De l’élan au lagopède
FÉÉRIQUES CHASSES BLANCHES EN LAPONIE FINLANDAISE
Tout nouveau dans le monde des organisateurs de chasse, Pekka Pikkujämsä, le créateur de la société Autentic Boreal propose des séjours inoubliables en Laponie finlandaise pour des chasseurs en quête d’authenticité. De l’élan au lagopède en passant par l’ours et le grand tétra, il offre un vrai dépaysement dans de sublimes territoires.
Le soleil rasant du matin est éblouissant et le thermomètre affiche -6°C.
L’air, incroyablement pur nous brûle un peu les narines et nous expirons d’épais nuages de vapeur à chaque respiration. Depuis que nous avons laissé notre véhicule il y a une dizaine de minutes, Onni, la chienne de Carélie de Pekka Pikkujämsä créancée sur l’élan, ne cesse de tirer sur sa laisse, impatiente. Ici en Laponie, comme dans toute la Finlande, l’élan se chasse avec
un ou deux chiens qui mettent au ferme ce grand cervidé avant que le chasseur ne tente de l’approcher.
Alors que nous nous enfonçons dans la forêt de pins qui borde un immense lac déjà gelé, une seconde équipe composée de deux chasseurs et d’un chien se dirige plus au sud. Dans un silence de cathédrale, Pekka libère sa chienne qui disparaît rapidement entre les futaies de conifères. Nous allons pouvoir suivre sa progression grâce au GPS et au site Tracker installé sur son téléphone. Cette façon très particulière de chasser, largement pratiquée en Finlande est interdite en France.
Grand mâle récolté
Très vite Onni fait de grandes boucles autour de nous, puis étend à plusieurs centaines de mètres la recherche de sa proie. Pekka est calme. Sa chienne est très expérimentée et il le sait. Ce n’est qu’une question de temps. Sa seule véritable crainte est qu’elle croise la piste de rennes. Domestiqués depuis des siècles ces animaux d’élevage qui vivent en liberté sont en effet très nombreux dans la région et aucun chasseur ne voudrait affronter la colère de leur propriétaire en cas d’incident avec les chiens. Heureusement, en cette saison, la plupart ont déjà été rassemblés par les éleveurs Sami pour l’hivernage. Pekka tend l’oreille. Au début ce n’est qu’un son très lointain. Puis je l’entends très distinctement à mon tour. Onni aboie.
« Elle est sur un élan, » affirme mon guide, qui me montre sur son téléphone le chien qui s’est arrêté et crie régulièrement. « Si c’était un renne, assure-t-il, l’animal prendrait la fuite et la chienne serait à ses trousses. L’élan, lui, fait face. » Pekka estime qu’il est à environ 2 km.
La chasse vient de commencer. Le vent nous est favorable et le sol couvert de mousse nous permet de progresser en silence, même s’il
prend la fuite. Il faut donc marcher lentement et tenter de le voir avant qu’il nous ait repérés. La voix du chien se fait de plus en
suite commence. Elle va durer plus de deux heures, avec des passages difficiles lorsqu’il faudra jouer les équilibristes pour franchir une rivière en sautant de rochers en rochers, ou traverser une pièce d’eau couverte d’une
« En Finlande la venaison est sacrée et ce bel élan va permettre de stocker une grande quantité de viande pour l’hiver. »
fine pellicule de glace, trop fragile pour nous soutenir. Plusieurs fois, nous serons au contact. Mais à chaque fois, il se dérobera et nous échappera. Finalement, en approchant un petit bosquet, nous apercevrons trois
Grâce au GPS, nous pouvons suivre à présent la fuite du trio qui se dirige vers l’autre équipe. Après un nouveau ferme d’Onni et une nouvelle approche, Mika réussi à placer une balle parfaite qui foudroie le grand mâle. À notre arrivée, il est couché sur un tapis de poils arrachés par les chiens. Sa taille
Pause bien méritée autour d'un feu pour griller quelques saucisses.
Onni au ferme
après tant d’efforts.
