Ajr57udrhytrpopcorn octobre 2015

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HS N°1 | OCTOB E 20 5 | € 0 FOUND FOOTAGE

DYSTOPIE

THE VISIT

LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE

Les fantômes de M. Night Shyamalan

Bienvenue en enfer

SAGACULTE

STAR WARS

Les 30 meilleurs personnages

X

EXCLUSIF

L’INTERVIEW-FLEUVE DE GUILLERMO DEL TORO EVIL DEAD BRUCE CAMPBELL EST DE RETOUR !

PARANORMAL ACTIVITY 5 • PHANTOM BOY LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES • PAN…

POPCORN HS N° 13 N°•18AVRIL • OCTOBRE 2015 • 2015 4,9 •€5,90 • MENSUEL € DOM : 6,50 5,50 € - BBELL : 5,50 6,50 € - GR/PORT CONT : 5,50 6,50 €€ N. CAL/S : 900 670 XPF XPF -- POL/S POL/S :: 770 1000XPF XPF

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«P

acific Rim 2 est repoussé pour l’instant, mais il pourrait finalement être annulé, je ne sais pas. Pour moi, cela ne change rien, je dois livrer un budget et un script d’ici quelques semaines et, quelles que soient les rumeurs, je me tiendrai à la deadline qui m’a été fixée. Je ne sais pas s’il sera validé, peut-être que je travaille pour rien… Depuis les deux Hellboy, c’est un exercice auquel je suis habitué. Si le film se fait, je veux juste qu’il ait plus d’ampleur tout en coûtant moins cher et que je puisse suivre ma vision », nous expliquait Guillermo del Toro lors de notre rencontre. Frustration, déception, doutes, tel est le lot de nombreux réalisateurs et scénaristes qui doivent faire preuve de pugnacité s’ils veulent voir leur projet aboutir. M. Night Shyamalan, Joe Wright, Oren Peli et même George Lucas ont tous adopté à un moment ou à un autre de leur carrière cette attitude du réalisateur de Crimson Peak : savoir lâcher prise pour mieux rebondir. _BM Retrouvez-nous sur : www.facebook.com/magazinepopcorn www.popcorn-magazine.com

POPCORN est édité par SAS 2B2M, 5 passage du Chantier, 75012 Paris, www.2b2m.fr • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Benoît Maurer • RÉDACTEUR EN CHEF : Benoît Maurer • RÉDACTRICES GRAPHISTES : Julie Dong, Christine Zhang • SECRÉTAIRES DE RÉDACTION : Jessica Binois, Élise Lejeune, Caroline Kotcheff, Élisabeth Violleau, Alexandra Voeung • ONT COLLABORÉ À CE NUMÉRO : Virgile Iscan, Vincent Julé, Julien Sévéon, Élisabeth Jolly, Damien Virgitti, Steve Naumann, Maxime Berrée, Jean-Paul Chaillet, Paloma Martin, Terry Malloy, Paul Bradshaw, Jamie Graham, Kevin Harley, Simon Kinnear, Matthew Leyland, Neil Smith, Josh Winning, Famous, Fastimage • COUVERTURE : © Universal. 2015, Crimson Peak • Chargée de fabrication: Caroline Zhang (fabrication@2b2m.fr) • IMPRESSION : Léonce Deprez. Imprimé en France. Print in France. • DISTRIBUTION : MLP • SERVICE DES VENTES : Magali Parra, magali@2b2m.fr (mail réservé aux diffuseurs et dépositaires de presse) • Dépôt légal à parution • ISSN : 2268-5138 • COMMISSION PARITAIRE : 0918 K 91967 PUBLICITÉ : 125, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, www.mint-regie.com • Directeurs associés : Philippe Leroy, 01 42 02 21 62, philippe@mint-regie.com Fabrice Régy, 01 42 02 21 57, fabrice@mint-regie.com • Directrice de la publicité : Lauréline Jouanneau, 01 45 61 23 04, laureline@mint-regie.com Tous droits réservés. À défaut d’indication contraire, les textes, photographies, dessins et autres éléments de ce magazine sont la propriété exclusive de la société 2B2M. Leur reproduction, même partielle, est interdite dans tous pays, quel que soit le support, y compris électronique, sauf autorisation préalable et écrite de 2B2M. Il en est de même de leur représentation. Toute violation des droits de 2B2M est une contrefaçon qui expose son auteur au paiement de dommages et intérêts civils, ainsi qu’aux peines pénales prévues notamment aux articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


GUILLERMO DEL TORO

028

SOMMAIRE

PREVIEWS

LES 30 MEILLEURS PERSONNAGES DE STAR WARS ..............................................................

ACTUS

PRIDE AND PREJUDICE AND ZOMBIES ................................................................. Les zombies aiment-ils les histoires d’amour ?

LA 5E VAGUE ..................................................................... Chloë Grace Moretz va-t-elle devenir la prochaine Jennifer Lawrence ?

06 08

MANUEL DE SURVIE À L'APOCALYPSE ZOMBIE ................................... Le retour de la zombie comedy ?

L'ÉTRANGE FESTIVAL ................................................ Le rendez-vous du bis

17

SUR LE RADAR ............................................................. Kaya Scodelario, Les Gardiens de la Galaxie …

L’INVITÉ .......................................................................... Denis Villeneuve nous parle de Blade Runner

20

TOP 5 .......................................................................................

22

LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE ......................................................

Chaque mois, Popcorn passe au scalpel une bande-annonce

Dystopie mon amour

23 224 26 2

PAN ............................................................................................

Le futur du cinéma, c'est maintenant

L'autre pays imaginaire

POISON IVY .................................................................

PHANTOM BOY ..............................................................

Le personnage du mois

Une nouvelle nuit américaine

Le Comité créatif Marvel

MAGAZINE CRIMSON PEAK ....................................................... Rencontre avec Guillermo del Toro

TOP 5 ................................................................................. Notre sélection des meilleurs films de maisons hantées

041

PARANORMAL ACTIVITY 5 ............................. Oren Peli revient sur la franchise

LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES.................................................................

28 2 38 3

41 48 54

Les plus belles réussites de Blumhouse Productions

FAST FORWARD .......................................................

9 CHOSES À SAVOIR .............................................

STAR WARS

THE VISIT ............................................................................. Entretien avec M. Night Shyamalan

FAST REWIND ............................................................

10 12

Lesquels sont les plus mémorables ?

Vin Diesel avec une grosse épée...

ASH VS EVIL DEAD ................................................... Ça va charcler !

LE BIS DANS TOUS SES ÉTATS .................... Retour sur le phénomène du drive-in

CHRONIQUES ...................................................................

56 64 70 72 76 80 84 89

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PREVIEW


PRIDE AND PREJUDICE AND ZOMBIES Les zombies aiment-ils les histoires d’amour ? i vous êtes las de voir Keira Knightley dans des rôles caricaturaux d’héroïnes romantiques, voici la solution. Après un succès en librairie en , le best-seller de Seth Grahame-Smith, Orgueil et préjugés et zombies, se fait enfin une place au cinéma. Malgré une sortie prévue aux États-Unis dans plusieurs mois, soit le février (et malheureusement toujours aucune date française), le film réalisé par Burr Steers s’annonce déjà culte. Ce qui promet d’être une série B plus ou moins assumée réjouira

S

les élèves étudiant la littérature anglaise partout dans le monde. Avec son joli casting d’acteurs britanniques, le passage sur grand écran de ce roman parodique aura de quoi nous mettre des étoiles plein les yeux ou bien quelques litrons de faux sang dans les larmes. Nous y retrouverons le onzième Docteur Who, Matt Smith, ou encore l’exquise Cersei Lannister de Game of rones, Lena Headey. Point de longs soupirs énamourés ou de déclarations ampoulées ici, seulement du girl power façon Bennet Girls qui rencontrerait

l'esprit guerrier de Xena. Dans son roman, Grahame-Smith a pris un malin plaisir à jouer avec les codes littéraires pour en faire une ode à l’esprit foutraque, tout en gardant le cœur de l’œuvre de Jane Austen. Finalement, zombies et arts martiaux s’accordent parfaitement avec les robes de mousseline et autres corsets. À noter que lors du Comic-Con , cet été, les premières images du longmétrage ont fait sensation. ÉLISABETH JOLLY

EN SALLE LE 5 FÉVRIER 2016 (ÉTATS-UNIS)


PREVIEW

E

LA 5 VAGUE Chloë Grace Moretz va-t-elle devenir la prochaine Jennifer Lawrence ? ubliez les Hunger Games et autres Labyrinthe, la prochaine saga s’appellera La e Vague. Publiée depuis , cette nouvelle série, écrite par Rick Yancey, imagine notre monde en proie aux attaques successives d’une race extraterrestre. La jeune Cassie Sullivan, qui fait partie des rares survivants, va tout faire pour affronter ces aliens capables de se dissimuler parmi nous, afin de retrouver la trace de son petit frère. Et c’est Chloë Grace Moretz – trop désireuse de se trouver une

O

nouvelle franchise après l’échec du dernier Kick-Ass – qui reprend ce rôle de Katniss. « L’histoire est beaucoup plus ancrée dans la réalité que dans tout autre roman de ce genre, et c’est ce qui m’a attirée dans ce projet, a confié l’actrice. Mon personnage est moins défini par une relation amoureuse que par sa relation à son petit frère. Le film parle avant tout du noyau familial, c’est ce qui m’a plu. » Cela ne nous empêchera pas de remarquer que deux garçons encadrent toujours l’héroïne et se disputent

implicitement ses faveurs, mais nous sommes certains qu’à l’instar de son aînée et amie Jennifer Lawrence, Chloë Moretz profitera de son talent d’actrice et de sa renommée pour emmener cette franchise vers d’autres ambitions. Mais il se peut qu'avant, elle se retrouve à l’affiche d'un spin-off de Kick-Ass centré sur le personnage de Hit-girl, de plus en plus envisagé par les studios... DAMIEN VIRGITTI

EN SALLE LE 17 FÉVRIER 2016



PREVIEW


MANUEL DE SURVIE À L'APOCALYPSE ZOMBIE Le retour de la zombie comedy ? ans les années , Shaun of the Dead, Zombieland et Dead Snow ont prouvé qu'il était possible de rire avec les zombies, et pas seulement de se faire courser ou bouffer. Mais le succès de e Walking Dead à la télévision et de World War Z au cinéma est passé par là et a jeté une chape de plomb sur le genre. Attention, la zombification est un sujet sérieux, et l'apocalypse, c'est grave. Heureusement, Manuel de survie à l'apocalypse zombie débarque avec ses

D

trois louveteaux qui, à la veille de leur dernier camp, profitent de l'absence du videur pour se faufiler dans un club de strip-tease et s'en payer une bonne tranche. Au propre comme au figuré... La ville subit en effet l’assaut d'une horde de zombies, et nos jeunes héros vont devoir réviser leurs leçons de survie. Scout ? Toujours prêt ! Si l'on pouvait craindre une redite de Zombieland, avec ses commandements et ses clins d'œil, les premières images laissent entrevoir un film plus vénère et

irrévérencieux. Chats zombies, explosions en gros plan, mauvais goût assumé... Manuel de survie à l'apocalypse zombie ne semble pas viser l'hommage, juste la comédie pure et dure. C'est aussi l'occasion pour l'acteur Tye Sheridan de casser son image très marquée par ses rôles dans e Tree of Life, Mud et Joe. Avant de devenir Cyclope dans X-Men: Apocalypse. « Let's kick some zombie ass! » VINCENT JULÉ

EN SALLE LE 9 DÉCEMBRE 2015


PREVIEW


Le rendez-vous du bis

L’ÉTRANGE FESTIVAL

Véritable événement de la rentrée, l’Étrange Festival nous a une fois de plus étonnés par ses petites pépites. Voici notre sélection. TEXTE VINCENT JULÉ

E

n vingt et un ans et autant d’éditions, L’Étrange Festival est devenu non seulement un rendez-vous cinéma immanquable, mais aussi une drôle de famille recomposée, avec des spectateurs qui assument leur cinéphilie déviante et leur curiosité insatiable et des passionnés qui prennent leurs congés exprès en septembre pour être bénévoles sur le festival, sachant qu’ils n’auront pas le temps de voir des films ! Les organisateurs ont développé le don de créer le buzz autour de titres finalement insignifiants (Brand New-U, Baskin, Stung, e Corpse of Anna Fritz). Heureusement, ils se sont rattrapés avec les cartes blanches (Benoît

Delépine, Ben Wheatley, Guy Maddin), les raretés (Rêves sanglants, l'un des films préférés de Quentin Tarantino et de Kiyoshi Kurosawa), les documentaires (Jodorowsky’s Dune sur l’adaptation avortée du classique de Frank Herbert, Dark Star: H. R. Giger's World sur le créateur d’Alien), la bien nommée « super méga bloody apocalyptica turbo zombie night » et plusieurs avant-premières. Si L’Étrange Festival s’est imposé comme un défenseur et un découvreur du cinéma de genre, il ne faut pas oublier qu’une

partie de sa programmation est toujours consacrée à la musique avec, en point d’honneur cette année, deux concerts de The Residents, le collectif pop et culte américain. Au palmarès du festival, La Peau de Bax (en salle le novembre) qui obtient le Grand Prix nouveau genre et Moonwalkers (en salle le janvier) qui rafle le Prix du public. Remerciements à Xavier Fayet et aux équipes de L’Étrange Festival et du Forum des images.


PREVIEW

Love & Peace / Tag Réalisation : Sono Sion Prends garde à toi Takashi Miike ! Alors que le réalisateur japonais présentait Yakuza Apocalypse: The Great War of the Underworld à l’Étrange Festival, son compatriote Sono Sion renchérissait avec Tag et Love & Peace. Soit deux des six films qu’il a tournés en 2015 ! Sa frénésie créatrice deviendrait presque inquiétante si le résultat n’était pas toujours à la hauteur. Tag est ainsi une nouvelle adaptation du roman de Yusuke Yamada, dans lequel des lycéennes sont prises pour cibles par des forces surnaturelles. À partir de ce pitch passe-partout, Sono Sion organise un massacre à la fois frénétique et poétique, qui tient moins du simple plaisir coupable que de la vraie proposition formelle. Mais le gros morceau était Love & Peace. Depuis toujours, Ryoichi est coincé mais rêve d'être chanteur, sauf que, comme beaucoup de sa génération, il est devenu salary man dans une multinationale anonyme. Il n’est même pas capable de déclarer sa flamme à sa collègue Yuko. Un jour, il se prend d'affection pour une petite tortue et l'adopte. C'est tout ? N’oubliez pas que nous sommes chez Sono Sion. Après une ultime humiliation, Ryoichi jette sa tortue dans les toilettes, où elle rejoint les égouts de la ville et les jouets laissés pour compte. Elle commence alors à grandir. Avec une aisance déconcertante, le cinéaste mêle deux pans de la pop culture nippone, la J-pop et le kaiju eiga (le film de monstre à la Godzilla), pour aboutir à un film unique, galvanisant, entre la comédie grand public et l’acte de foi. Balèze.

Upstream Color Réalisation : Shane Carruth Fils illégitime de James Cameron et de David Lynch selon Steven Soderbergh, le réalisateur indépendant Shane Carruth aura mis dix ans à donner une suite à Primer, œuvre culte et pionnière de la science-fiction lo-fi. Soit le temps qu’il a passé à développer le projet hollywoodien A Topiary, qui ne verra malheureusement jamais le jour et qui représente selon lui « le gâchis de sa vie ». En réaction, il se radicalise un peu plus avec Upstream Color, une histoire de rencontre, de réincarnation, de contamination. Impossible, littéralement, d’en dire plus. Le spectateur est ainsi face à un film où les plans, les gestes, les destins se font écho dans un même mouvement, celui d’un homme et d'une femme inexorablement attirés l’un vers l’autre, et celui du cycle éternel de la vie. C’est retors mais beau, quasiment expérimental mais parfaitement hypnotique. Upstream Color sera disponible en France en 2016 via ED Distribution.


Cooties Réalisation : Jonathan Milott et Cary Murnion Aujourd’hui, il serait impensable d’avoir un film comme Les Révoltés de l’an 2000, où un couple dézinguait du mioche pour survivre. Son titre original, espagnol, était d’ailleurs ¿Quién puede matar a un niño? soit « Qui peut tuer un enfant ? » C'est pourquoi Cooties fait plaisir, même si ses auteurs ont choisi la comédie pour faire passer la pilule. Enfin, plutôt le nugget. Après avoir mangé du poulet frit avarié, une élève de primaire se transforme en zombie et contamine tous les autres enfants. Les professeurs comprennent qu’ils sont les prochains, à moins de réagir vite et de laisser parler leurs bas instincts. L’occasion d’un bon abattage de blagues foireuses et de morts trash, qui ne vise rien d’autre que le rire immédiat, voire innocent. Les enfants sont en effet dépersonnifiés, et le film n'est jamais choquant ou déviant. Cooties s’en tient donc à son petit programme, pas désagréable mais pas original, si ce n’est Rainn Wilson en prof de sport (de combat) qui vole la vedette à Elijah Wood, le héros (mais pas trop).

Ghost Theatre Réalisation : Hideo Nakata

Il commence à être loin le temps où les films du maître de l'horreur nippon sortaient dans les salles françaises. Comme si sa carrière ne s'était jamais remise de Ring, et de son remake américain dont il avait d’ailleurs réalisé une très mauvaise suite en 2005. Il faut maintenant surveiller les festivals pour avoir de ses nouvelles, entre une adaptation de manga (Death Note: L Change the World), de film coréen (Monsterz) et un retour à la J-horror (The Complex). Présenté en avant-première à L’Étrange Festival, Ghost Theatre revisite, très librement, l’une des premières réalisations de Hideo Nakata, Ghost Actress. Comédienne débutante, Sarah décroche un rôle secondaire dans une pièce de théâtre, mais doit faire face à l’animosité de la tête d’affiche et à d’étranges événements en coulisse. Si le feu sacré semble avoir quitté le cinéaste, sa mise en scène est toujours élégante, et le milieu du théâtre lui permet de composer plusieurs beaux tableaux. Nakata essaie également de renouveler la figure du fantôme japonais, abandonnant la fille aux cheveux gras pour une poupée grandeur nature, présence plus physique. L’idée est intéressante, à défaut d’être concluante, et donc effrayante.


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KAYA SCODELARIO Révélée par Le Labyrinthe et bientôt à l'affiche de Pirates des Caraïbes 5, Kaya Scodelario est la révélation de l'année. orsque les portes de la cage s’ouvrent et que les garçons la découvrent, ils n’en croient pas leurs yeux. Une fille ! La seule de tout le film Le Labyrinthe, dont l'existence même remet en question le petit monde des jeunes hommes. Bientôt à l'affiche de la suite, Le Labyrinthe : La Terre brûlée (en salle le octobre) Kaya Scodelario dévore l’écran en un regard. Une révélation pour les uns, une confirmation pour les autres. En effet, elle n'en est pas à son coup d’essai. En , à tout juste ans et sans expérience, Kaya est castée dans la série britannique pour adolescents Skins. Elle y interprète Effy, la petite sœur misanthrope de l'un des personnages principaux, Tony (Nicholas Hoult, le Fauve des nouveaux X-Men), et n’a pas une ligne de dialogue dans les premiers épisodes. Mais elle est toujours là, insaisissable et sauvage, et hante les arrière-plans de son regard glacial et de son sourire désabusé. Dans la saison , Skins renouvelle intégralement son casting. Excepté Effy.

L

ACTUS


ACTUS

“J’aimerais bien jouer une James Bond girl. Mais j'aimerais être celle qui le tue à la fin.”

Alors propulsée premier rôle, elle se métamorphose en femme fatale et incarne à elle seule l’esprit de la série. De son propre aveu, Kaya Scodelario reconnaît avoir grandi avec Effy et connu les mêmes doutes, les mêmes expériences. C’est pourquoi elle a longtemps eu peur que le rôle ne lui colle à la peau.

La nouvelle Keira... En , le curieux et inédit La Vérité sur Emanuel, qui mérite le coup d’œil et révèle son talent, marque un tournant pour Kaya. Elle

est de tous les plans, dans le rôle d’une jeune fille obsédée par la ressemblance entre sa nouvelle voisine (Jessica Biel) et sa mère disparue. Pour en savoir plus, elle lui propose de faire du baby-sitting et de garder son nouveau-né. Si le pitch laisse craindre une péloche horrifique de plus, le film déploie un mélodrame déviant et déchirant sur le deuil. C'est aussi l’occasion pour la jeune actrice de jouer une partition proche d'Effy, pour mieux lui dire adieu. Mais le véritable virage de sa carrière date en

fait de avec Les Hauts de Hurlevent, l’adaptation moderne du classique d’Emily Brontë par la réalisatrice Andrea Arnold. Kaya y est plus magnétique que jamais et a damé le pion à Natalie Portman, Carey Mulligan et Keira Knightley. Les médias britanniques aiment ainsi titrer que « Kaya est la nouvelle Keira », surtout depuis qu’elle a décroché le premier rôle féminin de Pirates des Caraïbes .

Une femme à bord « Mon personnage, Carina Smyth, est totalement différent de celui d’Elizabeth Swann, interprété par Keira Knightley dans la première trilogie, assure la comédienne désormais âgée de ans. J'incarne une étudiante en astronomie qui se bat pour le droit d’aller à l’université, ce que les femmes ne

pouvaient pas faire à l’époque. À la recherche du trident de Poséidon, elle vit sa propre aventure et croisera la route de Jack Sparrow. Bien sûr, il gâchera tout, comme il a l’habitude de le faire. » Toujours selon elle, ce nouveau Pirates des Caraïbes, sous-titré en anglais Dead Men Tell No Tales, retrouvera le ton et le style du premier épisode, après le naufrage artistique du quatrième volet, La Fontaine de jouvence. Le film est prévu pour juillet , mais Kaya Scodelario sera entre-temps à l’affiche du Labyrinthe . Et après ? « J’aimerais bien jouer une James Bond girl, expliquet-elle. Mais je ne voudrais pas juste coucher avec Bond. Je préférerais être celle qui le tue à la fin. C’est le genre de Bond girl que je veux être. » VINCENT JULÉ


SurDébutants le radar ou confirmés, ils font l'actu…

TOM HIDDLESTON

Il a remplacé Benedict Cumberbatch dans Crimson Peak et jouera dans High Rise, l'adaptation du roman I.G.H., de J. G. Ballard.

GROOOOOOT 2 En pleine préparation du tournage des Gardiens de la Galaxie 2, James Gunn s'est fait un malin plaisir à briser les attentes des fans. our officialiser le lancement de la préproduction des Gardiens de la Galaxie , James Gunn s'est plié à l'exercice toujours délicat des questions/réponses avec les fans, qui plus est sur Twitter où développer un propos cohérent en signes relève de l'impossible. Le film doit sortir aux États-Unis le mai , mais le réalisateur a décidé de mettre un terme une bonne fois pour toutes aux rumeurs sur l'évolution de son univers. A-t-on une chance de voir Hulk débarquer dans le second opus ? Un personnage du Marvel Cinematic Universe va-t-il faire son apparition ? Et pourquoi pas Captain Marvel ? Autant de questions, pourtant légitimes, qui n'ont trouvé qu'une seule réponse : non. Nada. Que dalle. Peau de zob... Seul indice, James Gunn a clairement exprimé son souhait d'avoir plus de femmes dans l'histoire, que ce

P

soit du côté des supervilains ou des superhéros. On peut donc espérer que Kitty Pryde ou Dragon-lune (Moondragon en VO) pointent leur bout du nez à un moment ou à un autre et apportent un peu de fraîcheur à une équipe pour le moins masculine. Du côté du cast de base, tout le monde est confirmé. Star-Lord (Chris Pratt) devrait chercher qui se cache derrière son véritable père – dans tous les cas, pas un Terrien. Gamora (Zoe Saldana) devrait à nouveau en découdre avec son père et sa sympathique petite sœur. Et Rocket (Bradley Cooper) est également de retour. Quant à Groot, après son sacrifice dans le premier opus et avoir été

transformé en des dizaines de mini-Groot, il devrait retrouver sa forme originelle dès le début du second volet, et donc prêter mainforte à ses amis. Vin Diesel pourra ainsi de nouveau faire entendre sa voix et balancer quelques borborygmes bien sentis. Enfin, Drax (Dave Bautista) devrait gagner en consistance, car le guerrier le plus fort de l'équipe est aussi le personnage que l'on connaît le moins. Et pour cause, il est plus connu pour tabasser tout ce qui bouge que pour s'épancher sur ses doutes métaphysiques. Il n'empêche, plusieurs arcs dans les comics s'étaient intéressés à son origine. Il ne reste plus qu'à attendre ... PALOMA MARTIN

James Gunn a clairement exprimé son souhait d'avoir plus de femmes dans l'histoire.

LUC BESSON

Il pousse une gueulante et menace de partir tourner Valérian en Hongrie, et zboum, l'État lui file un coup de main en modifiant la loi.

JENNIFER LAWRENCE

À l'affiche du dernier Hunger Games et de Joy, le prochain David O. Russell, elle explose tout sur son passage.

JAIMIE ALEXANDER

L'héroïne de la très intrigante série Blindspot voit grimper sa cote en flèche et serait sur plusieurs projets.


