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Vers une recherche plus vertueuse
L’initiative Labos 1point5, est née en 2018 au sein de la communauté scientifique, de la base. Elle est aujourd’hui soutenue par le CNRS, l’Inrae, l’Ademe et Inria. Quel est son but ?
Le nom du collectif fait référence à l’objectif de l’accord de Paris de limiter à 1,5 °C le réchauffement climatique. Le but est donc de se donner les moyens de transformer la recherche face aux enjeux environnementaux en partant du terrain. Au-delà du rôle de cohérence porté par notre action, rappelons que l’empreinte carbone de la recherche n’est pas négligeable. Nos dernières estimations à l’échelle nationale l’évaluent en moyenne à un peu plus de 1 000 tonnes d’équivalent CO2 (t CO2e) par an et par laboratoire, soit 5,5 t CO 2e par an et par personne pour son activité professionnelle. Même si ce dernier chiffre ne peut pas s’ajouter directement aux 9 t CO2e par an de l’empreinte moyenne d’un français (car il y aurait des doubles comptages), il montre que la recherche doit aussi participer à l’effort de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES).
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Que permet l’application GES 1point5, spécialement développée par le collectif ?
L’application en ligne GES 1point5, dont l’ensemble du code source est sous licence libre, permet à la fois aux laboratoires de disposer d’un outil fait par et pour la communauté, mais aussi la construction d’une base de données nationale des empreintes carbone des laboratoires, avec une méthodologie commune et transparente.
Analyser et publier nos résultats alimente un champ de recherche émergent et permet d’ancrer les transformations dans la recherche ellemême. Aujourd’hui, le périmètre de GES 1point5 comprend les bâtiments (électricité, chauffage…), les achats, le matériel informatique, les déplacements professionnels et les trajets entre le domicile et le travail.
Quels sont les premiers enseignements de cette base de données ?
Les moyennes que j’évoquais précédemment sont à interpréter avec précaution parce qu’elles masquent une grande hétérogénéité entre les laboratoires. Certains ont une empreinte dominée par le chauffage (s’il y a une animalerie par exemple), d’autres par les déplacements professionnels (typiquement en sciences sociales) ou par les déplacements entre le domicile et le travail pour certains laboratoires éloignés des centresvilles. Nous trouvons qu’en moyenne, les postes les plus émetteurs sont les achats et le chauffage, puis les voyages en avion. Le numérique, au sens du matériel informatique, a une empreinte comparativement assez faible.
Cependant les grandes infrastructures de recherche, dont les supercalculateurs, sont encore en cours d’intégration sous l’impulsion de MarieAlice Foujols, de l’institut Pierre-Simon Laplace (IPSL). À titre indicatif, cet institut, qui réalise notamment des simulations climatiques, a estimé l’empreinte carbone de ses projets de calcul à 1 180 t CO 2 e pour l’année 2018. Mais, passé cette étape quantitative, l’objectif de Labos 1point5 est de permettre le débat, de mettre les laboratoires en réseau, de les accompagner, d’identifier les freins. Car transformer la recherche afin de réduire les émissions ne signifie pas arrêter de produire des connaissances, mais questionner ce qui nous pousse à le faire au prix d’une utilisation trop importante des ressources. .