunéyi, la voix des enfants ».
Depuis l’estrade, je pouvais lire la satisfaction et la fierté dans les yeux de mes proches parents et de mes amis. Ce jour-là nous avions comme thème pour l’émission l’éducation puisqu’étant à l’époque un problème récurrent dans notre zone. L’émission s’est très bien passée devant la communauté et tous nous ont félicités. Nous nous sentîmes pendant des jours comme des stars, tout le monde parlait et parlait encore de l’émission, de nous. Ce qui a encore enflé la chose s’est que la semaine même, la radio nationale et notre radio régionale ont aussi diffusé l’émission qui avait été enregistrée. La radio était à l’époque, et reste encore dans nos contrées, le moyen le plus accessible et le plus simple pour communiquer avec les populations. Le courant est quasiment inexistant dans ces zones reculées. Ceci a permis aux communautés voisines de mon village d’écouter notre émission, mais aussi à mes parents vivant dans la Capitale. Quelle fierté ! Quel beau souvenir !
Le déclic, je me suis senti en confiance et investi dans la promotion des droits de l’enfant Cette expérience avec Plan International à travers le projet Radio Guné Yi a été un déclic pour moi. Elle n’a pas été la dernière, beaucoup d’autres lui ont succédé. J’ai en effet, fait partie du groupe des jeunes pour animer d’autres émissions dans ma zone d’habitation. J’ai après mes études primaires rejoint la capitale Dakar, et là encore j’ai voulu partager avec les jeunes de mon quartier mon expérience de Radio Gune yi. Je faisais le tour des écoles pour parler de l’émission aux directeurs et les encourager à accepter la venue de l’équipe dans leur école. Ensuite une fois le principe acquis, je me rendais au bureau de Plan International pour aviser le responsable du projet de l’intérêt de telle ou telle école afin qu’il en assure un suivi. A chaque fois qu’une émission arrivait à se faire dans une école où j’ai pu convaincre le directeur, c’était une satisfaction totale pour moi. Je me suis senti tout naturellement ambassadeur de nos droits et il fallait à tout prix les promouvoir, les défendre, les exprimer. Toujours dans le cadre du projet, j’ai pu, durant mes études de journalisme, appuyer l’équipe de Plan International en assurant la formation d’enfants pour les besoins de l’émission et je l’ai ainsi fait pour près de 300 enfants filles et garçons confondus. En dehors du projet lui-même, j’ai participé à beaucoup de formations sur les droits de l’enfant, j’ai était impliqué dans plusieurs activités en lien avec les droits des enfants. Ma connaissance des droits de l’enfant, cette confiance en soi que j’ai pu acquérir tout au long de mon compagnonnage avec Plan International m’a permis d’intégrer d’autre projet de volontariat .
Je peux citer ma collaboration avec le Parc Zoologique National de Hann au Sénégal. J’y ai initié des séances de discussions sur les droits de l’enfant avec les enfants visiteurs et la boite à outils produite par Plan International dans le cadre de Kids Waves (un autre projet media) a été une référence pour moi pour mener à bien des discussions et des activités ludiques.
Grace à ce qui m’a été inculqué, j’ai refusé de penser à l’immigration clandestine Je me rappelle 2009, une année où je devais me rendre en Suisse à Genève, pour marquer avec d’autres jeunes et enfants, les 20 ans de la Convention des Droits de l’Enfant, sur invitation des Nations Unis et de Plan International Genève. Pour ce voyage, j’ai rencontré d’énormes difficultés pour obtenir un visa. A 22 ans, avec des parents sans compte en banque, il été difficile pour l’ambassade de croire que je ferai le voyage retour après l’événement. J’ai finalement pu obtenir le visa et je suis tout simplement rentré après la célébration. Ce qu’ils ignoraient c’est que malgré mon jeune âge j’avais des plans pour mon avenir dans mon pays même. Il est vrai que je vivais dans des conditions difficiles, je vivais même à Yarakh un quartier dans la banlieue jonchant la mer, ou je voyais très souvent des amis et des connaissances embarquer dans des pirogues de fortune pour l’Europe. Je n’ai jamais, une seule fois, souhaité essayer ce voyage malgré la pression sociale. Je n’avais pas peur de la mer, je nage très bien. A la différence de ceux qui partaient, j’ai, très tôt, eu la chance d’être sensibilisé sur les droits de l’enfant donc de l’homme et sur la dignité. Toutes les activités faites avec l’appui de Plan International et d’autres organismes m’ont forgé, m’ont donné confiance en moi, m’ont apporté de l’expérience. Je savais que j’avais le bon outil pour me faire entendre, pour combattre à ma manière les maux qui freinaient l’épanouissement des jeunes : la radio. Je me suis tout simplement dit que je tenais le bon bout et que je ne devais pas être égoïste en pensant qu’à moi et à ma famille, mais agir tous les enfants et tous les jeunes autant que possible. Journaliste présentateur aujourd’hui, après des années d’études qui ont été entièrement financées par un staff de Plan International et qui a toujours souhaité l’anonymat, je me sens encore plus fort et plus outillé pour la cause des droits de l’enfant. J’anime 3 émissions qui portent essentiellement sur la jeunesse, sur la politique de décentralisation. Ces émissions sont pour moi des plateformes pour poser des débats sur le rôle de la jeunesse dans la société mais aussi de leurs attentes par rapport aux politiques. Je considère que je commence à vivre mon rêve, le reste dépendra de ma volonté et de mes capacités à optimiser les opportunités qui me seront offertes. Mes principes sont presque universels : la liberté d’expression, la défense des droits humains. Mon ambition future serait de pouvoir donner un souffle nouveau au projet Radio Gune Yi ensemble avec Plan International.