ACTUS

L'invité du mois Le réalisateur du thriller coup de poing Sicario (en salle le 7 octobre 2015), Denis Villeneuve, parle de l’un de ses prochains projets : Blade Runner 2. INTERVIEW VINCENT JULÉ

près des films plutôt dramatiques, vous semblez vous diriger vers des films de science-fiction, notamment avec vos deux prochains projets, Blade Runner (prévu en salle pour ) et Story of Your Life… Denis Villeneuve : Oui, je réalise enfin un rêve d’enfant : un film de science-fiction ! Quand j’étais gamin, je passais mon temps plongé dans Métal Hurlant, Enki Bilal, Mœbius, Frank Herbert, et il était temps que toutes ces lectures et ces heures passées dans des univers imaginaires donnent naissance à quelque chose. Beaucoup de mes amis disent que j’ai pris un grand détour pour y arriver (rires). Lorsque j’ai commencé à travailler aux États-Unis,

A

j’ai compris que c’était là que je pourrais réaliser ce rêve, et non dans mon pays natal, le Québec. Pour des raisons évidentes de moyens, bien entendu. Depuis, je crie haut et fort que je veux faire un film de science-fiction. Et là, bingo, deux d’un coup. Tout d’abord, Story of Your Life, qui raconte une invasion extraterrestre… Oui, c’est un très beau projet, très poétique. Une linguiste, interprétée par Amy Adams, est envoyée par le gouvernement américain pour entrer en contact avec une civilisation alien. Sa mission est de décoder leur langue, de communiquer avec eux et de comprendre ce qu’ils veulent. Il s’agit plus d’un film sur le langage, d’après un texte

“Blade Runner est l’un de mes films préférés, j’ai dû le regarder des dizaines de fois, je le connais par cœur.” magnifique de Ted Chiang, adapté par Eric Heisserer. Je le rapprocherais, en ce qui concerne l’atmosphère, de Rencontres du troisième type. C’est très différent de ce que j’ai pu faire jusqu’à maintenant, mais après quatre films noirs (Incendies, Prisoners, Enemy, Sicario), j’avais besoin d’un peu de lumière. Avant de replonger dans les ténèbres avec Blade Runner… Un film culte, des fans sur le qui-vive… vous n’avez pas peur ? J’ai longtemps hésité, à m’en faire des nœuds au cerveau.

Blade Runner est l’un de mes films préférés, j’ai dû le regarder des dizaines de fois, je le connais par cœur, je pourrais le décrire plan par plan. J’ai donc conscience que la responsabilité est énorme. Mais j’ai lu le scénario, écrit par Hampton Fancher, l’un des auteurs du film original, et la proposition est forte, elle fait totalement sens. Sans oublier que j’ai la bénédiction de Ridley Scott. Trente-cinq ans que j’en rêve, je ne pouvais pas dire non. Le cinéma d’aujourd’hui se résume souvent à son résultat au box-office, mais il reste avant tout une forme


TOP 5

DE SES FILMS DE SCIENCE-FICTION PRÉFÉRÉS

Pas de faute de goût possible, Denis Villeneuve ne mise que sur des valeurs sûres.

1 2001, L’ODYSSÉE

DE L’ESPACE

« Une œuvre complète ! L’image et le son sont traités à importance égale, et l’épure narrative participe à créer une énigme existentielle d’une très grande puissance. C'est mon film préféré, tout simplement. »

2 BLADE RUNNER « Ridley Scott a réussi à faire appel à différentes influences et à créer un film unique, singulier. J’aime cette idée d’un futur où le passé et le présent se répondent. C’est aussi un précurseur, il a été l’un des premiers à mélanger les genres : le film de SF, le film noir, etc. »

3 RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE

artistique, et comprend une notion de risque. Donc oui, j’ai extrêmement peur, mais je me sens capable de le faire. Je comprends la réserve des fans pour qui Blade Runner est une œuvre intouchable, car j’en fais partie. Mais je peux vous assurer que j’ai en moi, en mon âme et conscience, tous les garde-fous nécessaires pour mener le projet à bien.

Fritz Lang et son Metropolis. C’est en effet impressionnant, mais aussi très excitant. Le scénario continue d’explorer le monde des Réplicants, le monde créé par Philip K. Dick tel que l’avait mis en scène Ridley Scott dans sa version director’s cut (où l’ambiguïté sur la nature humaine ou réplicante de Rick Deckard était beaucoup plus marquée).

Ridley Scott voulait au départ réaliser cette suite lui-même… Le défi est monumental, merci de me le rappeler (rires). Le film a marqué le cinéma et la science-fiction d’une pierre blanche, en allant luimême chercher l’inspiration ailleurs, en invoquant des artistes européens comme

Harrison Ford est confirmé au casting. Ryan Gosling aussi. Et Jake Gyllenhaal ? Oui, Harrison en est, il va bien d’ailleurs, il joue au tennis en ce moment (rires). Pour Jake Gyllenhaal, cela pourrait… cela aurait pu être une possibilité. C’est un acteur puissant, formidable, avec lequel j’ai hâte de retravailler.

« Ce film marie à merveille le parcours intime d’un homme en train de perdre sa femme et la découverte d’une civilisation extraterrestre. Ce rapport intérieur-extérieur, infiniment petit et grand, est d’une grande force émotionnelle et poétique. »

4 ALIEN « Mélange des genres qui, comme Les Dents de la mer, parvient à vous terroriser en ne montrant rien. Il y a également quelque chose de mythologique, l’alien étant une sorte de Minotaure, et Ripley une Thésée piégée dans u un vaisseau-labyrinthe. »

5 LA PLANÈTE

DES SINGES

« Le film m’a beaucoup marqué enfant, j’ai été scotché par la fin, lorsque Charlton Heston voit la statue de la Liberté. Le scénario est écrit par quelqu’un qui me passionnait à l’époque, Rod Serling, le créateur de la série télévisée La Quatrième Dimension. »


ACTUS

FASTREWIND

Chaque mois, Popcorn passe au scalpel une bande-annonce.

Herschell Gordon Lewis’ BloodMania Le papy du gore est de retour ! Film prévu pour fin 2015. http://bit.ly/1Pfkeho

H 0:00

« Ce film contient des scènes violentes, des images choquantes et de sexe. Qu’est-ce que vous voulez de plus ? » Rien, merci, c’est très bien.

H Comme toute bonne anthologie d’horreur, chaque histoire est introduite par un conteur. Ici, Herschell Gordon Lewis lui-même.

H Quoi, ça commence par un couple de quadras en train de s’embrasser langoureusement ? On nous aurait menti ?

H 0:50

H1:14

H Quoi de mieux qu’un bon rouleau compresseur pour se débarrasser des petits problèmes du quotidien ? Non, franchement, on ne voit pas.

H 2:07

H Deux bras coupés, des petits moignons qui giclent du sang, et un dessin de nu en arrière-plan. Respect !

H 2:59

Ouf ! Des filles à moitié nues qui se repoudrent le nez dans les toilettes. Et des coupes de cheveux tout droit sorties des années . On y est !

Des spots bleus, de la fumée pour faire peur et une zombie qui vient d’achever son repas et qui lève les bras bien haut. Trop trop peur !

0:25

On nous avait promis des scènes de sexe, on a droit à une infirmière en train de manger une banane devant les restes d’un cadavre. Pfff…

2:30

Simon Kinberg dans une interview à MTV S

0:43

2:00

Ah, cet amour du mauvais goût ! Herschell Gordon Lewis n’a clairement pas encore dit son dernier mot. Tant mieux.

« Il y aura un Quatre Fantastiques 2. J’y crois dur comme fer. »


FASTFORWARD Feu vert Feu rouge

L’actualité des projets qui démarrent… ou pas…

Reboot

Akira Dans les tuyaux de Warner Bros., l’adaptation live d’Akira se découperait maintenant en trois films. epuis plus de dix ans – pour être exact –, le studio américain tente de se dépêtrer de l’adaptation en film live d’Akira, manga et animation culte de Katsuhiro Ôtomo. De nombreux réalisateurs s’y sont cassé les dents, tour à tour annoncés puis annulés (parmi lesquels Jaume Collet-Serra, Albert et Allen Hughes). Côté scénario, c’est toujours Steve Kloves qui s’y colle, aidé depuis peu par le showrunner de la série de Netflix Daredevil, Marco J. Ramirez, qui écrirait la dernière version. Cela reste le calme plat côté casting, puisque si les auditions se sont enchaînées, absolument personne n’a été confirmé. Dernier rebondissement, des fuites de Warner indiqueraient que Christopher Nolan serait de la partie. On ne s’emballe pas, il n’est clairement pas prévu que celui-ci intervienne en tant que réalisateur mais plutôt en tant que producteur, chapotant un jeune débutant (un peu à la manière de Jurassic World avec Colin Trevorrow) sur… une trilogie. Seule certitude, Appian Way, la boîte de production de Leonardo DiCaprio, est toujours créditée au générique. On n’a pas fini de s’amuser… PALOMA MARTIN

D

Depuis plus de dix ans, Warner Bros. essaie d’adapter Akira en film live.

Le casting se poursuit pour Star Wars: Episode VIII. Tatiana Maslany (Orphan Black), Gina Rodriguez (Jane the Virgin) et Olivia Cooke (Bates Motel) sont la shortlist. Bye Bye, Hulk. Enfin, du moins dans Captain America: Civil War. Mark Ruffalo a précisé qu’il ne savait pas quand Hulk reviendrait rand écran. Après une longue pause, Project Greenlight, la série sur les séries, revient sur HBO pour une ième saison. Après le succès de Jurassic World, Spielberg pourrait bien remettre en cause le deal de distribution avec y en 2016. Francis Ford Coppola produira Jeepers Creepers 3, qui sera réalisé par Victor Salva, déjà aux manettes des deux premiers volets.

Livre

Esprit geek Après Player One (disponible chez Pocket Science-fiction et bientôt adapté par Spielberg), Ernest Cline poursuit son exploration de la culture geek avec Armada (seulement disponible en anglais pour l'instant). Dans Player One, vous exploriez la culture des jeux vidéo des années . Dans Armada, ce sont plus les films, notamment Starfighter, qui sont cités. Ernest Cline : Dans Player One, j’essayais de trouver mes marques, et je parlais de choses que je connaissais bien dans un univers de réalité virtuelle. Ici, le projet est plus ambitieux : il s’agit de l’histoire de Zack Lightman, qui découvre que les jeux vidéo sont un moyen pour l’armée de recruter de futurs experts. Car une invasion extraterrestre est en cours et la survie de l’espèce est en jeu. Donc forcément, Starfighter ou La Stratégie Ender sont des références importantes. Comment vivez-vous l’adaptation par Spielberg ? Je suis le premier surpris par une telle ampleur. Aux États-Unis, le livre est devenu un véritable phénomène. Je suis de loin le déroulement du casting (Olivia Cooke vient d’être confirmée dans le rôle de Helen Harris) et je suis certain que Steven Spielberg a parfaitement compris de quoi il était question dans le roman. La sortie est prévue pour , si tout se passe bien.

PROPOS RECUEILLIS PAR BENOÎT MAURER

Matt Damon dans une interview à Entertainment Weekly

« Batman ? Jason Bourne lui met la pâtée. Y a pas photo ! »


ACTUS

POISON IVY L’amie des plantes vous a manqué ? Give a kiss to Poison Ivy! FICHE SIGNALÉTIQUE PREMIÈRE PUBLICATION Batman #181, juin 1966.

PROFESSION

Super vilaine végétalienne super écolo.

CARACTÉRISTIQUES

Ennemie jurée de Batman, mi-plante mi-humaine.

AFFILIATIONS

Birds of Prey, Injustice League, Injustice Gang, Secret Society of Super Villains, Suicide Squad, Justice League of Arkham.

POUVOIRS

Poison Ivy, de son vrai nom Pamela Isley, a le pouvoir de maîtriser les plantes à l’envi et de communiquer avec elles. Grâce à ses études universitaires, elle est experte en toxicologie, ce qui s’avère d’une grande utilité puisqu’elle a aussi la capacité de secréter des phéromones empoisonnées. Ces dernières lui permettent d’exercer un contrôle mental sur les hommes, et font d’elle une redoutable séductrice. Elle est par ailleurs insensible aux virus, venins et toxines. ÉLISABETH JOLLY


Rod Serling présente

La série inédite du créateur de « La Quatrième d

Fantômes, Vampires, Malédictions, Manoirs Hantés, Sorcellerie et Rod Serling présente 17 fables terrifiantes. Inclus les 2 épisodes réalisés par Steven Spie

Le cauchemar commence

Le 5 octobre 2015 en Coffret DVD ©1970 Universal Studios – All Rights Reserved

www.elephantfilms.com


ACTUS

9 CHOSES À SAVOIR SUR..

LE COMITÉ CRÉATIF MARVEL Gros clash chez Marvel Studios à la rentrée. Disney a envoyé valser le Comité créatif qui dirigeait, plus ou moins dans l’ombre, les productions du Marvel Cinematic Universe. Neuf pistes pour en savoir un peu plus. TEXTE VIRGILE ISCAN

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d’entre elles (Quesada et Bendis) ont activement participé au renouveau de la Maison des idées début en lançant Marvel Knights et l’univers Ultimate.

LE COMITÉ CRÉATIF MARVEL, C’EST QUOI ?

Le Comité est un think tank chargé de faire le lien entre la branche comics de Marvel et sa branche cinématographique. Bien que son existence ait été tenue plus ou moins secrète depuis le rachat de Marvel par Disney en , il agit sur les productions Marvel depuis le premier Iron Man en par l’intermédiaire de notes de production très, voire trop précises, qui permettaient à Marvel Entertainment un interventionnisme parfois jugé trop présent par certains scénaristes et réalisateurs de Marvel Studios.

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QUI LE COMPOSAIT ?

Les rênes du Comité étaient tenues par quatre ténors. Alan Fine, président de Marvel Entertainment, le scénariste Brian Michael Bendis, l’éditeur Dan Buckley et Joe Quesada, le directeur artistique de Marvel Entertainment. Quatre têtes bien faites dont deux

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L'ÉVINCEMENT D'ISAAC PERLMUTTER

Bien que l'annonce du démantèlement du Comité en ait surpris plus d'un, il avait été indirectement annoncé par l’éloignement du gênant Isaac Perlmutter à la fin du mois d’août. L’ancien président de Toy Biz (filiale de fabrication des jouets Marvel sortis dans les années ), devenu un peu plus tard P.-D.G. de Marvel Entertainment, est connu pour sa pingrerie et ses points de vue politiques contestables (c’est notamment lui qui avait considéré qu’il n’y avait pas besoin de fabriquer des jouets à l'effigie de la Veuve noire parce que c’était une femme et que ça n’intéressait personne...). Il est, depuis longtemps, en conflit avec Kevin Feige, lequel aurait réussi à l'évincer avant le développement de Marvel Cinematic Universe (MCU) qu'il gère désormais par l'intermédiaire de Disney, qui a pris en main les films Marvel.


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Malgré sa connaissance de l’univers Marvel, le Comité ne s’est pas fait que des amis. COMMENT FAIRE LA DIFFÉRENCE ?

L’influence du Comité est inégale en fonction des films. Si vous aimez Iron Man, Avengers, Les Gardiens de la Galaxie et les deux Captain America, il y a des chances que vous fassiez partie de ceux qui regretteront le départ d’Alan Fine et de son équipe, puisque ce sont les films sur lesquels ils ont été le plus présents. Bendis a même écrit le post-générique d’Iron Man en convoquant Matt Fraction et Mark Millar, qui serait responsable du retournement final autour du Mandarin dans Iron Man .

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ET SI LE COMITÉ N’AVAIT PAS EXISTÉ ?

Sans lui, les films Marvel auraient plutôt ressemblé à Iron Man , Iron Man et Avengers : L’Ère d’Ultron, puisque ceux-ci ont été plus ou moins épargnés par leur intervention. Force est de constater que ce ne sont pas les meilleurs du lot... Mais, sans le Comité, Edgar Wright aurait probablement réussi à réaliser Ant-Man.

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LE DÉPART D’EDGAR WRIGHT

Malgré sa connaissance et sa compréhension de l’univers Marvel, le Comité ne s’est pas fait que des amis. Alan Taylor ( or : Le Monde des ténèbres) s’était ouvertement plaint du changement que

son film avait connu en postproduction du fait des remarques insistantes du Comité. D’après certaines sources, ce dernier serait responsable des incessantes réécritures d’Ant-Man, qui ont mené au départ d’Edgar Wright. Un gros point noir qui aurait bien pesé dans la balance au moment où Disney a pris sa récente décision.

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FAUT-IL FAIRE CONFIANCE À KEVIN FEIGE ?

Avec le départ du Comité originel, Kevin Feige trouve une liberté qu’il n’avait jamais eue depuis les débuts de l’élaboration du MCU. Aujourd’hui, le producteur qui mène cette lourde barque n’a plus qu’à s’en remettre à Disney directement. Et vu le succès des films Marvel, Alan F. Horn et Bob Iger, les dirigeants de Disney, lui font une confiance aveugle. Mais est-ce vraiment une bonne chose quand on sait que, en toute liberté, Kevin Feige a produit, entre autres, les X-Men de Singer, certes, mais aussi le Daredevil de Ben Affleck, Elektra, Les Quatre Fantastiques ( et ) ainsi que Spider-Man ?

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LE NOUVEAU COMITÉ

Si les membres du Comité ont été évincés, la structure est toujours d’actualité, mais les têtes de l’hydre ont été remplacées par

trois nouvelles. Kevin Feige – qui a décidément bien géré son affaire –, Louis D’Esposito et Victoria Alonso. Le premier travaille avec Feige depuis le premier Iron Man et réalise à ses heures perdues (il a notamment signé un épisode d’Agent Carter). La seconde est, elle aussi, une collaboratrice de Feige formée à la postproduction. De fait, il n’est pas trop difficile de voir où cette nouvelle direction – exclusivement cinématographique – peut mener. Par ailleurs, en l’absence de Perlmutter, il se peut que le groupe s’autorise quelques largesses financières en s’offrant quelques stars jusquelà inaccessibles, derrière ou devant l’objectif.

La liste Quel roman voudriez-vous voir adapté au cinéma ? Les lecteurs de Popcorn ont répondu. AURÉLIEN VIVOS Toute la série L'Assassin royal de Robin Hobb !

AUDREY BOURSEILLER Héros de l'Olympe de Rick Riordan ou Autre-monde de Maxime Chattam.

YOH PCHN LFVR Moi, j'aimerais Lockwood & Co de Jonathan Stroud. Les histoires de fantômes, ça me plaît. D'ailleurs, j'invite tout le monde à lire ce roman.

THOMAS GUFF

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ET L'AVENIR ?

La transition entre les deux Comités se fera sur Captain America: Civil War et Doctor Strange, les deux prochains films du MCU dont la production est déjà bien entamée (le premier sortira au printemps prochain, le second à la fin de l’automne). C’est a priori sur Les Gardiens de la Galaxie que le nouveau Comité pourra intégralement poser son sceau. Un bon baptême du feu, puisque le film de James Gunn est clairement l’un des plus attendus et prometteurs de la phase . Mais c’est clairement avec le reboot de Spider-Man annoncé la même année que Feige et ses collègues devront prouver qu’ils sont à la hauteur des responsabilités que leur confère leur énorme pouvoir. Affaire à suivre.

Les polars de Franck Thilliez en général, avec une préférence pour Syndrome E. Après avoir vu Prémonitions hier, je suis persuadé que les films seraient de très bonne qualité !

LUCAS MOUNIER Je rêve de voir le roman Replay de Ken Grimwood adapté au cinéma. Une histoire très prenante où l'on peut comprendre le nombre infini de possibilités que nous offre la vie.

RAPHAËLLE CASSAR J'aimerais bien voir une adaptation du Livre perdu des sortilèges de Deborah Harkness. Pour participer, rendez-vous tous les mois sur www.facebook.com/ magazinepopcorn ou https://twitter.com/ popcorn_lemag


INTERVIEW GUILLERMO DEL TORO


Crimson Peak

LA MAISON QUI SAIGNE Guillermo del Toro revient à ses premières amours : le roman gothique. Soit quatre personnages dans un huis clos dont personne ne sortira indemne : une jeune romancière torturée, un ami d’enfance amoureux, un mystérieux inconnu et… une maison maléfique. Visite des lieux. INTERVIEW TERRY MALLOY ET JEAN-PAUL CHAILLET TRADUCTION MAXIME BERRÉE


INTERVIEW GUILLERMO DEL TORO

ourquoi ce film et ce retour au gothique à ce moment de votre carrière ? Guillermo del Toro : C’était par envie de m’attaquer à un genre avec lequel j’ai en fait pas mal d’affinités et qui, à une époque, à la fin des années et au début des années notamment, était en vogue à Hollywood, avec des classiques comme Jane Eyre de Robert Stevenson, Rebecca de Hitchcock, Hantise de George Cukor ou Les Hauts de Hurlevent de William Wyler. Il s’agissait de somptueuses productions de style « gothic romance », mélange de mélodrame et d’horreur sur fond d’atmosphère oppressante, mais qui n’étaient pas de vrais films d’horreur au sens propre et pas non plus de véritables films romantiques à la Vous avez un message ou Nuits blanches à Seattle, par exemple. C’est un projet sur lequel vous travaillez depuis plusieurs années. Oui, je l’ai écrit juste après Le Labyrinthe de Pan. J’étais très heureux de l’unité visuelle de ce film, du contrôle que j’avais eu sur l’image. J’avais tout réalisé et supervisé moi-

“Tout n’était pas scénarisé. C’est un point essentiel pour moi.” même, comme pour Hellboy, mais Hellboy a une tonalité beaucoup plus pulp et je n’étais pas aussi satisfait. Et puis j’ai réussi à retrouver le même élan avec Pacific Rim, malgré l’ampleur du projet. J’ai vu que je pouvais contrôler tous les éléments et que l’exercice n’était pas si délicat que je le pensais. Vous avez eu des difficultés à obtenir l’accord des studios pour ce projet ? Un peu, au départ. Cela m’a pris huit ans (rires). C’est le temps qu’il a fallu pour parvenir à monter ce projet.

