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un interview avec le metteur en scène Ada Hausvater, la directrice générale du Théâtre National de Timisoara

Auparavant, Timisoara était la frontière de deux empires. Aujourd’hui, Timisoara est encore un nœud qui unit des cultures. C’est une ville qui a appris par son histoire de lier d’amitiés avec ceux qui l’habite – autrement dit, Timisoara est depuis longtemps ce que l’Europe promeut. Combien de fois on prononce le mot «Europe» au Théâtre National de Timisoara? Je crois que le mot «Europe» imprègne la ville. Je trouve surprenante cette sensation de l’avoir découvert seulement depuis quelques années, après l’intégration européenne. Timisoara n’apprend pas le code du savoir-vivre de l’Europe pour la première fois, mais il le connaît depuis longtemps. Aussi les gens que les bâtiments ont ce je ne sais quoi qui est à la fois histoire, dignité et personnalité. Ils ont cette élégance qui n’a rien à faire avec la distance de la capitale mais avec un milieu qui vit par lui-même. Le Théâtre National et

les autres théâtres qui partagent le Palais de la Culture démontrent, par la manière de vivre ensemble dans le même bâtiment, en parlant des langues différentes, en ayant des confessions différentes si vous voulez, que l’acceptation et la curiosité de ces cultures une pour l’autre existent depuis longtemps. Pratiquement, dans le Palais de la Culture, sous le même toit travaillent ensemble des Roumains, des Hongrois, des Allemands, sans aucun conflit. C’est pratiquement le reflet de la vie de cette ville. Dorénavant, il faut voir comment ce rêve européen deviendra un principe actif. Quelle lutte mène le Théâtre National de Timisoara pendant cette période non-conflictuelle, en apparence? Pour le théâtre, pour l’art, pour l’homme, pour le sens civique. Le théâtre a la mission de nous faire confiants dans la capacité de

rendre possible l’imagination. Le théâtre brise toutes les frontières, il fait intégrer toutes les formes artistiques, en montrant que l’homme est plus beau qu’il le pense. Le théâtre sera toujours un des passeports qu’on ne peut pas restreindre, une carte de visite partout dans le monde. Quelles sont les valeurs que le Théâtre National de Timisoara promeut? Le Théâtre National de Timisoara signifie une équipe. Une équipe des jeunes murs qui veulent démontrer qu’ils peuvent créer une société. Chaque génération a voulu changer les choses. Tout le monde veut provoquer la révolution, mais qu’est-ce qu’on va bâtir après – c’est seulement ça qui a de l’importance. Nous sommes obligés de créer cet après. On ne se propose pas d’être une génération qui change les choses, mais qui les crée, qui construit. Le Théâtre National de

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ADA HAUSVATER SUR LA VILLE DE TIMISOARA ET LE RÊVE EUROPÉEN QU’ON NE RÊVE PAS PENDANT LE SOMMEIL


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Timisoara est un profil à part sur la carte de la Roumanie parce qu’il a réussit de former une troupe permanente excellente, qui peut interpréter toutes les genres du théâtre et qui répond à toute catégorie du public. On peut définir ce théâtre aussi par les espaces qu’il exploite – le Palais de la Culture cité ci-dessus, une deuxième salle dans l’ancien manège impérial de Franz Josef qu’on est en train de restaurer en gardant son allure de monument historique; enfin, le théâtre pourra utiliser bientôt une synagogue désacralisée, reçue récemment de la part de la Communauté des Juives de Roumanie. On y produira «Roméo et Juliette» et «La Mouette», mais du théâtre contemporain aussi. Avant tout, c’est le langage théâtral dans les sanctuaires, à vrai dire le langage théâtral entre le sacre et le désacralisé, qui nous intéresse. Depuis vous êtes le directeur de cet organisme, vous avez intensifié les liaisons du théâtre avec l’espace francophone (la France et le Canada). Le Théâtre National de Timisoara a été pour six ans le partenaire roumain de l’Atelier Européen de la Traduction et à l’heure actuelle il continue d’explorer les rencontres des dramaturgies nationales avec le réseau TER (Traduction, Edition, Représentation). Quels sont la perspective et l’argument principal pour l’existence de ces relations? Au début de mon mandat, en 2005, le Théâtre National de Timisoara était déjà le partenaire de l’Atelier Européen de la Traduction, coordonné par Jacques le Ny. L’AET a représenté pour le public roumain et pour les professionnels du théâtre une

source de dramaturgie vraiment importante. Actuellement nous sommes en projet avec le réseau TER. Pour nous, la connexion à la dramaturgie contemporaine et à tout ce que la francophonie signifie est bien importante. Il y a beaucoup de points en commun, et il y a beaucoup de points divergents. Il faut les exploiter les uns que les autres. Nous sommes curieux du théâtre français et, d’autre part, nous avons trouvé en France de partenaires intéressés du phénomène théâtral roumain. En Roumanie, un théâtre national est un organisme qui reçoit du support financier et matériel seulement s’il peut prouver son efficacité. C’est la raison pour laquelle seulement un ou deux des six théâtres soutenus par le Ministère de la Culture ont «des moteurs performants». De la perspective de cette immense responsabilité, quelle stratégie avez-vous adopté, quels sont les projets et les programmes qui peuvent «les alimenter»? Pour nous, le programme le plus important vise l’expérimentation théâtrale. La manière d’exposition est toujours inédite. Le théâtre commercial, la comédie boulevardière ne sont pas une priorité. Timisoara et le public démontrent que ce théâtre peut trouver de nouvelles directions esthétiques. Le théâtre de Timisoara, flanqué par une pléiade d’artistes et d’intellectuels pourra continuer sa recherche théâtrale. Quant les moteurs desquels vous parliez, ils fonctionnent grâce à la troupe permanente qui a travaillé avec des metteurs en scène divers et différents, et aussi grâce à l’important soutien financier

annuel du Ministère de la Culture. Il y a des principes de fonctionnement que vous appliquez au Théâtre National? Le principe de fonctionnement du Théâtre National de Timisoara est en même temps ancien et nouveau. Il ne s’agit pas d’un principe ancien, il ne s’agit pas d’un principe nouveau, il s’agit d’un principe ancien et nouveau. Il s’agit d’une équipe où les opinions de tous ses membres, soit-ils acteurs ou techniciens, sont importantes. Une équipe autour d’une personne, autour d’un concept signifie une direction nette et c’est elle qui la rend possible. C’était le cas de Molière ou pourquoi pas, de Stanislawski. Je crois dans le principe de la cohérence et de la continuité. Est-ce que le Théâtre National de Timisoara prouve l’efficacité de ce système? Oui. Ce théâtre a évolué beaucoup pendant ces derniers quatre ans. Les acteurs sont extraordinaires. Bien que jeunes, en général, bien qu’on travaille dans des directions nouvelles et modernes, il faut avoir des modèles. Et s’il n y en a pas, il faut les inventer. Moi, en tant que directrice du Théâtre National de Timisoara, j’ai un modèle: la foi dans les gens et dans l’équipe. L’équipe ramassée autour d’une idée, d’une pensée, d’un individu, en effet. Il faut que ces rapports existent. Sinon, rien ne va plus. L’équipe est la chance du théâtre de s’insérer dans les models confirmés. Ciprian Marinescu


Le Festival de la Dramaturgie Roumaine est une des traditions de la vie théâtrale roumaine. La nouvelle écriture de théâtre est déjà «chez elle» dans ce festival dont il a déplacé l’orientation vers les nouvelles voix roumaines certifiées par l’Europe. Ainsi, en invitant des spectacles d’auteurs roumains produits en dehors des frontières, le Festival de la Dramaturgie Roumaine est devenu un festival international. Le succès de jeunes auteurs roumains, comparable au succès de jeunes cinéastes qui ont «envahi» le monde du film mondial, se reflète dans le festival

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COMMENT FLEURIT UN THÉÂTRE du Théâtre de Timisoara qui est entré, lui aussi, dans le circuit européen de l’écriture dramatique contemporaine. Enfin, toutes ces productions modernes, incitantes ont rendu bien visibles les acteurs de ce théâtre; le monde théâtral roumain a pu découvrir la personnalité de certains jeunes acteurs, comme Ion Rizea, Alina Reus, Victor Manovici, Catalin Ursu, Sabina Bijan, Ioan Strugari et a redécouvert dans des hypostases nouvelles les vedettes du théâtre, notamment une actrice extrêmement talentueuse, Claudia Ieremia. Cet «organisme» a fleuri par ses trois salles aussi, des endroits fabuleux, pleins d’histoire qui permettent n’importe quelle forme de spectacle, de celui de chambre jusqu’au celui de grands dimensions. Je me souviens le jour où je montais les escaliers vers les

bureaux du théâtre - c’était l’automne de 2006, avant la première édition du Festival dont je faisais la sélection des spectacles. En arrivant, j’ai vu un vrai arc-en-ciel: chaque porte était peinte d’une autre couleur, il paraissait que tout le couloir ait fleuri. C’était une image – symbole pour le changement qui venait de commencer. Vingt ans après la chute du communisme en Roumanie, je suis consciente de la force de l’inertie du système d’Etat et des institutions, en général, et, par conséquent, je ne peux pas m’empêcher d’apprécier les changements profonds et consistants qui se passent au Théâtre National de Timisoara, grâce à l’énergie d’une équipe si jeune. C’est un symbole qui donne de l’espoir au monde théâtral roumain. Cristina Modreanu

journaliste, critique de théâtre, directrice du Festival National de Théâtre

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Un théâtre est un organisme vivant: on peut le voir fleurir, dans une époque faste ou, par contre, on peut le voir hiberner si les choses ne vont pas. Je connais depuis longtemps le Théâtre National de Timisoara et ses spectacles, je l’ai observé aussi pendant sa période d’hibernation qu’à l’époque où il paraissait malade d’un manque de direction. Je suis heureuse d’affirmer que, pendant ces quatre années je l’ai vu fleurir sous la direction d’une personne très jeune et extrêmement énergique – comme profession, elle est metteur en scène – Ada Hausvater. Pendant ces quatre années, les meilleurs jeunes créateurs roumains ont réalisé au Théâtre National de Timisoara des spectacles, des ateliers de création, des lectures publiques on pourrait mentionner seulement les metteurs en scène Radu Afrim, Alexandra Badea, Radu Apostol, Ana Mãrgineanu, les chorégraphes Rãzvan Mazilu ou Manuel Pelmuº, la scénographe Velica Panduru, les dramaturges Mihaela Michailov et Stefan Peca etc. Le théâtre a gagné sa valence contemporaine par des spectacles selon les textes de Hanoch Levin, Neil LaBute, Igor Bauersima, Fausto Paravidino, Dea Loher et beaucoup d’autres. Le répertoire a démontré l’intérêt pour les auteurs roumains aussi: Le Rêve selon Mircea Cartarescu (le plus célèbre écrivain roumain contemporain) ou le plus récent Comment dépasse Barbie la crise mondiale de Mihaela Michailov le témoignent. Il faut mentionner aussi la re-lecture moderne des classiques – Les Trois Sœurs de Tchekhov ou Le Conte d’hiver de Shakespeare, dans la nouvelle traduction du jeune dramaturge Stefan Peca.


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TIMISOARA: LE KILOMETRE ZERO DE LA ROUMANIE CULTURELLE On joue du théâtre à Timisoara depuis 1753. En roumain, depuis 1870. Interrompues pendant la première guerre mondiale, les représentations théâtrales sont reprises seulement après 1919. Jusqu’en 1945, on peut caractériser la vie théâtrale de Timisoara par la lutte, menée dans la presse, pour un théâtre de langue roumaine (dans cette ville raliée à l’Etat roumain seulement après la chute de l’Empire d’Autriche-Hongrie) et aussi par l’effort de maintenir vivant un mouvement théâtral permanent par des saisons des troupes établies temporairement à Timisoara. Le théâtre – en tant qu’institution culturelle de la ville – date depuis 1945. Suite à sa prestance culturelle et à ses performances artistiques, en 1970 le théâtre reçoit le titre de Théâtre National, soutenu par le Ministère de la Culture roumain, selon le modèle de la Comédie Française. La révolution roumaine éclata à Timisoara en 1989, dans le Palais de la Culture, qui abrite jusqu’à présent le théâtre et l’opéra. Trois théâtres (le Théâtre National de Timisoara, le Théâtre Allemand et le Théâtre Hongrois) et l’Opéra National de Timisoara siègent dans ce bâtiment qui est devenu la marque culturelle et historique de la ville. C’est une situation unique dans l’Europe Centrale et du Sud - Est: le Palais de la Culture est aujourd’hui le symbole de la tolérance culturelle et ethnique de TImisoara, en la définissant comme une vraie ville européenne.

Théâtre National de Timisoara – une nouvelle identité – Pendant les dernières années, le Théâtre National de Timisoara a trouvé une nouvelle ligne, branchée plutôt sur la dramaturgie contemporaine, sur la recherche et l’exploitation de nouvelles modalités d’expression artistique, et sur le raccord avec les autres arts. Pratiquement, le répertoire du théâtre met de plus en plus l’accent sur le texte contemporain. Le théâtre a été membre de l’Atelier Européen de la Traduction / Scène Nationale d’Orléans (2003-2009); ainsi il a pu accueillir en Roumanie plusieurs auteurs européens contemporains – la France étant représentée par Olivier Py et Valère Novarina –, québécois et américains.


telle épreuve avait l’air d’être un objectif impossible sans des armes un peu plus sophistiquées que l’audace. Et pourtant… Ma récente visite à Timisoara, après avoir déjà «marqué» positivement les promptes tournées à Bucarest et la «promotion» efficiente de leur Festival de la Dramaturgie Roumaine, m’a causé une immense surprise: des affiches gigantesques sur les murs de ce bâtiment historique où tout le monde se prépare pour sa rénovation, une excellente revue du Théâtre National de Timisoara qui accompagne chaque première avec l’édition de la pièce, de nouvelles et utiles figures dans la troupe. Et, le plus important, il y a une atmosphère vivante, créée par des gens vivants qui s’efforcent de faire des choses vivantes. La directrice sourit toujours et elle a toujours l’air aussi joyeux et étourdi. L’avenir peut lui faire confiance. Alice Georgescu, Dilema Veche

Le Prix Culturel Europe 2009 pour la Roumanie On est arrivé à un point où l’Europe se dirige vers la Roumanie en lui remerciant pour son engagement d’une manière bien particulière. Octroyer ce prix aux citoyens de la Roumanie en 2009 est inévitable, suite à nos informations concernant ce pays qui vit de grands mouvements culturels – historiques, modernes et post-modernes. KulturForum Europa a reçu de nombreuses nominations pour ce pays où la culture n’est seulement un accessoire décoratif mais une condition nécessaire pour la présence humaine. Dieter Topp, ArtAct Magazine

Cristina Modreanu, Ziarul financiar

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Au moment où on a appris, il y a trois ou quatre ans, que le jeune metteur en scène (elle avait à peine 30 ans) Ada Hausvater va participer au concours pour la direction du Théâtre National de Timisoara, elle bénéficiait déjà d’une «presse» bien favorable et de solides succès dans son CV artistique. Par contre, elle – toujours souriante et dynamique, mais, en apparence au moins, un peu distraite – ne «rimait» pas du tout avec l’image du capitaine d’un tel vénérable navire et, en plus, ce poste ne promettait qu’un lente suicide professionnel: remettre sur pied un théâtre «gâté» auparavant par d’importants prix professionnels (…), démêler les inextricables affaires des relations visibles et, surtout, invisibles de toute sorte d’entités, autorités et officialités, pour savoir à qui on peut demander quoi, désamorcer des dissensions solidement enracinées, contrecarrer des influences occultes - en un mot, s’échapper vivante et honorablement d’une

Il paraît que le Théâtre National de Timisoara ait l’ambition de s’imposer au premier plan du théâtre européen: il a reçu une bonne nouvelle: KulturForum Europe va décerner au Théâtre National de Timisoara et au metteur en scène Radu Afrim une distinction bien importante – le Prix Cultural «Europe». Le président de KulturForum Europe, Dieter Topp a décidé d’octroyer ce prix au Théâtre National de Timisoara, pour «la contribution au développement du théâtre européen par la diversité du répertoire et par la qualité des spectacles». Après cette fête déroulée le 2 mai à Timisoara, on se prépare pour la tournée: entre le 11 et le 21 juin, l’équipe du Théâtre National de Timisoara sera au Théâtre National de l’Odéon, à Paris pour dix représentations avec «La Maladie de la famille M», dont la mise en scène appartient à Radu Afrim et la scénographie à Velica Panduru (qui a reçu cette année le Grand Prix de l’UNITER pour la scénographie de ce spectacle). Au Théâtre de l’Odéon, Afrim est sur la liste courte des metteurs en scène européens qui vont présenter leurs créations pendant cette saison du théâtre parisien. On peut, d’ailleurs, retrouver sur cette liste deux célèbres créateurs: le berlinois Thomas Ostermeier (avec le spectacle «John Gabriel Borkman» selon H. Ibsen) et le Lithuanien Eimuntas Nekrosius (avec «Faust» de Goethe).


