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Un printemps toujours plus silencieux
Les populations d’oiseaux se sont e ondrées de 25 % en quarante ans, voire de près de 60 % pour les espèces des milieux agricoles. En cause, engrais et pesticides.
En 1962, dans Printemps silencieux, Rachel Carson dénonçait les e ets des pesticides sur l’environnement, et plus particulièrement sur les oiseaux. Plus de soixante ans plus tard, la situation n’a guère changé, le Hors-Série n° 119 : « Les superpouvoirs des oiseaux » en faisait l’amer constat. L’étude de Vincent Devictor et Stanislas Rigal, de l’Institut des sciences de l’évolution de Montpellier, et de leurs collègues vient documenter encore un peu plus l’e ondrement des populations aviaires (environ 20 millions d’oiseaux disparaissent chaque année en Europe, soit 800 millions depuis 1980), en quantifiant et hiérarchisant pour la première fois les causes de ce phénomène. Pour parvenir à cette conclusion, l’équipe a réuni 37 ans de données concernant 170 espèces d’oiseaux, collectées par 50 chercheurs sur 20 000 sites dans 28 pays européens. L’objectif était de parvenir à comparer les e ets de plusieurs paramètres liés aux activités humaines, comme l’évolution des températures, l’urbanisation, les pratiques agricoles… Et ce sont bel et bien ces dernières, via l’augmentation des quantités d’engrais et de pesticides utilisés, qui ont le plus d’impact, notamment sur les oiseaux insectivores. Ainsi les e ectifs de la mésange boréale ont-ils chuté de 79 %, ceux du bruant proyer de 77 % En seconde place vient l’élévation globale des températures, qui expliquerait 18 à 40 % du déclin selon les espèces. Et même si les fauvettes mélanocéphales et les guêpiers, qui aiment la chaleur, semblent profiter du déclin des autres, cela ne change rien à la conclusion qui s’impose : il est urgent de repenser notre mode de production alimentaire.
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L. M.
Paléofashion week
Le Hors-Série n° 116 : « Comment Homo est devenu sapiens » s’interrogeait sur les fondements de notre civilisation, comme l’invention des villes, de l’agriculture… Et la mode ? En d’autres termes, quand la couture est-elle apparue ? On la pensait liée aux premières aiguilles à chas en os, datées de 25 000 ans en Europe, mais ce serait 15 000 ans plus tôt à en croire la récente étude de Luc Doyon, et ses collègues, de l’université de Bordeaux.
L’équipe s’est penchée sur des vestiges mis au jour sur le site de Canyars, près de Barcelone, en Espagne, en l’occurrence un fragment d’os constellé de cupules, c’est-à-dire de petites cavités peu profondes. L’analyse et l’expérimentation ont révélé qu’il s’agissait de marques d’impact dues à des outils de pierre percutés par une sorte de « marteau ». Selon les auteurs, l’intention n’était pas décorative, comme on l’a longtemps cru pour d’autres artéfacts similaires, mais de pratiquer des trous régulièrement espacés dans des morceaux de cuir afin d’y faire passer un fil. Ainsi, des vêtements, ou des accessoires comme des sacs ou des chaussures, ont pu être confectionnés. Les chasseurs-cueilleurs de l’Aurignacien qui en ont profité ont pu défiler avec des vêtements bien ajustés, un avantage certain à cette époque marquée par un climat rude. Une collection hiver-hiver très chic.
HORS-SÉRIE