Quand les producteurs de Legendary Pictures l’ont lu, ils l’ont tout de suite aimé. Mais ce sont des gens très réalistes et pragmatiques, et ils m’ont dit : « Si tu fais un film interdit aux moins de ans, c’est tel budget. Mais si c’est interdit aux mineurs, ce sera beaucoup moins. Tu devras aussi baisser ton salaire de % et tu n’auras pas de pourcentage sur les entrées. » J’ai choisi la deuxième option, parce que je voulais vraiment un film pour adultes. Nous sommes partis sur un budget de millions

de dollars. Ce n’est pas un budget de blockbuster, mais c’était suffisant pour ce que j’ambitionnais de faire et pour donner à l’image l’impression qu’il en coûtait le double. Ce type de film, je n’en ai pas fait depuis Le Labyrinthe de Pan. J’avais vraiment besoin de revenir à une production où les maquillages seraient les seuls effets spéciaux. Tout le reste vient des acteurs, des personnages, ce qui change complètement la donne. Un peu comme un triathlète ou un marathonien qui passerait au mètres. Ce sont des exercices complètement


Un casting rock and roll Changements de dernière minute, annulations, Crimson Peak a connu son petit lot de désagréments. différents. Je voulais aussi une production où je pourrais raconter l’histoire en m’appuyant beaucoup plus sur le travail formel du son et de l’image. Tout n’était pas scénarisé. C’est un point essentiel pour moi. Je dis que j’ai fait un film classique, mais visuellement il est très expérimental. J’ose des choses, c’est à la fois maîtrisé et un peu codé. Et le résultat est un film très noir et à bien des aspects très dérangeant, mais qui possède aussi une grande beauté. Le film est très influencé par les romans gothiques… Vous savez, je lis des romans gothiques depuis tout petit. Quand on parle de ce type de littérature, la plupart des gens imaginent un homme torse nu serrant une fille dans ses bras, au bord d’une falaise (rires). En réalité, le roman gothique a commencé vers et était un genre très populaire. Les romans les plus vendus étaient souvent dans cette veine, au point qu’il y a eu

une saturation de la part du public. Mais au départ, c’était une réaction à l’académisme et au rationalisme. On peut comparer ça au mouvement punk, une sorte de pied de nez à la bourgeoisie en mettant en avant ce qui était un tabou à l’époque : les sentiments exacerbés, l’émotion. Je ne me souviens plus de la citation exacte mais le poète Lord Byron disait quelque chose comme : « Quand tout le reste a échoué, choquez-les. » C’était un mouvement littéraire très contesté au départ. Ensuite, les œuvres sont devenues de plus en plus populaires pour aboutir à la fin à quelque chose de très codifié et commercial. C’est pour ça qu’immédiatement aujourd’hui, quand on parle de « roman gothique », on a tous en tête des images très précises de ce que cela peut être. Un auteur comme Ann Radcliffe vendait des tonnes de livres. Et le point culminant a été Le Moine, un roman magnifique de Matthew G. Lewis, qui est le Don Quichotte du

Benedict Cumberbatch « C’est dans la nature de ce business et cela arrive fréquemment. Je dis toujours que le casting est le jouet du destin ! Au départ, Benedict Cumberbatch devait jouer le rôle du mari de l’héroïne, Edith. Il s’est désisté et heureusement Tom Hiddleston a accepté de le remplacer au pied levé, donnant son accord en trois jours après avoir lu le scénario. »

Jessica Chastain « Je lui ai envoyé le script sans me douter qu’elle choisirait en fait le personnage de Lucille plutôt que celui d’Edith, que j’ai ensuite offert à Emma Stone. Et quand celle-ci nous a fait faux bond, Mia Wasikowska m’a semblé l’interprète idéale. Tout s’est finalement mis en place au mieux et j’ai été très chanceux d’avoir en fin de compte autant d’acteurs formidables. D’emblée, ils ont été sur la même longueur d’onde que moi, ayant compris les arcanes de cette histoire, ma vision, et intrinsèquement capté la nature perverse et en même temps très humaine de leurs personnages. Avec eux, c’était l’équivalent de piloter une Porsche ! »


INTERVIEW GUILLERMO DEL TORO

gothique, ou L’Abbaye de Northanger, de Jane Austen, qui est une parodie du gothique. Toute cette littérature me passionne. Ce qui faisait le charme de ces romans (et leur popularité) réside en partie dans la composante sexuelle. Il y avait beaucoup de choses qu’on ne pouvait pas ouvertement exprimer au début du xixe siècle, contrairement à aujourd’hui. Dans quelle mesure tenezvous compte de l’approche moderne de la sexualité pour raconter votre histoire aujourd’hui ? C’est une question de dosage, je dirais. Le gothique était un genre littéraire scandaleux. Il y a une gravure célèbre du début du xixe siècle où l’on voit des femmes dans un salon lire Le Moine en riant nerveusement et en vérifiant que la porte est

bien fermée. Quand vous le lisez aujourd’hui, ce n’est plus aussi provocant. Il faut donc adapter la violence et les éléments érotiques pour les rendre aussi dérangeants qu’à l’époque. Ce n’est pas un film pour midinettes, il y a des éléments érotiques, mais vous n’allez pas faire un arrêt sur image non plus ! Enfin, j’espère (rires). Et la violence est rapide, brutale, sans apprêt. Il y a deux ou trois moments de grande violence qui sont assez bruts. On est dans l’esprit du gothique, où la violence et la sexualité ont quelque chose d’obsédant et de troublant. De bestial, je dirais. Quelles ont été vos influences pour le look du film ? Principalement des livres, peintures et illustrations. Plus qu’aucun autre élément, en fait. Notamment l’œuvre du peintre britannique victorien

John Atkinson Grimshaw, dont j’ai littéralement copié et reproduit dans quelques plans certaines toiles de paysages nocturnes comportant des arbres morts et une lune à demi cachée par les nuages. Autre inspiration majeure, celle du romantique allemand du xixe siècle, Caspar David Friedrich. Un artiste dont j’admire la démarche esthétique et mystique. En matière de littérature, j’avais en tête tous les romans gothiques que je collectionne depuis toujours. Ceux des sœurs Brontë, bien sûr. Et outre Jane Eyre et Rebecca, il y a des classiques du récit de terreur anglais comme Le Château d’Otrante d’Horace Walpole ( ) et, paru un siècle plus tard, L’Oncle Silas de Joseph Sheridan Le Fanu, pour son charme maléfique et envoûtant. Mais il y en a bien d’autres. Mon intention

Le conte qui fait peur « Il y a une histoire qui n’est pas très connue, c’est un conte arabe qui a été publié dans une anthologie, je ne me rappelle plus l’origine exacte. Il y a un Arabe, un prince, il est enterré vivant avec sa princesse morte par le sultan, qui lui dit : “Tu mourras avec ma fille.” Bien sûr, il essaie de s’échapper du tombeau à travers les tunnels des catacombes, et il tombe sur un géant qui a les os du squelette de sa femme emmêlés dans sa barbe. Voilà la créature la plus émouvante de tous les contes que je connais (rires). »


“Il était impératif à mon avis que cette demeure soit aussi « vivante » que possible.” était de donner au film un certain style visuel et coloré pour offrir au spectateur une expérience picturale. Quand on regarde Crimson Peak, on pense en effet à Jane Eyre. Oui. Ce qu’il y a de curieux avec Jane Eyre, Les Grandes Espérances ou Les Hauts de Hurlevent, c’est que ce ne sont pas techniquement des romans gothiques, mais ils reprennent plein d’éléments de ce genre. Et je voulais que mon film soit un vrai film romantique gothique au sens classique, pas une réinvention ou un pastiche postmoderne. Il n’y a pas de rebondissement à la fin pour dire qu’en fait tout le monde est mort ou que c’est juste un film. Il n’y a pas d’ironie postmoderne, c’est un film simplement et sincèrement gothique. En revanche, je complexifie un peu plus

les relations, la violence et les éléments érotiques que dans les romans gothiques traditionnels. D’où vous est venue l’inspiration pour la maison du film ? Dans mon idée, elle devait ressembler aux châteaux des contes. L’histoire de Barbe-Bleue a pas mal de points communs avec Crimson Peak, et j’avais le sentiment que la maison devait faire un peu l’effet d’une cathédrale. Quand on y entre, on sent quelque chose de beaucoup plus grand que nous, qui nous dépasse. Et par ailleurs, la maison, sous certains angles, a des traits humains. Là, on dirait une gueule avec des dents, deux yeux, et si on y regarde de plus près, les arcades ont un peu des formes humaines. Le couloir, quant à lui, a une forme humaine inversée. On voit des choses de ce genre à certains endroits, pas partout. Il y a aussi des motifs cachés dans la forêt. L’idée, c’est que soudain on baisse les yeux et qu’est-ce qu’on voit ? Ce ne seraient pas des ailes, là ? Il y a

beaucoup de choses comme cela, dissimulées, tout droit sorties des contes. Jessica Chastain nous a dit avoir été bluffée par le fait qu’il y avait l’eau courante et même un véritable ascenseur dans la maison que vous avez fait construire grandeur nature dans les studios à Toronto. Il était impératif à mon avis que cette demeure soit aussi « vivante » que possible et perçue comme telle, mais d’une manière aussi décalée. En apparence, vue de loin, on dirait une sorte de château de conte de fées, mais on se rend vite compte qu’il s’agit d’une demeure sinistre et mortifère aux secrets troublants et dont les habitants sont complices. Ils entretiennent avec elle des relations quasi incestueuses, un peu comme le héros de La Chute de la maison Usher de Poe avec la sienne… Et par certains côtés, on peut aussi penser à celle du conte de Perrault, Barbe-Bleue. Une maison est souvent le reflet de celui ou ceux


INTERVIEW GUILLERMO DEL TORO

“J’ai trouvé Mia vraiment très moderne dans Alice de Tim Burton.” qui l’habitent. Est-ce le cas pour la vôtre, à Agoura Hills, ici près de Los Angeles ? En effet. Pour vous donner une idée, voici ce que j’ai fait ce matin. J’ai d’abord passé du temps dans ce que j’appelle ma « pièce Charles Dickens », entièrement consacrée à son œuvre et à celle de ses contemporains et meublée dans le style victorien ! Après quoi, je suis passé par le couloir Nosferatu et j’ai appuyé sur un bouton actionnant un panneau secret coulissant dissimulé par un tableau et qui ouvre sur… la cuisine (rires). Si un jour vous venez chez moi, vous pourrez constater qu’il y a pas mal de passages secrets ! C’est donc ainsi que je vis au quotidien avec ma famille. J’adore les squelettes disséminés dans le jardin, la réplique grandeur nature de Ray Harryhausen, l’un de mes héros, près de la piscine. Quand je sors de la maison, je passe devant le monstre de Frankenstein et sa fiancée, enlacés sur un canapé… Et je regarde la télé en compagnie d’un mannequin de Linda

Blair assis à côté de moi ! J’accumule énormément de choses, d’objets divers et variés, mais tout a un sens et sa place spécifique choisie pour des raisons très particulières, selon une logique bien à moi. Je sais exactement où et quand je me les suis procurés et pourquoi. Rien n’est dû au hasard. Qu’il s’agisse de cette petite figurine de samouraï trouvée un jour à Saint-Germain-des-Prés, ou de ce buste de Dickens acheté en face du British Museum, à Londres. Vous faites un film sur une maison hantée en reprenant tous les codes du genre, mais on dirait que vous voulez montrer plus de choses. Vous osez aller plus loin avec les fantômes et la couleur. Pouvez-vous nous en dire plus sur votre approche ? Je voulais donner le sentiment d’une production somptueuse en Technicolor. J’avais envie que le film soit beau et sexy, que l’horreur soit magnifiée, en reproduisant une vraie forêt par exemple, et en

soignant la composition des images. Je voulais obtenir une beauté presque lyrique tout en gardant l’essence du gothique, qui est un monde en soi, terrifiant et romantique. Et puis il y a des liens très forts avec les contes populaires. Pour résumer, on peut dire que c’est une fable centrée sur un personnage de femme très forte. Pourquoi avoir choisi Mia pour ce rôle ? Qu’a-t-elle de spécial ? Je la trouve extrêmement moderne, mais sans rien de forcé. Par exemple, quand je travaille avec une actrice sur un film d’action,

je préfère qu’elle ne donne pas l’impression de faire des efforts. Les meilleures combattantes à l’écran sont celles qui ne donnent pas l’impression de transpirer. L’erreur, c’est de leur faire pousser des cris, d’attendre des ahanements. D’ailleurs, cela vaut aussi pour un accouchement. Quand une actrice est à l’aise avec sa modernité, elle n’a pas besoin de la prouver et d’en faire un moteur de son jeu. Et j’ai trouvé Mia incroyablement moderne dans Alice de Tim Burton. C’était une Alice d’aujourd’hui, c’est ce qui m’a plu. J’adore l’autorité qu’elle dégage, cette aura de puissance tranquille.


La passion du détail Connu pour sa volonté de tout contrôler, le réalisateur de Hellboy avoue détester ne pas obtenir le résultat qu’il avait en tête. Mia a déclaré que vous lui aviez fait lire Frankenstein en amont du film. C’était pour l’aider à entrer dans son personnage ? J’ai dit à Mia que je pouvais lui faire une liste de lectures si elle voulait. Et j’ai inclus Frankenstein parce que j’ai rédigé l’introduction d’une édition de Penguin Books, dans laquelle j’expliquais ce qu’est le gothique. Je lui ai donc dit de la lire, que nous en parlerions. En plus, la beauté de Frankenstein, c’est qu’il s’agit d’un livre très féminin, d’une femme incroyablement moderne qui regarde l’homme non comme un genre, mais comme une entité. Je dis toujours que Frankenstein, c’est Le Paradis perdu écrit par Mary Shelley. Elle raconte l’histoire d’une créature abandonnée et rejetée par un Dieu indifférent. Nous avons discuté de tout cela avec Mia, et elle lisait tous ces romans gothiques au début du tournage. La peur est l’un des éléments moteurs de votre cinéma. Est-il encore possible d’effrayer les spectateurs

blasés d’aujourd’hui ? Et est-ce que ce sont vos peurs personnelles que vous intégrez à votre cinéma, en une sorte de catharsis ? Je ne sais pas. Les trois choses qu’on ne peut pas vraiment contrôler sont le rire, l’érotisme et la peur. Chacun a des réactions personnelles. Ce qui est pervers pour vous ne l’est pas forcément pour moi. Ce que vous trouvez drôle ne me fait pas forcément rire. Donc c’est extrêmement dur de calibrer les choses en dehors de soi. En tout cas, je me refuse à utiliser des superstructures mentales pour provoquer la peur, parce que c’est trop facile. Je ne parle pas de L’Exorciste, qui est un film parfait, mais il est très facile de provoquer la peur en s’appuyant sur la superstition ou la religion. Si vous calquez votre horreur sur les idées judéo-chrétiennes de bien et de mal et que vous prenez une entité maléfique d’origine satanique, les gens frémissent d’emblée. Vous manipulez un totem religieux. La solution doit venir de la situation. Et puis je n’ai pas

« Pour moi, tout est dans les détails. Tourner un film, c’est comme faire une mosaïque. Vous faites une couleur à partir de 50 petits points de couleurs différentes, il n’y a pas de rouge pur, vous avez du violet dans le rouge, du magenta et du cyan, de tout. Et s’il y a quoi que ce soit qui cloche dans une image, surtout pour un film qui dépend autant de son visuel que Crimson Peak, je sais que ça va me torturer. J’ai déjà passé 10 fois plus de temps sur l’étalonnage de ce film que sur tous mes précédents, j’en refais après-demain, j’ai aussi repris trois fois le montage en intégralité. Je n’ai pas non plus fini certains effets, j’en suis à 85 versions pour certains d’entre eux. Alors oui, pour moi, tout est dans les détails. Même si tout le monde ne les remarquera pas, ça ne change rien. Faire des films reste quelque chose de très artisanal. C’est comme pour les églises : il n’y a ni bonne ni mauvaise église, il y a les églises dans lesquelles vous vous sentez bien. Vous pouvez aller dans une somptueuse cathédrale gothique et ne pas l’aimer. Et à l’inverse, vous allez dans une église de rien du tout à Monaco et vous vous y plaisez. C’est la même chose pour les films. Et je pousse le vice à retravailler mes films après leur sortie. J’ai repris Le Labyrinthe de Pan, et il est bien meilleur dans la version Blu-ray chez Criterion. Parce que Criterion m’a laissé le temps de fignoler l’étalonnage. Je passe mon temps à étalonner. Pour The Strain, par exemple, je supervise aussi l’étalonnage, donc ça devient une manie. Si je vois une nuance de cyan trop marquée, je peux passer vingt minutes à la régler. En tout cas, chez Criterion, ils me laissent le temps. Pour ceux qui veulent revoir L’Échine du diable, par exemple, mieux vaut regarder le Blu-ray chez Criterion. »


INTERVIEW GUILLERMO DEL TORO

envie de prêtre, d’eau bénite, de prière… Je refuse de me vautrer là-dedans. Je préfère que le film fasse peur par ce qu’il développe en propre. J’essaie de créer une horreur basée essentiellement sur l’humanité. C’est une forme honnête, et moralement je me sens en paix avec moi-même. Mais vous utilisez la peur de ce qu’il y a derrière la porte. Les mécanismes de la peur sont personnels, mais ils sont très, très simples, en fin de compte. L’horreur dépend du contexte. Je vais vous donner un exemple. Vous allez dans une maison, vous ouvrez la porte et votre père vous prépare le petit déjeuner. Il n’y a rien d’horrible, sauf si votre père est mort depuis six ans (rires). La même scène tournée de façon très simple devient alors terrifiante. Les mécanismes sont sommaires : l’absence ou la présence, par des moyens naturels. Que ce soit la créature sans âme dans le premier Frankenstein de James Whale, quand le monstre franchit le seuil, ou le travail d’acteur fantastique de Christopher Lee quand il erre dans les bois dans le Frankenstein de Terence Fisher, il n’y a rien derrière leurs yeux. Ou bien un ballon qui revient… Oui, un ballon qui revient alors qu’il n’y a personne pour le renvoyer. La mécanique est toujours simple, ce qui ne veut pas dire que ça fonctionne à tous les coups. Mais tant que vous êtes à l’aise avec ce que vous faites, vous vous amusez. Vous avez une théorie à propos des fantômes et de nos relations avec eux ? Je crois aux fantômes parce que j’en ai croisé. Le début du film est directement inspiré par ce qu’a vécu ma mère à la mort de ma grand-mère. Je ne crois pas qu’ils soient

liés à une croyance religieuse, encore une fois. Et je ne dis pas qu’ils sont mauvais ou bons. Mais j’ai rencontré deux fois des fantômes. Je suis un sceptique, c’est le plus drôle, je ne crois qu’à ce que je vois, mais je suis mexicain, donc je suis un aimant à trucs bizarres (rires). J’ai vu un ovni et j’ai croisé des fantômes. J’étais à l’hôtel des grottes de Waitomo, en NouvelleZélande. Vous pouvez y aller et réserver la chambre hantée, et avec un peu de chance vous ferez la même expérience que moi. L’hôtel était vide pour la saison, on faisait un repérage pour Le Hobbit, on était huit. Ils ont ouvert l’hôtel spécialement pour nous et j’ai demandé la chambre hantée, qu’on m’a accordée. Je regardais e Wire en DVD sur mon

ordinateur, je n’étais pas en transe ou je ne sais quoi, mais j’ai entendu un meurtre. Une femme a été assassinée dans la chambre pendant que j’y étais. J’ai entendu des cris de souffrance horribles. Puis ils se sont arrêtés et un homme a éclaté en sanglots, pris de remords. Alors j’ai mis mes écouteurs et j’ai regardé plein d’épisodes d’affilée (rires). Je n’ai pas réussi à fermer l’œil de la nuit. Horrible. J’ai pisté le bruit, il venait d’un conduit d’aération dans la salle de bains. J’ai retiré la bouche et regardé à l’intérieur, ça menait à la cave. Vous ne croyez pas que c’était une caméra cachée ? Non (rires). C’est une fille qui nous a ouvert l’hôtel, et elle était passablement énervée. Elle nous a dit

“Les mécanismes de la peur sont personnels, mais ils sont très, très simples.”


recettes victoriennes. De la même façon, on s’est renseignés pour la dentelle et on a fini par utiliser de la vraie dentelle du début du xixe siècle. Je voulais que tout soit très précis. Et ensuite, on a répété, répété, répété. Je connaissais tous les angles de prise de vue sur le bout des doigts, j’avais tout storyboardé. S’il y a une voiture qui doit s’écraser contre un immeuble, je la dessine.

Mexican connection « Je pense que la beauté du cinéma mexicain vient de l’adversité face à laquelle il s’est constitué. C’est une chance d’avoir su produire tant de films dans des circonstances impossibles. J’ai commencé quand j’avais 15 ans et cela fait trente ans que je fais des films, vingt ans comme réalisateur. En ce moment, à Mexico, on dit que le cinéma est mort, mais il y a toujours des gens comme nous, et des plus jeunes qui nous aident à rester en vie. Et on arrive à créer l’illusion de la diversité parce qu’on est impliqués à fond. Je crois que le cinéma mexicain a sa place dans le monde, il est reconnu un peu partout, on gagne des prix à Venise et à Cannes, à Berlin, et les gens du métier à travers le monde s’enthousiasment pour un cinéaste comme Carlos Reygadas, par exemple. Il y a de la diversité. Le cinéma mexicain est dans une bonne dynamique en ce moment, c’est une bonne nouvelle pour notre pays. »

qu’il n’y aurait personne le lendemain matin à notre départ, qu’il fallait payer tout de suite… Ensuite, elle a fermé à clé et elle est partie. Et avant cela, quand je lui ai demandé de changer de chambre, elle s’est énervée : « Ah, vous vouliez la chambre hantée ? Eh bien profitez-en bien ! » (Rires.) En revanche, j’ai passé quelques nuits dans le Langham Hotel à Londres, qui a chambres, et il ne s’est rien passé. Un journaliste a été étouffé par un fantôme là-bas, quand il appartenait à la BBC. J’ai dormi dans d’autres hôtels hantés et, à part en NouvelleZélande, je n’ai jamais vécu d’épisode avec des fantômes. Vous avez parlé de la violence et des créatures, et tout cela évoque un territoire auquel vous nous avez habitués. Mais la scène de danse ? Comment

l’avez-vous abordée en tant que réalisateur ? C’est une très bonne question. Je déteste avoir une deuxième équipe de tournage. Je fais tout moimême. Le seul film où j’ai eu une deuxième équipe, c’était Mimic, et ça ne m’a pas donné envie de recommencer (rires) ! Je filme tout moi-même. S’il faut un gros plan d’une main qui prend un verre, je le tourne. Au moment de faire Blade , j’avais préparé très minutieusement les chorégraphies des scènes d’action. Pour m’obliger à devenir bon dans ce domaine. Alors quand le moment est venu de tourner la valse, nous l’avons répétée. Tom danse tellement bien… C’est vraiment un super danseur. On a cherché une salle qui convienne et passé en revue tous les détails, il a même fallu réfléchir au design de la nourriture – il fallait des

On dirait qu’il y a un peu de Hitchcock dans votre manière de faire monter le suspense, et puis en fait non, les choses ne se passent pas vraiment comme on s’y attend. C’est assez amusant. Pour avoir vu le film plusieurs fois, avec différents montages, il y a des moments qui fonctionnent toujours avec le public. Les dernières fois que je l’ai vu, avec une trentaine de personnes, peut-être moins, la scène de danse a toujours fait son effet. Au moment où il lui demande de s’abandonner, tout le public retient son souffle. Pour cette scène, je me suis inspiré du Guépard, parce qu’il contient quelques-unes des plus belles scènes de danse jamais filmées. J’avais envie qu’il y ait un côté Cendrillon, quelque chose de magique, ce qui n’était pas évident parce qu’il fallait aussi que toute la phase de séduction ait quelque chose de rapide et d’irrationnel. La fille dit qu’elle ne croit pas à l’amour, et puis elle tombe amoureuse avant de se reprendre plus ou moins. C’est pour cela que j’ai décidé que tout le jeu de séduction entre eux devait avoir lieu pendant la danse. J’ai donc essayé de calibrer la scène en fonction de cette idée, et j’ai fait un gros plan où on le voit lui toucher l’épaule et le coude. À l’époque, toucher quelqu’un n’était pas anodin. Crimson Peak sortira en salle le octobre .


Vous avez dit «maison hantée» ? Une vielle fabrique décrépite, une malédiction ancestrale et des occupants parfois vivants, parfois morts... Voici notre top 5 des meilleurs films de demeures hantées. TEXTE PALOMA MARTIN

5

THE INNKEEPERS (2011) À quelques jours de la fermeture du Yankee Pedlar, deux de ses employés tentent de percer à jour le secret de cet hôtel considéré comme

le plus hanté de la Nouvelle-Angleterre. Mauvaise idée… Réalisateur Ti West Éditeur TF1 Vidéo


1

LES AUTRES (2001) Le chef-d’œuvre d’Amenábar où une jeune femme jouée par une Nicole Kidman magistrale attend avec ses deux enfants le retour son mari parti à la

guerre. L’arrivée de trois domestiques va tout bouleverser. Pour le pire. Réalisateur Alejandro Amenábar Éditeur Studio Canal

2

POLTERGEIST (1982) Le classique de l’horreur réalisé par Tobe Hooper (Massacre à la tronçonneuse) n’a pas pris une ride et a inspiré bon nombre

de films ces dernières décennies. Heather O'Rourke et ses apparitions télévisuelles restent difficiles à oublier. Réalisateur Tobe Hooper Éditeur Warner Home Video

3

LA MAISON DU DIABLE (1964) Un savant fou, des expériences paranormales et, bien entendu, un manoir hanté. La mise en scène baroque de Robert Wise joue

grandement sur l’efficacité du film. Réalisateur Robert Wise Éditeur Warner Home Video

4

AMITYVILLE (1980) Inspiré de faits réels – le massacre de la famille DeFeo –, Amityville pose les bases classiques du film d’horreur : le rachat d’une maison maudite

par de nouveaux arrivants réveille les esprits. Réalisateur Stuart Rosenberg Éditeur MGM Home

Entertainment France


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LES 30 MEILLEURS PERSONNAGES DE STAR WARS Quels sont les plus mémorables ? Les héros et les méchants des films originaux ? Les personnages des épisodes les plus récents ? On s’est creusé les méninges pour mettre au point ce classement. En toute subjectivité, bien sûr… TEXTES PAUL BRADSHAW, JAMIE GRAHAM, KEVIN HARLEY, SIMON KINNEAR, MATTHEW LEYLAND, NEIL SMITH, JOSH WINNING TRADUCTION MAXIME BERRÉE


30

Ahsoka Tano

APPARITIONS The Clone Wars (film et série), Star Wars Rebels PROFIL Dans le film The Clone Wars, elle peut passer pour une mauviette. Mais dans la série TV du même nom, la Padawan d’Anakin prend une autre dimension en fin de saison 5. CULTE « Je suis désolée, Maître, mais je ne reviens pas… » (Ses adieux dans l’ultime épisode de la saison 5.)

29

Bail Organa

ÉPISODES II, III PROFIL Le sénateur d’Aldérande apparaît dans l’épisode II et sauve le bébé Leia avant de l’élever comme sa propre fille – ce qui fait de lui le père de l’Alliance rebelle. Il meurt dans l’épisode IV, Peter Cushing prenant sa planète pour cible lors d’un tir d’entraînement… CULTE L’adoption de Leia avant Obi-Wan et Yoda.

IG-88

ÉPISODE V PROFIL Souvent dans l’ombre de Boba Fett dans L’Empire contre-attaque, IG88 est un chasseur de primes au service de Dark Vador, aussi légendaire que peu loquace. Ce robot conçu par Ralph McQuarrie a été construit avec des rebuts du tournage de l’épisode IV – sa tête vient par exemple d’un distributeur de boissons… CULTE La revue de troupe de Dark Vador, dont IG-88 est la figure de proue. Silencieux. Dangereux.