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ATHENEE PALACE HOTEL d’Alexander Hausvater et Robert Serban selon Rosie G. Waldeck Un spectacle d’Alexander Hausvater

Roumanie sans fards, telle qu’elle était en 1940, vue par les yeux d’un étranger. Il a voulu et réussi présenter la grandeur et la misère, les déceptions et les espoirs d’un peuple qui vivait personnellement la tragédie de la chute du Paris, dans un spectacle où on parle en neuf langues… Cosmin Lungu, Focus Vest

HOLD-UP AKBAR ou TOUT LE MONDE EN AMERIQUE! de Radu Pavel Gheo Un spectacle de Ion-Ardeal Ieremia.

COCA BLUES Juin 1940. Une journaliste américaine vit dans le plus élégant hôtel de l’Est de l’Europe, Athénée Palace Hotel de Bucureºti. Elle fut, ainsi, le témoin du moment qui a changé l’histoire de la Roumanie: la chute de Paris. Le spectacle du Théâtre National de Timisoara est une image presque cinématographique de ce moment, une explosion de couleur, musique, actions. C’est un spectacle où on peut entendre les lignes en neuf langues différentes. Un spectacle fascinant et hallucinant sur le destin, soit-il individuel ou collectif, signé par un des plus importants metteurs en scène contemporaines: Alexander Hausvater. Décors Guido Tondino. Costumes Stela Verebceanu. Musique Dan Simion. Chorégraphie Mãlina Andrei. Light design Lucian Moga. Avec: Tania Popa, Daniela Bostan, Luminiþa Tulgara, Ion Rizea, Doru Iosif, Damian Oancea, Georg Peetz, Colin Buzoianu, Tunde Toth, Mihaela Murgu, Oana Rusu, Laszlo Peter, Traian Buzoianu, Cãtãlin Ursu, Benone Viziteu, Victor Manovici, Sabina Bijan, Ana Maria Pandele, Eugen Jebeleanu. …Un spectacle vraiment européen qu’il ne faut pas rater /…/ Alexander Hausvater a voulu présenter la

de Ioan Peter Un spectacle de Cristian Ban

Et c’est ça Coca Blues: une réflexion sur deux personnes – n’importe qui – qui se rencontrent et qui essaient d’apprendre l’amour selon les possibilités de chacun: par des clichés, des rebuts, par de petits rabais à leur furie existentielle, par des fragments des sentiments bien cachés, des moments de sincérité, par un peu de cynisme à l’air de frustration, par la vie. Coca Blues est, peut-être, le meilleur moment d’apprendre ou, pourquoi pas, de se souvenir d’aimer. Scénographie Krisztina Nagy Avec Victor Manovici, Malina Manovici Coca Blues, un Roméo et une Juliette dans l’époque de la publicité. Un bon dosage des répliques, de l’humour, des moments dramatiques et des interprétations dynamiques des acteurs, le spectacle est un jeu à la recherche un peu maladroite de l’amour authentique, au-delà des étiquettes. Ionut Mares, Agenda Zilei

Hold-up Akbar est une comédie avec des renversements de situation et des personnages très comiques. Tout se passe dans un supermarché à New York, peuplé par de vieux Supermans, des Arabes qui ont fait des études en Roumanie, des Roumains, des Italiens etc. Il s’agit d’une série des hold-up ratés, pendant un jour comme les autres, dans une comédie qui nous pose devant l’image troublante du visage terriblement bigarré du monde contemporain. Scénographie Geta Medinski. Avec Sorin Calotã, Claudia Ieremia, Benone Viziteu, Mirela Puia, Paula Maria Frunzetti, Cristian Szekeres, Colin Buzoianu, Alecu Reus, Eduard Fiuciuc, Dukász Péter, Iuliana Crãescu, Radu Vulpe, Romeo Ioan. Hold-up Akbar ou Tout le monde en Amerique! est la ravissante histoire avec laquelle l’écrivain et journaliste Radu Pavel Gheo fait son début en tant qu’auteur dramatique. Tous les clichés sur les Roumains sont employés et exploités (…) On rit beaucoup à ce spectacle – il y a tout le temps des surprises qui nous font rire, mais on y peut reconnaître beaucoup des situations, des accents et de petits drames qui se passent sur, sous ou derrière le comptoir. Daniela Boboiciov, Orizont


LE REVE selon Mircea Cãrtãrescu Un spectacle de Cãtãlina Buzoianu

qu’on garde depuis notre éloignée enfance… Le spectacle se tient sur le fil délicat qui sépare la réalité et le fantastique… Cristina Modreanu, Gândul

de Mihaela Michailov Un spectacle d’Alexandra Badea Le Rêve est un spectacle sur la mémoire. Cette mémoire pure, ingénue, pas sans être touché par le réel, mais avec tout ce qu’il reste après que la réalité la traverse vers une autre. Dans le rêve. Là où les mémoires «réelles» deviennent autre chose, quelque chose soumis à une autre logique. On n’exclut pas la réalité, mais on la révèle par le Jeu… La clé est de nous retrouver nousmême enfants, dans un endroit dont le Rêve, ou REM est le nom. On ouvre avec cette clé la port vers la Nostalgie de l’enfance: elle est la seule qui fait supportable, ou pourquoi pas, qui guérit le passage du Temps et l’échec de l’âge mur (car un adulte n’est qu’un enfant raté – c’est Cartarescu qui nous le dit). Simona Popovici Donici, Agenda zilei Scénographie Velica Panduru. Musique Mircea Florian. Chorégraphie Mãlina Andrei. Avec Alecu Reus, Victor Manovici, Irene Flamann Catalina, Doru Iosif, Iuliana Crãescu, Paula Maria Frunzetti, Andrea Tokai, Ioan Strugari, Luminiþa Tulgara, Alina Reus, Sabina Bijan, Ana-Maria Pandele, Daniela Bostan, Cãtãlin Ursu, Cristian Szekeres, Romeo Ioan, Valentin Ivanciuc, Ana-Maria Cojocaru. En explorant le monde enfantin, sans lui troubler la naïveté et la fraîcheur, Cãtãlina Buzoianu nous oblige de regarder vers nous-même, d’y chercher, en dépit de la sécheresse qui nous menace, le noyau sensible

Comment dépasse Barbie la crise mondiale est un spectacle – atelier où des gens qui voulaient être libres se sont rencontrés. De leur peur de ne pas devenir des êtres avec l’âme en plastique, de leurs rêves et de leurs cauchemars, ils ont créé un espace nouveau, un monde de mots et d’images. Comment dépasse Barbie la crise mondiale est un spectacle qui parle de la liberté. Et de sa manque. Scénographie Velica Panduru. Chorégraphie Manuel Pelmus. Light design Lucian Moga. Sound design Dan Simion. Avec Victor Manovici, Colin Buzoianu, Alina Reus, Sabina Bijan, Catalin Ursu, Sabina Reus Il faut réduire les lumières dans les maisons Barbie, elle doit se contenter avec des tenus plus écolo, réduire les opérations esthétiques et ne pas utiliser que le Barbie Credit Bank. Le spectacle de Timisoara attaque toutes les maladies de la société moderne: la passion maladive pour l’argent en plastique, pour la vie en plastique et pour le corps parfait en plastique. Gabriela Lupu, Cotidianul

KIKI ET BOZO d’Andreea Valean Un spectacle de Mirela Puia

Scénographie Geta Medinski. Musique Dan Simion. Avec Sabina Reus, Eugen Motateanu L’orchestre Horatiu Roman, Alina Gurgu, Bodo Zoltan Kiki et Bozo d’Andreea Valean s’appuie sur l’enfance et sur la mort, mais, en même temps, d’une manière bien particulière, sur l’espace d’entre eux. C’est un conte de fées, mais pas pour les enfants, raconté avec beaucoup de charme… Codrina Diana Tomov, Agenda zilei

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COMMENT DEPASSE BARBIE LA CRISE MONDIALE

Il s’agit des clichés inoculés par tous les moyens, il s’agit de la perte de la liberté individuelle et l’annihilation des systèmes de valeurs. Il n’y a pas de communication normale entre les personnages, mais par des slogans. Alexandra Badea


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REMEMBER

selon Mateiu I. Caragiale Un spectacle de Razvan Mazilu

Remember - beauté et mystère, mouvement et parole dans un spectacle sur l’amitié, la grâce et l’élégance. Dans un monde où la misère, la vulgarité et le kitch anéantissent l’harmonie et l’équilibre, Remember nous transporte dans une époque du respect et du culte de l’amitié. Remember est un spectacle où le théâtre et la danse naîssent le rêve. Décors et vidéo Dyionisis Christofilogiannis Costumes Razvan Mazilu Avec Razvan Mazilu, Ion Rizea Un spectacle extraordinaire qui mêle des mondes ambivalents, des rivages esthétiques fluctuants sous la constellation de la beauté. (...) On peut y retrouver en permanence les catégories de la trans-réalité, les préférés des romantiques (l’art en tant que réalité secondaire, le reflet de l’essentielle), récomposées par l’intermédiaire du célèbre «La vie est un songe» du dandysme. Le thème central, le dialogue entre la réalité et le rêve, a encore la capacité et la force de jeter le mystère au-dessus du monde... A l’aide de l’image, les mystères deviennent imagination. Avant de disparaître pour toujours dans l’inexprimable, Sir Aubrey offrira au narrateur la plume pour écrire son Oeuvre. (…) Si c’est le pur plaisir que vous cherchez au théâtre, il faudrait aller tout de suite voir Remember. C’est un de rares spectacles qui provoque la rencontre directe avec la Beauté. J’aimerais le revoir centaines fois. Cristina Rusiecki, Cultura

BYE-BYE, AMERIQUE

de Carmen Dominte Un spectacle de Cristian Ban

C’est quoi, l’Amérique? C’est quoi, l’amour? Quelques skateurs, deux garçons et une jeune fille, une histoire d’amour – même deux – et „oncle Shakespeare» – un ermite urbain un peu logorrhéique essaient de trouver une réponse aux grandes incertitudes de l’adolescence, en satirisant – parfois ironiquement, parfois avec tendresse, toujours avec humour – un modalité de vivre et les tabous qui sont restés debout, d’une manière provocatrice et sans ménagements. Ce n’est pas le monde idéal, peut-être, ni l’âge idéal qu’on veut récupérer, mais ce sont un monde et un âge qui – une fois niés – nous laissent handicapés de la réalité. Et on ne peut pas vivre ainsi. Scénographie Krisztina Nagy. Avec Malina Manovici, Ioan Strugari, Calin Stanciu jr., Bogdan Spiridon Le dernier étage d’un supermarché abrite le spectacle Bye Bye, Amérique. Pourtant, cet espace généreux était trop étroit pour le nombreux public qui voulait participer à la plus récente première du Théâtre National de Timisoara. Les jeunes acteurs ont illustré magistralement les valeurs de l’amour, de l’amitié et de l’idéal, dans un spectacle qui pose de graves questions, mais d’une manière bien charmante.. Raluca Culcea, Realitatea

JEUNESSE SANS VIEILLESSE ET VIE SANS MORT selon Petre Ispirescu Un spectacle de Mihaela Lichiardopol

Jeunesse sans vieillesse et vie sans mort: une histoire sur la vie et sur le temps, une histoire fantastique pour les grands et pour les petits, une histoire où nous allons trouver l’écho en s’interrogeant sur la vie et sur nous-même. Décors Lucian Lichiardopol Costumes Geta Medinski Musique Bujor Hariga Chorégraphie Cristina Prelipceanu Avec Colin Buzoianu, Malina Manovici, Romeo Ioan, Dana Bostan, Laura Avarvari, Adrian Jivan, Mihaela Chiticariu, Bogdan Spiridon, Ludmila Filip, Mirela Puia, Luminita Tulgara, Valentin Ivanciuc, Alina Chelba, Ana Gherman, Raul Romaniuc, Stefan Berciu, Mircea Gligor, Iuliana Craescu, David Popa, Andreea Colceiar.


LES TROIS SOEURS

de A. P. Tchekhov Un spectacle d’Ada Lupu

LE CIRCUIT ORDINAIRE selon J. C. Carrière Un concept de Doru Iosif

69 Le spectacle Les Trois Sœurs n’a pas l’intention de se situer dans une relation polémique avec la tradition tchekhovienne. Si Ada Lupu et ses collaborateurs polémiquent avec quelque chose ou avec quelqu’un, c’est avec ces idées reçues, concernant la manière de monter Tchekhov, des idées qui persistent encore… Ada Lupu a provoqué dans ce spectacle une double manipulation qui touche, à de notables résultats, la notion du temps et celle du réel… Cette manipulation lui réussit parfaitement. Je trouve ce spectacle bien courageux, original et cohérent, en impliquant les spectateurs, réellement, dans le rêve des trois sœurs. Et il ne faut pas oublier, Les Trois sœurs du Théâtre National de Timisoara est aussi le spectacle des succès individuels... Mircea Morariu, Teatrul azi Scénographie Velica Panduru Musique Dan Simion Light design Florian Putere Avec Claudia Ieremia, Alina Reus, Paula Maria Frunzetti, Ion Rizea, Ana Maria Cojocaru, Victor Manovici, Traian Buzoianu, Damian Oancea, Cãtãlin Ursu, Ioan Strugari, Doru Iosif, Mihaela Murgu, Vladimir Jurãscu, Benone Viziteu. Bien que le «cri de guerre» des trois soeurs soit toujours souligné – «A Moscou! A Moscou!», le metteur en scène réalise un spectacle appuyé

d’Igor Bauersima Un spectacle d’Alexandra Badea

69 d’Igor Bauersima: deux avatars dans l’espace virtuel et un prétexte invoqué: une meurtre acceptée / un suicide / qui met en question le Système. Deux personnes qui se connaissent dans l’espace réel: forcement de l’interdépendance entre le langage, le média et la perception, dans un spectacle multimédia qui explore le problème de l’identité et de la relation entre l’action et la fiction, entre le vital et le virtuel. Scénographie Velica Panduru Light design Chris Jaeger Sound design Dan Simion Vidéo Lucian Moga Avec Sabina Bijan, Cãtãlin Ursu 69 – un des plus importants spectacles contemporains de la Roumanie. C’est un débat sur l’authenticité de la liberté de s’assumer le choix, même à la limite de la mort. Mihaela Michailov, Suplimentul de cultura

Ton frère cadet est devenu le Big Brother? La haine fait que tes amis deviennent tes ennemis? Le monde est devenu un système clos dont on est la victime. On vit dans un perpétuel, orwelien 1984 où la délation reçut une nuance supplémentaire – celle du plaisir aberrant de dénoncer. «Le circuit ordinaire» fait détruir les dimensions humaines, par les deux personnages principaux: le dominé – Le Surveillé et le dominateur – Le Surveillant. Le spectacle provoque l’interaction acteur – spectateur, dans une comédie très non-conformiste sur des choses très sérieuses. Mirela Iacob Avec: Doru Iosif, Ioan Strugari, Ana Maria Cojocaru, Valentin Ivanciuc

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THÉÂTRE N ATION AL DE TIMISOARA

sur l’idée de la réduction de l’espace autour ces trois femmes bovariques. Jusqu’à la fin, la cadette, Irina, va rester, symboliquement, dans le périmètre étroit d’une table... Toutes les actions se dirigent vers ce dénouement, dans une tension parfaitement dosée. Nicolae Prelipceanu, Viata romaneasca


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LE CONTE D’HIVER de William Shakespeare Un spectacle d’Alexander Hausvater

Le Conte d’hiver est un spectacle sur le conte, sur les histoires qui nous dominent et sur celles qu’on domine, une histoire d’amour, de pouvoir, de jalousie et d’espoir où le rire et les pleures se mêlent, où l’être parcourt tout le chemin qui partage l’enfer du paradis. Un conte d’hiver qui se dirige, comme tout conte d’hiver, vers le printemps, vers la renaissance.

est en même temps Hermione et Perdita. Si Ion Rizea est vraiment crédible dans le passage de l’âge mur d’un puissant roi vers la résignée vieillesse d’un père dont la famille lui manque due à sa faute, la métamorphose dans l’autre sens de Claudia Ieremia – la reine courageuse, forte, séduisante et amoureuse de son roi qui ne la mérite pas, puis la fille de ce malheureux couple, éduquée par un berger mais capable de faire un prince l’aimer est totalement réussie. (…) Dynamique, plein d’énergie, couleur et surprises, Le Conte d’hiver est un vrai événement de cette sasion. Cristina Modreanu, Ziarul de Duminica

Le conte d’hiver est une histoire qui reprend le mythe d’Orphée, en révélant aussi le prix si douloureux qu’on paye quand on prit l’illusion pour la réalité (…) Cette nouvelle vision du texte de Shakespeare, «bâtie» dans un espace étrange, provoque l’imagination au maximum, exploite le dynamisme, le rythme et la couleur. Marian Radulescu, Liternet … Mais je trouve absolument surprenante la métamorphose totale de Ion Rizea, un des plus intéressants acteurs, avec une évolution extraordinaire au sein de la troupe de Timisoara, qui joue deux âges du roi Leontes, et de Claudia Ieremia, un vrai star de la scène de Timisoara, un comédienne extrêmement raffinée, avec une grande capacité de se réinventer, qui

AUTOBAHN de Neil LaBute Un spectacle de Radu Apostol

EDWARD selon Christopher Marlowe Un spectacle de Szabó K. István

Décors Lucian Lichiardopol Costumes Stela Verebceanu Musique Daniel Jinga Chorégraphie Mãlina Petre Light design Lucian Moga Avec Ion Rizea, Claudia Ieremia, Colin Buzoianu, Victor Manovici, Ovidiu Criºan, Damian Oancea, Benone Viziteu, Ioan Strugari, Laura Avarvari, Cãtãlin Ursu, Ana Maria Cojocaru, Alina Reus, Valentin Ivanciuc, Luminiþa Tulgara, Sabina Bijan, Doru Iosif.

