À l’École du Saint-Esprit Volume 2
Dons, fruits et charismes Écrit par Frère Rémi, dominicain, en collaboration avec Olivier Jacob, avec la participation de Pascale Cousin
Chapitre 1 Les dons Esprit de Dieu, Esprit de vérité et de lumière, demeure constamment en mon âme par Ta grâce divine. Que Ton souffle dissipe les ténèbres et que dans Ta lumière les bonnes actions se multiplient. Esprit de Dieu, Esprit d'amour et de miséricorde qui verse en mon cœur le baume de la confiance. Ta grâce confirme mon âme dans le bien, lui donne une force invincible, la constance. Esprit de Dieu, Esprit de paix et de joie, qui réconforte mon cœur altéré, verse en lui la vivante source de l'Amour divin et rends-le intrépide dans la lutte. Esprit de Dieu, hôte très aimable de mon âme, je désire, de mon côté, Te garder fidélité. Tant aux jours de joie qu'aux heures de souffrance, je désire, Esprit de Dieu, vivre toujours dans Ta présence. Sœur Faustine
Olivier Jacob2 Comme lors du premier « cours » À l’Ecole du Saint-Esprit, nous vous invitons à nouveau à préparer votre Bible et votre carnet de notes. Dans le premier ouvrage, intitulé Le SaintEsprit est une personne, nous vous avions incités à y écrire : « Saint-Esprit, je t’aime ». Il ne s’agit pas ici d’entreprendre une théologie complexe ou érudite, mais de se laisser plonger dans la simplicité de la vie dans l’Esprit Saint et de découvrir qui Il est. Par ce moment passé ensemble, nous voudrions simplement vous faire connaître l’intimité avec le Saint-Esprit. Que votre relation avec Lui ne soit pas seulement de Le prier parfois, mais de vivre une amitié, une proximité. Bien sûr, Il vit en nous et n’est donc jamais très loin. Le savoir est un cadeau merveilleux.
Heureux es-tu, à toi le bonheur ! Revenons au commencement : le Saint-Esprit est un don de Dieu. Dès les premiers mots de la Bible, nous lisons : « Au commencement ». L’hébreu berechit ne signifie pas seulement commencement mais le commencement en vue de, l’idée d’accomplissement d’un projet. Au fil des pages, nous 2 Je dédie cet enseignement à mon épouse Nathalie et à mes cinq
enfants Abigaël, Sara, Vianney, Miryam et Faustine qui me poussent à rechercher en tout temps cette intimité avec le Saint‐Esprit et à vivre de Sa grâce. Qu’ils en soient bénis.
nous apercevons que nous sommes cet aboutissement : la création de l’homme et de la femme. Le mot berechit est construit sur la même racine que le mot barakhah, qui veut dire bénédictions. Dieu crée toute la Création pour nous, et le fait en vue d’une bénédiction, d’un bienfait et d’un bonheur. Le Seigneur proclame une bénédiction sur chacun de nous quand Il nous crée. Ainsi retrouve-t-on dans les psaumes, « Heureux es-tu, à toi le bonheur »3. Cette vocation nous est donnée à l’origine ; elle nous exhorte au bonheur, à la béatitude. Cette vocation trouve son accomplissement, comme nous l’enseigne l’Église, dans la vie dans le Saint-Esprit. Le Catéchisme de l’Église catholique, à travers 352 paragraphes, nous fait découvrir ce qu’est la vie dans l’Esprit. Prenons pour exemple le paragraphe 1699 : « La vie dans l’Esprit accomplit la vocation de l’homme. Elle est faite de l’amour de Dieu et de solidarité humaine. Elle est gracieusement accordée comme un Salut. » C’est un cadeau. Comme le dira autrement saint Paul, c’est « l’amour de Dieu qui a été répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous fut donné »4. Cette vocation au bonheur de vivre dans l’Esprit Saint est aussi une vocation à « connaître » Dieu. Non pas au sens d’avoir des connaissances, un savoir sur Lui ; car nous pouvons savoir des choses sur une personne, sans la connaître pour autant. De la même façon, nous pouvons posséder de nombreuses connaissances bibliques, sans avoir fait la rencontre de Dieu. « Connaître » au sens biblique fait 3 Psaume 128, 2 4 Romains 5, 5
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référence à une connaissance intime, physique, et non à un savoir intellectuel. C’est « connaître », avec la même intensité que lorsqu’un homme et une femme s’unissent dans l’intimité conjugale ou quand une femme met un enfant au monde. Il s’agit d’un rapport « de corps à corps », « de cœur à cœur », « de visage à visage » et donc d’une vocation à connaître Dieu intimement, à Le servir et à L’aimer. Quand Dieu dit à Moïse : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de tout ton être et de toute ta force »5, Il nous appelle à participer à Sa divinité, entièrement et totalement. Si nous sommes destinés à la béatitude, au bonheur avec Dieu, nous nous devons d’être actifs, de ne pas passer à côté de cette vocation. Saint Augustin dira de cette béatitude, qu’elle est la vision de Dieu, la joie éternelle, le repos en Dieu6. Il ajoute à propos du Royaume de Dieu : « Là nous reposerons et nous verrons. Nous verrons et nous aimerons. Nous aimerons et nous louerons. Voilà ce qui sera à la fin sans fin »7. Cette vocation n’est donc ni plus ni moins qu’une vocation à la sainteté. Saint Pierre rappellera ce que disait déjà Dieu dans l’Ancien Testament : « Soyez saints, car Je suis saint »8. 5 Deutéronome 6, 5 6 Hébreux 4, 7‐11