Mara Jade Skywalker

APPARITIONS Univers étendu PROFIL Dans L’Héritier de l’Empire, le romancier Timothy Zahn fait se marier Luke avec une Han Solo au féminin. Trafiquante, chasseuse de Jedi, Mara Jade est beaucoup plus complexe qu’il n’y paraît. CULTE Le premier personnage de l’univers étendu à être apparu dans un jeu vidéo et à avoir eu droit à sa propre figurine.

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27

24

25

Dengar

APPARITIONS V, VI, The Clone Wars (série) PROFIL Entraperçu parmi les chasseurs de primes de Vador dans L’Empire contre-attaque (certains jurent l’avoir vu aussi dans Le Retour du Jedi), le mercenaire à turban a un rôle plus développé dans l’épisode Les Chasseurs de The Clone Wars, où sa voix est doublée par celle de Simon Pegg. « Dengar fait partie de l’élite, dit l’acteur que l’on verra bientôt dans Le Réveil de la Force. Quand Vador fait appel à vous, c’est que vous êtes l’un des meilleurs. » CULTE Quand il combat des ninjas avec Asajj Ventress, à l’arrière d’un train qu’ils doivent protéger.

26

Jango Fett

ÉPISODE II (et III, en quelque sorte) PROFIL Fett père a remporté la mise contre les autres chasseurs de primes : l’armée de clones vient de son ADN. La performance de Temuera Morrison est parfaite, et donne une bonne indication de ce à quoi devait ressembler Boba adulte. Il prête même sa voix à son fils à l’écran lors de la nouvelle édition des films d’origine. Fett est un tel dur à cuire que Samuel L. Jackson doit s’employer à le liquider. CULTE La scène à laquelle Boba n’a pas eu droit : la poursuite en vaisseau où Jango prend le meilleur sur Obi-Wan Kenobi.

Salacious B. Crumb

ÉPISODE VI PROFIL Dans l’entourage de Jabba, ce singe-lézard ne cesse de ricaner. La créature, baptisée d’après le dessinateur Robert Crumb, ne devait avoir qu’un tout petit rôle au départ. Mais le réalisateur Richard Marquand s’est mis à lui parler entre deux prises. Le marionnettiste Tim Rose lui répondait alors pour faire marrer l’équipe, mais Harrison a fini par se vexer d’une de ses reparties. Officiellement, Rose a été viré. CULTE Son rire de crécelle cruellement moqueur.

23

Padmé Amidala

ÉPISODES I, II, III PROFIL Reine de Naboo, femme d’Anakin, mère de Luke et Leia : le sang royal de Padmé circule dans les deux trilogies. Politicienne avisée, elle est l’héroïne absolue de Star Wars : intelligente, courageuse mais totalement éclipsée par sa garde-robe. Les costumes de Natalie Portman (qui évoquent autant Gengis Khan que les socialistes russes du xixe siècle) ont amené sa fille spirituelle Carrie Fisher à se plaindre : « Padmé est la Liberace de la science-fiction. » CULTE En pleine arène, Padmé mate le Reek qui lui fait face, l’enfourche et fonce sur les méchants.


21 Comte Dooku

22

Wicket W. Warrick

APPARITIONS II, III, The Clone Wars (film et série) PROFIL Le comte Dooku, alias Dark Tyranus, est le gros méchant de L’Attaque des clones. Ancien Maître Jedi respecté, il tombe sous la coupe de Dark Sidious. Il est joué par Sir Christopher Lee, 79 ans au moment du tournage : c’est un peu vieux pour un apprenti, mais il se défend au sabre laser. CULTE Son duel avec Yoda.

ÉPISODE VI PROFIL Si la bataille d’Endor est une allégorie de la guérilla moderne, Wicket est le Che Guevara de Star Wars. Le guerrier Ewok devient une légende en conduisant l’assaut des rebelles contre le générateur de bouclier de l’Empire – ils démolissent toute une armée avec des pierres et des bâtons ! CULTE Wicket « capture » la princesse Leia dans les bois avant de partager une barre chocolatée avec elle et de l’aider à échapper à un Scout trooper.

Palpatine

ÉPISODES I (sénateur) ; I, II, III (chancelier) ; III, V, VI (empereur) PROFIL « Il est plus diabolique que le diable », dit de lui Ian McDiarmid, qui, ironiquement, illumine chaque scène de sa présence, même les interminables interludes parlementaires des épisodes I à III. Le meilleur arc narratif de la prélogie est l’inexorable ascension de Palpatine : le sénateur doucereux se transforme peu à peu en Hitler à capuche. Il a entre autres été joué par Tim Curry et même par un chimpanzé (les yeux de l’holocaméo du V), mais gloire à McDiarmid, effrayant avec ou sans cape Disney. CULTE Quand il tire des rayons de ses doigts pour (presque) tuer Luke avec une joie malsaine dans Le Retour du Jedi.

Wedge Antilles

17

Général Grievous

ÉPISODES IV, V, VI PROFIL Si l’univers de Star Wars fonctionne, c’est parce que même les personnages secondaires ont du caractère. Pendant la bataille de Yavin, Wedge montre qu’il est le meilleur pilote d’X-wing. Dans L’Empire contre-attaque, on le voit faire des exploits sur un Snowspeeder, et il est l’un des héros du Retour du Jedi. L’acteur qui l’incarne, Denis Lawson, est l’oncle d’Ewan McGregor. L’univers de Star Wars est vraiment partout ! CULTE Quand il abat un TB-TT.

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Qui-Gon Jinn

ÉPISODE I PROFIL Le mentor d’Obi-Wan, jamais avare de paroles sages prononcées avec gravité (« C’est ton attention qui détermine ta réalité »), est une sorte de franc-tireur dont les avis peu orthodoxes sur le bien et le mal l’ont privé d’un siège au Conseil Jedi. Il est calme, encourageant et joue un rôle clé dans l’ascension de Dark Vador, puisqu’il a entraîné le jeune Anakin Skywalker malgré les mises en garde du Conseil. Heureusement, il est doué au sabre laser – et pour asseoir sa stature d’acteur de film d’action, Liam Neeson a tourné lui-même toutes les cascades. CULTE Le duel au sabre laser avec Dark Maul, qui se termine tristement par la mort de Qui-Gon.

ÉPISODE III PROFIL « Je ne suis pas un droïde », braille le général Grievous dans l’épisode III. Et malgré sa voix d’aspirateur asthmatique, mieux vaut ne pas le sous-estimer. Commandeur, Grievous est presque entièrement robotique (et d’autant plus dangereux, d’après Yoda) et il possède quatre sabres lasers, pris aux Jedi qu’il a tués. Entraîné aux arts Jedi par ce renégat de comte Dooku, il est agressif (c’est le « directeur des combats » Kyle Rowling qui a fait lui-même la capture de mouvements), imposant et quasi indestructible. CULTE Sa confrontation avec Obi-Wan, où Grievous manie ses sabres comme des hélices mortelles.


Quoi, pas de Jar Jar ? Jar Jar est assurément le personnage le plus honni de toute la saga, voire du cinéma. C’est un Gungan (une sorte de rastafarien amphibie) de la planète Naboo que l’on pourrait gentiment décrire comme un imbécile, ou un connard, si on veut être moins aimable. Banni par les siens dans La Menace fantôme, ce second couteau inepte est sauvé par le Maître Jedi Qui-Gon Jinn et embarque alors pour un voyage qui le conduira à Tatooine, où il se lie d’amitié avec le jeune Anakin Skywalker (Jake Lloyd) avant d’entraîner les Gungans dans la bataille contre la Fédération du commerce. On le voit moins dans L’Attaque des clones, sauf que son discours au Sénat, dans lequel il demande que le chancelier Palpatine reçoive les pleins pouvoirs, contribue incidemment à l’essor de l’Empire galactique des Sith. Au moment de la sortie de La Revanche des Sith, les fans étaient tellement remontés contre lui que George Lucas a réduit son rôle à celui d’un figurant (même s’il revient dans la série de dessins animés The Clone Wars). Ahmed Best, qui fait sa voix américaine, a récemment révélé que « Michael Jackson voulait le jouer, mais avec des prothèses et du maquillage. George, lui, voulait du numérique. » On a accusé Jar Jar d’être un stéréotype racial grossier et en même temps d’avoir été créé uniquement pour les enfants. Des pixels, pas d’âme : voilà ce qu’en disent ses détracteurs. Et qu’il représente également bien la prélogie… La mauvaise nouvelle ? Jar Jar sera présent dans Le Réveil de la Force. La bonne ? Le réalisateur J. J. Abrams a laissé entendre que l’on fera simplement référence à sa mort dans l’épisode VII.

16 Greedo

ÉPISODES IV, The Clone Wars (série) PROFIL « Le Steve Buscemi des assassins », d’après Paul Blake, l’acteur sous le masque vert. Ce chasseur de primes aux yeux ronds travaille pour Jabba le Hutt, qui l’engage afin de capturer son ancien associé, Han Solo. La confrontation aura lieu sur la planète Tatooine. CULTE Hum… quand il se fait tuer.

15 Lando Calrissian

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C-3PO

Billy Dee Williams. Quel que soit son secret, Lando est contraint par Dark Vador à trahir son vieil ami Han Solo. Dans Le Retour du Jedi, il aide Han à échapper à Jabba et devient général de l’Alliance rebelle.

ÉPISODES I, II, III, IV, V, VI PROFIL Ce droïde tatillon qui porte un nom de bureau de poste ne fait pas semblant d’être bavard. Mais l’inspiration d’Anthony Daniel pour interpréter ce personnage imaginé entre « un vendeur de bagnoles d’occasion » et un paysan d’un film de Kurosawa a donné de la personnalité à ce tas de ferraille. Et C-3PO n’est pas seulement un comique : c’est la première voix que l’on entend dans Star Wars, le point d’entrée dans cet univers.

CULTE

CULTE

Sa joie quand il explose l’Étoile de la mort.

Pendant la vente des Jawa, quand il sauve la peau de R2D2. Sinon, comment Luke recevrait-il le message de Leia ?

ÉPISODES V, VI PROFIL « La cape est la clé », dit

12

13 Amiral Ackbar

ÉPISODE VI PROFIL Mi-poisson, mi-astronaute, l’amiral Ackbar a une voix de vieux loup de mer. N’empêche, c’est lui qui dirige l’assaut de l’Alliance rebelle contre l’Empire galactique dans Le Retour du Jedi. Le personnage est tellement populaire qu’il apparaît dans pratiquement tous les spin-offs de Star Wars. CULTE « C’est un piège ! » C’est la phrase mythique de l’amiral Ackbar, en plein cœur d’une bataille spatiale épique.

Jabba le Hutt

APPARITIONS I, IV, VI, The Clone Wars (film et série) PROFIL « Si je te disais la moitié des choses qu’on m’a dites sur Jabba, tu te ferais sûrement un courtcircuit », dit C-3PO à R2-D2 au début du Retour du Jedi. La marionnette a coûté 500 000 dollars. CULTE Quand il se lèche les babines au moment où on amène Leia devant lui.


11

Princesse Leia

ÉPISODES III, IV, V, VI PROFIL Carrie Fisher avait la poitrine comprimée par une bande élastique pendant le tournage de Star Wars. Mais sa personnalité, elle, n’a pas été réprimée. Après avoir battu 24 actrices concurrentes, Fisher s’est imposée avec fougue et émotion. Sa tenue du Retour du Jedi était légère ? D’accord, mais elle, au moins, elle a tué la limace la plus ignoble de la galaxie. CULTE Elle ne se laisse pas démonter par le Grand Moff Tarkin et Dark Vador, et explique carrément à Tarkin qu’il pue.

10

Mace Windu

ÉPISODES I, II, III PROFIL Retiré des premiers scénarios de la trilogie originale – où il était soit le frère de Leia, soit le pote de Luke –, Windu apparaît dans la prélogie comme un Jedi situé juste en dessous de Yoda. C’est le seul à avoir un sabre laser violet, à la demande de Samuel L. Jackson. Dans La Menace fantôme, il conseille à Qui-Gon Jinn de larguer Anakin Skywalker. Prémonitoire. CULTE Quand il bat l’empereur lui-même dans La Revanche des Sith.

09

Chewbacca

ÉPISODES III, IV, V, VI PROFIL Compagnon loyal de Han Solo, copilote du Faucon Millenium et véritable « tapis sur pattes », il est toujours parfait dans les crises (sauf s’il est distrait par un bout de viande ou battu aux échecs holographiques). Il est inspiré par le chien de George Lucas, Indiana, et sa présence doit beaucoup à l’acteur Peter Mayhew, géant de 2,21 m, et à son grognement inimitable – des cris d’animaux mixés par Ben Burtt. CULTE Sa participation à la bataille d’Endor, aux commandes d’un Walker AT-ST.

07 Dark Maul

ÉPISODE I PROFIL Rétrospectivement,

08

R2-D2

ÉPISODES I, II, III, IV, V, VI PROFIL Le nom de ce droïde astromécano vient des paroles de Walter Murch, monteur de THX 1138 : « Reel 2, Dialogue 2 » (Bobine 2, Dialogue 2). C’est l’un des vrais héros de Star Wars. Ronchon, mignon, ce petit robot versatile a le sens du devoir : il prend des coups, transmet les infos entre rebelles, sauve des vies, répare des vaisseaux et garde des tours en réserve pour la prélogie. Et pour l’épisode VII ? CULTE On a le cœur brisé en se souvenant de lui bipant sa détresse quand il est rejeté à la vente des Jawa.

il est évident que ce seigneur des Sith, brutal et gracieux, n’est qu’un écran de fumée pour cacher l’identité du grand méchant Dark Sidious. Son sacrifice est regrettable car c’est exactement ce qui nous plaît dans le côté obscur : un personnage fulgurant qui ne s’intéresse qu’au chaos et au maquillage. Le cascadeur Ray Park a chorégraphié ses mouvements acrobatiques et a perfectionné le design du double sabre laser de Maul. CULTE Deux contre un ? Pas de problème. double sabre s laser laser. Je sors mon do

06

Yoda

ÉPISODES I, II, III, V, VI PROFIL Petit Jedi, grands enjeux. La poupée mystique de l’Empire aurait pu ruiner la saga : Lucas voulait confier ce rôle à un singe… Mais le génie du marionnettiste Frank Oz et la révélation progressive de l’identité de Yoda sur Dagobah nous ont charmés, puis ses talents de lévitation ont ancré notre foi et son autorité était assurée. La prélogie retrouve un peu d’élan merveilleux quand Yoda est dans les parages, personne ne peut le nier. CULTE Quand il se jette sur le comte Dooku en rugissant. On en frémit encore.


03

05

Obi-Wan Kenobi

ÉPISODES I, II, III, IV (V et VI si on compte les fantômes) PROFIL À moitié sorcier, à moitié samouraï, avec une pincée d’acteur anglais : le mentor de Luke a eu le sang chaud dans sa jeunesse, puis devient un ermite après avoir accidentellement entraîné Dark Vador. Alec Guinness trouvait les dialogues de Lucas nuls, mais il a réussi à les faire chanter. Les jeunes le voient comme un rebelle manieur de sabres tandis que les vieux fans voient toujours en lui le sage barbu. CULTE Son sacrifice héroïque.

02

04

Boba Fett

ÉPISODES II, V, VI PROFIL Tout est dans la mystique du personnage… et peut-être aussi dans son costume. Son intervention spectaculaire dans L’Empire contre-attaque modifie les règles des blockbusters et brise le cœur des fans. Le tout en six maigres lignes de dialogue. Ses apparitions ultérieures l’ont édulcoré : le Sarlaac l’avale trop facilement, et son retour dans l’épisode II est superflu. Comme le disait l’acteur Jeremy Bulloch : « Moins vous en faites avec Boba Fett, plus il devient fort. » CULTE Le deal, hors écran, avec Vador qui entraîne le dernier acte de L’Empire contre-attaque.

Luke Skywalker

ÉPISODES III, IV, V, VI PROFIL Moquez-vous de sa naïveté, mais n’oubliez pas que c’est pour lui que nous sommes amoureux de Star Wars. Conscient de cela, Lucas s’est donné beaucoup de mal pour fabriquer son personnage. Il y a d’abord eu « Luke Starkiller », puis une fille et un homme de 60 ans, avant d’arriver au jeune garçon rêveur à qui toute personne s’étant déjà éloignée de sa famille pour contempler un coucher de soleil peut s’identifier. Pour incarner ce personnage inspiré des pulps et de sa propre personne, Lucas voulait un acteur qui humaniserait son voyage. William Katt (Carrie) a auditionné, mais il lui manquait ce grand regard innocent qu’avait Mark Hamill et qui en faisait le faire-valoir parfait de Harrison Ford : « On a jjoué le couple maître-élève », dit Hamilton. Son enthousiasme agaçait Alec Guinness, qui l’envoyait se calmer à l’autre bout du studio. À mesure que la saga devient plus sombre, les doutes de Luke et ses problèmes de famille alimentent l’histoire, jusqu’à ce que sa foi en la rédemption de son père vienne démontrer l’optimisme de Lucas. CULTE La Force est en Luke quand il tire sur l’Étoile de la mort. Même Han Solo est impressionné, c’est dire !

Dark Vador

ÉPISODES I, II, III, IV, V, VI PROFIL George Lucas a toujours juré que l’évolution d’Anakin Skywalker, d’élève Jedi à seigneur des Sith, était la colonne vertébrale de Star Wars depuis le départ. Pourtant, revisionner Un nouvel espoir – notamment les souvenirs d’Obi-Wan au sujet de Dark Vador – invalide cet argument. Vador est devenu une star par son aura à l’écran : il volait la vedette à Peter Cushing avec son entrée et ses trucs de sorcier. Le masque mortuaire dessiné par Ralph McQuarrie était génial, et le casting qui lui était associé avait tout de la perfection : la carrure athlétique de David Prowse et la voix grave de James Earl Jones (qui a enregistré tous ses dialogues en une seule journée). C’est dans L’Empire contre-attaque que le secret d’Anakin change tout ; ce n’est pas une coïncidence si Vador y est à son sommet, entraînant presque les rebelles (et ses propres généraux) au désespoir. Malgré un traitement plus faible dans la prélogie, ses premières apparitions restent immensément populaires. CULTE Le duel étincelant contre Luke Skywalker au-dessus de la Cité des nuages. Le moment le plus crucial de la saga.


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Han Solo

ÉPISODES IV, V, VI PROFIL Qui d’autre ? Qui a donné à la saga son ton sarcastique, son sex-appeal, son swag (comme on dit aujourd’hui) ? C’est-à-dire tout ce qui manque à la prélogie. Qui d’autre a autant acquis le statut d’icône emblématique ? Qui a prouvé que l’on pouvait prononcer les dialogues de Lucas avec un charme et un bagou immédiatement attachants ? Dans l’épisode IV, on le découvre dans un recoin de la Cantina et on sait que le film ne se finira pas dans les abîmes de la science-fiction sèche et racornie. Son cynisme décontracté rend plus légères les discussions sur la Force et la Rébellion. Lui n’est pas là pour faire la révolution. Il a de la repartie, il vole comme pas un et il dégaine toujours le premier. OK, le trafiquant finit par se rallier à la cause de l'Alliance, mais il reste assez indépendant d’esprit pour avoir un geste déplacé lors de la remise des médailles. L’épisode V montre qui est la vraie star de Star Wars : pendant que Luke se retrousse les manches, c’est lui qui s’occupe de la princesse Leia tout en distribuant les bons mots. Après sa sortie prématurée, accompagnée de la réplique la plus romantique de toute la science-fiction, seule la plus grosse bombe de toute la saga peut éclipser sa disparition. Harrison Ford n’avait pas signé pour des suites à l’infini ; et quand il est revenu pour Le Retour du Jedi, il n’a pas eu droit à la mort digne qu’il réclamait pour Solo. Eh bien, Dieu merci ! Avec deux Étoiles de la mort à son compteur, Han Solo revient mater Kylo Ren dans Le Réveil de la Force. Quand J. J. Abrams a eu besoin d’une image aguichante pour son deuxième teaser, il a sorti de sa manche Chewbacca et son meilleur pote. Eh oui, qui d’autre ? CULTE « Je sais. » La réplique de Han, accompagnée d’un haussement d’épaules, est tempérée par juste assez de tendresse pour l’empêcher de passer pour un salaud.


INTERVIEW M. NIGHT SHYAMALAN

M. Night Shyamalan

DRÔLES DE RETROUVAILLES Malgré les flops, les déconvenues, les incompréhensions, M. Night Shyamalan reste un conteur hors pair qui sait toujours s’adapter aux conditions les plus retorses. Et de prouver avec The Visit qu’un budget ridiculement bas et un genre détesté ne l’empêcheront jamais de réaliser un bon film. INTERVIEW VINCENT JULÉ is au ban de Hollywood après les échecs public et critique du Dernier Maître de l’air et d’After Earth, M. Night Shyamalan signe son retour par la petite porte. La forme (le found footage), le budget ( millions de dollars), le ton (entre horreur et comédie) : e Visit pourrait passer, en apparence, pour une remise en jambes, une récréation. Mais ces vacances de deux enfants chez leurs grands-parents relèvent des mêmes obsessions du cinéaste (le conte, la famille, la mort, le deuil), et recèlent une méchanceté et une colère inattendues. Shyamalan a un plan pour revenir à Hollywood, et ce n’est pas un hasard

s’il a choisi de s’associer avec Jason Blum, producteur de succès horrifiques (Insidious, Sinister, American Nightmare) et trublion de Hollywood. Première étape : donner un coup de pied dans la porte. Deuxième étape : réaliser un film tout aussi modeste que e Visit, mais avec Joaquin Phoenix. Avant peut-être d’atteindre la troisième étape : retrouver Bruce Willis (Sixième Sens, Incassable) pour Labor of Love, l’histoire d’un libraire qui, après le décès de sa femme, décide de lui prouver son amour en traversant les États-Unis à pied. M. Night Shyamalan compte-t-il faire de même à Hollywood, un pas après l’autre, un film après l’autre ? Pour l’instant, il se dit simplement plus heureux que jamais.



INTERVIEW M. NIGHT SHYAMALAN

Pourquoi avoir choisi le found footage, genre mal aimé, pour e Visit ? M. Night Shyamalan : Mais e Visit n’est pas un found footage. Le terme est pourtant clair, il renvoie à des images retrouvées. Or, ce n’est pas le cas avec e Visit, où nous sommes en présence d’un documentaire. La distinction est primordiale, selon moi. Par exemple, si je filme un mec passé à tabac par un flic, c’est du found footage. Mais si je décide de filmer la maison où ma mère a grandi, c’est un documentaire. Il y a une intention artistique, un projet esthétique. Seules les dix dernières minutes du film n’obéissent pas à cette règle et saisissent à la volée ce qui se passe. Après, si vous voulez mon avis, le found footage n’est ni un bon ni un mauvais genre. Je le comparerais plus volontiers à une saveur, une épice, pour faire une métaphore culinaire. C’est la manière de l’utiliser, de le cuisiner, qui importe. Tu peux toujours ajouter des épices pour relever un plat, s’il est raté, il restera immangeable. N’avez-vous jamais envisagé de réaliser le film de manière « classique » ? Tout est parti des personnages. C’est en construisant Rebecca, la jeune sœur, que j’ai eu l’idée du film dans le film. Je n’ai appréhendé le personnage dans son entier que lorsque j’ai compris qu’elle devait faire ce documentaire. Elle veut réunir sa famille, c’est son but, et celui de son film. Le format permet d’avoir ce sentiment de réel, à la fois intense, drôle et bien sûr effrayant. D’ailleurs, avez-vous remarqué ? Il n’y a pas de musique ! Le spectateur voit ce que Rebecca voit, et dans un jeu de miroir, elle a les mêmes réactions que lui. C’est une manière très ludique de raconter une histoire.