Bientôt, Edward va se métamorphoser dans un spectacle de théâtre – danse où le conflit se développe par le mouvement ou le geste épique… Ainsi, dans le spectacle, la beauté n’est seulement une question de raffinement des images, mais aussi de l’effort commun de l’équipe artistique d’où, inévitablement, Ion Rizea se détache, le roi déchiré entre l’humiliation de ne pas pouvoir être un roi majestueux et la dépendance du plaisr … Cristina Rusiecki, Adevarul literar si artistic

Edward n’est pas du tout une leçon de morale – chrétienne, sociale etc. Le spectacle énonce – par l’intermédiaire d’une poésie dure et dans les couleurs les plus fortes, un problème de l’humanité: peuvent prévaloir les sens devant la loi, peuvent-ils «fonctionner» parallèlement ou en opposition – ou la loi, par sa propre structure, va les pulvériser, en imposant soit l’obédience soit le défi? Edward est le roi. Edward est le mari. Edward est le père. Edward est l’ami. Edward est homosexuel. Scénographie Kiss Borbála Chorégraphie András Loránt Musique Dan Simion Vidéo Lucian Moga. Avec Ion Rizea, Alina Reus, Cãtãlin Ursu, Sabina Bijan, Doru Iosif, Alecu Reus, Eugen Moþãþeanu, Valentin Ivanciuc, Traian Buzoianu, Cristian Szekeres, Benone Viziteu, Romeo Ioan, Colin Buzoianu, Victor Manovici, Ioan Strugari Le metteur en scène préfère l’opulence des images, le raffinement chromatique et une rhétorique gestuelle du plaisir (…)

Autobahn traverse en grande vitesse des destins et des expériences de l’intérieur d’une voiture. Autobahn est une radiographie lucide de la société contemporaine. Un regard réaliste et, en même temps cynique sur des thèmes sociaux bien actuels. Scénographie Alina Herescu Musique &sound design Petru Mãrgineanu Vidéo & light design Lucian Moga Avec Traian Buzoianu, Irene Flamann Catalina, Cristian Szekeres, Eugen Jebeleanu, Ion Rizea, Cãtãlin Ursu, Sabina Bijan, Victor Manovici, Ana-Maria Pandele Le spectacle de Radu Apostol - Autobahn est un délicat mélange du réel et de la métaphore. Il naît la sensation d’une dynamique extérieure de la vie où nous sommes que des séquences dans son déroulement… D’autres réalités de ce spectacle sont l’analyse subtile, qui touche même des profondeurs de typologie, une tension subtile qui se relève d’une apparence non-évolutive des personnages… Oana Bors, Teatrul azi


PRAÇA ROOSEVELT selon Dea Loher Un spectacle de Radu Afrim

est parfait, sans ostentation. En effet, en enlèvant le voile en soie artificielle, le spectateur va y trouver des matériaux précieux et une grande sensibilité cachée. Codrina Diana Tomov, Agenda Zilei

LES JEUNES FILLES EN SOIE ARTIFICIELLE

KRUM

selon Irmgard Keun Un spectacle de Ion-Ardeal Ieremia

Une place est un carrefour, un instant d’histoire personnelle, géographiquement matérialisée. Mais Praça Roosevelt est quelque chose de plus – c’est une grande cicatrice, un lieu d’où ceux qui l’habitent n’ont plus de la force pour continuer. Ces histoires sont réelles. Ces gens sont réels. Leur voix résonne tout comme les notres, dans la place Roosevelt et partout dans le monde. Excentriques, tragiques, comiques, tristes et, sourtout, seuls, les „locataires” de la place Roosevelt ont le même droit à la vie et à l’espoir comme n’importe qui, dans n’importe quel carrefour du monde. Praça Roosevelt est un spectacle sur les différences et les proximités, un spectacle sur l’accceptation. Décors Iuliana Vilsan Costumes Velica Panduru Musique Vlaicu Golcea Light design Lucian Moga Sound design Utu Pascu Avec Ion Rizea, Claudia Ieremia, Victor Manovici, Romeo Ioan, Irene Flamann Catalina, Andrea Tokai, Marius Lupoianu, Cristian Szekeres, Alina Reus, Cãtãlin Ursu, Cãlin Stanciu jr., Paula Maria Frunzetti, Cristina Pãdurariu C’est un spectacle parfait, la vision de la mise en scène est impeccable et une scénographie fantastique qui refait Praça Roosevelt dans toute sa décrépitude, et dans son charme fou, avec toute sa flore et sa faune, soit-elle félinne ou humaine (…) Les acteurs ont des partitures fulminantes.

Les Jeunes Filles en soie artificielle pourrait être résumé comme «Le Journal de Bridget Jones écrit par Bertold Brecht». Il y a un immense enjeu et la leçon est vraiment dure: être femme dans le monde des hommes représente une épreuve où le jeunes filles risquent de perdre leur âme. Les quatre hypostases de Doris représentent ce qu’on peut définir comme „the material girl”. En cherchant le bonheur, en s’efforçant de devenir des icônes de la mode, Doris est le prédécesseur de Carrie Bradshaw ou de Rebecca Bloomwood. Les Jeunes Filles en soie artificielle est un spectacle sur l’intimité. Scénographie Geta Medinski Sound design Horea Crisovan Avec Claudia Ieremia, Iuliana Craescu, Ana Maria Cojocaru, Roberta Popa Ionescu, Colin Buzoianu, Doru Iosif, Benone Viziteu Le spectacle refait d’une manière intelligente l’atmosphère des années ’30 et celle du chick-lit contemporain. Le dosage des répliques et des situations comiques

de Hanoch Levin. Un spectacle de Radu Afrim

Krum est une comédie noire, une étrange histoire sur des gens ordinaires. Les personnages qui peuplent la vie de Krum et lui-même, des voisins dans un quartier ou rien ne se passe, démontrent que tout ce qui compte dans la vie est la Beauté – visible ou invisible -, l’innocence de l’érotisme comme forme de communication et de connaissance dans un monde profondément marqué par la monotonie. Scénographie Krisztina Nagy Avec: Victor Manovici, Ion Rizea, Colin Buzoianu, Mihaela Murgu, Daniela Popa, Andrea Tokay, Luminiþa Stoianovici, Cristian Szekeres, Luminiþa Tulgara, Cãtãlin Ursu, Damian Oancea, Paula Maria Frunzetti, Traian Buzoianu et des élèves du Collège National d’Art de Timiºoara. On peut trouver les signes de l’humour, de la tendresse et du background philosophique dans le spectacle d’Afrim (Krum, n.n.), dans un tout avec effet à retardement, au-delà de la verve étincelante de l’impact direct avec la scène et les acteurs, chacun excellent dans son jeu … Doru Mares, Observator cultural

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Chaque rôle est un bijou en filigrane… Sans doute, aucun spectateur qui respecte sa passion pour le théâtre ne devrait le rater. Gabriela Lupu, Cotidianul


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LE FESTIVAL DE LA DRAMATURGIE ROUMAINE – RACCORD DU THEATRE ROUMAIN A L’EUROPE La Roumanie a dépassé les complexes d’un petit pays. Depuis vingt années, le Théâtre National de Timisoara organise le Festival de la Dramaturgie Roumaine, qui réunit les plus aimées et les plus controversées productions des théâtres roumains. Depuis la XIIème édition, le festival a trouvé une nouvelle identité. En 2006, l’Année Mondiale de la Francophonie, la mise du festival a été l’ouverture internationale. La présence à Timisoara de nombreux groupes de musique et de théâtre de l’étrangèr, d’auteurs, directeurs des théâtres et des festivals, metteurs en scène etc. a placé le festival de Timisoara à un niveau supérieur, en le transformant dans un noeud important de la vie théâtrale du sud-est de l’Europe. La composante internationale du festival est devenue de plus en plus importante – des spectacles de France, de Luxembourg, de Slovaqie, d’Allemagne, les Etats Unis etc. ont enrichi son programme, ainsi que les collections de dramaturgie en traduction, réalisées et imprimées avec le support de l’Atelier Européen de la Traduction, dont le Théâtre National de Timisoara était le partenaire roumain.

Les plus récentes éditions du festival lui ont dessiné un profil à part, branché surtout à la dramaturgie contemporaine. Pourquoi la dramaturgie contemporaine? Parce que ce théâtre s’identifie à l’état actuel du monde. Ce festival, dont «Le théâtre du lendemain pour le spectateur de la veille» est le slogan, se propose de mettre l’accent sur la dramaturgie contemporaine, en explorant de nouveaux espaces nonconventionnaux, de «conquérir» la ville par des événements éblouissants. Cristina Modreanu, Gandul

Deux éditions dans la formule actuelle après, le Festival de la Dramaturgie Roumaine a, avant tout, le mérite d’être un des si rares événements de ce genre qui a une vraie identité, un profil distinct et précis. Avec un répertoire assez «mainstream» (ça pourrait paraître un paradoxe, si on pense que la plupart des spectacles sont des productions indépendantes, mais s’imaginer qu’il n’y a pas du mainstream dans le théâtre alternatif, c’est une utopie – ou une dystopie), le festival cherche quelque chose d’obligatoire, il veut établir les directions de la nouvelle dramaturgie... Iulia Popovici, Observator cultural

C’est le Festival et le Théâtre qui a formé à Timisoara un public de théâtre branché et informé. Il y a du théâtre à Timisoara. Le Festival a une haute valeur nationale et encore plus. Il a fait connue la littérature dramatique roumaine et européenne du présent. Et, pourquoi pas, il faut mentionner qu’il est, par tous les événements qui l’accompagnent, beaucoup plus sympa et «friendly» dans la relation avec le public de Timisoara. Mircea Morariu, Familia


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LA MALADIE DE LA FAMILLE M de Fausto Paravidino. Un spectacle de Radu Afrim. Je ne commence jamais d’un «message» ou de quelque chose du similaire quand j’écris une pièce de théâtre. Je n’ai rien à enseigner les autres, je n’ai rien à dire. Mon point de départ sont des suggestions qui viennent de n’importe où. Je crois que chaque personnage essaie d’avoir une petite place dans sa petite société, de jouer son propre rôle. Même s’il ne s’agit pas d’un bon rôle. C’est évident dans le cas de Marta et de Maria. La première décide de faire la mère - elle se responsabilise d’une manière absolue; la deuxième refuse ce rôle et elle le démontre par une totale irresponsabilité. Cette sorte des choix fait générer le conflit, en leur offrant de la personnalité, un certain comportement à chacune et, par suite, «un place dans le monde». Gianni, lui aussi, il veut résister à une cruelle réalité en jouant le fou, à vrai dire, en la refusant. Luigi vit caché derrière sa maladie (réelle ou fausse), Fulvio et Fabrizio connaissent seulement leur amitié, ils savent seulement que Fulvio est le fiancé de Marie ; ils répètent toujours «nous sommes amis, Marie est ta fiancée» seulement pour provoquer la réalité de ce fait. En même temps, j’aime les conjonctures domestiques parce que les personnages peuvent utiliser un langage bondé de mots au double sens et de références à des choses qu’ils connaissent, mais le public non pas. La famille est, elle aussi, une métaphore de la société. Par suite, si on place un texte dans le cadre familial, on peut faire deux choses simultanément: parler de cette famille et l’utiliser comme métaphore de la société. Fausto Paravidino


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Je suis allée dans la forêt. C’est Afrim qui m’a montré le chemin (...) Une des sensations les plus intenses issues de ce monde végétal poétique et étrange est de ne pas entrer dans un lieu théâtral, mais dans un endroit hallucinant (...) Il y a peu de spectacles qui ont une dimension spatiale creusée dans le trajet psychique et physique de chaque personnage, peu de spectacles qui ouvernt un champ sensoriel dans les spectateurs. (…) La Maladie de la famille M est un maquis érotique et névrotique... Des corps seuls cherchent leur esprit indécis dans le plus poétique et sensoriel spectacle de la Roumanie d’aujourd’hui. Mihaela Michailov, Suplimentul de culturã

La vie d’avant la vie

Exercice de style: ville – extérieur. Maison – intérieur. Frère – famille. Famille – maladie. Des concepts en dissolution. Quelque chose les dissolvent, dans des couches successives… à tel point que tout semble à se réduire à une confrontation pathétique entre la maladie de la raison et celle de l’esprit. Une lutte sans vainqueurs. Prison fluide, solitude épidé(r)mique, infinie … C’est ça la famille M, malade de toutes les maladies de son monde. Les personnages qui la composent ou qui gravitent autour d’elle aiment de manière maladive,

contagieuse, contaminés par la solitude, castrés et castrant du point de vue affectif; en sentant leur vie comme une fine marge, ils arrivent à une limite en quelque sorte schizoïde, en se court-circuitant chaque fois qu’ils essaient de communiquer, d’expliquer, de s’expliquer. Dans le marasme, seulement les sens peuvent provoquer des ondes de choque. La sensualité, dans toute son innocence, ou, en ce qui concerne le père, dans toute sa décrépitude, n’est que fuite devant la réalité, l’idée, la notion. Et si certains personnages, responsabilisés impérativement par la peur de ne

pas s’affronter avec les propres inquiétudes, la répriment d’une manière médiocre, par contre, les autres vivent par le corps, en se réfugiant sous la peau. Des êtres au-delà d’eux-mêmes, des êtres qui cherchent, épuisés, leur soi, ou qui, au contraire, le traînent empaillé, par une corde, ours déplumé, les yeux en plastique. Ils se trouvent tous dans un perpétuel exercice d’être. Et ils n’y arrivent pas. La maladie de la famille M: prison fluide, prison - cocon qui protège contre la douleur, contre le monde, contre la vie. Un simple exercice de style. Ou d’exile. Codruta Popov

DISTRIBUTION Luigi Marta Maria Gianni Fabrizio Fulvio

ION RIZEA CLAUDIA IEREMIA MALINA MANOVICI EUGEN JEBELEANU COLIN BUZOIANU VICTOR MANOVICI

Scénographie VELICA PANDURU Light design LUCIAN MOGA Sound design RADU AFRIM UN SPECTACLE DE RADU AFRIM

Les droits de représentation appartiennent à Zachar International, Milan Régie de scène: Elena Natalcenco, Valentina Cotinschi Souffleur: Iudita Reinhard; Lumières: Gerhard Crãciun, Laurenþiu Marin Sonorisation: Peter Szabo Equipe technique et de scène Accessoiristes: Mariana Doboºan, Alin Tofan; Costumière: Monica Grand, Lorena Caldes, Maria Tanasescu; Coiffure: Dana Genig; Maquillage: Lucia Moise Machinistes: Iosif Toth, ªtefan Crâsta, Gheorghe Pataki, Traian Oneþ, Szábo Zoltan, Marius Crãciunesc, Ioan Ilia, Iosif Bãlteanu, Ionel Lazãr, Adrian Iancu Accueil: Niculina Morar, Maria Manolache, Alina Avram, Carmen Trifan, Bogdan Socaciu, Johann Antoniac, Ciprian Prune, Ciprian Cozma