L’arrivée de James, chasseur emblématique de la région, avec son quad six roues motrices va permettre de charger l’animal tombé bien loin d’une route. James est non seulement un des chasseurs les plus réputés de la région, mais il participe également à un plan de sauvegarde du rare renard polaire. Ses actions de régulation du renard roux, en forte expansion, ont permis de protéger les renards -
velle chasse à l’élan. Très vite la chance nous nni jette son dévolu sur une jeune femelle qui n’est pas inscrite au plan de tir. Malgré plusieurs tentatives, il est impossible de lui faire cesser la chasse. La chienne lui colle au basque. Cela me permet de faire des photos, mais elle ne comprend pas pourquoi « ses humains » ne passent pas à l’action. Opiniâtre, elle ne lâchera qu’à la tombée de la nuit et finira par être récupérée par son grâce au GPS.
En quête de grands tétras
Avec le nouveau jour, commence une nouvelle journée. Ce matin, une fine couche de neige recouvre le paysage. Nous délaissons désormais l’élan pour essayer de chasser l’autre souverain des forêts finlandaise : le mythique grand tétras. Toujours dans la région d’Inari avec comme guide un jeune et passionné chasseur, Sami et son braque allemand Waarti, nous découvrons une haute futaie qui s’étend à perte de vue. Équipé du même système de localisation, Waarti, malgré une météo peu favorable marque de nombreux arrêts. La nouvelle neige et un vent violent complique grandement son travail, mais il se donne à fond.
traces de pattes dans la neige qui prouve la présence d’un oiseau déjà parti. Qu’importe, nous continuons notre progression sur les vallons couverts de pins à la recherche d’un autre tétras. Plusieurs arrêts infructueux se succèdent et Sami ne cache pas son inquié-
« Une femelle grand tétras fend l’air au ras du sol et je la stoppe par un tir reflexe qui fait plaisir à notre chien enfin récompensé de ses efforts. »
Le braque est immobile à quelques dizaines de mètres de nous. Pekka me confie son calibre 12. Mais nous sommes sur une place chaude. L’œil aguerrit de Sami repère les
tude : « C’est incroyable et rarissime de voir autant d’arrêts sans la présence de grands tétras. Même si la météo n’est pas favorable, c’est tout à fait inhabituel », constate-t-il. La fatigue commence à se faire sentir et une petite pause casse-croûte nous revigore. Impatient,
Waarti n’apprécie guère ce moment de repos et n’a qu’une hâte : repartir ! En début d’après-midi, le téléphone de Sami nous indique un arrêt à plus de 400 mètres de nous. Pas de panique, le chien peut tenir de longues minutes et nous avons le temps d’approcher tranquillement. Si l’oiseau est encore là, le braque ne bougera pas. Encore quelques pas et Waarti apparaît, transformé en statue de marbre, la tête tournée vers la gauche. Je décide de me décaler dans cette direction et j’entends presque simultanément le lourd bruit d’un oiseau qui décolle. Une femelle grand tétras fend l’air au ras du sol et je la stoppe par un tir réflexe qui fait plaisir à notre chien enfin récompensé de ses efforts. Le magnifique oiseau au plumage mordoré repose maintenant sur un tapis de branches de pin. Et c’est avec le plus grand respect que Sami le vide immédiatement, ce que fait tout
chasseur en Finlande. Fièrement, le guide accroche l’oiseau sur son sac à dos et nous repartons en chasse. Le dernier arrêt du braque nous permet d’admirer le vol d’un grand coq de bruyère à plus de 70 mètres. Une nouvelle fois, le vent aura trompé le nez du chien qui a marqué l’arrêt trop loin. Il est temps maintenant de retourner vers notre véhicule. Si nous avons parcouru près de 9 kilomètres, l’infatigable Waati lui en a fait plus de 37 et c’est peu dire qu’il en a plein les pattes.
> Carnet de Voyage
; Transport : Paris-Helsinki, puis Helsinki-Ivalo en avion, puis une heure de route jusqu’au cottage à Inari. Pour la chasse du lagopède, il faut encore compter sur une heure de route pour aller jusqu’à la frontière Norvégienne dans la ville d’Utjoski au bord de la rivière Teno.