Comment avez-vous adapté votre style unique à ce cadre précis, limité ? Dès le scénario, j’ai intégré ces contraintes. Tous les plans ont ainsi été storyboardés à l’avance, avec pour seule latitude et adaptation le fait que le spectateur devait avoir l’impression que Rebecca tient la caméra. Je ne pouvais pas non plus utiliser des équipements qu’elle n’aurait logiquement pas à disposition, comme le Steadicam, par exemple. Il était important que tout soit réel, naturel. Rebecca est une fille, elle rend visite à ses grands-parents, elle essaie de faire un doc pour sa mère… et capte quelque chose de bizarre. Tandis que son frère Tyler tourne des saynètes décalées, rigolotes, dans son dos. S’il y a souvent de l’humour et de l’ironie dans vos films, e Visit est le premier à être explicitement drôle. C’est vrai. Mais je dois avouer que cela m’a demandé


Contes de l’au-delà Une très belle exploration de l’œuvre de Shyamalan « Après mon premier film, les critiques disaient que je ne valais rien. Un an plus tard, j’ai réalisé Sixième Sens et les mêmes journalistes ont dit que j’étais un maître du cinéma. Puis j’ai sorti Incassable et on m’a traité de prétentieux. Après que j’ai terminé Signes, on m’a qualifié de "nouveau Spielberg". Et après La Jeune Fille de l’eau, j’étais un charlatan… » Pas mieux. M. Night Shyamalan résume bien l’impression, pour ne pas dire l’incompréhension, d’une partie des journalistes et des spectateurs face à son œuvre. Une énigme dans le paysage cinématographique hollywoodien à laquelle tente de répondre le livre français Contes de l’au-delà. Malgré quelques répétitions d’un chapitre à l’autre, d’un auteur à l’autre, l’ouvrage collectif réussit à (em)brasser les différents thèmes et formes de son œuvre (le pouvoir de l’imaginaire, la thérapie de l’angoisse, l’influence asiatique, la figure de la famille), pour mieux en dévoiler la cohérence, l’humanisme, pour nous montrer comment le surnaturel s’inscrit dans le quotidien pour mieux réenchanter le monde, et nous apprendre à voir et finalement à vivre ensemble. Parmi les belles idées, le lien fait entre les mal-aimés Phénomènes, Le Dernier Maître de l’air et After Earth, qui ont en fait le même sujet, l’hypothèse Gaïa, selon laquelle la Terre est un super-organisme capable de se rééquilibrer face à la menace humaine. Contes de l’au-delà, le cinéma de M. Night Shyamalan, sous la direction d’Hugues Derolez, aux éditions Vendémiaire.

tous les efforts du monde, et plus de dix mois de montage, pour trouver l’équilibre parfait entre humour et horreur. Quelle prise garder ? Comment passer naturellement de la terreur pure à la bonne blague ? Est-ce que cette scène n’est pas too much ? J’ai beaucoup appris sur le film, à chaque étape de sa confection. Actuellement, je suis obsédé par le travail de David Lynch et par la comédie dark. Toutes mes idées ont ainsi ce ton délicieusement retors et flippant. Il suffit de jeter un coup d’œil à ma série Wayward Pines, on peut clairement sentir l’influence de David Lynch et de Twin Peaks. Vous revendiquez avoir fait e Visit uniquement pour le fun, en réaction à vos

précédents films. Pourtant, toutes vos thématiques et obsessions sont là : la famille, la mythologie américaine, la peur de la mort, la catharsis… Vous avez raison (rires) ! C’est donc bien un film de M. Night Shyamalan, que ce soit conscient ou non. Mais dites-vous que j’avais toujours le sourire sur le plateau de tournage. C’est une grosse différence. Je m’imaginais déjà dans la salle de cinéma à observer les réactions du public, et à ricaner dans mon coin. À l’instar du Village, avec la légende de « Ceux dont on ne parle pas », ou de La Jeune Fille de l’eau, à l’origine une histoire que vous racontiez à vos enfants avant qu’ils dorment, e Visit a les


INTERVIEW M. NIGHT SHYAMALAN

“Je n’essayais pas d’avoir des stars au casting, mais juste de faire un film à petit budget.” apparences d’un conte. Impossible de ne pas penser à Hansel et Gretel. Définitivement. Les frères Grimm sont toujours une grande source d’inspiration. Un frère et une sœur abandonnés par leurs parents, la figure de la vieille sorcière cannibale, ou ici de la grand-mère bizarre, et même le four à nettoyer… tout y est ou presque. La peur de l’abandon, soit le cauchemar de tout enfant, est le cœur du sujet de e Visit. Leur père est parti, leur mère en souffre encore, et ils se disent qu’ils peuvent recréer une famille par l’intermédiaire des grands-parents, pas si

éloignés des croque-mitaines des contes de fées. Pourquoi avoir fait de e Visit un projet secret ? Le tournage s’est même déroulé sous un faux titre. Parce qu’il n’y avait aucune raison de lui faire de la publicité, d’attirer l’attention. Je n’essayais pas de vendre le projet, d’avoir des stars au casting, mais juste de faire un film à petit budget. Je ne voulais surtout pas entendre : « Oh, regardez, M. Night Shyamalan fait un nouveau film ! » N’est-ce pas aussi en réaction à vos expériences

hollywoodiennes – et douloureuses – du Dernier Maître de l’air et d’After Earth ? Doit-on parler d’un retour aux sources ou d’un nouveau départ ? Disons que j’ai adoré faire e Visit. Je suis presque triste que le film sorte déjà, c’est passé tellement vite. Nous avons tous vécu une expérience formidable. Je ne dirais pas que c’était facile, mais j’y ai pris un réel plaisir, tous les jours. J’étais heureux de me rendre sur le plateau de tournage, d’être en salle de montage, je suis heureux de faire cette interview. Mon prochain film sera aussi modeste, c’est donc peut-être une nouvelle carrière qui s’ouvre à moi. En quinze ans de carrière, vous avez fait le grand écart, passant du statut de nouveau Spielberg à celui de roi du twist pour

finalement devenir un paria de Hollywood… C’est une manière de voir les choses, mais ce n’est pas la mienne, je ne l’ai pas vécu ainsi. Voici ma version, mon expérience : j’ai écrit scénarios dans ma vie, et sont devenus des films. Les autres, c’est moi qui ai décidé de ne pas les faire. Je ne sais pas comment faire mieux, être plus satisfait et reconnaissant. Il n’y a donc pas d’étiquettes à coller, juste des films à réaliser. Même sur les blockbusters Le Dernier Maître de l’air et After Earth, au cœur du système, j’ai énormément appris, et je m’en suis servi sur Wayward Pines et e Visit. Vous parliez de « nouveau départ », et je suis d’accord, chaque film en est un. Si tu penses autrement, tu n’es pas un artiste. Plus jamais de blockbuster, donc ? Il ne faut jamais dire « jamais », mais j’étais tellement épanoui sur e Visit que je veux continuer sur cette voie pour l’instant. Vous êtes maintenant hors du système hollywoodien, mais vous travaillez avec le producteur Jason Blum,


Le found footage n’est pas mort ! Plus souvent synonyme de (found) foutage de gueule, le genre réserve pourtant quelques perles à ne pas rater et projets à surveiller. Creep Vidéaste professionnel, Aaron (Patrick Brice, aussi réalisateur) répond à une petite annonce postée par Josef (Mark Duplass), qui souhaite louer ses services pour la journée. Ce dernier est atteint d’une maladie incurable et souhaite laisser un témoignage à son futur fils. Bien sûr, son comportement devient de plus en plus creepy au fil des images. La grande originalité du film est de ne pas capitaliser sur la peur et autres jump scares, pour leur préférer un étrange sens de l’humour et un profond malaise. Disponible sur Netflix.

Le Projet Atticus

qui est un système à lui tout seul : microbudget, high concept, formule déclinée… Ma relation avec Jason est différente de celle qu’il a avec les autres réalisateurs, sur ses autres productions. C’est d’ailleurs moi qui l’ai fait venir sur e Visit, pas l’inverse. Il est gentil, intelligent, engagé, et l’un des rares à supporter les artistes. Il ne faut pas oublier qu’il a produit Whiplash, de Damien Chazelle, mon film préféré de . J’avais aussi adoré le premier Sinister, très dark, très cool. Vous revenez finalement au genre qui vous a fait connaître avec Sixième Sens. J’ai toujours aimé l’horreur, le fantastique. La Maison du diable de Robert Wise, La Malédiction de Richard Donner, Les Dents de la mer de Steven Spielberg, Psychose d’Alfred Hitchcock ou Alien de Ridley Scott sont parmi mes films préférés. Vous avez remarqué, dès qu’un grand cinéaste s’attaque au cinéma de genre, il en sort toujours des merveilles. C’est un signe, non ? Je crois que le tout premier que j’ai vu est L’Exorciste, de William Friedkin. J’ai été traumatisé au point de dormir avec mes

parents pendant un mois. Il faut dire que j’avais pas plus de ans, j’étais trop jeune. Qu’en est-il de votre projet Labor of Love, qui doit marquer vos retrouvailles avec Bruce Willis ? Il est toujours d’actualité, mais je vais faire un autre film avant, un nouveau thriller à petit budget… peut-être avec Joaquin Phoenix. Je meurs d’impatience, et de peur aussi (rires). Tiens, vous n’avez pas de caméo dans le film. C’est vrai, c’est la seconde fois après After Earth. En fait, entre nous, je voulais être dans celui-ci, et jouer le petit ami de la mère. Mais dans la première version du script, il revenait dans la dernière scène et avait une ligne de dialogue. Tout le monde me serait alors tombé dessus : « Oh, regardez, il est là, il n’a pas pu s’en empêcher. » Je voulais à tout prix éviter que le spectateur sorte du film. Et c’est le seul rôle que je pouvais tenir, je n’allais pas jouer le grand-père non plus… Pas tout de suite (rires). e Visit sortira en salle le octobre .

Scénariste de Buried, avec Ryan Reynolds, et du prochain Gus Van Sant, La Forêt des songes, Chris Sparling s’attaque à la réalisation et au found footage avec Le Projet Atticus, du nom d’un institut spécialisé dans l’étude de personnes développant des capacités paranormales. Interviews face caméra, photos d’archives, reconstitutions… tous les outils du doc sont maîtrisés à la perfection pour créer une atmosphère pesante, en mode Faites entrer la possédée. Dommage que le documentaire ne s’assume pas jusqu’au bout et cède à la facilité, et au foutraque, dans son dernier acte. Disponible en DVD.

e Sacrament En prise avec son époque, The Sacrament raconte comment deux journalistes du site Vice se retrouvent à infiltrer une secte religieuse pour retrouver la sœur d’un ami. Mais pas de rituels sataniques ou d’exorcismes foireux, le film rejoue le suicide collectif de Jonestown (plus de 900 victimes !) et impose la figure du « Père », gourou aussi charismatique que flippant interprété par Gene Jones. Inédit en France.

Ratter En 2012, Branden Kramer réalise le court Webcam, dont l’action se déroule intégralement sur un écran d’ordi. Il l’adapte ici en version longue et étend le concept aux autres objets connectés pour raconter le cauchemar d’une étudiante (Ashley Benson), surveillée par un stalker 2.0. Le film fait actuellement le tour des festivals, et les premiers échos sont enthousiastes. Inédit en France.

Found Footage 3D Un groupe de cinéastes s’apprêtent à tourner le premier found footage en 3D, mais se retrouvent acteurs de leur propre film lorsque l’esprit maléfique de celui-ci s’échappe et hante leurs images. Vous n’avez rien compris ? Nous non plus, mais difficile de faire plus méta. Son réalisateur, Steven DeGennaro, parle d’un Scream nouvelle génération, mais il pourrait tout autant s’agir du nanar ultime du genre. En postproduction.


Le top 5 de Blumhouse Productions Tout fan d’horreur qui se respecte n’a pas pu échapper aux films de l’écurie Jason Blum, tant le producteur a changé en profondeur la manière de concevoir, réaliser et distribuer un film. Ses cinq plus belles réussites selon Popcorn. TEXTE PALOMA MARTIN

5

THE GIFT (2015) Robyn et Simon forment un couple heureux lorsqu'une ancienne connaissance de Simon fait irruption dans leur vie en leur apportant

de mystérieux cadeaux. Joel Edgerton écrit, réalise le film et, tant qu’à faire, joue aussi dedans. Réalisateur Joel Edgerton Éditeur À confirmer


1

INSIDIOUS (2011) Il s'agit, sans aucun doute possible, de la plus belle production de Jason Blum. On suit les pérégrinations d’un jeune père parti dans

une dimension astrale pour sauver son fils tombé dans le coma. Ultraflippant. Réalisateur James Wan Éditeur Wild Side

2

THE MIRROR (2013) Un frère (Brenton Thwaites) et une sœur (Karen Gillan) mettent tout en œuvre pour détruire le miroir maléfique responsable

de la mort de leurs parents, onze ans plus tôt. Difficile de ne pas sursauter tant la tension est palpable. Et la fin est tout simplement démentielle. Réalisateur Mike Flanagan Éditeur TF1 Vidéo

3

THE BAY (2013) Un found footage pour le moins étonnant : une bactérie mutante contamine les habitants d’une ville du Maryland, prend possession de

la langue de ses hôtes et se nourrit du sang et du mucus de ses victimes. Ce n’est pas ultragore, mais le film propose quelques scènes chocs. Réalisateur Barry Levinson Éditeur ARP Sélection

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13 SINS (2014) Elliot est au bord de la banqueroute quand il reçoit un mystérieux coup de téléphone qui lui propose de gagner 5 millions de dollars s’il réalise

13 défis en moins de quarante-huit heures. Une adaptation musclée et nerveuse du film thaïlandais 13 Jeux de mort . Réalisateur Daniel Stamm Éditeur Wild Side


DOSSIER LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE


Dystopie mon amour

LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE Véritable surprise lors de la sortie du premier opus avec ses 3 millions de spectateurs au box-office français, la saga compte bien réaliser l’exploit cette année avec un deuxième volet encore plus extrême et violent. TEXTE BENOÎT MAURER PROPOS RAPPORTÉS TRADUITS PAR MAXIME BERRÉE


DOSSIER LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE

alidé officiellement quelques Mexique, où le tournage express a pris jours à peine après la sortie place pendant les vacances de Noël . en salle du Labyrinthe, « Je ne savais pas qu’il ferait aussi en septembre aux froid », explique le réalisateur. Et en États-Unis, le tournage à effet, malgré le soleil, il fait sacrément toute vitesse de La Terre brûlée n’a pas frisquet. Ironiquement – vu à quoi va entamé la détermination de Wes Ball, le servir ce décor –, c’est l’hiver le plus froid réalisateur. Il faut dire que le producteur depuis des années. « Mais ce qu’il y a Wyck Godfrey – habitué aux adaptations de génial, c’est que cela va nous donner de ce genre pour s’être occupé de la saga l’opportunité de proposer quelque Twilight – avait persuadé les pontes du chose de très différent visuellement. studio de commencer la préproduction Le premier volet a été tourné dans les dès l’été, les poussant marais chauds et humides à « parier sur le succès ». de Bâton-Rouge, en « C’est taré, confie Wes Louisiane. Les couleurs Ball. J’ai l’impression et les textures, c’était de ne pas avoir quitté le vert de la végétation le pont. Nous avons luxuriante et le gris du embarqué directement béton. Ici, nous sommes dans le deuxième volet dans des paysages en essayant de garder très vastes, avec des l’élan du premier. Ce qui ciels clairs et des lignes est finalement plutôt d’horizon lointaines. une bonne option : les C’est vraiment chouette acteurs sont encore frais de rendre notre univers et dans l’état d’esprit du plus grand, de lui donner tournage, cela permet de un côté plus riche et WES BALL prendre ses marques plus plus réel. J’adore le facilement. » Et prendre travail de repérage des ses marques n’a en effet jamais été aussi lieux de tournage : quand ils sont bien important dans un volet qui change choisis, ils donnent une vie qu’on ne intégralement le décor et multiplie peut pas fabriquer sur un plateau. » les lieux de l’action. Oubliée, la nature Un tournage épuisant luxuriante de la petite ferme de BâtonRouge, en Louisiane, où s’était déroulé « C’est beaucoup plus physique que le premier volet ; place à la froideur du Le Labyrinthe, confirme Kaya Scodelario, désert d’Albuquerque, au Nouveaul’actrice anglaise qui joue Teresa, la

“J’ADORE LE TRAVAIL DE REPÉRAGE DES LIEUX DE TOURNAGE : QUAND ILS SONT BIEN CHOISIS, ILS DONNENT UNE VIE QU’ON NE PEUT PAS FABRIQUER SUR UN PLATEAU.”

meilleure amie tourmentée de omas. Je n’étais pas préparée. Quand on est arrivés ici, ils nous ont dit : “OK, on est en altitude, au milieu du désert, et vous allez galoper toute la journée.” Moi qui ne cours jamais… On s’entraîne dans le désert avec les cascadeurs. Pour l’instant, on s’arrête juste avant que je m’évanouisse. C’est beaucoup plus dur que le premier film – on grimpe sur des dunes de sable, des montagnes. Heureusement, on est tous à peu près du même niveau, alors on s’entraide. D’ailleurs, je pense que c’est important : dans le film, ces gamins ne sont pas des superhéros ou des athlètes. Ça rend les choses plus faciles d’une certaine façon, on n’a pas besoin de faire semblant ! »


Les Fondus Après les Griffeurs du

premier opus, c’est au tour des Fondus de faire leur apparition. Sorte de zombies attaqués par la Braise, ils ont bien failli faire interdire le film aux moins de 16 ans. Wyck Godfrey n’avait qu’une seule idée en tête : aller encore plus loin dans les séquences chocs : « Les Fondus vont vraiment foutre la trouille. Ce ne sont pas vraiment des zombies, ils ont toujours une partie de leur cerveau, mais ils sont complètement fous et prêts à dépecer n’importe qui. Visuellement, Wes a développé une idée très cool avec Weta, la société d’effets spéciaux : plus le personnage est gagné par la maladie, plus il a de protubérances qui croissent sur son corps, jusqu’au moment où il ne ressemble plus du tout à un humain. Il y a donc deux étapes : de vrais acteurs avec prothèses et maquillage, puis des créatures entièrement numériques. C’est flippant. On doit faire attention à ne pas franchir la limite qui nous ferait interdire aux mineurs – ce serait contre-productif –, mais on pousse aussi loin qu’on le peut. »


DOSSIER LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE

Car comme la fin du Labyrinthe le laisse présager, cette étendue immense a pour nom « la Terre brûlée » – la terre réduite à une immense zone aride à la suite d’un désastre apocalyptique. C’est dans ce monde que les héros omas, Teresa et les autres essaient de survivre. Poursuivis par leurs anciens geôliers, les Blocards sont lancés dans une quête effrénée de réponses à leurs questions (quel est l’objectif de WCKD ? et qui se cache derrière cet acronyme ?) à travers un paysage toujours plus hostile. « Ça ne ressemble pas du tout au premier film, explique O’Brien. Le monde s’élargit. Avant, nous étions dans un environnement confiné, borné. Là, il y a la Terre brûlée, WCKD, le manoir… Nous tournons dans un nouvel endroit toutes les semaines, il y a beaucoup plus de variété. »

Le manoir du mal Situé au cœur de la ville, le nouveau lieu de tournage est un bâtiment haut et incongru qui s’appelle « le Manoir » – une demeure imposante en pierre grise, avec tourelle, gargouilles et vitraux, et flanquée d’escaliers en fer forgé. Des techniciens par centaines s’activent autour du manoir sous le regard perplexe des locaux, qui avalent un café dans le bar d’en face. À l’intérieur, le décor rococo a été minutieusement dégradé pour avoir l’air décrépit – canapés roussis, chandeliers cassés, rideaux déchirés, et de la poussière, beaucoup de poussière. Les lieux sont loin d’être déserts, pourtant. Les figurants au look

punk grouillent par dizaines, attendant me fait penser à l’île des Plaisirs, dans le moment de tourner, tandis que les Pinocchio, quand ils se perdent et qu’il décorateurs mettent la dernière main leur pousse des oreilles et une queue à leur chef-d’œuvre : d’âne. omas boit graffitis sur les murs, quelque chose qui le fait guirlandes multicolores, débloquer. Une partie boule à facette, fringues de lui a envie de rester. à terre et carafes pleines Mais il réalise que les de boissons. On dirait gens qui ont organisé bien qu’on arrive en pleine cette fête (avec à leur fête post-apocalyptique. tête Alan Tudyk) sont « C’est un moment du mal intentionnés… » film où omas, qui a été Et pourquoi donc séparé des autres, est omas aurait-il envie DYLAN O’BRIEN entraîné dans une fête, de rester dans ce lieu confirme Wyck Godfrey. de débauche ? « Après C’est là qu’on découvre à quoi ressemble l’épreuve du labyrinthe, il pensait que la société dans un monde ravagé par c’était fini, explique O’Brien. Et quand les éléments et la maladie. Cette scène il se rend compte qu’il a peut-être

“IL SE REND COMPTE QU’IL A PEUT-ÊTRE ENTRAÎNÉ SES AMIS DANS QUELQUE CHOSE DE PIRE ET IL LE VIT MAL.”


Dylan O’Brien Incarnant Thomas, le leader de la petite troupe, Dylan O’Brien revient sur le tournage de ce deuxième opus. Où retrouve-t-on Thomas au début de ce film ? Quels défis l’attendent ? De nombreuses épreuves l’attendent. Il pensait que ce serait fini, mais il se rend compte que ça ne l’est pas et que cela pourrait même empirer. Il a mené ses compagnons hors du labyrinthe, et ils sont là, dehors, ayant perdu des leurs, et le fait que cela ne réponde pas à ce qu’ils avaient en tête accable profondément Thomas. Cela a de quoi affecter quelqu’un, je pense, et le vulnérabilise. Thomas doit surmonter cet état d’esprit. Il doit être capable de conserver sa forte position de meneur et faire aller tout le monde de l’avant, malgré son sentiment de culpabilité face à la situation. Le défi est qu’il s’agit d’un tout nouveau monde, à présent. Ce n’est plus seulement le labyrinthe et les Griffeurs, avec un seul problème à résoudre. Ils sont surtout perdus, et c’est intéressant parce qu’ils n’ont plus à rester groupés. Ils ne sont plus confinés dans un même endroit. Or ils restent ensemble quand même, parce que, j’imagine, ils pensent qu’il le faut. Mais physiquement, ils n’y sont pas contraints. Ils sont dehors, dans la Terre brûlée, et on commence à entrevoir ce qui est arrivé à ce monde, pourquoi ils ont été mis dans un labyrinthe et pourquoi ils suscitent un tel intérêt. Pour Thomas, c’est beaucoup de culpabilité.

Beaucoup de remises en question et un combat personnel pour maintenir ses convictions par-dessus tout. Il cherche toujours à protéger tout le monde et il ne supporte pas l’idée d’une autre perte. Quand Chuck meurt dans le premier film, il est meurtri et il ne l’oubliera jamais. Cela va affecter toutes ses décisions à venir. Cela va complètement influencer sa manière de diriger ses compagnons. Le film sera-t-il différent visuellement ? Vous avez tourné le premier à BâtonRouge, en Louisiane, et le deuxième à Albuquerque, au NouveauMexique. On ne pourrait imaginer deux endroits plus différents. C’est exact. Ce sera totalement différent. Un monde complètement nouveau s’ouvre à nous. Dans le premier film, nous étions dans un environnement vraiment confiné, construit, et il était impossible de savoir à quoi pouvait ressembler le monde extérieur ni ce qui avait pu s’y passer. Et dans ce volet, nous apprenons enfin la dure vérité. C’est bien, parce qu’il n’y a pas que la Terre brûlée. L’action ne se passe pas seulement dans le désert durant tout le film. Il y a une multitude de lieux : le siège de WCKD, la maison abandonnée et le vieux centre commercial. Cette nouvelle diversité visuelle apporte beaucoup au film car cela permet d’élargir son univers. Cela a été beaucoup de travail pour Wes Ball, qui a dû tout orchestrer, mais je pense que le résultat sera à la hauteur. Nous changions tellement fréquemment de décor que nous avions l’impression de tourner dans un film différent tous les jours. Mais ça reste évidemment Le Labyrinthe et son univers – qui est juste élargi. En quoi Wes Ball a-t-il évolué pour son deuxième long-métrage ? A-t-il gagné en assurance ? Ce qui est drôle avec Wes Ball, c’est qu’il ne change pas du tout. Peut-être qu’il a gagné en confiance, mais si c’est le cas, c’est très subtil. Il reste le même gars détendu et tempéré. Il sait ce qu’il veut. Il a un point de vue franc et déterminé sur les performances et le rendu esthétique. Il sait mener le film et en préserver l’intérêt.


DOSSIER LE LABYRINTHE : LA TERRE BRÛLÉE

entraîné ses amis dans quelque chose de pire, je pense qu’il le vit mal. Il se sent responsable des autres, et notamment du fait que quelques-uns sont morts. Mais la suite ne ressemble pas du tout à ce qu’il avait imaginé, ce qui le rend fragile. C’est un monde entièrement nouveau. Et il doute beaucoup. »

La résistance s’organise Heureusement, il n’est pas seul. Dans sa quête pour rejoindre les Blocards, il est accompagné par l’une des principales nouvelles têtes de ce deuxième opus – une survivante de la Terre brûlée, Brenda. Jouée par Rosa Salazar (Divergente : L’Insurrection), c’est une alliée puissante pour les

rescapés du labyrinthe. Et comme elle J’adore leur relation. Mon intégration a a vécu l’apocalypse, elle est pleine de été facile. Dès le moment où j’ai rencontré ressources. « Elle n’est Dylan, ça a fait tilt. On pas du genre à mâcher se tient tête comme nos ses mots, dit Salazar sur personnages ! » Comme un ton qui laisse penser inspiration pour son rôle qu’elle est à l’image de femme au caractère de son personnage. bien trempé, Salazar cite Brenda et omas sont volontiers Sigourney immédiatement attirés Weaver en Ellen Ripley l’un par l’autre, confie-ttrucidant des aliens. Un elle, mais ce n’est pas une choix plutôt judicieux, demoiselle en détresse vu le rôle qu’elle aura ROSA SALAZAR qu’il va sauver. Brenda à jouer dans le dernier connaît la Terre brûlée, opus de la trilogie. elle a été poursuivie par des zombies et elle s’est débrouillée pour survivre. Le Labyrinthe : La Terre brûlée Ils sont égaux, ils se lancent des défis. sortira en salle le octobre .