On dit qu’entre tous les genres littéraires, la dramaturgie n’arrive presque jamais non pas à la perfection, mais à un degré décent d’accomplissement. Peut-être parce que l`auteur doit employer le mot (la matière prime de la littérature) pour créer pas seulement des états d’esprit, des sentiments, des sensations, comme dans le cas de la poésie, mais tout cela et encore quelque chose très simple et très mystérieux: la vérité. La vérité de la présence sans intermédiaire de l’homme devant les autres gens. Et ç’est peut-être la plus difficile chose à accomplir et peu de gens arrivent à cette performance. Fausto Paravidino semble a appartenir à ces élus de Thalie et de Melpomène, les deux muses du théâtre, parce que, même si jeune, il est un vrai dramaturge: son verbe a pleine de force et il a tout le pouvoir sur le verbe. La maladie de la famille M, écrite en 2000, en est un exemple éclatant. En utilisant peu d’indications scéniques (ses «didascalies» mentionnent seulement la place de l’action et… le bulletin météorologique: nuages, soleil

etc.) et en préférant nettement les répliques courtes, elliptiques, souvent interrompues avant la fin de la phrase, l’auteur italien arrive, comme par un miracle, à faire «naître» sous nos yeux des êtres, des destins, des vies – un monde entier, authentique et vivant. La réussite est d’autant plus impressionnante que ses personnages appartiennent aux différentes catégories d’âge, ils ont des psychologies différentes ; encore mieux, ils ont, chacun, la propre vérité convaincante et émouvante. De l’affrontement de ces vérités individuelles, de leur combat ou de leur réconciliation résout l’impression de réalité contrôlable existante près de chacun d’entre nous. C’est une impression qui, pendant que je travaillais à la traduction, m’a comblé et ravi, une impression qui m’a fait – à tour de rôle – sourire, rire aux éclats et me découvrir les yeux en larmes. Un tel effet que n’importe quel auteur voudrait obtenir est l’arme la plus forte et le trésor le plus précieux du théâtre. Alice Georgescu

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L`effet Paravidino

L’affinité visuelle et dramatique d’Afrim avec le psychique glissant et charismatique, avec les personnages qui ont des déficiences mentales accrochantes, avec les innocents douloureusement vulnérables qui vivent leurs impuissances à la limite de la schizoïdie, avec ces amputés psychédéliques extraits du marathon de l’amour et entraînés dans la course de l’humiliation traumatisante fut prouvée dans plusieurs spectacles – Krum de Hanoch Levin, Adam Geist de Dea Loher etc. Afrim a sélectionné les textes représentatifs pour l’idiome psychique qui définit le mieux son inclinaison vers la dramaturgie de grands fragiles mentaux, expulsés du territoire de l’affection dequelle ils ont tellement besoin. Afrim a choisi ceux qui, à leur tour, se découvrent en fonction des névralgies psychiques, du métabolisme des maladies qui les approchent. Les personnages d’Afrim ont un «minus» psychique qui accomplit leur angoisse d’équilibre. Dans tous ses spectacles, Afrim pose la question de la double perception psychodramatiques: d’une part, les protagonistes saisissent le monde avec une marge de déformation qui leur offre le droit de l’appartenance à la catégorie discutable des anormaux, d’autre part, le monde les saisit avec un déficit de sensibilité qui les transforme dans des réfractaires à toute sorte de normalité imposée a priori. Les spectacles d’Afrim approfondissent le paradigme d’une nouvelle typologie de héro: le héro faible, translucide, le héro mou, dans lequel s’écoule toute la révolte et toute l’instabilité insécurisante des psychoses contemporaines. Mihaela Michailov


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ION RIZEA Bien qu’encore jeune, sa remarquable carrière réunit plus que 35 rôles principaux. Il est peut-être le plus sollicité acteur de la troupe de Timisoara. Il a démontré sa capacité de métamorphose dans chaque spectacle où il a incarné les plus divers personnages et caractères: L’Officier dans Bent de Marin Sherman, Lucky dans En attendant Godot de Samuel Beckett, Trofimov dans La Cerisaie et Verchinine dans Les Trois Soeurs d’A. P. Tchekhov, Justin dans L’affaire de la rue de Lourcine, Carl dans The Glory of living de Rebecca Gilman, Flute dans Le Songe d’une nuit d’été (ce rôle, joué en hongrois), Leontes dans Le Conte d’hiver de William Shakespeare, Edward dans edward selon Ch. Marlowe, Oberon dans Le Parc de Botho Strauss, Aurora dans Praça Roosevelt selon Dea Loher etc. Depuis 2006, il est aussi le directeur adjoint du Théâtre National de Timisoara, en contribuant au grand essor qui marque l’histoire récente de cette institution.


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Claudia Ieremia est la plus connue et aimée comédienne de Timisoara, reconnue par le monde théâtral roumain comme une de grandes valeurs de sa génération. Depuis 1995, elle a interprété plus que 30 rôles de théâtre classique et contemporain: Regan dans Roi Lear, Rosalinda dans Comme il vous plaira, Helena dans Le songe d’une nuit d’été, Imogen dans Roi Cymbeline de William Shakespeare (ce dernier rôle en allemand), Pauvre Lelian dans Invectives selon Paul Verlaine, Dora dans La femme comme un champ de bataille de Matei Viºniec, Madame de Sade dans Madame de Sade de Yukio Mishima, Miss Blandish dans Glace et orchidées d’après James Hardley Chase, Norine dans L’affaire de la rue de Lourcine d’Eugène Labiche, Julie dans Fernando Krapp m’avait écrit cette lettre de Tancred Dorst, Irina dans Les Trois Sœurs d’A. P. Tchekhov, Médée dans Médée d’Euripide et beaucoup d’autres. Elle a reçu le Prix pour la meilleure performance féminine au Festival de Théâtre Atelier de Sf. Gheorghe, 1999 et le prix pour la meilleure actrice au Festival de la Dramaturgie Roumaine, Timiºoara, 2002. Le public roumain l’apprécie pour ses rôles dans les filmes et les séries de télévision, aussi.

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CLAUDIA IEREMIA


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COLIN BUZOIANU Il a passé son enfance dans le théâtre. Fils d’un acteur, il a eu son premier rôle à sept ans. Après ses études de théâtre, il a été plusieurs années le star du Théâtre Allemand de Timisoara. Depuis sept ans, il est un des acteurs le plus sollicités de la troupe du Théâtre National. Sa capacité de jouer en deux langues, dans deux cultures si différentes que celle roumaine et celle allemande enrichit chaque apparition de Colin Buzoianu avec un trait spécial, spécifique.


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Un acteur charmant, Victor Manovici est un des préférés des metteurs en scène qui travaillent à Timisoara. Il n’est jamais resté figé dans une typologie, en étant toujours à l’aise dans les rôles les plus divers. Dans six ans de carrière au sein de la troupe du Théâtre National, il est devenu un acteur aimé par le public de Timisoara. Parmi ses réussites artistiques on peut compter des partitions importantes dans Le Démon et Mademoiselle Prym selon Paulo Coelho, Imagine Show, Autobahn de Neil LaBute, Krum de Hanoch Levin, Le Rêve selon Mircea Cartarescu, Les Trois Sœurs d’A. P. Tchekhov, Le Conte d’hiver de William Shakespeare, Praça Roosevelt selon Dea Loher etc.

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VICTOR MANOVICI


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EUGEN JEBELEANU A 20 ans, Eugen Jebeleanu peut déjà parler d’une riche histoire artistique. C’est le metteur en scène Ada Lupu qui le découvre. Eugen Jebeleanu commence avec la danse, il fait de la performance mais à 16 ans, il doit choisir entre le championnat national de danse et le spectacle Scrinul negru (La Commode noire) et il choisit, pour toujours, le théâtre. Un an après, un des plus intéressants metteurs en scène de la nouvelle génération, Radu Apostol, lui offre un rôle principal dans Autobahn de Neil LaBute, puis il est remarqué par Alexander Hausvater qui lui offre un rôle dans Athénée Palace Hotel. Le pas suivant est la télévision, où joue le rôle principal dans la série Encore un pas, qui lui occupe plus qu’une année et qui le rend connu dans tout le pays. Il retourne vers le théâtre avec le rôle Gianni du spectacle La Maladie de la famille M à Timisoara, suivi par le rôle Katurian dans L’homme oreiller de Martin McDonagh, au Théâtre «Maria Filotti» Braila. Il est étudiant à l’Université Nationale d’Art Dramatique et Film de Bucarest.


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Après un diplôme de Lettres, Malina Manovici suit son mari à Timisoara et commence des études de théâtre en 2004. Bien qu’étudiante, les metteurs en scène qui viennent travailler à Timisoara la découvrent et elle commence à recevoir des rôles de plus en plus importants au Théâtre National. En tant qu’actrice professionnelle elle compte déjà des rôles importants dans Cendre de cailloux de Daniel Danis, Le Parc de Botho Strauss, Coca Blues de Ioan Peter, La Maladie de la famille M de Fausto Paravidino, Jeunesse sans vieillesse et vie sans mort selon Petre Ispirescu et Bye bye Amérique de Carmen Dominte.

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MALINA MANOVICI


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RADU AFRIM Radu Afrim. Metteur en scène. Trente cinq spectacles en moins que dix ans. Le plus titré metteur en scène roumain. Le Prix Culturel «Europe 2009», octroyé par KulturForum Europa pour l’attitude sociale. de ses spectacles. Le Prix «Coup de Cœur de la Presse» au Festival d’Avignon en 2008 pour Mansarde à Paris vue à la mort de Matei Visniec, à Kulturfabrik Luxembourg. Nomination au Prix National de Théâtre UNITER 2009, pour le meilleur metteur en scène, pour L’homme oreiller de Martin McDonagh, au Théâtre «Maria Filotti» Braila (le spectacle a reçu une nomination pour le meilleur spectacle, aussi). Le Prix pour le meilleur metteur en scène au Festival de la Dramaturgie de Timisoara, 2008, pour Mansarde à Paris vue à la mort de Matei Visniec, Kulturfabrik Luxembourg. Le Grand Prix pour le meilleur spectacle au Festival de Théâtre de Piatra Neamt 2007 pour Inimi cicatrizate (Les cœurs cicatrisées) de Max Blecher au Théâtre d’Etat Constanta. Le Prix UNITER 2007 pour le meilleur metteur en scène pour joi.megaJoy de Katalin Thuoczy au Théâtre de l’Odéon Bucarest. Le Prix UNITER 2006 pour le meilleur metteur en scène pour Plastilina de Vasili Sigarev, au Théâtre «Toma Caragiu» Ploiesti. Le Prix spécial du jury au Festival de dramaturgie contemporaine de Brasov, 2004, pour La Plage de Peter Asmussen,

au Théâtre «Maria Filotti» Braila. Le Prix pour le meilleur metteur en scène au festival Atelier 2003, Sfintu Gheorghe pour Les Névroses sexuelles de nos parents de Lukas Barfuss, au Théâtre «Toma Caragiu» Ploiesti. Le Grand Prix au festival de théâtre de Piatra Neamt 2003, le Grand Prix pour la mise en scène au Festival de la dramaturgie contemporaine de Brasov 2003 pour De ce fierbe copilul in mamaliga (Pourquoi l’enfant cuisait dans la polenta) selon Aglaja Veteranyi au Théâtre de l’Odéon Bucarest. Le Grand Prix au Festival Atelier 2003 pour Les Trois Sœurs selon A.P. Tchekhov, au Théâtre «Andrei Muresanu» Sf. Gheorghe. Nomination au Prix UNITER 2003 pour Algues. Bernarda’s House Remix selon F. G. Lorca, au Théâtre «Andrei Muresanu» Sf. Gheorghe. Le Prix pour la meilleure mise en scène au Festival de théâtre Grange de Dorigny, Lausanne 2001 pour eurOcean Café de Saviana Stanescu, Gianina Carbunariu, Radu Macrinici et Stefan Caraman. Le Grand Prix au Festival de théâtre Grange de Dorigny, Lausanne 2000 pour BluEscape selon Laurie Anderson, Casa Tranzit Cluj. Au Théâtre National de Timisoara, Radu Afrim a réalisé trois spectacles: Krum de Hanoch Levin (2006), La Maladie de la famille M de Fausto Paravidino (2008) et Praça Roosevelt selon Dea Loher (2009).


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Velica Panduru. Scénographe. Elle est le premier scénographe qui a reçu le prix national de théâtre UNITER pour le début en 1997, pour Penthesilea selon H. von Kleist au Théâtre d’Etat de Constanta. Le Prix UNITER 2009 pour la meilleure scénographie pour La Maladie de la famille M de Fausto Paravidino, au Théâtre National de Timisoara. Elle réalise les scénographies pour plus que 25 spectacles, en Roumanie et à l’étrangèr. Elle travaille dans des théâtres européens – Piccolo Teatro de Milan, Théâtre Barka et Théâtre Thalia de Budapest etc. et roumains: le Théâtre Bulandra Bucarest, Théâtre de la Comédie Bucarest, Theatrum Mundi etc. En 2001, elle a fait partie de l’équipe du projet international La Méditerranée, qui a fait présenté le spectacle homonyme en France, en Corse, en Sardine, en Afrique du Nord etc. Au Théâtre National de Timisoara elle participe à la création de six spectacles: Le Rêve selon Mircea Cartarescu (2007), 69 d’Igor Bauersima (2008), La Maladie de la famille M de Fausto Paravidino (2008), Trois sœurs d’A. P. Tchekhov (2008), Cum depaseste Barbie criza mondiala (Comment dépasse Barbie la crise mondiale) de Mihaela Michailov et Praça Roosevelt selon Dea Loher (2009).

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VELICA PANDURU


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Théâtre National de Timisoara, un monument historique Culturellement parlant,Timiºoara est un espace à part. A la confluence de plusieurs ethnies, l’architecture culturelle de la ville a un trait spécifique et, en même temps, bien généreux. Dans le contexte artistique du XXIème siècle, les conditions d’une scène «boîte italienne» provoquent beaucoup de compromis. Identifier et récupérer des espaces nouveaux pour la culture est plus que nécessaire. Avec cette stratégie, le Théâtre National de Timisoara retrace la carte culturelle de la ville, en lui ajoutant, en tant que territoires de l’art, le Palais de la Culture, la Salle 2 et la synagogue désacralisée «Fabric». Le Théâtre National de Timisoara a commencé une nouvelle révolution qu’on pourrait intituler «Timisoara restitué au théâtre». Il s’agit d’un projet social de récupération des bâtiments historiques comme espaces théâtraux. Aujourd’hui, le Théâtre National de Timisoara compte trois salles: la Salle du Palais de la Culture, la Salle 2 et la Salle «Fabric».

Le Palais de la Culture représente l’image de Timisoara, son symbole historique et culturel. Son fonctionnement garde cet esprit et, par conséquent, la restauration de ce bâtiment doit le respecter, en répondant aussi aux plus hauts standards de la société contemporaine,

par son concept «art & bussiness». La Salle du Palais de la Culture était le seul espace de jeu du théâtre, un espace classique, en «boîte italienne». Etant données ses caractéristiques structurelles, la commission technique de la mairie de Timisoara a réalisé une étude de faisabilité concernant la restauration du Palais de la Culture qui commencera en 2010.


La Salle «Fabric» a une histoire qui la rend l’événement majeur du déroulement du projet «Timisoara restitué au théâtre». La salle «Fabric» est une ancienne synagogue néologue désacralisée. En récupérantce monument d’architecture, le Théâtre National de Timisoara le sauve de l’oubli et le fait réinsérer dans le circuit culturel de la ville par des spectacles, concerts etc.

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THÉÂTRE N ATION AL DE TIMISOARA

L’histoire de la Salle 2 du Théâtre National de Timisoara monte jusqu’au moyen âge. Ce nouvel espace théâtral fut, à tour de rôle, caserne, manège impérial, dépôt de munitions, archive de la ville... salle de sport. Pendant cette dernière décennie, il fut presque abandonné. Concernant la Salle 2, le Théâtre National se trouve devant un grand défi. Il s’agit d’un espace alternatif, un salle qui pourra répondre aux plus novatrices demandes artistiques, techniques, structurelles, architecturalles etc. Les démarches pour cette salle ont commencé il y a 10 ans. Depuis 2008, le Théâtre National de Timisoara a produit dans cet espace des spectacles inclus dans tous les classements théâtraux roumains.


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THEATRE NATIONAL DE TIMISOARA

EDITION

LIVRE DE THEATRE Le dialogue culturel est le premier pas naturel, non-politique, non-démagogique que les pays d’une Europe unie doivent accomplir. Ce continent réunit des experiences culturels et artistiques divers, dont la connaissance réciproque aura un effet enrichissant. Fidèle à cette philosophie , un des objectifs principaux du Théâtre National de Timisoara est la promotion de la dramaturgie contemporaine en traduction. Pendant les dernières années, le Théâtre National de Timisoara a fait éditer plusieurs créations des auteurs roumains qui ont reçu le Grand Prix au Concours National de Dramaturgie et, en parteneriat avec l’Atelier Européen de la

Traduction, il a offert au millieu théâtral roumain les collections de dramaturgie européenne (Valère Novarina, Olivier Py, Dimitris Dimitriadis, Juan Mayorga et Antonio Celestini), canadienne (Daniel Danis, Larry Tremblay, Michel Tremblay, Simon Fortin et Normand Chaurette) et nordaméricaine (Arthur Kopitt, Oren Safdie, Gino Di Iorio, Romulus Linney et Jean-Claude Van Italie). Il faut mentionner aussi la revue «atent» du Théâtre National, qui reflète le mouvement théâtral roumain et européen parmi des interviews, enquêtes, éditoriaux etc. Pour faciliter le procès de la traduction et pour la rendre encore plus accessible au public,

L`Usine des décors

le Théâtre National de Timisoara est en train de coordonner son activité avec celle du réseau européen TER (Traduction, Edition, Représentation) qui „réunit des partenaires impliqués dans le monde du théâtre de différents pays d’Europe et du monde, en ayant pour but de favoriser un meilleur repérage, une meilleure circulation des œuvres dramatiques contemporaines, ainsi qu’une meilleure information à leur sujet, en vue de leur traduction, de leur édition et de leur représentation”, structure créée par l’équipe de Maison Antoine Vitez, Centre international de la traduction théâtrale.

