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Éliminer ou pas les sapins ?

Nous vous invitons à nous transmettre vos questions afin que nous puissions y répondre dans le prochain numéro.

Envoyez votre question à Caroline Cyr, à ccyr@upa.qc.ca.

Question d’Alexandre, acériculteur du Centre-du-Québec :

« Mon voisin m’a dit que je devrais couper mes sapins parce qu’ils créent de l’ombre et ça nuit à mes coulées. A-t-il raison ? »

Réponse de Michaël Cliche, ingénieur forestier, Association des producteurs de boisés de la Beauce, Services acéricoles

Alexandre,

Le sapin baumier a bien mauvaise presse dans les érablières à vocation acéricole. Les producteurs lui attribuent de nombreux effets négatifs sur leur production, notamment qu’il empêche le soleil d’atteindre les arbres et la tubulure. Cela a pour effet de retarder la coulée en début de journée et le dégel si, pour une raison ou une autre, de la sève d’érable est demeurée dans les maîtres-lignes lorsque la température est descendue sous le point de congélation. Bien que le sapin baumier puisse vivre jusqu’à 150 ans, son système racinaire très superficiel le rend vulnérable au chablis et, même en absence de vent, son pied est bien souvent attaqué par des champignons de carie bien avant l’âge vénérable de 150 ans. Pour ces raisons, un grand nombre d’acériculteurs et d’acéricultrices l’ont pris en grippe.

Cela dit, il est parfois souhaitable d’en conserver, notamment lorsqu’il n’y a pas d’autres espèces compagnes à proximité. En effet, il est important de maintenir une diversité dans nos érablières pour qu’elles demeurent en santé et résilientes aux perturbations. Dans ces circonstances, il est conseillé de dégager, sur une largeur d’un mètre, les maîtreslignes, les tubes latéraux et les érables exploitables. Pour éviter d’endommager les infrastructures, les sapins dont le pied présente des indices de pourriture (fendillement, écoulement de résine) peuvent également être récoltés. Finalement, si la densité est forte en petites tiges, il est possible d’en conserver une à tous les deux ou trois mètres.

Il faut toujours garder à l’esprit qu’il est plus facile de travailler avec des arbres qu’avec des arbustes et avec des arbustes qu’avec des plantes envahissantes comme les fougères ou le framboisier. Par conséquent, éliminer complètement le sapin et créer de grandes ouvertures dans le couvert forestier risque de favoriser d’autres espèces plus difficiles à gérer tout en diminuant la diversité en espèces compagnes de l’érablière. Il est donc préférable de procéder à une gestion stratégique du sapin baumier plutôt qu’à son éradication systématique et immédiate.

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