“BRENDA CONNAÎT LA TERRE BRÛLÉE, ELLE A ÉTÉ POURSUIVIE PAR DES ZOMBIES ET ELLE S’EST DÉBROUILLÉE POUR SURVIVRE.”


Wes Ball Auteur de Ruin, un court-métrage d’animation remarqué (et bientôt adapté

en film par 20th Century Fox), Wes Ball s’est retrouvé en quelques mois propulsé réalisateur de l’un des plus gros succès de 2014. Comment passe-t-on d’un courtmétrage à la réalisation d’une trilogie à raison d’un film par an ? Par hasard (rires). Tout s’est enchaîné à une vitesse complètement folle. Quand j’ai fini Ruin, j’ai immédiatement été contacté par la Fox, qui m’a proposé d’adapter mon court en long-métrage et m’a demandé si j’étais intéressé par l’idée d’adapter sur grand écran le livre de James Dashner, Le Labyrinthe. Quand nous avons fini de tourner le premier épisode, je pensais avoir un peu de répit, mais Wyck Godfrey, le producteur, a immédiatement demandé que l’on travaille sur la préproduction du deuxième volet. Il était persuadé que le film allait trouver son public et il ne s’est pas trompé.

ou trois minutes. Les décors, ici, font corps avec l’histoire. Il y a quelque chose de plus viscéral dans cet épisode. J’ai vraiment retrouvé le plaisir de passer du temps sur la conception de l’environnement. J’avais déjà amorcé ce travail dans mon court-métrage en créant un univers entier et toute une mythologie sans même une seule ligne de dialogue. Et j’ai réutilisé cette approche. Je suis très influencé par Star Wars. Créer des mondes, les rendre réels et crédibles, c’est très drôle. Et quand vous avez en plus la chance de tourner en décors réels, cela permet d’accéder à des choses que l’on ne peut pas forcément recréer en plateau.

Contrairement à des sagas plus classiques comme Twilight ou Hunger Games, il y a une vraie différence dans Le Labyrinthe : La Terre brûlée, un changement de décor complet. Cela a dû entraîner beaucoup de modifications dans votre manière de travailler. Oui, cela a ajouté des contraintes mais aussi plus de libertés. Dans le premier volet, tout se passe dans un univers clos qui est du coup très vertical. Dans cet épisode, au contraire, nous sommes dans des univers désertiques délabrés avec une prédominance des horizontales, ce qui change radicalement votre approche du tournage. Dans le précédent film, les textures étaient dans les verts ou les gris, et la dernière prise est emplie de teintes orange et de couleurs chaudes. Nous passons du vert luxuriant de la Louisiane à des couleurs plus orangées. Ce qui est curieux, c’est qu’en matière d’effets visuels, nous avons sans doute près de 200 plans en moins cette fois-ci. Mais les plans sont en revanche 10 fois plus complexes et beaucoup plus longs. Pour le premier volet, nous avions un très petit budget pour un film d’une telle envergure. Notre budget actuel n’est pas non plus gigantesque, mais notre méthode est de réduire partout les dépenses de façon à mettre en valeur certains plans en particulier. Les décors évoquent parfois Star Wars ou les films de Spielberg… Oui, tout à fait, c’était volontaire. Ce sont des décors qui perdurent et s’étalent devant nous petit à petit, contrairement à ceux du premier film qui n’apparaissaient que deux


DOSSIER PAN


L'AUTRE PAYS IMAGINAIRE À des années-lumière du film d’animation de Disney, Pan s’inspire très librement du conte de J. M. Barrie et donne un aperçu saisissant de l’histoire de Peter. TEXTE MAXIME BERRÉE


DOSSIER PAN

ême si Peter Pan est un ajout assez récent dans le paysage des contes populaires (l’adaptation en roman date de , alors que Cendrillon ou La Belle au bois dormant datent au moins du xve siècle), son rayonnement est incontestable dans la culture populaire. Et aujourd’hui, la nostalgie est aussi affaire de gros sous : Cendrillon et Maléfique avec des acteurs en chair et en os ont rapporté à eux deux plus de , milliard de dollars. Toutefois, le Pan de Warner n’est pas la simple resucée d’un vieux film d’animation à succès. En fait, c’est même un prequel pour le moins original : le film se déroule avant les événements du roman original de J. M. Barrie et ne raconte pas exactement l’histoire dont vous vous souvenez… Pas question de voir virevolter un garçon prépubère en collant vert, toute l’action a été transposée dans le Londres des années . Dans cette version, Peter (Levi Miller) n’est pas encore Pan : sans famille, il vit dans un orphelinat tenu par des nonnes peu chrétiennes qui, pour arrondir leurs fins de mois, vendent les gamins à une horde de pirates sans foi ni loi, menés par Barbe-Noire (Hugh Jackman). Et c’est là que le personnage de Peter Pan commence à naître. Ces pirates ont la particularité de voyager dans le temps et l’espace et forcent leurs victimes à creuser dans les mines du Pays imaginaire à la recherche du Pixum, une substance qui donne la vie éternelle. Arrivé dans la mine, Peter fait la connaissance d’un certain capitaine James Crochet (Garrett Hedlund), qui a toujours ses deux mains et avec qui il se lie d’amitié.

La naissance de Pan Sans aucun doute à la recherche d’un nouveau Harry Potter, Warner a validé

le scénario ambitieux de Jason Fuchs (dont le principal fait d’armes est d’avoir écrit l’histoire de… L’Âge de glace ), mais ce n’est pas sans arrière-pensées. Même si les films sont très différents visuellement, le thème de l’orphelin élu est un point commun indéniable. Une partie des origines de Peter sont dévoilées et elles ne sont pas très éloignées de celles de Harry : sa mère, Mary (Amanda Seyfried), l’a abandonné au fond d’un panier devant un orphelinat. Plus tard, au Pays imaginaire, Peter découvre la vérité sur son père, ainsi qu’une prophétie laissant entendre qu’il est « le Pan », c’est-à-dire celui qui guidera une rébellion contre Barbe-Noire. En plongeant dans son passé, cette version fait de Peter Pan un orphelin abandonné qui a des origines magiques. Bref…

Des personnages en devenir Hugh Jackman jouant le méchant, c’est à Hedlund que revient le rôle du charmant et malicieux Crochet. Après avoir noué une alliance avec Peter au Pays imaginaire, le présomptueux aventurier concocte un plan d’évasion avec lui. Quant à l’univers ébouriffant du Pays imaginaire, il est en rapport avec l’un des grands thèmes du film : pour Wright, ce monde est le produit de l’imagination du jeune

garçon. « J’adorais l’idée que tout le film soit une projection de l’imagination de Peter, un garçon qui grandit dans le Londres des années . C’est pour ça que le film fait référence au cinéma de cette époque. » À propos de Crochet, le réalisateur explique : « J’avais envie d’un personnage à l’ancienne. » Amateur de femmes – notamment de

la sirène interprétée par Cara Delevingne –, Crochet a une histoire d’amour avec Lily la tigresse (Rooney Mara). Alors que le choix de Rooney Mara a été contesté, Wright affirme qu’il a auditionné des actrices à travers toute la planète et qu’elle était la candidate idéale. « En fin de compte, Rooney me paraissait la plus à même d’endosser ce costume.

Pan sera-t-il une nouvelle saga à la Harry Potter ?


Hugh Jackman Pour son second rôle de méchant après Chappie,

Hugh « Wolverine » Jackman réussit le tour de force d’être méconnaissable. Crâne rasé, barbu, il incarne Barbe-Noire, l’homme qui a tout appris au Capitaine Crochet.

« Cela fait partie de l’héritage britannique, je ne peux pas le réduire à des bateaux en D. Nous avons créé trois bateaux gigantesques, fait venir des centaines de plantes. Il était important pour moi que le public soit fasciné par cette vision du Pays imaginaire. Je me souviens du roman de Barrie ; j’en avais gardé une impression de richesse et de profondeur que je n’ai pas retrouvée ailleurs. » Elle a quelque chose de noble, et pour tout dire, ajoute-t-il en riant, je n’aurais pas envie de lui faire des crasses ! Elle a un côté farouche. Toutes ces qualités me laissaient pressentir qu’elle était le meilleur choix. » Dans cette version, Lily la tigresse est une princesse guerrière qui se bat à l’épée contre Jackman. « Une bonne partie des combats ont lieu à mètres de haut sur des vergues à peine plus larges que des poutres de gymnastique, raconte Jackman. On a passé des semaines entières sur ces vergues ! C’était très intense, ce que nous avons fait, Rooney et moi. »

À l’ancienne, moussaillon Connu pour ne pas trop aimer les effets spéciaux et l’intrusion de la technologie dans les films, Joe Wright a fait construire des galions quasiment grandeur nature :

Une future saga? À la question « Le crocodile géant est-il bien présent ? » Joe Wright répond par l’affirmative : « Oui, l’ennemi juré de Crochet est bien là. Il y a beaucoup d’idées très chouettes qui sont en rapport avec le Peter Pan qu’on connaît. » « Malgré toutes les divergences avec l’histoire d’origine, il reste des éléments familiers de l’univers, et notamment le crocodile géant qui devient l’ennemi juré de Crochet », confirme Jackman. De son côté, Wright désirait garder une certaine distance entre le film et le roman : « Il y a un grand vide entre le moment où notre film se termine et le moment où le roman commence. Je suppose que les producteurs aimeraient bien remplir ce vide. Je ne sais pas. Je n’ai signé que pour ce film. » De quoi laisser imaginer une suite potentielle ?

Connaissiez-vous la véritable histoire de Peter Pan ? Oui, j’avais bien sûr vu le dessin animé de Disney, mais j’avais aussi lu l’histoire. Je ne me rappelle plus très bien dans quelles circonstances, mais je crois que tout le monde connaît cette histoire, non ? Votre personnage n’est pas très important dans l’histoire d’origine… Non, c’est le moins que l’on puisse dire ! C’est à peine une mention dans le livre. À la page 53 du livre de J. M. Barrie, il y a une ligne qui dit : « Crochet a appris tout ce qu’il sait comme quartier-maître de Barbe-Noire. » C’est tout ! Jason Fuchs, le scénariste, est parti de cette idée en se disant : « Revenons à la source. Comment Crochet est-il devenu le Capitaine Crochet ? Et s’il a tout appris de Barbe-Noire, faisons de Barbe-Noire le méchant de ce film. » Quand Joe Wright m’a parlé de son idée, il m’a montré une image, une photo de ma tête photoshopée avec une sorte de maquillage blanc craquelé, une perruque à la Marie-Antoinette et le costume de Louis XIV. Sur le tournage, tout se passait bien mais dans la réalité, avec ma boule à zéro, personne ne me reconnaissait. Les gens venaient me demander si je vendais de la drogue. Il semble qu’il y ait eu une grande liberté d’adaptation. En effet, Jason Fuchs a eu une grande liberté : il a déplacé l’histoire dans les années 1940 : Peter, tout bébé, est abandonné devant un orphelinat, puis il est enlevé par des pirates et emmené en bateau volant dans un Pays imaginaire totalement réinventé. Et sur le tournage, c’était la même chose. Même si Joe Wright est connu pour obliger ses acteurs à répéter toutes les scènes, cela ne nous empêche pas d’improviser. Pour mon entrée, je me suis mis à chanter Smells Like Teen Spirit façon Moulin rouge. Ce n’était pas dans le scénario. C’est sorti comme ça. On avait fait trois semaines de répétitions avec Joe et on en avait un peu assez des chansons de marins. Cela sonnait trop faux. Du coup, il a passé du vieux punk bien rageux.


DOSSIER PAN

oe Wright

VOULAIT GRANDIR... Cet amoureux de la littérature britannique, allergique aux effets numériques, ne s’était jamais aventuré sur le terrain du fantastique, mais ce voyage au Pays imaginaire s’est révélé pour lui un véritable retour en enfance. Confessions d’un réalisateur qui n’a jamais cessé de grandir… TEXTE DAMIEN VIRGITTI éjà adapté de nombreuses fois au cinéma, à la télévision et sur scène, Peter Pan raconte les aventures d’un héros qui n’a jamais réellement grandi. En ces temps où les classiques Disney connaissent une deuxième vie en film et où les héros se déclinent dorénavant à l’infini sur plusieurs volets, la Warner a donc choisi de se façonner un nouveau Harry Potter et s’est tournée vers le réalisateur Joe Wright pour lui confier les rênes de cette potentielle franchise. Si jusqu’ici le metteur en scène avait signé des adaptations réussies de classiques comme Orgueil et préjugés et Reviensmoi, retraçant déjà le parcours initiatique de personnes hors normes qui traversent le temps, il ne s’était encore jamais frotté au genre du fantastique. « Quand on m’a proposé le projet, je l’ai tout de suite envisagé, non pas comme le prequel du célèbre dessin animé de Disney, mais plutôt comme une relecture du conte original, écrit par J. M. Barrie au début du xxe siècle, précise Joe Wright. À l’époque où a été imaginée la pièce, le travail de Freud commençait à être de plus en plus reconnu, et cela se ressent particulièrement dans l’écriture, qui dépeint une

ambiance tellement étrange et surréaliste… L’auteur reste toujours très honnête sur la psychologie des enfants, et les émotions n’en sont que plus vraies. Il les décrit même comme étant d’une certaine manière des êtres sans cœur, ce qui est parfois proche de la réalité. Le film devait donc être vu à travers les yeux d’enfant de Peter, d’autant plus qu’il raconte avant tout l’histoire d’un garçon qui part à la recherche de sa mère… » Si le réalisateur a bien évidemment revu les nombreuses adaptations qui ont déjà été faites sur le sujet depuis , c’était pour mieux s’en écarter et proposer tout autre chose. « À mon sens, le conte doit être abordé d’un point de vue plus réaliste : je me suis inspiré de

la jungle du Vietnam pour l’île du Pays imaginaire ou encore des paysages du Mexique pour imaginer la caverne de cristal où se déroule le final. J’ai ainsi cherché à projeter différentes expériences dans ma représentation de l’univers décrit par J. M. Barrie, du théâtre de marionnettes de mes parents dans lequel j’ai grandi à mon amour des arts martiaux, en passant par mon voyage au Congo, ce qui, d’une certaine manière, est très enfantin comme façon de concevoir un film. Et cela correspond parfaitement au thème du livre. »

Peter Pan dans la peau Cherchant à transposer l’imaginaire d’un enfant de ans sur grand écran,

le réalisateur, âgé de ans, a dû renouer avec la part d’enfance enfouie en chacun de nous. « J’ai mis beaucoup de mon fils et de moi-même dans le personnage de Peter : il est un peu menteur mais reste très courageux, il sait parler aux enfants


Éternelle jeunesse Ou comment Peter Pan a fini par grandir un tout petit peu.

Peter Pan (1924) La première adaptation muette de Peter Pan, treize ans après la publication du conte de J. M. Barrie.

« Pan raconte l’histoire d’un garçon qui apprend à voler. » et surtout, comme indiqué dans le roman, il ne sait pas lire (j’étais moi-même dyslexique à l’époque). Il ne se sent donc pas très à l’aise dans le monde qui l’entoure et cherche à s’en échapper grâce à son imagination. Je ne suis toujours pas très à l’aise avec les mots, mais j’arrive à sculpter des images avec mes films tout comme Peter arrive à modifier la réalité… » Face à lui se dresse le cruel Barbe-Noire, méchant du film interprété par le méconnaissable Hugh Jackman. « C’est un némésis parfait pour Peter car il correspond à la part sombre de l’âge adulte, analyse Joe Wright. Ce chef des pirates cherche désespérément à être aimé, mais en même temps il rejette les gens et se retrouve perdu. Quand j’étais plus jeune, je me faisais régulièrement battre et j’ai fini par m’éteindre. Je suis devenu un peu rebelle et, quelque part, j’en suis venu à détester les enfants comme les pirates. C’est avec ce film que j’ai pu me reconnecter avec tout ça, tout en devenant père… » Pour le réalisateur, c’est cet antagonisme qui est au cœur du chemin

initiatique du film : « C’était important d’avoir un méchant en trois dimensions : on doit pouvoir sympathiser avec lui, le comprendre, pour mieux l’affronter… un peu à l’image des épreuves du film que nous avons dû surmonter ! »

À l’abordage des effets spéciaux Wright a en effet toujours été partisan d’un cinéma artisanal, tournant souvent ses films dans un décor unique et privilégiant les effets spéciaux en direct. « La photographie n’est pas faite pour être tapeà-l’œil, mais discrète, légère, et pour danser et évoluer avec ce qui se joue », avait-il même déclaré à l’époque d’Anna Karenine, son précédent film. « Je pensais ne jamais m’en sortir avec les effets spéciaux, car je suis mal à l’aise avec tout ce qui touche aux chiffres et aux ordinateurs, avoue Joe Wright. La bataille finale, notamment, avec ces deux vaisseaux qui tentent de s’emparer du royaume des fées, nous a pris plus d’un mois à tourner ! Il y avait six décors différents et il fallait trouver comment interagir avec tout ça au tournage et au montage. D’autant que

je trouve ces séquences habituellement assez ennuyeuses. J’ai donc essayé au maximum d’impliquer émotionnellement le spectateur pour transcender ce genre de séquences techniques. Au final, c’était très libérateur de pouvoir s’appuyer sur les effets spéciaux : les possibilités sont démultipliées, tout comme les angles de caméra ! Travailler parmi les grands garçons de Hollywood fut vraiment une expérience enrichissante. » Un rêve de gosse devenu réalité pour Joe Wright, et qui serait, selon lui, au centre même du film : « Pour moi, Pan ne raconte pas l’histoire d’un enfant qui ne veut pas grandir, mais celle d’un garçon qui apprend à voler, rectifie-til. Durant toute mon enfance, je devais compter le nombre de spectateurs qui venaient au théâtre de mes parents et j’ai donc rapidement compris le besoin de toucher différents publics. Je me suis souvent trouvé en dangereuse position quand j’étais jeune, et tourner ce film de studio m’a également donné cette impression. Et même si c’est une superproduction, Pan ressemble bien aux films que je sais faire et il est prêt à prendre son envol… » Pan sortira en salle le octobre .

Peter Pan (1953) Le film classique par excellence, qui marque la dernière collaboration des « Neuf Sages de Disney ».

Hook (1992) La rencontre improbable entre Dustin Hoffman, Robin Williams et Steven Spielberg.

Peter Pan 2 (2002) Le reboot raté de Disney qui a surtout donné naissance à la série des Fées Clochette.

Neverland (2003) Une nouvelle adaptation du conte de J. M. Barrie.


DOSSIER PHANTOM BOY

Phantom Boy

UNENOUVELLE NUITAMÉRICAINE Loin des films d’animation actuels aux designs normalisés, Phantom Boy rend hommage aux grands classiques du comics, tout en assumant son identité française. TEXTE STEVENAUMANN ans une année aussi chargée en matière d’animation, difficile de se démarquer des grands studios américains. Phantom Boy est pourtant l’un des événements cinéma de l’automne. On se souvient que la cérémonie des Oscars avait été le témoin du triomphe du cinéma français avec la consécration de e Artist, mais il ne faut pas oublier que deux animateurs français étaient également présents : Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, les réalisateurs d’Une vie de chat,

nommé dans la catégorie « meilleur film d’animation ». Un film plébiscité dans le monde entier et qui demeure une œuvre à part, considéré comme l’un des seuls films noirs pour toute la famille.

d’Alex, un policier un peu rustre. Avec l’aide de la journaliste Mary, ils partent à la poursuite de l’Homme au visage cassé, génie du crime qui a pris Manhattan en otage grâce à un virus électronique.

Une vie de patient

Un comics animé

Cette fois-ci, Gagnol et Felicioli s’attaquent avec Phantom Boy au genre du fantastique et mettent en scène un garçon aux pouvoirs extraordinaires. Clairement influencé par les grandes années de Stan Lee, Phantom Boy se veut comme « un film de superhéros réalisé par des Français » et s’impose comme un polar fantastique original. Si le design n’a rien à voir avec les productions made in Marvel ou DC, l’atmosphère et le scénario n’en restent pas moins un rappel de l’âge d’or des années . Léo est un jeune garçon de ans atteint d’une maladie grave (jamais véritablement nommée). Hospitalisé afin d’entamer un nouveau protocole, il garde une volonté de vivre à toute épreuve. D’autant qu’il possède un pouvoir fantastique : celui de quitter son corps. Son fantôme peut alors voler dans la ville entière, sans être vu ni entendu et pendant un temps déterminé. C’est lors de l’un de ses voyages astraux qu’il fait la connaissance

Gagnol et Felicioli ne cachent pas leurs influences. L’Homme au visage cassé pourrait être un cousin éloigné du Joker du Batman de Tim Burton, là où Léo rappelle un jeune Peter Parker épris de justice ou encore la dernière version de Shazam. Tout comme leurs modèles, les auteurs ont su mêler fantastique avec histoire du quotidien, l’ordinaire flirtant avec l’extraordinaire. Si l’intrigue principale permet d’enchaîner des scènes d’action et de suspense, le spectateur porte toute son attention sur le véritable combat du film : celui d’un garçon contre la maladie. Il est particulièrement intéressant de voir le travail des réalisateurs réussissant à porter l’identification du spectateur sur le personnage le plus jeune. Et comme dans tout bon comics, la ville fait partie des protagonistes de l’histoire. Le New York de Phantom Boy est certes parfaitement fantasmé ; on retrouve les gratte-ciel de King Kong ou les

L’ATMOSPHÈRE ET LE SCÉNARIO DE PHANTOM BOY SONT UN RAPPEL DE L’ÂGE D’OR DES ANNÉES 1960.


Le studio Folimage Le studio Folimage est aujourd’hui l’un des plus importants studios d’animation au monde. Depuis La Prophétie des grenouilles en 2003 et ses nombreuses distinctions, le studio français prouve que l’animation française sur grand écran se porte bien et ne cesse de défendre un savoirfaire évident. Présenté à la Berlinale puis au Festival d’Annecy en 2010, Une vie de chat a notamment été nommé aux César 2011 dans la catégorie « meilleur film d’animation ». La France est, depuis des décennies, l’un des trois plus grands producteurs d’animation avec les États-Unis et le Japon. Et, afin de garder cette place, elle doit continuer à se démarquer en proposant des œuvres aussi ambitieuses et originales.

avenues de Scorsese. La géographie de la ville est pourtant très lisible et réaliste. Quiconque connaît Manhattan peut reconnaître chaque recoin visité par Léo, se faufilant entre les buildings imposants et écrans géants colorés.

Patte française Alors, a-t-on affaire à un simple hommage au cinéma américain ? Impossible de se limiter à un tel constat. Tout d’abord, le film fait la part belle à l’animation D, délaissée outre-Atlantique. Cette animation dite « traditionnelle » est surtout faite main, réalisée sur papier Canson. Les traits des artistes aux craies pastel sont visibles à l’écran. Le grain du papier donne à l’image une identité forte et une fragilité bienvenue, en opposition au cinéma de consommation actuel. Demeure également une esthétique propre aux artistes français. Les dessins de Felicioli se démarquent du cartoon et donnent une sensation de proximité, signature de l’artiste. Comme dans Une vie de chat, on a l’impression de connaître les personnages depuis toujours. Ce sentiment est renforcé par l’humour « déjà vu » tout au long du film et un doublage réalisé par des comédiens connus pour leurs voix reconnaissables entre toutes : Édouard Baer, Jean-Pierre Marielle ou encore Audrey Tautou. Phantom Boy sortira en salle le octobre .


DOSSIER PARANORMAL ACTIVITY 5

Oren Peli

ACTIVITÉS PAS TRÈS NORMALES « Tous les secrets seront révélés », annonce Paranormal Activity 5. C’est ce qu’a voulu vérifier Popcorn auprès du créateur et producteur Oren Peli, alors que la saga horrifique tire sa révérence et fait sa révolution… en 3D. TEXTE VINCENT JULÉ aranormal Activity est l’une des franchises horrifiques les plus lucratives, et devrait avec son cinquième et ultime épisode, Ghost Dimension, dépasser son concurrent et contemporain Saw pour toucher du doigt le milliard de dollars de recettes mondiales. En , le premier battait déjà tous les records et devenait le film le plus rentable de tous les temps, avec dollars de budget pour près de millions au box-office. « À l’époque, je n’aurais jamais imaginé que Paranormal Activity devienne un phénomène ou connaisse des suites, se rappelle le réalisateur Oren Peli. C’était mon premier film, je ne savais pas vraiment ce que je faisais. Au mieux, je rêvais qu’il sorte un jour en salle. » Depuis son plus jeune âge, Oren est terrifié par les fantômes, et même par des films comme SOS Fantômes. Lorsqu’il emménage, seul, dans sa première maison, la nuit devient son pire cauchemar : il est à l’affût de chaque bruit, de chaque craquement. Il décide alors d’exorciser ses peurs avec un film. Pendant un an, l’apprenti cinéaste prépare sa maison pour le tournage, repeint les murs, construit un escalier, achète des meubles. Il en profite également pour faire des recherches sur la démonologie et les phénomènes paranormaux, avec l’idée de faire un film le plus plausible possible. « C’est pour cette raison que



DOSSIER PARANORMAL ACTIVITY 5

“Honnêtement, je n’avais pas envisagé d’élargir l’univers ni de créer une mythologie.” j’ai choisi le found footage à l’époque, je voulais être dans le ressenti, dans l’intime. Il faut avouer aussi que je ne pouvais pas montrer grand-chose, je n’avais pas le budget. » Dès sa première projection, au Screamfest Horror Film Festival, le film attire l’attention, tout d’abord du producteur Jason Blum, puis de DreamWorks. La légende veut que Steven Spielberg se soit retrouvé enfermé chez lui après avoir vu le film et qu’il ait rapporté le DVD dans un sac-poubelle affirmant qu’il était possédé. Nous sommes en , soit deux ans avant sa sortie officielle. L’idée est alors d’en faire un remake, toujours sous la direction d’Oren Peli. Ce dernier accepte, à la condition qu’une projection test de l’original soit organisée avec un vrai public. Il est sûr de son petit effet. Mais les spectateurs sortent de la salle les uns après les autres devant le boss de DreamWorks, affolé. En fait, ils ne trouvent pas le film nul, juste effrayant. Mission accomplie. Le remake est ainsi abandonné, mais la Paramount, qui détient DreamWorks depuis et achète les droits d’exploitation du film, décide de tourner une nouvelle fin. Cette version offre un dernier jump scare, et change le destin de l’héroïne, Katie. Elle est toujours vivante, toujours possédée.