Un projet connexe à la recherche des espaces théâtraux à Timisoara est «l’Usine de décors». Il s’agit de déménager les ateliers de production des décors et des costumes du Théâtre National de Timisoara dans un complexe bâti pour répondre aux plus hautes exigences techniques d’un théâtre du XXIème.


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TIMISOARA DANS LA

de Victor NEUMANN,

historien

La ville cosmopolite d’une région transfrontalière Dans l’Empire des Habsbourgs du XVIIIe siècle, ce furent les élites les premières à être tentées d’adopter les valeurs propres à la civilisation occidentale. Un siècle plus tard, l’ensemble des citadins de l’Europe Centrale s’appropria également l’orientation pro-occidentale. L’adoption des valeurs modernes allait constituer un repère important des sociétés urbaines. Entre 1880 et 1918, une explosion démographique sans précédent eut lieu dans les villes de la Monarchie austro-hongroise. À cette époque-là on construisit beaucoup, non seulement dans les centres connus, mais aussi dans les petits bourgs qui acquirent ainsi une configuration architecturale européenne. C’est alors qu’on mit en œuvre des administrations nouvelles dans toutes les villes d’Europe Centrale, sur le modèle de Vienne ou de Budapest, que la production économique se diversifia, et qu’on adopta les principes commerciaux valables sur tout le continent. Située à 550 km de Vienne et à 250 km de Budapest, Timiºoara assimila en peu de temps les influences transmises par les deux capitales impériales. En 1910,

la ville comptait 72 555 habitants, avait deux établissements d’enseignement pour la formation technique supérieure, deux évêchés, 62 usines petites et moyennes, 132 associations scientifiques et professionnelles, sept quotidiens, 17 imprimeries, une vie musicale de très bonne qualité etc. Avec ses 11 656 élèves en 1906, Timiºoara était une vraie ville des écoles. En 1911, les autorités de la ville obtinrent l’accord pour fonder la deuxième école polytechnique de l’est de la monarchie. Après Budapest, Timiºoara était devenue l’une des villes les plus importantes et les plus modernes de l’Est de l’AutricheHongrie. Du point de vue économique, elle surclassait les villes de Transylvanie, de l’Est de la Grande plaine hongroise ou de Voïvodine. Elle était comparable à Bratislava (Pozsony) ou à Pécs. Son ouverture européenne avait été facilitée par son plurilinguisme (on parlait cinq langues à Timiºoara), par son interculturalité et par l’appartenance de sa population à plusieurs confessions. Analysée sous tous les angles: industriel, urbain, social, culturel, pédagogique et

comportemental, Timiºoara de 1910 était intégrée à l’Europe et détenait le rôle de «principal lien entre la Monarchie et les Balkans». Les bases jetées dans les décennies du dualisme s’avérèrent utiles au cours de tout le XXe siècle. L’orientation politique de la ville n’était influencée par aucun sectarisme communautaire. Grâce à la cohabitation, à la condition sociomatérielle relativement semblable de la plupart de ses habitants, ainsi qu’au mélange de familles d’origines diverses, Timiºoara déjouait les tendances assimilationnistes, les ethno-nationalismes et les excès de doctrine religieuse. Ses plurivalences culturelles généraient un état de civilisation qui contribuait à attirer les investissements techniques et commerciaux. Ce ne sont que quelques éléments qui rendaient possible la pérennisation des différences d’ordre culturel et politique entre Timiºoara et beaucoup de villes plus ou moins proches, telles Arad, Oradea, Cluj,

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MÉMOIRE COLLECTIVE CONTEMPORAINE


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Braºov, Debrecen et Szeged, où les programmes éducationnels imposant la priorité d’une langue au dépens d’une autre étaient devenus une partie des politiques officielles hongroises. La capitale du Banat prenait ses distances également par rapport à la Kulturnation du romantisme allemand qui avait été adoptée et avait fait carrière dans la seconde moitié du XIXe siècle et au siècle suivant dans de nombreux milieux intellectuels d’Europe Centrale et du Sud, tels les tchèques, les slovaques, les roumains, les croates, les serbes, les grecs et les bulgares. Malgré les pressions de magyarisation de la période 1880-1914, de la tentative serbe d’annexion à la fin de la Première guerre mondiale et des politiques de roumanisation commencées en 1919, Timiºoara a continué à être au cours du XXe siècle une ville cosmopolite par excellence. Ce qui est remarquable, c’est que les habitants de la ville utilisaient les langues allemande, roumaine, hongroise, serbe, bulgare, et que les différences n’étaient pas et ne sont pas devenues essentielles. Le nom de la ville était connu dans toutes les langues importantes utilisées par ses habitants: Temeschburg, Temesvár, Temišvar, Timiºoara. La conscience des héritages historiques divers est restée une constante, ce qui rendait diverses même les pratiques religieuses de chaque groupe culturel. Les Roumains étaient de religion orthodoxe, mais il y en avait aussi qui étaient grécocatholiques, les Hongrois étaient catholiques ou protestants calvinistes, les Allemands — catholiques romains et, certains, protestants luthériens, les Juifs — ashkénases, séfarades, orthodoxes, et réformistes ou néologues. C’est de ces héritages que sont nés les codes multiples du citoyen de Timiºoara, identifiables en partie jusqu’à nos jours dans les définitions et auto-définitions identitaires, la pédagogie sociale, l’interférence des coutumes religieuses, la survivance des établissements scolaires secondaires de langues allemande, hongroise et serbe, ainsi que dans l’apparition des établissements de langues anglaise et française. Tout cela indique une physionomie multi- et interculturelle, dans l’apparition de laquelle les familles mixtes ont joué un rôle d’avant-garde. À la suite de la Première guerre mondiale, après que les empires ont éclaté et que la carte de l’Europe a été redessinée par les traités de Versailles, certaines régions de la monarchie austro-hongroise sont devenues le

moteur de l’industrialisation des nouveaux États nationaux. La Bohême et la Moravie ont joué un tel rôle pour la Tchécoslovaquie. Le Banat n’est pas devenu un modèle similaire pour la Roumanie. Timiºoara est entrée dans la sphère d’influence de Bucarest, la capitale de la Roumanie, c’est-à-dire on lui a imposé un modèle culturel et une mentalité politique différents par rapport à l’héritage de l’ancienne Monarchie austro-hongroise. On a diminué le poids de Timiºoara et, implicitement, celui du Banat dans la vie socio-politique, et l’État national roumain a été privé d’un moteur économique qui était déjà fonctionnel et relativement performant à l’époque de la monarchie dualiste. Appelée «le Manchester de la Transleithanie» dans les années 19001910, Timiºoara a continué de vivre encore pendant quelque temps de ses réussites industrielles et de son renom commercial d’autrefois. Graduellement, dans la Roumanie des années 19191940, la ville est devenue un centre sans pouvoir administratif propre et sans les ressources financières nécessaires pour continuer un développement en accord avec ses aspirations. C’est justement pourquoi ses habitants se sont parfois rapportés avec nostalgie au temps d’avant la première guerre. D’autres fois, ils ont exprimé d’une façon plus appuyée leur identité régionale et ont manifesté un complexe de supériorité par rapport au sud de la Roumanie et surtout par rapport à Bucarest. Il n’y a eu tout de même jamais d’idéologies et de pratiques politiques radicales qui mènent à des ruptures régionales ou à l’autonomie de Timiºoara et du Banat à l’intérieur de la Roumanie. C’était d’ailleurs impossible à cause de la Constitution de 1923, qui faisait du centralisme une politique d’État et qui bloquait tout pouvoir décisionnel local. Le rôle de capitale de la Grande Roumanie détenu par Bucarest a fait que l’amalgame de traits orientaux et occidentaux qui le caractérisait soit proposé au pays tout entier. Inspiré par la Turquie ottomane et par les règnes fanariotes, d’une part, et par des sources intellectuelles françaises et prussiennes, d’autre part, le modèle culturel de Bucarest devait être approprié par toutes les régions et les villes intégrées à la Grande Roumanie. Dans un premier temps, on a cherché à consolider l’État. La crainte inspirée par les voisins et par de possibles revendications territoriales avait ses raisons, ce qui a fait du nationalisme la doctrine politique roumaine la plus populaire. Même le

communisme roumain s’est inspiré de cette doctrine, confisquant avec une efficacité suspecte au service de sa propre politique des pans entiers de l’ethno-nationalisme de l’entre-deuxguerres. Les promotions professionnelles et dans les hiérarchies institutionnelles se faisaient aussi sur la base de critères ethno-culturels et d’appartenance confessionnelle. Divisant de façon artificielle la capitale et la province, le centralisme a inculqué une forme d’exclusion des régions de l’Ouest et du Nord, ainsi que de leurs villes, des affaires publiques. Située au carrefour des voies européennes qui relient Hambourg à Athènes et Istanbul à Vienne, Timiºoara se trouve dans le voisinage immédiat de la Hongrie et de la Serbie. Du point de vue social et du niveau de vie, elle a été longtemps considérée comme la ville la plus évoluée de Roumanie. Timiºoara a eu du mal à s’adapter au style proposé par Bucarest. Sa physionomie multiculturelle et son comportement critique hérités de la Monarchie austro-hongroise ont eux aussi contribué à une fronde bénigne de Timiºoara contre les politiques de Bucarest. C’est encore visible de nos jours dans les problèmes de politiques administratives et économiques, dans les disputes sportives ou dans les interprétations de l’histoire récente. Le modèle de la ville central-européenne était resté plus attractif pour les habitants de Timiºoara que celui balkanique proposé par les élites dominantes de la capitale, d’où la résistance face à l’uniformisation identitaire des régions.

Les changements politiques de 1989 Timisoara la révolutionnaire Dans les années ‘60-’80, le régime Gheorghiu-Dej, puis Ceauºescu a engendré un état d’esprit insupportable. À Timiºoara, la politique du régime totalitaire provoquait la population de diverses façons. La pénurie alimentaire, les dépendances financières, la militarisation des institutions, la crainte pour la vie privée, les persécutions dans le domaine professionnel, c’étaient autant de traits généraux du communisme de Roumanie. Dans le cas de Timiºoara et d’autres villes du Banat, s’y ajoutait la suspicion à l’égard de l’individu qui vivait au voisinage


des enseignants des universités, des activistes culturels, des pédagogues, des éditeurs et des journalistes des quotidiens, les communistes tenaient compte de l’appartenance communautaire et du poids de celle-ci. De même que dans les millets turcs du Moyen-Âge, les habitants de la Roumanie communiste étaient obligés à s’identifier à un certain groupe ou étaient identifiés de façon aléatoire à partir de leur nom, la langue qu’ils parlaient ou le lieu de culte qu’ils fréquentaient. Ce phénomène (parfois encore présent dans le milieu culturel roumain) est d’autant plus étrange, que par ailleurs on tendait à effacer les réalités sociales et historiques. Les politiques dictatoriales négligeaient à bon escient les héritages des anciens territoires de l’Empire des Habsbourgs, ceux qui avaient été colonisés par des populations de diverses origines culturelles, linguistiques et religieuses. Certaines régions, comme le Banat, étaient devenues frontalières après la Première guerre mondiale. Timiºoara s’était approprié une mentalité transfrontalière et transculturelle grâce à sa position géographique. Cette vérité de la transculturalité a été occultée par les livres d’histoire des Roumains et des communautés minoritaires, raison pour laquelle des points d’interrogation persistent aujourd’hui encore quant à l’identité de la ville. En fait, il y a deux définitions identitaires qui entrent en compétition, l’une soutenant la diversité et l’interculturalité, l’autre promouvant la spécificité fondée sur des éléments ethniques et sur la monoculturalité. Au-delà des noms roumains dominants dans la ville d’aujourd’hui, et à l’exception des minorités relativement bien dessinées à partir de la langue, un pourcentage important des habitants de Timiºoara a gardé jusqu’à nos jours des noms allemands, serbes, slovaques, hongrois, sans que cela signifie identification des personnes qui les portent à un certain groupe. Dans de tels cas, l’identité est citoyenne, et l’identité culturelle est conférée par la région d’origine (le Banat en l’occurrence), par la ville natale ou de résidence (de Timiºoara pour ceux qui y sont nés ou pour ceux que la ville a adoptés). Il est rare que de telles personnes s’assimilent à une certaine communauté. Il s’agit là d’une réalité sociale semblable à celle d’autres régions transfrontalières d’Europe, telles l’Alsace, le Tyrol, la Boême, la Slovaquie, la Bucovine, la Voïvodine. De cela il résulte que, assez souvent, l’identité de la personne est

sans rapport avec l’origine de son nom. Au cours du temps, surtout au XXe siècle, Timiºoara a eu beaucoup de familles plurilingues, de familles mixtes, dont l’appartenance linguistique ou religieuse ne supposait pas de définition claire. Leur citoyenneté était roumaine et les autres aspects comptaient peu ou ne comptaient pas du tout. Dans les situations extrêmes, telles les guerres mondiales, les éléments identitaires étaient tus. Ils étaient souvent insignifiants aux yeux des gens. La survivance de l’ambivalence culturelle était par contre inconcevable pour les politiques à tendances autoritaires, fondées sur des idéologies monoculturelles. Malgré les intimidations et la subordination au centre, Timiºoara est restée une ville dont la population avait un esprit critique aigu à l’égard de la politique totalitaire communiste. Dans des proportions impressionnantes, ses habitants étaient fascinés par l’Occident, attirés par le petit trafic avec la Hongrie et la Yougoslavie, disposés à communiquer avec le vaste monde. Ils avaient un intérêt constant pour le bien-être matériel, ce qui était un héritage depuis longtemps apprécié par la culture de la classe moyenne du Banat. Ces aspects, ainsi que la position de la ville à la frontière occidentale de la Roumanie, faisaient Ceauºescu considérer Timiºoara comme une ville antipathique et peu sure du point de vue politique. Dans les années avant les révoltes de 1989, la ville s’est fait remarquer par son esprit civique, par des manifestations antitotalitaires sporadiques et par nombre de préoccupations intellectuelles et artistiques d’avant-garde incomprises ou non agrées par les officialités. Les sentiments contraires au régime se manifestaient également par les tendances cosmopolites d’un segment important de ses habitants. Raison de plus pour que le régime de Ceauºescu suspecte la population de la ville, se dissocie de son orientation ou dispose des mesures spéciales de surveillance et de contrôle. L’étincelle qui donna le départ à la grande manifestation de décembre 1989 de Timiºoara était liée à la physionomie multiculturelle et multiconfessionnelle de la ville. Dans la Roumanie de Ceauºescu il y avait une idée politique dessinée à l’occasion de la destruction des villages de Transylvanie, idée qui fut vite connue des médias internationaux. Cette même idée allait jouer un rôle majeur dans le déclenchement des

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de la frontière et qui pouvait essayer d’émigrer illégalement. On provoquait et on entretenait continuellement une certaine tension dans les rapports entre majorité et minorités. C’était manifeste dans le cas des Hongrois, auxquels on reprochait la revendication de la Transylvanie et l’intention de scinder le pays, toutes les fois qu’ils signalaient le non-respect des droits de leur communauté ou des droits de l’homme. Quant aux minorités juive et allemande, le régime communiste encourageait leur émigration. Une grande partie des personnes appartenant à ces minorités culturelles et confessionnelles de Timiºoara et d’autres localités de Roumanie était devenue une «marchandise» à vendre à Israël et à l’Allemagne. Les transactions se déroulaient non seulement sur la base d’accords signés par les États en cause et la Roumanie, mais aussi au niveau de fonctionnaires de l’appareil du parti communiste, de la police et de la securitate. C’est la raison pour laquelle, dans de nombreux cas, l’obtention du passeport d’émigration comportait des mois, voire des années d’attente. L’émigration des Juifs et des Allemands était devenue une source de revenues pour la hiérarchie du régime. Après la libération de la Roumanie du joug de la dictature, il reste de nombreuses inconnues quant aux fortunes bâties de cette façon par le clan Ceauºescu et ses serviteurs officiels et non officiels. Timiºoara était marquée par ces politiques ouvertement ou subtilement discriminatoires. Un traitement identique était appliqué également aux personnes issues de familles mixtes, surtout à celles qui portaient des noms à résonance autre que roumaine. Les politiques de cette nature du parti communiste roumain présentaient des similitudes frappantes avec les pratiques de la Garde de fer et du régime d’Antonescu. De la même manière que les législations raciales des régimes d’extrême-droite, elles visaient la purification ethnique, avec cette différence que les autorités agissaient sur des ordres verbaux et la propagande idéologique amalgamait idées fascistes et staliniennes. L’ethnicisme étant pratiqué ainsi, la discrimination était introduite par la porte arrière. De cette manière, la population était induite en erreur en ce qui concerne les pratiques et les accents idéologiques du régime. Conformément à cette politique, les minorités culturelles, ethniques et confessionnelles allaient disparaître. Dans la sélection même des étudiants,