; Saison : La saison de chasse démarre début septembre jusqu’à mi-janvier suivant le gibier et le mode de chasse.
; Territoire de chasse : Plus de 13 000 ha pour l’élan et le grand tétra de collines couvertes de forêts de pins et bouleaux entourant de nombreux lacs. Immenses territoires de plus de 400 000 ha pour le lagopède plus en altitude au sol couvert de buissons et baies et sans arbres.
; Gibiers : L’élan, bien sûr avec des trophées moins grands qu’au Canada, le grand tétra mâle et femelle, le lagopède et l’ours.
; Équipement : En début de saison il faut prévoir des vêtements chauds et respirants pour de longues marches, voire très chaud en fin de saison. Chaussures de marche et guêtres, mieux vaut éviter les bottes.
; Armes : Calibre minimum 7rm pour l’élan, fusil de chasse pour le lagopède et le grand tétra. Pour le tir du Tétra au ferme, le guide vous propose son arme en petit calibre.
; Anglais indispensable, même si l’organisation peut mettre à disposition un interprète.
- paradis cynégétique!
ProfiHunt organise des chasses au Kirghizistan au Marco Polo, Ibex, chevreuil de Sibérie et loup depuis plus de 30 ans. La saison de chasse va de mi-août à la fin novembre.
ProfiHunt vous invite à découvrir ce paradis de la chasse!
Somptueux grand tétras haut perché.
Raisons d’y aller
3 Territoires immenses et sauvages où le dépaysement total.
3 Chasse d’animaux rares : Elan, grand tétras et lagopède en belle densité avec, suivant la saison, la possibilité de chasser l’ours.
3 Logements en cottages de très confortables à très luxueux.
3 Ambiance très chaleureuse et familiale des déjeuners autour du feu le midi en forêt et excellents diners.
3 Guides très compétents avec chiens performants sur les différents modes de chasse.
3 Organisation parfaite.
3 Possibilité, avec un peu de chance, de voir des aurores boréales. Si les dieux sont avec vous, le spectacle est à couper le souffle.
Raisons d’hésiter
7 Aucune garantie de résultat. Ici, Pekka propose des chasses naturelles d’animaux très sauvages et difficiles à approcher.
7 Beaucoup de marche, parfois dans des secteurs un peu difficiles, surtout si la neige est épaisse.
7 La météo joue un grand rôle dans la difficulté et la réussite de la chasse.
70 % de femelles
Le lendemain, toujours à la quête du même oiseau, nous changeons de mode de chasse. Cette fois nous suivons un spitz finlandais, chien emblématique du pays. Son
rôle est de lever l’oiseau, de le suivre jusqu’à ce qu’il se pose dans un arbre et de le mettre au ferme en aboyant régulièrement tout en lui tournant autour toujours dans le sens des aiguilles d’une montre. L’approche se fait ensuite avec la plus grande discrétion et le tétras est tiré à l’aide d’une carabine de petit calibre. Vaste programme… Pour essayer de le réaliser dans les formes, nous comptons sur Hannu Huttu. L’homme est à la fois un formidable photographe et vidéaste animalier au talent reconnu dans son pays et un guide de chasse passionné. Nous avons pu visionner ses images la veille et je peux vous affirmer que c’est un véritable artiste.
Après les jours de neige et de froid sec, c’est sous un ciel bleu azur que nous entamons cette nouvelle aventure. Les températures sont plus clémentes et la neige a un peu fondu. Hannu équipe son chien Urho du GPS. À peine lâché, il file et décrit de larges boucles autour de nous tout en gardant toujours le contact avec son maître. Après une demiheure de marche, les premiers récris du chien percent le silence de la traque. Nous suivons sa course et les fameux cercles réguliers autour de sa proie sur l’écran du téléphone d’Hannu qui est certain qu’un grand tétras s’est perché à exactement 759 mètres de nous. Si nous marchons rapidement, dès que nous pouvons
apercevoir Urho, nous avançons aussi lentement que si nous tentions l’approche d’un brocard. Bientôt, Hannu pose son sac à dos, arme sa carabine en calibre 7X33 et avance accroupit en direction du ferme. La grande difficulté est de voir l’oiseau avec d’être repéré, sinon c’est systématiquement un échec. Après de longues minutes et plusieurs mètres franchis en rampant, Hannu visualise une
femelle grand tétras. Il faut noter qu’il y a environ 70 % de femelles chez cette espèce et qu’il est donc beaucoup moins fréquent de rencontrer un mâle. Il a des yeux de lynx. Je perds de mon côté de longues minutes avant de réussir à apercevoir l’oiseau puis à le tirer à une cinquantaine de mètres. Au coup de feu, elle tombe au sol au pied du chien visiblement heureux. Ce Français qui
ne comprend rien au finois, finalement, n’est pas si maladroit.