Des suites dans les idées « Après le carton surprise de Paranormal Activity, la Paramount a tout de suite voulu continuer, raconte Oren Peli. C’était leur décision, pas la mienne. Honnêtement, je n’avais pas envisagé d’élargir l’univers ni de créer une mythologie. Ce n’est qu’après avoir entendu les idées pour la suite que je me suis dit « peut-être, pourquoi pas ». Mais il fallait que le film s’accorde naturellement avec le premier. Chaque épisode a été pensé dans cette optique, individuellement, avec tout de même une mythologie de plus en plus présente à partir du troisième opus. Le passé de Katie, sa sœur Kristi, la secte, les sorcières… tout le crédit revient au scénariste Christopher Landon, qui a également réalisé le spin-off Paranormal Activity: e Marked Ones (et qui sera bientôt à l’affiche avec sa nouvelle réalisation, la comédie zombie Manuel de survie à l’apocalypse zombie). » À l’instar de James Wan sur la saga Saw, Oren Peli laisse sa chaise de réalisateur dès Paranormal Activity . Pourquoi ? « Je sortais de quatre années chargées et épuisantes. À faire un film, bien sûr, mais aussi à chercher comment le distribuer. Après la sortie et le succès, je n’avais plus rien à prouver. Je n’ai pas ressenti le besoin d’en écrire ou d’en réaliser un autre, donc j’ai préféré passer le flambeau tout en restant très impliqué au niveau de la production. »


de la franchise et explique peut-être pourquoi le film a pris du retard. À l’origine, Paranormal Activity devait sortir à l’automne , avant d’être repoussé par deux fois. Il y a fort à parier qu’après les « mauvais » résultats de Paranormal Activity et de e Marked Ones au box-office américain, la Paramount a revu sa copie et voulu créer l’événement. « Pour ce qui est de l’histoire, du décor et de la peur, les fans retrouveront ce qu’ils ont toujours aimé dans la franchise, mais ils risquent d’être surpris par la forme et par la D », assure Oren Peli. Saw avait aussi tout misé sur le relief pour son grand final, une comparaison dont se serait bien passé Paranormal Activity. Du moins artistiquement, car le film avait connu un sursaut au box-office par rapport aux opus précédents. Paranormal Activity : Ghost Dimension devrait connaître un destin similaire, avec une critique démissionnaire, un public au rendez-vous… « et peut-être un remake ou un reboot dans quelques années », conclut Oren Peli, mi-sérieux, mi-ironique, et pas mécontent de clore ce chapitre de sa carrière. Devenu une marque, Paranormal Activity a tenté, tant bien que mal, de capitaliser sur son mystère (Qu’est-il arrivé à Katie ? Quelle est l’origine du démon ?), ses thématiques (une maison, une famille, l’Amérique) et surtout son dispositif formel, le found footage. À ce petit jeu, le duo Henry Joost-Ariel Schulman (le documentaire Catfish) s’en sort le mieux et fait preuve d’une réelle inventivité pour renouveler le genre, qu’il s’agisse de fixer une caméra sur un ventilateur et de jouer avec les angles morts dans Paranormal Activity ou d’utiliser les nouvelles technologies (webcam, iPhone, Kinect) dans le suivant.

Montrer l’invisible Avec Ghost Dimension, non seulement la franchise tire sa révérence, mais elle fait aussi sa révolution. Mieux vaut tard que jamais. « Nous étions jusquelà dans une horreur suggérée, explique le créateur et producteur. La peur était liée aux choses que tu ne vois pas. Mais les années ont passé, les films aussi, et les fans ont besoin de nouveauté, de surprise. Il ne fallait surtout pas qu’ils se disent “Oh, encore un Paranormal Activity”. Nous avons donc décidé de montrer l’invisible, “l’activity”. » Lors de leur emménagement dans leur nouvelle maison à Palo Alto, une nouvelle famille, les Fleege, découvre dans le garage une boîte remplie de vieilles VHS sur lesquelles apparaissent les toutes jeunes Katie et Kristi, mais également une étrange caméra. Après quelques réglages, celle-ci permet de voir l’au-delà, la fameuse « dimension fantôme ». Le tout en D ! « Pour ce dernier épisode, le studio était très confiant et voulait en mettre plein la vue, donner au public ce qu’il veut voir depuis le début. Le démon Toby ! À quoi il ressemble, comment il se déplace… Et nous avons le budget, nous travaillons avec ILM, nous pouvons donc faire les choses bien. » Un virage spectaculaire, qui contredit un peu l’essence

Paranormal Activity sortira en salle le octobre .

Area 51, le film perdu « Je ne préfère pas m’exprimer sur Area 51. J’ai beaucoup de choses à dire, mais je ne peux pas pour l’instant. » Ambiance. Au moment même où Paranormal Activity triomphe au box-office à l’automne 2009, Oren Peli bosse déjà sur son prochain film en tant que réalisateur. Un nouveau found footage, sur la mystérieuse zone 51, qu’il tourne en secret avec un petit budget et des acteurs inconnus. Puis plus rien, pas d’images, de bande-annonce ou de date de sortie. Bien qu’il se soit prévendu dans le monde entier, Area 51 devient une arlésienne, sur laquelle il est difficile d’avoir des informations. Le projet refait parler de lui en 2013 à l’occasion de reshoots. Oren Peli confirme : « Il y a bien eu une session de reshoots, mais en 2011. Depuis, je n’ai plus touché au film. Il est entre les mains de la Paramount. » De mieux en mieux. L’incontournable Jason Blum est le seul à s’exprimer sur le sujet, et il maîtrise la langue de bois : « Le film est en postprod, […] il sortira très bientôt », etc. Finalement, six ans après son tournage, Area 51 est enfin visible le temps d’un week-end dans un circuit limité de salles américaines (box-office : 7500 dollars !), puis disponible sur les platesformes de VOD. Difficile de juger à partir de ce montage, qui n’est donc pas le director’s cut, mais force est de constater que le film n’est qu’un found footage de plus, un énième direct-to-DVD, et donc un non-événement.


DOSSIER LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES


LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES

En attendant de reprendre son rôle fétiche de chef de meute dans Fast & Furious 8, Vin Diesel incarne Kaulder, un tueur immortel, torturé et solitaire, traquant la Reine des sorcières. TEXTE BENOÎT MAURER

F

igure emblématique de la saga Fast & Furious, Vin Diesel ne ressemble pas vraiment au geek de base. Avec son crâne rasé, sa voix de stentor reconnaissable entre mille et sa silhouette travaillée au quotidien dans les salles de sport, difficile de l'imaginer en train de jouer à des jeux de rôle pendant des heures ou lisant des romans de fantasy. Et pourtant, l'acteur qui affiche aujourd'hui 48 ans au compteur est un inconditionnel de Donjons & Dragons au point d'avoir écrit la préface du livre anniversaire sorti en 2004.

« Ce jeu a profondément changé ma vie. Cela fait maintenant vingt ans que j'y joue et cela a vraiment construit mon approche du cinéma », a-t-il expliqué à Total Film. Dans Wired, il raconte une anecdote : « Pendant le tournage des Chroniques de Riddick, j'avais apporté le jeu sur le plateau et j'ai appris à l'équipe comment y jouer. C'était plutôt drôle de voir Judi Dench découvrir cet univers. » Si Vin Diesel adore la fantasy, il aura fallu attendre Breck Eisner, le réalisateur de The Crazies, et du Dernier Chasseur de sorcières pour enfin apprécier l'acteur dans ce genre. « J'ai toujours voulu tourner dans un film de fantasy, mais personne ne m'a jamais rien proposé d'intéressant. Même si Riddick était influencé par la fantasy, cela restait un film de science-fiction. Avec Le Dernier Chasseur de sorcières, je peux pour la première fois incarner un personnage immortel et m'amuser avec une grosse épée, soulignet-il dans SciFiNow. J'avais besoin d'une pause après

le tournage de Fast & Furious 7. Le tournage a été très éprouvant, j'étais rincé, il y a eu la mort de Paul. Bref, il fallait que je travaille sur un projet plus calme. Et je crois que le public comprendra pourquoi j'ai choisi de faire ce film après l'année que je viens de passer. »

La malédiction Difficile en effet de ne pas faire le lien entre Vin Diesel et le personnage de Kaulder, un chasseur de sorcières qui a vu mourir les siens et qui a été maudit par la Reine des sorcières. Dans la tradition de Highlander pour le cinéma ou de L'Habitant de l'infini (de Hiroaki Samura) pour le manga, Le Dernier Chasseur de sorcières parle avant tout de la malédiction que représente l'immortalité et de la solitude qui en découle. Né au xiiie siècle, Kaulder est le dernier rejeton d'une lignée dont la mission était de détruire toute trace de sorcellerie. Des temps obscurs que le film aborde en toute franchise, comme il l'explique à SciFiNow : « Ce qui


DOSSIER LE DERNIER CHASSEUR DE SORCIÈRES

est important pour moi dans la fantasy, c'est la façon dont ce genre s'attaque à notre modernité. Le but n'était pas de montrer uniquement des combats avec des grosses épées, mais bien de parler de ce que l'Inquisition voulait dire à cette époque et, par extension, de ce que cela signifie aujourd'hui. C'était l'une de mes premières volontés en faisant ce film : montrer qu'à travers l'histoire, les concepts de “sorcière” et de “chasseur” étaient souvent une excuse pour opprimer une certaine catégorie de personnes. Femmes, juifs, musulmans, chrétiens... Ceux qui sont “différents“ et qui ne conviennent pas à un ordre établi. »

Une alliance contre-nature Kaulder prend en effet conscience de tout le mal qu'il a pu causer. Car s'il est toujours question d'exterminer une bonne fois pour toutes les forces des ténèbres et de trucider à nouveau la Reine des sorcières, Kaulder est contraint de s'allier avec Chloe (Rose Leslie de Game of rones), une magicienne. « Elle est vraiment ultradouée, je pense même qu'elle me vole la vedette (rires) ! Quand les studios sont venus me voir pour me proposer ce rôle de tueur rongé par la douleur d'avoir perdu les siens et qu'ils m'ont expliqué que j'allais jouer avec la meilleure actrice de Game of Thrones et le meilleur acteur du Seigneur des anneaux et de Batman, je n’ai pas hésité une seule seconde. » Elijah Wood (Frodon dans Le Hobbit et Le Seigneur des anneaux) et Michael Caine (Alfred dans Batman Begins) complètent en effet le casting. « Voir Michael Caine et Elijah Wood sur le même plateau, habillés en prêtres, c'était vraiment drôle. J'ai beaucoup parlé avec Elijah de son rôle de Frodon. J'ai tellement regardé les films

de Peter Jackson que j'avais tout un tas de questions et j'ai fait mon geek (rires). Il y a quelque chose que les gens ne comprennent pas s'ils ne jouent pas aux jeux de rôle, c'est que, contrairement aux idées reçues, des jeux comme Donjons & Dragons vous ouvrent l'esprit. Vous ne pouvez pas prendre votre pied si vous ne laissez pas courir votre imagination. Quand vous entrez dans cet univers ou quand vous découvrez Tolkien, vous ressentez cette immense liberté. Tout est possible, et la seule chose qui vous

Et Fast & Furious 8 ? Prévu pour une sortie en avril 2017, le huitième épisode de la franchise n'a toujours pas de réalisateur attitré. Après Fast & Furious 7, James Wan avait jeté l'éponge et décliné l'offre d'Universal pour un FF8 (il tourne en ce moment la suite de Conjuring). La faute à un tournage monstre de deux ans, une pression continuelle et des rapports avec Vin Diesel « compliqués ». L'acteur, aussi producteur, est connu pour être perfectionniste, s'immisçant dans tous les détails jusqu'à ralentir la production du film. Si Chris Morgan travaille toujours d'arrache-pied sur le scénario, Universal a bien du mal à trouver un réalisateur qui osera relever le défi. Mais le jeu en vaut la chandelle : FF7 a rapporté plus de 1,5 milliard de dollars au box-office mondial, soit près du double de l'épisode précédent.


Si Vin Diesel adore la fantasy, il aura fallu attendre Le Dernier Chasseur de sorcières pour enfin apprécier l'acteur dans ce genre. vient à l'esprit, c'est d'en savoir plus. » Un état d'esprit à l'œuvre dans Le Dernier Chasseur de sorcières puisqu'il est déjà question de développer une suite : « Nous sommes très contents du résultat. Et nous avons encore plein d'idées à explorer. J'ai vraiment envie de continuer dans la fantasy, qui m'a tant apporté dans ma vie personnelle. Après, tout sera fonction de mon emploi du temps. » Et quand on voit le planning de Vin Diesel, le troisième acteur le mieux payé au monde en 2015 (derrière Robert Downey Jr. et Jackie Chan), on imagine que caser un tournage entre Fast & Furious 8, Les Gardiens de la Galaxie 2 (même si son rôle se limite à incarner la voix de Groot) et xXx 3: The Return of Xander Cage, dont le scénario serait enfin fini, va être un chouia compliqué.

Action et fantasy Comme d'habitude (cf. encadré ci-contre), l'acteur n'a pas pu s'empêcher de mettre son grain de sel dans le script et le tournage en demandant au réalisateur, Breck Eisner, de faire quelques modifications pour augmenter l'impact des scènes d'action : « Nous avons réussi quelques prouesses. Il y a cette scène super belle où je me retrouve avec une sorte de bouteille de propane accrochée dans le dos. Et là, le réalisateur hurle “action”, et la seule chose qu'il me reste à faire, c'est d'appuyer sur le bouton pour que mon épée s'embrase. C'était démentiel, je n'ai jamais ressenti une telle sensation. » Le Dernier Chasseur de sorcières sortira en salle le octobre.


DOSSIER ASH VS EVIL DEAD


Ash vs Evil Dead

ÇAVA CHARCLER ! Evil Dead, saga culte des années 1980, passée à la moulinette d’une série télé ? Sacrilège ! Pas si vite… Au vu des premières images et de l’implication de Sam Raimi dans le projet, il y a fort à parier que cette nouvelle aventure de Bruce Campbell fera date. TEXTE JULIEN SÉVÉON i vous aviez dit à Sam Raimi en que son Evil Dead allait devenir un succès planétaire et qu’il engendrerait pas moins de deux suites et même une série télé, il vous aurait assurément répondu de manière joviale l’équivalent anglais de : « Et mon cul, c’est du poulet ? » Par ailleurs, même pour les fans de la première heure, qui découvrirent le longmétrage lors du Festival du film fantastique de Paris, il était difficilement concevable que Evil Dead réussisse à quitter son statut de film culte que l’on partage uniquement entre initiés. Qui aurait en effet pu imaginer que cette petite production, tournée avec l’équivalent du budget café du dernier Schwarzenegger, allait devenir un jour un tel phénomène ? Ou que son acteur principal, Bruce Campbell, deviendrait une figure reconnaissable par tous (ou presque) de la culture pop américaine ? Pourtant, trente-

quatre ans plus tard, la chaîne câblée Starz s’apprête à lancer la série télé Ash vs Evil Dead le octobre. Une date qui n’a bien évidemment rien de fortuit !

Roi des années 1980 Aujourd’hui, Sam Raimi n’a plus grandchose du post-adolescent qui était venu à Paris, puis à Cannes, au début des années pour présenter Evil Dead. Depuis, il est devenu un producteur de séries à succès, telle Xena, la guerrière, et de longs-métrages, comme les adaptations de e Grudge, jours de nuit ou Poltergeist. Il n’a pas lâché la réalisation pour autant, même si celle-ci ne figure plus parmi ses priorités ; certains admirateurs considèrent néanmoins qu’il a vendu son âme en réalisant la trilogie Spider-Man. Ici aussi, que de chemin parcouru ! Du trash do it yourself d’Evil Dead à une production de quelque millions de dollars mettant en scène une icône vénérée par des tonnes de

ENTRE LE TRASH DO IT YOURSELF D’EVIL DEAD ET LA TRILOGIE SPIDERMAN, SAM RAIMI EN A PARCOURU DU CHEMIN !


DOSSIER ASH VS EVIL DEAD

Dead révélait tout son potentiel sur fans… Malgré tout, pour beaucoup le grand écran des drive-in. Il était fait d’entre eux, Sam Raimi reste et restera pour ça. Puis, ces derniers ont disparu. à tout jamais attaché au film qui l’a Pour moi, Evil Dead incarnait le film lancé et fait connaître. Le réalisateur de drive-in parfait : on y en est lui-même allait avec ses potes, on conscient ; un quatrième passait un super moment, Evil Dead était en cours on regardait le film avec de réflexion depuis un minuscule baffle quelques années. Un vrai, placée à l’intérieur de la pas l’espèce de suite/ voiture. […] On aurait reboot/remake sans pu croire que l’on allait saveur de Fede Alvarez y perdre avec le drive-in, sorti en que Raimi mais je pense que les a produite. Non, une Evil Dead n’étaient pas véritable suite, gardant taillés pour les salles l’esprit foutraque et SAM RAIMI de cinéma, elles sont grand-guignolesque trop sophistiquées. Bien développé par Raimi, et que je n’aie pas encore vu ce que ça mettant en scène le seul et unique héros donnait à la télé, je pense qu’Ash vs de la série, Ash, alias Bruce Campbell. Evil Dead a trouvé sa place sur Starz. L'esprit drive-in C’est comme une nouvelle version Cette suite, c’est donc le petit écran du drive-in, sur petit écran », a-t-il qui l’accueillera. Selon Raimi, les confié à Entertainment Weekly. raisons de ce choix sont en premier lieu financières, les films n’ayant pas bien Le vieil Ash fonctionné au cinéma. Une explication Outre son rôle de producteur, Raimi quelque peu vaseuse quand on sait ne s’est impliqué que dans le tournage qu’Evil Dead a récolté, au box-office du tout premier épisode, histoire américain, le double de son budget. de donner un minimum de crédibilité Quoi qu'il en soit, l’argent n’est pas à la série. Beaucoup de temps s’est étranger à cette décision : en tournant donc écoulé entre le troisième volet, pour la télévision, Raimi peut en effet L’Armée des ténèbres, et le pilote. débourser une somme moins importante Ash, lui, n’a pas beaucoup changé. tout en remportant beaucoup plus Il a toujours une grande gueule, mais que son investissement. Le réalisateur il n’est plus tout jeune et de multiples pense d’ailleurs que le futur de la saga problèmes de santé lui pourrissent ne pouvait se faire qu’à la télé. « Evil la vie : il est bedonnant, il porte un

“ASH VS EVIL DEAD A TROUVÉ SA PLACE SUR STARZ. C’EST COMME UNE NOUVELLE VERSION DU DRIVE-IN, SUR PETIT ÉCRAN.”

dentier… et Raimi va même jusqu’à dire qu’il porte peut-être des couches suite à des problèmes d’incontinence ! Notre antihéros bosse toujours dans un drugstore, cherchant à oublier et à éviter les événements surnaturels qui lui ont gâché l’existence. Mais sa maladresse quasi légendaire va de nouveau réveiller les forces démoniaques et faire déferler les ténèbres sur notre monde. Devant reprendre du service, il est aidé dans sa quête par son collègue, Pablo Simon Bolivar (Ray Santiago), un


immigré clandestin, fils d’un chaman, et Kelly Maxwell (Dana Delorenzo), une chouette fille qui va néanmoins se retourner contre le duo lorsqu’elle se fait posséder par les forces des ténèbres. Les démons et zombies en tout genre que le trio devra affronter ne sont pas les seuls à vouloir les éliminer, deux humaines y sont aussi bien déterminées : Amanda Fisher (Jill Marie Jones ; Cynthia Irving dans Sleepy Hollow), une flic, et Ruby Knowby (Lucy Lawless ; Xena elle-même), qui pense que Ash est responsable du chaos ambiant. Ce qu’il est, concrètement. Sauf qu’il n’a rien de démoniaque et qu’il cherche bel et bien à en finir avec les monstres.

Une équipe d’habitués Ash vs Evil Dead permet à Raimi de retravailler avec toute une bande qu’il connaît bien depuis des années, outre donc son pote Campbell et la féroce Xena. L’équipe derrière la caméra est en effet composée de nombreux habitués de ses films et/ou de ses productions. On retrouve son partenaire financier de toujours, Robert Tapert ; son frère, Ivan, sous la casquette de coproducteur exécutif ; le compositeur Joseph LoDuca, responsable de la BO de ses trois Evil Dead et de tonnes d’épisodes télé de Xena ; le directeur de la photo John Cavill, un autre échappé de Xena ;

Roger Murray, qui s’était chargé des effets spéciaux du nouvel Evil Dead… Le tournage, quant à lui, s’est déroulé en Nouvelle-Zélande – comme Xena et Hercule –, une destination de plus en plus prisée par les cinéastes américains qui trouvent sur place des équipes talentueuses (la série emploie de fait beaucoup de locaux) et, surtout, des conditions financières bien plus intéressantes (taxes, salaires, etc.). La première saison, composée de épisodes, a été prise en main par plusieurs réalisateurs habitués de la télévision : Michael J. Bassett (épisodes et ), David Frazee (épisodes et ), Michael Hurst (épisodes et ), Tony Tilse (épisodes et ) et Rick Jacobson (épisode ). Et le gore dans tout ça ? Ash vs Evil Dead promet de ne pas trahir l’esprit des films et de livrer des hectolitres d’hémoglobine. La chaîne n’aurait appliqué aucune censure ni limite aux ambitions (sanguinolentes ou non) de Raimi ; les fans devraient donc en avoir pour leur compte. Le show lui-même surfera entre l’ambiance purement horrifique du premier film et le côté potache des deux suites. Et, bien naturellement, Ash brandira de nouveau sa marque de fabrique : une tronçonneuse ! À quand une série Halloween ou Massacre à la tronçonneuse ?


DOSSIER DRIVE-IN

Drive-in

LEBISDANS TOUSSES ÉTATS À l’occasion de la sortie du livre de Régis Dubois sur le cinéma au drive-in aux éditions IMHO, petit retour sur un phénomène unique au monde ! TEXTE JULIEN SÉVÉON a-t-il une image qui symbolise mieux le cinéma américain que ces alignements de voitures garées devant un écran géant ? Et pourtant, les projections en plein air ne sont en rien une invention américaine, bien au contraire : aujourd’hui encore, elles sont, dans de nombreux pays, le seul moyen de diffuser des films, faute d’infrastructures. Seul le fait d’aller en voiture assister à la projection d’un film sans mettre les pieds dehors est typiquement américain. Et quelle idée ! Les drive-in sont le fruit d’une culture qui a fait de la voiture un fondement social, et du cinéma le divertissement par excellence. Dans l’imaginaire collectif, les drive-in sont à tout jamais liés aux années et , dont ils sont devenus un authentique symbole. Le phénomène est pourtant plus ancien et les premières tentatives en la matière remontent aux années .

Les Anges de l'enfer (1967)

Freaks : La Monstrueuse Parade (1932)

I Was a Teenage Werewolf (1957)


Piranhas (1978)

La Femme Guêpe (1959)

Dans l’imaginaire collectif, les drive-in sont à tout jamais liés aux années 1950 et 1960.

Linda and Abilene (1969)

Une invention née du hasard Claude Vernon Caver, un Texan pure souche, s’implique dans la diffusion de films dès la fin des années . Dans la petite ville de Comanche, située quasiment au centre du Texas, Caver est en charge

du seul cinéma de la ville. Ce dernier doit, en , subir des travaux pour être modernisé. Craignant que cette fermeture temporaire éloigne son public, Caver obtient de la mairie l’autorisation de dresser un écran sur la pelouse du Palais de justice local, située

juste de l’autre côté de la rue. C’est ainsi qu’il se lance dans une projection en plein air, à laquelle les habitants de la ville vont venir assister... dans leur voiture. Selon toute vraisemblance, ce n’est pas un choix délibéré de la part de Caver, mais le moyen que les habitants du coin ont trouvé pour assister gratos à la projection du film ! On ne saura probablement jamais toute l’histoire vu que Claude Caver est mort pour ainsi dire dans l’anonymat et que pas un seul ouvrage de cinéma ne faisait état de son nom – même ceux consacrés au drive-in.