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manifestations anticommunistes de Timiºoara. Les protestations du pasteur hongrois László Tõkés contre les mesures de destruction des villages transylvains furent positivement reçues par les paroissiens de l’Église réformée, par les milieux politiques internationaux, par la presse de Hongrie et d’Allemagne, mais surtout par la population locale. La dissidence du pasteur avait commencé dans les années 19811982, à la publication clandestine Ellenpontok (Contrepoints) et continué lors de services divins dans les diverses paroisses où il était muté de force. À la fin des années ‘80, Tõkés était pasteur de l’Église réformée de Timiºoara, où il avait été adopté par les cercles de fidèles et par les intellectuels hongrois. Assigné à résidence entre le 1er et le 15 aout 1989, Tõkés allait être évacué par l’appareil de répression du régime. L’opposition des paroissiens, suivie du mouvement général de solidarité des habitants de Timiºoara, le 16 décembre 1989, contre la tentative d’évacuer le pasteur, fut le moment clé qui déclencha la grande révolte contre le régime Ceauºescu. La protestation du groupe confessionnel réformé fut reçue et faite sienne par un segment notable de la population de la ville, qui avait compris que la souffrance du groupe minoritaire était la même que celle de la majorité. Parmi les slogans scandés le 16 décembre à Timiºoara il y avait aussi ceux qui marquaient l’idéologie de la révolte: «À bas Ceauºescu !», «À bas le tyran !». Il ressort avec évidence des descriptions de la révolte de Timiºoara que les habitants de la ville se solidarisèrent de manière inconditionnelle avec László Tõkés au moment où on voulut l’évacuer de son logement. Combattant pour les droits de la minorité magyare de Roumanie, Tõkés fut profondément impressionné par l’attachement des habitants de Timiºoara à sa cause. Initiée au début par un groupe de locuteurs de hongrois, la démonstration de solidarité devant le bâtiment de l’Église et du logement du pasteur avait attiré en peu de temps quelques milliers de citadins, locuteurs de roumain pour la plupart. Les plans de la securitate de Ceauºescu de provoquer un conflit roumano-hongrois furent déjoués par les manifestants pénétrés par les attributs d’une societas civilis animée par l’idéal de la libération du régime communiste oppresseur et non pas par le soutien à une mésentente historique surannée. Le 17 décembre 1989, la radio

hongroise annonçait que la police avait dissipé une manifestation organisée pour défendre Tõkés et qui «s’était transformée en une protestation antiCeauºescu». Le journal allemand Die Welt, dans son édition du 18 décembre 1989, informait ses lecteurs du fait que 4000 manifestants environ s’étaient rassemblés aux environs de l’église réformée pour empêcher l’évacuation du pasteur Tõkés . Le même jour, Die Welt annonçait qu’il y avait eu des heurts violents entre la population et la police, et que les manifestations à «caractère ethnique hongrois» au début «s’étaient transformées par la suite en manifestation anti-Ceauºescu», à laquelle s’était jointe toute la population de la ville. Le même jour, les USA condamnèrent la répression brutale de Timiºoara, ayant l’intention de consulter l’OTAN et la Communauté Européenne en vue d’adopter une attitude commune à l’égard des violences perpétrées par les autorités contre la population pacifique. À Bruxelles, les ministres des affaires étrangères de la C.E.E. condamnèrent fermement la répression des manifestations antitotalitaires de Timiºoara. La presse européenne et américaine écrivit largement sur les révoltes, signalant l’attitude intransigeante du pasteur Tõkés dans la défense des droits des Hongrois de Roumanie et les mauvais traitements auxquels il était soumis par les institutions répressives du régime. Les médias occidentaux mettaient en évidence la coopération roumanomagyare lors de l’amplification des manifestations, soulignant que l’étincelle des révoltes anticommunistes était partie du pasteur Tõkés. Les diplomates occidentaux, surtout britanniques et américains étaient très préoccupés par la situation des minorités. C’est ce qui explique leur intérêt pour la situation de Tõkés et leur visite à Timiºoara. Ils savaient très bien que Ceauºescu misait sur une politique nationaliste et que c’était sa dernière justification pour rester au pouvoir. En fait, la révolte de Timiºoara n’avait pas de caractère ethnique. Le 19 décembre, Frankfurter Allgemeine Zeitung attirait l’attention sur le fait que la dictature de Ceauºescu mécontentait tous les Roumains, non seulement les minorités. Les mérites d’alors de László Tõkés étaient: 1. d’avoir convaincu ses fidèles de leur droit à la liberté de conscience ; 2. d’avoir montré ouvertement les raisons du mécontentement de la minorité magyare ; 3. d’avoir formulé en

termes crédibles les revendications de ses paroissiens et de la minorité dont il faisait partie, dans ses lettres adressées aux milieux politiques et à la presse internationaux ; 4. d’attirer l’attention sur Timiºoara, ville où la population était résolue à renverser le régime de dictature de Ceauºescu et de rompre définitivement avec l’idéologie communiste. La provocation et l’entretien par les services secrets de relations tendues avec les voisins, surtout avec la Hongrie, avaient bloqué l’idée de coaguler à l’avance un organisme politique d’opposition. Les agences de presse annonçaient ces jours-là que la frontière entre la Roumanie et la Hongrie avait été fermée, de même que celle avec la Yougoslavie et l’URSS, ce qui démontre que la révolte de Timiºoara avait été spontanée et impossible à contrôler par les autorités. L’invocation de présences étrangères, surtout de Hongrois de Hongrie venus à Timiºoara pour provoquer les esprits faisait partie des diversions des services secrets de Ceauºescu. Les habitants de cette ville n’ont pas répondu aux provocations, prouvant qu’ils comprenaient les protestations de László Tõkés et la nécessité d’en faire un argument de poids de la révolte antitotalitaire. La veillée du 15 décembre devant le logement du pasteur est devenue les 17-20 décembre une impressionnante manifestation anti-Ceauºescu et anticommuniste. La tentative de compromettre la cohabitation pacifique de la majorité roumaine et des minorités allemande, hongroise, serbe et juive était perfide. Conservée ne serait-ce qu’en partie, la société civile de ce vieux centre urbain, bâtie sur le modèle culturel central-européen, n’a pas répondu aux provocations nationalistes du régime.

Les intellectuels et les masses dans la révolte de 1989 À la différence de villes comme Prague, Budapest et Varsovie, Timiºoara n’avait pas développé de projet politique articulé, donc utile au renversement du régime dictatorial communiste. À l’instar d’autres villes roumaines, elle était absente des grands débats d’idées et des attitudes antitotalitaires présentes dans quelques pays communistes d’Europe. Il n’y avait ni cercles littéraires dissidents ni presse samizdat. Les personnalités


fonctionné en Roumanie. Autrement dit, dans tout le pays les choses se passaient de manière semblable du point de vue de l’évolution des élites culturelles. Le jugement sincère d’Andrei Pleºu, l’un des intellectuels de prestige de la Roumanie d’avant et d’après 1989, mérite d’être cité: «Beaucoup des difficultés de la transition autochtone résultent – en l’absence d’un frère plus riche à l’Ouest – de l’incapacité de notre intelligentsia d’anticiper et de préparer le changement dès l’époque de la dictature. Un certain excès d’accomodation, une forme de sagesse vaguement sénile, ainsi que la rhétorique auto-justificative de “la résistance par la culture” (chère au philosophe Constantin Noica, n.a.) nous ont fait accueillir les changements de 1989 les mains nues. Nous avons vécu sous une pression décisionnelle dérisoire et il ne nous reste à présent qu’à en tirer les conséquences». C’est sans aucun doute vrai. Il y a un seul élément dans l’interprétation tardive mais sensé d’A. Pleºu avec lequel je sois en désaccord: quelques frères que la Roumanie ait eus à l’Ouest, la solution de ses problèmes aurait du se fonder sur un moteur intellectuel interne. Après décembre 1989, Ivan Evseev, l’un des professeurs bien connus de l’Université de Timiºoara avouait avoir été choqué par le changement mental qui avait eu lieu. Il lui était très difficile de croire ce qu’il avait vu et de refaire le trajet des événements. Il a été témoin de la terrible bataille de la foule avec les blindés et les canons à eau, de la confrontation ouverte avec les forces répressives. Ses souvenirs aussi sont emblématiques pour la catégorie sociale en question: «À partir du soir du 16 décembre et jusqu’au 22 décembre, pour la première et peut-être pour la dernière fois de ma vie, il m’a été donné de vivre l’expérience d’un autre temps et d’une autre réalité, différents de l’espace profane, ordinaire, apte à être modelé d’une manière rationnelle». Le professeur essayait de s’expliquer la rupture qui s’était produite dans sa propre perception du monde par «la faille profonde entre le temps vécu avant et après les événements». Mais il n’avait pas saisi l’absence de la participation intellectuelle dans le déroulement des événements. À ce moment-là, en 1989, le rôle des élites culturelles avait été mineur. Les révoltes étaient dues à la société de Timiºoara, aux ouvriers en premier lieu (qui ont compté dans leurs rangs la plupart des victimes), une société qui avait hérité de l’ancien

modèle culturel ou se l’était approprié. Assimilé au niveau de la compréhension de celle-ci et entretenu par les actions civiques de groupuscules d’avant-garde (dont le courage mérite d’être mis en évidence), c’est ce modèle remémoré qui avait orienté la foule en décembre 1989. La forte pression psychique de la part des autorités communistes, exercée de manière visible par la surveillance de tous les groupes sociaux n’excuse pas entièrement le manque de lucidité, la commodité et une certaine lâcheté qui s’étaient emparés d’une partie importante des écrivains, des artistes, des journalistes, des ecclésiastiques et des professeurs de tous les domaines, c’est-à-dire justement des catégories d’intellectuels qui auraient pu préparer les révoltes anticommunistes et la transition pacifique de la Roumanie du totalitarisme à la démocratie. L’idée du sacrifice ne caractérisait pas la pensée et les actions des élites locales et nationales. Les exceptions d’audace manifestées au cours des années ‘60-’80 à Timiºoara, telles les actions du groupe coordonné par le professeur Eduard Pamfil ou celles des écrivains marxistes de langue allemande ayant à leur tête William Totok, Richard Wagner, Anton Sterbling, Rolf Bossert, Ernest Wichner, Gerhardt Ortinau, Anton Bohn, Johann Lippet (Aktionsgruppe Banat), le mouvement musical Phœnix, la revue Forum Studenþesc (Forum Estudiantin), ou les gestes solitaires du poète Petru Ilieºu, n’ont pas conféré à Timiºoara un rôle explicite de pôle de la dissidence anticommuniste. Se cantonnant à des contestations sporadiques, les intellectuels n’ont pas réussi à proposer une alternative politique. Échos de la révolution de Hongrie, les manifestations des étudiants de Timiºoara de 1956 contre le régime communiste de Gheorghe GheorghiuDej ne se sont pas renouvelées les années suivantes. La paralysie des institutions formatrices sur une période de plusieurs décennies se manifestait visiblement. Quelques preuves de culture civique que Timiºoara ait données à l’époque du communisme, il reste évident qu’au moment de la révolte de décembre 1989, l’opposition démocratique n’était pas organisée. Il n’y avait rien de semblable à la Charte 77 de Tchécoslovaquie, ni au syndicat Solidarnos de Pologne, ni aux cercles intellectuels dissidents de Hongrie. C’est la raison pour laquelle, au lieu d’une action politique réfléchie bien

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capables de coaguler la société civile autour d’elles, de l’informer et de l’orienter du point de vue politique, faisaient défaut. Même si les préoccupations de certains intellectuels étaient un peu plus audacieuses que dans d’autres villes roumaines, les établissements culturels et universitaires n’encourageaient ni n’hébergeaient l’apparition et l’affirmation d’alternatives de pensée politique. Les universités étaient surveillées par l’appareil du parti et de répression, et les enseignants étaient souvent sélectionnés en fonction de leur loyauté prouvée à l’égard du parti communiste. Les professeurs de sciences humaines, qui auraient pu contribuer à un changement d’attitude chez les étudiants, vivaient loin des réalités sociales de la Roumanie et des orientations culturelles et politiques européennes. À quelques exceptions notables près, ils n’étaient que des instruments de la section de propagande idéologique du parti communiste. Les professeurs formés dans les domaines de la philosophie, de l’histoire et de la sociologie étaient employés par les départements de «socialisme scientifique» qui fonctionnaient à l’Institut Polytechnique. Fondée après la Seconde guerre mondiale, l’Université de Timiºoara n’avait pas à l’époque de facultés de sociologie, de philosophie et de psychologie. Une modeste faculté d’histoire-géographie avait été supprimée au début des années ‘80. Si dans les domaines techniques, médicales, des lettres et des arts il y avait des personnalités ayant des préoccupations et des résultats appréciables, la pensée politique de leur grande majorité était étrangère à l’idée des changements politiques. Relativement insensibles aux souffrances de leurs semblables, les formateurs avaient quelques privilèges octroyés par le régime: des salaires décents, des logements spacieux assurés à loyer modéré par l’État, des bourses, la possibilité de passer leurs vacances à l’étranger, une assistance médicale de qualité et de bonnes pensions de retraite. La nouvelle classe intellectuelle de la Timiºoara d’après-guerre (de même que celle des deux grands centres universitaires de province, Cluj et Iaºi) avait emprunté quelque chose du modèle du Sud de la Roumanie, dans lequel la culture du bien public n’existait pas. La coopération des intellectuels avec les ouvriers, comme lors de la révolution de Hongrie, en 1956 ou des luttes syndicales dans la Pologne des années ‘80 n’a pas


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avant les événements, en décembre 1989 c’est une révolte spontanée des foules de Timiºoara qui eut lieu. Elle ne bénéficiait pas de dirigeants reconnus et préparés à guider la population pour réaliser les changements politiques du moment. Affrontant la poitrine découverte les autorités de l’État et sans programme suffisamment articulé autour du nouvel idéal politique, les masses formées dans le sens de l’idéal civique mentionné plus haut apportèrent leurs propres sacrifices au service du changement de régime. Les immenses protestations de décembre 1989 de Timiºoara ont fait de la ville le principal symbole des changements qui allaient se produire en Roumanie. Timiºoara fut la première ville de Roumanie où la plupart des habitants soit devenue consciente de la nécessité de changer le régime, et se manifesta en conséquence. En pleine manifestation, la ville généra quelques leaders de transition. Pour quelques jours, ils furent les créateurs et les animateurs des événements, se mettant à la tête des colonnes de manifestants, pensant à des stratégies, affrontant les armes à feu les mains nues et donnant un contenu aux discours politiques du balcon de l’Opéra. Ce sont toujours eux qui essayèrent de négocier avec la partie adverse. Exemple, la rencontre du siège du comité départemental du parti communiste entre les représentants des révolutionnaires dirigés par Ioan Savu et le chef du gouvernement, Constantin Dãscãlescu. À propos de ce moment-là il y a une remarque mémorable appartenant à Ioan Savu, symptomatique pour les événements qui se déroulèrent à Timiºoara et, plus tard, à Bucarest et dans le reste du pays: «Ce n’est que là, devant eux (Dãscãlescu et ses accompagnateurs, n.a.) qu’on s’est rendu compte qu’on n’était pas prêts à discuter avec eux. On avait constitué ce comité ou quelque chose de ce genre..., au hasard, de ceux qui étaient à la tête des manifestants, et là on s’apercevait qu’on n’avait pas d’idées, qu’on ne savait pas ce qu’on pouvait, ce qu’il fallait, ce qu’il s’imposait de demander pour nous élever effectivement au statut de représentants de la foule du dehors». Il en ressort clairement qu’il n’y avait pas de distribution des rôles, qu’il manquait un maillon important dans la construction des événements, celui qui aurait du être constitué par l’intelligentsia. Les confusions qui suivirent et la longue transition de la Roumanie vers la démocratie trouvent une partie de leur explication dans cette

impardonnable absence. À ce moment charnière, ce n’est que la force de la foule qui décida, partout accompagnée de l’idée de solidarité humaine, de l’esprit de sacrifice et de la foi de chaque citoyen en la libération de la dictature communiste. Ce sont les foules qui proclamèrent Timiºoara première ville libre de Roumanie. Par leur révolte spontanée et par leur victoire, elles confirmèrent l’une des importantes remarques de l’historien Fernand Braudel, conformément à laquelle ce sont les masses qui sont en mesure d’écrire l’histoire. La grande révolte anticommuniste de décembre 1989 de Timiºoara fut un événement des masses. La ville n’avait perdu ni sa culture civique ni la culture du mouvement ouvrier authentique. C’est que, de la façon dont cela s’était profilé dès le début du XXe siècle, Timiºoara n’a jamais encouragé une différence visible entre citoyen et ouvrier. C’est sans doute pourquoi le segment social des ouvriers, celui que le régime communiste jugeait fidèle et au nom duquel il avait imposé sa dictature, était devenu le plus mécontent et le mieux représenté lors des manifestations de rue anti-Ceauºescu et anticommunistes de 1989.