7 Cité de Dieu, 22, 30, Saint Augustin 8 1ère épitre de Pierre 1, 16 et Lévitique 19, 2
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Nous sommes appelés à la sainteté. Cet appel concerne chacun de nous sans exception. Si Jean-Paul II durant son pontificat a canonisé de nombreuses personnes, a priori ordinaires, c’est pour nous signifier que chacun d’entre nous est appelé à être saint. Cela ne concerne pas qu’une élite, c’est bien le fait de notre appel à tous, sans aucun impossible, et cette voie est accessible à tous. Le peuple juif nous le rappelle par sa présence, par son élection, sa « mise à part » : saint, en hébreu kadosh, signifie « mis à part, séparé ». En posant une bénédiction particulière sur le peuple juif, Dieu rappelle à Ses enfants qu’ils sont mis à part, appelés à devenir des saints. Bien sûr, cette sainteté pourrait nous paraître inaccessible, irréalisable, trop difficile à vivre, comme si elle était le résultat d’une ascèse contraignante et auto-flagellante. Les disciples eux-mêmes dirent à Jésus cette difficulté et doutaient que quelqu’un puisse être sauvé. Le peuple d’Israël exprima le même doute à Moïse : « Qui est capable d’appliquer la Loi ? » Dieu répondra : « Les commandements que Je vous communique aujourd'hui ne sont pas trop difficiles à comprendre ni hors d'atteinte pour vous. Ils ne sont pas au ciel, pour qu'on dise : “Qui montera au ciel pour aller nous les chercher et nous les communiquer, afin que nous puissions les mettre en pratique ?” Ils ne sont pas non plus au-delà des mers, pour qu'on dise : “Qui traversera les mers pour aller nous les chercher et nous les communiquer, afin que nous puissions les mettre en pratique ?” Non, cette parole du Seigneur est
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tout près de vous, dans votre bouche et dans votre cœur, et vous pouvez la mettre en pratique »9. Notre secours est en nous, « dans notre bouche et notre cœur ». Il est là, et Il est Saint. C’est Lui, le Saint-Esprit, en nous, qui nous permet de devenir des saints. Il nous sanctifie et nous rend saints. Jésus nous sauve, par Sa mort et Sa résurrection, mais Celui qui vient nous sanctifier, c’est l’Esprit Saint. C’est Lui qui vient au secours de notre faiblesse. Nos pères dans la foi comparaient notre vie à la navigation d’un bateau. Pour avancer, nous avons deux options : ramer, ou laisser la moindre brise gonfler nos voiles et nous pousser. Quand nous ramons, nous essayons d’avancer dans ce chemin de sainteté par nos propres forces, guidés par notre volonté ; alors nous mesurons notre pauvreté et nos limites. Nous nous découvrons petits, faibles et nécessiteux. Nous réalisons à quel point nous avons besoin du SaintEsprit et nous crions : « Seigneur, viens à mon aide, viens vite à mon secours »10. Le vent du Saint-Esprit vient alors s’engouffrer dans nos voiles et fait avancer notre bateau. Ces voiles dont nous parlons sont faites des sept dons du Saint-Esprit que nous allons découvrir ensemble. Que la lecture de ce livre vous aide à lever les voiles. Sainte Thérèse de Lisieux l’illustrait d’une autre manière en comparant le chemin de la sainteté à des grands escaliers : la première marche est difficile à monter, nous trébuchons sur 9 Deutéronome 30, 11‐14 10 Psaume 70, 2
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la seconde… pour finalement découvrir, une fois sur le chemin, la présence d’un ascenseur. Il suffit alors de faire un pas pour y entrer, d’appuyer sur le bouton et de faire confiance, l’ascenseur nous menant alors jusqu’au Ciel11. Tendons nos voilures, et laissons le Saint-Esprit souffler dedans. Déposons notre volonté propre dans celle de Notre Père, faisons-Lui confiance et laissons-Le nous donner la grâce d’accomplir ce qu’il nous est impossible d’accomplir par nos propres moyens. Nous vivrons et agirons, alors, de façon surnaturelle au travers de ces dons, par l’Esprit Saint, et non par nos forces.
Les sept dons du Saint-Esprit Les sept dons du Saint-Esprit sont énumérés dans le livre d’Isaïe au chapitre 11, versets 1 et 2 : « L’esprit de sagesse et d’intelligence, l’esprit de conseil et de force, l’esprit de science et de crainte de Dieu. » La traduction de la Bible en français pourrait nous faire penser qu’il n’y aurait que six dons. En réalité, le mot hébreu traduit par crainte, englobe deux idées, celle de la crainte et celle de la filiation avec Dieu, comme nous allons le voir.