Pourtant, qu’il l’ait souhaité ou non, cet événement marque la toute première projection en drive-in.

L’expansion des drive-in Il faudra attendre près d’une décennie pour que cette idée se développe à grande échelle. C’est dans l’état du New Jersey que Richard Hollingshead installe en le tout premier drive-in officiel – un concept pour lequel il a déposé un brevet l’année précédente. Durant la décennie suivante, le phénomène s’étend dans plusieurs autres États et touche apparemment un


DOSSIER DRIVE-IN The Wizard of Gore (1970)

Joe Dante et sa créature fétiche, un Gremlin

On vient au drive-in pour voir un film, mais aussi pour manger et discuter. public particulier, si l’on doit en croire un article du Dallas Morning News datant de et publié à l’occasion de l’ouverture du premier drivein de Dallas, le Northwest Hi-Way Drive-in eater : « Selon M. Underwood (propriétaire de la salle, ndlr), % des gens qui viennent aux drive-in ne vont jamais au cinéma. Cela inclut des personnes avec des enfants qu’ils ne peuvent donner à garder, des handicapés et des personnes corpulentes qui trouvent embarrassant d’aller dans les salles de cinéma habituelles. » En résumé, le public des drivein serait un freak show lumpenprolétaire ! Plus sérieusement, il se détache de cette analyse certains détails intéressants : tout d’abord, les salles de cinéma, depuis leurs débuts, n’ont jamais pris en compte les

personnes à mobilité réduite. Ensuite, le drive-in est une sortie familiale : par son accessibilité et ses facilités de visionnage, il est en effet le réseau de cinéma le plus populaire qui soit. À moins de ne pas avoir de voiture, bien évidemment, mais aux États-Unis, cela relève de la science-fiction.

Made in America Le drive-in est un authentique concentré d’américanisme : la voiture, le cinéma, les hamburgers, les frites, les hot dogs et le pop-corn – seules nourritures vendues sur place. On vient au drive-in pour voir un film, certes, mais aussi pour manger et discuter avec ses copains. Pour les jeunes, le drivein est surtout le lieu idéal pour emballer sa petite copine (voire plus, d’où

One Shocking Moment (1965)

l’intérêt des sièges arrière) – à l’époque, ce sont les hommes qui possèdent des voitures et les conduisent. Et puis il est facile de rentrer gratuitement en se cachant dans le coffre de la bagnole d’un pote. Les drive-in ne pouvant fonctionner que la nuit tombée, la programmation prend rapidement des teintes plus tapageuses et moins familiales. Après tout, une projection d’une gentillette comédie à heures a peu

de chances d’attirer papa, maman et leurs mômes. Alors qu’un film d’horreur saignant, programmé à la même heure, attirera bien plus facilement un public avide de sensations fortes. Ce qui est de surcroît très utile lorsque l’on veut que sa douce vienne se blottir dans ses bras.

Le double programme Beaucoup de drive-in fonctionnent sur le principe


Drive-in & Grindhouse cinema

Orgie sanglante (1963)

Des monstres attaquent la ville (1954)

Dragstrip Girl (1957)

The Terror (1963)

The Doll Squad (1973)

du double programme : une place achetée, deux films regardés – certains, plus tardivement, allant jusqu’au triple programme. Il faut un premier film attrayant (une sortie plus ou moins récente ou un film d’exploitation ayant fait beaucoup de bruit) et un second film pour l’accompagner. Certains misent sur deux gros succès hollywoodiens sur la même carte, mais pour d’autres, plus pingres ou sans le sou, cela revient trop cher en droits d’exploitation. Il faut donc trouver un petit film suffisamment attractif pour rendre cette double affiche excitante. Et quoi de mieux que de livrer un film d’action, d’horreur ou d’érotisme ? Des producteurs

indépendants se lancent dans la création de films dont le seul but est d’alimenter ce système. Nombre de ces microproductions régionales n’ont pas connu de distribution en dehors de leur État – voire parfois de leur ville. De fait, il est difficile aujourd’hui d’évoquer Burn your Baby (production texane basée sur une histoire vraie) ou Beach Boy Rebels (un film sur la délinquance juvénile – « J.D. » pour les adeptes du genre). Plus on avance dans les sixties, plus les doubles programmes sont purement et simplement des assemblages de films d’exploitation pour devenir, pendant les années , de simples pornos.

Cinexploitation Les productions de Roger Corman, les orgies gore de Herschell Gordon Lewis, les remontages sauvages de films européens (Les lâches vivent d’espoir transformé en My Baby is Black !), les retitrages beaucoup plus couillus de longs-métrages américains n’ayant pas du tout fonctionné (Jack’s Wife de George Romero qui se transforme en Hungry Wives)… C’est bel et bien là que le cœur et les tripes du cinéma américain vont se développer, finissant d’ailleurs par influencer la production mainstream dont elle cherchait pourtant à s’éloigner le plus possible. « From the margins to the mainstream », comme disent les Anglo-Saxons.

Après un retour sur le phénomène des drive-in et des grindhouses, ces cinémas de quartier qui feront en ville ce que les drive-in ont fait à la campagne, le livre de Régis Dubois propose un panorama de 101 productions clés telles que les beach movies, les J.D., les films d’horreur trash et la SF. Un tour d’horizon qui brasse large et se conclut sur des interviews d’artisans du domaine, dont le truculent moustachu Ted V. Mikels, qui nous a offert de magnifiques réjouissances comme The Astro-Zombies ou The Corpse Grinders. En guest-star, Joe Dante nous parle de son amour immodéré pour ce cinéma. Drive-in & Grindhouse cinema (titre provisoire) vient remplir un vide important dans la littérature francophone sur le cinéma, vu qu’aucun livre n’avait jusqu’à présent abordé ce phénomène. Que l’on soit déjà un adepte de ce cinéma ou un béotien cherchant à en savoir plus, ce livre est un incontournable dans la bibliothèque de tous les cinéphiles. Éditions IMHO Sortie fin d’année 2015 www.imho.fr


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CHRONIQUES

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AVENGERS : L'ÈRE D'ULTRON

Foutraque mais génial, le nouvel Avengers tient ses promesses.

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SAN ANDREAS

POLTERGEIST 3D

BLINDSPOT

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Dwayne se fighte contre Dame Nature, et ça fait très mal.

NARCOS

La vie et l'œuvre du plus grand bandit de tous les temps.

Le remake fera-t-il mieux que l'original ?

HELL'S CLUB

Cet ovni va vous vider le cerveau. Promis, juré, craché.

Une série qui démarre sur les chapeaux de roue. Jusqu'à quand ?

TECH NOIR

De la pâte à modeler pour un clip qui en jette.


CHRONIQUES DVD

AVENGERS : L'ÈRE D'ULTRON

Certes, Joss Whedon a jeté l'éponge après un tournage démentiel, mais il n'en reste pas moins qu'Avengers : L'Ère d'Ultron tient parfaitement ses promesses, c'est-à-dire explorer la mythologie complexe des Avengers. a scène d'ouverture aurait pu faire craindre le pire. Bordélique, incompréhensible, illisible, elle condensait tous les défauts déjà vus dans le premier épisode : à trop vouloir raconter la mythologie de chaque personnage, le film en arrivait à l'effet inverse, celui d'une narration décousue où tout développement était limité par l'obligation de donner un temps de présence à l'écran à peu près égal à chaque personnage. Bref, contrairement aux films qui se focalisent sur un seul superhéros, c'était un bon gros bordel. À deux doigts de rendre l'âme pendant le tournage qu'il a décrit comme l'une des expériences les plus traumatisantes de sa carrière, Joss Whedon a non seulement corrigé le tir, mais s'est aussi offert le luxe ultime de rajouter

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FILM KKKKK Sortie Disponible Réalisation Joss Whedon Éditeur Marvel

trois personnages : Ultron, Scarlet Witch et Quicksilver. La naissance d'Ultron reste l'événement majeur de l'épisode, première pierre d'un édifice qui se développera dans les prochaines aventures du Marvel Cinematic Universe, quand Tony Stark connaîtra

des frictions avec ses compagnons d'armes, son amour de la recherche créant plus de tort que de bien. Difficile d'imaginer quel réalisateur prendra les manettes de ce « très gros jouet » tant la pression des fans et des studios sera importante. _BM


ACT OF HONOR : L'UNITÉ WAR PIGS FILM KKKKK Sortie 5 octobre 2015 Réalisation Ryan Little Éditeur M6 vidéo

SAN ANDREAS

San Andreas, ou quand The Rock prend le film catastrophe à bras-le-corps pour le déringardiser et en faire une ode infinie à sa personne bodybuildée.

Quand Dolph Lundgren et Mickey Rourke ne jouent pas aux côtés de leur collègue Sylvester Stallone, les deux stars vétérans des films d’action jouent dans des petites productions direct-toDVD sur fond de guerre mondiale. Si Mickey Rourke est juste passé prendre son chèque le temps de quelques scènes, Dolph Lundgren assure un peu plus que le minimum syndical dans le rôle d’un colonel français (à l’accent hilarant) à la tête d’une unité de jeunes têtes brûlées. Laborieux dans sa première partie et sans aucune surprise dans son déroulement, le film se rattrape à la fin et atteint son quota de scènes d’action brutales, bien aidé par un Luke Goss (le grand méchant de Blade 2 et Hellboy 2), dont le charisme est décidément trop peu exploité sur grand écran. _DV

VANISHING WAVES FILM KKKKK Sortie 9 octobre 2015 Réalisation Kristina Buozyte

he Rock pilote un hélicoptère, e Rock pilote un avion, e Rock fait du bateau, e Rock essaie de sauver sa femme et sa fille… À la manière des Martine, San Andreas, le film catastrophe de l’été réalisé par Brad Peyton (Voyage au centre de la Terre : L’Île mystérieuse), nous décline Dwayne « e Rock » Johnson à toutes les sauces. Incarnant ici un sauveteur de l’extrême multitâche, l’ancien catcheur américain tourne enfin dans un film uniquement dédié à sa gloire. Blockbuster complètement assumé, San Andreas ne trahit jamais les attentes de son public. Dès les premières minutes du long-métrage, cette toile d’artiste en images de synthèse rentre dans le lard des amateurs du genre, leur offrant un spectacle sans faille, un divertissement qui ébranle les sens. Le film met

T

FILM KKKKK Sortie 28 octobre 2015 Réalisation Brad Peyton Éditeur Warner Home Video

en scène une réalité fictive et funeste pour nos amis américains : l’ouverture béante de la fameuse faille de San Andreas, provoquant un énorme séisme en Californie et dévastant par là même des villes aussi peuplées que Los Angeles ou San Francisco. Depuis de nombreuses années, les géologues ont prédit un big one en Californie, un tremblement de terre si brutal que sa magnitude pourrait être de niveau sur l’échelle de Richter (San Andreas ne boude pas son plaisir avec un petit , ). Frissons garantis. _EJ

Éditeur Reel Suspects

Considéré comme culte, Vanishing Waves fait figure de film laboratoire aussi bien formel que narratif en essayant de retranscrire une expérience limite. Lukas, jeune chercheur lituanien a pour mission d'entrer en contact avec Aurora, une jeune femme plongée dans le coma, grâce à une nouvelle interface neuronale. Rapidement, la relation entre les deux cobayes dépasse le simple cadre scientifique pour quelque chose de beaucoup plus charnel. Malheureusement, la sécheresse conceptuelle tue le rapport naissant entre les deux êtres. Dommage. _BM


CHRONIQUES DVD BLACK SEA FILM KKKKK Sortie 21 octobre 2015 Réalisation Kevin Macdonald Éditeur TF1 Vidéo

POLTERGEIST 3D teven Spielberg avait soutenu Tobe Hooper sur le premier Poltergeist en . Son

S

FILM KKKKK Sortie 28 octobre 2015 Réalisation Gil Kenan Éditeur MGM

ombre plane sur ce remake puisqu’il avait aussi aidé à lancer Gil Kenan en produisant Monster House, un dessin animé tendance horreur bon enfant qui résonnait directement avec les ambitions du film de Hooper. Cela suffisaitil pour autant à légitimer la présence de Kenan à la tête du remake de l’un des plus grands classiques du cinéma fantastique des années ? Pas sûr... Un dad next door bien campé par Sam Rockwell, de l’électricité partout et plus d’effets horrifiques que

dans le film original auraient pu composer une bonne recette et assurer une belle réussite. Mais voilà, encore aurait-il fallu que l’écriture des personnages et le rythme – qui offrait beaucoup de sa singularité au film de Hooper – aient été à la hauteur. Expédié à la va-vite, le drame de cette « famille normale » hantée par les écrans et les images plutôt que par des cadavres d’Indiens revanchards plonge le film dans une allégorie monotone aux enjeux politiques bien moindres que ceux du premier Poltergeist. Les remakes peuventils être réellement mieux que les originaux, ou au moins égaux ? Oui... mais pas celui-là. _VI

Éditeur 20th Century Fox

FILM KKKKK

Réalisation Colin Trevorrow Éditeur Universal

FILM KKKKK

Réalisation Paul Feig

JURASSIC WORLD Sortie 20 octobre 2015

SPY

Sortie 28 octobre 2015

Black Sea raconte l’histoire d’un capitaine de sous-marin écossais (Jude Law) renvoyé comme un malpropre après de longues années d’activité. Bien qu’il ne paie pas de mine, le film est une véritable claque visuelle et scénaristique. Pour écrire son film, Kevin Macdonald a fait appel à Dennis Kelly, le créateur de l’incroyable série Utopia, et cela se ressent. Cette chasse au trésor dans les profondeurs de la mer n’en est pas vraiment une. Il s’agit en vérité d’un huis clos suffocant, attentif à chacun de ses personnages. En prenant la forme d’un slasher intellectuel, Black Sea réussit l’exploit de rafraîchir le genre. Claustrophobes, s’abstenir. _EJ

ierre inébranlable à l’édifice de l’humour américain, Paul Feig (Les Flingueuses) a encore frappé avec Spy, son nouveau film d’espions. Accompagné une nouvelle fois de Melissa McCarthy (Susan Cooper dans le film), le réalisateur décide ce coup-ci de s’essayer à un nouveau genre, tout en le parodiant allègrement. Les aventures de cette employée de bureau de la CIA, se voyant soudainement envoyée sur

P

le terrain pour tenter d’interrompre un trafic d’armes nucléaires, ne sont à aucun moment crédibles, mais constamment jouissives. Malgré la présence de deux super espions, Rick Ford (Jason Statham) et Bradley Fine (Jude Law), Susan Cooper reste le personnage principal de l’histoire, reléguant ces faux James Bond au statut d’ornements. Aussi rythmé et haletant que les longs-métrages dont il s’inspire, Spy peut figurer fièrement aux côtés de ses pairs. _EJ

Parmi les sorties de 2015 dans la catégorie « ces reboots/ sequels qui vont ruiner notre enfance », Jurassic World était en tête de liste à côté de Terminator Genisys. Pourtant, ce film – qui allait nous décevoir à coup sûr – est finalement un moment de divertissement honnête et palpitant. Il y a tout ce qu’il faut pour faire un blockbuster estival parfait : de l’action, des bonnes images de synthèse et un héros sans peur et sans reproche. Si rien ne vaudra jamais l’original, voir les dinosaures s’animer à l’écran a un je-ne-saisquoi de fascinant. Bien sûr, on repassera pour la véracité du discours scientifique. Mais après tout, pour cela, il nous reste Jack Horner. _EJ


SUR GEORGE L

ACTUELLEMENT EN KIOSQUE


CHRONIQUES VOD

BLINDSPOT (SAISON 1)

KKKKK

Une série procédurale d’espionnage ? Une intrigue au long cours qui se transforme en gigantesque chasse au trésor ? Blindspot aime brouiller les pistes et mélanger les genres, tentant de perdre le spectateur. Un début prometteur. e buzz autour de la scène choc du premier épisode a eu son petit effet et a permis de lancer la série dans de bonnes conditions lors d’une rentrée pourtant très concurrentielle. Un bon démarrage en partie dû à Jaimie Alexander, qui incarne cette femme retrouvée nue dans un sac au milieu de Times Square et tatouée de la tête aux pieds. Rapidement, l’intrigue se met en place (l’un des tatouages fait mention d’un agent du FBI qui est aussitôt chargé de l’enquête) et se développe de manière assez classique : chaque épisode voit l’un des tatouages au centre de l’histoire, permettant d’en savoir un peu plus sur le complot plus global. Tournée en plein New York, la série est parfois un

L

peu brouillonne (beaucoup de caméras tremblantes censées retranscrire la tension des protagonistes), plate dans ses dialogues filmés face caméra, mais efficace dans ses scènes d’action. Les flash-back sur la vie de Jane Doe dans les forces spéciales permettent de maintenir une tension constante, quitte parfois à en faire un peu trop,

et les différents indices transforment le visionnage de la série en un immense jeu de piste. Pour les cryptanalystes amateurs qui nous lisent, les producteurs ont déclaré qu’il était possible de deviner qui complote – et pourquoi – en déchiffrant les tatouages de Jane Doe. À vous de jouer. _BM Diffusion MyTF1 VOD


CHRONIQUES SÉRIE

NARCOS (SAISON 1)

KKKKK

À mi-chemin entre le documentaire et la fiction, Narcos retrace le destin hors du commun de Pablo Escobar, le plus grand trafiquant de drogue du monde, qui fut un jour la septième fortune de la planète. Une nouvelle réussite signée Netflix. e qui reste à la toute fin de cette première saison (la deuxième vient d’être confirmée par Gaumont), c’est l’image complètement hallucinée d’un Pablo Escobar pouvant passer en une fraction de seconde d’une attitude bienveillante et protectrice (il donne sans compter au bidonville qui l’a vu naître et fait ériger des écoles et des hôpitaux) à la violence la plus inouïe (l’explosion d’un avion en vue d’abattre un candidat à la présidentielle). C’est d’ailleurs la force de la série de Netflix : retranscrire toute la complexité d’un personnage qui, à la tête de l’un des plus gros empires de la drogue, entreprend de devenir député car il veut sincèrement aider son pays. Puis qui se ravise car il comprend qu’il ne sera jamais accepté

C

par la caste dirigeante, lançant une vague d’attentats qui déstabilisera la Colombie pendant près d’une décennie. Pour finalement se rendre à la police, à deux conditions : ) que la Constitution soit modifiée pour empêcher son extradition vers les États-Unis ; ) qu’il puisse construire sa propre prison. À grand renfort d’images documentaires,

Narcos illustre la folie d’un homme pour qui tout était permis et qui selon son fils « aurait pu tellement apporter à son pays s’il n’avait pas choisi la mauvaise voie ». Mention spéciale pour Wagner Moura (Troupe d’élite), qui incarne Pablo Escobar, et pour le producteur exécutif et réalisateur José Padilha. _BM Diffusion Netflix


CHRONIQUES COURT

HELL’S CLUB

Si vous ne voulez pas que votre cerveau fonde, allez le ranger. Car c’est ce qui risque de vous arriver si vous regardez Hell’s Club sur Vimeo. On vous aura prévenus. bi-Wan Kenobi et Anakin Skywalker entrent dans un club à la poursuite de Zam Wesell. Stayin’ Alive résonne en fond. Ils croisent d’abord Ewan McGregor de Trainspotting qui les regarde d’un œil louche. Puis il s’avère qu’il s’agit du club de Carlito Brigante, ouais, celui de L’Impasse, de De Palma. Apparemment, il a un blème avec Tony Montana. Ouais, celui de Scarface de De Palma, qui est là lui aussi. Visiblement, John Travolta – alias Tony Manero – n’en a cure et continue de danser comme un dément sous l’œil suspicieux de Tom Cruise, celui de Collatéral, alors que celui de Cocktail fait le beau derrière son bar. Dans un coin du club, John Travolta de Pulp Fiction a l’air de kiffer, mais Blade a l’air de se méfier de quelque chose. On passe à deux doigts du chaos quand Carlito Brigante finit par décider d’aller affronter Tony Montana, mais ce sera pour une autre fois, parce que là, Obi-Wan vient de trouver Zam Wesell. Robert De Niro a grave envie d’aller péter la gueule à Michael Douglas qui fait un peu trop de gringue à Sharon Stone. Heureusement, Tony Manero finit par mettre tout le monde

O

d’accord en montant sur la piste de danse. Tout le monde, sauf le T- qui vient apparemment de trouver sa cible. Tom Cruise et Blade sont là pour l’empêcher de foutre la merde. Enfin, deux secondes, parce que s’ensuit une fusillade qui fera une victime collatérale qui aurait pu croiser Tom Cruise dans le film imaginaire de Michael Mann qui se profile derrière tout ça. Parce que, évidemment, le sous-texte homo est

lui aussi présent. Mash-up insensé d’une intensité rare, Hell’s Club ressemble, intentionnellement ou non, à une scène d’un film de , quand suites, remakes, reboots et crossovers ne feront plus qu’un seul et même cinéma pop digital. Ça fait un peu froid dans le dos, mais c’est assez jouissif. _VI Réalisation Antonio Maria Da Silva Plate-forme Vimeo


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CHRONIQUES WEB

TECH NOIR

Lee Hardcastle vient de signer un clip pour le groupe Gunship. L’occasion de se balader à nouveau dans son petit théâtre des horreurs en pâte à modeler. ’habitude, Lee Hardcastle travaille tout seul. C’est d’ailleurs tout seul qu’il a signé ses meilleures productions, visibles sur sa chaîne YouTube Claycat Cinema. Des remakes synthétisés de e ing, Evil Dead ou encore e Raid à base de chats et de miaous s’y débattent sans complexe. Excitant sur le papier ? C’est encore mieux en vrai. Bien que son travail ait été remarqué par les plus curieux – il a déjà signé quelques clips et a participé à l’anthologie d’horreur e ABCs of Death –, Hardcastle continue, près de vingt ans après ses débuts, à bosser dans son coin pour réaliser ce qu’il appelle lui-même de la « claymation pas pour les enfants ». Ne vous attendez pas à du porno pour autant, mais en revanche à beaucoup de gore et de connerie. D’ailleurs, les enfants feraient mieux de regarder sa version des Minions que l’officielle, mais voilà juste un avis de parent concerné. Il lui arrive donc néanmoins de travailler pour d’autres, et le groupe Gunship lui a non seulement permis de réaliser un de ses chefs-d’œuvre en lui demandant d’illustrer leur morceau Tech Noir, mais

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aussi de concrétiser un de ses rêves en faisant intervenir John Carpenter – ou du moins sa voix, c’est déjà ça – dans l’un de ses films. Recyclage poussif de références extrêmes allant de RoboCop aux Bisounours en passant par Hellraiser, le clip surfe aussi parfaitement que singulièrement sur la vague rétro Powerglove amorcée par Kavinsky et Nightsatan en musique ou Turbo Kid au cinéma. Hardcastle n’a cependant jamais essayé de faire du beau ou du bien. Ses animations sont précaires, ses designs pas glam pour un sou, mais l’amour, la jouissance et la sincérité

qui ressortent de ses productions n’en sont que plus marquants. Hyper référentiel plus que charmeur… Il y a bien un moment pourtant où toute cette plaisanterie aura assez duré, mais en attendant, profitons gentiment, d’autant que Gunship a bien fait les choses en préparant tout un petit programme interactif un brin putassier pour s’assurer plein de clics, qu’ils mériteront largement pour avoir réussi à transformer YouTube en magnétoscope. _VI Réalisation Lee Hardcastle Plate-forme YouTube


, victor frankenstein lui a donne la, vie... , , le cinema lui a offert l’eternite !

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IL EST AMNÉSIQUE MAIS EUX NE L’ONT PAS OUBLIÉ… Un récit noir où la débauche, le crime et la crasse s’élèvent au rang d’art Christopher SEBELA Chris VISIONS Tome 1 le 28 octobre Tome 2 en Février 2016

SEX & VIOLENCE « FUCKING GUT-GRIPPING ! » 5 histoires sans concessions pour explorer 2 pulsions universelles. Scénarios : Justin GRAY & Jimmy PALMIOTTI Dessins : Jimmy BROXTON, Vanessa DEL REY, Rafa GARRES, Romina MORANELLI, Juan SANTACRUZ Récit complet le 12 Novembre

DAY MEN UNE LUMIÈRE DANS LES TÉNÈBRES ! Une série d’action fantastique, épique et sexy. Matt Gagnon & Michael Nelson Brian Stelfreeze

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Tome 1 le 28 Octobre

DEAD LETTER Volumes 1 et 2 : DEAD LETTERS is ™ & © 2014, 2015 Boom Entertainment, Inc. Originally published in single magazine form as DEAD LETTERS N°1-4 ™ & © 2014, 2015. All rights reserved. SEX AND VIOLENCE : VOLUME ONE, © 2013 Paperfilms, Inc. SEX AND VIOLENCE: VOLUME TWO, © 2014 Paperfilms, Inc. All Rights Reserved. DAY MEN is ™ & © 2014, 2015 Matt Gagnon. Originally published in single magazine form as DAY MEN N°1-4 ™ & © 2013, 2014, 2015. All rights reserved.


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