Perspective sur Timisoara contemporaine Dans les années qui ont suivi les changements politiques de 1989, on a remarqué que les mérites de la ville n’étaient pas suffisamment reconnus. La culpabilité des institutions et des personnes qui avaient ouvert le feu sur la population ou qui avaient donné l’ordre de tirer, faisant de nombreuses victimes, est restée pour la plupart inconnue et impunie. Présentée de façon sommaire et débattue publiquement une fois par an à l’occasion des commémorations de décembre, la révolte de Timiºoara ne s’est gravée que dans la mémoire de ceux qui l’avaient accomplie. Les négligences de la classe politique concernant les victimes de Timiºoara ont engendré un disconfort psychique, des atomisations sociales et de graves désaccords politiques dans la vie de la ville. La remémoration de l’histoire récente est marquée par les attitudes partisanes autour des deux formes et des deux motivations des révoltes: celles de Timiºoara et celles de Bucarest. Même les évolutions désynchronisées des révoltes ont créé des perspectives

différentes sur elles et sur leurs résultats. La manière spéculative ou provocatrice dont les événements ont été abordés dans les médias et dans certains livres traitant des événements de 1989 n’a pas contribué à surmonter la crise de conscience visible à l’échelle de toute la population. La corruption du système politicoadministratif central est ressentie de façon aiguë par la majorité des habitants de Timiºoara. Sa nervosité est causée par le centralisme et par l’impossible administration décente de la ville. Les frustrations de la population, mais aussi celles des maires qui ont cherché à gérer la ville selon une formule nouvelle, se sont heurtées aux intérêts contraires des politiciens nommés au centre pour gouverner le département. Des chefs d’établissements publics ont survécu à l’ancien régime et ont opposé de la résistance aux vraies réformes. Même la perspective sur les problèmes sociaux montre que les deux modèles culturels, celui de la capitale et celui des villes régionales, n’ont pas encouragé une perspective convergeante sur les choses et les projets étatiques. Cette différence est ressentie à Timiºoara dans l’état d’esprit des divers segments de la population. Enfin, les écarts excessifs sur le plan matériel à l’intérieur de la société roumaine, ce en quoi Bucarest est devenu très visible, rendent de plus en plus difficile la communication sur divers paliers. Les travaux qui offrent une information à peu près objective et claire au sujet des événements de décembre 1989 de Timiºoara sont ceux qui contiennent des documents. Ce sont d’habitude des témoignages, c’est-à-dire des documents d’histoire orale, mais qui ne peuvent pas expliquer l’ensemble politique du moment. C’est pourquoi les dates et les faits déroulés parallèlement à Timiºoara et à Bucarest, l’entrée en scène plus tardive de Bucarest (où la révolte éclate le 21 décembre 1989) par rapport à Timiºoara (où elle commence le 15 décembre) et la manière dont on a écarté Ceauºescu, ont des représentations divergeantes dans la pensée des Roumains. Les acteurs principaux de Timiºoara ne ressemblent pas à ceux de Bucarest. Les aspirations de Timiºoara contenaient des idées révolutionnaires authentiques, c’est-àdire censées mener au remplacement total de l’administration communiste. Cela ne s’est pas produit et ne pouvait se produire dans toute la Roumanie, vu qu’elle n’y était pas prête. La plupart de ceux qui s’étaient révolté à Timiºoara


des sujets d’étude dans les manuels scolaires, ne sont pas devenues les exemples préférés des historiens et ne sont pas présentées au public large à partir des documents et des témoignages oraux. Tout comme d’autres villes de Roumanie, Timiºoara traverse des moments difficiles dans le processus d’adaptation à l’économie de marché et à la politique pluraliste, démocratique. Il aurait été naturel que 18 ans après les événements évoqués plus haut, la ville acquît un plus grand poids dans la vie économique, administrative et culturelle du pays, qu’elle gagnât une place égale à celle de la capitale et qu’elle s’affirmât plus sérieusement dans le contexte international. Pourquoi tout cela ne s’est-il pas produit ? D’abord parce qu’on n’a pas renoncé au centralisme politico-administratif de l’État ; ensuite, au niveau local et régional on a ignoré une stratégie à long terme et la formation des ressources humaines en accord avec cela ; enfin, parce qu’on a négligé à bon escient ou par ignorance le rôle que Timiºoara et le Banat, situés à l’Ouest du pays, auraient pu jouer dans le développement des relations internationales. La promotion des valeurs locales à la place des valeurs centrales, la délégation des compétences professionnelles et managériales, ce ne sont que deux éléments d’une série de demandes souvent formulées par le maire de Timiºoara, Gheorghe Ciuhandu. Le refus de prendre des décisions politiques concernant la réforme structurelle et le manque d’attention à l’égard du meilleur segment moyen qui ait jamais existé en Roumanie ont contribué à la multiplication des mécontentements de la population de cette ville à l’égard des dirigeants nationaux. Les erreurs de toujours concernant la modernisation de la Roumanie ont continué après 1989 aussi. Au lieu de stimuler les villes de l’Ouest du pays, pour donner le ton des changements socio-économiques, les gouvernements de Bucarest ont préféré une soi-disant politique de développement équilibré des régions. C’était pour la troisième fois dans l’histoire du siècle dernier que les héritages socio-culturels et le potentiel économique du Banat restaient insuffisamment exploités. L’ouverture vers l’Europe aurait pu être assurée par Timiºoara et les villes proches. Le fonctionnement des euro-régions supposait l’application du modèle d’économie transfrontalière assurée par une législation qui permît

le développement rapide et efficace des entreprises commerciales et des services. On a ignoré tout cela. La reprise de la politique menée par les partis dans l’Ancien Royaume il y a un siècle et de celle des formations politiques de l’entre-deux-guerres, de contrôle exercé par des envoyés de Bucarest, s’est avérée improductive. Aucune région ne peut être bien représentée dans la sphère législative ou exécutive par des gens parachutés, pour lesquels la connaissance de la vie concrète de la région et l’implication dans celle-ci reste toujours illusoire. La révolte permanente des habitants de Timiºoara est motivée par le fait qu’on a retardé la réforme de la classe politique et des structures administratives centrales, l’orientation proeuropéenne et la décentralisation régionale. Exprimé de multiples façons, leur mécontentement a été orientée contre les anciens communistes, l’ancienne securitate et ses collaborateurs. À cet égard, les habitants de Timiºoara invoquent souvent la Proclamation de Timiºoara, l’un des documents les mieux articulés des leaders de la société civile. Conçue et présentée au public en mars 1990, la Proclamation est devenue l’acte de légitimation de toute l’opposition post-communiste roumaine. Un segment ancien de la population prolonge jusqu’à nos jours l’esprit révolutionnaire de 1989. Mais les habitants ont aussi d’autres raisons d’être mécontents, comme, par exemple, la lenteur de la construction des logements nécessaires, les retards dans la canalisation des quartiers périphériques, les déficiences dans la gestion des services de transports en commun et dans la modernisation des routes et de la circulation routière, l’inexistence des parkings souterrains malgré la croissance exponentielle du nombre de véhicules, et la perte du contrôle sur le niveau de pollution de la ville. Ces mécontentements se dirigent aussi bien contre les dirigeants politiques de la capitale (quelle que soit leur orientation), que contre certains dirigeants locaux. Il est à retenir que la mémoire de la société civile n’a pas été altérée ; mieux encore, elle a acquis des nuances et des formes plus subtiles d’analyse et d’explicitation. Timiºoara d’aujourd’hui est à la recherche d’une nouvelle identité sociale et culturelle. Une grande partie des anciennes familles qui avaient conféré à Timiºoara une identité unique ont émigré. Elle représentait le segment des ingénieurs, des ouvriers du bâtiment, des mécaniciens, des petits

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ont refusé de voir cet aspect, alors que la classe politique de l’État roumain nouvellement installée n’a pas donné les explications attendues. C’est de là que sont partis le déchirement de la cohésion sociale, les invectives, l’excès de zèle à revendiquer des mérites révolutionnaires ou les attaques à la personne par le biais de la presse et en l’absence de preuves juridiques. Un certain radicalisme et de grandes divergences d’opinions se sont fait sentir sur le plan local également. Ils ont créé des contradictions aiguës dans les orientations politiques et dans les activités quotidiennes de Timiºoara. Par exemple, une décennie et demie après les révoltes de 1989, les dirigeants politiques locaux n’arrivent pas à se mettre d’accord sur des questions essentielles concernant les stratégies économiques, politiques, sociales et environnementales, la réfection des infrastructures et la restauration du patrimoine historique. Ce qui est grave, c’est surtout le fait que la nouvelle classe politique locale n’a pas été en mesure de s’imposer aux yeux de l’électorat et n’a pas de représentants d’envergure au parlement et dans le gouvernement de Bucarest. D’un autre côté, certains partis parlementaires ont imposé des sénateurs et des députés du Timiº originaires de Bucarest. Ceux-ci ont des contacts sporadiques avec Timiºoara et sont détachés des réalités sociales, culturelles et économiques locales. N’attachant pas l’importance qui leur est due aux blessures sociales et psychiques de la population, les politiques de Bucarest ont fait en sorte qu’un certain nombre de reproches soient adressés par les gouvernés aux gouvernants et vice-versa. Il est clair aujourd’hui que les idéaux des masses de Timiºoara est ceux du segment politique qui a gouverné le pays après 1989 divergeaient. Il aurait été besoin d’un débat et de la propagation des valeurs démocratiques par l’intermédiaire de pédagogies modernes. À cela non plus l’administration centrale n’était sans doute pas préparée. On en voit les conséquences après un laps de temps plus long qu’on ne s’y serait attendu. Ce n’est pas par hasard que les mécontentements des habitants de Timiºoara se réaffirment à la fin de chaque année. Aujourd’hui, ils sont dus également au fait que leurs manifestations et leur contribution à la libération de sous Ceauºescu et sa dictature ne sont pas commémorées dans tout le pays, ne constituent pas


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artisans, mais aussi celui des élites intellectuelles. La plupart des locuteurs d’allemand de toutes origines culturelles sont partis. Aujourd’hui, encore plus qu’en 1989, la majorité des locuteurs de roumain de Timiºoara ne parlent pas d’autre langue que le roumain. Il y a un nombre restreint d’élèves et d’étudiants qui apprennent encore l’allemand, langue promue surtout par le lycée Nikolaus-Lenau, le Forum Démocratique Allemand, le Centre Culturel Allemand et le Département d’allemand de l’Université de l’Ouest. Timiºoara d’aujourd’hui préfère de beaucoup l’anglais et, dernièrement, l’italien. L’émigration de la communauté allemande et des locuteurs roumains d’allemand, à laquelle s’ajoute la disparition de la communauté juive et le départ d’un segment important de l’élite culturelle et artistique de langue hongroise à Budapest, a provoqué soudain un changement de modèle culturel et comportemental. Les habitants d’avant 1989 représentaient pour la plupart la catégorie d’origine urbaine ou qui s’est laissée assimilée par la ville, c’est-à-dire éduquée, tolérante, connaisseuse et gardienne des traditions multiculturelles de Timiºoara et du Banat. Les raisons de l’émigration en masse ont été non seulement économiques, mais aussi politiques. Malgré un renouvellement notable, les lois sont venues très tard soutenir l’initiative privée, ainsi que l’acquisition et la récupération des propriétés privées. Le vide laissé par le départ massif des anciens habitants a été rempli par une population venue des villages et des petites villes du Banat, mais surtout de Moldavie, d’Olténie et du Maramureº. Il est certain que l’équilibre identitaire de Timiºoara a été bouleversé. Les études sociologiques relèvent qu’après 1989, Timiºoara n’avait plus les ressources nécessaires pour assimiler les nouveau-venus, comme c’était le cas dans l’entre-deux-guerres ou dans les décennies d’après-guerre, c’est-à-dire dans le contexte d’autres changements politiques radicaux. Les valeurs promues par la classe moyenne, celles qui donnaient de la personnalité et du confort social à la ville, se sont dissoutes sous la pression des mutations démographiques très rapides. L’attraction exercée par Timiºoara dans la dernière décennie et demie s’explique d’une part par le fait que c’est ici qu’a été fait le premier pas important pour abattre la dictature, d’autre part, par le fait que chaque habitant de la Roumanie

avait appris que dans cette ville on a toujours mieux vécu que dans le reste du pays. Il est tout aussi vrai que des pressions politiques en vue de changer la structure sociale de Timiºoara se sont fait sentir. La population de Timiºoara de 2007 est différente même de celle qui a initié les révoltes de décembre 1989. L’établissement des nouveaux habitants et, par conséquent, la nouvelle structure démographique n’a pas généré de conflits culturels majeurs, même si l’administration locale se confronte à des comportements agressifs à l’égard du bien public. Peu de nouveau-venus sont initiés à l’histoire, à l’architecture et aux biens communs de la ville. Ils ne manifestent pas toujours de curiosité pour les beautés du Banat de Timiºoara et pour la diversité culturelle héritée des habitants d’autrefois de ce site géographique et spirituel de Roumanie. Les discontinuités par rapports aux décennies précédentes sont visibles à l’œil nu dans les comportements et identifiables dans le non-respect des règles de cohabitation, dans les langages et les slogans à teinte chauvine, dans les inscriptions racistes ou les croix gammées dessinées sur les murs de certains palais du centre-ville, sur des statues dans les parcs, et même dans l’enceinte de certains établissements de culture. Elles démontrent l’existence d’une facette nouvelle de Timiºoara contemporaine. La compétition est acerbe et souvent incorrecte. Elle est surtout générée par les nouveau-venus qui jouent des coudes pour acquérir des emplois dans tous les secteurs, mais aussi des positions au sommet des établissements. Cette catégorie manifeste une intolérance due aux cultures régionales dont elle provient. Bien qu’étrangères à la ville, au civisme et aux héritages historiques pluriels de Timiºoara, ces cultures ont commencé à s’imposer. Ce qui assure encore un certain équilibre social, c’est que les nouvelles élites originaires du Banat ou des localités de Transylvanie et du Partium limitrophes du Banat détiennent un certain poids dans la vie de la ville et représentent encore un repère de conduite et de stabilité. D’où l’illusion des habitants plus anciens que les choses n’ont pas changé essentiellement, que les éléments de base de la ville survivent et que seul le centralisme est coupable des désaccords sociaux, de l’inefficacité des institutions de l’État ou du désordre organisationnel et de l’absence de projets visant la restauration et

l’intégration européenne de la ville. Il faut dire que la roumanisation hâtive et chaotique de Timiºoara et du Banat, telle qu’elle s’est produite après 1989, était de nature politique et n’a tenu compte ni de l’héritage historique ni de la culture sociale de Timiºoara, ni des raisons de conserver le patriomoine multiculturel et multiconfessionnel. Occasionnellement, on a manifesté un intérêt formel pour la conservation de diverse valeurs patrimoniales et pour la promotion d’une pédagogie multiculturelle parmi les masses. En général, et surtout à cause des gouvernements répétés de l’ancienne nomenklatura du parti communiste, l’idéologie nationaliste de Ceauºescu a survécu. Avec des accents différents d’un parti à l’autre, le nationalisme est resté présent dans toutes les formations politiques roumaines. En 2007, Timiºoara est représentée au parlement, entre autres, par des personnes appartenant au parti nationaliste-extrémiste România Mare. Plus encore, l’organisation du Timiº du Parti Démocrate, dont le chef était l’actuel président de la république, a pour principal représentant au parlement Valeriu Tabãrã, ancien leader de l’organisation politico-culturelle xénophobe Vatra Româneascã. C’est l’un de ceux qui s’opposent à l’adoption de la Loi des minorités nationales initiée par l’Union Démocratique des Magyars et par le groupe parlementaire des autres minorités. Le phénomène de roumanisation est identifiable également dans les programmes scolaires et universitaires d’histoire et de littérature. Les manuels sont nationaux, la région et la ville n’étant pas présentes avec leurs particularités historiques et culturelles. Quant à l’enseignement théologique, toutes les facultés de la région (de Timiºoara, d’Arad et de Caransebeº) ne concernent que l’église orthodoxe, bien qu’il y ait d’autres cultes importants quant au nombre de fidèles, tels le catholique romain, le gréco-catholique et les néo-protestants. Dans la perspective évoquée ci-dessus, on comprend que la dégradation galopante des monuments d’architecture des époques autrichienne et austrohongroise, ainsi que le manque de soin pour le patrimoine des musées, des archives et des bibliothèques ne sont pas dues exclusivement à l’impuissance administrative et à l’incurie des édiles locaux, mais aussi à une tendance délibérée. La perte de la mémoire historique locale se reflète aussi dans le