Les sept dons parfaits, cadeaux du baptême Le psalmiste prie : « Que Ton Esprit Saint nous conduise sur une terre unie »12. Cette terre nouvelle, c’est notre
11 Manuscrits autobiographiques (Manuscrit C, 1897), Sainte Thérèse de Lisieux 12 Psaume 143, 10
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héritage ! Comme Il est parfait, le Saint-Esprit se donne en plénitude et donne à chacun, sans exception, Ses dons en totalité. L’Église nous enseigne que tout baptisé reçoit ces dons et les possède en totalité dans son cœur, par la grâce du baptême. Pendant longtemps l’Église a cru que ces dons ne concernaient pas tous les baptisés. Mais depuis quelques temps, notre regard a été éclairé et nous comprenons que chacun reçoit ces dons et peut y recourir à tout instant. Ils fonctionnent d’une manière similaire aux charismes13. La Trinité, le Père, le Fils et le Saint-Esprit, donne à tous les baptisés la grâce de sainteté. Cette grâce, par les dons du Saint-Esprit, nous donne « de vivre et d’agir sous sa motion »14. « Ces dons sont une disposition permanente rendant l’homme docile à suivre les impulsions du SaintEsprit. »15 Une disposition, donc une aptitude, une inclination : nous sommes tous disposés à cette docilité et pas uniquement quelques-uns. Cela est permanent, non ponctuel ni fluctuant. Nous sommes invités, en étant obéissants comme Jésus, c’est-à-dire malléables et dociles, à suivre toutes les impulsions du Saint-Esprit, et cela, nuit et jour, à chaque instant, dans tous les domaines de nos vies. C’est un apprentissage que celui de reconnaître le SaintEsprit agissant en nous. Comme nous l’avions vu dans le premier livre, entrer en intimité avec le Saint-Esprit, 13 Youcat, Catéchisme de l’Église catholique pour les jeunes distribué lors des JMJ de 2011, définition du mot charisme à la question 113 ainsi que la question 310 14 Catéchisme de l’Église catholique (CEC) 1266 15 CEC 1830
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apprendre à Le connaître, à être en amitié avec Lui, est essentiel. C’est en étant en relation, en communion avec Lui, que nous nous rendons disponibles, capables de répondre à son appel et à la vie qu’Il a prévue pour nous, dans une vraie coopération. Nous avons chacun des dons naturels qui peuvent parfois être excellents, mais ce ne sont pas les dons parfaits, qui eux, viennent du Saint-Esprit et ne sont donc pas humains mais spirituels. Saint Bonaventure, disciple de saint François d’Assise, très interpellé par les dons du Saint-Esprit, dit : « Ces sept dons portent en eux une sainteté toute particulière. Ils sont appelés des rayons de feu, parce que l’Esprit Saint s’en sert comme d’un feu plein d’amour. Il s’en sert soit pour humilier ce qui est élevé et alors c’est le don de crainte (c’est-à-dire pour rendre humble celui qui est orgueilleux). Soit pour fondre ce qui est dur (envers nous ou envers les autres), c’est le don de piété (qui vient nous assouplir). Soit pour illuminer ce qui est obscur, c’est le don de science, de connaissance. Soit pour affermir ce qui se dissout, se délite, c’est le don de force. Soit pour "lier" ce qui est meurtri – "lier" signifiant alors "panser, faire des soins". Ou diriger ce qui sort de la voie, de la bonne direction – passant à côté parfois de notre objectif, le Ciel – c’est le don de conseil. Soit pour rendre plus brillant ce qui l’est déjà. C’est le don d’intelligence. Soit pour embraser d’amour ce qui est froid, c’est le don de sagesse. Par eux, l’Esprit Saint fait de la maison de notre âme, un lieu délicieux, une sainte demeure »16. 16 Sur les dons du SaintEsprit, Livre Ier, ch1 et 4, Saint Bonaventure
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Sommaire Avant-Propos...............................................................................................5 Chapitre 1 Les dons..........................................................................7 Olivier Jacob .............................................................................................................................................. 9 Prière................................................................................................................................................................ 25 Frère Rémi................................................................................................................................................... 27 Exercice pratique.............................................................................................................................. 39 Pour aller plus loin…..................................................................................................................... 41
Chapitre 2 Les fruits de l’Esprit............................................47 Pour commencer…......................................................................................................................... 49 Frère Rémi................................................................................................................................................... 59 Exercice pratique.............................................................................................................................. 70
Chapitre 3 Les charismes.........................................................71 Pascale Cousin................................................................................................................................... 73 Frère Rémi................................................................................................................................................... 91 Exercice pratique.......................................................................................................................... 110 Prière............................................................................................................................................................ 111 Pour aller plus loin…................................................................................................................. 113