L’efficacité du spitz finlandais est remarquable, même si son point faible est sa passion pour l’écureuil. Cependant, face au petit mammifère, il ne tourne pas autour de l’arbre, mais se livre à un ferme fixe qui permet de savoir qu’il n’est pas sur un grand tétras. En dépit de plusieurs écureuils passionnément signalés par Urho, nous continuons notre quête, et si l’envol d’une compagnie de lagopèdes blancs nous surprend, nous n’aurons plus qu’une seule occasion de tirer un grand coq. Mais nous allons échouer. Notre approche sera trop rapide et l’imposant mâle décoller avant même d’avoir été localisé…
Peu à peu, la fatigue commence à se faire sentir malgré le revigorant sauna, les repas gastronomiques concoctés par Anita et le confort de notre cottage. Un évènement va pourtant me tenir éveillé une partie de la nuit. Une spectaculaire aurore boréale va se déployer dans le ciel étoilé de Giellajohka. Avec Hannu nous sortons le matériel photo pour immortaliser ce phénomène lumineux. Le froid est vif, mais rien ne parvient à nous décider de rentrer au coin du feu. Le voile coloré de vert et de rouge semble danser dans des mouvements incessants. Ce sont des moments absolument incroyables et magnifiques qu’il faut vivre une fois dans sa vie !
Arrêts sur lagopèdes
Direction plein nord pour la dernière partie de chasse du séjour. Nous sommes à Utjoski, ville frontière de la Norvège bordée par la rivière Teno. Autrefois paradis de la pêche du saumon, la cité s’est vue interdite de pratiquer cette activité pour des raisons de quotas. Un drame pour ce spot réputé qui était très fréquenté par les pêcheurs à la mouche.
Dans cette région nordique, les sommets ne sont plus que des collines sans arbres couvertes d’arbustes et de buissons. C’est le domaine du Lagopède. Une chasse passionnante au chien d’arrêt en compagnie de James que nous retrouvons sur un territoire de plus de 400 000 ha. Si la progression est difficile, les setters fendent l’air glacé et parviennent à nous faire de magnifiques arrêts. Souvent en groupe et à l'abri de petits buissons, l’envol bruyant des lagopèdes est spectaculaire. Quelques oiseaux immaculés sont prélevés. Le vent est vraiment glacial et nous décidons de ne pas chasser plus longtemps. La couche de neige est de plus épaisse et il vaut mieux se retirer dans l’incroyable lodge Juntte Njunni qui domine la rivière
Chasse du lagopède dans l'extrême nord de la Finlande, à la frontière norvégienne.
local est un régal. Je vous laisse juger : carpaccio de renne suivi de nos femelles de tétras magnifiées d’une sauce somptueuse. Retour le lendemain vers Inari pour un dîner organisé par Marika d’Artantic Agency dans un spacieux chalet au bord du lac. L’hiver la pêche au trou est une attraction des plus prisée ! Encore une fois, l’accueil est irré
ture au cœur d’une nature sauvage avec du gibier d’exception. C’est sans doute unique en Europe. Mais cette expérience est réservée à des puristes pour qui la qualité du gibier prime sur à la quantité. Pekka a réussi à s’entourer d’une équipe de guides très dévoués, de vrais passionnés qui font le maximum pour combler le chasseur. Si la Finlande est le
Complément d’informations, page 128