de groupes significatifs d’Italiens à être présents de façon permanente dans la vie industrielle et commerciale de la ville et de la région, montre que le dialogue au sujet de la décentralisation de l’administration et de l’intégration de la Roumanie reste très important. Pour devenir un possible modèle pour la Roumanie, Timiºoara doit éviter le discours radical, ce qui n’est nullement simple en ce moment. Il n’en est pas moins vrai qu’il faudra appliquer une pédagogie à l’échelle nationale, qui fasse comprendre exactement l’idée de décentralisation, démonter les mythes de l’unicité et surmonter les complexes d’infériorité vs. supériorité du bagage culturel des Roumains. Ce que Timiºoara d’aujourd’hui pourrait dire au monde dépend de l’initiation d’un grand débat concernant les projets régionaux et ceux pour la Roumanie. À condition que soit accomplie une ample réforme éducationnelle, la ville pourrait redevenir le moteur d’un civisme exemplaire, très utile à une pensée politique alternative à celle d’aujourd’hui. Et parce que ce n’est pas l’économie le moteur de la politique, la chance de Timiºoara de jouer le rôle complémentaire aux attributions de Bucarest où du centre euro-régional Szeged, est liée à la formulation d’un idéal politique où se retrouvent les différents segments de la société. Timiºoara de demain ne pourra plus profiter de ses héritages féconds, comme elle l’a fait dernièrement lors de la révolution civique et politique de 1989. Elle sera sans doute encore moins capable d’user des codes culturels multiples des temps jadis. Néanmoins, s’appuyant sur le passé, Timiºoara peut devenir une porte vers l’Europe pour les Roumains et les zones centrales et du Sud-Est du continent. Associée à ses voisins Szeged et Novi-Sad, Timiºoara pourra collaborer intensément avec ces villes dans le cadre de futures eurorégions viables et aura même gain de cause grâce à sa situation géographique, mais elle a besoin d’une réforme profonde de l’enseignement, et d’élites culturelles, politiques et professionnelles stables, qui la rendent attractive et l’introduisent dans la compétition des valeurs régionales et continentales.

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fait d’ignorer ou de remplacer des noms anciens de rues et d’établissements, dans le refus tacite de se souvenir des personnalités de langue allemande, hongroise et serbe, et des figures marquantes d’évêques catholiques et de rabbins, d’écrivains, d’historiens, de journalistes, de médecins et d’ingénieurs. Le Banat et Timiºoara de l’ère multilingue et multiculturelle ne se conservent que chez une minorité de leurs habitants. Il y a des intellectuels qui estiment que chaque individu a sa propre façon de se rapporter à l’histoire de la ville, tout comme il a sa propre compréhension des révoltes de 1989. Les noms d’écoles, de publications et de monuments reflètent également la propagation d’un genre de mémoire à substrat idéologique, où la dimension nationale est primordiale. Les monuments dressés après 1918 commémorent en priorité l’histoire des Roumains et ne concernent pas assez l’histoire multiculturelle de Timiºoara. Seuls quelques exemples évoquant le passé des minorités de tous genres ont survécu. La commémoration ou la conservation de l’ancien monde plurilingue et multiconfessionnel sont dues plutôt aux institutions représentatives des communautés minoritaires qu’à l’administration locale. C’est ainsi que les noms de l’érudit Francesco Griselini, du gouverneur Claude-Florimond de Mercy, du mathématicien János Bolyai, de l’écrivain Adam Müller Guttenbrunn, de l’évêque Augustin Pacha sont encore présents sur le frontispice de certains bâtiments ou dénomment quelques ruelles du centre-ville. Les monuments non plus ne reflètent pas de façon équilibrée la composition et l’esprit originaire de la ville moderne. Par ailleurs, il y a des noms d’écoles tel Vlad epeº induisant un message qui masque à peine les préoccupations excessives d’idéologisation du passé. Ils sont pratiqués par certains directeurs d’établissements d’enseignement locaux, faisant preuve d’une façon d’être patriote à la Ceauºescu. De telles tendances font de sérieuses concessions au monoculturalisme, au dépens de la connaissance objective du passé local. Malgré les changements négatifs majeurs mentionnés, les ressources naturelles, la position géographique, ce qui reste de la multiculturalité, de l’interculturalité, de l’interconfessionnalité du Banat de Timiºoara, les nombreuses et admirables initiatives privées, les investissements allemands, français, autrichiens, hongrois, et la préférence


TEATRUL N AŢION AL DIN TIMIŞOARA

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NOTES Gusztav Thirring, A magyar városok statisztikai évkönyve (Annuaire statistique des villes hongroises), édition de l’auteur, Budapest, 1912, pp. 525-526. Voir aussi Ilona SármányParsons, Die Rahmenbedingungen für “die Moderne” in den ungarischen Provinzstädten um die Jahrhundertwende, in Andrei CorbeaHoiºie, Jacques Le Rider (Hrsg.) Metropole und Provinzen in Altösterreich, Polirom-Böhlau, Iaºi-Wien, 1996, p.201, note 50. L’auteur présente comparativement l’évolution des villes qui étaient sous administration hongroise avant la première guerre et où, au-delà du développement économique, l’émancipation sociale, l’affirmation culturelle et civique, il restait le problème sensible des nationalités. Même dans les villes où la population mixte était dominante, les tendances de magyarisation étaient évidentes, des associations fondées dans le but d’imposer le hongrois œuvrant dans ce sens à Bratislava ou à Timiþoara. À consulter également l’article de Zoltán Szász, “Manchesterul ungar”. Dezvoltarea Timiºoarei moderne (Le «Manchester hongrois». Développement de Timiºoara moderne), in Transilvania vãzutã în publicistica istoricã maghiarã. Momente din istoria Transilvaniei apãrute în revista História (La Transylvanie vue dans l’historiographie hongroise. Moments de l’histoire de la Transylvanie parus dans la revue História), Pro Print, Miercurea Ciuc, 1999, pp. 240-250. Là aussi on souligne le développement économique spectaculaire de la ville et le souci particulier des autorités locales pour les problèmes sociaux: «Timiþoara était une exception, non seulement parce que c’était l’un des berceaux du mouvement ouvrier de Hongrie, mais aussi parce que les autorités étaient assez attentives aux questions sociales, ayant certains fonds à y dédier, et surtout de l’esprit d’initiative. Le désir d’aider ne faisait pas de distinction nette entre „citoyens” et ouvriers.» (p. 249). Cf. Zoltán Szász, ouvrage cité, p. 250. Pour des détails socio-culturels, voir Victor Neumann, Identités multiples dans l’Europe des Régions. L’interculturalité du Banat, traduit du roumain par Maria Þenchea, Hestia, Timiºoara, 1997, pp. 23-32 et 33-40. Certains chercheurs ont comparé Timiºoara de cette époque-là à Trieste, Cracovie, Lvov, Košice. Voir dans ce sens Adriana Babeþi, Timiºoara-Bucureºti. Culturi complementare. De ce versus? (Timiþoara-Bucarest. Cultures complémentaires. Pourquoi versus ?), texte présenté à l’occasion du débat public organisé par le quotidien Evenimentul Zilei. Ediþia de Vest sous le titre Axa Timiºoara-Bucureºti (L’axe Timiºoara-Bucarest), Expovest, Timiºoara, 16 décembre 2005. Victor Neumann, Neam, Popor sau Naþiune. Despre identitãþile politice europene (Peuple ou Nation. Sur les identités politiques européennes), Curtea Veche, Bucarest, 2005. Cf. le chapitre „Volk” (Popor) ºi „Sprache” (Limbã) în gîndirea lui Herder. Teoria speculativã a etnonaþiunii (« Volk» (Peuple) et «Sprache» (Langue) dans la pensée de Herder. Théorie spéculative de l’ethno-nation), pp. 47-84. Idem, Ideologie ºi fantasmagorie. Perspective comparative asupra istoriei gîndirii politice în Europa est-centralã (Idéologie et phantasmagorie. Perspectives contemporaines sur l’histoire de la pensée politique en Europe Centrale et de l’Est), Polirom, Iaºi, 2001 ; voir le chapitre Divergenþe confesionale. Greco-catolici ºi ortodocºi în România contemporanã (1948-1999) (Grécocatholiques et orthodoxes dans la Roumanie

contemporaine (1948-1999)), pp. 134-148, où il est montré qu’aujourd’hui encore Timiþoara fait preuve d’une meilleure cohabitation et tolérance entre cultes religieux roumains que dans d’autres régions de la Roumanie. Idem, Istoria evreilor din Banat. O mãrturie a multi- ºi interculturalitãþii Europei central-orientale (Histoire des Juifs du Banat. Un témoignage de la multiculturalité et de l’interculturalité de l’Europe Centrale et Orientale), Atlas, Bucarest, 1999, (l’édition en anglais: History of the Jews of Banat Region, The Goldstein-Goren Centre for the History of the Jews in Romania, University of Bucharest Publishing House, 2005). Keith Hitchins, Romania 1866-1947, Clarendon Press, Oxford, 1994 ; (cf. l’édition roumaine, Humanitas, 1996, p. 176 et pp. 186203); Tom Gallagher, Theft of a nation. Romania since Communism, C. Horst & Co., 2004 (cf. l’édition roumaine, Humanitas, 2004, pp. 35-40 ºi 40-42). Le débat public le plus récent sur ce thème, organisé par le quotidien Evenimentul Zilei. Ediþia de Vest, sous le titre Axa TimiºoaraBucureºti (L’axe Timiºoara-Bucarest), Expovest, Timiºoara, 16 décembre 2005. Cf. Evenimentul zilei. Ediþia de Vest, n° 4306, 16 décembre 2005, p. II. Voir aussi Nicoleta Chiru, Revoluþia administrativã porneºte de la Timiºoara, (La révolution administrative part de Timiºoara), in Evenimentul Zilei (2e édition), n° 4307, 17 décembre, p. 2. Dennis Deletant, România sub regimul comunist (La Roumanie sous le communisme), Fundaþia Academia Civicã, Bucarest, 1997. Miodrag Milin, Timiºoara 15-21 decembrie 1989, édition de l’auteur, Timiºoara, 1990, pp. 11-35. Cf. aussi idem, Azi în Timiºoara, mîine-n toatã þara. Crîmpeie din revoluþia trãitã (Aujourd’hui à Timiþoara, demain dans tout le pays. Fragments de la révolution vécue), in Timiºoara 16-22 decembrie 1989 (recueil de textes sur les événements de Timiºoara de décembre 1989), Facla, Timiºoara, 1990, pp. 45-78. György Mandics, La vest de Doja (À l’ouest de Doja), in Timiºoara 16-22 decembrie 1989 (recueil de textes sur les événements de Timiºoara de décembre 1989), Facla, Timiºoara, 1990, pp. 79-84. Au sujet de l’impressionnante solidarité des citoyens de Timiºoara, voir aussi le témoignage de Tkés dans Titus Suciu, Reportaj cu sufletul la gurã (Reportage à bout de souffle), Facla, Timiþoara, 1990, pp.10-17. Voir Timiºoara în Arhivele Europei Libere. 17-20 decembrie 1989 (Timiºoara dans les archives de Radio Europe Libre. 17-20 décembre 1989), coordonné par Miodrag Milin, Fundaþia Academia Civicã, Bucarest, 1999, pp. 55-56: Télégramme de l’agence Reuters envoyé de Budapest. Ibidem, pp. 60-61: Human Chain Protecting Clergyman Turns into Mass Protest. Ibidem, pp. 151-152, ªtiri din România (Nouvelles de Roumanie) et pp. 154-155, White House Condemns Romanian Use of Force. Ibidem, pp. 151-152. Flamen in Temeschburg, in Frankfurter Allgemeine Zeitung, 19 décembre 1989. Voir aussi l’article de George Paul Hefty, Unruhe in einem drangsalierten Land – Das CeausescuRegime hat den Rumänen viele Opfer auferlegt, in Frankfurter Allgemeine Zeitung, 19 décembre 1989. Andrei Pleþu, préface à Wolf Lepenies, Ascesa e declino degli intellettuali in Europa

(Ascension et déclin des intellectuels en Europe), Gius. Laterza & Figli, Roma/Bari, 1992, édition roumaine Casa Cãrþii de ªtiinþã, Cluj-Napoca, 2005, p. 10. Ivan Evseev, Revoluþia din Timiºoara ca depãºire a sinelui, (La révolution de Timiºoara, dépassement de soi), in Timiºoara 16-22 decembrie, 1989, Facla, Timiºoara, 1990, pp. 26-44, la citation, p. 27. Pour les prémisses de la révolte de Timiºoara, voir Victor Neumann, Die bürgerliche Kultur in Siebenbürgen und im Banat: Die Rolle Temeswars in den politischen Umgestaltungsprozessen vom Dezember 1989, in Halbjahresschrift für südosteuropäische Geschichte, Literatur und Politik, Heft n° 1, 1999, pp. 38-51. C’est l’une des possibles explications du fait que le rôle de dirigeants et d’administrateurs de l’État post-Ceauºescu est revenu au second échelon de la classe politique communiste. Dans la confusion de Bucarest qui a suivi la révolte spontanée de Timiºoara, les communistes réformistes semblaient les seuls capables de gouverner le pays. Pour la position de I. Savu, voir Titus Suciu, Reportaj cu sufletul la gurã (Reportage à bout de souffle), p. 216. Pour mieux comprendre le phénomène, voir l’interprétation donnée aux révoltes de 1989 par Silviu Brucan, De la capitalism la socialism ºi retur. O biografie între douã revoluþii (Du capitalisme au socialisme, aller-retour. Une biographie entre deux révolutions), Nemira, Bucarest, 1998. Ancien rédacteur en chef du principal quotidien communiste, Scânteia, ancien ambassadeur de la Roumanie communiste aux USA, Brucan s’est impliqué dans le renversement du régime de Ceauþescu et dans la prise du pouvoir par le groupe communiste réformiste. De 1990 à sa mort, il a été l’un des analystes les plus importants de la scène politique roumaine, ayant une émission hebdomadaire sur la chaîne de télévision ProTV de Bucarest. Cf. Timiºoara 16-22 decembrie 1989 (recueil de textes sur les événements de Timiºoara de décembre 1989), Facla, Timiºoara, 1990 ; Mariana Conovici, E un început în tot sfîrºitul... (Il y a un début dans toute fin...), recueil sélectif des émissions radiodiffusées les 17-25 décembre 1989, Societatea Românã de Radiodifuziune, Secþia de istorie oralã, Bucarest, 1998 ; Timiºoara în Arhivele Europei Libere. 17-20 decembrie 1989 (Timiºoara dans les archives de Radio Europe Libre. 17-20 décembre 1989), coordonné par Miodrag Milin, Fundaþia Academia Civicã, Bucarest, 1999 ; Miodrag Milin, Procesul de la Timiºoara (Le procès de Timiþoara), vol. I-III, Muzeul Memorialul Revoluþiei, Timiºoara, 20042005. Victor Neumann, Ideologie ºi fantasmagorie. Perspective comparative asupra istoriei gîndirii politice în Europa est-centralã (Idéologie et phantasmagorie. Perspectives contemporaines sur l’histoire de la pensée politique en Europe Centrale et de l’Est), Polirom, Iaºi, 2001, cf. le chapitre Schimbãrile politice din România anului 1989. Aspiraþii contradictorii pe fondul interferenþei valorilor central-, sud-est- ºi est-europene (Les changements politiques de la Roumanie de l’an 1989. Aspirations contradictoires sur fond d’interférences des valeurs d’Europe Centrale, du Sud-Est et de l’Est), pp. 175-197. Voir l’exemple de l’enceinte du Théâtre National de Timiºoara, signalé par son directeur dans une conférence de presse du 20 décembre 2005.



DE TIMISOARA

XXX UOUJNJTPBSB DPN Réalisateurs Codruta POPOV, Ciprian MARINESCU, ANTAL Szilard

THÉÂTRE NATIONAL


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